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Résumé
La confrontation de notre société à la COVID met
en évidence la fragilité et la rigidité de notre sys-
tème organisationnel à de nombreux niveaux. D'un
point de vue sociétal, certains parallèles peuvent
être établis entre notre adaptation à la crise COVID
et la perspective de la crise climatique. En sciences
humaines et sociales, la notion d'adaptation aux
événements est abordée dans de nombreux do-
maines. Sur ce point, ce document présente deux
dimensions comportementales et cognitives qui
peuvent entraver ou favoriser l'adaptation, indi-
viduellement ou collectivement. La première di-
mension concerne le concept de positionnement
grégaire, qui implique des relations de pouvoir
entre individus et entre groupes ; la seconde con-
cerne plus spécifiquement les mécanismes dits
d'adaptation, et s'oppose à nos habitudes.
*”Après moi le déluge..." aurait été une phrase prononcée
par le roi Louis XV indiquant qu'il ne se souciait pas de ce
qu’il adviendrait après sa mort et son règne, et faisant
référence au déluge biblique.
Glossaire
Positionnement Grégaire– Tendance d'un individu
à manifester des comportements qui peuvent
être liés, de manière très restrictive, à un excès
ou un manque de confiance en soi et/ou en
autrui.
Mode Adaptatif ou Système Logico-mathématique–
Mode de fonctionnement cérébral permettant
la création et la mise en œuvre de stratégies
d'adaptation et de représentations.
Mode Automatique ou Système Heuristique- Mode
de fonctionnement cérébral permettant la mise
en œuvre de stratégies et de représentations
routinières.
Conformité- Disposition trop importante à faire ce
que d’autres personnes veulent, sans dis-
cernement.
Sociopathie- Trouble de la personnalité qui com-
prend une tendance à se méfier des normes so-
ciales, ainsi qu'une indifférence aux émotions et
aux droits des autres.
Méta-Habiletés– Capacité à manipuler, à juger de la
pertinence et à prendre du recul par rapport à
la mise en œuvre d’une stratégie ou d’une habi-
leté.
Norme– Règle de jugement, de comportement ou
d'action, implicite ou explicite, rationnelle ou
non, à laquelle se réfère la majorité d'un groupe
d'individus.
Introduction
Je ne suis ni médecin, ni climatologue, ni poli-
ticienne, je ne suis pas Greta, mais... peut-être suis-
je joueuse ? Je me demande combien je peux pari-
er sur le risque “COVID” et sur celui du changement
climatique pour moi-même, et concernant les au-
tres ? Combien suis-je prête à parier, et quel est
l'enjeu (mon ego ? ma peur de paraître faible ?
mon conformisme ?) ? Quelque chose me pousse-t-
il à parier gros ? Qui bluffe ?...
Comment les concepts de Positionnement Grégaire
et de processus adaptatifs peuvent-ils m'aider à
aviser... ?
I. Positionnement Grégaire.
Le Positionnement Grégaire (PG) désigne, en neu-
rosciences, une gamme de comportements liés à la
confiance en soi, à la confiance en les autres et aux
relations de pouvoir. Ces comportements ont été
représentés sur deux dimensions, la dimension
"Dominance/Soumission" et la dimension "Mar-
ginalité/Intégration" (cf. figures 1 & 2, de Fradin &
Lefrançois, 2014 ; voir également Kumaran, Melo &
Duzel, 2012 ; Gurtman, 2009). Un faible niveau sur
l'une de ces dimensions peut être considéré
comme "normal", mais ce profil est considéré
comme pathologique au-delà d'un niveau de [2]
(voir figure 1).
Après moi, le deluge…*
Camille Lefrançois, PhD
Secrétaire Général du GIECO-IPBC,
Institut de Médecine Environmentale (IME, Paris)
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I.1. Origines du PG.
Les comportements de PG auraient initialement
permis une première forme d'organisation collec-
tive (Cheng & Tracy, 2016). En effet, la vie de
groupe nécessite de partager la nourriture, d'at-
tribuer certains rôles plus ou moins agréables, de
déterminer qui sera le partenaire d'accouplement,
etc. Les caractéristiques de dominance et de
soumission permettent d'attribuer spontanément,
sans autre forme de négociation, l'accès aux privi-
lèges pour les premiers et les restes pour les se-
conds. Il est reconnu, chez plusieurs espèces ani-
males dont l'homme, qu'une mauvaise interpréta-
tion ou une négligence d'une telle organisation
peut entraîner de graves conséquences dans la vie
de l'individu (agression, exclusion du groupe, mise
à mort, cf. Watanabe & Yamamoto, 2015). Bien
qu'injuste, ce système aurait contribué, dans un
premier temps, à limiter les conflits au sein des
groupes. En effet, si tous les individus appartenant
à un groupe devaient se disputer quotidiennement
l'accès à la nourriture aux dépens des autres, cela
aurait constitué une perte d'énergie considérable,
une dispersion de l'activité collective qui aurait
éloigné le groupe d'autres actions plus stratégiques
comme la chasse, la reproduction, les soins à la
progéniture, la gestion des menaces extérieures,
etc. En l'absence d'une plus grande civilité, l'évolu-
tion aurait trouvé à ce stade un moyen tyrannique
mais efficace de maintenir l'espèce en vie. Certains
scientifiques notent cependant que cette forme
archaïque de hiérarchie a été déstabilisée au cours
des siècles par une autre forme d'organisation
sociale, plus méritocratique, basée sur des valeurs
morales (cf. Cheng, 2020). Comme nous le verrons,
le système hiérarchique de type PG montre en
pratique des limites nuisibles pour l'espèce hu-
maine (et potentiellement plus) à ce stade de notre
organisation sociale. D'un point de vue évolutif,
cela pourrait expliquer pourquoi cette forme d'or-
ganisation devrait être supplantée par une sys-
témique plus élaborée.
En ce qui concerne la marginalité, l'hypothèse
évolutive privilégiée serait que l'individu marginal
aurait eu un rôle de "veilleur", vivant à la périphérie
du groupe, le destinant ainsi à appréhender les
dangers extérieurs au groupe, comme une menace
émanant d’autres groupes (cf. Raihani & Bell, 2019
; Fradin & Lefrançois, 2014). A l'inverse, le profil
intégré s'est vu attribuer un rôle de "pacificateur"
ou de "réconciliateur", visant à calmer les conflits
intra-groupe et peut-être à encourager et à rassu-
rer le groupe sur sa capacité à faire face aux me-
naces extérieures (cf. Fradin & Lefrançois, 2014 ;
Koski, 2007).
I.2.Neurobiologie du PG.
Les comportements de PG, observables chez de
nombreuses espèces animales (singes, rats,
chauves-souris, etc.) semblent être globalement
liés à l'activité de la région amygdalienne, une zone
cérébrale archaïque liée à l'évolution de l'espèce
(cf. Amaral, 2006). Cette région est impliquée dans
la genèse de la peur, en particulier la peur sociale
ou inter-individuelle. Elle nous permet de traiter
inconsciemment des informations (hormonales,
contenu du discours, etc. ; le dominant a souvent,
par exemple, la tête levée, le regard haut, le buste
rond ; alors que le soumis a généralement un re-
gard plus bas, est un peu courbé, la prosodie de la
voix est plutôt basse, etc.). Nous serions ainsi dotés
d'un système bio-comportemental détectant le
plus rapidement possible le rang social des autres
(cf. Peschard et al., 2016 ; Witkower et al., 2019).
Dans ce cadre, nous verrons, à travers les caracté-
ristiques des comportements de PG, comment la
menace imposée par la COVID engendre certes la
peur du virus, mais pourrait également distiller des
conflits inter-individuels, inter- et intra-groupes.
Bien que les comportements de PG ne puissent
tout expliquer, nous pouvons cependant observer
leur manifestation dans les multiples conflits et
luttes de pouvoir qui peuvent surgir au niveau
international, entre la société et les dirigeants
locaux ou nationaux de certains pays, dans la méfi-
ance de certains représentants du gouvernement
ou d'une partie de la population à l'égard des
recommandations sanitaires, des experts et des
institutions de santé, entre générations, entre
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différentes catégories culturelles et socio-
économiques, etc.
I.3. Quelle est l'influence de la dominance sur les
individus et la gestion des crises ?
Les travaux portant sur la dominance et la soumis-
sion suggèrent qu'elles peuvent constituer un ob-
stacle majeur à toute forme d'adaptation durable,
complexe et coordonnée de la société en elle-
même et dans son interaction avec son envi-
ronnement. Cependant, si la dominance semble
moralement peu appréciable (cf. tableau 1), elle
n'inspire pas autant de réticences qu'on pourrait
l'imaginer. En effet, les études de McAleer et al.
(2014) montrent que l'on a tendance à accorder
plus de crédit à une voix grave, qui est plus souvent
l'attribut des individus dominants. Dans le même
temps, l'étude d'Andersen & Kilduf (2009) indique
que les dominants seraient considérés comme plus
intelligents que d’autres simplement en regardant
des photos d'individus ayant des expressions facia-
les de dominance, par rapport aux individus ayant
des expressions soumises ou neutres. On peut
supposer que l'interprétation très automatique et
"animale" des attributs du dominant est probable-
ment destinée à limiter la remise en question du
dominant, et donc les conflits. La capacité de
séduction des dominants signifie également qu'ils
sont parfois dépeints comme charismatiques,
drôles et sympathiques (au sens de "cool"), plutôt
que quelque peu pervers et sociopathes (Reijntjnes
et al., 2016).
La dominance, cependant, constitue paradoxale-
ment un problème dans la gestion des situations de
crise en raison de sa propension au conflit, à l'in-
timidation, etc. Ce problème réside dans le plaisir
de la dominance à voir certains groupes opprimés
par d'autres, ce qui se traduit, par exemple, par la
négligence, voire la mise en danger active des plus
fragiles du point de vue de l'exposition au virus, ou
par l'oppression des populations les plus vulnéra-
bles face au changement climatique. La difficulté
de l’individu dominant à faire des excuses visant à
atténuer les conflits entre groupes (dans le sens où
cela mettrait en péril, à ses yeux, sa position de
dominant) participe également au déclenchement
des conflits. S’ajoute à cela sa difficulté à respecter
les contraintes et les règles même si elles sont
jugées pertinentes (comme le port du masque,
l'obligation de se laver les mains, de respecter une
distance minimale, de ne pas polluer, de ne pas
jeter sa cigarette n'importe où, de ne pas faire
tourner le moteur de sa voiture et de déranger
inutilement les voisins par rapport au bruit et à la
qualité de l'air, de prendre son vélo plutôt que sa
voiture quand c’est possible, de ne pas surcon-
sommer en négligeant l'impact sur la planète et les
générations non pas tant futures que déjà pré-
sentes, etc.), constituent là aussi un problème. Il en
va de même pour sa volonté de préserver sa posi-
tion privilégiée et donc les rapports de force qui la
sous-tendent (en proclamant sa méfiance et son
mépris des précautions sanitaires - au-delà des
préoccupations économiques fondées - ou en par-
ticipant activement à la destruction du vivant, à des
fins pécuniaires ou ludiques, à une dynamique de
crime contre le vivant, au mépris de la survie de
certaines populations, des écosystèmes et de
l'équilibre de tous, etc.), l'incitant à anéantir toute
forme de pensée ou de structuration sociétale plus
adaptée (Fradin et al, 2014 ; Kleppesto et al. 2019).
Ce dernier point désamorce l'illusion d'un caractère
adaptatif qui pourrait être attribué à la dominance
(au stade où en est l’évolution de notre espèce
aujourd’hui, s’entend). En effet, tout comporte-
ment s’inscrivant dans une dynamique adaptative
et complexe, et donc dans une forme élaborée
d'intelligence, est discrédité par le dominant car il a
tendance à l'interpréter comme une menace. Cette
menace réside, aux yeux du dominant, dans le fait
qu'un individu se réappropriant ses capacités de
réflexion peut entrevoir comment il est abusé par
le dominant, et se défendre en conséquence. Le
dominant tente souvent de tuer dans l'œuf l'accès
au savoir (au sens large), en discréditant et en ridi-
culisant de manière abusive - sans argument ou
avec des arguments vagues et flous ("On m'a dit
que...") - des entités et des individus porteurs d'in-
formations factuelles et qui risquent d'alimenter
une réflexion critique, éclairée et personnelle (sci-
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entifiques, historiens, experts, etc.)1
. Une telle
technique semble être utilisée par de nombreux
sceptiques du climat et de la COVID. Une autre
technique consiste à prononcer des phrases de
type "je ne suis pas médecin mais..." ou "je ne suis
pas climatologue mais...", la suite donnant souvent
lieu à une remise en question qui n'est pas toujours
- pour être tout à fait honnête - bien renseignée, ni
dans une perspective où tous les tenants et
aboutissants de la situation sont pris en compte,
mais qui présente des conclusions qui nous ar-
rangent bien.
La dominance génère des conflits du type "diviser
pour mieux régner", en imposant une omerta de
manière à priver ses interlocuteurs de toute forme
de concertation. Le dominant protège impulsive-
ment ses privilèges et les rapports de force dont il
peine à s’affranchir, même s'il doit en pâtir à long
terme. Cette description n'est bien sûr pas
nouvelle, et se trouve largement illustrée par les
tentatives de discrédit et d'intimidation adressées
contre la liberté de la presse, l'accès à l'éducation,
à l'information scientifique, contre les populations
"plus faibles", etc., qui peuvent être observées tout
au long de l'histoire. De plus, l'intelligence du do-
minant est souvent justifiée par le fait qu'il ose. Sa
confiance en soi excessive, son sentiment d'invinci-
bilité, la tendance de son public à excuser nombre
de ses exactions, lui permettent d'agir sans réti-
cence, là où d'autres évalueraient à deux fois le
risque ou l'immoralité de leurs actions. En réalité, la
capacité d'action de la dominance relève davantage
de la difficulté à inhiber certains processus cogni-
tifs, aussi mal adaptés soient-ils, que de l'audace
(cf. van Kleef & Cheng, 2020 ; Galinsky et al., 2003).
Le PG ne constitue pas un système intelligent ou
évolutif au sens où il n'est pas capable d'apprendre
(et donc de s'adapter à des situations complexes) :
ses comportements sont très standardisés, obser-
vables indépendamment de la catégorie socio-
économique et se manifestent très tôt dans le
développement de l'individu, sans mimétisme par
1
Bien sûr, chercheurs et experts ne sont malheureusement pas
toujours affranchis des mécanismes grégaires…
rapport à l'entourage (Halpern et al., 2020 ; Reijnt-
jes et al., 2016). De plus, ces comportements s'im-
posent à l'individu, sans adaptation à la réalité, et
même dans la conscience du danger (pour soi et
pour les autres) inhérent au fait de céder à ces
comportements. Ainsi, ils ne sont pas adaptatifs
face à une nouvelle situation ou un nouveau risque
comme une crise écologico-sociale ou la COVID.
Le concept de PG met en lumière certaines des clés
mécanistiques d'une crise de l'humanité (guerres
de religion où la religion devient un alibi pour un
pouvoir inféodé au système de PG, mais aussi sex-
isme, harcèlement scolaire et professionnel, etc.)
et comment celle-ci peut être maintenue, ag-
gravée, en raison d'un simple système archaïque de
régulation grégaire. De même, le phénomène
COVID ou la perspective du changement climatique
et des inégalités socio-économico-géographiques
associées (épuisement des ressources en eau, en
nourriture, en espaces de vie) peuvent apparaître
comme de puissants catalyseurs de ces comporte-
ments (cf. Hendrix & Brinkman, 2013 ; Reno, 2011),
qui contribueraient eux-mêmes au maintien des
inégalités, à la négligence des signaux d'alerte envi-
ronnementaux, etc. En d'autres termes, certaines
crises (impliquant une notion de survie, de mise en
danger de la santé, d'épuisement des ressources,
etc.) peuvent conduire à l'émergence de com-
portements, de pratiques et d'attitudes qui ne sont
pas les plus adaptatives (par opposition à d'autres
comportements et attitudes). Si certaines popula-
tions ou certains dirigeants ont tendance à préférer
le risque de la COVID à celui d'une crise
économique sans précédent, cela n'explique pas la
négligence des gestes barrière et des précautions a
minima. Un individu qui n'est pas médecin, en
relative bonne santé, peut, en n'étant pas “à
risque” face au virus, être enclin à penser qu'on lui
impose des gestes inutiles et, de surcroît, con-
traignants (port d'un masque, distanciation sociale,
etc.). Ce qui est plus interpellant, c'est la résistance
au doute raisonnable et à la prise en compte de ce
qui pourrait potentiellement impliquer le non-
respect de ces gestes pour la vie d'autrui, et qui est
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pourtant renseignée par les médias et les institu-
tions.
Blasgov (2020) a pu montrer que parmi une popu-
lation de 502 participants en ligne, les traits asso-
ciés à la convivialité et à la sensibilisation étaient
liés à l'approbation de la distanciation sociale et de
l'hygiène, ainsi qu'à la sensibilité aux messages de
santé en général. Par ailleurs, ces travaux montrent
que les traits de personnalité liés à la sociopathie, à
la perversion et à la désinhibition (symptomatiques
de la dominance) prédisaient une faible adhésion
aux comportements de santé et l'intention de met-
tre sciemment autrui en danger. La plupart des
participants préféraient un message de compas-
sion, tandis que des traits associés à la dominance
prédisaient un désintérêt pour de tels messages. La
dominance pourrait donc être largement impliquée
dans la négligence ou dans la résistance face à
l'application des principes de précaution liés à la
COVID et/ou à l'urgence "biologico-économico-
climatico-sociale". Ceci serait dû au fait que ces
précautions puissent représenter : une contrainte
dans la vie quotidienne ; une directive vécue
comme une soumission à un système ; une démon-
stration de vulnérabilité et de peur là où le domi-
nant préfère montrer sa force et son absence de
peur2
; une obligation de précaution envers les plus
faibles que le dominant vit comme un outrage ; une
menace de réorganisation de la société en un sys-
tème plus solidaire et donc moins favorable à
l'émergence de la dominance...
I.4. Quid de la soumission, de la marginalité et de
l’intégration ?
La façon dont la soumission répond à la dominance
n'est pas plus susceptible d'améliorer l'adaptation
collective. Si l'individu soumis est scrupuleux, il est
aussi servile au dominant (cf. Lefrançois et al.,
2
Dans le cas de la dominance, nous parlerons d’absence de
peur plutôt que de courage, considérant que le courage im-
plique une conscience des risques et un dépassement de ceux-ci
dans une situation où l’individu a le sentiment qu’il n’a pas
d’autre choix. Le dominant est assez réticent à tout acte coura-
geux, et tend davantage à exposer les autres au danger plutôt
que lui-même.
2011). Il peut ainsi servir la cause du dominant, et
participer au maintien d'une hiérarchie de type PG.
En psychopathologie, on parle du syndrome de
Stockholm, mais ce phénomène peut aussi se mani-
fester à des niveaux de gravité plus faibles (cf. Tab-
leau 2). Les soumis sont enclins à se fier à ce que
disent les dominants, étant également plus séduits
et intimidés par eux que la moyenne, et les jugeant
plus aptes à prendre des décisions que la plupart
des autres individus. Les individus soumis prêtent
facilement allégeance au dominant, n'osent pas
contredire ses paroles et ses actes par peur, et
parfois même abondent dans son sens et font
preuve d'un excès de zèle. La tendance para-
noïaque de la marginalité, en revanche, se con-
forme à des interprétations conspirationnelles,
alimentant ainsi la peur et la méfiance plutôt qu'un
pragmatisme plus rationnel. Enfin, les individus
intégrés, dont les caractéristiques peuvent se mani-
fester comme une tendance à croire de manière
irrationnelle en une force supérieure les proté-
geant de tout et les incitant à la communion, peu-
vent avoir tendance à prendre des risques incon-
sidérés, et ce d'autant plus qu'ils ont été avertis
que leur pratique était dangereuse.
I.5. Le role de la socialisation...
Il est important de noter que certaines personnes,
qui ont peut-être bénéficié d'une éducation pré-
coce leur permettant de canaliser et d'apprivoiser
leur profil de PG, sont plus susceptibles d'agir et de
penser en fonction de leurs valeurs et de leurs
idéaux qu’en fonction de leur PG. Néanmoins, on
comprend mieux aujourd'hui à quel point une telle
organisation n’est pas pérenne et à quel point elle
peut établir une norme qui n'est ni sage, ni saine, ni
stratégique. Comme l'aurait dit De La Meurthe,
"Pire qu'un crime, c'est une faute". Les quelques
avantages du comportement de PG résident
toutefois dans le fait qu'il est éminemment prévisi-
ble au sens où il est répétitif et rigide. Par exemple,
un dominant accuse souvent autrui de ses propres
actions afin de détourner l'attention de ces actions-
là. De cette manière, il fournit potentiellement des
informations sur ses actions, passées ou futures, ce
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qui permet éventuellement aux autres d’en tirer
profit. On sait également qu'il sera soit insensible,
soit tenté de défier les messages invitant à l'em-
pathie et l'incitant à prendre soin des autres. Il
serait donc particulièrement intéressant d'étudier
le type de communication et de stratégie qui cana-
lise ou encourage l'orientation des comportements
de PG vers des actions moins délétères, d'étudier la
valeur préventive de la description des comporte-
ments de PG (auprès d’individus présentant eux-
mêmes des comportements de PG, mais aussi dans
notre compréhension de biais d'interprétation
sociale).
Il serait également intéressant d’étudier le type
d'éducation permettant de prévenir l'apparition de
tels comportements, de jugements plus émotion-
nels que rationnels, et de renforcer la pensée cri-
tique (cf. Halpern et al., 2015). La deuxième partie
de cet article, moins dystopique, traite de ce sujet,
ou comment être individuellement et collective-
ment plus “intelligent” et plus adaptable face à des
crises telles que celles de la COVID et du change-
ment climatique.
II.Quid des processus d’adaptation individuelle et
collective aux défis actuels ?
II.1 Conformité et normes.
L'équipe d'Asch (1951) a proposé une série d'évalu-
ations dans lesquelles il était demandé à la per-
sonne testée de comparer la longueur de bâtons de
tailles sensiblement différentes. La longueur des
bâtons avait été choisie de manière à ce qu'il n'y ait
aucune ambiguïté quant à la perception de la diffé-
rence de longueur. La personne testée a ensuite
été placée dans un groupe d'individus dont il pou-
vait croire qu'ils étaient soumis au même test que
lui, mais qui étaient en fait complices des expéri-
mentateurs. L'étude a montré que lorsque la ma-
jorité des complices a déclaré que les bâtonnets
étaient de taille égale (alors qu’ils ne l’étaient sen-
siblement pas), les sujets évalués se sont pour la
plupart alignés sur cette réponse, et ont même fini
par en être convaincus. Cette étude illustre le con-
cept de conformisme, qui peut être défini comme
un alignement des actions, des comportements et
des pensées des individus dans un groupe, et qui
en appelle ainsi à une norme.
La norme peut être définie comme une règle de
jugement, de comportement ou d'action, implicite
ou explicite, rationnelle ou non, à laquelle se réfère
la majorité d'un groupe d'individus. L'étude de ces
concepts est très importante pour comprendre les
processus de décision individuels et collectifs. D'un
point de vue évolutif, le conformisme aurait là aussi
permis de limiter les conflits, de faciliter le rap-
prochement et le maintien du lien entre les indi-
vidus, et donc la transmission des gènes, etc. (cf.
Coultas & van Leeuwen, 2015). Cependant, les
vertus de la conformité et du respect de la norme
ont été particulièrement mises à mal par diverses
études comme celles d'Asch et de ses collabo-
rateurs, et, de façon encore moins avouable, par
les célèbres études de Milgram (1963), qui ont
montré avec quelle facilité l’on pouvait se con-
former à un acte immoral et cruel.
Le paradoxe d'Abilene, développé par le sociologue
Jerry Harvey en 1988, évoque également le fait
qu'un groupe d'individus peut accepter de s'enga-
ger et de passer par un processus qui n'est souhai-
té par aucun des membres du groupe, et sans que
personne ne remette en question le bien-fondé de
ce processus à aucun moment. Le Nobel Herbert
Simon, pour sa part, a évoqué la notion de rationa-
lité limitée qui impliquerait - en raison des limites
cognitives des individus - que ces derniers optent
pour une stratégie plus désirable et satisfaisante à
première vue (ou avec un faible coût cognitif ?)
plutôt que pour une stratégie optimale.
En pleine crise sanitaire, nous pouvons lé-
gitimement nous demander ce qui nous incite à
agir et à adopter un raisonnement et comporte-
ment plutôt que d’autres. Est-ce la résistance au
changement, teintée d'alibis, qui m'empêche d'in-
troduire un minimum de gestes barrière dans mon
quotidien ? Est-ce le conformisme ou la soumission
à l'autorité qui me pousse à appliquer ces gestes,
ou au contraire une forme de discernement,
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d'adaptation, d'altruisme ? Peut-il y avoir une
forme de conformisme à céder à la pression de
certains groupes qui revendiquent le droit à la
liberté face aux gestes barrière ? Les études pré-
cédemment citées n'indiquent pas comment se
protéger de tels préjugés, comment évaluer la
pertinence des réflexions qui s'imposent à soi-
même. De ce point de vue, il serait intéressant
d'étudier ce qui peut nous aider à mieux discerner
les risques encourus face au changement clima-
tique... mais la préoccupation du problème clima-
tique est-elle, là aussi, et comme le diraient cer-
tains climato-sceptiques, un effet de mode, c'est-à-
dire une forme de conformisme, ou encore un
avertissement infondé visant à susciter la peur et à
sacrifier le système libéral actuel ? Ou bien le clima-
to-scepticisme est-il lui-même le fruit d'une forme
de conformisme et de grégarité, cherchant par tous
les moyens à préserver ses routines et un système
socio-économique potentiellement inégalitaire ?
Dans quelle mesure l'observation même des pro-
cessus d’intimidation et de marginalisation des
lanceurs d’alerte et équivalents (via des menaces
de mort, des attaques personnelles, le discrédit de
leurs propos, les moqueries, les tentatives de mar-
ginalisation et d'infantilisation des environnemen-
talistes alors qu'ils sont de plus en plus nombreux,
les tentatives d'attirer l'attention sur l’apparence
des gens plutôt que sur la logique de leurs argu-
ments) constitue-t-elle une information importante
m’incitant à réfléchir sur la fiabilité des critiques qui
leur sont adressées ?
II.2.L’influence du mode mental adaptatif.
En neurosciences cognitives, deux modes de fonc-
tionnement mentaux génériques sont reconnus. Le
premier, appelé mode mental automatique ou
système heuristique (cf. Houdé, 2003 ; Lefrançois,
2009), est soutenu par l'activité des zones posté-
rieures et basses du cerveau, et permettrait l'appli-
cation de stratégies ou de représentations connues
et routinisées en réponse à une situation connue.
Le second mode - appelé mode adaptatif ou sys-
tème logico-mathématique - serait principalement
supporté par l'activité du cortex préfrontal (CPF), et
permettrait l'élaboration de nouvelles stratégies et
représentations en vue de faire face à des situa-
tions nouvelles et/ou complexes, qui ne peuvent
être résolues par des réponses ou des réactions
standardisées. Le mode mental adaptatif élabore
donc des stratégies et des raisonnements en
s’ajustant à la situation - ce qui n'est pas le cas du
mode automatique qui nous incite à appliquer des
solutions toutes faites, rapidement, mais sans plus
de discernement. Houdé déclare ainsi que "Penser
c'est refuser, penser contre les autres, contre soi-
même, et chercher la vérité contre ses croyances".
Ceci indique qu'il faut essayer de résister à ce qui
accède le plus rapidement à notre esprit, et d'avoir
une attitude critique et réflexive sur ce que l'on
croit spontanément logique... surtout quand il
s'agit de questions importantes ! L'effet Einstellung
(Luchins et al., 1959) illustre comment, face à un
problème, les gens peuvent avoir tendance à favo-
riser l'application d'une stratégie connue et con-
trôlée au nom de l'économie cognitive à court
terme. En effet, il semble à première vue moins
coûteux de penser moins et de s'adapter moins...
même si cela peut nous coûter beaucoup plus cher
à long terme ! Ces chercheurs avaient également
observé que plus un individu cède à l'effet Einstel-
lung, plus son quotient intellectuel se révèle faible.
La question qui se pose alors est de savoir si notre
intelligence – celle-là même qui nous permet de
nous adapter à la complexité du monde - réside
dans notre capacité à inhiber des biais et des stra-
tégies contrôlées, maîtrisées, mais inefficaces ? À
cet égard, l'équipe de Houdé a émis l'hypothèse de
l'existence d'un troisième système, inhibiteur,
également soutenu par les régions préfrontales, qui
aurait la capacité d'inhiber le mode mental au-
tomatique lorsqu'il propose une stratégie non
adaptée à la situation. Mais dans quelle mesure et
comment les systèmes adaptatifs et inhibiteurs
peuvent-ils être stimulés ?
Fradin et ses collaborateurs (2008 ; Lefrançois,
2009) ont identifié six dimensions bipolaires, dans
lesquelles un pôle désigne une faculté du mode
mental automatique, et l'autre une faculté du
mode mental adaptatif (figure 3). Le CPF, qui
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soutient le mode mental adaptatif, constitue une
machine extraordinaire à sélectionner, trier et
hiérarchiser en continu les informations pertinen-
tes. De ce traitement de l'information peut
émerger une solution plus efficace qu'une stratégie
appliquée automatiquement et aveuglément. Non
que les stratégies mises en œuvre par le mode
automatique soient toujours inefficaces, mais il est
néanmoins intéressant de savoir qu'en cas de prob-
lème complexe et/ ou nouveau, le mode automa-
tique n’ajuste pas la stratégie à la situation.
Concrètement, tout comme le PG, le mode au-
tomatique peut constituer un obstacle à l'adapta-
tion en cas de crise, contrairement au mode adap-
tatif, plus aisément porteur de solutions et d’un
meilleur sens critique. A titre d’exemple, les pilotes
d'avion ont des procédures détaillées à appliquer
dans les situations d'urgence ou lors de manœu-
vres spécifiques. Si une défaillance qui survient ne
fait pas partie de celles prévues et couvertes par
ces procédures, le pilote peut perdre un temps
précieux à chercher une procédure qui n'existe pas
et peut, de plus, en mode automatique, se con-
tenter d'appliquer une procédure qui n'est pas
adaptée à la nouvelle défaillance, ou abandonner
les commandes parce qu'il n’entrevoit pas la possi-
bilité qu’il puisse exister de nouvelles solutions (cf.
mode "Certitudes", figure 3). Si je suis plus rapide-
ment en mode "Curiosité" (j'essaie de comprendre
ce qui se passe – quelques secondes peuvent suf-
fire -, je tiens compte des indicateurs, etc.), en
mode "Acceptation" (je tiens compte de la réalité
du problème et ne m'en cache pas), en mode "Nu-
ance" (il y a une défaillance inconnue, certes, mais
à quel point est-elle ingérable ?), en mode "Prendre
du recul" (quelle est ma marge de manœuvre,
comment puis-je sortir du cadre de ce que je con-
nais pour espérer entrevoir d'autres solutions),
etc., c’est-à-dire en mode adaptatif, je serai plus à
même de trouver une solution au problème, j'aurai
probablement plus de chances de voir émerger une
nouvelle stratégie. En mode mental adaptatif, une
nouvelle stratégie n'implique pas une stratégie
aléatoire, puisque dans la pratique, le CPF planifie
continuellement l'action et sélectionne les infor-
mations pertinentes afin de générer des solutions
ajustées en temps réel (Lefrançois, 2009). Brosch et
al. (2018) ont également montré que les individus
qui se sentent exclusivement concernés par leur
propre personne (comprenant les dominants), se
sentent moins concernés par les conséquences à
long terme de leurs actions. Par extrapolation, l’on
peut supposer qu'ils peuvent avoir des difficultés à
utiliser leur mode mental adaptatif, un mode qui
nous permet de considérer les conséquences de
nos actions (par exemple, quelles sont les
conséquences pour une, deux, trois, quatre, etc.
personnes que je rencontre et qu'elles rencontrent
à leur tour si je ne porte pas le masque et si je suis
porteur sain ?), d'adopter les solutions les plus
durables (quelles sont les conséquences clima-
tiques pour mes enfants, etc.), etc. D'autre part, ce
travail montre que les individus qui se sentent
concernés par des intérêts autres que ceux liés à
leur personne ont une plus grande capacité à con-
sidérer les conséquences à long, voire très long
terme de leurs actions, et acceptent plus facile-
ment les efforts nécessaires à une transition.
II.3 Comment intégrer ces notions dans les per-
spectives covidienne et socioclimatique, à la fois
individuellement et collectivement ?
Il existe de nombreux travaux qui montrent diver-
ses façons de stimuler nos capacités d'adaptation.
La pleine conscience - qui est une forme essen-
tiellement cognitive de méditation – semble activer
la région du CPF, réguler l'activité du centre amyg-
dalien de la peur sociale (cf. Lutz et al., 2008), amé-
liorer les fonctions exécutives (capacité à se con-
centrer, à prendre du recul, etc.) et les relations
interpersonnelles. D'autres études concernant des
méthodes assimilées à la pleine conscience, asso-
ciées à la stimulation a priori du CPF et au mode
mental adaptatif vont également dans ce sens (cf.
Fradin et al., 2008 ; Lefrançois, 2009). Sachant cela,
qu'en est-il de l'impact de certaines approches
telles que l'enseignement de l'empathie et la pré-
occupation pour l’autre dans les écoles danoises, et
qui permettraient sans doute de mieux ap-
préhender les causes et les conséquences des ac-
tions individuelles et collectives à court ou à long
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terme ? On peut soupçonner que de telles ap-
proches sollicitent les capacités du CPF - telles que
la Curiosité (envers l'autre, ce qu'il ressent, etc.), et
l'Acceptation (dans le sens de considérer l'autre
comme faisant partie d'une réalité que je dois in-
tégrer dans ma réalité), etc. Pouvons-nous égale-
ment en déduire que de telles pratiques pourraient
améliorer notre capacité à porter un jugement
critique et éclairé, en adéquation avec la situation
qui se présente, à court comme à long terme ? A ce
stade de la recherche, et compte-tenu de l'urgence
de s'approprier les moyens d'agir et de penser en
adéquation avec la réalité déstabilisante qui se
présente à nous, il serait très intéressant de savoir
comment ces différentes pratiques, qu'elles soient
de l'ordre de “l’astuce cognitive” ou de l'entraîne-
ment à des “méta-compétences” plus avancées,
peuvent nous aider à hiérarchiser et à sélectionner
les informations pertinentes.
Conclusion
Si je ne suis ni médecin, ni climatologue, ni res-
ponsable politique, la crise globale et les différends
qui se présentent à moi m’imposent pourtant de
réfléchir à mes actes et à la pertinence de mon
jugement. Sachant cela, en admettant que les ar-
guments sanitaires auxquels je suis confrontée
(contagion, préservation des plus fragiles, etc.)
m’apparaissent incertains, j'essaie à tout le moins
d'analyser la situation au-delà de mes intérêts im-
médiats. Dussé-je être dérangée par ce que j’en
comprends. J’essaie d’envisager plusieurs straté-
gies, plusieurs hypothèses - y compris les plus dé-
plaisantes - et les conséquences à long terme de
chacun de ces scénarios.
A ce stade, je n’ai personnellement rien contre le
fait d’appliquer les gestes barrières. J’exprime-là
des banalités, mais il semble pourtant que cela
n’aille pas de soi, et pas seulement parce qu’il me
pèserait de ne pouvoir prendre mes proches dans
mes bras. En respectant ces gestes, je n’ai pas
l’impression d’être conformiste, ni de poser prob-
lème si ce n’était que du conformisme de ma part.
Alors dans le doute, je prends la précaution de pro-
téger mes proches, et participe au mieux au fait de
limiter cette dérive économique que la circulation
du virus n’arrange sans doute pas.
A ce stade, je suis abreuvée d’éléments
d’information institutionnels ou scientifiques de
tous bords (disciplines des sciences humaines, bio-
logiques, météorologiques, etc.), allant dans le sens
d’une invitation rapide à un changement de com-
portement afin de limiter la problématique envi-
ronnementale et sociétale qui se présente. Ces
informations me paraissent dramatiquement con-
vaincantes et s’ajoutent à mes propres observa-
tions. Où est mon curseur entre mode automatique
et mode adaptatif ? Si néanmoins j’étais encore
sceptique, chercherais-je à comprendre ce qui me
fait douter – I hope so -, à comprendre pourquoi je
n’ai pas confiance en ces nombreux avis ? Admettre
certains faits ne m’arrange-t-il tout simplement
pas ? En tant que scientifique, qu'en est-il de la
distance scientifique et du doute qui obligent à me
poser des questions sur ce qui peut paraître mani-
festement vrai pour tous ? Ou bien aurais-je peur
d'être considérée comme une écologiste extrémiste
et préférerais-je montrer que je n'ai pas d'opinion
sur le sujet ?... Est-ce que je reconsidèrerais atten-
tivement les arguments des climato-sceptiques,
sans oublier d’observer leur comportement : sont-ils
dédaigneux, agressifs, cherchent-ils à humilier les
autres scientifiques, ou sont-ils dans un débat de
fond, une analyse de la situation et une recherche
de solutions apaisée et ouverte ? Sont-ils ca-
tégoriques, emprunts de certitudes, ou laissent-ils
place à l’éventualité d’une telle crise, à d’autres
hypothèses ? Considèrent-ils l’ensemble des indica-
teurs lorsqu’ils argumentent leur propos ?...
D'aucun dirait que je ne saurais pas prendre de
risques, et que je serais mauvaise joueuse de po-
ker. Mais compte-tenu de ce qui s’annonce, je
pense au contraire que je pourrais faire une très
bonne joueuse : je sais quand m'arrêter et quelle
mise ne pas parier. Certains gains (la préservation
de mon image sociale, le refus des contraintes, etc.)
ne le valent pas. Je ne souhaite pas parier sur le fait
que le virus n'affectera pas, directement ou indi-
rectement, ma famille, mes amis asthmatiques,
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immunodéprimés, vieux et moins vieux, moi, etc. Je
suis assez peu séduite par l'idée de tuer quelqu'un,
sans même m'en rendre compte, sans même peut-
être le savoir un jour (... et pour être honnête, je
préfère ne pas le savoir), alors que j'aurais été un
porteuse saine. Alors je prends mes précautions, un
peu comme le(la) jeune à qui l’on a appris à utiliser
des préservatifs, même si ce n'est pas très agréable,
et même si mon(ma) partenaire me pousse à ne pas
les utiliser "parce que c'est moins agréable avec un
préservatif".
En tant que spécialiste des sciences du comporte-
ment, j'ai appris à reconnaître le bluff, celui des
autres, ainsi que celui qui me ferait mentir à moi-
même. Cette connaissance m'encourage à ne pas
parier davantage sur l'urgence climatique et ses
conséquences, déjà consommées et actives, et à ne
pas accorder plus de crédit que nécessaire à des
propos trop vindicatifs, agressifs, flous, qui détour-
nent l'attention de l'essentiel.
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Displays.” Journal of Personality and Social Psy-
chology, 118(1).
Annexes
Figure 1: Levels of Submissive and Dominant behaviors
Dominance
5 Sadism, cruelty, perversion
4 Violence for no apparent reason
3 Pleasure to destabilize
2 Self-pity, tendency to blame others
1 Flattery, seduction
0 Neutral attitude, Assertiveness
Submission
-1 Tendency to be obsessive, guilt
-2 Servility, irrationalguilt
-3 Superstition
-4 Panic, fear of goingcrazy
-5 Melancholicdepression
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Integration
5 Illumination, mysticism
4 Feeling of being able to communi-
catewiththings
3 Feeling of being able to readthoughts
2 Perception of the meaning of things
1 Ease not applicable
0 Neutral attitude,Assertiveness
Marginality
-1 Discomfortwithoutobject, pushing to
withdraw
-2 Feeling of living separatlyfromothers
-3 Misunderstoodmegalomaniac
-4 Feeling of exclusion
-5 Paranoïa, feeling of beingthreratened
Manifestations of dominance To be distinguished from…
Relationship
to power
Need to exercise more or less tyrannical power over
others, over minorities, the most "fragi-lised" (because of
their state, condition, etc.), through various means (finan-
cial, sexual/sexual aggression, moral, physical aggression,
theft, etc.).
To be distinguished from simple leadership, which translates
into a willingness to accompany the group towards a more
sustainable and equitable balance.
Relationship
to the rules
Need to violate them in the objectives of demonstrating
"non-submissiveness"/or lack of docility and superiority to
any form of power, low tolerance to frustration
To be distinguished from the feeling of having to break the
rules out of conviction or out of vital need (economic or
other).
Relationship
to the
constraint
Cannot tolerate constraint, especially if it is intended to
protect others
To be distinguished from a true feeling of inequity
Relationship
to health
Need to demonstrate one's strength and "invincibility" by
exposing oneself to risks (tobacco, alcohol, drugs, viruses,
etc.), and by ridiculing those who take precautions (thus
inciting the most vulnerable to take risks) or seeking to
discredit speeches inviting people to take precautions
(whether scientific or authoritative).
To be distinguished from the misunderstanding, lack of
awareness or disbelief associated with a risk warning.
Relationship
to Privileges
Need/pleasure to impose the fact of having more rights
than duties, while seeking to impose more duties than
rights on others. Assumed asymmetrical and unequal
vision, often hidden for strategic reasons.
To be distinguished from a form of blindness in the face of
the needs of others, a lack of awareness, or a punctual and
conjunctural need.
Relationship
to others
Seduction, alternation of sympathy and antipathy in-
tended to destabilize, pleasure in humiliating (especially
the weakest or intelligent people), shameless lies, plea-
sure in swindling and deception, excessive sensitivity to
humiliation, lack of empathy, more or less obvious perver-
sion, etc.
To be distinguished from seduction intended to enter into
an exchange with the other, to distinguish behaviour asso-
ciated with revenge and resentment, to distinguish from the
difficulty of resisting one's desires, etc.
Figure 2: Levels of Marginality and Integration Behaviors
Table 1: Behavioural Manifestations of Dominance, and Behaviours to Distinguish from Dominance
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Manifestations of submission To be distinguished from…
Relationship
to power
Difficulty accessing the sense of legitimacy that relates to any
form of power, responsibility or decision-making / tendency to
consider that the dominant is "right" or more able to think and
decide - outside of any argumentation
A form of modesty
Relationship
to the rules
Tendency to be scrupulous in respecting the rules, fear of ma-
king mistakes (especially if they lead to consequences for
others, especially the dominant), tendency to guilt
To be distinguished from a simple tendency to respect
the rules of life in society, notably because of values,
convictions, etc.
Relationship
to the
constraint
Resistant to constraint, sometimes imposes unnecessary cons-
traints on itself out of scrupulousness
To be distinguished from a personality with a taste for
effort
Relationship
to health
Cares less about his or her own health than the health of others,
but may feel vulnerable to exposure to certain risks
To be distinguished from a simple precautionary
principle, a reasoned consideration of the risks, etc.
Relationship
to Privileges
Tendency to impose, without realizing it, more duties than
rights, blind asymmetrical and unequal vision in favor of the
dominant one
To be distinguished from a form of valorization of the
gift of self, but which would be more in favor of the
most vulnerable and destitute than the dominant
ones
Automatic Mental Mode mental Adaptive Mental Mode
Routine: attraction for the habit, the known, the tradition, the standard, the
mastery, the procedures
Curiosity: openness to the unexpected, vigilance
Perseveration: search for control, insistence in spite of the inefficiency of a
strategy, defence of principles and rules before any other reflection.
Cognitive Flexibility: ability to see a situation for what it is (rather than
what you want it to be), in order to resolve it more quickly
Simplification: adoption of a binary, trench, Manichean (true/false,
black/white, etc.) view of a situation. Mechanism aimed at easier categoriza-
tion and memorization, and less cumbersome processing than if one had to
reconsider all the information of a situation each time it arises. Nevertheless,
this simplification is reductive in nature and takes us away from reality.
Nuanciation: a more subtle vision of the events, making it possible to
consider gradients (more or less dramatic, more or less solvable, etc.),
openness to further investigation or questioning to deepen the understan-
ding of the situation and provide a solution.
Certainties: tendency to consider that one's reflection is "true", belief that the
world is limited to what we perceive of it, conviction that our perceptions are
"all reality"
Relativity: the ability to step back, to not be satisfied with what one per-
ceives at first sight, to consider that each vision is relative, from one indivi-
dual to another, from one situation to another, etc. Ability to consider
short, medium and long-term consequences
Empirism: search for the best known solution, a ready-made recipe that works
from the very first try, without the need for more complex thinking.
Logical thinking: rationalization, looking for logical links between causes
and consequences (even if these links are unpleasant)
Social desirability: tendency to think, decide, and act based on how others see
us, on how we are perceived by others, rather than on what is relevant and
reasonable to think, say, or do.
Personal opinion: the ability to individualize one's thinking, to maintain
the integrity of one's reasoning for solutions to a situation, to consider the
logic of the arguments and information presented to me, to be open and
fully consider the opinions of others without being conformist.
Table 2: Behavioural Manifestations of Submission, and Behaviours to Distinguish from
Submission
Table 3: Cognitive functions associated to the adaptive and to the automatic mental modes

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Les rapport de domination. par Jacques Fradin

  • 1. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ Résumé La confrontation de notre société à la COVID met en évidence la fragilité et la rigidité de notre sys- tème organisationnel à de nombreux niveaux. D'un point de vue sociétal, certains parallèles peuvent être établis entre notre adaptation à la crise COVID et la perspective de la crise climatique. En sciences humaines et sociales, la notion d'adaptation aux événements est abordée dans de nombreux do- maines. Sur ce point, ce document présente deux dimensions comportementales et cognitives qui peuvent entraver ou favoriser l'adaptation, indi- viduellement ou collectivement. La première di- mension concerne le concept de positionnement grégaire, qui implique des relations de pouvoir entre individus et entre groupes ; la seconde con- cerne plus spécifiquement les mécanismes dits d'adaptation, et s'oppose à nos habitudes. *”Après moi le déluge..." aurait été une phrase prononcée par le roi Louis XV indiquant qu'il ne se souciait pas de ce qu’il adviendrait après sa mort et son règne, et faisant référence au déluge biblique. Glossaire Positionnement Grégaire– Tendance d'un individu à manifester des comportements qui peuvent être liés, de manière très restrictive, à un excès ou un manque de confiance en soi et/ou en autrui. Mode Adaptatif ou Système Logico-mathématique– Mode de fonctionnement cérébral permettant la création et la mise en œuvre de stratégies d'adaptation et de représentations. Mode Automatique ou Système Heuristique- Mode de fonctionnement cérébral permettant la mise en œuvre de stratégies et de représentations routinières. Conformité- Disposition trop importante à faire ce que d’autres personnes veulent, sans dis- cernement. Sociopathie- Trouble de la personnalité qui com- prend une tendance à se méfier des normes so- ciales, ainsi qu'une indifférence aux émotions et aux droits des autres. Méta-Habiletés– Capacité à manipuler, à juger de la pertinence et à prendre du recul par rapport à la mise en œuvre d’une stratégie ou d’une habi- leté. Norme– Règle de jugement, de comportement ou d'action, implicite ou explicite, rationnelle ou non, à laquelle se réfère la majorité d'un groupe d'individus. Introduction Je ne suis ni médecin, ni climatologue, ni poli- ticienne, je ne suis pas Greta, mais... peut-être suis- je joueuse ? Je me demande combien je peux pari- er sur le risque “COVID” et sur celui du changement climatique pour moi-même, et concernant les au- tres ? Combien suis-je prête à parier, et quel est l'enjeu (mon ego ? ma peur de paraître faible ? mon conformisme ?) ? Quelque chose me pousse-t- il à parier gros ? Qui bluffe ?... Comment les concepts de Positionnement Grégaire et de processus adaptatifs peuvent-ils m'aider à aviser... ? I. Positionnement Grégaire. Le Positionnement Grégaire (PG) désigne, en neu- rosciences, une gamme de comportements liés à la confiance en soi, à la confiance en les autres et aux relations de pouvoir. Ces comportements ont été représentés sur deux dimensions, la dimension "Dominance/Soumission" et la dimension "Mar- ginalité/Intégration" (cf. figures 1 & 2, de Fradin & Lefrançois, 2014 ; voir également Kumaran, Melo & Duzel, 2012 ; Gurtman, 2009). Un faible niveau sur l'une de ces dimensions peut être considéré comme "normal", mais ce profil est considéré comme pathologique au-delà d'un niveau de [2] (voir figure 1). Après moi, le deluge…* Camille Lefrançois, PhD Secrétaire Général du GIECO-IPBC, Institut de Médecine Environmentale (IME, Paris)
  • 2. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ I.1. Origines du PG. Les comportements de PG auraient initialement permis une première forme d'organisation collec- tive (Cheng & Tracy, 2016). En effet, la vie de groupe nécessite de partager la nourriture, d'at- tribuer certains rôles plus ou moins agréables, de déterminer qui sera le partenaire d'accouplement, etc. Les caractéristiques de dominance et de soumission permettent d'attribuer spontanément, sans autre forme de négociation, l'accès aux privi- lèges pour les premiers et les restes pour les se- conds. Il est reconnu, chez plusieurs espèces ani- males dont l'homme, qu'une mauvaise interpréta- tion ou une négligence d'une telle organisation peut entraîner de graves conséquences dans la vie de l'individu (agression, exclusion du groupe, mise à mort, cf. Watanabe & Yamamoto, 2015). Bien qu'injuste, ce système aurait contribué, dans un premier temps, à limiter les conflits au sein des groupes. En effet, si tous les individus appartenant à un groupe devaient se disputer quotidiennement l'accès à la nourriture aux dépens des autres, cela aurait constitué une perte d'énergie considérable, une dispersion de l'activité collective qui aurait éloigné le groupe d'autres actions plus stratégiques comme la chasse, la reproduction, les soins à la progéniture, la gestion des menaces extérieures, etc. En l'absence d'une plus grande civilité, l'évolu- tion aurait trouvé à ce stade un moyen tyrannique mais efficace de maintenir l'espèce en vie. Certains scientifiques notent cependant que cette forme archaïque de hiérarchie a été déstabilisée au cours des siècles par une autre forme d'organisation sociale, plus méritocratique, basée sur des valeurs morales (cf. Cheng, 2020). Comme nous le verrons, le système hiérarchique de type PG montre en pratique des limites nuisibles pour l'espèce hu- maine (et potentiellement plus) à ce stade de notre organisation sociale. D'un point de vue évolutif, cela pourrait expliquer pourquoi cette forme d'or- ganisation devrait être supplantée par une sys- témique plus élaborée. En ce qui concerne la marginalité, l'hypothèse évolutive privilégiée serait que l'individu marginal aurait eu un rôle de "veilleur", vivant à la périphérie du groupe, le destinant ainsi à appréhender les dangers extérieurs au groupe, comme une menace émanant d’autres groupes (cf. Raihani & Bell, 2019 ; Fradin & Lefrançois, 2014). A l'inverse, le profil intégré s'est vu attribuer un rôle de "pacificateur" ou de "réconciliateur", visant à calmer les conflits intra-groupe et peut-être à encourager et à rassu- rer le groupe sur sa capacité à faire face aux me- naces extérieures (cf. Fradin & Lefrançois, 2014 ; Koski, 2007). I.2.Neurobiologie du PG. Les comportements de PG, observables chez de nombreuses espèces animales (singes, rats, chauves-souris, etc.) semblent être globalement liés à l'activité de la région amygdalienne, une zone cérébrale archaïque liée à l'évolution de l'espèce (cf. Amaral, 2006). Cette région est impliquée dans la genèse de la peur, en particulier la peur sociale ou inter-individuelle. Elle nous permet de traiter inconsciemment des informations (hormonales, contenu du discours, etc. ; le dominant a souvent, par exemple, la tête levée, le regard haut, le buste rond ; alors que le soumis a généralement un re- gard plus bas, est un peu courbé, la prosodie de la voix est plutôt basse, etc.). Nous serions ainsi dotés d'un système bio-comportemental détectant le plus rapidement possible le rang social des autres (cf. Peschard et al., 2016 ; Witkower et al., 2019). Dans ce cadre, nous verrons, à travers les caracté- ristiques des comportements de PG, comment la menace imposée par la COVID engendre certes la peur du virus, mais pourrait également distiller des conflits inter-individuels, inter- et intra-groupes. Bien que les comportements de PG ne puissent tout expliquer, nous pouvons cependant observer leur manifestation dans les multiples conflits et luttes de pouvoir qui peuvent surgir au niveau international, entre la société et les dirigeants locaux ou nationaux de certains pays, dans la méfi- ance de certains représentants du gouvernement ou d'une partie de la population à l'égard des recommandations sanitaires, des experts et des institutions de santé, entre générations, entre
  • 3. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ différentes catégories culturelles et socio- économiques, etc. I.3. Quelle est l'influence de la dominance sur les individus et la gestion des crises ? Les travaux portant sur la dominance et la soumis- sion suggèrent qu'elles peuvent constituer un ob- stacle majeur à toute forme d'adaptation durable, complexe et coordonnée de la société en elle- même et dans son interaction avec son envi- ronnement. Cependant, si la dominance semble moralement peu appréciable (cf. tableau 1), elle n'inspire pas autant de réticences qu'on pourrait l'imaginer. En effet, les études de McAleer et al. (2014) montrent que l'on a tendance à accorder plus de crédit à une voix grave, qui est plus souvent l'attribut des individus dominants. Dans le même temps, l'étude d'Andersen & Kilduf (2009) indique que les dominants seraient considérés comme plus intelligents que d’autres simplement en regardant des photos d'individus ayant des expressions facia- les de dominance, par rapport aux individus ayant des expressions soumises ou neutres. On peut supposer que l'interprétation très automatique et "animale" des attributs du dominant est probable- ment destinée à limiter la remise en question du dominant, et donc les conflits. La capacité de séduction des dominants signifie également qu'ils sont parfois dépeints comme charismatiques, drôles et sympathiques (au sens de "cool"), plutôt que quelque peu pervers et sociopathes (Reijntjnes et al., 2016). La dominance, cependant, constitue paradoxale- ment un problème dans la gestion des situations de crise en raison de sa propension au conflit, à l'in- timidation, etc. Ce problème réside dans le plaisir de la dominance à voir certains groupes opprimés par d'autres, ce qui se traduit, par exemple, par la négligence, voire la mise en danger active des plus fragiles du point de vue de l'exposition au virus, ou par l'oppression des populations les plus vulnéra- bles face au changement climatique. La difficulté de l’individu dominant à faire des excuses visant à atténuer les conflits entre groupes (dans le sens où cela mettrait en péril, à ses yeux, sa position de dominant) participe également au déclenchement des conflits. S’ajoute à cela sa difficulté à respecter les contraintes et les règles même si elles sont jugées pertinentes (comme le port du masque, l'obligation de se laver les mains, de respecter une distance minimale, de ne pas polluer, de ne pas jeter sa cigarette n'importe où, de ne pas faire tourner le moteur de sa voiture et de déranger inutilement les voisins par rapport au bruit et à la qualité de l'air, de prendre son vélo plutôt que sa voiture quand c’est possible, de ne pas surcon- sommer en négligeant l'impact sur la planète et les générations non pas tant futures que déjà pré- sentes, etc.), constituent là aussi un problème. Il en va de même pour sa volonté de préserver sa posi- tion privilégiée et donc les rapports de force qui la sous-tendent (en proclamant sa méfiance et son mépris des précautions sanitaires - au-delà des préoccupations économiques fondées - ou en par- ticipant activement à la destruction du vivant, à des fins pécuniaires ou ludiques, à une dynamique de crime contre le vivant, au mépris de la survie de certaines populations, des écosystèmes et de l'équilibre de tous, etc.), l'incitant à anéantir toute forme de pensée ou de structuration sociétale plus adaptée (Fradin et al, 2014 ; Kleppesto et al. 2019). Ce dernier point désamorce l'illusion d'un caractère adaptatif qui pourrait être attribué à la dominance (au stade où en est l’évolution de notre espèce aujourd’hui, s’entend). En effet, tout comporte- ment s’inscrivant dans une dynamique adaptative et complexe, et donc dans une forme élaborée d'intelligence, est discrédité par le dominant car il a tendance à l'interpréter comme une menace. Cette menace réside, aux yeux du dominant, dans le fait qu'un individu se réappropriant ses capacités de réflexion peut entrevoir comment il est abusé par le dominant, et se défendre en conséquence. Le dominant tente souvent de tuer dans l'œuf l'accès au savoir (au sens large), en discréditant et en ridi- culisant de manière abusive - sans argument ou avec des arguments vagues et flous ("On m'a dit que...") - des entités et des individus porteurs d'in- formations factuelles et qui risquent d'alimenter une réflexion critique, éclairée et personnelle (sci-
  • 4. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ entifiques, historiens, experts, etc.)1 . Une telle technique semble être utilisée par de nombreux sceptiques du climat et de la COVID. Une autre technique consiste à prononcer des phrases de type "je ne suis pas médecin mais..." ou "je ne suis pas climatologue mais...", la suite donnant souvent lieu à une remise en question qui n'est pas toujours - pour être tout à fait honnête - bien renseignée, ni dans une perspective où tous les tenants et aboutissants de la situation sont pris en compte, mais qui présente des conclusions qui nous ar- rangent bien. La dominance génère des conflits du type "diviser pour mieux régner", en imposant une omerta de manière à priver ses interlocuteurs de toute forme de concertation. Le dominant protège impulsive- ment ses privilèges et les rapports de force dont il peine à s’affranchir, même s'il doit en pâtir à long terme. Cette description n'est bien sûr pas nouvelle, et se trouve largement illustrée par les tentatives de discrédit et d'intimidation adressées contre la liberté de la presse, l'accès à l'éducation, à l'information scientifique, contre les populations "plus faibles", etc., qui peuvent être observées tout au long de l'histoire. De plus, l'intelligence du do- minant est souvent justifiée par le fait qu'il ose. Sa confiance en soi excessive, son sentiment d'invinci- bilité, la tendance de son public à excuser nombre de ses exactions, lui permettent d'agir sans réti- cence, là où d'autres évalueraient à deux fois le risque ou l'immoralité de leurs actions. En réalité, la capacité d'action de la dominance relève davantage de la difficulté à inhiber certains processus cogni- tifs, aussi mal adaptés soient-ils, que de l'audace (cf. van Kleef & Cheng, 2020 ; Galinsky et al., 2003). Le PG ne constitue pas un système intelligent ou évolutif au sens où il n'est pas capable d'apprendre (et donc de s'adapter à des situations complexes) : ses comportements sont très standardisés, obser- vables indépendamment de la catégorie socio- économique et se manifestent très tôt dans le développement de l'individu, sans mimétisme par 1 Bien sûr, chercheurs et experts ne sont malheureusement pas toujours affranchis des mécanismes grégaires… rapport à l'entourage (Halpern et al., 2020 ; Reijnt- jes et al., 2016). De plus, ces comportements s'im- posent à l'individu, sans adaptation à la réalité, et même dans la conscience du danger (pour soi et pour les autres) inhérent au fait de céder à ces comportements. Ainsi, ils ne sont pas adaptatifs face à une nouvelle situation ou un nouveau risque comme une crise écologico-sociale ou la COVID. Le concept de PG met en lumière certaines des clés mécanistiques d'une crise de l'humanité (guerres de religion où la religion devient un alibi pour un pouvoir inféodé au système de PG, mais aussi sex- isme, harcèlement scolaire et professionnel, etc.) et comment celle-ci peut être maintenue, ag- gravée, en raison d'un simple système archaïque de régulation grégaire. De même, le phénomène COVID ou la perspective du changement climatique et des inégalités socio-économico-géographiques associées (épuisement des ressources en eau, en nourriture, en espaces de vie) peuvent apparaître comme de puissants catalyseurs de ces comporte- ments (cf. Hendrix & Brinkman, 2013 ; Reno, 2011), qui contribueraient eux-mêmes au maintien des inégalités, à la négligence des signaux d'alerte envi- ronnementaux, etc. En d'autres termes, certaines crises (impliquant une notion de survie, de mise en danger de la santé, d'épuisement des ressources, etc.) peuvent conduire à l'émergence de com- portements, de pratiques et d'attitudes qui ne sont pas les plus adaptatives (par opposition à d'autres comportements et attitudes). Si certaines popula- tions ou certains dirigeants ont tendance à préférer le risque de la COVID à celui d'une crise économique sans précédent, cela n'explique pas la négligence des gestes barrière et des précautions a minima. Un individu qui n'est pas médecin, en relative bonne santé, peut, en n'étant pas “à risque” face au virus, être enclin à penser qu'on lui impose des gestes inutiles et, de surcroît, con- traignants (port d'un masque, distanciation sociale, etc.). Ce qui est plus interpellant, c'est la résistance au doute raisonnable et à la prise en compte de ce qui pourrait potentiellement impliquer le non- respect de ces gestes pour la vie d'autrui, et qui est
  • 5. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ pourtant renseignée par les médias et les institu- tions. Blasgov (2020) a pu montrer que parmi une popu- lation de 502 participants en ligne, les traits asso- ciés à la convivialité et à la sensibilisation étaient liés à l'approbation de la distanciation sociale et de l'hygiène, ainsi qu'à la sensibilité aux messages de santé en général. Par ailleurs, ces travaux montrent que les traits de personnalité liés à la sociopathie, à la perversion et à la désinhibition (symptomatiques de la dominance) prédisaient une faible adhésion aux comportements de santé et l'intention de met- tre sciemment autrui en danger. La plupart des participants préféraient un message de compas- sion, tandis que des traits associés à la dominance prédisaient un désintérêt pour de tels messages. La dominance pourrait donc être largement impliquée dans la négligence ou dans la résistance face à l'application des principes de précaution liés à la COVID et/ou à l'urgence "biologico-économico- climatico-sociale". Ceci serait dû au fait que ces précautions puissent représenter : une contrainte dans la vie quotidienne ; une directive vécue comme une soumission à un système ; une démon- stration de vulnérabilité et de peur là où le domi- nant préfère montrer sa force et son absence de peur2 ; une obligation de précaution envers les plus faibles que le dominant vit comme un outrage ; une menace de réorganisation de la société en un sys- tème plus solidaire et donc moins favorable à l'émergence de la dominance... I.4. Quid de la soumission, de la marginalité et de l’intégration ? La façon dont la soumission répond à la dominance n'est pas plus susceptible d'améliorer l'adaptation collective. Si l'individu soumis est scrupuleux, il est aussi servile au dominant (cf. Lefrançois et al., 2 Dans le cas de la dominance, nous parlerons d’absence de peur plutôt que de courage, considérant que le courage im- plique une conscience des risques et un dépassement de ceux-ci dans une situation où l’individu a le sentiment qu’il n’a pas d’autre choix. Le dominant est assez réticent à tout acte coura- geux, et tend davantage à exposer les autres au danger plutôt que lui-même. 2011). Il peut ainsi servir la cause du dominant, et participer au maintien d'une hiérarchie de type PG. En psychopathologie, on parle du syndrome de Stockholm, mais ce phénomène peut aussi se mani- fester à des niveaux de gravité plus faibles (cf. Tab- leau 2). Les soumis sont enclins à se fier à ce que disent les dominants, étant également plus séduits et intimidés par eux que la moyenne, et les jugeant plus aptes à prendre des décisions que la plupart des autres individus. Les individus soumis prêtent facilement allégeance au dominant, n'osent pas contredire ses paroles et ses actes par peur, et parfois même abondent dans son sens et font preuve d'un excès de zèle. La tendance para- noïaque de la marginalité, en revanche, se con- forme à des interprétations conspirationnelles, alimentant ainsi la peur et la méfiance plutôt qu'un pragmatisme plus rationnel. Enfin, les individus intégrés, dont les caractéristiques peuvent se mani- fester comme une tendance à croire de manière irrationnelle en une force supérieure les proté- geant de tout et les incitant à la communion, peu- vent avoir tendance à prendre des risques incon- sidérés, et ce d'autant plus qu'ils ont été avertis que leur pratique était dangereuse. I.5. Le role de la socialisation... Il est important de noter que certaines personnes, qui ont peut-être bénéficié d'une éducation pré- coce leur permettant de canaliser et d'apprivoiser leur profil de PG, sont plus susceptibles d'agir et de penser en fonction de leurs valeurs et de leurs idéaux qu’en fonction de leur PG. Néanmoins, on comprend mieux aujourd'hui à quel point une telle organisation n’est pas pérenne et à quel point elle peut établir une norme qui n'est ni sage, ni saine, ni stratégique. Comme l'aurait dit De La Meurthe, "Pire qu'un crime, c'est une faute". Les quelques avantages du comportement de PG résident toutefois dans le fait qu'il est éminemment prévisi- ble au sens où il est répétitif et rigide. Par exemple, un dominant accuse souvent autrui de ses propres actions afin de détourner l'attention de ces actions- là. De cette manière, il fournit potentiellement des informations sur ses actions, passées ou futures, ce
  • 6. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ qui permet éventuellement aux autres d’en tirer profit. On sait également qu'il sera soit insensible, soit tenté de défier les messages invitant à l'em- pathie et l'incitant à prendre soin des autres. Il serait donc particulièrement intéressant d'étudier le type de communication et de stratégie qui cana- lise ou encourage l'orientation des comportements de PG vers des actions moins délétères, d'étudier la valeur préventive de la description des comporte- ments de PG (auprès d’individus présentant eux- mêmes des comportements de PG, mais aussi dans notre compréhension de biais d'interprétation sociale). Il serait également intéressant d’étudier le type d'éducation permettant de prévenir l'apparition de tels comportements, de jugements plus émotion- nels que rationnels, et de renforcer la pensée cri- tique (cf. Halpern et al., 2015). La deuxième partie de cet article, moins dystopique, traite de ce sujet, ou comment être individuellement et collective- ment plus “intelligent” et plus adaptable face à des crises telles que celles de la COVID et du change- ment climatique. II.Quid des processus d’adaptation individuelle et collective aux défis actuels ? II.1 Conformité et normes. L'équipe d'Asch (1951) a proposé une série d'évalu- ations dans lesquelles il était demandé à la per- sonne testée de comparer la longueur de bâtons de tailles sensiblement différentes. La longueur des bâtons avait été choisie de manière à ce qu'il n'y ait aucune ambiguïté quant à la perception de la diffé- rence de longueur. La personne testée a ensuite été placée dans un groupe d'individus dont il pou- vait croire qu'ils étaient soumis au même test que lui, mais qui étaient en fait complices des expéri- mentateurs. L'étude a montré que lorsque la ma- jorité des complices a déclaré que les bâtonnets étaient de taille égale (alors qu’ils ne l’étaient sen- siblement pas), les sujets évalués se sont pour la plupart alignés sur cette réponse, et ont même fini par en être convaincus. Cette étude illustre le con- cept de conformisme, qui peut être défini comme un alignement des actions, des comportements et des pensées des individus dans un groupe, et qui en appelle ainsi à une norme. La norme peut être définie comme une règle de jugement, de comportement ou d'action, implicite ou explicite, rationnelle ou non, à laquelle se réfère la majorité d'un groupe d'individus. L'étude de ces concepts est très importante pour comprendre les processus de décision individuels et collectifs. D'un point de vue évolutif, le conformisme aurait là aussi permis de limiter les conflits, de faciliter le rap- prochement et le maintien du lien entre les indi- vidus, et donc la transmission des gènes, etc. (cf. Coultas & van Leeuwen, 2015). Cependant, les vertus de la conformité et du respect de la norme ont été particulièrement mises à mal par diverses études comme celles d'Asch et de ses collabo- rateurs, et, de façon encore moins avouable, par les célèbres études de Milgram (1963), qui ont montré avec quelle facilité l’on pouvait se con- former à un acte immoral et cruel. Le paradoxe d'Abilene, développé par le sociologue Jerry Harvey en 1988, évoque également le fait qu'un groupe d'individus peut accepter de s'enga- ger et de passer par un processus qui n'est souhai- té par aucun des membres du groupe, et sans que personne ne remette en question le bien-fondé de ce processus à aucun moment. Le Nobel Herbert Simon, pour sa part, a évoqué la notion de rationa- lité limitée qui impliquerait - en raison des limites cognitives des individus - que ces derniers optent pour une stratégie plus désirable et satisfaisante à première vue (ou avec un faible coût cognitif ?) plutôt que pour une stratégie optimale. En pleine crise sanitaire, nous pouvons lé- gitimement nous demander ce qui nous incite à agir et à adopter un raisonnement et comporte- ment plutôt que d’autres. Est-ce la résistance au changement, teintée d'alibis, qui m'empêche d'in- troduire un minimum de gestes barrière dans mon quotidien ? Est-ce le conformisme ou la soumission à l'autorité qui me pousse à appliquer ces gestes, ou au contraire une forme de discernement,
  • 7. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ d'adaptation, d'altruisme ? Peut-il y avoir une forme de conformisme à céder à la pression de certains groupes qui revendiquent le droit à la liberté face aux gestes barrière ? Les études pré- cédemment citées n'indiquent pas comment se protéger de tels préjugés, comment évaluer la pertinence des réflexions qui s'imposent à soi- même. De ce point de vue, il serait intéressant d'étudier ce qui peut nous aider à mieux discerner les risques encourus face au changement clima- tique... mais la préoccupation du problème clima- tique est-elle, là aussi, et comme le diraient cer- tains climato-sceptiques, un effet de mode, c'est-à- dire une forme de conformisme, ou encore un avertissement infondé visant à susciter la peur et à sacrifier le système libéral actuel ? Ou bien le clima- to-scepticisme est-il lui-même le fruit d'une forme de conformisme et de grégarité, cherchant par tous les moyens à préserver ses routines et un système socio-économique potentiellement inégalitaire ? Dans quelle mesure l'observation même des pro- cessus d’intimidation et de marginalisation des lanceurs d’alerte et équivalents (via des menaces de mort, des attaques personnelles, le discrédit de leurs propos, les moqueries, les tentatives de mar- ginalisation et d'infantilisation des environnemen- talistes alors qu'ils sont de plus en plus nombreux, les tentatives d'attirer l'attention sur l’apparence des gens plutôt que sur la logique de leurs argu- ments) constitue-t-elle une information importante m’incitant à réfléchir sur la fiabilité des critiques qui leur sont adressées ? II.2.L’influence du mode mental adaptatif. En neurosciences cognitives, deux modes de fonc- tionnement mentaux génériques sont reconnus. Le premier, appelé mode mental automatique ou système heuristique (cf. Houdé, 2003 ; Lefrançois, 2009), est soutenu par l'activité des zones posté- rieures et basses du cerveau, et permettrait l'appli- cation de stratégies ou de représentations connues et routinisées en réponse à une situation connue. Le second mode - appelé mode adaptatif ou sys- tème logico-mathématique - serait principalement supporté par l'activité du cortex préfrontal (CPF), et permettrait l'élaboration de nouvelles stratégies et représentations en vue de faire face à des situa- tions nouvelles et/ou complexes, qui ne peuvent être résolues par des réponses ou des réactions standardisées. Le mode mental adaptatif élabore donc des stratégies et des raisonnements en s’ajustant à la situation - ce qui n'est pas le cas du mode automatique qui nous incite à appliquer des solutions toutes faites, rapidement, mais sans plus de discernement. Houdé déclare ainsi que "Penser c'est refuser, penser contre les autres, contre soi- même, et chercher la vérité contre ses croyances". Ceci indique qu'il faut essayer de résister à ce qui accède le plus rapidement à notre esprit, et d'avoir une attitude critique et réflexive sur ce que l'on croit spontanément logique... surtout quand il s'agit de questions importantes ! L'effet Einstellung (Luchins et al., 1959) illustre comment, face à un problème, les gens peuvent avoir tendance à favo- riser l'application d'une stratégie connue et con- trôlée au nom de l'économie cognitive à court terme. En effet, il semble à première vue moins coûteux de penser moins et de s'adapter moins... même si cela peut nous coûter beaucoup plus cher à long terme ! Ces chercheurs avaient également observé que plus un individu cède à l'effet Einstel- lung, plus son quotient intellectuel se révèle faible. La question qui se pose alors est de savoir si notre intelligence – celle-là même qui nous permet de nous adapter à la complexité du monde - réside dans notre capacité à inhiber des biais et des stra- tégies contrôlées, maîtrisées, mais inefficaces ? À cet égard, l'équipe de Houdé a émis l'hypothèse de l'existence d'un troisième système, inhibiteur, également soutenu par les régions préfrontales, qui aurait la capacité d'inhiber le mode mental au- tomatique lorsqu'il propose une stratégie non adaptée à la situation. Mais dans quelle mesure et comment les systèmes adaptatifs et inhibiteurs peuvent-ils être stimulés ? Fradin et ses collaborateurs (2008 ; Lefrançois, 2009) ont identifié six dimensions bipolaires, dans lesquelles un pôle désigne une faculté du mode mental automatique, et l'autre une faculté du mode mental adaptatif (figure 3). Le CPF, qui
  • 8. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ soutient le mode mental adaptatif, constitue une machine extraordinaire à sélectionner, trier et hiérarchiser en continu les informations pertinen- tes. De ce traitement de l'information peut émerger une solution plus efficace qu'une stratégie appliquée automatiquement et aveuglément. Non que les stratégies mises en œuvre par le mode automatique soient toujours inefficaces, mais il est néanmoins intéressant de savoir qu'en cas de prob- lème complexe et/ ou nouveau, le mode automa- tique n’ajuste pas la stratégie à la situation. Concrètement, tout comme le PG, le mode au- tomatique peut constituer un obstacle à l'adapta- tion en cas de crise, contrairement au mode adap- tatif, plus aisément porteur de solutions et d’un meilleur sens critique. A titre d’exemple, les pilotes d'avion ont des procédures détaillées à appliquer dans les situations d'urgence ou lors de manœu- vres spécifiques. Si une défaillance qui survient ne fait pas partie de celles prévues et couvertes par ces procédures, le pilote peut perdre un temps précieux à chercher une procédure qui n'existe pas et peut, de plus, en mode automatique, se con- tenter d'appliquer une procédure qui n'est pas adaptée à la nouvelle défaillance, ou abandonner les commandes parce qu'il n’entrevoit pas la possi- bilité qu’il puisse exister de nouvelles solutions (cf. mode "Certitudes", figure 3). Si je suis plus rapide- ment en mode "Curiosité" (j'essaie de comprendre ce qui se passe – quelques secondes peuvent suf- fire -, je tiens compte des indicateurs, etc.), en mode "Acceptation" (je tiens compte de la réalité du problème et ne m'en cache pas), en mode "Nu- ance" (il y a une défaillance inconnue, certes, mais à quel point est-elle ingérable ?), en mode "Prendre du recul" (quelle est ma marge de manœuvre, comment puis-je sortir du cadre de ce que je con- nais pour espérer entrevoir d'autres solutions), etc., c’est-à-dire en mode adaptatif, je serai plus à même de trouver une solution au problème, j'aurai probablement plus de chances de voir émerger une nouvelle stratégie. En mode mental adaptatif, une nouvelle stratégie n'implique pas une stratégie aléatoire, puisque dans la pratique, le CPF planifie continuellement l'action et sélectionne les infor- mations pertinentes afin de générer des solutions ajustées en temps réel (Lefrançois, 2009). Brosch et al. (2018) ont également montré que les individus qui se sentent exclusivement concernés par leur propre personne (comprenant les dominants), se sentent moins concernés par les conséquences à long terme de leurs actions. Par extrapolation, l’on peut supposer qu'ils peuvent avoir des difficultés à utiliser leur mode mental adaptatif, un mode qui nous permet de considérer les conséquences de nos actions (par exemple, quelles sont les conséquences pour une, deux, trois, quatre, etc. personnes que je rencontre et qu'elles rencontrent à leur tour si je ne porte pas le masque et si je suis porteur sain ?), d'adopter les solutions les plus durables (quelles sont les conséquences clima- tiques pour mes enfants, etc.), etc. D'autre part, ce travail montre que les individus qui se sentent concernés par des intérêts autres que ceux liés à leur personne ont une plus grande capacité à con- sidérer les conséquences à long, voire très long terme de leurs actions, et acceptent plus facile- ment les efforts nécessaires à une transition. II.3 Comment intégrer ces notions dans les per- spectives covidienne et socioclimatique, à la fois individuellement et collectivement ? Il existe de nombreux travaux qui montrent diver- ses façons de stimuler nos capacités d'adaptation. La pleine conscience - qui est une forme essen- tiellement cognitive de méditation – semble activer la région du CPF, réguler l'activité du centre amyg- dalien de la peur sociale (cf. Lutz et al., 2008), amé- liorer les fonctions exécutives (capacité à se con- centrer, à prendre du recul, etc.) et les relations interpersonnelles. D'autres études concernant des méthodes assimilées à la pleine conscience, asso- ciées à la stimulation a priori du CPF et au mode mental adaptatif vont également dans ce sens (cf. Fradin et al., 2008 ; Lefrançois, 2009). Sachant cela, qu'en est-il de l'impact de certaines approches telles que l'enseignement de l'empathie et la pré- occupation pour l’autre dans les écoles danoises, et qui permettraient sans doute de mieux ap- préhender les causes et les conséquences des ac- tions individuelles et collectives à court ou à long
  • 9. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ terme ? On peut soupçonner que de telles ap- proches sollicitent les capacités du CPF - telles que la Curiosité (envers l'autre, ce qu'il ressent, etc.), et l'Acceptation (dans le sens de considérer l'autre comme faisant partie d'une réalité que je dois in- tégrer dans ma réalité), etc. Pouvons-nous égale- ment en déduire que de telles pratiques pourraient améliorer notre capacité à porter un jugement critique et éclairé, en adéquation avec la situation qui se présente, à court comme à long terme ? A ce stade de la recherche, et compte-tenu de l'urgence de s'approprier les moyens d'agir et de penser en adéquation avec la réalité déstabilisante qui se présente à nous, il serait très intéressant de savoir comment ces différentes pratiques, qu'elles soient de l'ordre de “l’astuce cognitive” ou de l'entraîne- ment à des “méta-compétences” plus avancées, peuvent nous aider à hiérarchiser et à sélectionner les informations pertinentes. Conclusion Si je ne suis ni médecin, ni climatologue, ni res- ponsable politique, la crise globale et les différends qui se présentent à moi m’imposent pourtant de réfléchir à mes actes et à la pertinence de mon jugement. Sachant cela, en admettant que les ar- guments sanitaires auxquels je suis confrontée (contagion, préservation des plus fragiles, etc.) m’apparaissent incertains, j'essaie à tout le moins d'analyser la situation au-delà de mes intérêts im- médiats. Dussé-je être dérangée par ce que j’en comprends. J’essaie d’envisager plusieurs straté- gies, plusieurs hypothèses - y compris les plus dé- plaisantes - et les conséquences à long terme de chacun de ces scénarios. A ce stade, je n’ai personnellement rien contre le fait d’appliquer les gestes barrières. J’exprime-là des banalités, mais il semble pourtant que cela n’aille pas de soi, et pas seulement parce qu’il me pèserait de ne pouvoir prendre mes proches dans mes bras. En respectant ces gestes, je n’ai pas l’impression d’être conformiste, ni de poser prob- lème si ce n’était que du conformisme de ma part. Alors dans le doute, je prends la précaution de pro- téger mes proches, et participe au mieux au fait de limiter cette dérive économique que la circulation du virus n’arrange sans doute pas. A ce stade, je suis abreuvée d’éléments d’information institutionnels ou scientifiques de tous bords (disciplines des sciences humaines, bio- logiques, météorologiques, etc.), allant dans le sens d’une invitation rapide à un changement de com- portement afin de limiter la problématique envi- ronnementale et sociétale qui se présente. Ces informations me paraissent dramatiquement con- vaincantes et s’ajoutent à mes propres observa- tions. Où est mon curseur entre mode automatique et mode adaptatif ? Si néanmoins j’étais encore sceptique, chercherais-je à comprendre ce qui me fait douter – I hope so -, à comprendre pourquoi je n’ai pas confiance en ces nombreux avis ? Admettre certains faits ne m’arrange-t-il tout simplement pas ? En tant que scientifique, qu'en est-il de la distance scientifique et du doute qui obligent à me poser des questions sur ce qui peut paraître mani- festement vrai pour tous ? Ou bien aurais-je peur d'être considérée comme une écologiste extrémiste et préférerais-je montrer que je n'ai pas d'opinion sur le sujet ?... Est-ce que je reconsidèrerais atten- tivement les arguments des climato-sceptiques, sans oublier d’observer leur comportement : sont-ils dédaigneux, agressifs, cherchent-ils à humilier les autres scientifiques, ou sont-ils dans un débat de fond, une analyse de la situation et une recherche de solutions apaisée et ouverte ? Sont-ils ca- tégoriques, emprunts de certitudes, ou laissent-ils place à l’éventualité d’une telle crise, à d’autres hypothèses ? Considèrent-ils l’ensemble des indica- teurs lorsqu’ils argumentent leur propos ?... D'aucun dirait que je ne saurais pas prendre de risques, et que je serais mauvaise joueuse de po- ker. Mais compte-tenu de ce qui s’annonce, je pense au contraire que je pourrais faire une très bonne joueuse : je sais quand m'arrêter et quelle mise ne pas parier. Certains gains (la préservation de mon image sociale, le refus des contraintes, etc.) ne le valent pas. Je ne souhaite pas parier sur le fait que le virus n'affectera pas, directement ou indi- rectement, ma famille, mes amis asthmatiques,
  • 10. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ immunodéprimés, vieux et moins vieux, moi, etc. Je suis assez peu séduite par l'idée de tuer quelqu'un, sans même m'en rendre compte, sans même peut- être le savoir un jour (... et pour être honnête, je préfère ne pas le savoir), alors que j'aurais été un porteuse saine. Alors je prends mes précautions, un peu comme le(la) jeune à qui l’on a appris à utiliser des préservatifs, même si ce n'est pas très agréable, et même si mon(ma) partenaire me pousse à ne pas les utiliser "parce que c'est moins agréable avec un préservatif". En tant que spécialiste des sciences du comporte- ment, j'ai appris à reconnaître le bluff, celui des autres, ainsi que celui qui me ferait mentir à moi- même. Cette connaissance m'encourage à ne pas parier davantage sur l'urgence climatique et ses conséquences, déjà consommées et actives, et à ne pas accorder plus de crédit que nécessaire à des propos trop vindicatifs, agressifs, flous, qui détour- nent l'attention de l'essentiel. Bibliography Amaral D., 2006. “The Amygdala, Social Behavior, and Danger Detection”. Annals of the New York Academy of Sciences, Vol. 1000, 1. Andersen C., Kilduf G. 2009. Why Do Dominant Personalities Attain Influence in Face-to-Face Groups? The Competence-Signaling Effects of Trait Dominance. Journal of Personality and So- cial Psychology, Vol. 96, No. 2, 491–503. Asch, S. 1951. “Effects of group pressure upon the modification and distortion of judgments”, in H. Guetzkow (ed.) Groups, leadership and men, Carnegie Press, Pittsburgh, PA. Blasgov P. 2020. “Adaptive and Dark Personality in the COVID-19 Pandemic: Predicting Health Be- havior Endorsement and the Appeal of Public- Health Messages.” Social Psychological and Per- sonality Science, 1-11. Brosch T., Stussi Y., Desrichard O., Sander D. 2018. “Not my future? Core values and the neural representation of future events.” Cognitive, Af- fective and Behavioral Neurosciences, 18(3):476-484. Cheng J., 2020. “Dominance, prestige, and the role of leveling in human social hierarchy and equali- ty.” Current Opinion in Psychology, 33:238–244. Cheng J., Tracy J., 2016. Why Social Status Is Essen- tial (But Sometimes Insufficient) for Leadership. Trends in Cognitive Sciences, Vol. 24, 4, 261- 263. Coultas J., van Leeuwen J., 2015. “Conformity: Definitions, Types, and Evolutionary Ground- ing.” Evolutionary Perspectives on Social Psy- chology, 189-202. Fradin J, Aalberse M., Gaspar L., Lefrançois C., Lemoullec F. 2008. L’intelligence du stress, Ey- rolles: Paris. Fradin J., Lefrançois C. 2014. La Thérapie Neurocg- nitive et Comportementale: prise en charge comportementale des troubles psychologiques et psychiatriques, de Boeck: Bruxelles. Galinsky A., Gruenfeld D., Magee J. 2003. “From Power to Action.” Journal of Personality and So- cial Psychology, Vol. 85, No. 3, 453–466. Gurtman M., 2009. “Exploring Personality with the Interpersonal Circumplex.” Social and Personali- ty Compass, Vol. 3, 4, 601-619.
  • 11. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ Halpern J., Jutte D., Colby J., Boyce T. 2020. “Social Dominance, School Bullying, and Child Health: What Are Our Ethical Obligations to the Very Young?” Pediatrics, Vol. 135, S24. Harvey J. 1988. “The Abilene Paradox and other meditations on management.” Jossey-Bass: New York. Hendrix C., Brinkman H. 2013.” Food Insecurity and Conflict Dynamics: Causal Linkages and Complex Feedbacks.” Stability: International Journal of Security & Development, 2(2): 26, pp. 1-18 Houdé O. 2003. Consciousness and unconscious- ness of logical reasoning errors in the human brain. Behavioral and Brain Sciences, 25, 341. Kleppestøa T., Czajkowskia N., Vassenda O. et al. 2019. “Correlations between social dominance orientation and political attitudes reflect com- mon genetic underpinnings”, Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 116, N°36, 17741-17746. Koski S., 2007. Chimpanzees, conflicts and cogni- tion. Functions and mechanisms of chimpanzee conflict resolution. PhD Dissertation, University of Utrecht. Kumaran D., Melo H., Duzel E. 2012. The emer- gence and representation of knowledge about social and nonsocial hierachies. Neuron, 76:653–666. Lefrançois C., 2009. “Vers un nouveau modèle du stress et de l’adaptation: étude sur les élèves- pilotes de l’armée de l’air.” PhD Disseration, University of Paris 8. Lefrançois C., Van Dijk A., El Massioui F., Galmiche Z., Fradin J. 2011. “L’affirmation de soi revisitée pour diminuer l’anxiété sociale.” Journal de Thé- rapie Cognitive et Comportementale, 21, 17-23. Luchins A., Luchins E. 1959. Rigidity of behav- ior. University of Oregon Books, Eugene. Lutz A., Slagter H., Dunne J., Davidson R. 2008. Attention regulation and monitoring in medita- tion. Trends in Cognitive Sciences, 12(4):163-9. McAleer P., Todorov A., Belin P. 2014. How Do You Say ‘Hello’? Personality Impressions from Brief Novel Voices. Plos One, Vol.9, 3, 1-9. Milgram, Stanley (1963). "Behavioral Study of Obe- dience". Journal of Abnormal and Social Psy- chology, 67 (4): 371–8. Peschard V., Gilboa-Schechtman E., Philippot P. 2016. Selective attention to emotional prosody in social anxiety: a dichotic listening study. Cogni- tion & Emotion, 1-8. Raihani N., Bell V. 2019. An evolutionary perspec- tive on paranoïa. Nature and Human Behavior, 3(2): 114–121. Reijntjes A., Vermande M., Thomaes S., et al. 2016. "Narcissism, Bullying, and Social Dominance in Youth: A Longitudinal Analysis". Journal of Ab- normal Children Psychology, 44:63–74. Reno W. 2011. “Warfare in Independent Africa.” Cambridge University Press. van Kleef G., ChengJ. 2020. “Power, status and hierarchy: current trends and future challeng- es.” Current Opinion in Psychology, Vol. 33, 23- 28. Watanabe N., Yamamoto M., 2015. “Neural Mech- anisms of Social Dominance.” Frontiers in Neu- roscience, Vol. 9, 154, 1-14. Witkower Z., Tracy J., Cheng J., Henrich J. 2019. “Two Signals of Social Rank: Prestige and Domi- nance Are Associated With Distinct Nonverbal Displays.” Journal of Personality and Social Psy- chology, 118(1). Annexes Figure 1: Levels of Submissive and Dominant behaviors Dominance 5 Sadism, cruelty, perversion 4 Violence for no apparent reason 3 Pleasure to destabilize 2 Self-pity, tendency to blame others 1 Flattery, seduction 0 Neutral attitude, Assertiveness Submission -1 Tendency to be obsessive, guilt -2 Servility, irrationalguilt -3 Superstition -4 Panic, fear of goingcrazy -5 Melancholicdepression
  • 12. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ Integration 5 Illumination, mysticism 4 Feeling of being able to communi- catewiththings 3 Feeling of being able to readthoughts 2 Perception of the meaning of things 1 Ease not applicable 0 Neutral attitude,Assertiveness Marginality -1 Discomfortwithoutobject, pushing to withdraw -2 Feeling of living separatlyfromothers -3 Misunderstoodmegalomaniac -4 Feeling of exclusion -5 Paranoïa, feeling of beingthreratened Manifestations of dominance To be distinguished from… Relationship to power Need to exercise more or less tyrannical power over others, over minorities, the most "fragi-lised" (because of their state, condition, etc.), through various means (finan- cial, sexual/sexual aggression, moral, physical aggression, theft, etc.). To be distinguished from simple leadership, which translates into a willingness to accompany the group towards a more sustainable and equitable balance. Relationship to the rules Need to violate them in the objectives of demonstrating "non-submissiveness"/or lack of docility and superiority to any form of power, low tolerance to frustration To be distinguished from the feeling of having to break the rules out of conviction or out of vital need (economic or other). Relationship to the constraint Cannot tolerate constraint, especially if it is intended to protect others To be distinguished from a true feeling of inequity Relationship to health Need to demonstrate one's strength and "invincibility" by exposing oneself to risks (tobacco, alcohol, drugs, viruses, etc.), and by ridiculing those who take precautions (thus inciting the most vulnerable to take risks) or seeking to discredit speeches inviting people to take precautions (whether scientific or authoritative). To be distinguished from the misunderstanding, lack of awareness or disbelief associated with a risk warning. Relationship to Privileges Need/pleasure to impose the fact of having more rights than duties, while seeking to impose more duties than rights on others. Assumed asymmetrical and unequal vision, often hidden for strategic reasons. To be distinguished from a form of blindness in the face of the needs of others, a lack of awareness, or a punctual and conjunctural need. Relationship to others Seduction, alternation of sympathy and antipathy in- tended to destabilize, pleasure in humiliating (especially the weakest or intelligent people), shameless lies, plea- sure in swindling and deception, excessive sensitivity to humiliation, lack of empathy, more or less obvious perver- sion, etc. To be distinguished from seduction intended to enter into an exchange with the other, to distinguish behaviour asso- ciated with revenge and resentment, to distinguish from the difficulty of resisting one's desires, etc. Figure 2: Levels of Marginality and Integration Behaviors Table 1: Behavioural Manifestations of Dominance, and Behaviours to Distinguish from Dominance
  • 13. The International Panel on Behavior Change (IPBC) – is an international panel of professionals aiming to summarize, produce, and share knowledge that will enable changing human behaviors, necessary to turn the tide on the impeding climate and biodiversity crises. More details can be found on our website - https://www.ipbc.science/ Manifestations of submission To be distinguished from… Relationship to power Difficulty accessing the sense of legitimacy that relates to any form of power, responsibility or decision-making / tendency to consider that the dominant is "right" or more able to think and decide - outside of any argumentation A form of modesty Relationship to the rules Tendency to be scrupulous in respecting the rules, fear of ma- king mistakes (especially if they lead to consequences for others, especially the dominant), tendency to guilt To be distinguished from a simple tendency to respect the rules of life in society, notably because of values, convictions, etc. Relationship to the constraint Resistant to constraint, sometimes imposes unnecessary cons- traints on itself out of scrupulousness To be distinguished from a personality with a taste for effort Relationship to health Cares less about his or her own health than the health of others, but may feel vulnerable to exposure to certain risks To be distinguished from a simple precautionary principle, a reasoned consideration of the risks, etc. Relationship to Privileges Tendency to impose, without realizing it, more duties than rights, blind asymmetrical and unequal vision in favor of the dominant one To be distinguished from a form of valorization of the gift of self, but which would be more in favor of the most vulnerable and destitute than the dominant ones Automatic Mental Mode mental Adaptive Mental Mode Routine: attraction for the habit, the known, the tradition, the standard, the mastery, the procedures Curiosity: openness to the unexpected, vigilance Perseveration: search for control, insistence in spite of the inefficiency of a strategy, defence of principles and rules before any other reflection. Cognitive Flexibility: ability to see a situation for what it is (rather than what you want it to be), in order to resolve it more quickly Simplification: adoption of a binary, trench, Manichean (true/false, black/white, etc.) view of a situation. Mechanism aimed at easier categoriza- tion and memorization, and less cumbersome processing than if one had to reconsider all the information of a situation each time it arises. Nevertheless, this simplification is reductive in nature and takes us away from reality. Nuanciation: a more subtle vision of the events, making it possible to consider gradients (more or less dramatic, more or less solvable, etc.), openness to further investigation or questioning to deepen the understan- ding of the situation and provide a solution. Certainties: tendency to consider that one's reflection is "true", belief that the world is limited to what we perceive of it, conviction that our perceptions are "all reality" Relativity: the ability to step back, to not be satisfied with what one per- ceives at first sight, to consider that each vision is relative, from one indivi- dual to another, from one situation to another, etc. Ability to consider short, medium and long-term consequences Empirism: search for the best known solution, a ready-made recipe that works from the very first try, without the need for more complex thinking. Logical thinking: rationalization, looking for logical links between causes and consequences (even if these links are unpleasant) Social desirability: tendency to think, decide, and act based on how others see us, on how we are perceived by others, rather than on what is relevant and reasonable to think, say, or do. Personal opinion: the ability to individualize one's thinking, to maintain the integrity of one's reasoning for solutions to a situation, to consider the logic of the arguments and information presented to me, to be open and fully consider the opinions of others without being conformist. Table 2: Behavioural Manifestations of Submission, and Behaviours to Distinguish from Submission Table 3: Cognitive functions associated to the adaptive and to the automatic mental modes