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Question 2 : Les hommes de la Renaissance (XVème-XVIème siècle)
Introduction :
Pourquoi parle-t-on de « Renaissance » ?
« L’homme de la Renaissance » se définit lui-même comme étant en rupture avec la civilisation médiévale, jugée barbare, par
opposition avec la civilisation antique, associée à l’art et la philosophie.
Le dynamisme culturel indéniable de la période se caractérise par un intérêt renouvelé pour l’homme, son rapport à Dieu et
son action sur le monde. C’est une époque paradoxale où la conscience du progrès humain cohabite avec le désir d’un retour
au passé antique.
La tension entre ces deux sentiments, l’un tourné vers le futur, l’autre vers le passé, semble être commune aux hommes de la
Renaissance et engendre l’aspiration à une réforme comprise comme un retour aux sources, une refondation.
Comment les hommes de la Renaissance mettent-ils l’individu au centre du monde, de la religion et des arts ?
I. Luther et l’essor du protestantisme.
1) L’humanisme et le désir de réforme.
Les activités intellectuelles et artistiques connaissent un développement considérable.
A partir du XVème siècle, des intellectuels tentent de mieux comprendre le monde en y mettant l’homme au centre (et non
plus Dieu) : c’est l’humanisme.
L’humanisme s’appuie sur la redécouverte des textes de l’Antiquité, et en particulier ceux des philosophes comme Platon,
qu’ils étudient en faisant appel à leur esprit critique.
L’humanisme, basé sur une conception positive du rôle de l’homme et sur l’idée de progrès, se diffuse également chez les
artistes et parmi certains ecclésiastiques.
Les humanistes, comme le Hollandais Erasme (1466-1536), construisent leur réflexion dans l’échange : correspondances,
voyages de villes universitaires en cours princières, enseignement diffusant les idées nouvelles à l’échelle de l’Europe.
Erasme est passionné par les questions d’éducation. Il estime que la Bible latine n’a pas été correctement traduite, il décide
donc de publier en 1516 la 1ère
édition du Nouveau Testament en grec afin d’en corriger les erreurs. Bien qu’il ne se soit pas
rallié à la Réforme protestante, il a été accusé par l’Eglise d’avoir semé l’hérésie.
Nombreux sont ceux venus à la Réforme par l’Humanisme. La question essentielle demeure celle du Salut dans la continuité
des interrogations et des contestations du Moyen Age.
2) Luther, un moine réformateur.
Luther est un moine allemand né en 1483. Comme ses contemporains, il vivait dans l’angoisse du salut. Comme au Moyen Age
à l’occasion des hérésies du XIIIème siècle, l’Eglise et le clergé sont très critiqués et contestés. Les chrétiens reprochent au
pape le luxe dans lequel il vit, le poids des impôts ecclésiastiques, l’absentéisme des évêques, l’ignorance des prêtres…
Ce que réclament les fidèles, c’est un clergé qui ne se contente pas de donner els sacrements, mais qui enseigne vraiment la
parole de dieu et réponde ainsi aux inquiétudes liés au Salut. L’Eglise catholique prétendait assurer le Salut, à condition que le
fidèle se soumette au clergé et achète des indulgences.
C’est la question des indulgences qui suscite le plus de critiques.
Les humanistes et les réformateurs comme Luther dénoncent ces pratiques en estimant que l’homme est capable de penser
par lui-même et d’avoir une relation plus individuelle avec Dieu.
En 1517, Luther fait placarder à Wittenberg les 95 thèses.
Luther propose un nouveau culte, plus simple, où les fidèles ont un rapport plus direct avec Dieu.
Les écritures sacrées (Bible) doivent donc être plus accessibles => abandon du latin. Tout fidèle doit pouvoir lire la Bible lui-
même et quotidiennement, ce qui implique qu’elle soit traduite en langue vulgaire (français, allemand…). Le clergé n’est donc
plus nécessaire.
Les sacrements, sauf le baptême et la communion, et le culte de la Vierge et des saints sont abandonnés. Ils ne croient pas en
la présence réelle du Christ lors de l’eucharistie, ni au purgatoire.
Ils rejettent l’autorité du pape et du clergé.
L’idée est celle d’un retour à l’Eglise des origines débarrassées dans un contexte de contestation de l’Eglise de Rome.
La Réforme protestante est l’expression d’un nouveau rapport à Dieu, plus individuel. Elle ouvre la voie à l’autonomie de
l’individu et à sa responsabilité dans le monde.
3) Guerres de religion et territorialisation confessionnelle.
En 1520, le pape excommunie Luther. C’est la naissance du protestantisme qui se répand dans le Saint Empire romain
germanique, en Europe du Nord et en France car il reçoit le soutien de nombreux princes et villes qui protestent en sa faveur,
d’où le nom de protestants.
Le protestantisme se répand rapidement. En 1534, le roi Henri VIII rompt avec le pape et fonde l’anglicanisme.
En France, Jean Calvin développe une réforme encore plus radicale basée sur la prédestination (idée que Dieu choisit les
hommes destinés au paradis et à l’enfer, sans que ces derniers ne puissent rien faire => absence de livre-arbitre.
En s’opposant à la conception hiérarchique de l’Église, la Réforme oblige celle-ci à se réformer elle-même => C’est la Contre-
Réforme. Le concile de Trente (1545-1563) prévoit une meilleure formation des prêtres mais réaffirme le dogme, la discipline
et l’autorité de l’Eglise. C’est la rupture avec le protestantisme qui devient une religion à part entière.
Cette rupture de l’unité chrétienne contribue indirectement à l’affirmation de l’Etat moderne en vertu de l’adage « cujus
regio, ejus religio » (un roi, une foi). En effet,, qu’ils soient catholiques ou protestants, les souverains estiment que l’unité de
foi est indissociable de la cohésion de l’Etat => les sujets doivent partager la religion du prince. La tolérance religieuse est donc
impensable car l’hérésie est davantage un enjeu politique qu’un enjeu religieux.
Dans le Saint-Empire, un compromis est trouvé à l’occasion de la Paix d’Augsbourg (1555) => chaque prince est libre de choisir,
pour eux, leurs vassaux et leurs sujets, entre les deux confessions chrétiennes. Les sujets en désaccord avec la religion de leur
suzerain avaient le droit d’émigrer.
En France éclatent des guerres de religion entre 1562 et 1598. A cette époque, il y a environ 2 millions de protestants en
France (10 % de la population).
1572 : massacre de la saint-Barthélémy après le mariage d’Henri de Navarre (chef protestant) et de Marguerite de Valois (fille
de Catherine de Médicis et sœur du roi Charles IX) qui devait mettre fin aux guerres.
Qui est responsable du massacre ? Les historiens s’interrogent toujours aujourd’hui.
- Catherine de Médicis qui aurait organisé uniquement l’exécution des chefs protestants sans prévoir la fureur populaire
et le massacre de masse ?
- Les Guises, commandités par le roi d’Espagne, défenseur du catholicisme en Europe et qui voulait éviter que Coligny
n’envoie des troupes se battre contre les Espagnols pour soutenir les protestants des Pays-Bas ?
- Le roi Charles IX qui aurait pris la responsabilité de tuer les chefs protestants pour éviter au peuple français de
nouvelles souffrances ? L’historien Denis Crouzet parle de « crime d’amour ».
1598 : Edit de Nantes met fin aux guerres de religion en France. Il met en place une fragile coexistence des deux religions.
L’Edit de Nantes marque la victoire de la raison d’Etat sur les divisions religieuses et l’idée que la politique et l’Eglise peuvent
coexister sans se confondre.
II. Léonard de Vinci, un artiste de la Renaissance.
Léonard de Vinci, né en 1452 en Toscane près de Florence, est un peintre, dessinateur, architecte, ingénieur, mathématicien et
musicien autodidacte. Il est aujourd’hui considéré comme la figure même du génie.
 En 2003, un sondage de l’institut CSA auprès d’un échantillon de personnes issues de 6 pays plaçait Léonard de Vinci
en tête des personnages les plus importants des siècles antérieurs au XIXème siècle.
De son vivant, il est déjà considéré comme l’un des plus grands artistes de son temps.
Léonard de Vinci est-il un génie, comme le suggère Giorgio Vasari, ou un homme qui utilise les techniques et les
savoirs de son temps ?
1) Une œuvre qui s’appuie sur les techniques scientifiques de son temps.
Léonard de Vinci apprend à peindre à Florence, dans l’atelier du maître Verrochio, l’un de plus prestigieux de l’Italie. Il s’initie
également à la sculpture, à l’architecture, à l’alchimie, à l’orfèvrerie…
Le monde des artistes est encore celui des corporations, avec ses règles de travail et de non-concurrence.
Ses tableaux, comme La Joconde, montrent qu’il maitrise les techniques de son temps comme le portrait, la perspective ou le
Sfumato.
Sfumato : Technique, inventée par Léonard de Vinci, qui estompe les contours d’un tableau.
Léonard de Vinci souhaite comprendre également le fonctionnement du corps humain qu’il assimile à une machine. Pour cela,
il dissèque de nombreux cadavres malgré l’interdiction de l’Eglise qui n’autorise pas cette pratique.
Il est très influencé par les auteurs antiques et médiévaux tels Aristote, Avicenne ou Guy de Chauliac, ce qui l’amène parfois à
faire des erreurs. Il s’intéresse notamment aux proportions du corps humain => cf homme de Vitruve.
2) Un homme au service des princes.
Alors que Léonard a accumulé de grandes compétences dans la plupart des domaines du savoir, son ambition est de se mettre
au service d’un prince, d’accéder au rang convoité de « familier » du prince à sa cour => Léonard cherche moins la richesse que
la reconnaissance sociale. Ce n’est qu’en se rapprochant des cours princières que les artistes gagnent peu à peu leur
autonomie et se distinguent des artisans.
Il est successivement au service du duc de Milan Ludovic Sforza, des Borgia, des Médicis puis du roi de France François 1er
.
Pour un prince, avoir un artiste de renom participe au rayonnement du roi et de son royaume et contribue à montrer sa
puissance. Au XVème siècle, les rapports entre l’art et le pouvoir sont complexes, transformant l’artiste en une sorte
d’ambassadeur culturel.
A Ludovic Sforza, Léonard présente une liste de ses compétences sous forme de curriculum vitae. On y voit l’étendue des
savoirs de Léonard de Vinci. Or ceux-ci sont dominés par l’art militaire. Il affirme qu’il peut aider à la consuite d’un siège, qu’il
sait construire des machines de guerre adaptées au combat terrestre et naval. C’est seulement à la fin de sa lettre qu’il
recommande ses talents d’artiste. Il affirme notamment qu’il sera capable de sculpter une statue de cheval de bronze à la
gloire des Sforza.
 Léonard de Vinci répond plus aux attentes de son futur protecteur qu’à ses propres préoccupations.
Dans un contexte de fortes rivalités, les princes italiens cherchent d’abord à employer des ingénieurs capables de les aider à la
guerre, et dans un second temps, des artistes dont les talents augmentent le prestige du prince.
 Ex de dessins d’art militaire
Certaines de ses inventions furent liées à une autre activité importante de Léonard : l’organisation des fêtes princières et la
conception de décors de théâtres (musique, costumes, décors, machineries théâtrales, architecture des scènes et des
coulisses). C’est notamment le cas lorsqu’il se met au service du roi de France François 1er
, auprès duquel il restera jusqu’à sa
mort en 1519.
3) L’héritage de Léonard de Vinci.
Léonard de Vinci nous a laissé un héritage immense dans les principaux les champs de la connaissance.
Mais les réalisations de Léonard de Vinci étaient-elles innovantes ou est-il simplement un artiste et un ingénieur de son temps,
qui s’est inspiré des connaissances antérieures pour bâtir les siennes ?
En plus de ses tableaux, Léonard de Vinci a légué à sa mort environ 6000 feuillets manuscrits dont plusieurs milliers sont
parvenus jusqu’à nous. Ils nous renseignent sur la volonté de Léonard de Vinci de s’intéresser à l’anatomie, à la mécanique...
Pourquoi s’intéresse-t-il autant à la mécanique ?
 L’univers est mouvement donc la mécanique permet de l’expliquer dans sa globalité.
Les réalisations de Léonard de Vinci ont-elles été pour autant révolutionnaires ?
- Il a révolutionné l’art de la peinture, et du portrait en particulier, notamment grâce à la technique du « Sfumato »
(estompage des contours). Mais sa peinture n’est que l’aboutissement des techniques picturales du XVème siècle.
- Il s’est souvent trompé. La plupart des machines qu’il a imaginé ne pouvaient pas fonctionner : machine volante, char
d’assaut, automobile, sous-marin…
Umberto Eco a dit qu’il était un « grand bricoleur » et qu’il mettait de l’art dans sa science mais était incapable de
mettre de la science dans son art. Par exemple, il s’est trompé dans ses mélanges de peinture de certains de ses
tableaux (La Cène) qui sont aujourd’hui dans un état déplorable.
Le génie de Léonard de Vinci réside dans sa capacité de créer, d’être un visionnaire.
Léonard de Vinci est véritablement un homme de son temps. Léonard de Vinci a su vendre ses talents aux princes de l’Europe
qui contribuèrent à lui assurer sa propre promotion. Mais sa postérité s’explique autant par son génie et sa capacité créatrice,
bien que celles-ci s’inscrivent dans les possibilités techniques et les mentalités de son temps, que par sa capacité à la faire
fructifier.
Il a aussi forgé sa propre légende=> Autoportrait : se dessine sous les traits d’Aristote, plus vieux qu’il ne l’est et avec une
barbe qu’il n’a probablement pas.
Image du génie s’est construite progressivement => toile de Ménageot.

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  • 1. Question 2 : Les hommes de la Renaissance (XVème-XVIème siècle) Introduction : Pourquoi parle-t-on de « Renaissance » ? « L’homme de la Renaissance » se définit lui-même comme étant en rupture avec la civilisation médiévale, jugée barbare, par opposition avec la civilisation antique, associée à l’art et la philosophie. Le dynamisme culturel indéniable de la période se caractérise par un intérêt renouvelé pour l’homme, son rapport à Dieu et son action sur le monde. C’est une époque paradoxale où la conscience du progrès humain cohabite avec le désir d’un retour au passé antique. La tension entre ces deux sentiments, l’un tourné vers le futur, l’autre vers le passé, semble être commune aux hommes de la Renaissance et engendre l’aspiration à une réforme comprise comme un retour aux sources, une refondation. Comment les hommes de la Renaissance mettent-ils l’individu au centre du monde, de la religion et des arts ? I. Luther et l’essor du protestantisme. 1) L’humanisme et le désir de réforme. Les activités intellectuelles et artistiques connaissent un développement considérable. A partir du XVème siècle, des intellectuels tentent de mieux comprendre le monde en y mettant l’homme au centre (et non plus Dieu) : c’est l’humanisme. L’humanisme s’appuie sur la redécouverte des textes de l’Antiquité, et en particulier ceux des philosophes comme Platon, qu’ils étudient en faisant appel à leur esprit critique. L’humanisme, basé sur une conception positive du rôle de l’homme et sur l’idée de progrès, se diffuse également chez les artistes et parmi certains ecclésiastiques. Les humanistes, comme le Hollandais Erasme (1466-1536), construisent leur réflexion dans l’échange : correspondances, voyages de villes universitaires en cours princières, enseignement diffusant les idées nouvelles à l’échelle de l’Europe. Erasme est passionné par les questions d’éducation. Il estime que la Bible latine n’a pas été correctement traduite, il décide donc de publier en 1516 la 1ère édition du Nouveau Testament en grec afin d’en corriger les erreurs. Bien qu’il ne se soit pas rallié à la Réforme protestante, il a été accusé par l’Eglise d’avoir semé l’hérésie. Nombreux sont ceux venus à la Réforme par l’Humanisme. La question essentielle demeure celle du Salut dans la continuité des interrogations et des contestations du Moyen Age. 2) Luther, un moine réformateur. Luther est un moine allemand né en 1483. Comme ses contemporains, il vivait dans l’angoisse du salut. Comme au Moyen Age à l’occasion des hérésies du XIIIème siècle, l’Eglise et le clergé sont très critiqués et contestés. Les chrétiens reprochent au pape le luxe dans lequel il vit, le poids des impôts ecclésiastiques, l’absentéisme des évêques, l’ignorance des prêtres… Ce que réclament les fidèles, c’est un clergé qui ne se contente pas de donner els sacrements, mais qui enseigne vraiment la parole de dieu et réponde ainsi aux inquiétudes liés au Salut. L’Eglise catholique prétendait assurer le Salut, à condition que le fidèle se soumette au clergé et achète des indulgences. C’est la question des indulgences qui suscite le plus de critiques. Les humanistes et les réformateurs comme Luther dénoncent ces pratiques en estimant que l’homme est capable de penser par lui-même et d’avoir une relation plus individuelle avec Dieu. En 1517, Luther fait placarder à Wittenberg les 95 thèses. Luther propose un nouveau culte, plus simple, où les fidèles ont un rapport plus direct avec Dieu. Les écritures sacrées (Bible) doivent donc être plus accessibles => abandon du latin. Tout fidèle doit pouvoir lire la Bible lui- même et quotidiennement, ce qui implique qu’elle soit traduite en langue vulgaire (français, allemand…). Le clergé n’est donc plus nécessaire. Les sacrements, sauf le baptême et la communion, et le culte de la Vierge et des saints sont abandonnés. Ils ne croient pas en la présence réelle du Christ lors de l’eucharistie, ni au purgatoire. Ils rejettent l’autorité du pape et du clergé.
  • 2. L’idée est celle d’un retour à l’Eglise des origines débarrassées dans un contexte de contestation de l’Eglise de Rome. La Réforme protestante est l’expression d’un nouveau rapport à Dieu, plus individuel. Elle ouvre la voie à l’autonomie de l’individu et à sa responsabilité dans le monde. 3) Guerres de religion et territorialisation confessionnelle. En 1520, le pape excommunie Luther. C’est la naissance du protestantisme qui se répand dans le Saint Empire romain germanique, en Europe du Nord et en France car il reçoit le soutien de nombreux princes et villes qui protestent en sa faveur, d’où le nom de protestants. Le protestantisme se répand rapidement. En 1534, le roi Henri VIII rompt avec le pape et fonde l’anglicanisme. En France, Jean Calvin développe une réforme encore plus radicale basée sur la prédestination (idée que Dieu choisit les hommes destinés au paradis et à l’enfer, sans que ces derniers ne puissent rien faire => absence de livre-arbitre. En s’opposant à la conception hiérarchique de l’Église, la Réforme oblige celle-ci à se réformer elle-même => C’est la Contre- Réforme. Le concile de Trente (1545-1563) prévoit une meilleure formation des prêtres mais réaffirme le dogme, la discipline et l’autorité de l’Eglise. C’est la rupture avec le protestantisme qui devient une religion à part entière. Cette rupture de l’unité chrétienne contribue indirectement à l’affirmation de l’Etat moderne en vertu de l’adage « cujus regio, ejus religio » (un roi, une foi). En effet,, qu’ils soient catholiques ou protestants, les souverains estiment que l’unité de foi est indissociable de la cohésion de l’Etat => les sujets doivent partager la religion du prince. La tolérance religieuse est donc impensable car l’hérésie est davantage un enjeu politique qu’un enjeu religieux. Dans le Saint-Empire, un compromis est trouvé à l’occasion de la Paix d’Augsbourg (1555) => chaque prince est libre de choisir, pour eux, leurs vassaux et leurs sujets, entre les deux confessions chrétiennes. Les sujets en désaccord avec la religion de leur suzerain avaient le droit d’émigrer. En France éclatent des guerres de religion entre 1562 et 1598. A cette époque, il y a environ 2 millions de protestants en France (10 % de la population). 1572 : massacre de la saint-Barthélémy après le mariage d’Henri de Navarre (chef protestant) et de Marguerite de Valois (fille de Catherine de Médicis et sœur du roi Charles IX) qui devait mettre fin aux guerres. Qui est responsable du massacre ? Les historiens s’interrogent toujours aujourd’hui. - Catherine de Médicis qui aurait organisé uniquement l’exécution des chefs protestants sans prévoir la fureur populaire et le massacre de masse ? - Les Guises, commandités par le roi d’Espagne, défenseur du catholicisme en Europe et qui voulait éviter que Coligny n’envoie des troupes se battre contre les Espagnols pour soutenir les protestants des Pays-Bas ? - Le roi Charles IX qui aurait pris la responsabilité de tuer les chefs protestants pour éviter au peuple français de nouvelles souffrances ? L’historien Denis Crouzet parle de « crime d’amour ». 1598 : Edit de Nantes met fin aux guerres de religion en France. Il met en place une fragile coexistence des deux religions. L’Edit de Nantes marque la victoire de la raison d’Etat sur les divisions religieuses et l’idée que la politique et l’Eglise peuvent coexister sans se confondre.
  • 3. II. Léonard de Vinci, un artiste de la Renaissance. Léonard de Vinci, né en 1452 en Toscane près de Florence, est un peintre, dessinateur, architecte, ingénieur, mathématicien et musicien autodidacte. Il est aujourd’hui considéré comme la figure même du génie.  En 2003, un sondage de l’institut CSA auprès d’un échantillon de personnes issues de 6 pays plaçait Léonard de Vinci en tête des personnages les plus importants des siècles antérieurs au XIXème siècle. De son vivant, il est déjà considéré comme l’un des plus grands artistes de son temps. Léonard de Vinci est-il un génie, comme le suggère Giorgio Vasari, ou un homme qui utilise les techniques et les savoirs de son temps ? 1) Une œuvre qui s’appuie sur les techniques scientifiques de son temps. Léonard de Vinci apprend à peindre à Florence, dans l’atelier du maître Verrochio, l’un de plus prestigieux de l’Italie. Il s’initie également à la sculpture, à l’architecture, à l’alchimie, à l’orfèvrerie… Le monde des artistes est encore celui des corporations, avec ses règles de travail et de non-concurrence. Ses tableaux, comme La Joconde, montrent qu’il maitrise les techniques de son temps comme le portrait, la perspective ou le Sfumato. Sfumato : Technique, inventée par Léonard de Vinci, qui estompe les contours d’un tableau. Léonard de Vinci souhaite comprendre également le fonctionnement du corps humain qu’il assimile à une machine. Pour cela, il dissèque de nombreux cadavres malgré l’interdiction de l’Eglise qui n’autorise pas cette pratique. Il est très influencé par les auteurs antiques et médiévaux tels Aristote, Avicenne ou Guy de Chauliac, ce qui l’amène parfois à faire des erreurs. Il s’intéresse notamment aux proportions du corps humain => cf homme de Vitruve. 2) Un homme au service des princes. Alors que Léonard a accumulé de grandes compétences dans la plupart des domaines du savoir, son ambition est de se mettre au service d’un prince, d’accéder au rang convoité de « familier » du prince à sa cour => Léonard cherche moins la richesse que la reconnaissance sociale. Ce n’est qu’en se rapprochant des cours princières que les artistes gagnent peu à peu leur autonomie et se distinguent des artisans. Il est successivement au service du duc de Milan Ludovic Sforza, des Borgia, des Médicis puis du roi de France François 1er . Pour un prince, avoir un artiste de renom participe au rayonnement du roi et de son royaume et contribue à montrer sa puissance. Au XVème siècle, les rapports entre l’art et le pouvoir sont complexes, transformant l’artiste en une sorte d’ambassadeur culturel. A Ludovic Sforza, Léonard présente une liste de ses compétences sous forme de curriculum vitae. On y voit l’étendue des savoirs de Léonard de Vinci. Or ceux-ci sont dominés par l’art militaire. Il affirme qu’il peut aider à la consuite d’un siège, qu’il sait construire des machines de guerre adaptées au combat terrestre et naval. C’est seulement à la fin de sa lettre qu’il recommande ses talents d’artiste. Il affirme notamment qu’il sera capable de sculpter une statue de cheval de bronze à la gloire des Sforza.  Léonard de Vinci répond plus aux attentes de son futur protecteur qu’à ses propres préoccupations. Dans un contexte de fortes rivalités, les princes italiens cherchent d’abord à employer des ingénieurs capables de les aider à la guerre, et dans un second temps, des artistes dont les talents augmentent le prestige du prince.  Ex de dessins d’art militaire Certaines de ses inventions furent liées à une autre activité importante de Léonard : l’organisation des fêtes princières et la conception de décors de théâtres (musique, costumes, décors, machineries théâtrales, architecture des scènes et des coulisses). C’est notamment le cas lorsqu’il se met au service du roi de France François 1er , auprès duquel il restera jusqu’à sa mort en 1519.
  • 4. 3) L’héritage de Léonard de Vinci. Léonard de Vinci nous a laissé un héritage immense dans les principaux les champs de la connaissance. Mais les réalisations de Léonard de Vinci étaient-elles innovantes ou est-il simplement un artiste et un ingénieur de son temps, qui s’est inspiré des connaissances antérieures pour bâtir les siennes ? En plus de ses tableaux, Léonard de Vinci a légué à sa mort environ 6000 feuillets manuscrits dont plusieurs milliers sont parvenus jusqu’à nous. Ils nous renseignent sur la volonté de Léonard de Vinci de s’intéresser à l’anatomie, à la mécanique... Pourquoi s’intéresse-t-il autant à la mécanique ?  L’univers est mouvement donc la mécanique permet de l’expliquer dans sa globalité. Les réalisations de Léonard de Vinci ont-elles été pour autant révolutionnaires ? - Il a révolutionné l’art de la peinture, et du portrait en particulier, notamment grâce à la technique du « Sfumato » (estompage des contours). Mais sa peinture n’est que l’aboutissement des techniques picturales du XVème siècle. - Il s’est souvent trompé. La plupart des machines qu’il a imaginé ne pouvaient pas fonctionner : machine volante, char d’assaut, automobile, sous-marin… Umberto Eco a dit qu’il était un « grand bricoleur » et qu’il mettait de l’art dans sa science mais était incapable de mettre de la science dans son art. Par exemple, il s’est trompé dans ses mélanges de peinture de certains de ses tableaux (La Cène) qui sont aujourd’hui dans un état déplorable. Le génie de Léonard de Vinci réside dans sa capacité de créer, d’être un visionnaire. Léonard de Vinci est véritablement un homme de son temps. Léonard de Vinci a su vendre ses talents aux princes de l’Europe qui contribuèrent à lui assurer sa propre promotion. Mais sa postérité s’explique autant par son génie et sa capacité créatrice, bien que celles-ci s’inscrivent dans les possibilités techniques et les mentalités de son temps, que par sa capacité à la faire fructifier. Il a aussi forgé sa propre légende=> Autoportrait : se dessine sous les traits d’Aristote, plus vieux qu’il ne l’est et avec une barbe qu’il n’a probablement pas. Image du génie s’est construite progressivement => toile de Ménageot.