2. 1870-1871 — guerre franco-prussienne
Bismarck Guillaume Ier Napoléon III
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3. L’Allemagne unifiée derrière la Prusse
forme le IIe Reich juste après avoir
pris l’Alsace-Lorraine à la France.
Napoléon III, prisonnier, s’exile en
Angleterre pendant que la IIIe
République hérite d’une France
humiliée, qui voudra sa revanche.
3
4. 1879:
Double-Alliance entre l’Autriche et l’Allemagne
1882:
Triple-Alliance: l’Italie se joint aux précédentes car elle convoite la Tunisie dont s’est
emparée la France
1890:
Guillaume II renvoie Bismarck, qui s’oppose à l’expansion coloniale pour éviter un
conflit avec la Grande-Bretagne
1894:
Alliance franco-russe
1904:
Entente cordiale entre Londres et Paris
1907:
Entente entre Londres et Moscou — Triple-Entente
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8. On récapitule: pourquoi cette guerre?
- Rivalité des empires coloniaux: Guillaume II en a assez que l’Angleterre ait le plus grand empire,
alors il veut des colonies (qu’il va falloir prendre à d’autres).
Première étape: développer la marine de guerre.
Bismarck n’était pas d’accord, il a été mis à la retraite.
- Militarisme: puisque Guillaume II achète des canons, l’Angleterre, la France, tout le monde doit
suivre et dépense des fortunes pour être au niveau. Cela prépare les esprits à l’imminence et à
l’inévitabilité d’un conflit: si on a dépensé autant il faut bien que l’investissement rapporte—pour ça
il va falloir battre quelqu’un.
- Esprit revanchard: humiliée en 1871, la France veut récupérer l’Alsace-Lorraine et sa fierté
nationale (depuis quarante ans on a exhumé ou imaginé des super-héros bien de chez nous:
Vercingétorix, Roland, Jeanne d’Arc, du Guesclin, Cyrano, Arsène Lupin—notons que les héros
français, malgré leur panache, ont une fâcheuse tendance à mourir vaincus).
- Montée des nationalismes: l’Europe centrale et les Balkans sont pleins de petites nations
soumises à de grands empires—ces nations veulent leur indépendance et cherchent l’amitié des
rivaux de leurs oppresseurs (la Serbie, par exemple, a l’appui de la Russie et de la France).
- Jeu des alliances: si deux pays se battent, leurs alliés auront du mal à ne pas y aller aussi.
Voilà pourquoi cette guerre sera mondiale.
(L’Italie sera le seul pays à se donner le temps de réfléchir,
pour finalement s’engager du côté opposé à son alliance d’avant-guerre!)
8
9. George V Raymond Poincaré Nicolas II
Victor Emmanuel III Guillaume II François Joseph Ier
Chefs d’États en 1914
9
10. 28 juin 1914:
L’archiduc François-Ferdinand,
héritier du trône autrichien, est
assassiné avec sa femme à
Sarajevo par Gavrilo Princip,
nationaliste serbe.
23 juillet:
L’Autriche-Hongrie présente un ultimatum
humiliant à la Serbie.
La Serbie accepte presque toutes les conditions.
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11. 28 juillet - 4 août 1914:
1. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie.
2. Le jeu des alliances
entraîne la Russie à
mobiliser.
3. L’Allemagne déclare
la guerre à la Russie,
4. occupe le Luxembourg,
5. déclare la guerre
à la France,
6. envahit la Belgique,
qui est neutre.
7. L’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne.
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12. Lord Kitchener, Secrétaire d’État pour la Guerre,
invite les sujets du roi George
à s’engager pour défendre l’Angleterre:
59.000 Canadiens,
y compris des infirmières,
répondent à l’appel britannique en 1914.
(Au total, 620.000 Canadiens ont servi
dans la Grande Guerre.)
Kitchener est mort noyé/de froid avec son état-major et 643 marins, le 5
juin 1916—le croiseur Hampshire qui l’emmenait en Russie pour une
mission diplomatique a percuté une mine allemande au nord de
l’Écosse. Seuls 12 hommes ont survécu.
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13. Sam Hughes,
Ministre de la Défense depuis 1911.
Très orgueilleux, orangiste anti-catholique,
convaincu de son propre héroïsme—il a demandé plusieurs fois la Victoria
Cross pour son (petit) rôle dans la guerre des Boers, il fut compromis dans le
scandale du fusil Ross, arme sportive dont il avait fait équiper les troupes
canadiennes, alors qu’elle n’était pas fiable en conditions de combat (les
soldats les jetteraient pour récupérer les Lee-Enfield des morts anglais...).
Hughes refusa de laisser les Francophones former leurs propres bataillons,
comme c’était l’usage dans les unités de réserve: sous commandement
britannique, l’armée canadienne parlerait la langue de son roi.
À leur arrivée au camp de Valcartier, à Québec, les volontaires étaient forcés
d’apprendre l’anglais, ce qui n’aida pas au recrutement des Québécois.
Il y eut une exception:
les “Van Doos” du 22e bataillon, tous Québécois, qui perdirent
près de 4000 hommes dans la guerre.
13
14. Le plan Schlieffen:
«La Belgique est neutre, attaquons la France par là...
Ensuite on s’occupera des Russes.»
MAIS:
1. les Belges ont résisté plus que prévu;
2. la Grande-Bretagne est entrée en guerre aux côtés de la France;
3. la rapidité de la mobilisation russe a forcé l’Allemagne à diviser ses troupes plus que prévu;
4. la France, avec ses trains et ses taxis parisiens, a eu le temps de déplacer ses soldats pour repousser l’offensive.
14
15. Généraux des Empires centraux
Paul Von Hindenburg Erich Ludendorff Conrad Von Hötzendorf Mustafa Kemal
15
16. 5-12 septembre 1914:
Bataille de la Marne
Joffre et Galliéni, aidés des Britanniques de la BEF,
repoussent l’offensive allemande.
16
17. Front de l’ouest,
1914
Ce front continu s'étend sur 750
kilomètres de la Mer du Nord
aux Vosges, c’est-à-dire à la
frontière suisse.
17
18. Le front est bloqué: pendant quatre ans les soldats du front de l’ouest vivront
comme des rats, organisant tant bien que mal leur vie dans les tranchées.
Sous la pluie ou la
neige, avec les morts
qui pourrissent tout
autour, comme les
rations, et l’ennemi qui
est toujours prêt à vous
attaquer (au canon, au
gaz, au fusil, au lance-
flamme), les rats qui
mordent
indifféremment morts
et vivants, c’est
particulièrement
abominable.
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19. Mais le pire, évidemment, c’est quand il faut sortir
dans le no man’s land.
19
28. Avril 1915: Ypres
La 2e bataille d’Ypres est le premier combat pour les Canadiens,
qui empêchent une percée allemande malgré l’utilisation de chlore,
contre lequel ils ne sont pas équipés.
C’est la première utilisation de gaz mortel,
même si les Français ont utilisé des “engins suffocants” dès 1914.
28
37. ... les femmes doivent
remplacer les hommes
dans tous les secteurs.
37
38. Il sera bientôt difficile de dire qu’elles sont trop
fragiles ou frivoles pour s’occuper de politique et voter.
38
39. 7 mai 1915:
Un U-boot coule le paquebot Lusitania,
tuant 1198 personnes, dont 128 Américains.
39
40. Où l’on s’est battu:
les Canadiens ont envoyé l’essentiel de leurs troupes
en Belgique et en France,
mais c’était loin d’être le seul front.
40
41. Avril - décembre 1915
Gallipolli:
Français et Britanniques—dont Australiens et Néo-Zélandais
(ANZAC)—débarquent dans les Dardanelles
pour prendre Istanbul aux Turcs,
selon un plan de Winston Churchill.
Après 180.000 pertes alliées et 220.000 pour les Turco-
Allemands de Mustafa Kemal (futur fondateur de la
République Turque après la dissolution de l’Empire Ottoman)
et Von Sanders, les Franco-Britanniques évacuent.
Cette défaite aura pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande
la même portée symbolique que Vimy pour le Canada.
41
43. Au Canada
Premiers camps d’internement pour
les “étrangers ennemis”,
suite à l’Acte des mesures de guerre de 1914.
43
44. Le 9 juin 1915, les premiers ressortissants allemands et “autrichiens”,
c’est-à-dire, souvent, ukrainiens, sont internés dans l’arène de curling de Fernie.
44
46. Entre 1914 et 1920, 8.579 “étrangers ennemis”, y compris des femmes et des enfants, ont été incarcérés.
Selon un certain colonel Otter, officier responsable des camps, seuls 3.138 pouvaient être classés comme prisonniers de
guerre. Des 5.441 restants, l’immense majorité, environ 5.000, étaient d’origine ukrainienne.
46
48. Le génocide arménien, 1915-1916
Enver Pacha, principal leader du parti
jeune-turc qui a pris la tête de l’Empire
Ottoman avant-guerre, s’est allié
à l’Allemagne, qui lui a envoyé
des conseillers militaires
pour se préparer à la guerre.
En 1915, prétextant la présence
d’Arméniens aux côtés des Russes,
il ordonne la déportation et le massacre
de la population arménienne de Turquie.
48
50. Axes de déportation des populations arméniennes
et camps de concentration en 1915-1916
50
51. Peut-on vraiment parler de “génocide”?
La grande majorité des historiens indépendants (ni turcs ni arméniens) semble
s’accorder sur 1.2 à 1.5 millions de victimes,
sur une population estimée à 2.1 millions avant la guerre.
51
52. Aujourd’hui, la Turquie refuse toujours
de reconnaître ce génocide.
Elle conteste le nombre de morts: le chiffre officiel serait d’environ 300 000.
Elle conteste qu’il y ait eu une volonté politique délibérée, de la part du gouvernement turc,
d’éliminer l’ensemble de la population arménienne.
Elle préfère donc qu’on parle de “massacres”, dont elle affirme en outre que sont en grande partie
responsables Kurdes et Bédouins.
Cela permet de ne pas remettre en question la mémoire de dirigeants dont certains sont toujours révérés
comme fondateurs de la République de Turquie en 1923.
Cela évite des réparations financières énormes à l’État turc.
Cela évite une honte nationale bien lourde (les Allemands ont eu terriblement de mal à restaurer leur
honneur après l’Holocauste—leur admission de culpabilité collective a été un pas déterminant pour
regagner le respect de la communauté internationale).
La loi turque punit de prison l’affirmation publique du génocide,
ce qui pose problème pour entrer dans la Communauté Européenne.
52
53. 30 mai 1916:
bataille du Jutland
Les marines allemande et britannique
se rencontrent au large du Jutland. Malgré un avantage
numérique pour les Anglais des amiraux Jellicoe et Beatty,
personne ne gagne: les pertes britanniques sont plus lourdes mais
la Navy garde le contrôle de la mer.
La marine allemande évitera les confrontations directes au profit
de ses sous-marins, les U-boots,
dont l’activité avait ralenti sous pression américaine,
à cause du Lusitania.
53
54. Forces en présence Angleterre
Allemagne
28 navires de ligne
16 navires de ligne
9 croiseurs
5 croiseurs
8 cuirassiers
6 pre-dreadnoughts
26 croiseurs légers
11 croiseurs léger
78 destroyers
61 torpilleurs
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56. 1er juillet - mi-novembre 1916: bataille de la Somme
Le 1er juillet 1916 reste la journée la plus sanglante de l’histoire
de l’armée britannique, qui perdit 57.470 hommes,
dont 19.240 tués.
56
57. Français (sous Joffre)
et Britanniques (sous Haig)
ont prévu une offensive,
mais les Allemands, qui le savent,
attaquent à Verdun,
forçant le gros de l’armée française
à la défensive.
Du coup, la bataille de la Somme sera surtout une affaire britannique,
où les Canadiens confirmeront leur bonne réputation.
Cette bataille marquera notamment l’emploi de chars d’assaut—3e méthode,
après l’artillerie et les gaz toxiques, tentée en vain pour débloquer
l’horrifiante situation des tranchées.
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59. L’aviation
va se développer très vite
grâce à cette guerre, et ses missions
vont se diversifier:
- observation,
- bombardement,
- chasse aux avions ennemis,
et même aux sous-marins.
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60. Loin des carnages anonymes des tranchées,
les as de tous pays vont devenir des héros nationaux, des chevaliers du ciel,
signant des photos ou des cartes postales à leur effigie,
recevant des lettres d’admiratrices, des demandes en mariage, etc.
Certains seront célèbres même chez l’ennemi.
60
62. Un tiers des aviateurs de la Première Guerre mondiale, dont 1 600 Canadiens, sont morts au
combat.
25.000 Canadiens ont servi comme pilotes, observateurs et mécanos dans les forces
britanniques.
62
65. Erich Von Falkenhayn Philippe Pétain Robert Nivelle
se sont livré à Verdun une guerre d’attrition: il s’agissait d’épuiser les ressources
et le moral de l’adversaire en tuant le plus de monde possible.
Quand un des côtés n’en pourrait plus, la guerre serait finie.
En l’occurrence les “vainqueurs” (les Français, qui ont tenu leur front à 30.000 contre 150.000 au départ,
avant l’arrivée des renforts) ont perdu plus d’hommes que leurs adversaires.
65
67. 6 avril 1917:
Les Etats-Unis
entrent en guerre.
L’opinion publique américaine a été choquée par les
attaques des U-boots sur les navires joignant l’Amérique
à l’Angleterre—pour l’Allemagne il s’agissait, en livrant
une guerre sous-marine totale, d’affaiblir suffisamment
la Grande-Bretagne pour la contraindre à la paix avant
que les Américains ne s’en mêlent... Raté.
La goutte d’eau fut un message pour l’ambassadeur
allemand à Washington, intercepté par les Britanniques:
il devait encourager son homologue à Mexico de
proposer une alliance au gouvernement mexicain, qui
attaquerait les Etats-Unis au sud pour les empêcher
d’envoyer leurs troupes en Europe.
Le Mexique n’était pas intéressé.
67
68. Dès 1914,
des Américains s’étaient engagés
dans les armées française
(Légion étrangère; escadrille
LaFayette)
et britannique.
68
69. L’escadrille La Fayette
“Parmi les légionnaires américains, plusieurs souhaitaient s'engager dans l'aviation. Après de longues démarches, un groupe
d'Américains réussit à former, en avril 1916, avec l'aide de Français, l'Escadrille 124, “l'Escadrille américainequot; basée à Luxeuil (Haute-
Saône).
Elle fut dès lors affectée sur les différentes zones de combat. Cette période d'intense activité fut ponctuée de moments symboliques
dont : le 6 décembre 1916, l'Escadrille prend le nom officiel d'quot;Escadrille La Fayettequot; ; le 4 juillet 1917 (Independance Day) une
délégation de cette escadrille défile devant les statues de Washington et La Fayette, à Paris ; le 15 août 1917, l'Escadrille est citée à
l'ordre de l'Armée.
Le 1er janvier 1918, l'Escadrille La Fayette sera intégrée dans l'Armée de l'Air américaine.”
(Antonin Guillot, http://www.lib.byu.edu/estu/wwi/comment/Allerey/Allerey02.html)
69
70. “Au moment où l’escadrille disparaît officiellement, son bilan est le suivant:
* 267 Américains se sont engagés dans l'aviation française
* 255 ont reçu leur brevet de pilote
* 180 servirent au Front
* 66 moururent, dont 51 au combat
* 15 furent faits prisonniers
* 19 furent blessés
* 199 victoires furent officiellement reconnues.”
70
71. Avril 1917:
Vimy
Français et Britanniques avaient perdu
150.000 hommes en essayant de prendre
cette crête.
Currie a exigé que la prochaine attaque soit
entièrement confiée à ses Canadiens
(jusqu’alors toujours incorporés aux troupes
anglaises).
Byng l’a soutenu.
Ils se sont attachés à la préparation:
Julian Byng - les hommes devaient connaître le terrain et Arthur Currie
leur rôle, et ont été soumis à un entraînement
sévère,
- des savants, les “sound rangers”, avec parmi eux un prix Nobel de Physique, ont utilisé
des techniques très modernes pour situer les canons allemands,
- un “barrage rampant” d’artillerie, soigneusement minuté, offrait un soutien beaucoup plus précis et efficace que
les traditionnels pilonnages (ils ont quand même bombardé les tranchées ennemies pendant une semaine...)
71
72. Sans oublier la logistique...
Bref, Byng et Currie n’ont rien épargné, sauf la vie de leurs troupes: 3.600 tués et 7.000 blessés
(contre 24.000 pertes allemandes ), pour une telle opération c’est assez peu
(1/3 de pertes, quand même, puisque 30.000 Canadiens ont combattu).
72
76. La même offensive,
ordonnée par Nivelle, qui voit le triomphe canadien de Vimy,
tourne à la catastrophe pour les
Français au Chemin des Dames,
du 16 au 21 avril 1917.
Les Allemands ont l’avantage aérien,
leurs lignes sont fortifiées, etc.
Les Poilus doivent avancer dans la boue.
150 à 180 000 hommes sont tués côté
français.
76
78. Les soldats français n’en peuvent plus. Depuis Vimy on sait que leurs chefs pourraient, s’il leur importait d’épargner la
vie de leurs hommes, essayer des tactiques différentes.
Mais les généraux français ont dû se durcir devant les souffrances de leurs troupes,
sinon ils auraient perdu la guerre depuis longtemps. Et ils n’ont de leçons à recevoir de personne.
Contrairement aux Britanniques, les Français se battent sur leur sol, pour la survie de la nation.
En haut lieu le prix importe peu, il faut absolument y aller et chasser les “Fridolins” de la mère patrie.
Bref, des mutineries éclatent: les hommes refusent de continuer à crever comme des rats, pour rien,
pour la gloire de leurs officiers qui, le samedi soir, sirotent du champagne à l’arrière en charmante compagnie.
2/3 des régiments français seront touchés par cette grogne. Les hommes acceptent de tenir leurs positions mais refusent
les attaques suicidaires que leurs chefs ont pris l’habitude d’ordonner sans trop se demander
combien de morts elles feront, ni si les gains vaudront les pertes.
Nivelle est remplacé par Pétain, qui fait juger et exécuter les meneurs,
mais devra adopter des tactiques moins sanglantes.
Il prendra aussi des
mesures pour
améliorer
la vie des hommes au
front.
78
79. Les tribunaux militaires prononcent 3427 condamnations dont 554 à mort.
1381 soldats sont envoyés en prison ou aux travaux forcés.
Entre 30 et 70 mutins sont exécutés (chiffres controversés, mais assez faibles
par rapport aux 200 exécutions de 1914 et aux 260 de 1915).
79
80. Mai 1917:
Ecœuré par ce qu’il a vu en Europe, le premier ministre
du Canada, Robert Borden, annonce la conscription dans
l’espoir d’achever le conflit le plus vite possible en y
engageant 500.000 hommes.
Le Québec est furieux, il y a des émeutes.
Bientôt arrive l’élection fédérale: le Québec vote
massivement pour les Libéraux de Laurier,
opposés à la conscription.
Mais Borden n’a pris aucun risque: il a accordé pour la
1ère fois le droit de vote aux soldats stationnés à
l’étranger, à leurs femmes, et aux infirmières militaires...
tous désireux de renforcer l’armée.
La conscription passe,
enrôlant 125.000 hommes,
dont 25.000 seulement iront au feu.
Le Québec ne votera pas Conservateur
pendant cinquante ans.
80
81. Il y a longtemps que les Anglaises, les Canadiennes
et les Américaines réclament le droit de vote.
81
85. Grâce à leur contribution à l’effort de guerre,
elles vont enfin pouvoir participer aux élections.
85
86. Vote des femmes
au Canada
Manitoba, Alberta, Saskatchewan: 1916
Colombie-Britannique, Ontario: 1917
Nouvelle-Ecosse: 1918
Nouveau-Brunswick: 1919
Ile du Prince Edouard: 1922
Québec, 1940
« …les Canadiennes françaises risquent de
devenir des «femmes publiques», «de véritables
femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la
femme-mère et la femme-femme.»
Henri Bourassa
86
87. Juillet - novembre 1917:
Passchendaele
(3e bataille d’Ypres)
Première utilisation du gaz moutarde,
ou ypérite.
Enlisés dans la boue, les Alliés subissent
des pertes monstrueuses:
448.000 blessés et tués, contre 260.000
pour les Allemands.
87
88. Parmi les pertes alliées:
16.000 Canadiens, 36.500 Australiens.
88
89. La 2 mars 1917:
Révolution Nicolas II abdique après
la Révolution de Février. Kerensky arrive au
russe pouvoir, et décide de poursuivre la guerre.
Novembre 1917:
Révolution d’Octobre—les Bolchéviks de Lénine s’emparent du
pouvoir, ils fonderont l’Union des Républiques Socialistes
Soviétiques.
Mars 1918: le traité de Brest-Litovsk — après l’armistice de décembre
1917, Trotsky négocie la paix entre Russie et Empires centraux, qui
peuvent envoyer des troupes à l’ouest pour tenter de gagner la guerre
avant l’arrivée des Américains.
Le 17 juillet 1918, Nicolas II est exécuté
avec toute sa famille par les Bolchéviks.
89
90. 24 octobre - 9 novembre 1917:
Caporetto
Allemands (dont Erwin Rommel, bientôt 26 ans, qui capture
3 000 Italiens à la tête de sa compagnie)
et Austro-Hongrois réussissent à percer le front italien.
Luigi Cardona
L’Italie perd la moitié de son armée:
Otto Von Below 40 000 morts et 20 000 blessés, Aujourd’hui, les
275 000 prisonniers, 2 500 canons. Italiens parlent de
Caporetto comme les
Français de la
Bérézina...
Les Austro-Allemands avancent
de 100 km vers Venise,
mais une nouvelle ligne de front,
tenue par les Italiens
avec l’aide de troupes françaises et britanniques,
interrompt leur percée.
90
91. 6 décembre 1917:
L’explosion de Halifax
Le Mont-Blanc, un navire de transport français
chargé de 2 400 tonnes d’explosifs
(TNT, acide picrique, ...), entre en collision
avec le Imo, transport norvégien.
Un incendie se déclare, les marins paniquent...
Ce fut la plus grande explosion d’origine humaine
jusqu’à Hiroshima.
91
92. Des badauds s’étant assemblés pour regarder
le navire en perdition, la déflagration tua
1 000 personnes sur le coup,
fit 7 000 blessés graves dont 1 000 mourraient
de leurs blessures,
3 000 blessés plus légers,
1 500 sans-abris.
De nombreuses blessures laissèrent
des gens handicapés, en particulier
au niveau des yeux, à cause des
éclats de verre.
92
95. Printemps 1918: Ludendorff lance une offensive pour finir la guerre
avant que les troupes américaines ne puissent faire la différence
(les premiers hommes sont arrivés avec Pershing en mai 17, mais il faut les former
avant de les envoyer combattre, et il faut qu’ils acquièrent de l’expérience).
S’ensuit une série de batailles où les Américains feront leur baptême du feu:
Michael (21-25 mars: 255 000 pertes alliées, 239 000 pour les Allemands),
Georgette (4-30 avril: 110 000 pertes de chaque côté),
Blücher-Yorck (27 mai-12 juin: 137 000 pertes à 130 000).
Chaque fois, les Alliés, désormais sous le commandement unique de Foch, reculent mais tiennent leur front.
Les Allemands ont avancé jusqu’à une soixantaine de kilomètres de Paris,
mais ils sont épuisés, sans avoir réussi à terminer la guerre.
95
97. Offensive allemande sur Reims le 15 juillet.
Le 18 juillet 1918: c’est au tour des Alliés de mener une contre-offensive
avec la 2e bataille de la Marne.
Aidés de 85 000 Américains et de troupes britanniques et italiennes, les Français repoussent les Allemands
jusqu’au 6 août, où l’ennemi parvient à stopper leur avance.
Pertes
95 000 Français
13 000 Britanniques
12 000 Américains
168 000 Allemands
97
98. Pershing a d’abord dû laisser “amalgamer” ses troupes à l’armée française,
mais après leur bonne conduite dans les contre-offensives alliées de l’été,
on leur laissera plus d’autonomie.
À Cantigny le 28 mai, les Américains remportent leur premier succès
indépendant.
En septembre, avec 500.000 hommes, Pershing bat une
armée allemande en retraite à Saint-Mihiel au prix de
5.000 pertes. L’affaire est assez modeste par rapport à
d’autres batailles, mais elle remonte le moral des Alliés
et scelle l’autonomie de l’AEF.
98
100. 26 septembre-11 novembre:
Offensive Meuse-Argonne
La dernière grande bataille!
Au nord-ouest de Verdun les troupes américaines sont
lancées à l’assaut des lignes allemandes.
Partout le long du front,
les Alliés poussent leur avantage.
La victoire est là mais elle coûte cher:
26 000 tués, 96 000 blessés pour les Américains;
28 et 92 000 côté allemand.
Leur inexpérience fait commettre aux Américains
des erreurs que les Franco-Britanniques ont appris
à éviter—un bataillon de 550 hommes, par exemple,
avance seul et finit par se perdre, encerclé par l’ennemi:
seulement 194 soldats s’en sortiront.
Cela dit, la diversion qu’ils ont créée a permis à d’autres
unités de percer les lignes allemandes.
100
103. La fin: la révolution allemande
✦ Janvier, avril 1918: grèves d’ouvriers allemands réclamant la paix
✦ Fin octobre 1918: à Kiel, deux équipages de la marine impériale refusent d’appareiller,
400 marins sont emprisonnés
✦ Début novembre: 20 000 révoltés arrivent à Kiel, exigeant la libération des marins
et l’abdication de l’empereur
✦ Grèves et manifestations ouvrières éclatent un peu partout en Allemagne
(la ligue spartakiste espère une révolution communiste, comme en Russie)
✦ 10 novembre: Guillaume II s’enfuit en Hollande
✦ 11 novembre 1918: le nouveau pouvoir signe l’armistice
103
104. New York, 1919
Parade de la victoire
pour les troupes de Pershing
104
105. Généraux alliés
Douglas Haig
et Ferdinand Foch
sont les principaux vainqueurs
de cette guerre.
Mais les pertes abominables qu’ils ont consenties
posent problème:
ces hommes étaient-ils des héros
ou des bouchers?
Leur incapacité à limiter certains carnages tenait-elle en partie
au peu d’importance qu’ils accordaient à la vie de leurs hommes,
ou étaient-ils dans l’impossibilité de procéder autrement?
Le fait qu’Arthur Currie, principal stratège à Vimy, ait la réputation d’avoir cherché à épargner ses troupes
(en expliquant son rôle à chacun, en faisant des répétitions, etc.) semble indiquer que limiter les pertes
n’était pas une préoccupation majeure pour certains généraux.
De fait, là où d’autres avaient sacrifié 150.00 hommes pour rien, Currie a atteint ses objectifs
pour un coût comparativement modique: 3.600 tués et 7.000 blessés.
105
106. David Lloyd George Robert Borden Vladimir Ilitch Lénine
Woodrow Wilson Georges Clémenceau Charles Ier
Dirigeants en 1918
106
107. Les 14 points
En janvier 1918, alors que la guerre n'était pas terminée, le président américain Woodrow
Wilson avait adressé au congrès américain un plan qui devait garantir la paix. Ce discours des
14 points (« The world must be made safe for democracy ») réclame notamment la création
d'une « League of Nations ».
Les autres points servent de base au traité de Versailles de 1919.
Wilson recommande :
1
la fin de la diplomatie secrète,
2
la liberté de navigation et de commerce,
3 l’égalité des conditions de commerce entre toutes nations,
4
la réduction des armements,
5
le règlement des rivalités coloniales,
6
l'évacuation de la Russie,
7
l'évacuation de la Belgique,
8
la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France,
9
la rectification des frontières italiennes,
10
l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie,
11
l'évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro,
12
l'autonomie des peuples non turcs de l'empire ottoman,
13
la refondation d'une Pologne indépendante,
14
la création d'une association des nations (SDN).
107
108. Le Traité de Versailles, 1919
La France veut punir l’Allemagne et l’empêcher de recommencer: on occupe une partie du territoire,
on fait payer des indemnités astronomiques (suspendues en 1931), on impose des limites
très strictes à l’armée (en particulier, pas d’aviation ni de marine de guerre).
Ce “Diktat” inspiré par la haine engendrera assez de haine pour mener Hitler au pouvoir.
Sa mission: laver cette humiliation et rendre sa fierté à son peuple.
108
109. Pays (re)créés par les Alliés après la guerre:
Pologne, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, URSS.
109
110. Coût humain
Pays Mobilisés Tués Blessés
Allemagne 13 millions 1,6 millions 4 millions
Autriche-Hongrie 7.8 millions 1.2 millions 3.6 millions
Canada 620 000 67 000 173 000
Etats-Unis 4.35 millions 120 000 234 000
France 8,41 millions 1,35 millions 3,5 millions
Grande-Bretagne 8 millions 950 000 2 millions
Italie 5.6 millions 650 000 950 000
Russie 12 millions 1.7 millions 4.95 millions
Au total:
plus de 15 millions de morts (dont 6,6 millions de civils), 22 millions de blessés
N.B. Les chiffres varient selon les sources: ce tableau est évidemment très approximatif
110
115. La grippe “espagnole”
de 1918-1919
Cette épidémie doit son nom au fait que les Français voulaient la tenir secrète:
l’armée était affaiblie, on ne voulait pas le dire aux Allemands...
Les journaux publiaient donc des informations sur ce qui se passait “en Espagne”,
car il fallait quand même informer les gens des précautions à prendre.
Les estimations des victimes varient de 20 à 100 millions de morts, mais on s’accorde
généralement sur 30 millions en 18 mois: c’est la pandémie la plus mortelle de l’histoire
avec la Peste noire de 1350 (34 millions?).
Partie de Chine et passant par les Etats-Unis, elle a touché le monde entier
(d’où les estimations très variées), et conduit à la création de l’ancêtre de l’Organisation
Mondiale de la Santé par la SDN.
Curieusement, ce sont les jeunes adultes
qui en ont le plus souffert.
Les conditions de vie des soldats (hygiène, malnutrition, gaz, etc.)
et le stress des combats peuvent expliquer que, leur système
immunitaire étant affaibli, beaucoup de jeunes gens n’aient pas survécu.
On estime que cette maladie a fait plus de victimes que la guerre.
115
116. Nombre de morts par pays:
Etats-Unis 500 à 675 000
Grande-Bretagne 200 000
France 400 000
Canada 50 000
Australie 10 000
Inde 17 millions?
116
117. Avancées technologiques
L’industrie d’armement est toujours
le premier bénéficiaire de la guerre:
les chars d’assaut, les avions, les gaz, etc.
ont été développés lors de ce conflit.
La médecine, elle aussi, progresse plus vite en temps de guerre.
Un certain nombre de soldats dont les blessures auraient été
mortelles auparavant ont pu survivre, notamment parmi ceux
qui avaient été blessés à la tête.
On les appelait les “gueules cassées”.
117
118. Ces hommes sont un autre facteur qui
explique le pacifisme virulent
des années folles:
chacun sait, désormais,
ce que coûte une guerre moderne.
118
120. Edith Cavell
1865-1915
Infirmière britannique travaillant en Belgique
occupée par les Allemands, elle a aidé des
centaines de soldats alliés à passer aux Pays-Bas,
pays neutre d’où ils pouvaient regagner leurs
lignes et reprendre le combat.
En août 1915, les Allemands l’ont arrêtée,
bien qu’elle ait aussi sauvé des vies allemandes.
Elle a reconnu les faits
et a été condamnée à mort.
Elle a été fusillée en octobre,
malgré l’intervention d’un diplomate américain
(donc neutre à ce moment-là).
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La propagande alliée a utilisé cette martyre
pour galvaniser l’effort de guerre—notez comme
l’affiche l’a quelque peu rajeunie...
Incidemment, la chanteuse française Edith Piaf,
née en décembre 1915, lui doit son prénom.
120
121. Mata Hari
(Margaretha Geertruida Zelle)
1876-1917
D’origine néerlandaise, cette célébrité sulfureuse
du Paris d’avant-guerre (danseuse exotique,
elle était généreusement entretenue
par ses riches amants) a été recrutée par un
officier du contre-espionnage français en 1916:
ses aventures avec des notables de tous pays lui
permettraient, espérait-on, de recueillir
des renseignements pour la France.
Ses voyages entre France, Espagne, Angleterre et
Pays-Bas la rendent suspecte.
Après l’interception d’un message radio allemand
mentionnant un espion que les Français
identifient comme Mata Hari, elle est arrêtée
en février 1917, accusée d’avoir fourni à
l’Allemagne des informations ayant causé
la mort de milliers de poilus.
Lesquelles? On ne sait pas.
Les Français la fusillent en octobre,
ce qui permet en outre de détourner l’attention
des horreurs du front.
Très vite les rumeurs circulent sur son éventuelle
innocence—aujourd’hui encore,
on ignore complètement ce qu’elle a fait
pour ou contre tel ou tel pays.
121
122. Manfred Von Richthofen
1892-1918
Le Baron rouge est le pilote légendaire de cette guerre,
l’As des as, avec 80 victoires homologuées.
Blessé à la tête en juillet 1917, il a refusé d’arrêter de voler
bien qu’il fût diminué
et eût de violents maux de tête.
Sa mort n’est pas claire: des soldats australiens ou le pilote
canadien Roy Brown l’ont abattu en avril 1918.
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123. Ernst Udet
1896-1941
Le 2e as allemand de la guerre
(62 victoires) y a survécu, mais il a eu de la
chance, comme le montre ce récit:
«Au cours du combat, nous sommes passés parfois si
près l'un de l'autre que j'ai pu observer en détail le
visage de mon adversaire - ou du moins ce que je
pouvais en voir sous son casque. Sur le flanc de
l'appareil, il y avait une cigogne et deux mots peints en
blanc. A la cinquième passe il me frôla de si près que je
sentis le souffle de son hélice - Je réussis à lire les
lettres du mot V-I-E-U-X. Et tout le monde savait à
l'époque que le quot;Vieux Charlesquot; était l'avion de
Guynemer.
J'aurais dû m'en douter. Il n'y avait pas deux pilotes
alliés à manier un appareil avec une telle maîtrise.
Comme la plupart des bêtes de proie, cet homme
aimait chasser tout seul. Ce fut Guynemer qui mit au
point la tactique d'attaque du soleil dans le dos. C'est
comme cela qu'il avait descendu mon copain Puz. Il
était à l'époque crédité de 30 victoires déjà et je sentis
que ce serait le combat de ma vie. (...)
123
124. Je sortis le grand jeu, tout ce que je savais faire, virages boucles, tonneaux, glissades... Il
collait au moindre de mes mouvements avec des réflexes incroyablement rapides et précis.
Petit à petit, je réalisais que je n'étais pas de sa force. Non seulement son avion était
supérieur, mais le pilote était un duelliste hors de pair. Seulement je n'avais pas le choix: me
battre ou rompre le combat? Tourner le dos serait signer mon arrêt de mort.
J'engageais un virage très serré, et l'espace d'un instant, je l'eus enfin dans mon collimateur.
Je pressais la détente... Rien! Ma mitrailleuse était enrayée. Tenant le manche de la main
gauche, je secouai énergiquement la mitrailleuse de ma main droite. Rien à faire.
J'eus une seconde la tentation de lui échapper en piquant à mort, mais avec un tel adversaire
la manœuvre aurait été sans espoir. En quatre secondes dans ma queue, il m'aurait descendu
sans la moindre difficulté.
Alors le combat tournoyant se poursuivit. Pour moi, c'était la plus extraordinaire leçon de
pilotage - abstraction faite des risques, bien sûr - j'avoue avoir totalement oublié pendant un
moment que mon partenaire s'appelait Guynemer, et que c'était mon ennemi. Il m'a semblé
que j'étais à l'entraînement, au dessus d'un terrain, avec un vieil ami... Mais cette impression
ne dura guère. Nous étions en combat tournoyant depuis 8 minutes déjà, les 8 minutes les plus
longues de ma carrière de pilote. Brusquement, Guynemer partit en retournement, en vol sur
le dos il me passa sur la tête. Du coup, je lâchai le manche pour cogner de mes deux points sur
ma foutue mitrailleuse! La méthode était primitive, mais quelquefois ça marchait!
124
125. Guynemer m'avait regardé faire et savait désormais que j'étais sa victime sans
défense. Il fit une nouvelle passe juste sur ma tête, il était pratiquement en vol
inversé, et là, à ma stupéfaction, il me fit signe de la main, en un geste amical, et mit
cap à l'ouest.»
125
126. Georges Guynemer
1894-1917
De santé fragile (tuberculose), Guynemer a
quand même survécu à sept crashs au cours de
ses 600 missions.
On lui attribue
53 victoires homologuées
(et 30 “probables”—il aimait voler seul).
Le plus populaire des pilotes français a disparu
en mission, à 22 ans. Ni lui ni son “Vieux
Charles” n’ont été retrouvés.
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127. Billy Bishop
1894-1956
L’As des as de l’Empire britannique est canadien.
Il est né à Owen Sound, en Ontario.
Bishop a remporté 72 victoires entre mars 1917
et la fin de la guerre, dont 25 en douze jours.
(Comme pour la plupart des pilotes, le nombre exact de ses victoires est controversé.)
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128. Francis Pegahmagabow
1891-1952
Originaire de la bande de Parry Island,
en Ontario.
Ayant participé aux batailles d’Ypres, de la Somme
(blessé à la jambe),
du Mont Sorrel, de Passchendaele, de la Scarpe, d’Amiens,
il a tué 378 allemands et en a capturé 300.
Après la guerre il représentera la nation Ojibwé
et sera un éminent leader autochtone.
128
129. Caporal Joseph Kaeble
1892-1918
Affecté au 22e bataillon (les “Van Doos”), il a participé à l’offensive de Vimy,
où il a été blessé.
Le 8 juin 1918, pendant une attaque allemande, les hommes de sa section
étant tous blessés, il est sorti de la tranchée pour faire face à une cinquantaine
de soldats ennemis. Touché à plusieurs reprises, Kaeble ne cesse de tirer, vide
plusieurs magasins de sa mitrailleuse Lewis, et réussit à stopper l'offensive.
Mortellement blessé, il retombe dans la tranchée. Il tire ses dernières
cartouches allongé sur le dos aux Allemands qui reculent, tout en
encourageant ses hommes à tenir bon.
Il est mort le lendemain. Il sera le premier Canadien francophone à recevoir
la croix de Victoria, la plus haute distinction britannique.
129
130. Lt. Col. Arnold Kemball
Le 1er mars 1917, il devait mener son bataillon, le 54e
Kootenay (il habitait Kelso), dans un raid de préparation à
la bataille de Vimy.
Les ordres qu’il avait reçus pour ses hommes étaient
irréalisables. Il s’agissait de donner suite à une attaque au
gaz dont tout le monde parlait depuis des semaines,
et ce par mauvais temps—non seulement les Allemands
étaient en pleine forme
puisque le vent emportait le gaz loin de leurs tranchées,
mais en plus ils étaient avertis de l’assaut.
Kemball protesta auprès de son commandement
pour faire annuler l’ordre. On refusa sa requête.
Il prit alors la tête de ses hommes malgré l’ordre de rester
personnellement en arrière, et fut tué.
Sachant que l’affaire était sans espoir,
il refusait d’envoyer ses hommes au carnage
sans partager leur sort.
Les Allemands proposèrent une trêve
pour rendre son corps à ses camarades,
ce qui fut fait dans le plus grand respect mutuel.
130
131. Bibliographie
✦ http://canadawiki.org
✦ http://www.firstworldwar.com/
✦ http://www.flyandrive.com/histoire2.htm
http://www.histoirealacarte.com
Musique
✦
✦ http://history.cbc.ca/history/ Albinoni, Tomaso. Adagio pour cordes et orgue.
✦ http://www.infoukes.com
✦ http://www.warmuseum.ca/cwm/vimy/index_f.html
✦ http://wikipedia.org
✦ Berton, Pierre. Vimy. Toronto: McClelland and Stewart, 1986.
✦ Newman, Garfield, et al. Regard sur le Canada, 2e édition.
Chenelière/McGraw-Hill. Montréal, 2001.
131
132. Et après?
Vous ne pourrez pas comprendre la 2e guerre mondiale
sans réfléchir au bilan de la 1ère.
Si l’Allemagne hitlérienne a soif de victoires et balaie tout le monde sur son passage,
c’est que les Allemands ont été humiliés à Versailles, désignés responsables de la guerre,
forcés de payer des indemnités qui ont ruiné le pays, occupés,
alors que, comme les autres, ils s’étaient sacrifiés pour leur patrie
et leur empereur, le vrai responsable, qui voulait jouer à Jules César avec ses cousins russe et anglais.
Ils parlent de “défaite imposée”.
Si l’Italie mussolinienne tombe dans les excès du nationalisme
et s’unit à Hitler pour la revanche,
c’est qu’elle estime ne pas avoir reçu sa part
quand les Alliés se sont partagé le monde en 1919
(la côte adriatique et Fiume ont été données à la Yougoslavie).
Les Italiens, eux, souffrent d’une “victoire mutilée”.
132
133. «La guerre est le massacre de gens
qui ne se connaissent pas
au profit de gens
qui eux se connaissent
mais ne se massacrent pas.»
Paul Valéry
1870-1945
133
134. «If we don't end war, war will end us.»
H. G. Wells
1866-1946
134