Revue "Le Psy déchainé" n°18 - AFFEP - Mars 2017 Quand je suis arrivée en médecine, j’avais un certain a priori sur la psychiatrie : mélange de littérature de bureau de tabac farcie de psychologie de bas étage et fascination intellectuelle teintée de classe dont Hannibal Lecteur pourrait avoir été l’instigateur premier. Dans tous les cas je m’attendais à une discipline assez fouillie, farfelue, avec une nette prédilection pour le brassage inutile des pensées, des interprétations fumeuses aux notes érotisées. Devant cette définition personnelle franchement attirante de la discipline, je me suis donc empressée de me dégoter un stage en psychiatrie dès la 3ème année d’externat. J’ai pris soin de choisir un service assez lourd, cliché asilaire, histoire de commencer directement dans le vif du sujet et de ne pas y aller par quatre chemins. Et là, quelle délicieuse surprise, pour mon esprit cartésien de jeune carabine, j’ai fait la connaissance des cases diagnostiques, des classifications internationales type CIM, DSM... bref, des cases ! Oh, elles m’étaient familières ces cases, depuis 4 ans, comme tous les autres étudiants, nous tentions de les empiler savamment dans nos esprits sans qu’elles ne s’écroulent. On nous a appris tout notre cursus que les petites cases étaient nos amies. Question de prof : « Quels sont les critères ECG de l’hyperkaliémie ? » « Allez-y, tirez les tiroirs, toujours le même, ça doit devenir automatique dans vos esprits, pas besoin de réfléchir ! ». Il fallait absolument caser les choses, les classer... (...) http://www.reseauprosante.fr
Revue "Le Psy déchainé" n°18 - AFFEP - Mars 2017 Quand je suis arrivée en médecine, j’avais un certain a priori sur la psychiatrie : mélange de littérature de bureau de tabac farcie de psychologie de bas étage et fascination intellectuelle teintée de classe dont Hannibal Lecteur pourrait avoir été l’instigateur premier. Dans tous les cas je m’attendais à une discipline assez fouillie, farfelue, avec une nette prédilection pour le brassage inutile des pensées, des interprétations fumeuses aux notes érotisées. Devant cette définition personnelle franchement attirante de la discipline, je me suis donc empressée de me dégoter un stage en psychiatrie dès la 3ème année d’externat. J’ai pris soin de choisir un service assez lourd, cliché asilaire, histoire de commencer directement dans le vif du sujet et de ne pas y aller par quatre chemins. Et là, quelle délicieuse surprise, pour mon esprit cartésien de jeune carabine, j’ai fait la connaissance des cases diagnostiques, des classifications internationales type CIM, DSM... bref, des cases ! Oh, elles m’étaient familières ces cases, depuis 4 ans, comme tous les autres étudiants, nous tentions de les empiler savamment dans nos esprits sans qu’elles ne s’écroulent. On nous a appris tout notre cursus que les petites cases étaient nos amies. Question de prof : « Quels sont les critères ECG de l’hyperkaliémie ? » « Allez-y, tirez les tiroirs, toujours le même, ça doit devenir automatique dans vos esprits, pas besoin de réfléchir ! ». Il fallait absolument caser les choses, les classer... (...) http://www.reseauprosante.fr