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Politiques urbaines
& biodiversité
Recueil d’actions
de villes et agglomérations
françaises et européennes
©LaurentGeslin
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Partenaires
Edition : Gilles Lecuir (Natureparif) +33 (0)1 75 77 79 00
Retranscription : Laurent Bonnafous +33 (0)6 98 51 83 00
Conception – Mise en page : PPC +33 (0)1 45 72 70 17
Impression : Lecaux-Ocep +33 (0)1 45 78 50 60. Imprimé avec des encres végétales sur papier Satimat Green
(60 % de fibres recyclées, 40 % de fibres vierges FSC), un papier certifié FSC, ISO 14001 et ISO 9001, pour une gestion durable des forêts.
Crédits photos : Natureparif, Jessica David, les intervenants et leur structure (sauf mention)
Directrice de la publication : Stéphanie Lux, Directrice de Natureparif.
Paris, avril 2012.
Ce recueil est disponible en téléchargement sur www.natureparif.fr
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Politiques urbaines et biodiversité
La biodiversité et les écosystèmes sont à la base de notre alimentation, de notre santé et de nos activités. Ils
sont le gage du bon fonctionnement et de l’équilibre dynamique de notre planète. Durant plusieurs décennies,
les villes se sont développées en faisant abstraction de la nature qui les entourait. L’étalement urbain,
l’imperméabilisation des sols, la gestion intensive des espaces… sont autant de causes d’érosion de la
biodiversité dans les villes. Ce fonctionnement n’est pas viable et est synonyme de surcoûts pour les
collectivités sur le long terme. Les dépenses en frais de santé, de dépollution, de renaturation, de reconfi-
guration urbaine sont la conséquence de la disparition de la végétation, de la fermeture des sols, de la fuite
des pollinisateurs… qui assurent en temps normal d’innombrables services à la collectivité.
En ces temps de crises, élus et techniciens ont la responsabilité d’investir sur le long terme dans ce potentiel
naturel et de mettre en œuvre des politiques d’écologie urbaine pour assurer le retour du bon fonctionnement
des écosystèmes, et favoriser ainsi le bien-être et la santé de leurs citoyens. La ville doit devenir un écosystème
à part entière dans lequel la biodiversité est un élément clé de son fonctionnement.
Les villes ont un rôle majeur pour enrayer le recul accéléré de la biodiversité. Sur leur propre territoire, en y
renforçant la place de la nature, en évitant de s’étaler sur les espaces naturels, en sensibilisant les citadins
(75 % de la population en France). Au-delà de leur territoire, afin de réduire leur empreinte écologique en
favorisant notamment le développement de circuits courts, l’usage de matériaux renouvelables…
Vous trouverez rassemblés dans ce recueil des exemples d’actions de villes et agglomérations françaises
mais aussi suisses, belges ou allemandes. Il a été réalisé dans le cadre de la Rencontre organisée par la
Mairie de Paris et Natureparif avec de nombreux partenaires le 24 janvier 2012, à l’auditorium de l’Hôtel de
Ville de Paris. Cette rencontre s’inscrivait dans l’engagement pris par les organisateurs et leurs partenaires
à contribuer au Plan d’action sur les villes et la biodiversité approuvé à Nagoya en octobre 2010.
Ce document regroupe le compte-rendu détaillé des interventions réalisées lors de la rencontre ainsi que
quelques-uns des échanges entre participants, et des fiches décrivant de manière plus synthétique d’autres
actions exemplaires des villes et agglomérations françaises et européennes.
Nous sommes persuadés qu’il vous sera utile et que ces expériences éclaireront votre propre action en faveur
de la biodiversité.
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
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SOMMAIRE
PRÉAMBULE.......................................................................................................................................................................... 3
Anne HIDALGO, Première adjointe au Maire de Paris .............................................................................................................. 6
Liliane PAYS, présidente de Natureparif .................................................................................................................................... 8
Didier BABIN, administrateur principal du programme biodiversité pour le développement et l’éradication
de la pauvreté, secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), a donné lecture du message
du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) ......................... 10
INTRODUCTION .............................................................................................................................................................. 13
LA BIODIVERSITÉ ET LES ÉCOSYSTÈMES SONT ESSENTIELS AU BON FONCTIONNEMENT DES VILLES ................................. 15
Jacques WEBER, anthropologue et économiste ....................................................................................................................... 15
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE ........................................................................ 19
MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME............................................... 21
La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes ................................................................................. 21
CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN............................................................................................................... 25
Le coefficient de biotope par surface à Berlin (Allemagne) ..................................................................................................... 25
L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne ...................................................................................................................... 29
Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris » ........................................................................................................ 33
Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement) à Montpellier........................... 35
TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER
LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE........................................................................ 37
RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS ................................................................................ 39
L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich (Allemagne) ....................................................................................... 39
Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genève (Suisse) ................................................................................... 43
La restauration et la gestion des barthes de la Nive : la Plaine d’Ansot à Bayonne................................................................. 45
Bassin versant de la source d’Arcier : diminution de l’emploi des pesticides et développement
de l’agriculture biologique à Besançon...................................................................................................................................... 47
La Prairie Saint-Gouesnou dans l’agglomération brestoise ..................................................................................................... 49
Recréation de milieux humides en lieu et place d’une ancienne station d’épuration dans l’agglomération nantaise............ 51
MULTIPLIER ET DÉCLOISONNER LES LIEUX DE VÉGÉTATION ..................................................................................................... 53
La trame verte et bleue dans l’aire urbaine de Strasbourg ...................................................................................................... 53
La trame verte et bleue dans l’aire urbaine de Bruxelles (Belgique) ....................................................................................... 57
La trame verte et bleue « cœur d’agglomération » dans l’agglomération dunkerquoise........................................................ 61
Mise en œuvre de la trame verte et bleue métropolitaine lilloise............................................................................................. 63
Schéma de réseau vert et stratégie de gestion des friches et délaissés urbains à Montpellier.............................................. 65
Renaturation de l’espace de la Grande Plaine à Toulouse ........................................................................................................ 67
Mesure d’aménagement paysager du schéma d’agglomération franco-valdo-genevois (France et Suisse) ......................... 69
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
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3
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
REDUIRE L’EMPREINTE DES VILLES SUR LA NATURE ET LA BIODIVERSITÉ .... 71
CIRCUITS COURTS .......................................................................................................................................................................... 73
Valorisation des friches agricoles, économie de proximité et circuits courts dans l’agglomération nantaise ........................ 73
Programme d’interventions pour le développement d’une agriculture urbaine dans l’agglomération bordelaise................. 77
Le projet de construction écologique ECO46 à Lausanne (Suisse) ........................................................................................... 79
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE INTERNATIONALE.................................................................................................................... 81
L’Alliance mondiale des villes et gouvernements pour sauver la biodiversité de la région méditerranéenne ....................... 81
Grenoble et la protection de la ceinture verte de Ouagadougou (Burkina-Faso) ..................................................................... 83
Coopération décentralisée entre la Ville de Paris et la Wilaya d’Alger (Algérie) ..................................................................... 85
DES OUTILS POUR LA BIODIVERSITE................................................................................................... 87
Focus sur le Plan Biodiversité de la Ville de Paris .................................................................................................................... 89
L’exemple de l’Index de Singapour : 23 indicateurs de biodiversité. Le témoignage de la Ville de Montpellier ..................... 93
Conseil de la biodiversité de la Ville de Nantes......................................................................................................................... 97
Plan d’actions Biodiversité de la Ville de Montpellier ............................................................................................................... 99
Plan Biodiversité de la Ville d’Orléans..................................................................................................................................... 101
CLÔTURE ............................................................................................................................................................................ 103
Christophe LEFEBVRE, président du Comité français de l’Union internationale
pour la Conservation de la nature (UICN) ............................................................................................................................ 105
DÉCLARATION ............................................................................................................................................................... 107
Les représentants de l’AMF, l’AMGVF, l’AdCF et l’ACUF .......................................................................................................... 109
REMERCIEMENTS ....................................................................................................................................................... 112
Liste des intervenants.............................................................................................................................................................. 112
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©LaurentGeslin
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PRÉAMBULE
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
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INTERVENANTS
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Bien que Paris soit l’un des territoires les plus denses au monde, Paris a fait de l’écologie urbaine un des piliers
de sa politique. Après adoption de son nouveau Plan de déplacement urbain, la Ville a dans un premier temps
abordé la biodiversité au travers de son Plan Climat. Mais l’action s’est accélérée à partir de 2007 à travers la
création de nouveaux parcs. En 2011, le Conseil de Paris a adopté le Plan Biodiversité de Paris qui prévoit la
mise en place d’un observatoire et l’intégration de la dimension de la biodiversité spontanée dans toutes les poli-
tiques et directions sectorielles grâce à l’engagement du tissu associatif. Le renforcement des corridors – dont
celui, majeur, de la Seine – et l’intégration du vivant aux bâtiments en projet, mais aussi au bâti existant font
partie des axes structurants visant à rendre la capitale française perméable à une biodiversité qui doit être accessible
à la population. Cet effort dépasse naturellement les limites de la commune et nécessite un dialogue avec l’État et
les autres collectivités limitrophes.
Paris est engagée depuis longtemps dans le combat pour la biodiversité. Dès 2001, la nouvelle équipe
municipale a fait de l’écologie urbaine un pilier de l’action de la Ville. D’abord en partant du lien entre
environnement et santé publique, tout d’abord en ce qui concerne les effets de pollution de l’air, notamment
sur la santé des enfants et des personnes âgées ou atteintes de troubles respiratoires. Un plan de déplace-
ment urbain a été élaboré, privilégiant les transports collectifs moins polluants. Sur la base du bilan carbone
de Paris effectué en 2005, un débat citoyen a été organisé autour du futur Plan Climat de Paris, au cours
duquel la question de la biodiversité a largement été évoquée.
C’est sous l’impulsion de Fabienne Giboudeaux, Adjointe au Maire de Paris en charge des Espaces verts lors
de cette seconde mandature, que la biodiversité est devenue un élément structurant de la politique de Paris.
Cela n’est pas simple dans notre ville, qui est dense. Nous avons pourtant créé 32 nouveaux hectares
d’espaces verts durant la première mandature et 30 durant la deuxième.
Mais comment faire en sorte que les espèces d’Île-de-France se développent à Paris ? Le travail effectué avec
les associations nous a permis d’effectuer un pas supplémentaire. Un observatoire de la biodiversité est
Anne HIDALGO
Première adjointe
au Maire de Paris
Regroupant 2,2 millions d’habitants
sur 105 km2
, Paris est l’une des plus
petites et plus denses villes du
monde. La Seine s’impose comme
son corridor écologique majeur,
que la Ville de Paris entend mieux
connaître et soutenir tout en
multipliant les connexions à
l’échelle de mailles très fines.
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actuellement mis en place, mais il a aussi fallu intégrer l’impératif de la biodiversité dans les politiques
structurantes de la Ville, donc dans les outils et choix d’urbanisme. Ceci est difficile, car il faut affronter les différences
entre les cultures des métiers du bâtiment et de la nature, qui ne communiquent pas spontanément.
Il fallait donc aussi travailler sur la dimension métropolitaine, car la nature ignore les frontières adminis-
tratives. Un travail va donc été effectué sur les corridors écologiques de toutes tailles qui permettent au
déplacement aux espèces de ne pas être entravées dans leur déplacement par les activités humaines.
Paris souhaite reconquérir les voies sur berges – qui forment aujourd’hui une autoroute urbaine située dans
un site magnifique classé au patrimoine mondial de l’Unesco – pour profiter d’un espace de respiration, de
détente, de promenade et d’échange, en même temps que de circulation de la biodiversité. De fait, ce projet
est aujourd’hui bloqué par une décision du Premier ministre. La Ville analyse la solidité de cette décision sur
le plan juridique, mais ne renoncera pas du point de vue politique et dans son action auprès des citoyens de
Paris, puisqu’il s’agit d’un des espaces exceptionnels à reconquérir, notamment du point de vue de la nature
et de la pédagogie qui doit l’accompagner.
La Ville travaille aussi un plan sur l’intégration de la nature aux bâtiments. Un plan de développement des
toitures végétalisées est ainsi en élaboration. Les cahiers des charges de la plupart des projets actuels de
bâtiments publics intègrent cet élément. Mais cela concerne aussi les bâtiments des années 1960 et 1970,
dont les toits plats se prêtent souvent à la réalisation de terrasses végétalisées. Au-delà de l’impact sur
l’absorption du carbone et l’intérêt paysager, nous voulons que les Parisiens puissent y accéder. C’est pourquoi
nous préparons des projets de jardins partagés situés sur les toits des immeubles. Ces projets constituent
l’un des volets du plan Biodiversité de la Ville de Paris.
www.paris.fr
PRÉAMBULE
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
©LaurentGeslin
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INTERVENANTS
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
En milieu urbain, la gestion écologique des espaces verts joue un rôle positif déterminant sur la biodiversité. C’est
pour encourager ce mouvement que Natureparif, avec l’association Plante & Cité a créé le label Ecojardin,
référence de gestion écologique des espaces ouverts au public. L’agence organise par ailleurs le concours annuel
Capitale française de la biodiversité qu’elle organise et qui permet aux collectivités de partager leurs actions
concrètes en la matière. Il constitue un excellent outil de sensibilisation interne et externe et mettra cette année
l’accent sur les relations entre biodiversité et citoyenneté. Car seule la mutualisation des meilleures pratiques
permettra l’amélioration rapide des politiques et de leurs impacts.
L’intérêt croissant de nombreux élus et techniciens des collectivités pour la biodiversité témoigne de la
prise en compte de notre sujet.
Cette prise de conscience, Natureparif, agence régionale pour la biodiversité et la nature en Île-de-France, la
constate au quotidien. Natureparif, créée en 2008 et première de son genre en Europe, est entièrement dédiée
à l’observation et à la défense de la nature et de la biodiversité. De statut associatif, elle regroupe l’État,
la Région, les collectivités locales, les associations de protection de l’environnement, les établissements
d’enseignement supérieur et de recherche, les chambres consulaires, les fédérations professionnelles et les
entreprises publiques et privées. Ces partenaires débattent, mais surtout agissent pour la biodiversité.
Notre agence vient de publier pour la deuxième année un état des lieux de la biodiversité en Île-de-France,
spécialement consacré à la mesure de la résilience de la nature francilienne : grâce aux données recueillies
au travers des programmes de science participative, nous démontrons que l’abondance en papillons double
dans les parcs et jardins gérés sans pesticide. La gestion écologique des espaces verts est donc cruciale.
Natureparif a aussi établi la cartographie des pratiques des collectivités franciliennes en matière d’usage des
pesticides dans les espaces dont elles sont responsables. Ces pratiques ont été identifiées dans 44 % des
1 281 communes : 72 % d’entre elles ont cessé d’utiliser des pesticides dans les espaces verts. La plupart
des grandes collectivités, mais aussi de plus modestes, a pris le virage. Il faut désormais les accompagner
pour qu’elles aillent au bout de leur démarche, et pour faire en sorte qu’elles soient comprises et acceptées
par les habitants.
C’est pourquoi l’association Plante & Cité a créé le label Ecojardin en partenariat avec neuf grandes villes
dont Paris et Montpellier, mais aussi un maître d’ouvrage privé, plusieurs réseaux professionnels, ainsi que
Liliane PAYS
Présidente de Natureparif
Le concours Capitale française
de la biodiversité organisé par
Natureparif chaque année
permet d’identifier et de valoriser
les meilleures pratiques de
nombreuses collectivités.
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page8
le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Nouvelle référence écologique de gestion des
espaces verts, ce label est à la fois un outil technique et d’aide à la décision, mais aussi un formidable outil
de communication auprès du public. Le groupe de travail qui a créé Ecojardin a choisi Natureparif pour
l’animer au niveau national en s’appuyant pour cela sur des audits réalisés par des experts indépendants à
partir du printemps 2012.
Notre agence est très fière de ce partenariat qui nous aide à faire progresser la cause de la biodiversité
en ville, pour que demain, le plus grand nombre de parcs et jardins français, mais aussi de cimetières et
d’espaces naturels, puisse arborer le label Ecojardin.
Une autre façon de faire connaître les actions des collectivités françaises est le concours Capitale française
de la biodiversité. En 2010 et 2011, celui-ci, porté par Natureparif dans le cadre d’un programme européen,
a rencontré un très fort succès et permis de valoriser les actions concrètes de nombreuses collectivités. Il a
aussi permis de recueillir les meilleures pratiques dont un certain nombre figurent dans ce recueil d’actions
et de témoigner au niveau européen et international du dynamisme des collectivités et autorités locales pour
la biodiversité.
Il faut plus que jamais continuer à faire connaître et comprendre l’action des collectivités de France et
d’Europe, car c’est à partir de la mutualisation des connaissances et des expériences que peut naître un
changement rapide. C’est d’une évolution positive, constructive et urgente des pratiques collectives dont la
biodiversité a besoin – dans nos villes et agglomérations, mais aussi, au-delà, par leurs impacts au-delà de
leurs territoires.
www.natureparif.fr
PRÉAMBULE
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
©LaurentGeslin
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INTERVENANTS
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Dans le cadre de l’extinction accélérée des espèces et du changement climatique, l’impact de l’urbanisation
croissance de la Terre sera l’élément déterminant du maintien des écosystèmes et des services qu’ils rendent. La
responsabilité des autorités locales est multiple en raison de leur capacité à atteindre des résultats tangibles et à
convaincre les autres niveaux de gouvernance. C’est pourquoi le premier Sommet des Villes de Nagoya, en 2010,
a adopté un Plan d’action spécifique à l’attention des autorités locales de tous rangs. À l’exemple de la création
récente du réseau des Villes méditerranéennes pour la biodiversité, leur contribution sera essentielle pour l’atteinte
des objectifs d’Aichi. Alors que la CDB prépare une Initiative Régions et Biodiversité, la mobilisation des autorités
locales, grâce aux efforts de Natureparif et de la Ville de Paris, est particulièrement bienvenue. Cette action sera
partagée, comme celle d’autres villes, lors du Sommet de Hyderabad, qui aura lieu en octobre 2012 en Inde.
La biodiversité, c’est la vie. La biodiversité, c’est notre vie. Tel a été le slogan de la célébration, en 2010, de
l’Année internationale de la biodiversité. Cependant, la biodiversité connaît à présent un taux d’extinction
inégalé, qui serait peut-être mille fois supérieur à celui du taux naturel de disparition des espèces animales
et végétales. Aucun pays, aucun écosystème n’est épargné. L’utilisation de l’espace, tout comme les change-
ments climatiques et les espèces envahissantes, constitue une cause majeure de la disparition de la biodi-
versité, érodant ainsi la capacité de la planète à fournir les biens et services essentiels à la survie de
l’Humanité.
En effet, l’urbanisation de notre planète est un phénomène inéluctable. En 2050, plus des deux tiers de
l’humanité vivront dans les villes. L’avenir de la biodiversité se joue donc dans les villes d’aujourd’hui et de
demain. Les autorités locales représentent le niveau de gouvernance le plus proche des populations. Planifi-
cateurs de l’aménagement du territoire, responsables, promoteurs et gestionnaires des infrastructures locales
ont tous un rôle essentiel à jouer dans la gestion de la biodiversité, cruciale pour la réalisation du développe-
ment durable. Les actions locales ont la capacité de mener à des résultats tangibles et positifs qui sauront
convaincre nombre d’acteurs de la nécessité de s’engager. Elles envoient aussi aux autres instances de
Didier BABIN
Administrateur principal du programme biodiversité pour le développement et l’éradication
de la pauvreté, secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB),
a donné lecture du message du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrétaire exécutif
de la Convention sur la diversité biologique (CDB)
Plus de 200 élus et techniciens de
villes et agglomérations françaises,
européennes et même canadiennes
étaient réunis le 24 janvier 2012,
à l’Hôtel de ville de Paris pour
la rencontre « Politiques urbaines
et biodiversité ».
©J.DAVID
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gouvernement un message sur la nécessité d’agir en synergie pour le bien-être de la planète. C’est pour cela
que le secrétariat de la CDB a lancé dès mars 2007 son initiative sur les villes et la biodiversité, qui a été
couronnée en octobre 2010 par la tenue du premier Sommet des villes et de la biodiversité à Nagoya (Japon),
en présence de plus de 650 représentants de municipalités, dont 200 maires.
Cette rencontre historique s’est soldée par l’adoption d’un plan ambitieux, ainsi que par l’établissement d’un
partenariat stratégique entre les décideurs politiques nationaux représentés par plus de 120 ministres de
l’Environnement et les autorités municipales. Le 29 octobre 2010, le Plan d’action sur les gouvernements
subnationaux et les villes et autres autorités locales pour la biodiversité a été adopté par les 18 600 partici-
pants au Sommet, représentant les 193 États parties à la CDB et leurs partenaires.
Ce plan prévoit le renforcement des capacités, la diffusion des meilleures pratiques, et encourage les gouver-
nements nationaux à collaborer et à soutenir les efforts des gouvernements subnationaux, des villes et des
autres autorités locales pour la mise en place de plans et de stratégie d’action locaux. S’appuyant sur les
expériences et les leçons tirées par les grandes villes et les États, il inclut des recommandations aux États
sur la façon de mobiliser et de coordonner les actions locales sur la biodiversité.
Le plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 comporte 20 objectifs ambitieux dits objectifs d’Aichi – du
nom de la préfecture japonaise qui accueillait le Sommet. Les autorités locales ont un rôle majeur à jouer
pour les atteindre avant 2020. Outre leur rôle dans le cadre du premier objectif – sensibiliser tous les citoyens
de la planète à l’importance de la protection de la biodiversité – les acteurs locaux seront la clé du succès
pour l’atteinte des objectifs concrets visant à minimiser l’impact de l’activité humaine sur la biodiversité, gérer
durablement l’utilisation des terres et des ressources naturelles renouvelables, éduquer le public et les
citoyens de demain à consommer de façon soutenable et engager un maximum d’acteurs dans la lutte contre
la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes.
En ce début de la décennie des Nations unies pour la biodiversité, il est temps de passer à l’action. La France
est au premier rang des partenaires de ce plan d’action.
La ville de Montpellier a accueilli en début janvier 2011 la première rencontre internationale de l’initiative
Villes et biodiversité, puisque durant une semaine. Puis, en janvier 2012, les maires et autorités de villes du
pourtour méditerranéen y ont travaillé pour favoriser les cohérences et les synergies entre les actions locales,
nationales et internationales.
En France, les multiples niveaux de gouvernement travaillent déjà ensemble pour mettre en œuvre des plans
d’action cohérents et complémentaires avec les objectifs nationaux et internationaux pour la biodiversité. Le
soutien du gouvernement français à cette entreprise ne peut que servir de modèle à l’ensemble des parties
à la CDB. Je souligne aussi le rôle stratégique du Comité français de l’UICN, qui, outre son implication dans
l’Initiative Villes et Biodiversité de la CDB, a su contribuer à l’intégration des autorités régionales et subna-
tionales à l’initiative, en faisant une démarche de plus en plus inclusive et globale. D’ici à quelques mois, la
CDB établira les bases d’une Initiative Régions et Biodiversité, en soutien à ce mouvement, favorisant l’action
pour la biodiversité à tous les niveaux de gouvernance.
PRÉAMBULE
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
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La rencontre de janvier 2012 sur les « Poliques urbaines et la biodiversité » représente une étape importante
et historique vers l’adoption d’une approche cohérente et rassembleuse en matière de protection de la biodi-
versité pour toutes les collectivités françaises : régions, départements, intercommunalités et communes.
Le développement de Stratégies et de plans d’action nationaux et locaux pour la biodiversité en France
correspond à un mouvement global qui incite toutes les parties à la CDB à utiliser ses outils comme des
instruments d’intégration des objectifs d’Aichi dans la comptabilité nationale, dans tous les secteurs écono-
miques, et dans les processus liés à la planification.
Je tiens à féliciter la Ville de Paris et Natureparif pour leur rôle moteur.
Le tout nouveau plan Biodiversité de la capitale française, adopté le 15 novembre 2011 par le Conseil de Paris,
la porte au rang des premières grandes métropoles à se doter d’un tel outil pour protéger la nature en ville,
et au cœur duquel se trouve la participation civile et citoyenne. Je salue tout particulièrement les initiatives
Trame verte et bleue, visant à réaliser d’ici à 2011 l’aménagement du talus et des passerelles du Périphérique,
et à localiser les propriétés foncières de la Ville de Paris, les voies de chemin de fer, les canaux, les aqueducs,
pour les intégrer au maillage écologique de la métropole : la petite ceinture, visant à végétaliser l’ensemble
des abords des équipements sportifs et des cimetières, ainsi que son projet de végétalisation de plus de
sept hectares nouveaux de toiture, dont 15 nouveaux jardins en terrasse.
Au niveau régional, Natureparif a su rallier un vaste ensemble d’acteurs-clés à travers ses programmes
participatifs. Observatoire de la biodiversité, mais aussi plateforme d’échanges entre les acteurs, l’agence a
su tracer la voie à de nombreux projets exemplaires.
L’expérience de Paris, comme celle d’autres villes du monde, sera détaillée dans le rapport mondial de la
CDB sur l’état des villes et la biodiversité, premier du genre, qui sera soumis au Sommet des villes et de la
biodiversité, à Hyderabad (Inde), les 15 et 16 octobre 2012. Je vous invite tous à y apporter votre contribution
et à prendre part à ce Sommet, organisé en parallèle de celui des autorités provinciales et régionales, et qui
sera suivi de la réunion ministérielle de la onzième rencontre des parties de la CDB, que l’on aime à nommer
la Convention de la vie sur Terre.
www.cbd.int
INTERVENANTS
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page12
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
INTRODUCTION
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©LaurentGeslin
001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:20 Page14
La biodiversité et les écosystèmes sont essentiels
au bon fonctionnement des villes
Les villes sont des écosystèmes très performants, puisqu’elles puisent leurs ressources aux quatre coins de la planète
et non sur leurs propres territoires. Cela leur confère une responsabilité écologique majeure qu’elles doivent
reconnaître au travers de leurs politiques publiques et de leurs actions de solidarité internationale. Si la séparation
entre culture et nature est plus ou moins marquée selon les pays, et il n’en reste pas moins que les villes restent
dépendantes de leur environnement plus ou moins immédiat pour la fourniture de services essentiels tels que l’épu-
ration de l’eau ou de l’air. En outre, ces services écosystémiques sont inséparables les uns des autres et ne peuvent
donner lieu à la fixation d’un prix, même si leur maintien occasionne des coûts. Des villes telles que Munich
(Allemagne) ou Berne (Suisse) ont historiquement su cultiver une très forte intrication entre milieux urbains et
naturels, ce qui permet à leurs habitants de disposer d’une très bonne qualité de vie, mais aussi de ressources telles
que l’eau potable de qualité à d’excellentes conditions économiques. À l’inverse, l’esprit français a souvent eu
pour conséquence l’exacerbation de la coupure entre culture et nature. Ce point est nettement perceptible dans les
modes d’organisation des villes nouvelles d’Île-de-France, mais il n’empêche pas qu’un nombre croissant de villes
françaises développent des politiques courageuses en matière de défense et de restauration de la biodiversité.
Les villes peuvent être considérées en tant qu’écosystèmes « glocaux », c’est-à-dire appuyé sur l’intrication
du local et au global auquel renvoie ce néologisme d’origine brésilienne. Ainsi, lors d’une visite à
Montréal, mes collègues québécois ont tenu à me faire connaître l’existence d’un circuit court. Il s’agissait en
l’occurrence d’une production de tomates sous des serres situées en banlieue ; mais après discussion avec
les producteurs, il s’est avéré que les graines, achetées à Paris, sont produites en Chine, et que les fibres de
coco formant le substrat de culture proviennent du Sri Lanka...
La biodiversité est un mot nouveau désignant le monde vivant, qui est constitué d’une multitude d’interactions
dynamiques entre des espèces et organismes multiples inscrits dans un milieu lui-même évolutif. Il n’existe
dans la nature aucun équilibre, mais un perpétuel changement. Cette diversité est si générale que l’économiste
ne peut en situer les contours. Le petit déjeuner servi ici ce matin est entièrement issu du vivant et ne pourra
être digéré par chacun de nous que grâce à la collaboration des quelques 1,5 kg de bactéries qu’il héberge, et
dont des milliards auront été échangés entre les participants, en toute convivialité, au cours de la journée.
La ville est un écosystème particulièrement performant, puisqu’il se rend indépendant du milieu où elle se
fonde, en puisant à des distances extrêmement lointaines les ressources qui sont l’objet, non de son besoin,
mais essentiellement de ses désirs : pétrole provenant du Moyen-Orient, produits électroniques d’Asie du
Sud-Est, produits alimentaires tropicaux, etc.
Jacques WEBER
Anthropologue et économiste
INTRODUCTION
15
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:15 Page15
Mais depuis le milieu du XIXe
siècle, la ville se construit aussi sur le fondement d’une séparation entre l’Homme
– ou la culture – et la nature. Les scientifiques considèrent à présent cette séparation obsolète et y substituent
la différence entre humain et non-humain. Cette séparation est perceptible dans nos villes, et l’une des façons
de la dépasser est de s’appuyer sur la notion de service écosystémique formalisée en 2005 par l’Évaluation
des écosystèmes pour le millénaire. Alors que l’on entend souvent parler de services fournis par la nature –
ce qui correspond, au fond, au projet visant à leur attribuer des prix – la définition initiale stipule qu’il s’agit
des services dont les êtres humains bénéficient gratuitement du seul fait de leur appartenance aux écosys-
tèmes. Le problème concret consiste à évaluer les coûts de maintenance ou de restauration de la disponibilité
de ces services, qui, seule, intéresse les sociétés humaines. Ces services ont été répartis en quatre grandes
catégories :
– service d’autoentretien : cycle des nutriments, fertilité des sols, production primaire, etc.,
– services de régulation : climat, purification de l’eau et de l’air, contrôle des maladies grâce à la biodiversité ;
– services d’approvisionnement : alimentation, eau, fibres, etc.,
– services culturels : support de la vie spirituelle, de récréation, de poésie, de créativité.
Ce concept de service écosystématique va devenir de plus en plus important du point de vue politique. Il y a
fort à parier qu’au terme de la décennie à venir, la jouissance de ses services passera de plus en plus par la
pénalisation de leur dégradation ou par la rémunération de leur maintien ou de leur restauration. Cette logique
est déjà inscrite dans certaines des décisions de l’Union européenne, et il est peu probable qu’un retour en
arrière se produise.
L’exemple le plus souvent cité concernant l’épuration de l’eau est celui de la Ville de New-York, mais la Ville
de Munich obtient une eau potable de très haute qualité sans aucun traitement grâce à l’entretien minutieux
des écosystèmes des trois vallées qui l’alimentent. Ceci à des coûts très bas – 2,74 euros/m3
– grâce à
l’entretien des forêts et au soutien à l’agriculture biologique en amont. Paris capte son eau de grande qualité
dans un bassin de 200 km autour de la ville obtient un prix de 2,92 euros/m3
, ce qui est le prix le moins élevé
des grandes villes françaises, mais elle n’a pas atteint le niveau de Munich.
Par ailleurs, les arbres urbains sont le plus souvent considérés comme du papier peint et non en prenant en
compte leurs fonctions écologiques. Or, la respiration des arbres filtre les particules. C’est un rôle souvent
négligé dans les villes, où il suffit de trois jeunes arbres de 5 mètres de diamètre par habitant pour épurer
l’air.
Dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines comme
ailleurs, l’architecture de la fin des années 1970 était entière-
ment minérale. Des touffes de végétaux et bassins d’agrément
dont la vie est absente ont été disposés dans cette architecture,
mais sont totalement séparées de la trame du vivant. Les jardins
du château de Villandry témoignent aussi de la séparation entre
nature et culture, puisque les carrés de légumes sont séparés
les uns des autres, ce qui est typique de la volonté d’ordre et de
séparation radicale entre le bon grain de l’ivraie, qui a longtemps
été celle de l’agronomie.
INTERVENANTS
16
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Les aménageurs successifs de Berne,
la capitale de la Suisse, n’ont jamais rompu
les continuités qui relient le milieu urbain
aux écosystèmes ruraux et forestiers
environnants.
©GFDL
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Il serait au contraire envisageable de remplacer certaines fleurs d’ornement des villes par des légumes, en
renversant le propos d’Alphonse Allais, qui voulait « construire des villes à la campagne » : certaines villes l’ont
fait : ainsi, dans le centre-ville de Berne, capitale confédérale de la Suisse, il est très difficile de distinguer
les sites urbains ou non, l’entretien végétal étant tel que la ville donne l’impression de ne jamais avoir été
aménagée.
Berne toute entière forme une immense trame verte et bleue et comporte de nombreux sentiers d’allure
forestière. Il en va de même dans les quartiers modernes, où les bassins de récupération des eaux jouent un
rôle de filtration. La logique est la même à Zurich. C’est pourquoi il serait très intéressant que des élus français
aillent rencontrer leurs homologues, qui se sont contentés de poursuivre et de maintenir depuis des siècles
des modes de pensée et de gestion dans lesquels la ville n’est pas séparée de la nature. Des villes françaises
telles qu’Angers ou Lyon ont lancé des démarches de ce type, et la Région Île-de-France s’est impliquée dans
un groupe de métropoles visant à aboutir à un classement en tant que réserve de biosphère urbaine, tout
comme Fontainebleau.
Un discours de plus en plus courant tend néanmoins à faire croire que les politiques publiques feront en sorte
de conserver tel ou tel service écosystémique, alors qu’il est impossible de séparer les fonctions assurées
par les associations entre espèces. Un autre discours laisse entendre que les trois piliers du développement
durable (écologique, économique et social) doivent être équilibrés. Or, cela n’est pas sa véritable logique.
INTRODUCTION
17
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Berne : la voirie et les logements sont mêlés aux milieux boisés et prairials et ne s’opposent pas à la circulation des espèces.
©GFDL
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Alors qu’avant l’apparition de ce concept, les impacts d’un aménagement réalisés « ici et maintenant »
n’étaient évalués qu’« ici et maintenant », l’application du développement durable signifie qu’il a aussi évaluer
ce qu’une action produira dans le futur, mais aussi ailleurs.
Car le fonctionnement des villes a des impacts dans le pays du monde où elles puisent leurs ressources, ce
qu’elles doivent au moins compenser sous la forme d’action de solidarité internationale. Ceci est confirmé
par des données produites par le WWF, qui montrent que les pressions exercées par les écosystèmes du
monde croissent de façon exponentielle en fonction des revenus : un pygmée du Cameroun m’expliquait ainsi
que les Blancs qui se rendent dans sa forêt lui affirmait que sa biodiversité était très riche, mais que lui-
même est très pauvre. C’est en effet la règle. Les programmes de lutte contre la pauvreté de la CDB devraient
attaquer ce phénomène.
Ainsi, la pollution du delta du Niger par le pétrole qui détruit les milieux naturels, l’agriculture et la santé
humaine, est causée principalement par Shell depuis des décennies. Or, Lawrence Summers – conseiller de
Bill Clinton puis de Barack Obama – considère que le coût de la production est fonction du prix de la vie des
personnes affectées. Il apparaît donc que celui de la vie d’un Nigérian est moindre que celui d’un Américain.
C’est un exemple des conséquences de la dépendance des écosystèmes urbains vis-à-vis d’autres écosys-
tèmes. Face à cette situation, il faut rappeler que contrairement à Descartes, le philosophe Francis Bacon
considérait que l’« on ne commande à la nature qu’en lui obéissant ».
Voir sa présentation sur :
www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains
18
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Jacques Weber :
« L’utilisation décorative
du végétal ne participe pas
à la biodiversité, mais
ressort de la logique
d’effets de mode pouvant
très rapidement se
retourner. Sur cet exemple,
les éléments vivants
sont enchâssés parmi les
matériaux inertes sans
la moindre solution de
continuité. »
©DR
INTERVENANTS
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1
CONCILIER NATURE
ET CROISSANCE URBAINE
La maîtrise de l’étalement urbain est aujourd’hui un enjeu qui nous concerne tous. Les villes ont sans cesse
besoin de nouveaux espaces pour construire et les milieux naturels en sont les premières victimes. Et pour-
tant, les espaces naturels apportent de nombreux services aux villes : ils filtrent l’eau, purifient l’air, réduisent
les îlots de chaleur… Comment les villes peuvent-elles concilier les deux ? La croissance urbaine ne peut être
durable sans inventivité et innovation pour restaurer la nature dans les villes, aussi bien dans les espaces
extérieurs que sur le bâti lui-même ! Il existe des outils d’aménagement et d’urbanisme que plusieurs
collectivités ont su modifier afin d’y intégrer ces nouveaux enjeux. D’autres ont même créé de nouveaux
mécanismes pour inciter les opérateurs à verdir leurs projets, des exemples à suivre…
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
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©LionelPagès
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1
La prise en compte de la biodiversité
dans le SCoT du Pays de Rennes
Rennes Métropole s’appuie sur une tradition de planification territoriale datant de plus 40 ans et qui a été étendue
au périmètre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Pays de Rennes. Un principe de développement en
archipel a été retenu pour concilier croissance urbaine, développement économique, cohésion sociale et préservation
de la biodiversité. Les contraintes environnementales ont été intégrées aux politiques sectorielles de l’agglomération
et la planification urbaine restreint les surfaces urbanisables pour laisser la place au développement des trames
vertes et bleues dont la maille la plus fine est celle des Milieux naturels d’intérêt écologique (MNIE) répertoriés
par le SCoT. Une partie correspond à des espaces agricoles périurbains qui sont protégés des pressions d’urbani-
sation. Le nombre et la localisation des MNIE évoluent dans le temps et sont protégés au niveau de la parcelle
dans les PLU communaux, les espaces à très forts enjeux devant très souvent être soumis à la maîtrise foncière
publique.
L’expérience rennaise démontre, à notre sens, qu’il est parfaitement cohérent d’articuler planification
urbaine et politique de biodiversité. La communauté d’agglomération Rennes Métropole regroupe
37 communes et 400 000 habitants répartis sur un territoire à 83 % agricole et détient notamment les
compétences de développement économique, d’aménagement, de transport et d’environnement. Ce territoire
est inclus dans celui du Pays de Rennes, sur lequel s’applique le Schéma de cohérence territoriale (SCoT),
et auquel appartiennent quatre communautés de communes regroupant 60 000 habitants répartis sur
113 000 hectares dont 75 % sont des espaces agricoles, 13 % des espaces naturels et 14 % d’espaces urba-
nisés.
La croissance urbaine est très forte et arrive au troisième rang en France. La population augmente de 1,6 %
par an depuis vingt ans et ce rythme ne devrait pas faiblir dans les prochaines décennies. Il faut donc écono-
miser l’espace, y compris pour que les activités économiques (TIC, agroalimentaire, etc.) puissent se déve-
lopper.
C’est pourquoi les autorités locales ont décidé de la mise en place d’un SCoT qui a succédé à un schéma
directeur et qui est donc ancré dans l’histoire du territoire depuis plus de 40 ans. Alors que la croissance était
au départ ciblé sur la ville-centre, des ceintures vertes ont été planifiées dans les années 1990. Le SCoT,
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION
ET D’URBANISME
21
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Bernard POIRIER
Président du SCoT, Vice-président de Rennes Métropole
chargé du Développement durable et de l’Environnement
001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 06/04/12 14:34 Page21
1 MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME
22
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes
qui concerne à présent 64 communes, tient désormais compte de polarités multiples et vise à concilier la
croissance de la population et du bassin d’emploi avec la qualité de son cadre de vie et avec le maintien de sa
cohésion et de sa mixité sociales.
Depuis l’origine, Rennes Métropole s’est organisée pour intégrer le développement durable et la dimension
environnementale dans ses politiques sectorielles. Les politiques menées visent à limiter la pression sur la
biodiversité et sur les espaces agricoles, dont la qualité des limons profonds est comparable à celle de la
Beauce ou de la Brie. Plus de mille agriculteurs y développement des productions très diverses. L’analyse
conduite ayant montré que les surfaces agricoles étaient en réduction, le SCoT actuel prévoit sur la base du
principe de la ville-archipel, de ne consommer que 5 700 hectares à des fins d’urbanisation (contre 6 600 dans
la version précédente) alors que la surface qu’il couvre a doublé.
Pour préserver la qualité de vie et la biodiversité, il faut mettre en cohérence les différentes échelles. Le SCoT
du Pays de Rennes a donc défini quatre niveaux de trames écologiques. La grande trame verte et bleue (mas-
sifs forestiers et fonds de vallées) est déclinée en niveaux de fonctionnalité beaucoup plus fins : des milieux
naturels d’intérêt écologique (MNIE) ont ainsi été inventoriés depuis plus de vingt ans. La deuxième réalisation
de cet inventaire, récente, montre que plus de 12 000 hectares (soit 11 % du territoire) et 480 sites sont
protégés au niveau de la parcelle. Identifiés par les PLU, ils jouent un rôle de milieux sources pour la trame
verte et bleue. Ces sites évoluent en permanence. Durant la dernière décennie, 15 MNIE ont disparu et
30 sont apparus. Les modalités d’entretien de ces milieux font l’objet d’un important débat au sein Rennes
Métropole. Certains terrains de traitement des eaux usées, par exemple, sont devenus des MNIE.
Les espaces agricoles en accueillent une partie. Le SCoT identifie sous le terme de « champs urbains » les
MNIE pouvant faire l’objet de fortes pressions urbaines. Ces espaces agricoles sont notamment protégés au
titre de leur participation à la préservation de la biodiversité. Ainsi, à Chartres-de-Bretagne, commune où se
trouve un site industriel automobile, le SCoT impose au PLU un droit de consommation maximum des espaces,
des taux de densité obligatoire (variant de 25 à 45 logements par hectare), un taux de renouvellement urbain,
Dans le cadre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT)
du Pays de Rennes (Ille-et-Vilaine), un atlas des milieux naturels
d’intérêt écologique (MNIE) a été établi en 2007 et révisé en 2011.
11 % du territoire du SCoT est strictement protégé et chaque
parcelle est identifiée par les Plans locaux d’urbanisme.
Cette carte permet de saisir les grandes cohérences écologiques
du territoire.
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page22
et des flèches orientant les possibilités d’urbanisation dans la poursuite de l’urbanisation actuelle. L’articu-
lation avec les autres politiques s’exprime au travers du renouvellement et de la densification des formes
urbaines, et la mise en cohérence des densités avec les schémas des transports, des services de proximité
et d’implantation commerciale.
La planification de Rennes Métropole articule ces différentes contraintes à l’échelle de chaque commune. Les
nombreux outils urbanistiques existants en France peuvent être mis en œuvre sur cette base. Notre métropole
a notamment développé une politique de création de réserves foncières dotée d’un budget de 15 millions
d’euros par an afin de protéger les espaces à enjeux. Mais il faut que chaque outil soit bien dédié à son échelle
et ne pas oublier que les rôles d’un PLU et d’un SCoT sont très différents, et en gardant notamment à l’esprit
qu’un SCoT trop prescriptif prend le risque d’une annulation par le tribunal administratif.
À l’échelle du PLU, plusieurs outils existent pour protéger les champs urbains, et il est même envisageable
de mettre en place des Périmètres de protection et d’aménagement des espaces agricoles (PAEN) et/ou
des Zones agricoles protégées (ZAP). En effet, tous les MNIE ne sont pas classés Zones naturelles d’intérêt
écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), mais certains peuvent l’être à terme, puisque les milieux
évoluent. Ainsi, à Mordelles, sur 13 MNIE, 3 ont disparu et 8 nouveaux sont apparus en dix ans entre les deux
23
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
Extrait du SCoT du Pays de Rennes. Pour la commune de Chartes-de-Bretagne, les champs urbains – espaces agricoles menacés –
sont indiqués en jaune. Les parcelles sont protégées grâce à une délimitation à l’échelle de la parcelle.
Les axes d’urbanisation préconisés par le SCoT sont matérialisés par les flèches rouges.
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page23
versions du SCoT. L’essentiel est de protéger ces espaces en connexion avec des milieux naturels de la
construction et de ne pas perdre de vue que la nature progresse d’elle-même : le nombre global des MNIE
est passé de 380 à 480 en 15 ans. Ceci étant, pour éviter les dérives, les espaces à enjeux doivent être soumis
à la maîtrise publique. Pour les communes, la seule façon de maîtriser les actes de promoteurs consiste à
devenir propriétaire des terrains ou à créer une SEM.
L’expérience montre qu’il n’est possible d’agir concrètement que dans le cadre de politiques qui mettent en
œuvre une logique d’horizontalité sur le terrain, et ce, dans la durée, en anticipant les évolutions. Les réussites
et les échecs du Pays de Rennes en témoignent clairement. Il faut aussi se souvenir que le partage est la
condition de la réussite du développement durable. C’est pourquoi Rennes Métropole s’efforce de toucher
l’ensemble des habitants à travers ses différentes politiques.
Voir sa présentation sur :
www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains
Pour en savoir plus :
www.paysderennes.fr
www.rennes-metropole.fr
Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Pays de Rennes (syndicat mixte du SCOT), composé de
cinq EPCI dont la communauté d’agglomération Rennes Métropole
Services de la collectivité associés : Pour Rennes Métropole : Direction Général Prospective et Développement
Durable - Direction de la Stratégie et du Rayonnement Métropolitain - Service Prospective, Évaluation
et développement durable - Pôle planification
Partenaires techniques : AUDIAR (Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération
Rennaise)
Date de début de l’action : Novembre 2003 : lancement de la révision du SCOT
Date de fin : Décembre 2007 : approbation du SCOT
1 MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME
24
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes
Une longue tradition de planification
SDAU 1974 – Une urbanisation continue
le long d’axes lourds de transport en
commun, type ville-nouvelle
SDAU 1983 – Le « SDAU vert des villettes » :
un développement équilibré sur l’ensemble
des communes dans la ceinture verte
SD 1994 – L’alternance et l’équilibre
entre la ville et la campagne, une
structuration autour de pôles d’appui
SCOT 2007 – Un changement d’échelle
et d’outils : la ville-archipel en réseau
©AUDIAR-ho-2008
Extension urbaine linéaire à partir du noyau urbain
Ceinture verte et corridors écologiques
Communes
Réseau rayonnant vers la ville centre
Ceinture verte et corridors écologiques
Villettes
Maillage de voiries structurant
Ceinture verte et corridors écologiques et secteurs
d’isolement paysage
Communes Pôles d’appui
Axe structurant des réseaux de communes
Agriculture préservée par la maîtrise de la consommation
d’espace
Pôles d’échanges/
« Champ urbain » réseau TC performants
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1
Le coefficient de biotope par surface à Berlin
La Ville de Berlin (Allemagne) et ses arrondissements ont mis en place une politique de végétalisation et de
renaturation s’appuyant sur des coefficients de biotope par surface (CBS) dans les quartiers denses et très imper-
méabilisés du centre-ville. Ce coefficient évalue la part des surfaces favorables au vivant. Tous les propriétaires
sont soumis à ces objectifs décidés à l’issue d’une concertation locale avec les habitants et les acteurs représentatifs
de l’intérêt général. Les objectifs fixés tiennent compte de la nature des bâtiments et des milieux initiaux et peuvent
être atteints grâce à des actions multiples : plantations au sol, pavement perméable, végétalisation des murs et
toits, etc. Après établissement du plan de paysage, le CBS de l’arrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg,
d’une valeur initiale de 0,06, devra atteindre la cible fixée à la valeur 0,3. L’expérience montre que cet outil flexible
est bien accepté par les propriétaires, les architectes et les porteurs de projets.
La périphérie de Berlin est très végétalisée : en effet, les friches étaient très nombreuses à Berlin après
la Deuxième guerre mondiale. La croissance de la population a été très limitée à Berlin-Ouest avant la
chute du mur, et la croissance de Berlin-Est n’a pas empêché la présence de nombreux espaces ouverts.
Une flore et une faune sauvages s’y sont développées. Parfois, les bois ont poussé sur d’anciennes voies
ferrées. La population a accepté ces milieux typiques de Berlin et qui existent, pour certains, depuis les années
1950, et qui sont respectés. La végétation sauvage est moins bien acceptée dans les parcs.
Mais dans le centre-ville, malgré les lourdes destructions dues aux bombardements, un habitat très dense
formé d’immeubles de cinq étages datant du XIXe
siècle, groupées autour de petites cours a subsisté ou s’est
reconstitué après la Deuxième Guerre mondiale. Dans ces quartiers, l’imperméabilisation du sol est très
importante, ce qui provoque une alimentation insuffisante des nappes phréatiques et une trop forte humidité
de l’air, accentue les effets du réchauffement et propose de très rares habitats pour la faune et la flore, alors
que le nombre des espaces verts reste insuffisant.
L’application des Coefficients de biotope par surface dans les plans de paysage du centre-ville CBS vise à
le verdir pour améliorer les conditions climatiques et l’hygiène atmosphérique, réalimenter les nappes phréa-
tiques, refaire vivre les sols et développer la biodiversité. À la phase initiale de création de ces plans se
succèdent une très importante phase de participation du public, qui dure quatre semaines, puis la consultation
des organisations d’intérêt public. Le plan est officiellement publié après approbation du Sénat de Berlin et
du Conseil d’arrondissement.
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
25
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Birgit BEYER
Service des Espaces verts
du 2e
arrondissement de la Ville de Berlin (Allemagne)
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1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
26
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Le coefficient de biotope par surface à Berlin
Éléments de référence pour le calcul des coefficients biologiques de surface (CBS). La valeur du coefficient augmente
en fonction de l’impact positif sur la biodiversité et la perméabilité des sols. Les propriétaires peuvent choisir parmi
différents éléments afin d’atteindre les objectifs obligatoires.
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Lors de l’analyse, les premiers plans dressés établissent le degré initial d’imperméabisation du sol et les
objectifs en la matière, en établissant un gradient de couleurs. Il faut bien distinguer les îlots où se trouvent
des édifices anciens de ceux où sont implantés de nouveaux bâtiments pour établir les objectifs. Les CBS-
cibles pourront être beaucoup plus élevés dans le second cas (0,6) que dans le premier (0,3). Dans le cas de
centres commerciaux ou de bâtiments industriels, les coefficients visés sont aussi de 0,3. Les écoles, jardins
d’enfants, bibliothèques et bâtiments récents doivent aussi atteindre une valeur de 0,6.
Le CBS établit la part de la surface favorable à la nature sur l’ensemble de la parcelle : 0 pour l’asphalte,
0,5 pour une surface à demi recouverte, etc. La végétalisation d’un toit de garage sera prise en compte par
une valeur de 0,7. La valeur maximale est de 1 dans le cas de la pleine terre, lorsqu’il est possible de planter
des arbres. Lorsqu’il est impossible de planter au sol, les façades peuvent être le support de plantes grim-
pantes et les toitures peuvent être végétalisées.
Dans le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg, l’urbanisation est très dense et la valeur initiale du CBS était
de 0,06. Après réalisation du plan de paysage, l’objectif a été fixé à 0,3. Chaque parcelle doit atteindre la valeur
de l’objectif. Il n’existe aucune aide financière pour les propriétaires entreprenant des travaux. En revanche,
les habitants d’une cour peuvent se regrouper pour demander une aide pouvant atteindre 1 500 euros pour
ôter l’asphalte de leur cour et planter des arbustes, par exemple. Le propriétaire doit tout de même donner
son accord.
Les architectes et les propriétaires peuvent choisir différentes options pour atteindre l’objectif : création
d’espaces verts, revêtements de surfaces pavées. Il est aussi possible d’utiliser les plantes grimpantes (Vigne
vierge, Lierre, par exemple), les toits végétalisés, etc. Ces techniques sont largement utilisées dans les
quartiers du centre-ville, où il a même été possible, là où l’ensoleillement est suffisant, de planter des fruitiers
en terrasse. Il est bien entendu impossible de végétaliser toutes les façades – notamment dans le cas de
monuments historiques.
Cette végétalisation permet souvent de donner vie aux cours. Dans certains cas, les habitants des immeubles
participent à l’élaboration du projet avec le paysagiste et à sa réalisation, ce qui est important pour le lien
27
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
Bien qu’ayant été lourdement
bombardés durant la Deuxième
guerre mondiale, les quartiers centraux
de Berlin ont conservé la structure
dense acquise au XIXe
siècle.
Les axes pénétrants accèdent très
difficilement à des cours d’immeubles
initialement peu végétalisées repérables
sur cette photographie aérienne
infrarouge.
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entre habitants. Les briques de pavement (Klincker) peuvent être utilisées pour apporter de la couleur, et il
est parfois possible d’installer des mares. Les toits végétalisés sont nombreux à Berlin, notamment sur les
bâtiments récents où la résistance des toits est suffisamment forte dès l’origine, et où ils participent à
l’isolation du bâtiment. Les toits végétalisés dits intensifs peuvent être utilisés par les promeneurs. À l’inverse,
certaines situations (pentes fortes, par exemple) interdisent la fréquentation, même s’il faut les entretenir
pour arracher les arbrisseaux qui s’y implantent.
L’expérience montre que le CBS est un outil très flexible très bien accepté par les propriétaires, les architectes
et les développeurs de projets. C’est aussi une réussite du point de vue du Sénat de Berlin et des arrondisse-
ments. Il peut être intéressant pour les villes qui possèdent des quartiers denses de s’en inspirer.
Voir sa présentation sur :
www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains
Pour en savoir plus :
http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/landschaftsplanung/bff/index_fr.shtml
1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
28
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Le coefficient de biotope par surface à Berlin
Une cour de la Dresdener Strasse, dans le quartier de Kreuzberg
(Berlin). Un exemple typique de pavements perméables
et de végétalisation des murs.
Toit végétalisé à Kreuzberg (Berlin). La végétalisation des toits
est l’une des manières d’atteindre les objectifs de CBS fixés
par les plans de paysage.
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1
L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne
Située sur la côte basque et donc confrontée à une forte pression foncière, Bayonne a décidé d’implanter l’éco-
quartier du Séqué sur une zone regroupant les terrains provenant d’un ancien camping et d’exploitations agricoles.
Au-delà des démarches énergétiques et de gestion écologique des flux (déchets, eaux usées, etc.), le quartier joue
un rôle de corridor écologique grâce à ses deux thalwegs boisés. L’implantation des bâtiments respecte les circu-
lations biologiques tout en ne supprimant aucun arbre du site, et valorise le plan d’eau existant en tant que lieu
de convivialité. Un verger et des jardins partagés seront implantés et la gestion en sera confiée aux futurs habitants,
qui doivent bénéficier d’un accompagnement spécifique pour appréhender les réalités propres à ce nouveau type
d’habitat et construire les modalités de gestion de l’ensemble des espaces collectifs.
Située sur la côte basque et donc soumise à une très forte pression foncière, Bayonne compte 45 000 ha-
bitants et 64 % de son territoire est classé en zone naturelle protégée. Situé à 5 kilomètres du centre
historique, d’une superficie de 14 hectares dont 7 seront constructibles, le projet d’écoquartier du Séqué
comptera à terme 530 logements, un établissement pour personnes âgées dépendantes, des commerces et
de services de proximité.
Le site, qui regroupe un ancien camping et d’anciens terrains agricoles, possède un paysage riche et diversifié.
La question de l’aménagement de ce site en quartier d’habitat s’est posée en 2005, lorsque le camping a été
mis en vente et préempté par la Ville, qui possédait déjà les autres terrains. Afin de respecter au mieux le
paysage et la biodiversité du site, Bayonne a fait appel à un cabinet de paysagistes et un bureau d’études en
environnement.
Le site comprend un plan d’eau entouré de chênaies-châtaigneraies, des vallons à aulnaies marécageuses et
une prairie mésophile ayant autrefois hébergé des vergers. Cette biodiversité est assez ordinaire, mais pré-
sente des connexions à préserver grâce aux deux thalwegs boisés qui assurent les liens entre le bassin de
l’Adour, les marais d’Orx et les plages des Landes. Ces espaces sont classés en tant que Zones naturelles (N)
dans le Plan local d’urbanisme (PLU).
En parallèle de la conduite de ces études, une Approche environnementale de l’urbanisme de l’Ademe a été
engagée. Elle porte sur de multiples thématiques : énergie (solaire passif), gestion et récupération des eaux
pluviales, tri et valorisation des déchets, voirie et transports en commun, gestion des impacts paysagers.
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
29
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Marie CORRALES
Directrice adjointe de l’Urbanisme
de la Ville de Bayonne
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page29
1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
30
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne
Les noues végétales acheminent les eaux pluviales vers le lac.
PAYSAGISTES, URBANISTES ET ÉCOLOGUES…
Trop souvent encore, la séparation entre métiers – architectes, paysagistes, écologues, ingénieurs urbains, défenseurs
des écosystèmes – peut faire perdurer les logiques de verdissement au détriment d’une véritable biodiversité en ville.
Ainsi, Elisabeth HEYLER, paysagiste de la société Compémenterre, explique que « [son] agence mène une réflexion
sur la façon de concilier aménagement et biodiversité, ce qui crée de très fortes exigences appelant des solutions
innovantes. Tous les paysagistes ne se contentent pas de dresser des décors. Une des solutions réside sans aucun
doute dans l’interdisciplinarité entre paysagistes, gestionnaires, écologues, etc. » Brigitte CAPLAIN, enseignante à
l’École Du Breuil, précise que « les professeurs de l’École Du Breuil ont conduit des projets communs avec l’École
Boulle, qui montrent que les jeunes sont très réceptifs à l’interdisciplinarité qui sera essentielle pour concilier croissance
urbaine et biodiversité. »
Pour Marie-Claude MASSICOTTE, architecte-paysagiste à la Ville de Montréal (Québec,
Canada), « certains des sites naturels de Montréal sont aussi très utilisés. C’est pourquoi
la Ville travaille aujourd’hui à la mise en valeur des milieux naturels, mais aussi à la créa-
tion de ceintures et trames vertes et s’interroge sur les façons de faire coexister biodi-
versité et urbanité. » Magali DA SILVA, de la Communauté urbaine de Bordeaux,
rappelle que « la gestion différenciée est essentielle pour montrer que les espaces sont
maîtrisés et non laissés à l’abandon. ». Guillaume ABASQUESNES, architecte et
urbaniste à la Communauté d’agglomération Argenteuil-Bezons, regrette que « les éco-
logues restent très peu présents dans les équipes pluridisciplinaires – et qui plus est à
leur tête. Très rares ont été les projets d’écoquartiers coordonnées par des écologues
mandataires. Cela n’a pas été sans effet sur les réalisations. »Marie-Claude MASSICOTTE
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Le projet a été défini autour des 3 espaces paysagers : le secteur du camping et de la forêt, la prairie et le
belvédère.
Les bois présents autour du lac sont préservés, ainsi que la connexion entre les deux thalwegs, grâce à la
plantation de vergers. Dans le secteur du camping et de la forêt, les bâtiments sont construits sur pilotis –
ce qui implique, bien entendu, des surcoûts d’isolation. Mais cela permet en revanche de préserver plus
facilement les arbres existants, de bénéficier d’apports de lumière supplémentaires et d’optimiser la
perméabilité et la vie des sols. Les peupliers de l’ancien camping seront peu à peu remplacés. La décision de
conserver les arbres existants a posé problème à certains des maîtres d’ouvrages qui auraient préféré les
supprimer pour faciliter les opérations de construction.
Dans le secteur de la prairie les constructions sont aussi réalisées sur pilotis et implantées façon perpendi-
culaire à la voire actuelle pour préserver les vues et les passages vers la forêt. Le site sera « végétalisé » au
travers de la plantation d’arbres fruitiers situés en limite de lots et rappelant l’histoire du site, mais aussi
grâce aux plantes grimpantes qui seront installées le long des façades et aux toitures-terrasses végétalisées.
Les cinq promoteurs devront respecter le plan global de composition paysagère. L’implantation minimise les
opérations de déblais.
Le secteur du belvédère bénéficie d’une exposition plein Sud et d’une vue magnifique sur les Pyrénées. Les
constructions seront étagées afin de tirer le meilleur parti de cette exposition. Le parti pris pour l’implantation
vise à minimiser la quantité de déblais et le traitement des espaces libres a pour objectif de limiter leur impact
environnemental.
31
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
Plusieurs bâtiments sont
construits sur pieux,
préservant les sols.
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La voirie, d’une surface réduite, est réalisée en enrobés Végécol grenaillés. Les places de stationnement sont
engazonnées et les chemins traités en stabilisé. La récupération des eaux s’effectue au travers de noues
plantées de phragmites et de roseaux, l’eau ainsi épurée est dirigée vers le lac qui joue un rôle de bassin de
rétention. Un ponton a été aménagé face au lac et le chemin de berge préexistant a été réaménagé en stabilisé.
Les espèces utilisées sont locales et sobres en eau. La prairie et le lac devraient jouer un rôle de point de
rencontre pour les futurs habitants.
Ceux-ci ont été séduits par le projet, ce qui ne les empêche pas, pour certains, d’exprimer des inquiétudes du
fait de la présence d’arbres à proximité immédiate de leur habitation. Cette implantation quelque peu atypique
nécessite donc un certain apprentissage. C’est pourquoi les services de la Ville accompagnent actuellement
les futurs habitants, notamment pour définir une gestion commune des vergers et des jardins partagés. La
concertation qui a démarré en septembre 2011 concerne également la définition et la gestion les aires de jeux
et les autres espaces collectifs.
Voir sa présentation sur :
www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains
Pour en savoir plus :
www.bayonne.fr
Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Bayonne avec le concessionnaire de la ZAC,
la SEPA (société d’économie mixte d’aménagement)
Services de la collectivité associés : Direction Générale des Services, Direction Générale des Services Techniques,
Urbanisme, Direction des Infrastructures et des Espaces Publics, Direction du Cadre de Vie, Développement durable,
Communication, Régie des eaux de Bayonne
Budget : 13 092 000 € HT
Partenaires financiers : Agglomération Côte basque Adour
Partenaires techniques : Agglomération Côte basque Adour, Chronoplus (réseau de transport en commun), SEPA
Date de début de l’action : 2005 (études) - 2006 (dossier de réalisation)
Date de fin : courant 2012 pour la phase 1
1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
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RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne
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1
Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris »
Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Paris
Services de la collectivité associés : Direction de l’Urbanisme, Direction des Espaces Verts et de l’Environnement
Budget : 100 000 €
Partenaires techniques : AMO DD + Société spécialisée en communication
Date de début de l’action : 2006
Date de fin : Toujours en cours
➜ OBJECTIFS
Outil d’aide à la décision permettant une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les projets urbains,
ce document s’adresse aux chefs de projets urbains de la direction d’urbanisme, mais également à tous les
partenaires (aménageurs, AMO DD, urbanistes). Il propose aussi une méthode de suivi et d’évaluation fondée
sur des indicateurs, dont une dizaine porte spécifiquement sur la préservation et le renforcement de la
biodiversité. Ce document est consultable sur www.paris.fr
➜ MESURES MISES EN ŒUVRE
Ce référentiel doit permettre l’amélioration globale de la conception et de la mise en œuvre des opérations
d’aménagement. Il s’applique quel que soit l’avancement de l’opération et répond aux besoins suivants :
• disposer d’un cadre de référence pour intégrer les objectifs de développement durable dans les aménage-
ments,
• suivre et évaluer l’intégration du développement durable à tous les stades d’une opération, depuis les
intentions politiques jusqu’à la réalisation et l’évaluation,
• assurer une cohérence avec les certifications existantes à l’échelle du bâtiment (démarche HQE®
),
• développer la transversalité entre la Direction de l’Urbanisme et les autres services de la Ville,
• anticiper la gestion à venir,
• le référentiel constitue un outil quotidien pour un aména-
gement durable de la capitale. Il se présente sous forme de
fiches pratiques regroupant toutes les informations utiles
et donnant des exemples concrets applicables à Paris.
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Document à télécharger sur le site www.paris.fr
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➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ
L’axe 3 du référentiel « Une gestion responsable de l’environnement » disposant d’un chapitre dédié au
renforcement de la biodiversité, la grille d’analyse dispose d’indicateurs spécifiques à cet enjeu. À court terme
cela permettra de vérifier si toutes les opérations d’aménagement et de construction se préoccupent suffi-
samment de renforcer le maillage vert et bleu de Paris et de favoriser les interfaces avec les quartiers et les
communes limitrophes et d’orienter les projets en conséquence.
www.paris.fr
1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
34
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris »
Terrasse végétalisée 103 avenue de France – Paris 13e
.
©FionaStewart
001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:23 Page34
1
Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme
par un Référentiel d’Aménagement) à Montpellier
Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Montpellier
Services de la collectivité associés : Direction de l’Aménagement et de la Programmation (DAP), la DPB
(Direction Paysage et Biodiversité), la DGU (Direction du Génie Urbain), la DAI (Direction Architecture
Immobilier) et la DEMT (Direction Énergie et Moyens Techniques)
Budget : : 67 800 €
Partenaires financiers : l’ADEME à hauteur de 17 500 € et la Région Languedoc-Roussillon à hauteur
de 28 230 €
Partenaires techniques : Le cabinet d’architectes-urbanistes TEKHNE, spécialisé en DD ; l’ADEME
Date de début de l’action : 2008
Date de fin : Mis en application en 2011
➜ OBJECTIFS
Le guide AURA est un référentiel partagé de prise en compte et d’amélioration continue du volet environne-
mental et social des opérations d’urbanisme. Il a pour ambition d’évaluer la durabilité d’un projet d’aména-
gement et permet ainsi à la collectivité de choisir le projet qui a le moins d’impact sur l’environnement.
Cette démarche fait évidemment suite aux études d’impacts réglementaires qui prennent en compte le
contexte environnemental global du projet.
➜ MESURES MISES EN ŒUVRE
Le référentiel AURA est un outil de programmation, d’aide à la décision et d’éva-
luation utilisé dans les différentes phases d’un projet d’aménagement afin d’en
limiter l’empreinte écologique.
Deux ans ont été nécessaires à son élaboration, puis, suite à son adoption en
conseil municipal, le guide a pu être mis en place et utilisé comme outil de
référence. Une brochure a été créée pour sensibiliser et informer le public sur
l’impact environnemental des aménagements. Pour avoir une portée plus
importante, cette grille sera aussi annexée dans le prochain PLU. L’AURA
est structuré en trois chapitres correspondant aux trois temps d’une opération
d’urbanisme (programmation, aménagement et construction) pour lesquels
9 leviers d’actions prioritaires ont été identifiés et 30 indicateurs. Le chapitre B,
correspondant au temps de l’aménagement, porte une attention particulière
à la trame verte et bleue ainsi qu’à la préservation de la biodiversité dans
les projets. Les critères sélectionnés correspondent à des principes d’aména-
CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE
CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
35
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
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gement plus vertueux et permettent de faire évoluer les pratiques des concepteurs et des constructeurs.
Des critères tels que : le coefficient d’imperméabilisation des sols, le tracé des trames, les surfaces réservées
aux espaces de nature en ville, la surface de canopée préservée, la consommation et la préservation de la
ressource en eau, la protection de la biodiversité et l’intégration végétale ont été choisis pour évaluer les opé-
rations d’urbanisme. Ainsi en évaluant l’impact des projets en amont de leur réalisation, l’AURA incite à une
meilleure prise en compte des espaces de nature et de la biodiversité en ville.
➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ
La grille AURA en est à ses débuts. Elle a pour ambition de rectifier et limiter les impacts du projet d’aména-
gement sur l’environnement. Un des premiers résultats de son application est la meilleure prise en compte
de la biodiversité dans les programmes des architectes et constructeurs ainsi qu’un renforcement du Schéma
Directeur de Réseaux Verts de la ville, initié en 2007.
www.montpellier.fr
1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN
36
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement)
à Montpellier
La grille AURA permet d’évaluer l’impact des projets en amont de leur réalisation.
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
2
TRAME VERTE ET BLEUE,
RENFORCER LA QUALITÉ DES
MILIEUX NATURELS EN VILLE
Laissées aux portes de nos villes, la plupart des espèces animales et végétales se retrouvent confinées dans
des îlots de nature ou des espaces protégés souvent sanctuarisés. Incapables de se déplacer pour se nourrir,
s’abriter, se reproduire, ni de remonter vers le nord en réponse au changement climatique, certaines popu-
lations d’espèces se retrouvent isolées, sans capacité d’interagir avec d’autres individus favorisant la perte
de diversité génétique. Les routes et les infrastructures bâties morcellent les habitats, tandis que les rivières
et cours d’eau ont longtemps été totalement minéralisés perdant leur rôle de corridors écologiques. Depuis
plusieurs années, la tendance s’inverse, avec la volonté de renaturer les espaces artificialisés et d’identifier
les continuités dans et en dehors des villes. Des projets de renaturation, de végétalisation, d’identification
des trames et de création de corridors entre les « cœurs de nature » sont mis en place partout en France et
en Europe pour renforcer la qualité des milieux naturels en ville.
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©LionelPagès
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2
TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITÉ
DES MILIEUX NATURELS EN VILLE
RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS
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POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich
Après plus d’un siècle d’artificialisation, le lit de l’Isar retrouve progressivement à Munich (Allemagne) un aspect
proche de celui d’une rivière alpine sauvage, tout en maintenant la protection de la ville contre les crues. Pour
cela, les digues ont été repoussées et renforcées afin de laisser les eaux divaguer sur une plus vaste largeur, déposer
de la pierraille et se ramifier. Les berges et les seuils minéralisés ont été supprimés et remplacés par des rives
érodables et par des bassins empierrés successifs. Les nouveaux milieux minéraux inondables ont rapidement été
colonisés, y compris par les espèces endémiques des torrents bavarois et autrichiens. Des zones d’accueil du public
ont été aménagées et les eaux sont épurées grâce à un procédé à ultra-violets durant la saison de baignade. Les
débits d’étiage et de crue ont été relevés afin de maintenir une oxygénation suffisante et une bonne variabilité
des niveaux d’eau. L’arasement d’un barrage latéral est à présent programmé pour redonner vie à l’un des bras
de l’Isar.
Le Plan Isar vise à revitaliser une rivière urbaine. Le bassin de cette rivière s’étend sur une superficie de
9 000 km2
pour une longueur de 270 km entre sa source située dans les Alpes et sa confluence avec le
Danube. À Munich, son débit oscille entre 40 m3
et 1 100m3
/s en cas de crues, pour une moyenne de 90 m3
/s.
Il se répartit entre le canal d’amenée et le lit naturel de la rivière, car à partir de 1905, son cours a été aménagé
afin de protéger la ville, les villages et les zones agricoles des alentours contre les inondations. Des barrages
hydroélectriques ont été construits, l’Isar a été canalisé et ses berges ont été renforcées grâce à de nouvelles
digues.
Par conséquent, les habitats des plantes et des animaux, notamment des espèces migratoires, ont été réduits.
Les caractéristiques hydrauliques ont été modifiées et le fond du lit s’est affaissé de plusieurs mètres. En
1905, la rivière était encore presque naturelle et comprenait des bancs de pierraille et des bras ramifiés. Les
berges étaient en bon état biologique. En 1999, avant l’ouverture des premiers travaux, l’Isar était canalisé et
ses berges très peu fertiles.
En Allemagne, les Länder sont responsables de la gestion de l’eau. La Ville de Munich et l’État libre de Bavière,
représenté par l’Office de l’eau de Munich, ont décidé de lancer le projet, qui vise à revitaliser l’Isar tout en
optimisant la protection contre les inondations, ce qui apparaît aujourd’hui réussi après un investissement de
35 millions d’euros de 2000 à 2011 sur un parcours de 8 kilomètres. Les travaux ont commencé dans le sud
de la ville et se sont achevés dans son centre. Il s’agissait aussi de créer des zones de repos attractives.
Le projet a été discuté avec un forum de citoyens avant qu’un concours soit ouvert pour choisir le maître d’ouvrage.
Christian LEEB
Département Gestion de l’eau,
Ministère Bavarois pour l’Environnement
et la Santé (Allemagne)
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page39
L’Isar à Munich. En 1999, le cours de la rivière apparaît presque canalisé et ne peut tolérer d’importantes variations de débit.
En 2011, après les opérations de renaturation, l’Isar a retrouvé ses pierrailles, des berges ouvertes et des seuils franchissables
par tous les organismes aquatiques. Les rives ont été recolonisées, y compris par la flore et la faune endémiques.
2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS
40
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich
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41
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
Les grandes lignes du projet ont été définies sur la base du site-référence de Flaucher, dernier tronçon de
l’Isar présentant les caractéristiques d’une rivière alpine sauvage dans la ville avant sa restauration. C’est
sur cette base que le paysage de l’Isar a été redessiné. Afin de prévenir les effets des inondations, la section
transversale de la rivière a été augmentée et les digues renforcées. En cas de crue, le débit a été limité
à 1 100 m3
/s grâce au barrage du Sylvensteinsee, situé au pied des Alpes. Les berges minéralisées ont été
supprimées et les digues reculées. La stabilisation des digues a été effectuée grâce à des rochers installés
dans une fosse située en retrait de la berge et dissimulée par la végétation. L’Isar peut ensuite en éroder les
bords intérieurs et y déposer de la pierraille.
Jusqu’ici, la ramification insuffisante a causé de l’affaissement du fond. Elle sera réduite grâce à l’érosion
latérale, l’élargissement du lit offrant à la rivière un plus vaste espace d’écoulement en cas de crue tout en
limitant cette érosion latérale.
Certaines anciennes digues posaient problème, puisque des arbres s’y étaient implantés au fil des années.
Leurs racines créent des tensions de cisaillement qui concourent à l’érosion. Elles peuvent provoquer la chute
des arbres et la rupture brutale de la digue en quelques minutes. La structure des digues peut aussi être
affaiblie par le haut, en raison de l’action du vent ou du tassement spontané. Or, de nombreux arbres sont
protégés. C’est pourquoi un procédé nouveau a été élaboré pour protéger les digues : des murs de bétons ont
y été encastrés grâce à un engin spécialement conçu pour implanter des colonnes qui y sont coulées puis
reliées par une poutre sommitale. Ce dispositif facilite la restauration à bas coût des digues après les crues
tout en assurant la protection contre les inondations.
Le plan avait aussi pour but de recréer des conditions proches de l’état naturel afin de revitaliser le cours de
l’Isar et proposer des conditions optimales à la faune et à la flore. Des aménagements du débit ont notamment
été négociés avec les exploitants hydroélectriques. Au départ, la rivière recevait à l’étiage 5 m3
/s. Ce débit a
été porté de 8 à 22 m3
/s à partir de 2004. C’est un facteur limitant en été, puisque la hausse de la température
de l’eau tend à limiter sa teneur en oxygène, ce qui nuit aux poissons et à la qualité de l’eau.
Le développement de zones de faible profondeur en bordure du lit a en parallèle permis aux alevins et jeunes
poissons de se réfugier et d’améliorer la connexion entre écosystèmes, du fait de l’apparition d’eaux
stagnantes et de bras morts dans les zones où les hautes eaux ont érodé les rives, puisque la rivière évacue
à présente presque tout le débit amont en cas de crue. Des souches fixées par des chaînes ont été intention-
nellement disposées afin de proposer des zones de frai aux poissons. L’aspect de la rivière a été totalement
modifié. Les seuils en dur qui produisaient de forts affouillements ont été remplacés par des rampes fran-
chissables par les espèces migratrices de poissons et les autres organismes aquatiques. Ces rampes sont
composées par plusieurs bassins entourés de pierres et permettent aux castors et aux habitants de Munich
de traverser l’Isar à gué.
L’évaluation écologique du projet a donné lieu à la mise en place d’un suivi scientifique en partenariat avec
l’université de Munich. Elle comprend l’édition d’un bilan de l’évolution et de l’utilisation des espaces modifiés,
des espèces apparentes et des successions végétales – ceci afin de développer l’expertise pour les projets
futurs.
2TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE
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Au bout de trois ans, la richesse botanique des digues a beaucoup augmenté et plusieurs espèces de plantes
menacées se rencontrent en centre-ville. Des semis sous mulch ont été utilisés au départ et la biodiversité
végétale a rapidement augmenté après une première saison, durant laquelle les espèces annuelles étaient
majoritaires. Les zones uniquement inondées en cas de crue se sont montrées adaptées à des coléoptères
très spécifiques de ces milieux où les hautes eaux dénudent la pierraille et emportent sables, limon et végé-
taux. Certaines espèces d’oiseaux vivant dans les milieux empierrés y ont aussi trouvé un biotope idéal, comme
d’autres espèces d’insectes et de végétaux endémiques des rivières alpines bavaroises et autrichiennes.
La Ville de Munich a accordé une très forte attention aux aménagements d’accueil du public. Des tribunes
ont été installées pour améliorer l’accessibilité. Les Munichois apprécient beaucoup la qualité de leur rivière
alpine urbaine. La qualité des eaux de baignade est garantie par l’assainissement des eaux usées effectué
par les stations d’épuration du sud de la ville, qui utilisent des procédés à ultra-violets. Cette épuration n’est
effectuée que durant la saison de baignade, de mai à septembre, en dehors des hausses de débit suivant un
orage et qui charrient une eau boueuse. Afin d’éviter une stérilisation de l’eau, le débit est toujours au moins
égal à 12 m3
/s, ce qui est possible grâce au stockage des eaux de fonte dans le barrage du Sylvensteinsee.
Voir sa présentation sur :
www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains
Pour en savoir plus :
www.stmug.bayern.de
2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS
42
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich
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2
Renaturation de la Versoix urbaine
dans le canton de Genève (Suisse)
Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : République et Canton de Genève
Services de la collectivité associés : Direction générale de l’eau – Service renaturation des cours d’eau
Budget : 2 136 000 CHF
Partenaires financiers : Le coût des travaux a été pris en charge par la loi d’investissement L9018 du 13 février 2004
accompagné d’une subvention de 356 000 CHF de la Confédération (OFEV)
Partenaires techniques : CERA / GREN / Losinger construction / Louis Genève / Ouvrages métalliques /
Boccard / Commune du Versoix
Date de début de l’action : 2000
Date de fin : 2006
➜ OBJECTIFS
Situé dans le bourg de Versoix, il s’agit du tronçon le plus canalisé et le plus artificiel du cours d’eau. Les rives
étaient artificielles et le lit uniforme. Les zones d’habitation riveraines se trouvaient dans une zone de danger
moyen face aux inondations.
Les objectifs de cette renaturation étaient de protéger les biens et les personnes contre les inondations,
rétablir des berges et un lit naturels en redonnant plus d’espace à la rivière, et favoriser la diversité des
habitats piscicoles.
➜ MESURES MISES EN ŒUVRE
Les travaux effectués sont les suivants :
• suppression des murs en rive droite et démolition d’une villa située en zone inondable,
• consolidation de la berge en rive droite par des blocs et des caissons végétalisés avec des boutures de
saule,
• détournement d’un collecteur d’eaux usées enjambant la
rivière,
• démolition d’un fortin militaire et d’une partie de mur de
protection en rive gauche,
• rabaissement de moitié des murs restants en rive gauche,
• élargissement du lit majeur et création d’îlots,
• création de seuils noyés,
• plantation d’arbres fruitiers sur la rive droite,
• création d’un passage à faune sous le pont ferroviaire,
• création de trois contre-seuils pour améliorer la franchissabilité
de la passe à poissons,
TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITÉ
DES MILIEUX NATURELS EN VILLE
RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS
43
POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ
La renaturation répond à la fois aux enjeux
inondation et qualité du milieu.
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:46 Page43
• remplacement de la passerelle de l’Ancien-Péage par une nouvelle passerelle piétonne en bois (maîtrise
d’ouvrage communale),
• suppression de la passerelle de la carrosserie et création d’une nouvelle passerelle sous le pont ferroviaire.
250 mètres de cours d’eau ont été renaturés dans le cadre de cette action.
➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ
Ce projet de réhabilitation de la Versoix urbaine est une première pour le canton de Genève, et il a bénéficié
du soutien actif des autorités de la commune de Versoix, élément indispensable à sa concrétisation. Les
travaux de renaturation effectués ont permis d’améliorer sensiblement la sécurité des riverains face aux
inondations et la réapparition du castor sur ce site. La réalisation de frayères et de caches à poissons ont
nettement amélioré la qualité piscicole du cours d’eau.
www.ge.ch
2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS
44
RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES
Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genève
Plan du projet de renaturation.
001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:46 Page44
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  • 1. Politiques urbaines & biodiversité Recueil d’actions de villes et agglomérations françaises et européennes ©LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 10/04/12 09:58 PageI
  • 2. Partenaires Edition : Gilles Lecuir (Natureparif) +33 (0)1 75 77 79 00 Retranscription : Laurent Bonnafous +33 (0)6 98 51 83 00 Conception – Mise en page : PPC +33 (0)1 45 72 70 17 Impression : Lecaux-Ocep +33 (0)1 45 78 50 60. Imprimé avec des encres végétales sur papier Satimat Green (60 % de fibres recyclées, 40 % de fibres vierges FSC), un papier certifié FSC, ISO 14001 et ISO 9001, pour une gestion durable des forêts. Crédits photos : Natureparif, Jessica David, les intervenants et leur structure (sauf mention) Directrice de la publication : Stéphanie Lux, Directrice de Natureparif. Paris, avril 2012. Ce recueil est disponible en téléchargement sur www.natureparif.fr 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 10/04/12 09:58 PageII
  • 3. Politiques urbaines et biodiversité La biodiversité et les écosystèmes sont à la base de notre alimentation, de notre santé et de nos activités. Ils sont le gage du bon fonctionnement et de l’équilibre dynamique de notre planète. Durant plusieurs décennies, les villes se sont développées en faisant abstraction de la nature qui les entourait. L’étalement urbain, l’imperméabilisation des sols, la gestion intensive des espaces… sont autant de causes d’érosion de la biodiversité dans les villes. Ce fonctionnement n’est pas viable et est synonyme de surcoûts pour les collectivités sur le long terme. Les dépenses en frais de santé, de dépollution, de renaturation, de reconfi- guration urbaine sont la conséquence de la disparition de la végétation, de la fermeture des sols, de la fuite des pollinisateurs… qui assurent en temps normal d’innombrables services à la collectivité. En ces temps de crises, élus et techniciens ont la responsabilité d’investir sur le long terme dans ce potentiel naturel et de mettre en œuvre des politiques d’écologie urbaine pour assurer le retour du bon fonctionnement des écosystèmes, et favoriser ainsi le bien-être et la santé de leurs citoyens. La ville doit devenir un écosystème à part entière dans lequel la biodiversité est un élément clé de son fonctionnement. Les villes ont un rôle majeur pour enrayer le recul accéléré de la biodiversité. Sur leur propre territoire, en y renforçant la place de la nature, en évitant de s’étaler sur les espaces naturels, en sensibilisant les citadins (75 % de la population en France). Au-delà de leur territoire, afin de réduire leur empreinte écologique en favorisant notamment le développement de circuits courts, l’usage de matériaux renouvelables… Vous trouverez rassemblés dans ce recueil des exemples d’actions de villes et agglomérations françaises mais aussi suisses, belges ou allemandes. Il a été réalisé dans le cadre de la Rencontre organisée par la Mairie de Paris et Natureparif avec de nombreux partenaires le 24 janvier 2012, à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris. Cette rencontre s’inscrivait dans l’engagement pris par les organisateurs et leurs partenaires à contribuer au Plan d’action sur les villes et la biodiversité approuvé à Nagoya en octobre 2010. Ce document regroupe le compte-rendu détaillé des interventions réalisées lors de la rencontre ainsi que quelques-uns des échanges entre participants, et des fiches décrivant de manière plus synthétique d’autres actions exemplaires des villes et agglomérations françaises et européennes. Nous sommes persuadés qu’il vous sera utile et que ces expériences éclaireront votre propre action en faveur de la biodiversité. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:13 Page1
  • 4. SOMMAIRE PRÉAMBULE.......................................................................................................................................................................... 3 Anne HIDALGO, Première adjointe au Maire de Paris .............................................................................................................. 6 Liliane PAYS, présidente de Natureparif .................................................................................................................................... 8 Didier BABIN, administrateur principal du programme biodiversité pour le développement et l’éradication de la pauvreté, secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), a donné lecture du message du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) ......................... 10 INTRODUCTION .............................................................................................................................................................. 13 LA BIODIVERSITÉ ET LES ÉCOSYSTÈMES SONT ESSENTIELS AU BON FONCTIONNEMENT DES VILLES ................................. 15 Jacques WEBER, anthropologue et économiste ....................................................................................................................... 15 CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE ........................................................................ 19 MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME............................................... 21 La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes ................................................................................. 21 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN............................................................................................................... 25 Le coefficient de biotope par surface à Berlin (Allemagne) ..................................................................................................... 25 L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne ...................................................................................................................... 29 Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris » ........................................................................................................ 33 Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement) à Montpellier........................... 35 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE........................................................................ 37 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS ................................................................................ 39 L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich (Allemagne) ....................................................................................... 39 Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genève (Suisse) ................................................................................... 43 La restauration et la gestion des barthes de la Nive : la Plaine d’Ansot à Bayonne................................................................. 45 Bassin versant de la source d’Arcier : diminution de l’emploi des pesticides et développement de l’agriculture biologique à Besançon...................................................................................................................................... 47 La Prairie Saint-Gouesnou dans l’agglomération brestoise ..................................................................................................... 49 Recréation de milieux humides en lieu et place d’une ancienne station d’épuration dans l’agglomération nantaise............ 51 MULTIPLIER ET DÉCLOISONNER LES LIEUX DE VÉGÉTATION ..................................................................................................... 53 La trame verte et bleue dans l’aire urbaine de Strasbourg ...................................................................................................... 53 La trame verte et bleue dans l’aire urbaine de Bruxelles (Belgique) ....................................................................................... 57 La trame verte et bleue « cœur d’agglomération » dans l’agglomération dunkerquoise........................................................ 61 Mise en œuvre de la trame verte et bleue métropolitaine lilloise............................................................................................. 63 Schéma de réseau vert et stratégie de gestion des friches et délaissés urbains à Montpellier.............................................. 65 Renaturation de l’espace de la Grande Plaine à Toulouse ........................................................................................................ 67 Mesure d’aménagement paysager du schéma d’agglomération franco-valdo-genevois (France et Suisse) ......................... 69 1 2 2 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 19/04/12 15:11 Page2
  • 5. 3 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ REDUIRE L’EMPREINTE DES VILLES SUR LA NATURE ET LA BIODIVERSITÉ .... 71 CIRCUITS COURTS .......................................................................................................................................................................... 73 Valorisation des friches agricoles, économie de proximité et circuits courts dans l’agglomération nantaise ........................ 73 Programme d’interventions pour le développement d’une agriculture urbaine dans l’agglomération bordelaise................. 77 Le projet de construction écologique ECO46 à Lausanne (Suisse) ........................................................................................... 79 COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE INTERNATIONALE.................................................................................................................... 81 L’Alliance mondiale des villes et gouvernements pour sauver la biodiversité de la région méditerranéenne ....................... 81 Grenoble et la protection de la ceinture verte de Ouagadougou (Burkina-Faso) ..................................................................... 83 Coopération décentralisée entre la Ville de Paris et la Wilaya d’Alger (Algérie) ..................................................................... 85 DES OUTILS POUR LA BIODIVERSITE................................................................................................... 87 Focus sur le Plan Biodiversité de la Ville de Paris .................................................................................................................... 89 L’exemple de l’Index de Singapour : 23 indicateurs de biodiversité. Le témoignage de la Ville de Montpellier ..................... 93 Conseil de la biodiversité de la Ville de Nantes......................................................................................................................... 97 Plan d’actions Biodiversité de la Ville de Montpellier ............................................................................................................... 99 Plan Biodiversité de la Ville d’Orléans..................................................................................................................................... 101 CLÔTURE ............................................................................................................................................................................ 103 Christophe LEFEBVRE, président du Comité français de l’Union internationale pour la Conservation de la nature (UICN) ............................................................................................................................ 105 DÉCLARATION ............................................................................................................................................................... 107 Les représentants de l’AMF, l’AMGVF, l’AdCF et l’ACUF .......................................................................................................... 109 REMERCIEMENTS ....................................................................................................................................................... 112 Liste des intervenants.............................................................................................................................................................. 112 4 3 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 19/04/12 15:12 Page3
  • 7. PRÉAMBULE POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:31 Page5
  • 8. INTERVENANTS 6 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Bien que Paris soit l’un des territoires les plus denses au monde, Paris a fait de l’écologie urbaine un des piliers de sa politique. Après adoption de son nouveau Plan de déplacement urbain, la Ville a dans un premier temps abordé la biodiversité au travers de son Plan Climat. Mais l’action s’est accélérée à partir de 2007 à travers la création de nouveaux parcs. En 2011, le Conseil de Paris a adopté le Plan Biodiversité de Paris qui prévoit la mise en place d’un observatoire et l’intégration de la dimension de la biodiversité spontanée dans toutes les poli- tiques et directions sectorielles grâce à l’engagement du tissu associatif. Le renforcement des corridors – dont celui, majeur, de la Seine – et l’intégration du vivant aux bâtiments en projet, mais aussi au bâti existant font partie des axes structurants visant à rendre la capitale française perméable à une biodiversité qui doit être accessible à la population. Cet effort dépasse naturellement les limites de la commune et nécessite un dialogue avec l’État et les autres collectivités limitrophes. Paris est engagée depuis longtemps dans le combat pour la biodiversité. Dès 2001, la nouvelle équipe municipale a fait de l’écologie urbaine un pilier de l’action de la Ville. D’abord en partant du lien entre environnement et santé publique, tout d’abord en ce qui concerne les effets de pollution de l’air, notamment sur la santé des enfants et des personnes âgées ou atteintes de troubles respiratoires. Un plan de déplace- ment urbain a été élaboré, privilégiant les transports collectifs moins polluants. Sur la base du bilan carbone de Paris effectué en 2005, un débat citoyen a été organisé autour du futur Plan Climat de Paris, au cours duquel la question de la biodiversité a largement été évoquée. C’est sous l’impulsion de Fabienne Giboudeaux, Adjointe au Maire de Paris en charge des Espaces verts lors de cette seconde mandature, que la biodiversité est devenue un élément structurant de la politique de Paris. Cela n’est pas simple dans notre ville, qui est dense. Nous avons pourtant créé 32 nouveaux hectares d’espaces verts durant la première mandature et 30 durant la deuxième. Mais comment faire en sorte que les espèces d’Île-de-France se développent à Paris ? Le travail effectué avec les associations nous a permis d’effectuer un pas supplémentaire. Un observatoire de la biodiversité est Anne HIDALGO Première adjointe au Maire de Paris Regroupant 2,2 millions d’habitants sur 105 km2 , Paris est l’une des plus petites et plus denses villes du monde. La Seine s’impose comme son corridor écologique majeur, que la Ville de Paris entend mieux connaître et soutenir tout en multipliant les connexions à l’échelle de mailles très fines. 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 13:10 Page6
  • 9. actuellement mis en place, mais il a aussi fallu intégrer l’impératif de la biodiversité dans les politiques structurantes de la Ville, donc dans les outils et choix d’urbanisme. Ceci est difficile, car il faut affronter les différences entre les cultures des métiers du bâtiment et de la nature, qui ne communiquent pas spontanément. Il fallait donc aussi travailler sur la dimension métropolitaine, car la nature ignore les frontières adminis- tratives. Un travail va donc été effectué sur les corridors écologiques de toutes tailles qui permettent au déplacement aux espèces de ne pas être entravées dans leur déplacement par les activités humaines. Paris souhaite reconquérir les voies sur berges – qui forment aujourd’hui une autoroute urbaine située dans un site magnifique classé au patrimoine mondial de l’Unesco – pour profiter d’un espace de respiration, de détente, de promenade et d’échange, en même temps que de circulation de la biodiversité. De fait, ce projet est aujourd’hui bloqué par une décision du Premier ministre. La Ville analyse la solidité de cette décision sur le plan juridique, mais ne renoncera pas du point de vue politique et dans son action auprès des citoyens de Paris, puisqu’il s’agit d’un des espaces exceptionnels à reconquérir, notamment du point de vue de la nature et de la pédagogie qui doit l’accompagner. La Ville travaille aussi un plan sur l’intégration de la nature aux bâtiments. Un plan de développement des toitures végétalisées est ainsi en élaboration. Les cahiers des charges de la plupart des projets actuels de bâtiments publics intègrent cet élément. Mais cela concerne aussi les bâtiments des années 1960 et 1970, dont les toits plats se prêtent souvent à la réalisation de terrasses végétalisées. Au-delà de l’impact sur l’absorption du carbone et l’intérêt paysager, nous voulons que les Parisiens puissent y accéder. C’est pourquoi nous préparons des projets de jardins partagés situés sur les toits des immeubles. Ces projets constituent l’un des volets du plan Biodiversité de la Ville de Paris. www.paris.fr PRÉAMBULE 7 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ ©LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 13:11 Page7
  • 10. INTERVENANTS 8 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES En milieu urbain, la gestion écologique des espaces verts joue un rôle positif déterminant sur la biodiversité. C’est pour encourager ce mouvement que Natureparif, avec l’association Plante & Cité a créé le label Ecojardin, référence de gestion écologique des espaces ouverts au public. L’agence organise par ailleurs le concours annuel Capitale française de la biodiversité qu’elle organise et qui permet aux collectivités de partager leurs actions concrètes en la matière. Il constitue un excellent outil de sensibilisation interne et externe et mettra cette année l’accent sur les relations entre biodiversité et citoyenneté. Car seule la mutualisation des meilleures pratiques permettra l’amélioration rapide des politiques et de leurs impacts. L’intérêt croissant de nombreux élus et techniciens des collectivités pour la biodiversité témoigne de la prise en compte de notre sujet. Cette prise de conscience, Natureparif, agence régionale pour la biodiversité et la nature en Île-de-France, la constate au quotidien. Natureparif, créée en 2008 et première de son genre en Europe, est entièrement dédiée à l’observation et à la défense de la nature et de la biodiversité. De statut associatif, elle regroupe l’État, la Région, les collectivités locales, les associations de protection de l’environnement, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, les chambres consulaires, les fédérations professionnelles et les entreprises publiques et privées. Ces partenaires débattent, mais surtout agissent pour la biodiversité. Notre agence vient de publier pour la deuxième année un état des lieux de la biodiversité en Île-de-France, spécialement consacré à la mesure de la résilience de la nature francilienne : grâce aux données recueillies au travers des programmes de science participative, nous démontrons que l’abondance en papillons double dans les parcs et jardins gérés sans pesticide. La gestion écologique des espaces verts est donc cruciale. Natureparif a aussi établi la cartographie des pratiques des collectivités franciliennes en matière d’usage des pesticides dans les espaces dont elles sont responsables. Ces pratiques ont été identifiées dans 44 % des 1 281 communes : 72 % d’entre elles ont cessé d’utiliser des pesticides dans les espaces verts. La plupart des grandes collectivités, mais aussi de plus modestes, a pris le virage. Il faut désormais les accompagner pour qu’elles aillent au bout de leur démarche, et pour faire en sorte qu’elles soient comprises et acceptées par les habitants. C’est pourquoi l’association Plante & Cité a créé le label Ecojardin en partenariat avec neuf grandes villes dont Paris et Montpellier, mais aussi un maître d’ouvrage privé, plusieurs réseaux professionnels, ainsi que Liliane PAYS Présidente de Natureparif Le concours Capitale française de la biodiversité organisé par Natureparif chaque année permet d’identifier et de valoriser les meilleures pratiques de nombreuses collectivités. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page8
  • 11. le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Nouvelle référence écologique de gestion des espaces verts, ce label est à la fois un outil technique et d’aide à la décision, mais aussi un formidable outil de communication auprès du public. Le groupe de travail qui a créé Ecojardin a choisi Natureparif pour l’animer au niveau national en s’appuyant pour cela sur des audits réalisés par des experts indépendants à partir du printemps 2012. Notre agence est très fière de ce partenariat qui nous aide à faire progresser la cause de la biodiversité en ville, pour que demain, le plus grand nombre de parcs et jardins français, mais aussi de cimetières et d’espaces naturels, puisse arborer le label Ecojardin. Une autre façon de faire connaître les actions des collectivités françaises est le concours Capitale française de la biodiversité. En 2010 et 2011, celui-ci, porté par Natureparif dans le cadre d’un programme européen, a rencontré un très fort succès et permis de valoriser les actions concrètes de nombreuses collectivités. Il a aussi permis de recueillir les meilleures pratiques dont un certain nombre figurent dans ce recueil d’actions et de témoigner au niveau européen et international du dynamisme des collectivités et autorités locales pour la biodiversité. Il faut plus que jamais continuer à faire connaître et comprendre l’action des collectivités de France et d’Europe, car c’est à partir de la mutualisation des connaissances et des expériences que peut naître un changement rapide. C’est d’une évolution positive, constructive et urgente des pratiques collectives dont la biodiversité a besoin – dans nos villes et agglomérations, mais aussi, au-delà, par leurs impacts au-delà de leurs territoires. www.natureparif.fr PRÉAMBULE 9 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ ©LaurentGeslin 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page9
  • 12. INTERVENANTS 10 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Dans le cadre de l’extinction accélérée des espèces et du changement climatique, l’impact de l’urbanisation croissance de la Terre sera l’élément déterminant du maintien des écosystèmes et des services qu’ils rendent. La responsabilité des autorités locales est multiple en raison de leur capacité à atteindre des résultats tangibles et à convaincre les autres niveaux de gouvernance. C’est pourquoi le premier Sommet des Villes de Nagoya, en 2010, a adopté un Plan d’action spécifique à l’attention des autorités locales de tous rangs. À l’exemple de la création récente du réseau des Villes méditerranéennes pour la biodiversité, leur contribution sera essentielle pour l’atteinte des objectifs d’Aichi. Alors que la CDB prépare une Initiative Régions et Biodiversité, la mobilisation des autorités locales, grâce aux efforts de Natureparif et de la Ville de Paris, est particulièrement bienvenue. Cette action sera partagée, comme celle d’autres villes, lors du Sommet de Hyderabad, qui aura lieu en octobre 2012 en Inde. La biodiversité, c’est la vie. La biodiversité, c’est notre vie. Tel a été le slogan de la célébration, en 2010, de l’Année internationale de la biodiversité. Cependant, la biodiversité connaît à présent un taux d’extinction inégalé, qui serait peut-être mille fois supérieur à celui du taux naturel de disparition des espèces animales et végétales. Aucun pays, aucun écosystème n’est épargné. L’utilisation de l’espace, tout comme les change- ments climatiques et les espèces envahissantes, constitue une cause majeure de la disparition de la biodi- versité, érodant ainsi la capacité de la planète à fournir les biens et services essentiels à la survie de l’Humanité. En effet, l’urbanisation de notre planète est un phénomène inéluctable. En 2050, plus des deux tiers de l’humanité vivront dans les villes. L’avenir de la biodiversité se joue donc dans les villes d’aujourd’hui et de demain. Les autorités locales représentent le niveau de gouvernance le plus proche des populations. Planifi- cateurs de l’aménagement du territoire, responsables, promoteurs et gestionnaires des infrastructures locales ont tous un rôle essentiel à jouer dans la gestion de la biodiversité, cruciale pour la réalisation du développe- ment durable. Les actions locales ont la capacité de mener à des résultats tangibles et positifs qui sauront convaincre nombre d’acteurs de la nécessité de s’engager. Elles envoient aussi aux autres instances de Didier BABIN Administrateur principal du programme biodiversité pour le développement et l’éradication de la pauvreté, secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), a donné lecture du message du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) Plus de 200 élus et techniciens de villes et agglomérations françaises, européennes et même canadiennes étaient réunis le 24 janvier 2012, à l’Hôtel de ville de Paris pour la rencontre « Politiques urbaines et biodiversité ». ©J.DAVID 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page10
  • 13. gouvernement un message sur la nécessité d’agir en synergie pour le bien-être de la planète. C’est pour cela que le secrétariat de la CDB a lancé dès mars 2007 son initiative sur les villes et la biodiversité, qui a été couronnée en octobre 2010 par la tenue du premier Sommet des villes et de la biodiversité à Nagoya (Japon), en présence de plus de 650 représentants de municipalités, dont 200 maires. Cette rencontre historique s’est soldée par l’adoption d’un plan ambitieux, ainsi que par l’établissement d’un partenariat stratégique entre les décideurs politiques nationaux représentés par plus de 120 ministres de l’Environnement et les autorités municipales. Le 29 octobre 2010, le Plan d’action sur les gouvernements subnationaux et les villes et autres autorités locales pour la biodiversité a été adopté par les 18 600 partici- pants au Sommet, représentant les 193 États parties à la CDB et leurs partenaires. Ce plan prévoit le renforcement des capacités, la diffusion des meilleures pratiques, et encourage les gouver- nements nationaux à collaborer et à soutenir les efforts des gouvernements subnationaux, des villes et des autres autorités locales pour la mise en place de plans et de stratégie d’action locaux. S’appuyant sur les expériences et les leçons tirées par les grandes villes et les États, il inclut des recommandations aux États sur la façon de mobiliser et de coordonner les actions locales sur la biodiversité. Le plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 comporte 20 objectifs ambitieux dits objectifs d’Aichi – du nom de la préfecture japonaise qui accueillait le Sommet. Les autorités locales ont un rôle majeur à jouer pour les atteindre avant 2020. Outre leur rôle dans le cadre du premier objectif – sensibiliser tous les citoyens de la planète à l’importance de la protection de la biodiversité – les acteurs locaux seront la clé du succès pour l’atteinte des objectifs concrets visant à minimiser l’impact de l’activité humaine sur la biodiversité, gérer durablement l’utilisation des terres et des ressources naturelles renouvelables, éduquer le public et les citoyens de demain à consommer de façon soutenable et engager un maximum d’acteurs dans la lutte contre la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes. En ce début de la décennie des Nations unies pour la biodiversité, il est temps de passer à l’action. La France est au premier rang des partenaires de ce plan d’action. La ville de Montpellier a accueilli en début janvier 2011 la première rencontre internationale de l’initiative Villes et biodiversité, puisque durant une semaine. Puis, en janvier 2012, les maires et autorités de villes du pourtour méditerranéen y ont travaillé pour favoriser les cohérences et les synergies entre les actions locales, nationales et internationales. En France, les multiples niveaux de gouvernement travaillent déjà ensemble pour mettre en œuvre des plans d’action cohérents et complémentaires avec les objectifs nationaux et internationaux pour la biodiversité. Le soutien du gouvernement français à cette entreprise ne peut que servir de modèle à l’ensemble des parties à la CDB. Je souligne aussi le rôle stratégique du Comité français de l’UICN, qui, outre son implication dans l’Initiative Villes et Biodiversité de la CDB, a su contribuer à l’intégration des autorités régionales et subna- tionales à l’initiative, en faisant une démarche de plus en plus inclusive et globale. D’ici à quelques mois, la CDB établira les bases d’une Initiative Régions et Biodiversité, en soutien à ce mouvement, favorisant l’action pour la biodiversité à tous les niveaux de gouvernance. PRÉAMBULE 11 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page11
  • 14. La rencontre de janvier 2012 sur les « Poliques urbaines et la biodiversité » représente une étape importante et historique vers l’adoption d’une approche cohérente et rassembleuse en matière de protection de la biodi- versité pour toutes les collectivités françaises : régions, départements, intercommunalités et communes. Le développement de Stratégies et de plans d’action nationaux et locaux pour la biodiversité en France correspond à un mouvement global qui incite toutes les parties à la CDB à utiliser ses outils comme des instruments d’intégration des objectifs d’Aichi dans la comptabilité nationale, dans tous les secteurs écono- miques, et dans les processus liés à la planification. Je tiens à féliciter la Ville de Paris et Natureparif pour leur rôle moteur. Le tout nouveau plan Biodiversité de la capitale française, adopté le 15 novembre 2011 par le Conseil de Paris, la porte au rang des premières grandes métropoles à se doter d’un tel outil pour protéger la nature en ville, et au cœur duquel se trouve la participation civile et citoyenne. Je salue tout particulièrement les initiatives Trame verte et bleue, visant à réaliser d’ici à 2011 l’aménagement du talus et des passerelles du Périphérique, et à localiser les propriétés foncières de la Ville de Paris, les voies de chemin de fer, les canaux, les aqueducs, pour les intégrer au maillage écologique de la métropole : la petite ceinture, visant à végétaliser l’ensemble des abords des équipements sportifs et des cimetières, ainsi que son projet de végétalisation de plus de sept hectares nouveaux de toiture, dont 15 nouveaux jardins en terrasse. Au niveau régional, Natureparif a su rallier un vaste ensemble d’acteurs-clés à travers ses programmes participatifs. Observatoire de la biodiversité, mais aussi plateforme d’échanges entre les acteurs, l’agence a su tracer la voie à de nombreux projets exemplaires. L’expérience de Paris, comme celle d’autres villes du monde, sera détaillée dans le rapport mondial de la CDB sur l’état des villes et la biodiversité, premier du genre, qui sera soumis au Sommet des villes et de la biodiversité, à Hyderabad (Inde), les 15 et 16 octobre 2012. Je vous invite tous à y apporter votre contribution et à prendre part à ce Sommet, organisé en parallèle de celui des autorités provinciales et régionales, et qui sera suivi de la réunion ministérielle de la onzième rencontre des parties de la CDB, que l’on aime à nommer la Convention de la vie sur Terre. www.cbd.int INTERVENANTS 12 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page12
  • 15. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ INTRODUCTION 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:33 Page13
  • 17. La biodiversité et les écosystèmes sont essentiels au bon fonctionnement des villes Les villes sont des écosystèmes très performants, puisqu’elles puisent leurs ressources aux quatre coins de la planète et non sur leurs propres territoires. Cela leur confère une responsabilité écologique majeure qu’elles doivent reconnaître au travers de leurs politiques publiques et de leurs actions de solidarité internationale. Si la séparation entre culture et nature est plus ou moins marquée selon les pays, et il n’en reste pas moins que les villes restent dépendantes de leur environnement plus ou moins immédiat pour la fourniture de services essentiels tels que l’épu- ration de l’eau ou de l’air. En outre, ces services écosystémiques sont inséparables les uns des autres et ne peuvent donner lieu à la fixation d’un prix, même si leur maintien occasionne des coûts. Des villes telles que Munich (Allemagne) ou Berne (Suisse) ont historiquement su cultiver une très forte intrication entre milieux urbains et naturels, ce qui permet à leurs habitants de disposer d’une très bonne qualité de vie, mais aussi de ressources telles que l’eau potable de qualité à d’excellentes conditions économiques. À l’inverse, l’esprit français a souvent eu pour conséquence l’exacerbation de la coupure entre culture et nature. Ce point est nettement perceptible dans les modes d’organisation des villes nouvelles d’Île-de-France, mais il n’empêche pas qu’un nombre croissant de villes françaises développent des politiques courageuses en matière de défense et de restauration de la biodiversité. Les villes peuvent être considérées en tant qu’écosystèmes « glocaux », c’est-à-dire appuyé sur l’intrication du local et au global auquel renvoie ce néologisme d’origine brésilienne. Ainsi, lors d’une visite à Montréal, mes collègues québécois ont tenu à me faire connaître l’existence d’un circuit court. Il s’agissait en l’occurrence d’une production de tomates sous des serres situées en banlieue ; mais après discussion avec les producteurs, il s’est avéré que les graines, achetées à Paris, sont produites en Chine, et que les fibres de coco formant le substrat de culture proviennent du Sri Lanka... La biodiversité est un mot nouveau désignant le monde vivant, qui est constitué d’une multitude d’interactions dynamiques entre des espèces et organismes multiples inscrits dans un milieu lui-même évolutif. Il n’existe dans la nature aucun équilibre, mais un perpétuel changement. Cette diversité est si générale que l’économiste ne peut en situer les contours. Le petit déjeuner servi ici ce matin est entièrement issu du vivant et ne pourra être digéré par chacun de nous que grâce à la collaboration des quelques 1,5 kg de bactéries qu’il héberge, et dont des milliards auront été échangés entre les participants, en toute convivialité, au cours de la journée. La ville est un écosystème particulièrement performant, puisqu’il se rend indépendant du milieu où elle se fonde, en puisant à des distances extrêmement lointaines les ressources qui sont l’objet, non de son besoin, mais essentiellement de ses désirs : pétrole provenant du Moyen-Orient, produits électroniques d’Asie du Sud-Est, produits alimentaires tropicaux, etc. Jacques WEBER Anthropologue et économiste INTRODUCTION 15 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:15 Page15
  • 18. Mais depuis le milieu du XIXe siècle, la ville se construit aussi sur le fondement d’une séparation entre l’Homme – ou la culture – et la nature. Les scientifiques considèrent à présent cette séparation obsolète et y substituent la différence entre humain et non-humain. Cette séparation est perceptible dans nos villes, et l’une des façons de la dépasser est de s’appuyer sur la notion de service écosystémique formalisée en 2005 par l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire. Alors que l’on entend souvent parler de services fournis par la nature – ce qui correspond, au fond, au projet visant à leur attribuer des prix – la définition initiale stipule qu’il s’agit des services dont les êtres humains bénéficient gratuitement du seul fait de leur appartenance aux écosys- tèmes. Le problème concret consiste à évaluer les coûts de maintenance ou de restauration de la disponibilité de ces services, qui, seule, intéresse les sociétés humaines. Ces services ont été répartis en quatre grandes catégories : – service d’autoentretien : cycle des nutriments, fertilité des sols, production primaire, etc., – services de régulation : climat, purification de l’eau et de l’air, contrôle des maladies grâce à la biodiversité ; – services d’approvisionnement : alimentation, eau, fibres, etc., – services culturels : support de la vie spirituelle, de récréation, de poésie, de créativité. Ce concept de service écosystématique va devenir de plus en plus important du point de vue politique. Il y a fort à parier qu’au terme de la décennie à venir, la jouissance de ses services passera de plus en plus par la pénalisation de leur dégradation ou par la rémunération de leur maintien ou de leur restauration. Cette logique est déjà inscrite dans certaines des décisions de l’Union européenne, et il est peu probable qu’un retour en arrière se produise. L’exemple le plus souvent cité concernant l’épuration de l’eau est celui de la Ville de New-York, mais la Ville de Munich obtient une eau potable de très haute qualité sans aucun traitement grâce à l’entretien minutieux des écosystèmes des trois vallées qui l’alimentent. Ceci à des coûts très bas – 2,74 euros/m3 – grâce à l’entretien des forêts et au soutien à l’agriculture biologique en amont. Paris capte son eau de grande qualité dans un bassin de 200 km autour de la ville obtient un prix de 2,92 euros/m3 , ce qui est le prix le moins élevé des grandes villes françaises, mais elle n’a pas atteint le niveau de Munich. Par ailleurs, les arbres urbains sont le plus souvent considérés comme du papier peint et non en prenant en compte leurs fonctions écologiques. Or, la respiration des arbres filtre les particules. C’est un rôle souvent négligé dans les villes, où il suffit de trois jeunes arbres de 5 mètres de diamètre par habitant pour épurer l’air. Dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines comme ailleurs, l’architecture de la fin des années 1970 était entière- ment minérale. Des touffes de végétaux et bassins d’agrément dont la vie est absente ont été disposés dans cette architecture, mais sont totalement séparées de la trame du vivant. Les jardins du château de Villandry témoignent aussi de la séparation entre nature et culture, puisque les carrés de légumes sont séparés les uns des autres, ce qui est typique de la volonté d’ordre et de séparation radicale entre le bon grain de l’ivraie, qui a longtemps été celle de l’agronomie. INTERVENANTS 16 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Les aménageurs successifs de Berne, la capitale de la Suisse, n’ont jamais rompu les continuités qui relient le milieu urbain aux écosystèmes ruraux et forestiers environnants. ©GFDL 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page16
  • 19. Il serait au contraire envisageable de remplacer certaines fleurs d’ornement des villes par des légumes, en renversant le propos d’Alphonse Allais, qui voulait « construire des villes à la campagne » : certaines villes l’ont fait : ainsi, dans le centre-ville de Berne, capitale confédérale de la Suisse, il est très difficile de distinguer les sites urbains ou non, l’entretien végétal étant tel que la ville donne l’impression de ne jamais avoir été aménagée. Berne toute entière forme une immense trame verte et bleue et comporte de nombreux sentiers d’allure forestière. Il en va de même dans les quartiers modernes, où les bassins de récupération des eaux jouent un rôle de filtration. La logique est la même à Zurich. C’est pourquoi il serait très intéressant que des élus français aillent rencontrer leurs homologues, qui se sont contentés de poursuivre et de maintenir depuis des siècles des modes de pensée et de gestion dans lesquels la ville n’est pas séparée de la nature. Des villes françaises telles qu’Angers ou Lyon ont lancé des démarches de ce type, et la Région Île-de-France s’est impliquée dans un groupe de métropoles visant à aboutir à un classement en tant que réserve de biosphère urbaine, tout comme Fontainebleau. Un discours de plus en plus courant tend néanmoins à faire croire que les politiques publiques feront en sorte de conserver tel ou tel service écosystémique, alors qu’il est impossible de séparer les fonctions assurées par les associations entre espèces. Un autre discours laisse entendre que les trois piliers du développement durable (écologique, économique et social) doivent être équilibrés. Or, cela n’est pas sa véritable logique. INTRODUCTION 17 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Berne : la voirie et les logements sont mêlés aux milieux boisés et prairials et ne s’opposent pas à la circulation des espèces. ©GFDL 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page17
  • 20. Alors qu’avant l’apparition de ce concept, les impacts d’un aménagement réalisés « ici et maintenant » n’étaient évalués qu’« ici et maintenant », l’application du développement durable signifie qu’il a aussi évaluer ce qu’une action produira dans le futur, mais aussi ailleurs. Car le fonctionnement des villes a des impacts dans le pays du monde où elles puisent leurs ressources, ce qu’elles doivent au moins compenser sous la forme d’action de solidarité internationale. Ceci est confirmé par des données produites par le WWF, qui montrent que les pressions exercées par les écosystèmes du monde croissent de façon exponentielle en fonction des revenus : un pygmée du Cameroun m’expliquait ainsi que les Blancs qui se rendent dans sa forêt lui affirmait que sa biodiversité était très riche, mais que lui- même est très pauvre. C’est en effet la règle. Les programmes de lutte contre la pauvreté de la CDB devraient attaquer ce phénomène. Ainsi, la pollution du delta du Niger par le pétrole qui détruit les milieux naturels, l’agriculture et la santé humaine, est causée principalement par Shell depuis des décennies. Or, Lawrence Summers – conseiller de Bill Clinton puis de Barack Obama – considère que le coût de la production est fonction du prix de la vie des personnes affectées. Il apparaît donc que celui de la vie d’un Nigérian est moindre que celui d’un Américain. C’est un exemple des conséquences de la dépendance des écosystèmes urbains vis-à-vis d’autres écosys- tèmes. Face à cette situation, il faut rappeler que contrairement à Descartes, le philosophe Francis Bacon considérait que l’« on ne commande à la nature qu’en lui obéissant ». Voir sa présentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains 18 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Jacques Weber : « L’utilisation décorative du végétal ne participe pas à la biodiversité, mais ressort de la logique d’effets de mode pouvant très rapidement se retourner. Sur cet exemple, les éléments vivants sont enchâssés parmi les matériaux inertes sans la moindre solution de continuité. » ©DR INTERVENANTS 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page18
  • 21. 1 CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE La maîtrise de l’étalement urbain est aujourd’hui un enjeu qui nous concerne tous. Les villes ont sans cesse besoin de nouveaux espaces pour construire et les milieux naturels en sont les premières victimes. Et pour- tant, les espaces naturels apportent de nombreux services aux villes : ils filtrent l’eau, purifient l’air, réduisent les îlots de chaleur… Comment les villes peuvent-elles concilier les deux ? La croissance urbaine ne peut être durable sans inventivité et innovation pour restaurer la nature dans les villes, aussi bien dans les espaces extérieurs que sur le bâti lui-même ! Il existe des outils d’aménagement et d’urbanisme que plusieurs collectivités ont su modifier afin d’y intégrer ces nouveaux enjeux. D’autres ont même créé de nouveaux mécanismes pour inciter les opérateurs à verdir leurs projets, des exemples à suivre… POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page19
  • 23. 1 La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes Rennes Métropole s’appuie sur une tradition de planification territoriale datant de plus 40 ans et qui a été étendue au périmètre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Pays de Rennes. Un principe de développement en archipel a été retenu pour concilier croissance urbaine, développement économique, cohésion sociale et préservation de la biodiversité. Les contraintes environnementales ont été intégrées aux politiques sectorielles de l’agglomération et la planification urbaine restreint les surfaces urbanisables pour laisser la place au développement des trames vertes et bleues dont la maille la plus fine est celle des Milieux naturels d’intérêt écologique (MNIE) répertoriés par le SCoT. Une partie correspond à des espaces agricoles périurbains qui sont protégés des pressions d’urbani- sation. Le nombre et la localisation des MNIE évoluent dans le temps et sont protégés au niveau de la parcelle dans les PLU communaux, les espaces à très forts enjeux devant très souvent être soumis à la maîtrise foncière publique. L’expérience rennaise démontre, à notre sens, qu’il est parfaitement cohérent d’articuler planification urbaine et politique de biodiversité. La communauté d’agglomération Rennes Métropole regroupe 37 communes et 400 000 habitants répartis sur un territoire à 83 % agricole et détient notamment les compétences de développement économique, d’aménagement, de transport et d’environnement. Ce territoire est inclus dans celui du Pays de Rennes, sur lequel s’applique le Schéma de cohérence territoriale (SCoT), et auquel appartiennent quatre communautés de communes regroupant 60 000 habitants répartis sur 113 000 hectares dont 75 % sont des espaces agricoles, 13 % des espaces naturels et 14 % d’espaces urba- nisés. La croissance urbaine est très forte et arrive au troisième rang en France. La population augmente de 1,6 % par an depuis vingt ans et ce rythme ne devrait pas faiblir dans les prochaines décennies. Il faut donc écono- miser l’espace, y compris pour que les activités économiques (TIC, agroalimentaire, etc.) puissent se déve- lopper. C’est pourquoi les autorités locales ont décidé de la mise en place d’un SCoT qui a succédé à un schéma directeur et qui est donc ancré dans l’histoire du territoire depuis plus de 40 ans. Alors que la croissance était au départ ciblé sur la ville-centre, des ceintures vertes ont été planifiées dans les années 1990. Le SCoT, CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME 21 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Bernard POIRIER Président du SCoT, Vice-président de Rennes Métropole chargé du Développement durable et de l’Environnement 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 06/04/12 14:34 Page21
  • 24. 1 MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME 22 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes qui concerne à présent 64 communes, tient désormais compte de polarités multiples et vise à concilier la croissance de la population et du bassin d’emploi avec la qualité de son cadre de vie et avec le maintien de sa cohésion et de sa mixité sociales. Depuis l’origine, Rennes Métropole s’est organisée pour intégrer le développement durable et la dimension environnementale dans ses politiques sectorielles. Les politiques menées visent à limiter la pression sur la biodiversité et sur les espaces agricoles, dont la qualité des limons profonds est comparable à celle de la Beauce ou de la Brie. Plus de mille agriculteurs y développement des productions très diverses. L’analyse conduite ayant montré que les surfaces agricoles étaient en réduction, le SCoT actuel prévoit sur la base du principe de la ville-archipel, de ne consommer que 5 700 hectares à des fins d’urbanisation (contre 6 600 dans la version précédente) alors que la surface qu’il couvre a doublé. Pour préserver la qualité de vie et la biodiversité, il faut mettre en cohérence les différentes échelles. Le SCoT du Pays de Rennes a donc défini quatre niveaux de trames écologiques. La grande trame verte et bleue (mas- sifs forestiers et fonds de vallées) est déclinée en niveaux de fonctionnalité beaucoup plus fins : des milieux naturels d’intérêt écologique (MNIE) ont ainsi été inventoriés depuis plus de vingt ans. La deuxième réalisation de cet inventaire, récente, montre que plus de 12 000 hectares (soit 11 % du territoire) et 480 sites sont protégés au niveau de la parcelle. Identifiés par les PLU, ils jouent un rôle de milieux sources pour la trame verte et bleue. Ces sites évoluent en permanence. Durant la dernière décennie, 15 MNIE ont disparu et 30 sont apparus. Les modalités d’entretien de ces milieux font l’objet d’un important débat au sein Rennes Métropole. Certains terrains de traitement des eaux usées, par exemple, sont devenus des MNIE. Les espaces agricoles en accueillent une partie. Le SCoT identifie sous le terme de « champs urbains » les MNIE pouvant faire l’objet de fortes pressions urbaines. Ces espaces agricoles sont notamment protégés au titre de leur participation à la préservation de la biodiversité. Ainsi, à Chartres-de-Bretagne, commune où se trouve un site industriel automobile, le SCoT impose au PLU un droit de consommation maximum des espaces, des taux de densité obligatoire (variant de 25 à 45 logements par hectare), un taux de renouvellement urbain, Dans le cadre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Pays de Rennes (Ille-et-Vilaine), un atlas des milieux naturels d’intérêt écologique (MNIE) a été établi en 2007 et révisé en 2011. 11 % du territoire du SCoT est strictement protégé et chaque parcelle est identifiée par les Plans locaux d’urbanisme. Cette carte permet de saisir les grandes cohérences écologiques du territoire. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page22
  • 25. et des flèches orientant les possibilités d’urbanisation dans la poursuite de l’urbanisation actuelle. L’articu- lation avec les autres politiques s’exprime au travers du renouvellement et de la densification des formes urbaines, et la mise en cohérence des densités avec les schémas des transports, des services de proximité et d’implantation commerciale. La planification de Rennes Métropole articule ces différentes contraintes à l’échelle de chaque commune. Les nombreux outils urbanistiques existants en France peuvent être mis en œuvre sur cette base. Notre métropole a notamment développé une politique de création de réserves foncières dotée d’un budget de 15 millions d’euros par an afin de protéger les espaces à enjeux. Mais il faut que chaque outil soit bien dédié à son échelle et ne pas oublier que les rôles d’un PLU et d’un SCoT sont très différents, et en gardant notamment à l’esprit qu’un SCoT trop prescriptif prend le risque d’une annulation par le tribunal administratif. À l’échelle du PLU, plusieurs outils existent pour protéger les champs urbains, et il est même envisageable de mettre en place des Périmètres de protection et d’aménagement des espaces agricoles (PAEN) et/ou des Zones agricoles protégées (ZAP). En effet, tous les MNIE ne sont pas classés Zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), mais certains peuvent l’être à terme, puisque les milieux évoluent. Ainsi, à Mordelles, sur 13 MNIE, 3 ont disparu et 8 nouveaux sont apparus en dix ans entre les deux 23 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Extrait du SCoT du Pays de Rennes. Pour la commune de Chartes-de-Bretagne, les champs urbains – espaces agricoles menacés – sont indiqués en jaune. Les parcelles sont protégées grâce à une délimitation à l’échelle de la parcelle. Les axes d’urbanisation préconisés par le SCoT sont matérialisés par les flèches rouges. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page23
  • 26. versions du SCoT. L’essentiel est de protéger ces espaces en connexion avec des milieux naturels de la construction et de ne pas perdre de vue que la nature progresse d’elle-même : le nombre global des MNIE est passé de 380 à 480 en 15 ans. Ceci étant, pour éviter les dérives, les espaces à enjeux doivent être soumis à la maîtrise publique. Pour les communes, la seule façon de maîtriser les actes de promoteurs consiste à devenir propriétaire des terrains ou à créer une SEM. L’expérience montre qu’il n’est possible d’agir concrètement que dans le cadre de politiques qui mettent en œuvre une logique d’horizontalité sur le terrain, et ce, dans la durée, en anticipant les évolutions. Les réussites et les échecs du Pays de Rennes en témoignent clairement. Il faut aussi se souvenir que le partage est la condition de la réussite du développement durable. C’est pourquoi Rennes Métropole s’efforce de toucher l’ensemble des habitants à travers ses différentes politiques. Voir sa présentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.paysderennes.fr www.rennes-metropole.fr Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Pays de Rennes (syndicat mixte du SCOT), composé de cinq EPCI dont la communauté d’agglomération Rennes Métropole Services de la collectivité associés : Pour Rennes Métropole : Direction Général Prospective et Développement Durable - Direction de la Stratégie et du Rayonnement Métropolitain - Service Prospective, Évaluation et développement durable - Pôle planification Partenaires techniques : AUDIAR (Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise) Date de début de l’action : Novembre 2003 : lancement de la révision du SCOT Date de fin : Décembre 2007 : approbation du SCOT 1 MAÎTRISER L’ÉTALEMENT URBAIN GRÂCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET D’URBANISME 24 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES La prise en compte de la biodiversité dans le SCoT du Pays de Rennes Une longue tradition de planification SDAU 1974 – Une urbanisation continue le long d’axes lourds de transport en commun, type ville-nouvelle SDAU 1983 – Le « SDAU vert des villettes » : un développement équilibré sur l’ensemble des communes dans la ceinture verte SD 1994 – L’alternance et l’équilibre entre la ville et la campagne, une structuration autour de pôles d’appui SCOT 2007 – Un changement d’échelle et d’outils : la ville-archipel en réseau ©AUDIAR-ho-2008 Extension urbaine linéaire à partir du noyau urbain Ceinture verte et corridors écologiques Communes Réseau rayonnant vers la ville centre Ceinture verte et corridors écologiques Villettes Maillage de voiries structurant Ceinture verte et corridors écologiques et secteurs d’isolement paysage Communes Pôles d’appui Axe structurant des réseaux de communes Agriculture préservée par la maîtrise de la consommation d’espace Pôles d’échanges/ « Champ urbain » réseau TC performants 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page24
  • 27. 1 Le coefficient de biotope par surface à Berlin La Ville de Berlin (Allemagne) et ses arrondissements ont mis en place une politique de végétalisation et de renaturation s’appuyant sur des coefficients de biotope par surface (CBS) dans les quartiers denses et très imper- méabilisés du centre-ville. Ce coefficient évalue la part des surfaces favorables au vivant. Tous les propriétaires sont soumis à ces objectifs décidés à l’issue d’une concertation locale avec les habitants et les acteurs représentatifs de l’intérêt général. Les objectifs fixés tiennent compte de la nature des bâtiments et des milieux initiaux et peuvent être atteints grâce à des actions multiples : plantations au sol, pavement perméable, végétalisation des murs et toits, etc. Après établissement du plan de paysage, le CBS de l’arrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg, d’une valeur initiale de 0,06, devra atteindre la cible fixée à la valeur 0,3. L’expérience montre que cet outil flexible est bien accepté par les propriétaires, les architectes et les porteurs de projets. La périphérie de Berlin est très végétalisée : en effet, les friches étaient très nombreuses à Berlin après la Deuxième guerre mondiale. La croissance de la population a été très limitée à Berlin-Ouest avant la chute du mur, et la croissance de Berlin-Est n’a pas empêché la présence de nombreux espaces ouverts. Une flore et une faune sauvages s’y sont développées. Parfois, les bois ont poussé sur d’anciennes voies ferrées. La population a accepté ces milieux typiques de Berlin et qui existent, pour certains, depuis les années 1950, et qui sont respectés. La végétation sauvage est moins bien acceptée dans les parcs. Mais dans le centre-ville, malgré les lourdes destructions dues aux bombardements, un habitat très dense formé d’immeubles de cinq étages datant du XIXe siècle, groupées autour de petites cours a subsisté ou s’est reconstitué après la Deuxième Guerre mondiale. Dans ces quartiers, l’imperméabilisation du sol est très importante, ce qui provoque une alimentation insuffisante des nappes phréatiques et une trop forte humidité de l’air, accentue les effets du réchauffement et propose de très rares habitats pour la faune et la flore, alors que le nombre des espaces verts reste insuffisant. L’application des Coefficients de biotope par surface dans les plans de paysage du centre-ville CBS vise à le verdir pour améliorer les conditions climatiques et l’hygiène atmosphérique, réalimenter les nappes phréa- tiques, refaire vivre les sols et développer la biodiversité. À la phase initiale de création de ces plans se succèdent une très importante phase de participation du public, qui dure quatre semaines, puis la consultation des organisations d’intérêt public. Le plan est officiellement publié après approbation du Sénat de Berlin et du Conseil d’arrondissement. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 25 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Birgit BEYER Service des Espaces verts du 2e arrondissement de la Ville de Berlin (Allemagne) 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page25
  • 28. 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 26 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Le coefficient de biotope par surface à Berlin Éléments de référence pour le calcul des coefficients biologiques de surface (CBS). La valeur du coefficient augmente en fonction de l’impact positif sur la biodiversité et la perméabilité des sols. Les propriétaires peuvent choisir parmi différents éléments afin d’atteindre les objectifs obligatoires. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page26
  • 29. Lors de l’analyse, les premiers plans dressés établissent le degré initial d’imperméabisation du sol et les objectifs en la matière, en établissant un gradient de couleurs. Il faut bien distinguer les îlots où se trouvent des édifices anciens de ceux où sont implantés de nouveaux bâtiments pour établir les objectifs. Les CBS- cibles pourront être beaucoup plus élevés dans le second cas (0,6) que dans le premier (0,3). Dans le cas de centres commerciaux ou de bâtiments industriels, les coefficients visés sont aussi de 0,3. Les écoles, jardins d’enfants, bibliothèques et bâtiments récents doivent aussi atteindre une valeur de 0,6. Le CBS établit la part de la surface favorable à la nature sur l’ensemble de la parcelle : 0 pour l’asphalte, 0,5 pour une surface à demi recouverte, etc. La végétalisation d’un toit de garage sera prise en compte par une valeur de 0,7. La valeur maximale est de 1 dans le cas de la pleine terre, lorsqu’il est possible de planter des arbres. Lorsqu’il est impossible de planter au sol, les façades peuvent être le support de plantes grim- pantes et les toitures peuvent être végétalisées. Dans le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg, l’urbanisation est très dense et la valeur initiale du CBS était de 0,06. Après réalisation du plan de paysage, l’objectif a été fixé à 0,3. Chaque parcelle doit atteindre la valeur de l’objectif. Il n’existe aucune aide financière pour les propriétaires entreprenant des travaux. En revanche, les habitants d’une cour peuvent se regrouper pour demander une aide pouvant atteindre 1 500 euros pour ôter l’asphalte de leur cour et planter des arbustes, par exemple. Le propriétaire doit tout de même donner son accord. Les architectes et les propriétaires peuvent choisir différentes options pour atteindre l’objectif : création d’espaces verts, revêtements de surfaces pavées. Il est aussi possible d’utiliser les plantes grimpantes (Vigne vierge, Lierre, par exemple), les toits végétalisés, etc. Ces techniques sont largement utilisées dans les quartiers du centre-ville, où il a même été possible, là où l’ensoleillement est suffisant, de planter des fruitiers en terrasse. Il est bien entendu impossible de végétaliser toutes les façades – notamment dans le cas de monuments historiques. Cette végétalisation permet souvent de donner vie aux cours. Dans certains cas, les habitants des immeubles participent à l’élaboration du projet avec le paysagiste et à sa réalisation, ce qui est important pour le lien 27 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Bien qu’ayant été lourdement bombardés durant la Deuxième guerre mondiale, les quartiers centraux de Berlin ont conservé la structure dense acquise au XIXe siècle. Les axes pénétrants accèdent très difficilement à des cours d’immeubles initialement peu végétalisées repérables sur cette photographie aérienne infrarouge. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page27
  • 30. entre habitants. Les briques de pavement (Klincker) peuvent être utilisées pour apporter de la couleur, et il est parfois possible d’installer des mares. Les toits végétalisés sont nombreux à Berlin, notamment sur les bâtiments récents où la résistance des toits est suffisamment forte dès l’origine, et où ils participent à l’isolation du bâtiment. Les toits végétalisés dits intensifs peuvent être utilisés par les promeneurs. À l’inverse, certaines situations (pentes fortes, par exemple) interdisent la fréquentation, même s’il faut les entretenir pour arracher les arbrisseaux qui s’y implantent. L’expérience montre que le CBS est un outil très flexible très bien accepté par les propriétaires, les architectes et les développeurs de projets. C’est aussi une réussite du point de vue du Sénat de Berlin et des arrondisse- ments. Il peut être intéressant pour les villes qui possèdent des quartiers denses de s’en inspirer. Voir sa présentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/landschaftsplanung/bff/index_fr.shtml 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 28 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Le coefficient de biotope par surface à Berlin Une cour de la Dresdener Strasse, dans le quartier de Kreuzberg (Berlin). Un exemple typique de pavements perméables et de végétalisation des murs. Toit végétalisé à Kreuzberg (Berlin). La végétalisation des toits est l’une des manières d’atteindre les objectifs de CBS fixés par les plans de paysage. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page28
  • 31. 1 L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne Située sur la côte basque et donc confrontée à une forte pression foncière, Bayonne a décidé d’implanter l’éco- quartier du Séqué sur une zone regroupant les terrains provenant d’un ancien camping et d’exploitations agricoles. Au-delà des démarches énergétiques et de gestion écologique des flux (déchets, eaux usées, etc.), le quartier joue un rôle de corridor écologique grâce à ses deux thalwegs boisés. L’implantation des bâtiments respecte les circu- lations biologiques tout en ne supprimant aucun arbre du site, et valorise le plan d’eau existant en tant que lieu de convivialité. Un verger et des jardins partagés seront implantés et la gestion en sera confiée aux futurs habitants, qui doivent bénéficier d’un accompagnement spécifique pour appréhender les réalités propres à ce nouveau type d’habitat et construire les modalités de gestion de l’ensemble des espaces collectifs. Située sur la côte basque et donc soumise à une très forte pression foncière, Bayonne compte 45 000 ha- bitants et 64 % de son territoire est classé en zone naturelle protégée. Situé à 5 kilomètres du centre historique, d’une superficie de 14 hectares dont 7 seront constructibles, le projet d’écoquartier du Séqué comptera à terme 530 logements, un établissement pour personnes âgées dépendantes, des commerces et de services de proximité. Le site, qui regroupe un ancien camping et d’anciens terrains agricoles, possède un paysage riche et diversifié. La question de l’aménagement de ce site en quartier d’habitat s’est posée en 2005, lorsque le camping a été mis en vente et préempté par la Ville, qui possédait déjà les autres terrains. Afin de respecter au mieux le paysage et la biodiversité du site, Bayonne a fait appel à un cabinet de paysagistes et un bureau d’études en environnement. Le site comprend un plan d’eau entouré de chênaies-châtaigneraies, des vallons à aulnaies marécageuses et une prairie mésophile ayant autrefois hébergé des vergers. Cette biodiversité est assez ordinaire, mais pré- sente des connexions à préserver grâce aux deux thalwegs boisés qui assurent les liens entre le bassin de l’Adour, les marais d’Orx et les plages des Landes. Ces espaces sont classés en tant que Zones naturelles (N) dans le Plan local d’urbanisme (PLU). En parallèle de la conduite de ces études, une Approche environnementale de l’urbanisme de l’Ademe a été engagée. Elle porte sur de multiples thématiques : énergie (solaire passif), gestion et récupération des eaux pluviales, tri et valorisation des déchets, voirie et transports en commun, gestion des impacts paysagers. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 29 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Marie CORRALES Directrice adjointe de l’Urbanisme de la Ville de Bayonne 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page29
  • 32. 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 30 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne Les noues végétales acheminent les eaux pluviales vers le lac. PAYSAGISTES, URBANISTES ET ÉCOLOGUES… Trop souvent encore, la séparation entre métiers – architectes, paysagistes, écologues, ingénieurs urbains, défenseurs des écosystèmes – peut faire perdurer les logiques de verdissement au détriment d’une véritable biodiversité en ville. Ainsi, Elisabeth HEYLER, paysagiste de la société Compémenterre, explique que « [son] agence mène une réflexion sur la façon de concilier aménagement et biodiversité, ce qui crée de très fortes exigences appelant des solutions innovantes. Tous les paysagistes ne se contentent pas de dresser des décors. Une des solutions réside sans aucun doute dans l’interdisciplinarité entre paysagistes, gestionnaires, écologues, etc. » Brigitte CAPLAIN, enseignante à l’École Du Breuil, précise que « les professeurs de l’École Du Breuil ont conduit des projets communs avec l’École Boulle, qui montrent que les jeunes sont très réceptifs à l’interdisciplinarité qui sera essentielle pour concilier croissance urbaine et biodiversité. » Pour Marie-Claude MASSICOTTE, architecte-paysagiste à la Ville de Montréal (Québec, Canada), « certains des sites naturels de Montréal sont aussi très utilisés. C’est pourquoi la Ville travaille aujourd’hui à la mise en valeur des milieux naturels, mais aussi à la créa- tion de ceintures et trames vertes et s’interroge sur les façons de faire coexister biodi- versité et urbanité. » Magali DA SILVA, de la Communauté urbaine de Bordeaux, rappelle que « la gestion différenciée est essentielle pour montrer que les espaces sont maîtrisés et non laissés à l’abandon. ». Guillaume ABASQUESNES, architecte et urbaniste à la Communauté d’agglomération Argenteuil-Bezons, regrette que « les éco- logues restent très peu présents dans les équipes pluridisciplinaires – et qui plus est à leur tête. Très rares ont été les projets d’écoquartiers coordonnées par des écologues mandataires. Cela n’a pas été sans effet sur les réalisations. »Marie-Claude MASSICOTTE 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:18 Page30
  • 33. Le projet a été défini autour des 3 espaces paysagers : le secteur du camping et de la forêt, la prairie et le belvédère. Les bois présents autour du lac sont préservés, ainsi que la connexion entre les deux thalwegs, grâce à la plantation de vergers. Dans le secteur du camping et de la forêt, les bâtiments sont construits sur pilotis – ce qui implique, bien entendu, des surcoûts d’isolation. Mais cela permet en revanche de préserver plus facilement les arbres existants, de bénéficier d’apports de lumière supplémentaires et d’optimiser la perméabilité et la vie des sols. Les peupliers de l’ancien camping seront peu à peu remplacés. La décision de conserver les arbres existants a posé problème à certains des maîtres d’ouvrages qui auraient préféré les supprimer pour faciliter les opérations de construction. Dans le secteur de la prairie les constructions sont aussi réalisées sur pilotis et implantées façon perpendi- culaire à la voire actuelle pour préserver les vues et les passages vers la forêt. Le site sera « végétalisé » au travers de la plantation d’arbres fruitiers situés en limite de lots et rappelant l’histoire du site, mais aussi grâce aux plantes grimpantes qui seront installées le long des façades et aux toitures-terrasses végétalisées. Les cinq promoteurs devront respecter le plan global de composition paysagère. L’implantation minimise les opérations de déblais. Le secteur du belvédère bénéficie d’une exposition plein Sud et d’une vue magnifique sur les Pyrénées. Les constructions seront étagées afin de tirer le meilleur parti de cette exposition. Le parti pris pour l’implantation vise à minimiser la quantité de déblais et le traitement des espaces libres a pour objectif de limiter leur impact environnemental. 31 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Plusieurs bâtiments sont construits sur pieux, préservant les sols. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page31
  • 34. La voirie, d’une surface réduite, est réalisée en enrobés Végécol grenaillés. Les places de stationnement sont engazonnées et les chemins traités en stabilisé. La récupération des eaux s’effectue au travers de noues plantées de phragmites et de roseaux, l’eau ainsi épurée est dirigée vers le lac qui joue un rôle de bassin de rétention. Un ponton a été aménagé face au lac et le chemin de berge préexistant a été réaménagé en stabilisé. Les espèces utilisées sont locales et sobres en eau. La prairie et le lac devraient jouer un rôle de point de rencontre pour les futurs habitants. Ceux-ci ont été séduits par le projet, ce qui ne les empêche pas, pour certains, d’exprimer des inquiétudes du fait de la présence d’arbres à proximité immédiate de leur habitation. Cette implantation quelque peu atypique nécessite donc un certain apprentissage. C’est pourquoi les services de la Ville accompagnent actuellement les futurs habitants, notamment pour définir une gestion commune des vergers et des jardins partagés. La concertation qui a démarré en septembre 2011 concerne également la définition et la gestion les aires de jeux et les autres espaces collectifs. Voir sa présentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.bayonne.fr Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Bayonne avec le concessionnaire de la ZAC, la SEPA (société d’économie mixte d’aménagement) Services de la collectivité associés : Direction Générale des Services, Direction Générale des Services Techniques, Urbanisme, Direction des Infrastructures et des Espaces Publics, Direction du Cadre de Vie, Développement durable, Communication, Régie des eaux de Bayonne Budget : 13 092 000 € HT Partenaires financiers : Agglomération Côte basque Adour Partenaires techniques : Agglomération Côte basque Adour, Chronoplus (réseau de transport en commun), SEPA Date de début de l’action : 2005 (études) - 2006 (dossier de réalisation) Date de fin : courant 2012 pour la phase 1 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 32 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES L’exemple de l’écoquartier du Séqué à Bayonne 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:44 Page32
  • 35. 1 Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris » Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Paris Services de la collectivité associés : Direction de l’Urbanisme, Direction des Espaces Verts et de l’Environnement Budget : 100 000 € Partenaires techniques : AMO DD + Société spécialisée en communication Date de début de l’action : 2006 Date de fin : Toujours en cours ➜ OBJECTIFS Outil d’aide à la décision permettant une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les projets urbains, ce document s’adresse aux chefs de projets urbains de la direction d’urbanisme, mais également à tous les partenaires (aménageurs, AMO DD, urbanistes). Il propose aussi une méthode de suivi et d’évaluation fondée sur des indicateurs, dont une dizaine porte spécifiquement sur la préservation et le renforcement de la biodiversité. Ce document est consultable sur www.paris.fr ➜ MESURES MISES EN ŒUVRE Ce référentiel doit permettre l’amélioration globale de la conception et de la mise en œuvre des opérations d’aménagement. Il s’applique quel que soit l’avancement de l’opération et répond aux besoins suivants : • disposer d’un cadre de référence pour intégrer les objectifs de développement durable dans les aménage- ments, • suivre et évaluer l’intégration du développement durable à tous les stades d’une opération, depuis les intentions politiques jusqu’à la réalisation et l’évaluation, • assurer une cohérence avec les certifications existantes à l’échelle du bâtiment (démarche HQE® ), • développer la transversalité entre la Direction de l’Urbanisme et les autres services de la Ville, • anticiper la gestion à venir, • le référentiel constitue un outil quotidien pour un aména- gement durable de la capitale. Il se présente sous forme de fiches pratiques regroupant toutes les informations utiles et donnant des exemples concrets applicables à Paris. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 33 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Document à télécharger sur le site www.paris.fr 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:44 Page33
  • 36. ➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ L’axe 3 du référentiel « Une gestion responsable de l’environnement » disposant d’un chapitre dédié au renforcement de la biodiversité, la grille d’analyse dispose d’indicateurs spécifiques à cet enjeu. À court terme cela permettra de vérifier si toutes les opérations d’aménagement et de construction se préoccupent suffi- samment de renforcer le maillage vert et bleu de Paris et de favoriser les interfaces avec les quartiers et les communes limitrophes et d’orienter les projets en conséquence. www.paris.fr 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 34 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Le référentiel « Un aménagement durable pour Paris » Terrasse végétalisée 103 avenue de France – Paris 13e . ©FionaStewart 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:23 Page34
  • 37. 1 Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement) à Montpellier Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : Ville de Montpellier Services de la collectivité associés : Direction de l’Aménagement et de la Programmation (DAP), la DPB (Direction Paysage et Biodiversité), la DGU (Direction du Génie Urbain), la DAI (Direction Architecture Immobilier) et la DEMT (Direction Énergie et Moyens Techniques) Budget : : 67 800 € Partenaires financiers : l’ADEME à hauteur de 17 500 € et la Région Languedoc-Roussillon à hauteur de 28 230 € Partenaires techniques : Le cabinet d’architectes-urbanistes TEKHNE, spécialisé en DD ; l’ADEME Date de début de l’action : 2008 Date de fin : Mis en application en 2011 ➜ OBJECTIFS Le guide AURA est un référentiel partagé de prise en compte et d’amélioration continue du volet environne- mental et social des opérations d’urbanisme. Il a pour ambition d’évaluer la durabilité d’un projet d’aména- gement et permet ainsi à la collectivité de choisir le projet qui a le moins d’impact sur l’environnement. Cette démarche fait évidemment suite aux études d’impacts réglementaires qui prennent en compte le contexte environnemental global du projet. ➜ MESURES MISES EN ŒUVRE Le référentiel AURA est un outil de programmation, d’aide à la décision et d’éva- luation utilisé dans les différentes phases d’un projet d’aménagement afin d’en limiter l’empreinte écologique. Deux ans ont été nécessaires à son élaboration, puis, suite à son adoption en conseil municipal, le guide a pu être mis en place et utilisé comme outil de référence. Une brochure a été créée pour sensibiliser et informer le public sur l’impact environnemental des aménagements. Pour avoir une portée plus importante, cette grille sera aussi annexée dans le prochain PLU. L’AURA est structuré en trois chapitres correspondant aux trois temps d’une opération d’urbanisme (programmation, aménagement et construction) pour lesquels 9 leviers d’actions prioritaires ont été identifiés et 30 indicateurs. Le chapitre B, correspondant au temps de l’aménagement, porte une attention particulière à la trame verte et bleue ainsi qu’à la préservation de la biodiversité dans les projets. Les critères sélectionnés correspondent à des principes d’aména- CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 35 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page35
  • 38. gement plus vertueux et permettent de faire évoluer les pratiques des concepteurs et des constructeurs. Des critères tels que : le coefficient d’imperméabilisation des sols, le tracé des trames, les surfaces réservées aux espaces de nature en ville, la surface de canopée préservée, la consommation et la préservation de la ressource en eau, la protection de la biodiversité et l’intégration végétale ont été choisis pour évaluer les opé- rations d’urbanisme. Ainsi en évaluant l’impact des projets en amont de leur réalisation, l’AURA incite à une meilleure prise en compte des espaces de nature et de la biodiversité en ville. ➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ La grille AURA en est à ses débuts. Elle a pour ambition de rectifier et limiter les impacts du projet d’aména- gement sur l’environnement. Un des premiers résultats de son application est la meilleure prise en compte de la biodiversité dans les programmes des architectes et constructeurs ainsi qu’un renforcement du Schéma Directeur de Réseaux Verts de la ville, initié en 2007. www.montpellier.fr 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ EN MILIEU URBAIN 36 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Mise en place du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement) à Montpellier La grille AURA permet d’évaluer l’impact des projets en amont de leur réalisation. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page36
  • 39. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ 2 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITÉ DES MILIEUX NATURELS EN VILLE Laissées aux portes de nos villes, la plupart des espèces animales et végétales se retrouvent confinées dans des îlots de nature ou des espaces protégés souvent sanctuarisés. Incapables de se déplacer pour se nourrir, s’abriter, se reproduire, ni de remonter vers le nord en réponse au changement climatique, certaines popu- lations d’espèces se retrouvent isolées, sans capacité d’interagir avec d’autres individus favorisant la perte de diversité génétique. Les routes et les infrastructures bâties morcellent les habitats, tandis que les rivières et cours d’eau ont longtemps été totalement minéralisés perdant leur rôle de corridors écologiques. Depuis plusieurs années, la tendance s’inverse, avec la volonté de renaturer les espaces artificialisés et d’identifier les continuités dans et en dehors des villes. Des projets de renaturation, de végétalisation, d’identification des trames et de création de corridors entre les « cœurs de nature » sont mis en place partout en France et en Europe pour renforcer la qualité des milieux naturels en ville. 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:21 Page37
  • 41. 2 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITÉ DES MILIEUX NATURELS EN VILLE RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 39 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich Après plus d’un siècle d’artificialisation, le lit de l’Isar retrouve progressivement à Munich (Allemagne) un aspect proche de celui d’une rivière alpine sauvage, tout en maintenant la protection de la ville contre les crues. Pour cela, les digues ont été repoussées et renforcées afin de laisser les eaux divaguer sur une plus vaste largeur, déposer de la pierraille et se ramifier. Les berges et les seuils minéralisés ont été supprimés et remplacés par des rives érodables et par des bassins empierrés successifs. Les nouveaux milieux minéraux inondables ont rapidement été colonisés, y compris par les espèces endémiques des torrents bavarois et autrichiens. Des zones d’accueil du public ont été aménagées et les eaux sont épurées grâce à un procédé à ultra-violets durant la saison de baignade. Les débits d’étiage et de crue ont été relevés afin de maintenir une oxygénation suffisante et une bonne variabilité des niveaux d’eau. L’arasement d’un barrage latéral est à présent programmé pour redonner vie à l’un des bras de l’Isar. Le Plan Isar vise à revitaliser une rivière urbaine. Le bassin de cette rivière s’étend sur une superficie de 9 000 km2 pour une longueur de 270 km entre sa source située dans les Alpes et sa confluence avec le Danube. À Munich, son débit oscille entre 40 m3 et 1 100m3 /s en cas de crues, pour une moyenne de 90 m3 /s. Il se répartit entre le canal d’amenée et le lit naturel de la rivière, car à partir de 1905, son cours a été aménagé afin de protéger la ville, les villages et les zones agricoles des alentours contre les inondations. Des barrages hydroélectriques ont été construits, l’Isar a été canalisé et ses berges ont été renforcées grâce à de nouvelles digues. Par conséquent, les habitats des plantes et des animaux, notamment des espèces migratoires, ont été réduits. Les caractéristiques hydrauliques ont été modifiées et le fond du lit s’est affaissé de plusieurs mètres. En 1905, la rivière était encore presque naturelle et comprenait des bancs de pierraille et des bras ramifiés. Les berges étaient en bon état biologique. En 1999, avant l’ouverture des premiers travaux, l’Isar était canalisé et ses berges très peu fertiles. En Allemagne, les Länder sont responsables de la gestion de l’eau. La Ville de Munich et l’État libre de Bavière, représenté par l’Office de l’eau de Munich, ont décidé de lancer le projet, qui vise à revitaliser l’Isar tout en optimisant la protection contre les inondations, ce qui apparaît aujourd’hui réussi après un investissement de 35 millions d’euros de 2000 à 2011 sur un parcours de 8 kilomètres. Les travaux ont commencé dans le sud de la ville et se sont achevés dans son centre. Il s’agissait aussi de créer des zones de repos attractives. Le projet a été discuté avec un forum de citoyens avant qu’un concours soit ouvert pour choisir le maître d’ouvrage. Christian LEEB Département Gestion de l’eau, Ministère Bavarois pour l’Environnement et la Santé (Allemagne) 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page39
  • 42. L’Isar à Munich. En 1999, le cours de la rivière apparaît presque canalisé et ne peut tolérer d’importantes variations de débit. En 2011, après les opérations de renaturation, l’Isar a retrouvé ses pierrailles, des berges ouvertes et des seuils franchissables par tous les organismes aquatiques. Les rives ont été recolonisées, y compris par la flore et la faune endémiques. 2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 40 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page40
  • 43. 41 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ Les grandes lignes du projet ont été définies sur la base du site-référence de Flaucher, dernier tronçon de l’Isar présentant les caractéristiques d’une rivière alpine sauvage dans la ville avant sa restauration. C’est sur cette base que le paysage de l’Isar a été redessiné. Afin de prévenir les effets des inondations, la section transversale de la rivière a été augmentée et les digues renforcées. En cas de crue, le débit a été limité à 1 100 m3 /s grâce au barrage du Sylvensteinsee, situé au pied des Alpes. Les berges minéralisées ont été supprimées et les digues reculées. La stabilisation des digues a été effectuée grâce à des rochers installés dans une fosse située en retrait de la berge et dissimulée par la végétation. L’Isar peut ensuite en éroder les bords intérieurs et y déposer de la pierraille. Jusqu’ici, la ramification insuffisante a causé de l’affaissement du fond. Elle sera réduite grâce à l’érosion latérale, l’élargissement du lit offrant à la rivière un plus vaste espace d’écoulement en cas de crue tout en limitant cette érosion latérale. Certaines anciennes digues posaient problème, puisque des arbres s’y étaient implantés au fil des années. Leurs racines créent des tensions de cisaillement qui concourent à l’érosion. Elles peuvent provoquer la chute des arbres et la rupture brutale de la digue en quelques minutes. La structure des digues peut aussi être affaiblie par le haut, en raison de l’action du vent ou du tassement spontané. Or, de nombreux arbres sont protégés. C’est pourquoi un procédé nouveau a été élaboré pour protéger les digues : des murs de bétons ont y été encastrés grâce à un engin spécialement conçu pour implanter des colonnes qui y sont coulées puis reliées par une poutre sommitale. Ce dispositif facilite la restauration à bas coût des digues après les crues tout en assurant la protection contre les inondations. Le plan avait aussi pour but de recréer des conditions proches de l’état naturel afin de revitaliser le cours de l’Isar et proposer des conditions optimales à la faune et à la flore. Des aménagements du débit ont notamment été négociés avec les exploitants hydroélectriques. Au départ, la rivière recevait à l’étiage 5 m3 /s. Ce débit a été porté de 8 à 22 m3 /s à partir de 2004. C’est un facteur limitant en été, puisque la hausse de la température de l’eau tend à limiter sa teneur en oxygène, ce qui nuit aux poissons et à la qualité de l’eau. Le développement de zones de faible profondeur en bordure du lit a en parallèle permis aux alevins et jeunes poissons de se réfugier et d’améliorer la connexion entre écosystèmes, du fait de l’apparition d’eaux stagnantes et de bras morts dans les zones où les hautes eaux ont érodé les rives, puisque la rivière évacue à présente presque tout le débit amont en cas de crue. Des souches fixées par des chaînes ont été intention- nellement disposées afin de proposer des zones de frai aux poissons. L’aspect de la rivière a été totalement modifié. Les seuils en dur qui produisaient de forts affouillements ont été remplacés par des rampes fran- chissables par les espèces migratrices de poissons et les autres organismes aquatiques. Ces rampes sont composées par plusieurs bassins entourés de pierres et permettent aux castors et aux habitants de Munich de traverser l’Isar à gué. L’évaluation écologique du projet a donné lieu à la mise en place d’un suivi scientifique en partenariat avec l’université de Munich. Elle comprend l’édition d’un bilan de l’évolution et de l’utilisation des espaces modifiés, des espèces apparentes et des successions végétales – ceci afin de développer l’expertise pour les projets futurs. 2TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page41
  • 44. Au bout de trois ans, la richesse botanique des digues a beaucoup augmenté et plusieurs espèces de plantes menacées se rencontrent en centre-ville. Des semis sous mulch ont été utilisés au départ et la biodiversité végétale a rapidement augmenté après une première saison, durant laquelle les espèces annuelles étaient majoritaires. Les zones uniquement inondées en cas de crue se sont montrées adaptées à des coléoptères très spécifiques de ces milieux où les hautes eaux dénudent la pierraille et emportent sables, limon et végé- taux. Certaines espèces d’oiseaux vivant dans les milieux empierrés y ont aussi trouvé un biotope idéal, comme d’autres espèces d’insectes et de végétaux endémiques des rivières alpines bavaroises et autrichiennes. La Ville de Munich a accordé une très forte attention aux aménagements d’accueil du public. Des tribunes ont été installées pour améliorer l’accessibilité. Les Munichois apprécient beaucoup la qualité de leur rivière alpine urbaine. La qualité des eaux de baignade est garantie par l’assainissement des eaux usées effectué par les stations d’épuration du sud de la ville, qui utilisent des procédés à ultra-violets. Cette épuration n’est effectuée que durant la saison de baignade, de mai à septembre, en dehors des hausses de débit suivant un orage et qui charrient une eau boueuse. Afin d’éviter une stérilisation de l’eau, le débit est toujours au moins égal à 12 m3 /s, ce qui est possible grâce au stockage des eaux de fonte dans le barrage du Sylvensteinsee. Voir sa présentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.stmug.bayern.de 2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 42 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES L’exemple de la rivière Isar en milieu urbain à Munich 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page42
  • 45. 2 Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genève (Suisse) Organisme / institution en charge de la mise en œuvre : République et Canton de Genève Services de la collectivité associés : Direction générale de l’eau – Service renaturation des cours d’eau Budget : 2 136 000 CHF Partenaires financiers : Le coût des travaux a été pris en charge par la loi d’investissement L9018 du 13 février 2004 accompagné d’une subvention de 356 000 CHF de la Confédération (OFEV) Partenaires techniques : CERA / GREN / Losinger construction / Louis Genève / Ouvrages métalliques / Boccard / Commune du Versoix Date de début de l’action : 2000 Date de fin : 2006 ➜ OBJECTIFS Situé dans le bourg de Versoix, il s’agit du tronçon le plus canalisé et le plus artificiel du cours d’eau. Les rives étaient artificielles et le lit uniforme. Les zones d’habitation riveraines se trouvaient dans une zone de danger moyen face aux inondations. Les objectifs de cette renaturation étaient de protéger les biens et les personnes contre les inondations, rétablir des berges et un lit naturels en redonnant plus d’espace à la rivière, et favoriser la diversité des habitats piscicoles. ➜ MESURES MISES EN ŒUVRE Les travaux effectués sont les suivants : • suppression des murs en rive droite et démolition d’une villa située en zone inondable, • consolidation de la berge en rive droite par des blocs et des caissons végétalisés avec des boutures de saule, • détournement d’un collecteur d’eaux usées enjambant la rivière, • démolition d’un fortin militaire et d’une partie de mur de protection en rive gauche, • rabaissement de moitié des murs restants en rive gauche, • élargissement du lit majeur et création d’îlots, • création de seuils noyés, • plantation d’arbres fruitiers sur la rive droite, • création d’un passage à faune sous le pont ferroviaire, • création de trois contre-seuils pour améliorer la franchissabilité de la passe à poissons, TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITÉ DES MILIEUX NATURELS EN VILLE RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 43 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSITÉ La renaturation répond à la fois aux enjeux inondation et qualité du milieu. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:46 Page43
  • 46. • remplacement de la passerelle de l’Ancien-Péage par une nouvelle passerelle piétonne en bois (maîtrise d’ouvrage communale), • suppression de la passerelle de la carrosserie et création d’une nouvelle passerelle sous le pont ferroviaire. 250 mètres de cours d’eau ont été renaturés dans le cadre de cette action. ➜ RÉSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSITÉ Ce projet de réhabilitation de la Versoix urbaine est une première pour le canton de Genève, et il a bénéficié du soutien actif des autorités de la commune de Versoix, élément indispensable à sa concrétisation. Les travaux de renaturation effectués ont permis d’améliorer sensiblement la sécurité des riverains face aux inondations et la réapparition du castor sur ce site. La réalisation de frayères et de caches à poissons ont nettement amélioré la qualité piscicole du cours d’eau. www.ge.ch 2 RENATURATION DES COURS D’EAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 44 RECUEIL D’ACTIONS DE VILLES ET AGGLOMÉRATIONS FRANÇAISES ET EUROPÉENNES Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genève Plan du projet de renaturation. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:46 Page44