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La Chine et le monde depuis 1949
Introduction :
Après la victoire contre le Japon, la guerre civile entre nationalistes (Guomindang) et communistes chinois reprend
en 1946. La victoire des communistes en 1949, sous l’autorité de Mao Zedong, permet de construire un Etat sur le
modèle soviétique, politiquement (parti unique autoritaire) et économiquement.
Cependant, dans les années 60, la Chine de Mao s’éloigne du modèle soviétique et finit par rompre avec l’URSS
pour suivre sa propre voie de développement.
Sans remettre en cause le régime communiste, son successeur Deng Xiaoping modernise l’économie et ouvre le
pays à la mondialisation et à l’économie de marché.
Par quelle voie originale, associant communisme et économie de marché, la Chine s’est-elle hissée
au rang de grande puissance mondiale ?
I. La voie maoïste (1949 - 1976)
1) Le modèle soviétique
Une fois vaincus les nationalistes du Guomindang de Tchang Kai-Chek, qui se réfugient sur l’île de Taïwan
(aujourd’hui, le nom officiel de Taïwan est toujours « République de Chine »), le chef du parti communiste chinois
(PCC) Mao Zedong proclame en 1949 la République populaire de Chine (RPC) à Pékin.
Il hérite d’un pays pauvre, rural et très en retard sur le plan économique et industriel.
Ces difficultés le conduisent à signer en 1950 avec l’URSS, la seule puissance à reconnaitre la Chine communiste, un
traité « d’amitié, d’alliance et d‘assistance mutuelle » et à adopter le modèle soviétique (mise en place d’une
économie planifiée par la collectivisation des moyens de production et la priorité donnée à l’industrialisation
lourde par la réalisation de plans quinquennaux, bureaucratie écrasante…) ainsi que les caractéristiques du
stalinisme (parti unique autoritaire, culte de la personnalité, camps de travail – les laogaï (équivalent du goulag)-
pour les opposants politiques…).
L’alliance avec l’Union soviétique est renforcée à l’occasion de la guerre de Corée (1950-1953) durant laquelle la
Chine bénéficie d’une aide financière et de livraisons d’armes de l’URSS pour lui permettre de soutenir
militairement la Corée du Nord contre les forces de l’ONU.
La Chine s’aligne donc sur les positions de l’URSS au début de la Guerre froide.
2) La rupture avec l’URSS
A partir de 1956 (Staline est mort en 1953), les relations sino-soviétiques commencent à se dégrader. En 1959,
Khrouchtchev annule l’accord conclu 2 ans plus tôt avec la Chine pour l’aider à développer l’arme nucléaire.
Les divergences sont économiques (« Grand bond en avant »), politiques (contestation de frontières) mais aussi
idéologiques car Mao refuse la déstalinisation (dénonciation des crimes de Staline, abandon du culte de la
personnalité…) amorcée par Khrouchtchev à l’occasion du XXème Congrès du PCUS, mais aussi la doctrine de la
coexistence pacifique entre les deux blocs (politique d’apaisement entre les Etats-Unis et l’URSS).
En 1958, les Soviétiques critiquent publiquement le « Grand Bond en avant » (politique visant à industrialiser
massivement les campagnes par la collectivisation) voulu par Mao et dont les résultats sont catastrophiques (chute
de la production, famine) => doc 3 p 83.
En 1962, la rupture est définitive (doc 5 p 83) et les conseillers soviétiques sont expulsés de Chine.
En s’appuyant sur ses divergences de vues avec l’URSS, la Chine tente de s’imposer comme la puissance leader du
monde communiste, notamment vis-à-vis des pays du tiers-monde.
3) L’affirmation d’un modèle chinois maoïste
Une fois libérée de la tutelle de Moscou, la Chine s’affirme comme une puissance indépendante et développe son
propre modèle, économique, diplomatique et idéologique :
 Sur le plan international :
- La Chine se présente comme le chef de file d’un mouvement des pays « non-alignés » et propose au
tiers-monde un nouveau modèle révolutionnaire fondé sur la révolution paysanne. Ce modèle
communiste alternatif au stalinisme séduit beaucoup en Occident dans les années 60, notamment dans
les milieux intellectuels, étudiants et d’extrême-gauche (doc 4 p 85).
- Mao dénonce l’impérialisme soviétique au même titre que celui des Etats-Unis. Les tensions aux
frontières sont tellement vives que des affrontements ont lieu entre l’armée chinoise et l’armée
soviétique en 1969.
A partir de la deuxième moitié des années 60, la Chine tente de sortir de son isolement en se rapprochant
des puissances de l’Ouest :
- La France établit des relations diplomatiques avec la Chine après la reconnaissance de la RPC par le
général de Gaulle en 1964. Cette reconnaissance ouvre la voie à celle de la plupart des pays occidentaux.
- La Chine se rapproche des Etats-Unis (qui souhaitent qu’elle fasse contrepoids à l’URSS et à son
influence dans le monde communiste) en 1971 sous l’impulsion du Premier ministre Zhou Enlai du
courant « réaliste ». Ce rapprochement va à l’encontre de la doctrine anti-impérialiste de la Chine mais
lui permet d’intégrer l’ONU et de récupérer le siège de membre permanent au Conseil de sécurité
occupé depuis 1945 par la Chine nationaliste (Taïwan). En 1972, le président Nixon réalise une visite
officielle à Pékin. En 1978, les Etats-Unis reconnaissant officiellement la RPC.
 Sur le plan intérieur
- Le « Grand Bond en avant » entre 1958 et 1961 (doc 2 p 84) ayant été un échec dramatique (entre 20 et
50 millions de morts), Mao décide consolider son pouvoir en lançant la « Révolution culturelle » en 1966
qui s’appuie sur la jeunesse du pays encadrée par les Gardes rouges. Elle vise à transformer la société en
éliminant ses opposants et les « éléments bourgeois ». Officiellement lancée pour combattre les
« quatre vieilleries » (idées, culture, coutumes, habitudes) et créer un homme nouveau, il s’agit en fait
pour Mao de relancer le culte de sa personnalité (l’étude du Petit livre rouge, le recueil des citations de
Mao, est obligatoire, à l’école et sur le lieu de travail, tout citoyen doit en posséder un exemplaire et
pouvoir en réciter des extraits à la demande des gardes rouges, sous peine de prison ou de travaux
forcés) et d’écarter du pouvoir de nombreux cadres. Une partie de la bureaucratie est purgée, la plupart
des écrivains, artistes, anciens professeurs sont harcelés, humiliés, torturés. Beaucoup d’intellectuels se
suicident et sont emprisonnés. On estime que la Révolution culturelle a causé 4 millions de morts.
- Le Tibet, annexé par la force en 1950, est intégré au territoire chinois par la construction d’axes de
communication et l’installation massive de populations chinoises dans le but d’effacer l’identité
culturelle tibétaine.
II. La voie des réformes et de l’ouverture au monde (1976 - 1990)
1) Les défis de la Chine au seuil des années 80
A la mort de Mao en 1976, la Chine fait face à de multiples difficultés :
- Economiques : le « Grand Bond en avant » et la « Révolution culturelle » ont bloqué le développement
économique et la modernisation du pays en supprimant les élites.
La Chine est toujours un pays essentiellement rural, doté d’une agriculture archaïque et pauvre. A la fin
des années 70, plus de 100 millions de Chinois survivent à la limite de la famine.
- Politiques : la Révolution culturelle a profondément divisé la population et la classe politique chinoises.
Elle a mis le pays au bord de la guerre civile. Elle engendre un divorce définitif entre le peuple chinois et
le communisme. « Si l’échec du Grand Bond a frappé le communisme au ventre, celui de la Révolution
culturelle l’a frappé à la tête. Il l’a ridiculisé et a menacé sa légitimité » (Jean-Luc Domenach)
- Diplomatiques : la Révolution culturelle engendre un isolement croissant du pays sur la scène
internationale. Peu d’Etats soutiennent la Chine maoïste. De nombreux Etats ne la reconnaissent pas. Le
seul pays communiste à la soutenir est l’Albanie. En Afrique, seule la Tanzanie copie son modèle
économique (doc 3 p 85). Durant la guerre du Vietnam, l’URSS s’impose comme le meilleur allié d’Hanoi
contre les Etats-Unis et affronte avec succès les troupes chinoises sur la frontière sino-soviétiques en
1969. Les Soviétiques laissent même filtrer des plans de frappe nucléaires contre la Chine… C’est la
raison pour laquelle, paradoxalement, Mao et Zhou Enlai se rapprochent des Etats-Unis au début des
années 70…
- Militaires et technologiques : La Chine dispose d’une armée très puissante numériquement mais qui
accuse un retard technologique important (elle dispose pourtant de l’arme nucléaire dès 1964)
notamment en raison, dans un premier temps, du refus de l’URSS de lui fournir des armes modernes,
puis de la fin de l’aide soviétique qui aurait pu aider la Chine à constituer un complexe militaro-industriel
destiné à équiper son armée. Par conséquent, la Chine n’a pas les moyens de s’opposer avec efficacité à
l’armée américaine ou soviétique, comme cela a été démontré à l’occasion du conflit frontalier de 1969.
- Démographiques : Entre 1950 et 1975, la Chine connait une forte croissance démographique (malgré
l’épisode du « Grand Bond en avant ») non maîtrisée (la population a quasiment doublé en 30 ans), ce
qui pose le problème de la disponibilité des ressources dans un pays très affaibli économiquement.
2) La fin de l’isolement et la sortie du maoïsme
La mort de Mao permet aux « réalistes » comme Deng Xiaoping de gouverner la Chine et de jouer un plus grand
rôle sur la scène internationale. Les « réalistes » donnent la priorité à la résolution des contraintes qui pèsent sur le
pays plutôt que de s’en tenir strictement à l’idéologie du régime.
Deng Xiaoping rompt avec la maoïsme en réhabilitant les victimes de la Révolution culturelle et en critiquant la
politique économique et sociale de Mao. Cependant la démaoïsation demeure très contrôlée et ne remet pas en
cause les principes fondamentaux du régime, et le parti communiste reste le seul autorisé. Il n’est pas question
d’accéder à des revendications démocratiques.
Sur le plan international, la fin du maoïsme et la politique d’ouverture des « réalistes » permet une normalisation
des relations avec les anciens ennemis : Inde, Japon, URSS, Etats-Unis (reconnaissance de la Chine communiste en
1978). Des accords pour la restitution de Hong-Kong sont conclus avec le Royaume-Uni et avec le Portugal pour
celle de Macao.
Elle intègre des organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale, symboles du capitalisme, en
1980-1981.
Sur le plan militaire, la Chine traditionnellement non-interventionniste soutien la dictature sanglante des Khmers
rouges au Cambodge entre 1975 et 1979 et envahit brièvement le Vietnam en 1979.
3) Les réformes de Deng Xiaoping
A partir de 1978, Deng Xiaoping lance le programme des « Quatre modernisations » (agriculture, industrie,
recherche, défense) dont l’objectif est de combler le retard de développement de la Chine et d’en faire une
véritable puissance, au même titre que les Quatre dragons capitalistes (Taïwan, Hong Kong, Corée du Sud,
Singapour) qui connaissent une forte croissance économique.
Les réformateurs chinois estiment que la survie du régime communiste passe par la croissance économique (c’est
ce que n’a pas su faire l’URSS). Il faut réconcilier la population avec le régime par la croissance économique pour
préserver la domination du parti communiste.
Deng Xiaoping met en place le « socialisme de marché » (doc 1 p 88), c’est-à-dire qu’il entend concilier le
communisme avec l’économie capitaliste : la planification de l’économie et la collectivisation sont abandonnées, le
droit de propriété est institué ainsi que la création d’entreprises privées.
Par ailleurs, la libéralisation de l’économie est associée à une politique d’ouverture du territoire par la création de
ZES (Zones économiques spéciales) destinées à attirer les capitaux et les investissements directs étrangers (IDE).
Dans les années 80, seules quelques villes comme Shenzhen étaient ouvertes aux IDE. En 1992, c’est l’ensemble du
territoire.
En quelques années, la Chine devient un « pays-atelier », voire même « l’atelier du monde » grâce aux
investissements étrangers attirés par une main d’œuvre très bon marché.
La croissance est fulgurante, le commerce avec les pôles de la Triade se développe rapidement grâce aux
exportations et les ports chinois deviennent les plus importants du monde.
Sur le plan démographiques, Deng Xiaoping met en œuvre en 1979 la « politique de l’enfant unique » qui, selon lui,
« doit servir et être subordonné à la tâche centrale du développement économique »
III. La voie de la puissance globale (1990 - )
1) Une puissance économique majeure
Entre 1978 et les années 2010, la croissance économique de la Chine est en moyenne de 10 %. Cette croissance a
permis une élévation du niveau de vie des Chinois sans précédent (doc 3 et 5 p 89). Depuis 30 ans, 400 millions de
chinois sont sortis de la pauvreté.
En 2001, la Chine intègre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le G20 en 2010. Cette même année, elle
devient la deuxième puissance économique mondiale en dépassant le Japon. Elle surclasse les Etats-Unis en terme
de puissance commerciale (1er exportateur mondial, 2ème importateur mondial). En 2014, son PIB dépasse celui des
Etats-Unis, la Chine devient la 1ère économie mondiale.
Grâce à une balance des paiements largement excédentaire, les capitaux chinois alimentent la finance mondiale et
permettent notamment de financer la dette américaine.
Aujourd’hui, la Chine ne se contente plus d’être un « pays-atelier » qui fabrique des produits à faible valeur ajoutée.
L’essor économique chinois l’amène à revendiquer un rôle de premier plan dans la mondialisation, à l’image de
Shanghai (docs p 90-91) devenu en quelques années (depuis 1990) la fenêtre d’une Chine moderne grâce à son port
de commerce (le 1er au monde) et son quartier des affaires de Pudong qui comprend notamment la bourse de
Shanghai. Les villes chinoises comme Shanghai, Hong Kong ou Pékin/Tianjin agissent ainsi comme des pôles de
croissance dans le développement chinois.
Symboles de la réussite chinoise, en 2008 les Jeux olympiques se tiennent à Pékin et Shanghai organise deux ans
plus tard l’Exposition universelle.
2) Des ambitions diplomatiques et géopolitiques qui s’affirment
Même si la Chine joue un rôle majeur dans l’économie mondiale, elle polarise essentiellement l’Asie orientale. Ses
principaux partenaires économiques et commerciaux sont les pays industrialisés d’Asie qui fournissent l’essentiel
des IDE. C’est une puissance régionale incontournable membre de l’Organisation de coopération de Shanghai et
associée à l’ASEAN. La Chine crée aujourd’hui ses propres institutions internationales, comme la Banque des BRICS
(2015) dont le siège est à Shanghai.
Par ailleurs, la Chine entretient un climat de tensions dans la région lié à ses revendications territoriales et
maritimes, notamment en mer de Chine :
- Sur Taïwan (République de Chine) : la RPC considère Taïwan (théoriquement soutenu par les Etats-Unis)
comme une province chinoise à part entière, perdue en 1949, mais destinée à être récupérée.
- Sur les îles Senkaku, îles inhabitées japonaises riches en hydrocarbures.
- Sur les îles Spratleys revendiquées aussi par le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et Brunei. C’est un
archipel d’une importance stratégique car il recèle du pétrole, du gaz, la plus grande réserve halieutique
de la région et il est situé sur la principale route maritime mondiale (1/3 du trafic mondial).
Depuis 2013, la Chine y construit la « Grande muraille de sable », c’est-à-dire des îles artificielles sur
lesquelles sont construites des infrastructures (notamment des bases et des ports militaires) destinées à
affirmer sa souveraineté.
- Sur les îles Paracels (occupées par la Chine, revendiquées par le Vietnam et Taïwan), riches en
hydrocarbures et en ressources halieutiques.
En 2014, l’agence de presse Xinhua a publié une carte du grand projet de « Nouvelle route de la soie » lancé par le
président Xi Jinping. Il s’agit pour la Chine de créer un nouvel axe commercial majeur, terrestre et maritime, entre
la Chine et l’Europe. Pour cela, et afin de sécuriser ses approvisionnements, la Chine adopte la « stratégie du collier
de perles », c’est-à-dire le rachat d’infrastructures (des ports notamment) à l’étranger (ex : port du Pirée à
Athènes).
Pour soutenir ses ambitions et faire face aux puissances concurrentes déployées dans la région (Inde mais surtout
Etats-Unis dont l’armée est très présente au Japon, en Corée du Sud et en mer de Chine, mais aussi dans l’Océan
indien où la marine chinoise est de plus en plus présente), la Chine modernise considérablement ses forces
armées :
- Les armes nucléaires sont modernisées et plus nombreuses.
- Après avoir été dépendante de la technologie soviétique puis russe, dont elle copiait les modèles pour
l’équipement de ses forces aériennes, la Chines est désormais capable de mettre au point et de
construire ses propres avions de combat.
- Mais surtout la Chine a considérablement renforcé sa marine de guerre, et notamment ses capacités de
projection lointaine (sous-marins, porte-avions Liaoning…). La Chine est aujourd’hui capable, pour la 1ère
fois, d’intervenir partout où ses intérêts sont menacés (détroit de Formose pour exercer une pression
constante sur Taïwan, océan indien dans le cadre de la « Stratégie du collier de perles »…).
La marine chinoise est à la fois le symbole du renouveau militaire chinois et le révélateur des tensions,
notamment avec les Etats-Unis.
La Chine s’est également lancée dans un programme spatial en développant ses propres lanceurs grâce à
l’expérience acquise avec les missiles militaires.
C’est aujourd’hui un concurrent sérieux des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie sur le marché des satellites
commerciaux.
En 2003, la Chine est le 3ème pays à envoyer un homme dans l’espace par ses propres moyens après les Etats-Unis et
l’URSS.
Après s’être rapprochée des pays du tiers-monde dans les années 50, la Chine adopte aujourd’hui une stratégie
d’influence économique pour soutenir sa croissance et ses besoins en énergie. Elle est aujourd’hui le 1er
investisseur en Afrique et s’affirme également en Amérique du Sud et en Asie centrale.
3) Les limites de la puissance chinoise
Malgré ses réussites sur les plans diplomatiques et économiques, la Chine demeure un pays émergent pour
plusieurs raisons.
Sur le plan intérieur :
- Le pays reste très inégalement développé. Alors que la Chine de l’est, littorale, a largement profité de
l’ouverture à la mondialisation, la Chine de l’intérieur et de l’ouest reste très en retard. On constate un
gradient décroissant de développement vers l’ouest.
Les inégalités sociales en Chine se sont accentuées et sont parmi les plus importantes au monde.
Même si le niveau de vie des paysans s’est considérablement accru depuis 20 ans, l’écart s’est creusé
avec les plus riches, notamment les entrepreneurs privés dans l’industrie.
Les politiques d’aménagement du territoire tentent d’atténuer ces disparités.
- Ces inégalités nourrissent une contestation forte, notamment de la jeunesse qui réclame une
démocratisation du pays. Elle est violemment réprimée, comme en 1989 sur la place Tian’anmen (1800
morts). Le régime se maintient par la force.
- L’industrialisation et la croissance économique sont associés à une catastrophe environnementale. La
pollution de l’air, des sols et des cours d’eau a des répercussions très néfastes sur l’image de la Chine à
l’étranger (notamment à l’occasion des JO de Pékin en 2008).
Sur le plan international :
- La Chine demeure une puissance en retrait sur le plan international (elle reste essentiellement une
puissance régionale) qui n’a ni la volonté, ni la capacité de s’impliquer dans toutes les crises
internationales. Malgré les efforts consentis pour moderniser son armée, celle-ci demeure
technologiquement très en retard par rapport à celles des pays développés, et de l’armée américaine
en particulier.
- La Chine est perçue comme une puissance menaçante en raison des tensions qu’elle entretient en mer
de Chine, notamment vis-à-vis de Taïwan, et par le soutien qu’elle continue d’apporter à la Corée du
Nord.
- Son image à l’étranger est ternie en raison du caractère autoritaire du régime, du non-respect des Droits
de l’Homme, de la répression des opposants politiques et du refus de prendre en compte les aspirations
démocratiques, et de la question tibétaine qui reste entière.
- Le Soft Power de la Chine est très faible comparé à celui des pays développés.
Conclusion :
La situation de la Chine communiste s’inscrit dans une évolution originale qui la mène, à travers la volonté de
retrouver son ancienne puissance, d’une situation de sous-développement économique et de mise sous tutelle
politique (de l’URSS), à une position économique (et de plus en plus politique) mondiale de premier plan.
La victoire des communistes en 1949 constitue un tournant majeur dans l’histoire de la Chine. Elle est marquée par
la construction d’un État fort et par une quête de puissance à travers la reconquête de sa souveraineté et le
développement de son influence en Asie.
La mort de Mao, en 1976, ouvre un deuxième chapitre dans l’histoire de la Chine depuis 1949. En une trentaine
d’années, en s’appuyant sur une politique d’ouverture économique au monde, elle acquiert un statut de puissance
économique et financière de premier plan qui lui permet de prétendre à une plus grande influence politique sur la
scène internationale. Elle se heurte de plus en plus aux États-Unis dans les domaines économique et diplomatique.
La Chine s’impose aujourd’hui comme un nouveau pôle géopolitique en Asie orientale mais sa conception de la
puissance, longtemps centrée sur l’Asie, évolue rapidement et tend de plus en plus à se manifester sur les autres
continents.
Dans un contexte où le Royaume-Uni quitte l’Union européenne et les Etats-Unis de Donald Trump souhaitent
introduire des mesures protectionnistes, la Chine communiste est la grande puissance qui, paradoxalement, incarne
et défend le plus la mondialisation libérale et capitaliste.

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  • 1. La Chine et le monde depuis 1949 Introduction : Après la victoire contre le Japon, la guerre civile entre nationalistes (Guomindang) et communistes chinois reprend en 1946. La victoire des communistes en 1949, sous l’autorité de Mao Zedong, permet de construire un Etat sur le modèle soviétique, politiquement (parti unique autoritaire) et économiquement. Cependant, dans les années 60, la Chine de Mao s’éloigne du modèle soviétique et finit par rompre avec l’URSS pour suivre sa propre voie de développement. Sans remettre en cause le régime communiste, son successeur Deng Xiaoping modernise l’économie et ouvre le pays à la mondialisation et à l’économie de marché. Par quelle voie originale, associant communisme et économie de marché, la Chine s’est-elle hissée au rang de grande puissance mondiale ? I. La voie maoïste (1949 - 1976) 1) Le modèle soviétique Une fois vaincus les nationalistes du Guomindang de Tchang Kai-Chek, qui se réfugient sur l’île de Taïwan (aujourd’hui, le nom officiel de Taïwan est toujours « République de Chine »), le chef du parti communiste chinois (PCC) Mao Zedong proclame en 1949 la République populaire de Chine (RPC) à Pékin. Il hérite d’un pays pauvre, rural et très en retard sur le plan économique et industriel. Ces difficultés le conduisent à signer en 1950 avec l’URSS, la seule puissance à reconnaitre la Chine communiste, un traité « d’amitié, d’alliance et d‘assistance mutuelle » et à adopter le modèle soviétique (mise en place d’une économie planifiée par la collectivisation des moyens de production et la priorité donnée à l’industrialisation lourde par la réalisation de plans quinquennaux, bureaucratie écrasante…) ainsi que les caractéristiques du stalinisme (parti unique autoritaire, culte de la personnalité, camps de travail – les laogaï (équivalent du goulag)- pour les opposants politiques…). L’alliance avec l’Union soviétique est renforcée à l’occasion de la guerre de Corée (1950-1953) durant laquelle la Chine bénéficie d’une aide financière et de livraisons d’armes de l’URSS pour lui permettre de soutenir militairement la Corée du Nord contre les forces de l’ONU. La Chine s’aligne donc sur les positions de l’URSS au début de la Guerre froide. 2) La rupture avec l’URSS A partir de 1956 (Staline est mort en 1953), les relations sino-soviétiques commencent à se dégrader. En 1959, Khrouchtchev annule l’accord conclu 2 ans plus tôt avec la Chine pour l’aider à développer l’arme nucléaire. Les divergences sont économiques (« Grand bond en avant »), politiques (contestation de frontières) mais aussi idéologiques car Mao refuse la déstalinisation (dénonciation des crimes de Staline, abandon du culte de la personnalité…) amorcée par Khrouchtchev à l’occasion du XXème Congrès du PCUS, mais aussi la doctrine de la coexistence pacifique entre les deux blocs (politique d’apaisement entre les Etats-Unis et l’URSS). En 1958, les Soviétiques critiquent publiquement le « Grand Bond en avant » (politique visant à industrialiser massivement les campagnes par la collectivisation) voulu par Mao et dont les résultats sont catastrophiques (chute de la production, famine) => doc 3 p 83. En 1962, la rupture est définitive (doc 5 p 83) et les conseillers soviétiques sont expulsés de Chine. En s’appuyant sur ses divergences de vues avec l’URSS, la Chine tente de s’imposer comme la puissance leader du monde communiste, notamment vis-à-vis des pays du tiers-monde.
  • 2. 3) L’affirmation d’un modèle chinois maoïste Une fois libérée de la tutelle de Moscou, la Chine s’affirme comme une puissance indépendante et développe son propre modèle, économique, diplomatique et idéologique :  Sur le plan international : - La Chine se présente comme le chef de file d’un mouvement des pays « non-alignés » et propose au tiers-monde un nouveau modèle révolutionnaire fondé sur la révolution paysanne. Ce modèle communiste alternatif au stalinisme séduit beaucoup en Occident dans les années 60, notamment dans les milieux intellectuels, étudiants et d’extrême-gauche (doc 4 p 85). - Mao dénonce l’impérialisme soviétique au même titre que celui des Etats-Unis. Les tensions aux frontières sont tellement vives que des affrontements ont lieu entre l’armée chinoise et l’armée soviétique en 1969. A partir de la deuxième moitié des années 60, la Chine tente de sortir de son isolement en se rapprochant des puissances de l’Ouest : - La France établit des relations diplomatiques avec la Chine après la reconnaissance de la RPC par le général de Gaulle en 1964. Cette reconnaissance ouvre la voie à celle de la plupart des pays occidentaux. - La Chine se rapproche des Etats-Unis (qui souhaitent qu’elle fasse contrepoids à l’URSS et à son influence dans le monde communiste) en 1971 sous l’impulsion du Premier ministre Zhou Enlai du courant « réaliste ». Ce rapprochement va à l’encontre de la doctrine anti-impérialiste de la Chine mais lui permet d’intégrer l’ONU et de récupérer le siège de membre permanent au Conseil de sécurité occupé depuis 1945 par la Chine nationaliste (Taïwan). En 1972, le président Nixon réalise une visite officielle à Pékin. En 1978, les Etats-Unis reconnaissant officiellement la RPC.  Sur le plan intérieur - Le « Grand Bond en avant » entre 1958 et 1961 (doc 2 p 84) ayant été un échec dramatique (entre 20 et 50 millions de morts), Mao décide consolider son pouvoir en lançant la « Révolution culturelle » en 1966 qui s’appuie sur la jeunesse du pays encadrée par les Gardes rouges. Elle vise à transformer la société en éliminant ses opposants et les « éléments bourgeois ». Officiellement lancée pour combattre les « quatre vieilleries » (idées, culture, coutumes, habitudes) et créer un homme nouveau, il s’agit en fait pour Mao de relancer le culte de sa personnalité (l’étude du Petit livre rouge, le recueil des citations de Mao, est obligatoire, à l’école et sur le lieu de travail, tout citoyen doit en posséder un exemplaire et pouvoir en réciter des extraits à la demande des gardes rouges, sous peine de prison ou de travaux forcés) et d’écarter du pouvoir de nombreux cadres. Une partie de la bureaucratie est purgée, la plupart des écrivains, artistes, anciens professeurs sont harcelés, humiliés, torturés. Beaucoup d’intellectuels se suicident et sont emprisonnés. On estime que la Révolution culturelle a causé 4 millions de morts. - Le Tibet, annexé par la force en 1950, est intégré au territoire chinois par la construction d’axes de communication et l’installation massive de populations chinoises dans le but d’effacer l’identité culturelle tibétaine. II. La voie des réformes et de l’ouverture au monde (1976 - 1990) 1) Les défis de la Chine au seuil des années 80 A la mort de Mao en 1976, la Chine fait face à de multiples difficultés : - Economiques : le « Grand Bond en avant » et la « Révolution culturelle » ont bloqué le développement économique et la modernisation du pays en supprimant les élites. La Chine est toujours un pays essentiellement rural, doté d’une agriculture archaïque et pauvre. A la fin des années 70, plus de 100 millions de Chinois survivent à la limite de la famine.
  • 3. - Politiques : la Révolution culturelle a profondément divisé la population et la classe politique chinoises. Elle a mis le pays au bord de la guerre civile. Elle engendre un divorce définitif entre le peuple chinois et le communisme. « Si l’échec du Grand Bond a frappé le communisme au ventre, celui de la Révolution culturelle l’a frappé à la tête. Il l’a ridiculisé et a menacé sa légitimité » (Jean-Luc Domenach) - Diplomatiques : la Révolution culturelle engendre un isolement croissant du pays sur la scène internationale. Peu d’Etats soutiennent la Chine maoïste. De nombreux Etats ne la reconnaissent pas. Le seul pays communiste à la soutenir est l’Albanie. En Afrique, seule la Tanzanie copie son modèle économique (doc 3 p 85). Durant la guerre du Vietnam, l’URSS s’impose comme le meilleur allié d’Hanoi contre les Etats-Unis et affronte avec succès les troupes chinoises sur la frontière sino-soviétiques en 1969. Les Soviétiques laissent même filtrer des plans de frappe nucléaires contre la Chine… C’est la raison pour laquelle, paradoxalement, Mao et Zhou Enlai se rapprochent des Etats-Unis au début des années 70… - Militaires et technologiques : La Chine dispose d’une armée très puissante numériquement mais qui accuse un retard technologique important (elle dispose pourtant de l’arme nucléaire dès 1964) notamment en raison, dans un premier temps, du refus de l’URSS de lui fournir des armes modernes, puis de la fin de l’aide soviétique qui aurait pu aider la Chine à constituer un complexe militaro-industriel destiné à équiper son armée. Par conséquent, la Chine n’a pas les moyens de s’opposer avec efficacité à l’armée américaine ou soviétique, comme cela a été démontré à l’occasion du conflit frontalier de 1969. - Démographiques : Entre 1950 et 1975, la Chine connait une forte croissance démographique (malgré l’épisode du « Grand Bond en avant ») non maîtrisée (la population a quasiment doublé en 30 ans), ce qui pose le problème de la disponibilité des ressources dans un pays très affaibli économiquement. 2) La fin de l’isolement et la sortie du maoïsme La mort de Mao permet aux « réalistes » comme Deng Xiaoping de gouverner la Chine et de jouer un plus grand rôle sur la scène internationale. Les « réalistes » donnent la priorité à la résolution des contraintes qui pèsent sur le pays plutôt que de s’en tenir strictement à l’idéologie du régime. Deng Xiaoping rompt avec la maoïsme en réhabilitant les victimes de la Révolution culturelle et en critiquant la politique économique et sociale de Mao. Cependant la démaoïsation demeure très contrôlée et ne remet pas en cause les principes fondamentaux du régime, et le parti communiste reste le seul autorisé. Il n’est pas question d’accéder à des revendications démocratiques. Sur le plan international, la fin du maoïsme et la politique d’ouverture des « réalistes » permet une normalisation des relations avec les anciens ennemis : Inde, Japon, URSS, Etats-Unis (reconnaissance de la Chine communiste en 1978). Des accords pour la restitution de Hong-Kong sont conclus avec le Royaume-Uni et avec le Portugal pour celle de Macao. Elle intègre des organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale, symboles du capitalisme, en 1980-1981. Sur le plan militaire, la Chine traditionnellement non-interventionniste soutien la dictature sanglante des Khmers rouges au Cambodge entre 1975 et 1979 et envahit brièvement le Vietnam en 1979. 3) Les réformes de Deng Xiaoping A partir de 1978, Deng Xiaoping lance le programme des « Quatre modernisations » (agriculture, industrie, recherche, défense) dont l’objectif est de combler le retard de développement de la Chine et d’en faire une véritable puissance, au même titre que les Quatre dragons capitalistes (Taïwan, Hong Kong, Corée du Sud, Singapour) qui connaissent une forte croissance économique. Les réformateurs chinois estiment que la survie du régime communiste passe par la croissance économique (c’est ce que n’a pas su faire l’URSS). Il faut réconcilier la population avec le régime par la croissance économique pour préserver la domination du parti communiste.
  • 4. Deng Xiaoping met en place le « socialisme de marché » (doc 1 p 88), c’est-à-dire qu’il entend concilier le communisme avec l’économie capitaliste : la planification de l’économie et la collectivisation sont abandonnées, le droit de propriété est institué ainsi que la création d’entreprises privées. Par ailleurs, la libéralisation de l’économie est associée à une politique d’ouverture du territoire par la création de ZES (Zones économiques spéciales) destinées à attirer les capitaux et les investissements directs étrangers (IDE). Dans les années 80, seules quelques villes comme Shenzhen étaient ouvertes aux IDE. En 1992, c’est l’ensemble du territoire. En quelques années, la Chine devient un « pays-atelier », voire même « l’atelier du monde » grâce aux investissements étrangers attirés par une main d’œuvre très bon marché. La croissance est fulgurante, le commerce avec les pôles de la Triade se développe rapidement grâce aux exportations et les ports chinois deviennent les plus importants du monde. Sur le plan démographiques, Deng Xiaoping met en œuvre en 1979 la « politique de l’enfant unique » qui, selon lui, « doit servir et être subordonné à la tâche centrale du développement économique » III. La voie de la puissance globale (1990 - ) 1) Une puissance économique majeure Entre 1978 et les années 2010, la croissance économique de la Chine est en moyenne de 10 %. Cette croissance a permis une élévation du niveau de vie des Chinois sans précédent (doc 3 et 5 p 89). Depuis 30 ans, 400 millions de chinois sont sortis de la pauvreté. En 2001, la Chine intègre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le G20 en 2010. Cette même année, elle devient la deuxième puissance économique mondiale en dépassant le Japon. Elle surclasse les Etats-Unis en terme de puissance commerciale (1er exportateur mondial, 2ème importateur mondial). En 2014, son PIB dépasse celui des Etats-Unis, la Chine devient la 1ère économie mondiale. Grâce à une balance des paiements largement excédentaire, les capitaux chinois alimentent la finance mondiale et permettent notamment de financer la dette américaine. Aujourd’hui, la Chine ne se contente plus d’être un « pays-atelier » qui fabrique des produits à faible valeur ajoutée. L’essor économique chinois l’amène à revendiquer un rôle de premier plan dans la mondialisation, à l’image de Shanghai (docs p 90-91) devenu en quelques années (depuis 1990) la fenêtre d’une Chine moderne grâce à son port de commerce (le 1er au monde) et son quartier des affaires de Pudong qui comprend notamment la bourse de Shanghai. Les villes chinoises comme Shanghai, Hong Kong ou Pékin/Tianjin agissent ainsi comme des pôles de croissance dans le développement chinois. Symboles de la réussite chinoise, en 2008 les Jeux olympiques se tiennent à Pékin et Shanghai organise deux ans plus tard l’Exposition universelle. 2) Des ambitions diplomatiques et géopolitiques qui s’affirment Même si la Chine joue un rôle majeur dans l’économie mondiale, elle polarise essentiellement l’Asie orientale. Ses principaux partenaires économiques et commerciaux sont les pays industrialisés d’Asie qui fournissent l’essentiel des IDE. C’est une puissance régionale incontournable membre de l’Organisation de coopération de Shanghai et associée à l’ASEAN. La Chine crée aujourd’hui ses propres institutions internationales, comme la Banque des BRICS (2015) dont le siège est à Shanghai.
  • 5. Par ailleurs, la Chine entretient un climat de tensions dans la région lié à ses revendications territoriales et maritimes, notamment en mer de Chine : - Sur Taïwan (République de Chine) : la RPC considère Taïwan (théoriquement soutenu par les Etats-Unis) comme une province chinoise à part entière, perdue en 1949, mais destinée à être récupérée. - Sur les îles Senkaku, îles inhabitées japonaises riches en hydrocarbures. - Sur les îles Spratleys revendiquées aussi par le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et Brunei. C’est un archipel d’une importance stratégique car il recèle du pétrole, du gaz, la plus grande réserve halieutique de la région et il est situé sur la principale route maritime mondiale (1/3 du trafic mondial). Depuis 2013, la Chine y construit la « Grande muraille de sable », c’est-à-dire des îles artificielles sur lesquelles sont construites des infrastructures (notamment des bases et des ports militaires) destinées à affirmer sa souveraineté. - Sur les îles Paracels (occupées par la Chine, revendiquées par le Vietnam et Taïwan), riches en hydrocarbures et en ressources halieutiques. En 2014, l’agence de presse Xinhua a publié une carte du grand projet de « Nouvelle route de la soie » lancé par le président Xi Jinping. Il s’agit pour la Chine de créer un nouvel axe commercial majeur, terrestre et maritime, entre la Chine et l’Europe. Pour cela, et afin de sécuriser ses approvisionnements, la Chine adopte la « stratégie du collier de perles », c’est-à-dire le rachat d’infrastructures (des ports notamment) à l’étranger (ex : port du Pirée à Athènes). Pour soutenir ses ambitions et faire face aux puissances concurrentes déployées dans la région (Inde mais surtout Etats-Unis dont l’armée est très présente au Japon, en Corée du Sud et en mer de Chine, mais aussi dans l’Océan indien où la marine chinoise est de plus en plus présente), la Chine modernise considérablement ses forces armées : - Les armes nucléaires sont modernisées et plus nombreuses. - Après avoir été dépendante de la technologie soviétique puis russe, dont elle copiait les modèles pour l’équipement de ses forces aériennes, la Chines est désormais capable de mettre au point et de construire ses propres avions de combat. - Mais surtout la Chine a considérablement renforcé sa marine de guerre, et notamment ses capacités de projection lointaine (sous-marins, porte-avions Liaoning…). La Chine est aujourd’hui capable, pour la 1ère fois, d’intervenir partout où ses intérêts sont menacés (détroit de Formose pour exercer une pression constante sur Taïwan, océan indien dans le cadre de la « Stratégie du collier de perles »…). La marine chinoise est à la fois le symbole du renouveau militaire chinois et le révélateur des tensions, notamment avec les Etats-Unis. La Chine s’est également lancée dans un programme spatial en développant ses propres lanceurs grâce à l’expérience acquise avec les missiles militaires. C’est aujourd’hui un concurrent sérieux des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie sur le marché des satellites commerciaux. En 2003, la Chine est le 3ème pays à envoyer un homme dans l’espace par ses propres moyens après les Etats-Unis et l’URSS. Après s’être rapprochée des pays du tiers-monde dans les années 50, la Chine adopte aujourd’hui une stratégie d’influence économique pour soutenir sa croissance et ses besoins en énergie. Elle est aujourd’hui le 1er investisseur en Afrique et s’affirme également en Amérique du Sud et en Asie centrale.
  • 6. 3) Les limites de la puissance chinoise Malgré ses réussites sur les plans diplomatiques et économiques, la Chine demeure un pays émergent pour plusieurs raisons. Sur le plan intérieur : - Le pays reste très inégalement développé. Alors que la Chine de l’est, littorale, a largement profité de l’ouverture à la mondialisation, la Chine de l’intérieur et de l’ouest reste très en retard. On constate un gradient décroissant de développement vers l’ouest. Les inégalités sociales en Chine se sont accentuées et sont parmi les plus importantes au monde. Même si le niveau de vie des paysans s’est considérablement accru depuis 20 ans, l’écart s’est creusé avec les plus riches, notamment les entrepreneurs privés dans l’industrie. Les politiques d’aménagement du territoire tentent d’atténuer ces disparités. - Ces inégalités nourrissent une contestation forte, notamment de la jeunesse qui réclame une démocratisation du pays. Elle est violemment réprimée, comme en 1989 sur la place Tian’anmen (1800 morts). Le régime se maintient par la force. - L’industrialisation et la croissance économique sont associés à une catastrophe environnementale. La pollution de l’air, des sols et des cours d’eau a des répercussions très néfastes sur l’image de la Chine à l’étranger (notamment à l’occasion des JO de Pékin en 2008). Sur le plan international : - La Chine demeure une puissance en retrait sur le plan international (elle reste essentiellement une puissance régionale) qui n’a ni la volonté, ni la capacité de s’impliquer dans toutes les crises internationales. Malgré les efforts consentis pour moderniser son armée, celle-ci demeure technologiquement très en retard par rapport à celles des pays développés, et de l’armée américaine en particulier. - La Chine est perçue comme une puissance menaçante en raison des tensions qu’elle entretient en mer de Chine, notamment vis-à-vis de Taïwan, et par le soutien qu’elle continue d’apporter à la Corée du Nord. - Son image à l’étranger est ternie en raison du caractère autoritaire du régime, du non-respect des Droits de l’Homme, de la répression des opposants politiques et du refus de prendre en compte les aspirations démocratiques, et de la question tibétaine qui reste entière. - Le Soft Power de la Chine est très faible comparé à celui des pays développés. Conclusion : La situation de la Chine communiste s’inscrit dans une évolution originale qui la mène, à travers la volonté de retrouver son ancienne puissance, d’une situation de sous-développement économique et de mise sous tutelle politique (de l’URSS), à une position économique (et de plus en plus politique) mondiale de premier plan. La victoire des communistes en 1949 constitue un tournant majeur dans l’histoire de la Chine. Elle est marquée par la construction d’un État fort et par une quête de puissance à travers la reconquête de sa souveraineté et le développement de son influence en Asie. La mort de Mao, en 1976, ouvre un deuxième chapitre dans l’histoire de la Chine depuis 1949. En une trentaine d’années, en s’appuyant sur une politique d’ouverture économique au monde, elle acquiert un statut de puissance économique et financière de premier plan qui lui permet de prétendre à une plus grande influence politique sur la scène internationale. Elle se heurte de plus en plus aux États-Unis dans les domaines économique et diplomatique. La Chine s’impose aujourd’hui comme un nouveau pôle géopolitique en Asie orientale mais sa conception de la puissance, longtemps centrée sur l’Asie, évolue rapidement et tend de plus en plus à se manifester sur les autres continents. Dans un contexte où le Royaume-Uni quitte l’Union européenne et les Etats-Unis de Donald Trump souhaitent introduire des mesures protectionnistes, la Chine communiste est la grande puissance qui, paradoxalement, incarne et défend le plus la mondialisation libérale et capitaliste.