1. Yvon Deneufbourg (Estinnes au Val)
Chronique sur l’un des derniers monstres sacrés du sport colombophile
Situé entre Mons et Binche, le village d’Estinnes connu depuis belle lurette dans le paysage colombophile
belge. C’est non seulement le bastion de la très puissante société « Le Progrès » qui compte en ses rangs une
belle brochette de champions colombophiles issus de la région du centre et de Mons-Borinage. Parmi ces
champions, on trouve le toujours très apprécié Yvon Deneufbourg, l’un des derniers monstres sacrés du sport
colombophile belge, un champion qui mérite le respect à la fois pour ses résultats mais aussi pour son
comportement
L’homme et ses pigeons
Natif d’Estinnes, Yvon Deneufbourg est aujourd’hui âgé de 78 ans. Il est entré en contact avec le monde
colombophile via son père qui pratiquait déjà notre hobby à l’époque. Il s’agit évidemment d’une époque que
les plus jeunes, et même les moins jeunes, n’ont pas pu connaître durant laquelle la colombophilie était
considérée comme le divertissement principal dans de nombreux ménages. Lorsque vous marchiez dans les
rues de certains villages, il y avait une entrée dans les toits toutes les trois ou quatre maisons. C’était l’âge d’or
du sport colombophile belge et cette époque est malheureusement révolue. Mais il est inutile de s’en apitoyer
car nos pigeons nous procurent finalement le même plaisir qu’en ces temps qui nous paraissent désormais si
lointains. Mais revenons-en à nos moutons si vous le permettez !
Avec son père, ce sont les concours de vitesse et de demi-fond qui étaient au programme. Une fois arrivé en
âge de travailler, Yvon déménagea à La Louvière où il s’est occupé durant plusieurs années d’un commerce
spécialisé pour animaux. La colombophilie fut alors mise entre parenthèses durant plusieurs années. Il décide
cependant de regagner son village natal en 1974, décidant au passage de se remettre à jouer à pigeons. Pour se
faire, il fait bâtir de superbes installations en dur avec un étage. Il se remet alors rapidement en selle et les
premiers succès sont au rendez-vous. Cinq ans plus tard, il remporte le titre de champion général de Belgique.
Il faut préciser qu’à l’époque, la Belgique comptait au moins dix fois plus d’amateurs qu’au jour d’aujourd’hui.
2. Sans vouloir dénigrer la colombophilie actuelle, la concurrence y était alors bien plus redoutable. Ce titre reste
d’ailleurs l’un des souvenirs les plus marquants de la carrière d’Yvon. Dans les années ’80, Yvon décide de se
spécialiser dans les concours de fond et de grand fond, devenus très populaires à ce moment-là. Encore une
fois, il y amasse de nombreux trophées et fait très rapidement partie des colonies vedettes de l’époque. C’est à
ce moment qu’il devient en quelque sorte une vedette internationale et que son nom devient célèbre aux
quatre coins de la planète. On peut légitimement considérer cette époque comme l’âge d’or de la colonie
Deneufbourg !
Une carrière riche de grands moments
Avec une carrière ayant dépassé les quarante années de pratique il y a quelques années, Yvon Deneufbourg a
eu le temps de devenir célèbre aux yeux des colombophiles de la planète. Ayant toujours eu une préférence
pour les concours de fond et de grand fond, il s’est constitué un palmarès hors du commun dans ces deux
disciplines si particulières.
Au cours de sa carrière, il a en effet remporté de nombreuses victoires prestigieuses et il collectionne
également les titres de champions dans les championnats les plus connus dévolus à cette discipline.
Ainsi, nous retrouvons par exemple un titre de champion général national RFCB remporté datant de 1979, une
victoire nationale (Béziers en 2001 avec le seul pigeon rentré au cours du premier jour de vol) assortie de
plusieurs dizaines de victoires provinciales et interprovinciales, plusieurs participations aux Olympiades, la
prestigieuse Aile d'Or remportée au « Bruges Barcelona Club » en 1989, des centaines de titres de champion
local, régional, provincial, une Coupe d'Europe ainsi que des titres de Champion au Critérium International
Fond, Cureghem Centre, au Décathlon National, à la LCB ou encore au PIPA IATP Ranking remporté en 2007.
Plus récemment, Yvon Deneufbourg est monté sur la plus haute marche du podium lors des journées
nationales de 2014 en remportant le titre de champion national grand fond RFCB. Beaucoup se contenteraient
du dixième d’un tel palmarès. C’est probablement l’un des colombophiles les plus titrés encore en activité.
Pourtant, Yvon est toujours resté le même homme et ce succès ne lui est jamais monté à la tête.
Si vous avez une question à lui poser, il tentera de vous répondre le plus honnêtement possible afin de vous
aider au mieux. C’est aussi cela qui caractérise un véritable champion !
La saison 2016
Le déroulement de la dernière saison a été rendu pénible à la suite de plusieurs circonstances. Premièrement,
Yvon a connu plusieurs ennuis de santé durant l’année 2015 avec plusieurs hospitalisations à la clef. Dans de
telles conditions, il est difficile d’aborder sereinement une nouvelle saison quand cela vous demande une
fameuse débauche de temps et d’énergie !
Ensuite, plusieurs tuiles sportives se sont succédé durant la saison 2016, la plus grosse n’étant autre que le
désastreux concours de Montauban, pourtant l’une des étapes fétiches du champion d’Estinnes. Alors qu’il y
avait engagé 9 pigeons dont plusieurs de ses grands favoris, pas moins de 6 voiliers ne regagneront jamais les
installations estinnoises. Cela lui a véritablement coupé l’herbe sous le pied, pour ne pas dire plus. La suite de
la saison s’est tout simplement retrouvée hypothéquée, Montauban constituant historiquement la dernière
rampe de lancement pour deux autres étapes fétiches de notre champion : Marseille et Perpignan. Un comble,
quand on sait que Deneufbourg a écrit la majeure partie de son histoire sur ces étapes. Deux semaines après
Montauban, on retrouvait le concours de Libourne au programme. Il ne le savait pas lorsqu’il s’est rendu à la
table d’enlogement du local d’Estinnes mais la poisse allait une nouvelle fois le frapper. Cette fois, c’est le
meilleur représentant de son colombier de jeu, le fameux ‘Narbonne’, qui ne rentra pas de l’étape de la
Gironde. Le sort s’est véritablement acharné sur Yvon et ce à seulement deux semaines d’intervalles. Et quand
vous savez que les pigeons d’expérience sont une nécessité pour une colonie de fond et de grand fond, vous
comprendrez pourquoi la saison 2016 fut vécue comme une véritable galère pour le citoyen d’Estinnes.
Rarement au cours de sa carrière Yvon aura connu une telle poisse. Et pourtant, ce fut le lot de nombreux
colombophiles en 2016 !
3. Les Deneufbourg ailleurs
On dit parfois que la qualité d’une colonie se mesure à sa capacité de s’exporter au sein d’autres colombiers, en
Belgique comme à l’étranger. A ce sujet, on peut considérer que la mission a été remplie avec brio. Chez
Deneufbourg, c’est devenu une véritable fierté de voir d’autres colonies réussir avec les pigeons made in
Estinnes. La liste des références s’allonge d’ailleurs année après année et cela n’est probablement pas prêt de
s’arrêter. J’en veux pour preuve la dernière liste mise à jour par mon confrère Roger Rochart et reprennant les
références les plus significatives remportées par des oiseaux avec du sang Deneufbourg :
- En 2015, la colonie Cuffel a défrayé la Chronique en remportant le premier international Barcelone avec le
seul pigeon constaté durant le premier jour de vol. Les parents de ce vainqueur international sont nés tous les
deux à Estinnes.
– En 2016, les frères Pronckaert de Scheepdaal remportent à la fois le 1er
premier national Barcelone et le
1er
national Narbonne yearlings. Ce dernier possède du sang Deneufbourg à la fois du côté du père que
de la mère.
- Toujours en 2016, Dominique Culot de Warmifontaine remporte la Coupe du Roi grâce à un sujet 50%
Deneufbourg.
– En 2015, le vainqueur national de Jarnac de Marc Verschelde est issu d’un mâle avec du sang
Deneufbourg.
– En 2013, les frères Dudouit (France) remportent le 1er
national Perpignan femelles (8e
international
femelles) grâce à une femelle dont le père provient directement de chez Deneufbourg.
Force est de constater que la souche Deneufbourg s’exporte à merveille dans d’autres colombiers et qu’elle
joue les premiers rôles sur la scène internationale.
Puisse-t-il retrouver la sérénité et la motivation qui le caractérise depuis tant d’années. Nous lui souhaitons
bonne chance pour 2017.
H.S.