6. Faut il se contenter de laisser vivre ce qui
pousse ou déborde, prendre un certain recul
et dire, rêve, pensée désir, ne faut il pas se
bander et propulser l’informe et oser le
provoquer? doit il, ce désir attendre le
moment, embourbé, doit il, fatigué suivre les
méandres qu’a fini par creuser la pensée,
les yeux et l’envie voient au loin trop loin,
absent de soi.
Agripper, passer au temps présent, verbe
d’action, transitif, acter est-ce cela, mettre l’
entrevu entre parenthèses, claquer la porte à
la claquemure, laisser revivifier le vent froid,
gifle du réel, une piqure de froid, une brûlure,
et, assuré, sauter, bond de l’homme déterminé,
ce bond au seuil de l’air, accroché par les
aspérités du déchainement de l’entre-deux-
pas
L’esprit me détourne , la difficulté de
rester en phrase avec le brut des mots, la
boucle entortille le vécu et forme une
immense pelote, vécu, rêvé , inaccompli
tout ce que l’esprit et l’humain peut
agréger, inventer, témoigner, le long de
ses lignes en failles, on en prend la
mesure, mais est-ce d’avancer en
attendant, en poursuivant, et se
rapprocher,
6
7. Accrocher le filin après que le chant ait
enchanté la nuit et pulpeuse le visage
aluné et le corps transi
La poésie surement y mène, et la corde, ,
se saisir du halo voulant dire que
toujours les mots accrochent la
métaphore, se servent du réel en miroir,
contemplent au sens la contemplation,
s’arrêtent, il faudrait que le mouvement
se refuse à la distance, ou bien l’enjeu est
il autre?
Déterminé, il lui faut cette rupture, mais
aussi l’engagement comme un combat, n’est
ce pas justement l’écart, l’impossibilité, la
difficulté ou ce réputé tel, force à harnacher
les mots, reclure pour s’octroyer les lignes et
les couleurs, et s’effondrer les murs de chair,
sans écart, hors du rêve, s’emplir du réel qui
devient bourrasque orage tumulte, émotion
se renforçant en chair se démultipliant,
prenant une force insoupçonnée, mais qu’il
faut savoir prendre à bras le corps, pays réel
débusqué,
Voir, cherche des preuves du monde dans le
geste , m’assoir en forêt, en bord de ruisseau,
tout ce qui pourrit et lumière ce qui
paradoxalement brille, or qui se déverse en
moi et me rassure… l’oiseau s’en va et se
trouve face à l’irréconciliable dans cette ile au
dessus des montagne, dont la langue se
déroule musicalement en rêve.
7
8. L’ancien, le porteur de ride, le relayeur de ce
qui précède, yeux, plante tes pieds sur la
roche, retourne la coque et voit le monde,
laisse les traces parler de l’invisible au jeu du
temps, souffre ces coups de fer aux pieds de
la terre chaude par le voyage a corné, restauré.
Et la terre ne nous appartient plus, ils ne
nous y font plus de place, il nous faut creuser
à mi-hauteur, coincé ailleurs entre le thorax
et la plante, du fond du jardin en ricanant
alors oui , et pourtant si ! trop peu si peu au
passage grinçant de mes vents, mes nuages
les fumées soupirent à l’aise des mille lieux,
ma langue, que je parle souterraine est
irriguée de milliers d’autres
ils se sont cru incontournables
et vois comme j’ai le dos tourné, vois comme
je parle aux ancêtres aux à-naître, aux
rivières, vois comme je suis l’oiseau me
cachant dans les nuages
la bonne blague de leur monde en berne
je suis du pays du sourire blanc noué dans un
pleur.
8
10. Le peintre sillonne le paysage, il aime à parcourir
l’étendue, du regard, de son pas, il marche et l’œil
divague comme un océan incertain, couleurs,
matières en mouvement informes car la marche
immerge dans une sensation vaste, seule la
perception qu’il en a le porte, le prolonge
Dans cette élongation de l’espace qu’est le
pas, pensées et rêves envahissent le regard
Il ne s’est pas arrêté, il hume dans l’énergie du
cheminement, la vitalité englobe tous les
temps et l’effort physique prélude à la vision,
il se sent vivre, accru, plus tard il y repensera,
à la manière de ceux qui rentrés chez eux
livrent le voyage à l’encre et au papier.
Là, il se rempli de l’odeur du monde, salue les
fourmis, les coques et les cosses, les
élucubration des branches d’eucalyptus au
vent bleu, il s’amuse des glissades dans le
graviers du chemin et repense aux lieux du
monde qu’il a connu, lieux de glace, minéraux
et ruisseaux, douceur et incandescence, qui
l’habitent mieux que d’y être, Tasmanie ; ce
qu’il aime quand il arpente, il s’arrête au
tronc d’arbre,
Sa boite d’aquarelle, des pinceaux, un peu
d’encre, quelques bambous taillés, des feuilles
à même l’herbe, il aime l’herbe, les racines qui
empêchent le confort, et le rendent plus
réceptif, le réel plus près du rêve, il y voit ce
10
11. grand mouvement du dos de l’écorce, il y
perçoit la peau, ces échancrures d’une mue, il
y danse ces longues tiges et les feuillages
s’ébouriffent, les fleurs ou les fruits fécondent
l’outremer, se met à tracer le geste que son
œil perçoit, l’encre gratte cet élancement de
vide, vie, il y insuffle la couleur qui l’envahit,
il ne cherche pas à reproduire , il parle à
l’arbre, il lui dit pourquoi il l’aime, il pourrait
le caresser, qui de lui ou de l’arbre est dans le
geste, surtout ne pas oublier, le temps, le vent
et la poussière surgissent en même temps que
le dessin,
Il dit, deux lignes surgissent du sol et
illuminent, l’arbre, le bleu, le rire du feuillage,
frémissement colibri, rêve koala même s’il
sait que … mais c’est dans le rire de l’arbre.
Il peint par série, quatre, six, plus peut être
quand il s’acharne, de feuille en feuille un
voyage sur ses genoux, porte, ces yeux sont
des pieds, il rit de ces mots, c’est avec les
pieds que les yeux voient.
Il aime ces moments pour qui le paysage se lit
comme un livre, un chant qui est comme une
ligne de son à fleur de terre à travers la roche,
le pays et la chaleur, est-ce si différent de
peindre, la feuille reçoit les confidences
anciennes et l’aide à retrouver le chemin
comme un chant.
11
12. Serait-ce que les traces de couleur et les
lignes forment une carte du visible ? L’arbre
lui-même est-il un itinéraire de la lumière ?
La terre se laisse-t-elle respirer ?
L’œil marche mieux que deux jambes et
cherche à s’emplir de la vie vue et la nature en
chemin comme un lièvre qui détale. Comme
en rives
attentiste, il se promène et hume , lève le nez ,
sa démarche indique une danse que son
esprit impulse en tangage , ou est ce le corps
qui se soulève comme porté par des vagues, là
de terre et d'air , une ligne souple mime la
marche de lave quand obéissant au principe
en fusion elle se frayait un passage au travers,
coulant sur , réfractant le réel sous la chaleur ,
poussée irréfrénable, c'est l'œil qui erre , libre
l'éclat à la rencontre, y a t'il fusion dans cet
incandescent et ce passage qui, forme , au
contact cette ligne, mouvement en onde que
l'air et la trace déchirent,
voir , sans doute c'est ce que l'œil cherche à
faire , c'est pour cela sans doute qu'il erre et
recherche, en point de rupture, la rencontre,
il dévale la pente, se suspend aux brindilles
soudain ce sont goutte, lichen, mouvement
aléatoire, derviche qui à tourner s'étourdit,
sans doute pli pour les yeux à la déflagration
du tournoiement, révoquant par l'incertitude
12
13. du visible qui empêche la vision, sans doute
cette exigence de l'œil dévoile la question
embuée, secret redondant d'un souffle, ronde
bosse du son qui dévale le creux brûlé d'un
tronc d'eucalyptus, écho comme un fleuve va
vers , espace en semence infinie, l'étendue est
impalpable , ou n'y a t'il que l'appel de la voix
qui n’est que son, vide qui solide dit le monde,
Voir, cette insistance, même, à risquer dans
l'empoignade du burin, qui finalement
semble ce heurt, cette alliance, ce passage qui
agrippe, révèle l’ arrimage la distance de
points à point et trace, son, d'un trait qui
scande, ose. Dans cette brève incursion du
voir, que le toucher en même à même ne
cessait de pointer,
Ces heurts comme les limites d'un corps qui
accroche la plume sur le papier , rugueux
l'arrête de la roche blesse la main qui sursauts,
accrocs du réel, trébuchent ou, raccourcis qui,
silences en taisant se font signes , arrêt, un
creux, une faille ou se hausse le ton,
dissonance inévitable, tachent comme des
crocs , trous ou chute, la chair, tangible amas
qui effarement interpelle, giclure de sens à
l'éveil de l'envers, que je nomme point, arrêt
comme ceux qui ponctuent l'ébène
enveloppant le tout de sa nuit , étoiles ou
chocs du visible, disparate réel permet de la
matière à l'éclat, comme un clash.
13
14. cette révélation de la vision, des deux bords,
l'œil le réclame des deux cotés de la raillerie ,
car l'adéquation entre ce que l'œil est forcé à,
au clair du voir est toujours à la limite de
l'effacement, le réel n'a pas de sens,
et la pierre du jet ensanglante l'oiseau qui
écorché dans sa vie git, plaie du monde
offerte à la mort, l'impulsion était mortelle et
se soumet au sang , faut il le comprendre ,
avoir vu ce vol entre le ciel et gésir comme
pierre et boue , le voir a dicté le viol, désir,
saisir , cette liberté qui est battement de l'aile
bat dans les tempes et est semblable au
battement des veines , à la course effrénée
dans les bois, le saut par dessus le bosquet, et
le plongeon dans la mer, la crique et le
criquet hurle, déchire l'ordre et intime
cessation, serait ce manque, cette absence
que l'esprit ressent, ce vide qui fait sens, car
le pas appelle le pas, et l'enchainement des
choses haletantes à la manière du cerf cornes
qui sont arbres, pourquoi, halètement et
surgissement hors de l'espace si long à
percevoir, hors de ce qui ponctuent, les
choses du réel que l'on touche et qui nous
limitent nous relient, aveuglément nous
sortent de l'obscurité l'œil aux aguets,
captation qui est comme ce pas qui élance la
marche, feu désespéré d'une magie qui parce
qu'elle a vue, cru voir, s'est habitué à se
penser dans sa totalité, le temps qui
fragmente ce qui tait dans l'esprit, cette
14
15. union qui fut et donc est et se doit de
reprendre,
voir, hors de l'absence , se saisir de ce qui se
dit vibrant et empreint du monde. Comme si
voir remettait en question l'apparition et de
là comble.
fulgure
apaisement de l’œil,
au loin voit près, si près que seul la peau peut
en rendre compte, , enlacer la couleur
rejoindre en peau à peau l’immédiat qui réuni,
qui voudrait fuser , danse ce qui bouleverfuse
dans le regard , cette chaleur qui lumicouleur.
15
16. A peindre les mains illuminées dans la
matière , à se plonger dans l’expérience
de l’éclat mat de la couleur sans que rien ne la
sous-tende, autre qu’un obscur
pressentiment inconscient, sans qu’une
tension séminale ne l’accompagne, la peinture
semble être comme un gong que l’on frappe à
l’entrée.
Est-ce l’entrée d’un corridor qui résonne dans
le labyrinthe, on tape alors à la porte sombre
de notre sensibilité palette des sens, un
indice de ce qui nous habite
cette peinture, qui tend dans sa masse à
apporter matière à l’élucidation je ne pense
pas qu’elle révèle mais plutôt qu’elle
questionne . A peindre et uniquement
peindre on pose une question à ce qui nous
dépasse, l’éternité
16
17. En nous s’ouvre. Mais peut on peindre sans
uniquement peindre, le peintre accompagne
alors ou s’ajoute d’une métaphysique du
gestuel qui affine et tend son acte qui peut
devenir chemin, et ouvre , grincement des
gonds de l’inconnu
Le geste porte la matière questionnante de
l‘être et du monde, est sous-tendu d’un
chemin investi, d’une épaisseur sorcière
concise qui détermine la lumière pendant que
le geste lui de plus en plus aventureux se
charge d’une puissance évocatrice qui se
suffit à lui même.
virgule et point final
Laisser aller les gens au marché du soleil, tout
ce qui bouge avant que la poussière ne
recouvre chaque phrase n’est prétexte à un
délire d’écriture, à exciter un poème, enliser,
appel à sombrer, désirs et mon en-vie, quitte
à se jeter en avant sans savoir à quoi touche
tendre et rouler du haut de la pente, en avant
sombrer dans l’engoùt.
17
25. oui mais moi j’ai toujours pensé que la plus
belle eau remontait des profondeurs
les plus lointaines
j’ai rêvé de continents
j’ai tendu l’oreille pour saisir les bruits de
langues et derrière toute les faces d’un monde
en mouvement s’éclaire le mien, lumière
étrange qui ne cherche pas à éclairer,
mais irrigue
j’ai vu les taillis et les arbres, les collines au
loin ou toutes proches et je les ai peins,
comme elles me parlaient, j’étais traducteur
de l’incongru, je traçais des signes et la
couleur était musique, moi je voulais être
voix
j’ai pensé l’essentiel dans ces rythmes et les
fulgurances , piochées dans le murmure du
froid au matin quand la glace ; quand la
chaleur je mettais du rouge
Le primitif, en moi la part voulais la place, je
l’ai aidé à s’installer, à reprendre tout l’espace.
25
26. Je voulais parler et il me fallait écouter –
l’entour de la voix est nécessaire
il me fallait lutter pour laisser le vent revenir
des cheminées
j’ai aimé la terre, celle que l’on peut écraser
entre les doigts et la poussière qui file ou ce
nuage et l’eau de la mer et l’immensité de la
vague qui s’abat sur l’humidité – c’était à
Saint-Jean de la lumière et l’océan et le ciel se
fâchaient, je m’époumonais- c’était dans les
bois ou c’était dans les livres.
Et j’écoutais dans les visages les parchemins
et les burins et jurais de ne jamais écrire
comme dans un livre mais de l’écouter lire.-
seulement; car que chercher d’ autre – surtout
pas une voix qui écoute tramer sa pensée et
que l’on entend psalmodier – le livre est un
témoin pour que ne s’éteigne pas – il est une
couverture ou le voile muet
l’homme qui fait cet effort s’écoute et tait les
étoile – je ne voulais pas faire ça – je veux les
écouter et frémir
je jette le livre
26
27. C’était chercher le rien dans quelque chose
qui remonte, en saisir la peau, en retenir
l’aliment, assis ou courant dans les bois parce
qu’il fallait écouter, laisser le vent entrainer la
foudre sans s’en saisir, laisser voler ce vent,
s’inventer le murmure obscur qui doux
dansait - -forte-croupe et fille cheveux de
rimes - vent – ondulent –écouter sa vie et
alors les nuages et l’histoire le feraient pour
moi – le présent en avant du temps, celui
d’avant moi
moi mes yeux bramaient
– seule, papillon ou oiseau mon manteau de
cérémonie – ce serait ma casquette et mon
cuir saluerait le monde
de tous les temps
27
28. Parce que quelque chose quelque part, oublié
depuis longtemps, invoque une torsion
parce que nous apercevons ce ciel de tous les
jours
Puisque que nous nous bousculons aux gens,
en nous même cette hésitation et l’attention
que l’on y porte accentue l’accident
cette rêverie est de traverse et la vie ne s’est
pas arrêté, quel est le mot qu’ils emploient
mot de générosité accolé à la perte ou
l’entêtement de la continuité serait ce que le
néant renait soudainement serait-ce que se
côtoie ce qui peut côtoyer
la brèche refermée et la réparation agissante
le monde et le manque, le mot de nouveau
nous tord
ré-concilié
le lien élevé face au rien, mutilé et pourquoi
cette spirale sans voir l’inaltérable accolé et
pourtant vivant , heureux d’être tentant
d’arracher le silence à la muselière
et le faut il vraiment, faut il laisser les mots
transpirer, les laisser dénouer ?
28
29. l’obstination dans le mouvement une simple
roche brise le chenal et l’emportement de
l’avant
est-ce une simple affaire de nœud
d’apparition ou de disparition?
remet sur ses pattes et ronchonnant
d’abord , une grande inspiration
L’autre répond en monde
dessine moi le monde, à quoi ressemblerai il,
à quoi voudrait il bien ressembler, ce jour, à
des yeux qui fuse le corps en mouvement
réinventant au delà de l’inutile ce qui ne fait
que tenter
moi je voudrai résumer en une ligne, en un
éclat et oublier ce qui obstrue , ce bruit qui
empêche l’éclat,
aura vive
l’espace à l’iris, un geste la main, l’œil qui
caresse de regarder, ce sifflement de vie qui
ne fait que deviner, le reste se tait , n’existe
peut être même pas
29
30. Rester sur la lancée se soutenir fil qui
maintient en suspens
J’aime cette idée de suspens et c’est pourquoi
j’aime les fragments, l’ellipse, toutes ces
figures inachevées ou ces bouts de phrases
qui font sens sans s’engluer dans la lourdeur
et le définitif, qui s’adressent plus à l’aura
qu’à l’évènement.
le récit c’est autre chose, une histoire prend
tout son sol, son sens, son vol, curieux lapsus,
dans les strates, les failles et les
effondrements qui fondent l’énigme.
le récit est la trace, la voute et le
soubassement, l’obscur et la lumière.
L’énergie circule dans l’opacité, est ce la
matière, entière, l’existence dérive en mots,
lance le grand œuvre du démêlement et
retisse un chemin, le récit attend, une
histoire qui à chaque fois reprend l’énigme où
l’homme l’avait laissé, qui à chaque fois le
renouvelle à tâtons. toujours la même.
le fil du temps, avance.
30
31. Un premier regard n’a pas eu le temps de se
poser, l’homme capté observe, laisse enfler le
présent, l’inouï, dans une détermination
surgie de loin ou dans l’épaisseur je ne crois
pas que l’on quitte le récit le soir ni au long de
sa course, au pas suspendu où dans la
poursuite de la boucle ou du fil, de la voute
ou du sol, de la mort nécessaire, de la vie
traquée, de la soif aux mille bourgeons, de la
tension du rut, nos mille vies entrelacées en
une, grains de l’épi protégé par la
feuille, pourtant obsession, digression,
bouleversement de la pensée
Au delà du soupçon le mal de ventre dans la
course déroule cet entrejeu majeur, les
couleurs, croise le feu l’humus et l’obscurité,
si l’on se perd au détour le détour croise une
éclaircie, boisé un déchirement bestial ou un
rire tombe de l’inattendu, tant que ce ne sont
que le masque de l’énigme, il suffit de
marcher et dérouler, dans les mots sont les
lignes qui délimitent les creux des pleins les
vides des noirs la transparence des
timbres, ma voix ou celle que j’entends,
l’oubli, là à la frontière du sol et de l’animal,
au coin de l’eau où se reflète l’étoile et où le
soleil brûle quand l’ombre défèque.
Tant d’autres bavardent, on ne les écoute pas
31
32. Pour chaque saison se nourrir
Le geste premier lance pendant que d’autres
prolongent ; saillies, des veines qui ouvrent
des phrases, nullement figées ni insistantes,
l’essentiel est ailleurs, dans les pliures et les
étendues, les nœuds et les étirements de la
folie.
Les rameaux
le feuillage et les branches
Le temps aussi ouvre à la transformation,
aspire à un présent, inconnu, l’invention
apparente de la peur dicte, ou est-ce
l’amour – tranche, prolonge – la vue perçante
l’aveuglement beugle un sens qui fraye un
chemin dans les ronces ; le récit.
Le temps s’étire et le nucleus de nos vies se
refroidit, perd de sa vitesse ; d’amplitude ; de
vigueur ou terrain vague de nos
trajectoires, la question jaillit, comme un
trait , il faut alors partir à la recherche,
nomadisme atavique – quête de cette énergie
aller vers la mort pour la devancer ; Lubie
nous remet en route vers ce que nous
apercevons dans la décomposition, l’espace
s’ouvre; s’effondre dans une dépression du
langage ; plonge dans un vide qui semble être
la nuit il semble qu’elle ne va jamais finir.
32
33. Parfois nous la fuirons , nous brûlerons nos
forces dans cette obsession, trou-noirs,
contrepoints où il nous faut heurter pour
découvrir, admettre une part obscure, une
pesée sur la blessure dévale la part du
insoumise démet le cri de notre résistance;
permet de respirer.
A la recherche d’une lueur, un silence est en
route, une porte, parenthèse qui contenait le
monde, tel qu’on ne le voyait pas, aimants
dans les broussailles avec vue sur la boue que
seule la beauté permet.
Sur la piste à la rencontre de l’abri, entend la
prière sous la roche et de l’eau, et froisse la
vue, le poids porté par l’abstraction
inévitable.
33
34. Il faut l’acter. Les mots font aussi œuvre de
détournement, ils détours- nent
détourner pour rapprocher et mettre en
corrélation ce qui jusqu’alors s’opposait ;
avoir détourné pour mieux entrevoir,
Comment s’y retrouver ? cette alchimie des
mots peut elle se révéler carcan et
enfermement ? c’est de l’intérieur que les
mots brillent, l’élan suppose un bras
propulseur et une conscience qui vibre.
Que ce surgissement réapparait sans prévenir
comme de multiples coups de langues de par
les lieux, de par les temps, sans logique
apparente quand la stabilité du monde et
celle des hommes sont soumis à pression,
créer un état stable pour que l’énergie semble
inconcevable, hasards des orages solaires et
accalmies mais discontinues, bien que les
êtres soient constamment dans un
emmêlement et un désordre imprévisible.
Vu du dixième étage et en vitesse accélérée,
embrouillamini des histoires et des chocs
même minimes comme ce papillon
multicolore au battement sismique d’ici au
Japon, mais qu’en est il de la langue à langue,
de la bouche à lèvre, de la main à bras ?
Dans ce foisonnement, la relation, mot clé
pour ouvrir la rencontre ou à l’inverse
34
35. l’impossibilité de continuer plus avant ni
comme avant apparait la nécessité de
transgresser, réunir, mettre en relation,
quand à chaque seconde la possibilité de
l’asservissement ou de la violence parait
probable, ceci de part et d’autre et c’est ce qui
est émouvant, quand les mondes se mirent en
parallèle et, avant de s’entretuer, inventèrent
le besoin qu’ils ont de l’un de l’autre posent
des passerelles ; c’est s’augmenter de nos
impalpable, autrui puisqu’il est à portée et
fait partie du paysage là où avant il n’était
pas , le monde en est transformé!
le regard et la pensée petit à petit se dé-
fossilise.
La mondialité, l’Europe et les réfugiés des
grands chambardements du siècle, dada et
surréalisme et la démesure américaine, de
l’étendue et l’effondrement par la modernité
de pair avec les déplacements des continents,
l’Afrique entaillée par l’océan est obligée
d’improviser une teinte et d’inséminer
l’Europe ; ces embardées du temps et de
l’espace sans prévenir fusaient dans un
cataclysme du langage en même temps
qu’une élasticité de l’espace qui de l’un et de
l’autre semblent maintenir un chaos opaque,
de l’un à l’autre une incompréhension et un
voisinage immédiat.
35
36. cette rupture d’avec la définition me ramène à
Glissant, à sans doute beaucoup d’autres,
je la voudrais entière sans filins de retours qui
nous y ramènent
hélas ce n’est pas ce que je vois ; la tentation
semble toujours forte de revenir hanter les
lieux
j’y vois comme une contradiction
j’appelle la trace et le fragment
l’allusif afin d’éviter le construit et le défini
je m’étonne, qu’étant une part de cela , on en
prête pas l’oreille
métaphore de l’humanité non barricadée à
venir, on est déjà là sur les bords
Rhizome plutôt que racine, la reconnaissance
du divers comme multiple dans un même
temps, questionnement ouvert sur le temps,
36
37. extasié et éveillé, une réponse au pari de
l’identité multiple.
Le monde moderne est fractal
Le langage, cette pointe vibrante de l’être
d’humain relève le défi ; se rencontre à la
poupe l’Amazone et le Mississippi ; le pari de
la langue, instable en perpétuelle mutation
pour répondre à ceux qui perlent en contact
permanent.
37
38. Or s’en remettre à une dialectique formant
vocabulaire fige ce tremblement du monde,
sommes nous arrivés à un point où les
sociétés se déterminent? un refroidissement
des laves? , mais alors ? Stable dans l’instable,
la nature ne s’arrête jamais, le présent cette
illusion est pourtant tout ce qui compte, le
roulis projette le surf, et pourquoi l’endiguer,
serait ce que nous appelons un autre pouls du
temps?
le surgissement obéit à des règles qui le font
ressembler à une vague, similaire à une
courbe ascendante puis descendante, ellipse
dans la pensée indienne; tournoiement mais
s’agit il bien de cela ? ce à quoi œuvrent les
poètes et les anonymes, sans nom, cette
incertitude de la crête, ce dévalement
l’étalement de la durée et dissolution de
l’espace
Fébrilité de l’incertain des rencontres qui
opère cette impulsion que Glissant appelle
déparler.
Pour témoigner, les formes que finissent par
prendre les mots et notre parole, -est-ce la
même chose? -nous entendre sans laisser de
coté l’essentiel d’une expérience pour que
puisse aboucher un échange, constamment à
déjouer les pièges que nous même ouvrons,
grignotons à l’intérieur de nos mots, comme
s’ils penchaient en arrière et qu’il nous fallait
38
39. à chaque fois rééquilibrer pour qu’ils aient
suffisamment de force et d’énergie,
Oser défier la crête de nos présents basculant
et éclaboussant ce qui nous sert d’avenir ;
l’invention instable, toujours en équilibre,
rythme de la formulation inaudible, jazz libre
obéissant à un canevas inédit, de là la fugue,
lorsque l’on se trouve emporté par le vent
« vers en l’arrière ».
39
51. Qui es tu, toi qui m’écoute dire ? à un moment ou
un autre je te poserais la question en rebours, en
retour,
peut être mes mots ne sont que le reflet de
l’embryon de la question
le rythme dans le silence, dans le taire,
l’espace de ce que j’entends ne peut qu’à son
tour interroger
qui est tu ? toi qui me regarde m’écoutant, toi
qui prend place face à moi
à quoi se résout cette attention, ta présence
au sein de ma parole prétend fixer l’axe dans
ton entour
au mur de tes yeux, lettres, phrases, lignes,
sens que tu impliques
mais ta présence bouleversante dans l’espace
ne peut qu’à son tour formuler la vraie raison
et ta quête t’amène à me scruter
ramène contre ton attente l’aveu de
l’existence à la page de mes yeux,
lettre, mots de ma parole tu entendrais
ramener la nudité angoissée voir est vain
je te laisse en prendre la mesure, oublier la
question autant que la réponse
51
52. aveugle, c’est le temps et la marée de sable
que le vent enfouit en amoncellement bref de
silence,
tu, relatif,
y laisses la trace,
tue,
le mot résorbe la vrille de mon chant,
démembrement du toi à moi
énigme de l’entre-deux dont tu tentes de
t’emparer, l’air n’a pas plus de consistance
que ton être-là écoutant la divagation de la
question
aussi sur que tu es là, Je ne se laisse pas poser,
ta présence est question que seule ta
présence absoudrait
tu en est le maître ou est-ce une feinte dans
l’énoncé à l’espace de nous-deux, il te faudra
le reconnaître.
52
54. Donc affirmer, un chemin différent,
celui du cœur,
le seul qui vaille, sur ! repousse sur des têtes
mortes, sur l’erreur et le remord,
Eaux s’y retrouvent, pendant ce temps
s’approcher du feu le bois et se réchauffer une
petite tempête, en riant un peu des bienfaits
d’une gorge pleine.
Ils créent un appel d’air, ces lignes bien
tendues, comme un arbre, je lutte contre la
sécheresse et vais prendre l’eau là où elle est,
souterraine même à traverser les océans, ce
que je fais souvent, main caressante dans la
mienne, pourquoi ne me caresserait elle pas,
mon sourire n’entraine t’il pas dans un pas de
danse, patte blanche quand je l’ai noire, noire
de suie blanche d’encre, chantons tous
ensemble d’une belle voix discordante !
le rêve, j’y plante mes racines, le minotaure
rugit quand on lui tire la queue, partout la
laideur et la frustration, la pauvreté et la
privation, le cri et l’absence, la douleur et la
souffrance, la négation et le mépris, le néant
et le meurtre, une nuit, un jour, je me suis mis
à vouloir commencer à faire exister la beauté,
comme un relais à feu doux, comme Candide
des fleurs ou des légumes là où l’errance
écrasait l’espoir, et puis les bombes la torture
54
55. la guerre dans mes montagnes à rives, l’océan
partageur de l’esclavage dans les gousses,
mon beau port sur la rive des négriers, et puis
la réponse insolente la poussée du pouvoir
défigure la violence, une mer puissante vagit
et s’intercale l’éclat de la lumière, et puis l’ile
dans chaque matin de brume, et la peur de
voir la main disparaitre dans un geste de sang
répandu, la cassure la rupture
Circule de cime en cime, car l’arbre qui me
soutient la voile qui me pousse m’emplit et
l’eau me ramène au rythme eau du mythe.
Pourtant la vie est pulsation, puissance et
poussée du réel, pourtant l’autre existe et
j’essaye de vivre en accord, de par ma poussée
donner un autre sens à la violence, celle du
corps et du temps que j’interpose, détourner
la tempête et même si je suis tempête mon
trait la recouvre, il y faut des rides ou des
surcharges, des ratures, des écrits par-dessus,
ce grand livre autours de la bouche c’est la
même branche qui fleur pollenise l’éphémère,
c’est la merveille chantée tous les jours, qui
en fait la beauté.
Vers le fragment
Les rives, être à la marge du monde en son
milieu et de tous cotés
55
56. seul sous les combles de l’écrasement, rides
les mots secrets d’une femme, le monde veut
les écraser et lui ne veut pas – lui – s’étend en
monde pont aujourd’hui à l’inconnu – sans
friche – l’intelligence est vive et libre, elle
arpente sans limite et conserve les foudres,
corps de sueurs, pourchassé je les traque
assoiffée ma vue veut élargir.
Un écart peut basculer le monde, le monde
s’écraser comme un chêne, s’écrouler et
pourrir.
Une forêt aux hululement de sourds –
poumon libéré pour un temps avant la
poussée– elle est en creux et vous n’en voyez
que les talus – je ne crois qu’à la parole celle
qui bouscule, réinsufflée à chaque tour de
roue, sauvage au large, l’aventurier arrogant –
les vergers sont plus sûr que le barrage sur le
fleuve, qui doit contourner, emprunter des
détours de bayou, à moins que, de l’intérieur
détournent les guetteurs qui nourrissent à
l’insu, rassemblent haussent les sens cachées,
- la frange des poubelles urbaines peut en
abriter qui folles poussent les trolleys,
restes de l’activité pressante - symboles
existentiels des tribus entassées à la lisière du
bois – là où la forêt parle, – là où il faut qu’ils
soient ciel et écorce, ascendant et descendant
centre de ce qui entoure, cimes et ombrage à
l’assaut des chemins, soleil aveuglant les
56
57. recoins du monde, ici les ailleurs, les ici de
l’ailleurs et les ailleurs de l’ici le vivre de nos
bribes quotidiennes.
Incessantes, vagues au lever de l’aube,
émouvants océans équilibrant les dunes des
sables, les vents comme les fils d’un grand
tapis qui relieraient les tensions de laine, les
rêves d’écorce et les pensées végétales, les
trous du ciel et les mottes de terre murmure
de l’ocre gris sur lesquels l’humain circule et
glane- met en doute le monde – tant que la
faim tyrannise.
57
58. La tentation est grande d’en appeler aux
vertiges, à la musique sublime, ce chant du
pinceau au piquant de l’expérience humaine,
c’est en arriver là presque ou il n’y a plus
d’humain à la frontière des mondes, là où la
faille permet d’en ramener l’éclat plutôt que
l’entredeux au seuil de la brisure et maintenir
l’ équilibre ?
Cela faisait longtemps que dans d’autres
lieux certains se paraient des apparats du
sublime et je pensais que ce n’était que des
oripeaux, propre à faire croire aux mots
vertigineux, il était question de poésie. Or je
pensais que c’était un grand fleuve, or je
pensais que c’était le vent, que c’était la mer
ou le sourire déhanché d’une femme, je
souriais à la joie, je m’étreignais dans la
mélancolie pensant y voir ce qui m’étreignait,
je pensais vouloir dire, mais par dessus tout je
voulais me sentir ivre en habits de fête ou
presque nu, presque complètement nu
pas à poil, nu.
amoureux
les bras qui tournent et les yeux qui se
fondent en rivière, la mer devient jambes et le
sexe qui déclame comme un bouc, tout, la
vérité qui brame et l’aveuglement qui beugle,
ment.
58
59. mots du fleuve, rame que l’on pousse en
criant, taper des pieds nus sur la poudre
rouge et les herbes jaunies, les bourrelets qui
m’attirent, la coiffe qui te fait reine, la
débraille.
Mais l’idéal sans la joie d’exister, ma tristesse,
immense, remuée dans l’absence
fondamentale, définitive
la gravité s’en est allé, se cache, la poésie
s’enroule en chevelure et, en boucles raides,
sales ou étincelante réconcilie, on ferme les
yeux, veille, le chant de la terre comme en
errance
59
61. Regarder de son œil l’irrationnel se glisser
entre les ombres et les lumières, presque en
récusant la forme poétique, un
marmonnement, le surgissement de l’invisible
dans la conscience et l’émergence du réel,
solide, brut et dérangeant presque par son
vulgum, bruit, donc, ou les conversations des
inverses, bruits inaudibles car il y a sans
doute plus à entendre de ce qui est dit dans le
bruyant mais dense comme une pierre, et ce
silence paradoxal, polyphonies secrètes de la
forêt, à la tension des ondes que l’on nomme
magie et intériorité, le pli de l’air*, serait-ce
ce point ou tout se fausse, ou tout apparait
dans les prolongements et les retranchements
de ce que la matière recouvre de solidité,
audible criant muet, improbable frontière qui
n’est qu’un pli, comme un glissement de
terrain ou une courbe multiple où se
multiplie la réalité, tout cela dans la plus
grande simplicité apparente
Mais est ce voir, dans la chaleur du
foisonnement ou rien ne semble fixe
métamorphose uniquement apparente à l’œil
alors que tout coule entre envers et fiant en
mouvement, il faudrait préciser mais à
vouloir laisser libre, insaisissable, l’attente
manifeste ce qui serait vrai inlassablement
* Le pli de l’air » d’Erwann Rougé
61
62. ou l’on revient, comme vers un lieu où l’on
attend la vie et où les vivants manifestent
La mémoire, à propulser, vers l’humain, le
frisson,
touch !
suspens du toucher les deux sens en contact,
c’est l’expérience de l’autre dans ce non-
encore ligne de contact , feu dans la
stratosphère
l’écoute, le souffle l’imperceptible que l’air
conduit, un simple que, une relative sans suite
comme le son que semble déchirer cette
entente à atteindre le vide du mot, ce vertige
à peine ébauché, crissement à l’égal du blanc
les mots accrochent le silence , la porte de
l’inaudible
Le rythme plus fort que le sens, c’est ce qui
bouscule en douceur, l’imprévisible et la
place qu’il laisse, au temps dans les
interstices, les mots dans les sons échancrent
les re-son et les non-sons, avant, après, tout
est dans ce murmure qui évadent où les lignes
de contact échangent chantages, vibrations ;
ces relations au passage de l’un à l’autre,
massacres, les frétillements pailles de sens,
l’impromptu des couleurs quand elles se
diffractent, marmoréennes, orages solaires
dans la couleur ou est ce la toile qui bave,
62
63. permet l’échancrure, frottement à l’insu
éraille en cisaillement, les vagues comme
coupées par un ciseau buté, imparfait même
s’il tranche comme il le veut les coudées
franches, le geste précis déchire au hasard des
fibres, c’est là que le son-couleur s’inscrit à
l’espace, dans cet outre passement de
l’injonction, là ou le trait laisse aller les pleurs
du surgissement, malgré son absence un petit
rayonnement entre les lignes à saturation qui
cachent à force de hurler, ni formes implicites
mais glissements.
Une brèche dans la craquelure ou l’outrage de
la truelle, ni enjambement de l’écart ni
franche limite cet empiètement se hisse dans
la texture envahissement de l’œil qui procure
ce frottement de son être-là et ce son plus-là,
soudain, à la mesure de la disparition rend
l’écho, la trace, du temps étire, le corps salive
un frisson, et quand le tourbillons silencieux
de l’anche, geysers de crêtes, les à attendre,
puisque l’absence absorbe, os de la présence ou
tout ce que les mots veulent désigner, cerner ,
bâillonner, c’est à l’aspérité quand tente de
désigner, passé détrempé, se joue en retard
l’étonné, l’anticipé, hors de l’énoncé, trait qui
échappe à lui-même en devant et en avance ,
selon un schéma fixe, une pensée qui
s’interpelle en dehors de la pensée quand elle
s’oublie révèle un entrebâillement,
surpassement de l’air ce “no stranger to
air”, retour des carrés bien formé à des lignes
63
64. fixes tracées au cordeau mais en couches
successives malgré tout le débord et le rebord
pensent dans les remords, les fébrilités osées,
ces alignements qui laissent entrevoir la
marge là où on croyait voir interpelle une
révolte dissimulée, à peine formulée, un
simple gros œuvre contredit l’ostinato
stridences innocentes imperceptiblement
vaporisent des émanations quand elles se
touchent, se recouvrent, se recoupent ,
l’essentiel est dans les restes, dans les pointes
sonores de ce qui se devine du non-peint, de
l’espace élargi et de l’enduit induit, aqueduc
en dessous, souterrain des caves qui s’étant
résolu à se taire causent.
C’est à l’aventure en devant de lui, souffle, par
pour surprendre mais se suspendre, l’heure
des orateurs quand beugle l’écoute, braillent
quoiqu’ils fassent c’est dans ce relâchement
de la volonté quand ça retombe, dès lors la
tension s’arrime dans la résonance que l’on
traque mais comment traquer sinon en
déraison, la vaillance de l’air à la couleur
claire, intermède la cessation du réel
qu’il s’attend
le bonheur
bon heurt
64
65. se résume à s’approcher des limites, ce qui est
dit et un grand apaisement, survient ce qui
est dit résonne car, c’est dans ce re-son et la
fréquentation de l’inaudible, de l’invisible,
l’inarticulé que se résorbe peut être le fatras
ou la tentative d’exprimer, cette construction
utopique pour faire face à l’usure du temps, à
l’implicite de la surface dans la violence et
l’effacement, ou la poésie replonge dans le
bouillon du silence ce qui se croyait dit , ce
qu’il croyait dire , couleurs, mugissements,
sons et effort démesurés face à leurs marges
dans le silence ou la résorption des vécus, les
appels du sens, dans ces têtes à queues du
son , façade l’inouïe ou fascine cette tentative
de porter le son dans ces contrées étapes vers
l’effacement, le murmure porteur de
l’ensemble dans le heurt aussi succombe et la
cisaille et la coupure, la réconciliation,
quoiqu’elle soit, au delà dans le contact de la
touche, l’érosion du néant révélé.
La poésie, là où rien de prévu n’advient, ou le
mot en échappée s’enracine en silence, se
laisse dire quand le souffle dans l’inexprimé
prend tout son sens.
La construction est utopique elle cache
l’essentiel et le dévoile, aux yeux de tous qui
savent relâcher, l’art, une tentative de s’y
préparer, dans la pensée, à l’improviste, en
marchant, la tête vide.
65
66. Mais qu’est-ce qu’être à l »écoute
dépiéger ? ce qui se faufile en dessous
coques de mots qui ne seraient que cela,
réceptacles de nos émotions, de nos
phantasmes sans responsabilité aucune, sans
réponse ni épaisseur,
malléables, mallettes vides, machettes baissée
et le monde innocent
et l’émotion se dépose dans le vent
le lichen lèche la pierre à l’érosion
friable,
et non je ne crois pas du tout que les mots ne
soient que des mots, les mots sont des
mondes et ce sont des filets d’eau
fleuve
poisse
tombe
ils ne sont aussi que des mots
66
72. Mais , à mon sens ceci ne veut rien dire,
prêter une oreille attentive à ce qui se dit, que
l’on n’aperçoit qu’avec peine tellement nous
n’apercevons que ce qui se coule dans nos
tracées ; attentif à ce qu’ils glissent dans ma
main, astres, fleur, une lueur, une nuance le
temps d’un silence, ils me glissent cet autre
temps qui vient du silence mais un silence de
bruit, méditatif mais qui bruisse, des herbes
des bleus des étoiles, des bruits de pas qui
frappent.
Le respect m’habite, je cherche à relier l’épars
et dont je me sens solidaire, ma main ouverte,
et ma langue de feu, j’ai refermé la paume de
la guerre, et je me suis assis pour mieux
comprendre.
Les vieux airs gravés dans la langue minérale
chantés dans une voix tissée percée dans un
œil stellaire, les fondements du rythme,
d’Itxassu à l’ile, la grande Ile et l’archipel, le
bloc de glace répond à la joie polyphonique
de la forêt, de la trace mauve de la lassitude
au désert, les sangs se mêlent les voix
s’accouplent, le tout-monde fonde,
72
73. je suis assis et j’écoute la rumeur, je tente de
faire taire la colère , je fais bifurquer les
autoroutes des gaz, je regarde l’arbre et je
tente de me souvenir, ce tronc, ces feuillages
et je me vois feuille, j’écoute les pas et je me
fiche des mots, je n’écoute plus que ce que je
peux percevoir, l’essentiel, je me barre à ce
qui s’oppose à l’autre, dans ma paume le
présent comme une brulure ranime la l’espoir.
Comme un arbre abattu rejaillit par la partie
intacte, je tends l’oreille pour entendre
l’homme qu’irrigue la femme, que pleure
l’enfant, et je vois que la terre est sèche, ridée
et mourante, euh le savent ils s’en remettent à
la voix, en chœur serrent les poignes qui
brandirent, je fais de même dans mon
isolement, mon œil ours redessine les
contours du volcan dit les couleurs
fondamentales et refuse d’être entendu pour
autre chose que mon chant et je toise à corps,
je m’enfonce dans cette forêt que j’essaye de
lever, surgie du rêve, disparu, dont l’ombre
m’étend.
Le sage et l’ivre ressassent les pensées-monde,
à l’accord, la langue est blême et le réel
splendide est chose conclue, barre du réel
l'horizon s'offre et se retire, car l'horreur
poignée des sans-soleil , crachats de sans-
souffle, grains d'hommes asséchés, c’est
l’égaré dans la parole, la mémoire dans les
strates, des rejets et le cri, la parole qui
73
74. diffuse l'énergie du vivant en rive en archipel
en chair, en acte d'amour qui repousse la
mort, c'est le jardin sauvage, piment, brin de
pluie au désert, relation qui prélude à l'en-
deux et de là les milles, à humer l'aube dans la
connivence, placé à la confluence, rêve-sève
ou est ce la déshérence, somme-transe mais
muette où je me jette et je m’augmente.
Comme un port tisse les apports du lieu, le
grand réel dans lequel on ne peut que se
dissoudre, la décolonisation ne s'effectue pas
en moi qui ramène des rivages mon sang
nouveau bat des tambours aux temps, s’éclat
levain qu'alors on porte en soi.
74
75. Il faut donc fuir,
fuir avec obstination à chaque fois qu'aperçu
vers ce naufrage les ailleurs mes iles;
l'archipel, faille dans le compact qui établit la
nécessité même à la limite de la déflagration,
l'envisager , se soumettre en immense
copulant vers ce réel inattendu, inassouvi et
uniquement entrevu, partage et ligne d'eau
peut être ligne de terre, en partance bleu dans
l'étirement.
Ce lieu qui à l'horizon permet l'enracinement,
écho d’une voix multiple, ce là indubitable,
Même si
La grande balafre vient détruire celui même
qui veut régner, est ce pour cela que je ne
peux qu'être ailleurs en moi , m'augmenter de
l'autre comme une antidote à la destruction ,
au moi destructeur, aimer et faire échec au
lieu qui situe, tue
75
76. En restant accroché à la carcasse du monde
vieux c'est la solitude coupée de la vitalité,
vies sur l'autre rive les cent défaites de toutes
les défaites plus nettes que l'étincelle, la
mémoire portée en rive, les strates en
bandoulière, chapelet de graines rouges au
toucher pour les couver de la paume le songe
de la folie fable de la source, ici git la dérive
de l'im-pensé, souffle d'air, pulpe rouge et
sang de rêve, in-attendu.
Ce qui est à partir dans le non pour dire le oui,
le rire émietté, libère les vagues insensées du
sens absentées du réel, l'esprit est un jardin
contradictoire, fleur épineuse et la langue
invariée est crue folle d’incursionner, crocs de
l'énergie, brume solaire, lumière
crépusculaire trou noir un phare, des voix se
doivent de dire que l'humain veille, duvet le
sol sur le monde, baobab fou comme le fou les
Paroles entre les écorces et la terre en frémit
elle les entend ressasser les remous dans
l’intensité le temps sait être obscurité et
profondeur
Chemin qui s’ouvre dans l’invisible alors qu’il
n’y a pas de chemin promontoire une absence
se survit parole, secret partagé propagé de
main en main clin à l’œil à l’acte à l’être tracer
les points et l’ambitus de l’ambigu qui situe
le puits dans la terre sèche rien que à ce qui
se cache que d’éveillé comme une chair la
terre et les fruits pâteuse la voix noire eau de
76
77. la révolte s’accorde au vieil homme et ramène
au sable la douleur la mort et le recul de
l’enfant
Pays rompu, éternelle résistance, l’homme a le
corps dans le peuple et se souvient en sagesse
incarnée dans le temps un chant contourne
les implications et se soumet à la nécessité
paysan et qui l’est quand il appartient à la
terre.
Ma frontière est un vent du sud, frotté aux
rigueurs et à l'immensité atlantique, elle
s'élève en montagne , elle a le baiser des
franges de l'Afrique, elle s'inscrit dans le sang
à la rougeur d'une terre incertaine, fruits et
moissons de la soif le voir est une strate
ancienne, rappel de ces volcans d'où a surgit
le jour, survit dans les rides et les plis du
geste,
réalité-humus, vigueur-nervure, bâton où
planter le sol , mais ce bâton est multiforme,
en mutation perpétuelle il ne cesse de
réinventer la forme qu'il doit à ses racines, ses
branches, aux oiseaux qu'il abrite et l'assaille
des milliers des langues que Babel a
disséminé, forêt ronde, murmure chanté
d'arbre en arbre, les chants en répons ne se
suffisent pas , ils sont le lieu de la rencontre
et la nécessité de se penser autre, terreau ou
77
78. feu de la saint jean, rive d'eau les yeux clos,
ai-je été aveuglé, mon corps emprisonné, le
geste n’est il que le seul éclat possible entre le
monde et soi; miroir écrasant du rire? le pont
du geste rétablissent le corps dans le
mouvement du temps.
Le monde est à découvrir et se faisant affirme
l’existence de l’un, en mouvement,
progression de la vision et chemin lumineux,
toucher insensible de la matière, trop proche.
Par delà l’écart se parsèment les traces de la
lumière, les preuves en tâches de la couleur
sont présence rétinienne, entre ombre et
infini les tâches, l’intellect désire fixer, la
pensée alors s’empare du peu perçu et
l’organise, livre déroulant d’un sentier où les
pas de l’homme promènent la vie construite,
tracer une carte de l’augure, invocation entre
le noir et le vide, les gris et le sang,
Le monde peint ou dit est il une métaphore
de l'humain et ne ramène t'il pas au corps ou
au visage et rêve, miroir du- même comme la
mouvance des lumières lorsque les nuages
passent, subtil échange sans que l'un veuille
prendre le pas sur se voir avec les yeux du
monde, le monde lui ne s'octroie pas un
regard, il semble filer le long du temps sans
que lui même ne se laisse arrêter.
78
79. Un entre-mémoire lignes de force qui gagne
sur le non-advenu ? encore le présent dans
son mouvement mais la forme complète telle
que l'occident renaissant l'a exprimé ne me
touche pas , ce monde fini, capté ne résonne
pas en moi , l'espace, conquête et mouvance
nomade,
la pensée n'a pas d’étincelle, elle brûle et le
vivant répond, l'immersion est dans les sens
et la pensée trace, improbable ligne à travers
des broussailles, des taches qui sont des
points, roucoulement et suées, ricanement
d'oiseau, chiures de mouches , le tout
indistinct est dans l'os , relie le passé au
présent, s'élance en fuite éperdue l'espace et
l'instant compressé, une ligne fuse et l'encre
éclabousse, le point rythme, la couleur
accorde et fusionne ,
liberté de l'en-soi à l'espace , ouvert de
l'insaisissable recommencement
où tout se mêle ,
transitoire , éphémère, instable comme une
passerelle , passage qui permet la
progression , et questionnement sans fin,
et se terre à l’ombre, et ne se divulgue, on
procède par allusion. Il faut alors cheminer et
rétrécir le cercle
79
80. La phrase met bas.
Assis sous l'arbre à contempler les graviers et
les crottes des ramiers, cosses vides et les
brindilles sèches, je pense à la poussière
imperturbable qui recouvre les rocher et je
perçois le vert immense, rire comme un
couperet le ciel se zèbre indifféremment du
trajet des dieux, d'un pictogramme
d'hirondelles transit de la sifflure d'un jet,
tracé zen de l'encre, vapeur d'eau tandis que
les résidus obstruent le vide médian et que
creuse l'ozone.
L'atmosphère déchirée, la terre hurle de
douleur, l'homme se tient face à l'indistinct et
souffle des rimes de la beauté au vide, le
disant devient beauté en déséquilibre
instable
Le thorax déchiré par le mot, se rendre
compte que quelque chose siffle doucement
la rencontre n’est pas close, déterminée, ni
définitive, quelque chose se faufile, tente de
se faire jour.
80
81. Vue que l’esprit véhicule, laisser le corps
impulser ce rythme que le souffle
projette, évacuer cette vision sans tomber
dans l’anéantissement du sens, balise, le sens
serait entre les mots, imprègne l’esprit d’un
contenu, l’ascèse alors, dans un fil tendu
intransigeant, la trajectoire, libérée de
l’aléatoire, de l’autre coté la chair et la vie
résolue.
L’incertitude qui perce et forge le certain, ce
pourrait être une fête, ce que l’être soumet au
monde comme une réponse l’effort de la
verticalité dans un univers aplati au cœur de
l’énonciation une droite demeure , l’homme
qui l’a forgé s’y appuie.
81