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Encore et toujours
la question de «décharge» !
Et le texte se fit
Lobo
par Carl-Henry Pierre
La ceinture restera
en Haïti, promet Évens
Pierre
par Kenson Désir
VENDREDI 22 MAI 2015 NUMERO 3
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesREPUBLIQUE D’HAITI • PORT-AU-PRINCE
HAÏTI / ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
HAÏTI-ÉLECTION-INSCRIPTION E
ÉCONOMIE
SOCIÉTÉ
La période d’inscription à la présidentielle est terminée. Environ 70 candidats ont fait le
dépôtdeleurspièces.UnrecordpourHaïti!Certainscitoyensestimentquec’estunebonne
chosepourladémocratie,d’autrescroientquelesrésultatsduscrutinrisquentd’êtrefaussés.
U
ne avalanche ! Voilà comment
est décrit le déferlement de
candidats à la présidence dans
les locaux du Conseil électoral
provisoire, durant la huitaine réservée à
l’inscription des prétendants à la mag-
istrature suprême de l’État. Explosion
de certains regroupements ou partis
politiques, stratégie de diversion, pro-
blème de confiance sont, entre autres,
les causes à la base de ce brouhaha
politique.
Sept dizaines de candidats. Sept
dizaines de choix possibles, parmi
sept dizaines de programmes
présentés comme différents.
Copieux menu ! Les électeurs auront
bien du mal à se fixer. Devant cette
dure réalité, le CEP doit trouver la
parade et la meilleure formule pour
réduire l’offre électorale et organiser
de bonnes élections. Dilemme.
« La pluralité idéologique est un
des principes fondamentaux en
démocratie ». C’est ce qu’a avancé
le politologue Gracien Jean qui
estime que c’est une bonne chose
pour la démocratie que des gens
puissent exprimer librement leurs
opinions. « Maintenant, c’est au
Conseil électoral de jouer son rôle
», insiste-t-il. Haïti n’est pas le seul
pays à être dans une telle situation,
poursuit le politique, arguant que
certains pays d’Afrique connaissent
le même problème.
Toutefois, il relève quelques
difficultés auxquelles peuvent
être confrontés les électeurs, qui
auront bien du mal à identifier leur
candidat sur le bulletin de vote.
Les votes blancs vont augmenter
de manière exponentielle, prévoit-il.
En outre, Gracien Jean croit qu’il
sera difficile pour un candidat
de gagner au premier tour ou
» suite, P. 3
La présidence assiégée : 70 candidats !
Lionel Edouard
Deux prétendants à la présidence, Laurent Lamothe et Thierry Mayard-Paul. / Photos J. J. Augustin
» P. 14
» P. 17
» P. 21
»   P. 10
Autour de la dette :
Moralité, pessimisme
et lucidité
Par Henri Alphonse
CULTURE
SPORT
Les sargasses sont sur
nos plages !
» suite Page 6
2 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
Il est temps de faire des
choix judicieux pour un
meilleur avenir de la
Nation
Par Jean-Robert Argant
HAÏTI/ÉLECTIONS
TRIBUNE
C
itoyennes et citoyens du pays,
nous sommes à la veille d’un
rendez-vous électoral majeur.
De nos choix dépendra le sort
de notre pays. Les élections ont de très
fortes répercussions sur le commun
des citoyens et, comme vous le savez,
leur tenue devient un moment décisif
dans l’histoire et le développement
d’une Nation et de son peuple.
Dans le passé, il a été très difficile
voire impossible d’exprimer notre
vote. Trop de fois, notre choix
n’a pas été respecté, ce qui nous
a amené à cette situation de déli-
quescence sociétale au niveau où
aujourd’hui :
- notre précarité économique
atteint son point culminant,
- la corruption et l’impunité devi-
ennent la norme,
- l’irrespect et l’indiscipline règ-
nent en maitre et seigneur
- la couche saine de la nation, en
réserve, résistante, tend à se
décourager
- nos concitoyens vivant en dehors
du pays se démobilisent
envisageant même de nous aban-
donner
- les « étrangers » nous regardent
avec pitié et nous insultent.
En témoignent le sort de nos com-
patriotes vivant en terre voisine et
le comportement des ultra-nation-
alistes Dominicains vis à vis de
notre pays et ses ressortissants.
Il est temps de nous
ressaisir, de nous affirmer
comme peuple digne,
de faire des choix judi-
cieux pour l’avenir de la
nation, et d’être prêts à
défendre notre vote.
A l’heure où des esprits se focalisent
sur les élections générales, nous,
du COLLECTIF DU 4 DEC 2013,
mobilisés derrière la promotion de
la PRODUCTION NATIONALE, stra-
tégie garante de notre Souveraineté,
de notre Dignité et du Développe-
ment du pays, pensons qu’il est de
notre devoir de guider nos conci-
toyens à choisir un personnel poli-
tique compétent, engagé, patriote,
responsable et doté d’une vision
globale des capacités productives
et constructives.
Aussi, pour être certain de faire le
choix le plus judicieux, LE COL-
LECTIF vous suggère-t-il de recher-
cher et privilégier les profils suiv-
ants parmi les candidats :
- Au poste de Président de la Répub-
lique Il est souhaitable que cette
personne
- émerge d’un parti politique
- soit connue pour son sens des
responsabilités,
- ait démontré des qualités de lead-
ership
- ait fait montre d’un patriotisme
irréprochable
- soit un promoteur de la produc-
tion nationale
- soit un partisan de la souveraineté
nationale
- fasse montre d’une bonne connais-
sance du pays tout entier
- soit crédible
- jouisse d’une bonne réputation et
du respect de tous
- soit connue pour son intégrité,
son respect de la constitution et
des normes
- soit porteur d’un projet cohérent
et soutenable dans, au moins, les
domaines
de développement, de santé et
d’éducation
o Au poste de Sénateur ou de
Député Le choix doit être porté sur
le candidat qui:
- émerge d’un parti politique
- soit une personnalité connue dans
son milieu pour son sérieux son
sens des
responsabilités et son comporte-
ment discipliné
- démontre une bonne connaissance
de la fonction et de la responsabilité
parlementaire
- soit un patriote reconnu et intègre
- soit un partisan de la souveraineté
nationale
- soit porteur de propositions pro-
gressistes, cohérentes et réalistes
- jouisse d’une bonne réputation
o Aux Mairies et collectivités ter-
ritoriales
Le choix prioritaire doit tenir
compte du candidat ou de l’équipe
qui :
- émerge d’un parti politique
- soit connue pour son sens des
responsabilités et son sérieux
- ait démontré des capacités de ges-
tion et de leadership
- fasse la promotion de la produc-
tion nationale
- soit partisan de la souveraineté
nationale
- fasse montre d’une bonne connais-
sance de la collectivité
- porte un projet de développement
cohérent et soutenable
- jouisse d’une bonne réputation
C’est votre CHOIX D’AUJOURD’HUI
qui garantira votre avenir DEMAIN
et décidera de L’AVENIR de notre
pays .
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 3
ACTUALITÉ
d’obtenir une marge de 25 % sur
son poursuivant, nécessaire pour
accéder à la fonction désirée.
Dans ces conditions, plusieurs
candidats peuvent terminer
avec le même nombre de voix
et occuper la deuxième place.
Ce qui, dit-il, ouvre la brèche au
jeu de contestations qui risque
de handicaper sévèrement le
bon déroulement du processus
électoral.
Avidité de pouvoir...
Ce record atteint dans le nombre
de candidats inscrits à une
présidentielle haïtienne est
dû notamment à une crise de
leadership. Gracien Jean pense
que les citoyens n’ont pas vraiment
de leaders à qui s’accrocher. La
classe politique qui a vieilli et qui
n’a pas été renouvelée ouvre la
voie aux néophytes. « Il n’y a pas
de leaders, mais des candidats »,
a-t-il tenu à préciser.
L’ancien président de l’Assemblée
nationale, Dieuseul Simon Desras,
s’est pour sa part montré très
choqué quant au grand nombre
de candidats, 70 au total, qui
visent le fauteuil présidentiel.
L’ex-sénateur, prétendant lui
aussi au fauteuil, pointe du doigt
l’avidité de ceux qu’ils appellent
« des petits candidats », et qui,
par leurs actions, banalisent la
fonction présidentielle en Haïti.
Bien qu’inscrit à la présidentielle,
Dieuseul Simon Desras dit ne pas
croire à la réalisation des élections
dans le pays en 2015. Cependant,
il invite les prétendants à se
mettre ensemble pour dégager
un consensus, s’ils nourrissent
vraiment le projet de faire avancer
le pays et non celui de satisfaire
leurs intérêts personnels.
Gare aux affrontements !
Pour Antonal Mortimé, de la
Plateforme des organisations
haïtiennes de défense des droits
humains (POHDH), il faut aborder
la situation suivant deux angles
différents.
Dans un premier temps, en tenant
compte de la réalité politique
qui est polluée par ce nombre
imposant de candidats qui ne
disposent d’aucun plan ou de
projet de société pour orienter le
pays.
Une situation pouvant générer de
graves conflits entre partisans de
candidats, s’inquiète le défenseur
de droits humains, qui a aussi
expliqué que même sur le plan
pratique, avec 70 candidats, les
élections risquent d’être faussées.
Tout d’abord, parce que la police
éprouvera d’énormes difficultés à
sécuriser la période de campagne.
Ensuite, parce que les électeurs,
pour la plupart analphabètes,
auront du mal à identifier leur
candidat sur un bulletin de vote,
qui risque, affirme-t-il, d’atteindre
« la dimension d’une table de
réunion ».
Dans un second temps, sur le plan
du droit, Antonal Mortimé pense
que tout citoyen dispose du droit
de se porter ou pas candidat à la
présidence dans la mesure où il
répond aux critères fixés.
Le CEP, fait-il remarquer, n’a
nullement le droit de les exclure.
Toutefois, il invite l’organisme
électoral à faire preuve de rigueur
dans l’analyse des dossiers des
candidats.
Le secrétaire exécutif du POHDH
reste optimiste quant à la
réalisation des élections en 2015.
Il en profite toutefois pour inviter
les candidats à se regrouper,
afin de rendre la situation plus
abordable. Aussi les encourage-t-il
à élaborer des plans sérieux pour
sortir le pays de la misère et du
sous-développement.
La présidence assiégée :
70 candidats !
Lionel Edouard
» suite de la première Page
Edito
REDONNEZ-NOUS
NOTRE CAPITALE !
LLa capitale haïtienne n’appartient plus aux citoyens du pays. L’espace échappe au fil
d’événements politiques et naturels, aux hommes et aux femmes qui habitent la ville.
Danslesannéescinquante,cen’étaitpassimplementlavaguetouristiquedel’époquequi
faisaitl’attractiondelacapitale.C’étaitaussil’implicationdesrésidentsdesquartiersquise
préoccupaientdepropretéetd’assainissement.Celacréaitunmouvementdynamiqued’une
ruelleàuneautre.Lacompétitionsocialeyjouantsonrôlemobilisateur,chaquequartier
tiraitsafiertédesonsavoir-faireaveclesfleurs,lacouleurdesmurs,lesarbrespourl’ombre.
C’était,endépitdestumultespolitiquesquinecessaientdesecouerlaville,«ladolcevita».
Lesservicespublicsderamassagededétritusfonctionnaientàunrythmerégulier.Lesens
dudevoirdescitoyensallégeaitlestâchesdel’État.Ilyavaittoujourslesdifférencesentre
leszonesrésidentielles,entre leréseaudemagasinsdubasdelavilleetlesquartiersd’une
classe laborieuse et économiquement moins pourvue, mais animée d’un patriotisme à
trancheraucouteau.DePacotauBas-Peu-de-Chosejusqu’auMorne-à-Tuf,l’appropriation
del’espacedelacapitaleétaituneprioritécitoyenne.
Lepaysagearchitecturalaussiétaitlaparticularitéde«laperledesAntilles».Iln’yavait
aucune nécessité de construire à plusieurs étages, lesdits buildings n’existaient pas. Les
maisonsen«gingerbread»reprenaientlesdessinsdupaysagenaturel,l’utilisationdubois
répondaitàuneconnaissanceduterrainparrapportauxéventuelscatastrophesnaturelles.
Notre brusque entrée dans la modernité urbaine à partir du début des années soixante
allait bousculer l’originalité bucolique de la ville. Des facteurs politiques, des indicateurs
économiques,desvoyagesàl’extérieur,latentationaubovarysmedesvillesditesdévelop-
péescommençaientparchangerl’aspectdenotrecapitale.Cité-Soleil,présentéeaujourd’hui
commelelieudetouslesdésastresphysiquesethumains,avaitsesbeauxpaysages.Un
destableauxdupeintreCasimirachetéàunprixfortàuneventeauxenchèresàSothebys
représenteune«marine»deCité-Soleildesannéescinquanteavecquelquesdébardeurset
voilierssurfonddedoucereuselumière,commedanslesœuvresdeCanalleto.Propagande
d’époque?Ladestructiondel’économiepaysanne,lesturpitudespolitiquesallaientren-
verserlavapeuretnousintroduiredansl’universdantesquequenousvivonscesderniers
jours.
Lasurpopulation,l’anarchiedel’habitat,lacirculationautomobilepubliqueetprivéedans
desruesquin’ontpasétéagrandies,lecommerceinformelétablisurlestrottoirs,ledéficit
deplanderéaménagementdel’espaceurbainmettentlePort-au-Princien,surtoutaprès
leséismedévastateur,aumilieud’unespaceapocalyptique.Toutestditsurlesmurssans
aucunepénalité.L’actuelgouvernementrecollelesmorceauxd’unecapitalecassée,sans
unepropositionurbanistiquerationnelle.
Perdusdansleurpropreespacedevenuunlabyrinthe,lescitoyensdelaville,desprofession-
nelsauxinvestisseursnationaux,crientd’uneseulevoix:Redonnez-nousnotrecapitale!
Ilsn’ontpasseulementraison.Ilsrevendiquentaussibiennotreidentiténationaleenpéril
quenotresurviedepeuplemiseàrudeépreuve.
4 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
C
’est le vocable le plus à la
mode en cette période électo-
rale. Il est sujet de nombreux
débats dans les médias, sur
les réseaux sociaux et même dans les
rues. Les gens les moins avisés en dis-
cutent. Ceux qui ont servi l’État comme
ordonnateurs de deniers publics et qui
veulent se porter candidats à un poste
électif sont confrontés à l’obligation
légale de la décharge.
En réalité, c’est quoi la décharge
? Quelles sont les institutions
compétentes pour l’attribution de
décharge ? Que doit faire le prési-
dent de la République face à cette
situation qui prévaut actuellement
où bon nombre de comptables de
deniers publics ont besoin de ce
fameux sésame alors que le Par-
lement est dysfonctionnel ?
« C’est la loi du 26 août 1870,
portant sur l’hypothèque légale
relevant des biens immeubles des
comptables de deniers publics, qui
édicte que dès lors que quelqu’un
est nommé à la tête d’une institu-
tion, ses biens sont automatique-
ment grevés. L’intéressé, en cas
de besoin, ne peut pas disposer
de ses biens, ni les vendre, tant
qu’il n’aura pas reçu décharge de
sa gestion », a précisé d’entrée de
jeu le juriste et professeur de droit
constitutionnel, maître Monfer-
rier Dorval. Cette loi, a-t-il ajouté,
a été prise par Salomon, minis-
tre des Finances à l’époque, en
vue de combattre la corruption
dans les institutions étatiques. Et
c’est l’article 18 du décret du 23
novembre 2005, régissant le fonc-
tionnement de la Cour des comptes
et du contentieux administratif
(CSC /CA) qui définit la décharge
comme étant l’acte par lequel la
Cour des comptes ou le Parlement
décide que la responsabilité finan-
cière des comptables des deniers
publics de droit ou de fait n’est pas
engagée. Cet acte, poursuit l’article,
emporte de plein droit radiation
des inscriptions hypothécaires
prises sur leurs biens et libération
des montants déposés en garantie
de leurs gestions. Pour les minis-
tres et Premiers ministres, c’est le
Parlement qui leur doit décharge
de leurs gestions, alors que celle
des autres ordonnateurs relèvent
strictement de la compétence de la
Cour des comptes.
Aussi convient-il de noter que la
décharge de tous les comptables de
deniers publics, y compris les pré-
sidents du Sénat et de la Chambre
des députés, est subordonnée aux
rapports de la Cour des comptes,
selon l’article 204 de la Constitu-
tion, renforcé par le décret du 23
novembre 2005. À cette question,
maître Dorval a bien voulu précise
que le Parlement qui, au besoin,
peut solliciter une contre-expertise,
n’est pas strictement lié au rapport
de la Cour des comptes. Car expli-
que-t-il, c’est la commission bica-
mérale de décharge, composée de
15 membres (6 sénateurs et 9 dépu-
tés), formée au début de chaque
session législative ordinaire, qui a
pour mission de rapporter sur la
gestion des ministres.
La question de décharge est très
sérieuse aujourd’hui, selon Monfer-
rier Dorval, qui évoque la théorie
des formalités impossibles, surtout
dans le cas des anciens Premiers
ministres et ministres bloqués pour
décharge alors que le Parlement,
seule institution chargée de statuer
sur ce dossier, est dysfonctionnel.
Ces fonctionnaires ne peuvent être
victimes du dysfonctionnement du
Parlement, avance l’homme de loi,
qui voit dans cet acte une viola-
tion du droit de ces citoyens qui ont
servi l’État, indépendamment de
leur gestion (bonne ou mauvaise). «
On a rétabli la mort civile aux min-
istres et Premiers ministres en refu-
sant de leur accorder décharge de
leur gestion. Car sans la décharge,
leurs biens ainsi que leurs droits
politiques sont hypothéqués », a
martelé Me Dorval.
Au nom de la théorie exécutif-
législateur, le président de la
République doit trancher
Face à une telle situation pour le
moins complexe, Monferrier Dorval
pense que le président de la Répub-
lique doit sortir de son mutisme.
« Dans ce cas, le chef de l’État ne
peut pas rester indifférent à ce pro-
blème. Il peut agir par décret puis
que nous vivons actuellement dans
le pays une situation d’exception
», a indiqué le juriste, évoquant
la théorie exécutif-législateur,
laquelle renvoie les compétences
du Parlement à l’exécutif (Conseil
des ministres) en cas de dysfonc-
tionnement de celui-là.
Pour étayer sa théorie, Monferrier
prend en exemple le décret-loi élec-
toral et le décret-loi des finances,
comme deux actions posées par
l’exécutif sur la base d’un décret
alors que, en temps normal, ç’aurait
été l’attribution du Parlement. Dans
cette même perspective, il propose
d’enlever la question de décharge
des mains du Parlement pour la
confier entièrement à la Cour des
comptes dans le cadre d’une révi-
sion constitutionnelle visant à ren-
forcer la capacité et la compétence
de la CSC/CA. Car « la décharge est
une arme politique laissée entre
les mains des Parlementaires », a
déploré Me Dorval, rappelant que
tous les ministres qui ont obtenu
décharge l’ont eue par décret.
Le juriste s’en est aussi pris à la
Cour des comptes qui, estime-t-
il, n’a pas fait son travail tel que
demandé par la loi. Le ministre n’a
pas à demander décharge. La CSC/
CA doit automatiquement se saisir
d’auditer annuellement sur la ges-
tion des ordonnateurs de l’État,
nous dit Monferrier Dorval qui croit
que toute demande de décharge de
la part d’un ministre ou autre est
illégale et inconstitutionnelle.
HAÏTI/ÉLECTIONPRÉSIDENTIELLE
ACTUALITÉ
Encore et toujours la question de «décharge» !
Noclès débréus
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RACHELLE COMPÈRE
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 5
C
e rapport prend en compte les
11Bureauxélectorauxdéparte-
mentaux du pays. Ces données
ont été collectées à partir du
22 avril au 5 mai 2015, laquelle péri-
ode coïncide avec l’enregistrement en
ligne, le dépôt des pièces et la con-
testation des candidatures au niveau
des bureaux du Contentieux électoral
départemental.
L’enquête révèle que 93,7% des cent
dix (110) candidats interviewés
estiment correct le traitement dont
ils ont été l’objet dans les BED et
77,1% jugent que le traitement des
contestations a été impartial. En ce
qui concerne le pré-enregistrement
en ligne, 70% des candidats inter-
rogés estiment que ce mécanisme
est simple, contre 4,6% qui le
trouvent compliqué et 23,6% qui
pensent qu’il faut l’améliorer. Par
ailleurs, les responsables de l’OCID
déclarent que le processus élec-
toral a relativement bien démarré.
« Apres avoir présenté ce compte
rendu aux responsables du CEP,
vendredi dernier, notre confiance
est affermie … et nous autres, nous
avons une participation à jouer
dans le déroulement du processus
électoral… », ont-ils expliqué.
Par la même occasion, l’OCID, a
présenté une nouvelle méthodol-
ogie d’observation électorale. «
Nous allons faire une observation
systématique en déployant 1700
observateurs et observatrices basée
sur des méthodes qui ont fait leur
preuve dans plus d’une cinquan-
taine de pays », a expliqué M.
Abdonel Doudou, représentant de
JURIMEDIA.
Aujourd’hui l’OCID prône cette
nouvelle méthode plutôt qu’une
autre, parce qu’au cours des deux
dernières décennies, une observa-
tion systématique a permis de pro-
mouvoir l’intégrité des élections
et de détecter la manipulation des
résultats électoraux ou des proces-
sus de vote dans plus de 50 pays.
Avec l’observation systématique,
on est en mesure d’évaluer l’impact
des faits observés sur le processus
électoral. Et c’est ce qui fait la dif-
férence entre cette méthodologie
et celle qu’on utilisait antérieure-
ment, répond Abdonel Doudou ; «
c’est un outil de dissuasion… pour
mettre la population en confiance
et pour stimuler plus de citoyens
à participer aux élections », a-t-il
ajouté.
Ce projet baptisé « projet
d’observation électorale », estimé à
800, 000,00. Dollars, vise la réali-
sation d’une observation électo-
rale systématique crédible et non-
partisane a fait savoir au National
les responsables de l’OCID. Pour
Rosny Desroches « observer et con-
solider » c’est si vous regardez les
promesses faites par les candidats
: est-ce qu’elles ont été réalisées
et dans quelles mesures elles l’ont
été ? C’est à ce moment-là que l’on
consolide la démocratie, si vous
regardez l’évolution des partis
politiques : ont-ils plus de contacts
avec la population ? Est-ce qu’ils
exposent (présentent) l’intérêt de
la population ?
Ce consortium indépendant et non
partisan, se donne pour objectifs
: la promotion de la participation
de la société civile haïtienne au
renforcement de la gouvernance
démocratique (par le monitoring
des institutions et des processus
politiques), l’observation électo-
rale et le plaidoyer pour la mise
en œuvre de politiques publiques
cohérentes, justes et efficaces.
« Nous ne sommes pas là seule-
ment pour observer mais égale-
ment pour consolider », a conclu
M. Desroches.
L
a tension est montée d’un cran
entre les responsables de la
Compagnie de développement
industriel (Codevi), située dans
la ville frontière de Ouanaminthe
(nord-est), après la révocation de 34
ouvrières et ouvriers le vendredi 15
mai dernier.
Tôt dans la matinée du mardi 19
mai, les responsables de la Codevi
ont appelé les forces de l’ordre
et interdit l’accès à l’enceinte
de la compagnie à plus de 1400
ouvrières et ouvriers haïtiens tra-
vaillant au département de con-
fection de sous-vêtements pour
femmes, dans lequel travaillaient
aussi les 34 ouvrières et ouvriers
renvoyés le 15 mai dernier.
Cette vague de révocations, suivie
d’expulsion en masse, est sur-
venue une semaine après que le
vice-président de la compagnie,
Limber Cruz, venu directement
de Santiago (République Dominic-
aine), aurait promis un ajustement
salarial et de meilleures conditions
de travail, suite à plusieurs jours
de grogne parmi le personnel.
Plusieurs ouvrières et ouvriers
interrogés par l’agence en ligne
AlterPresse se sont dit surpris de
cette révocation après la promesse
faite par le patron de l’usine.
De son côté, l’administrateur de
la Codevi, Víctor Thomas, a fait
savoir que la compagnie n’a jamais
promis d’ajustement salarial.
« Nous avons licencié un ouvrier le
05 mai dernier pour fraude et après
protestation des autres ouvriers,
monsieur Limber Cruz a décidé
de lui donner une compensation.
Malgré tout, ils continuaient de
boycotter la production. Enfin
nous avons licencié 34 autres,
parmi les leaders, le vendredi 15
mai », poursuit Thomas.
« En fermant le portail de la com-
pagnie, nous avons voulu bloquer
les 34 ouvrières et ouvriers révo-
qués », a fait savoir l’administrateur
qui a précisé qu’ils seront dédom-
magés selon les vœux du code du
travail haïtien.
« Les autres peuvent venir et
reprendre le travail », promet-il.
« Pour tenter de trouver une solu-
tion, nous (les syndicalistes) avons
appelé le directeur régional du
Ministère des affaires sociales et du
travail (Mast), Selondié Abellard,
qui n’a pas pris le temps d’écouter
les ouvriers. Il s’est seulement con-
tenté d’aller parler avec les respon-
sables de la Codevi », dénonce le
délégué à la revendication et lutte
du Sendika ouvriye Kodevi Wana-
ment (Sokowa), Vilsonde Bijour.
Les ouvriers estiment que Selondié
Abellard se comporte dans tous les
litiges les opposant à la compagnie,
en défenseur de la Codevi, mais pas
comme un arbitre.
Insatisfaits du comportement du
directeur régional du Mast, ils l’ont
reconduit à son bureau et fermé
les portes de cette institution qui
allaient être ouvertes quelques
heures plus tard.
Le délégué à la revendication et
lutte au sein du Sokowa a critiqué
le directeur régional du Mast qui
aurait justifié son refus de recev-
oir les doléances des ouvriers en
déclarant qu’ « il doit se rendre
dans une festivité ».
Abellard qui n’a pas réagi à cette
accusation, a fait savoir que les
ouvriers veulent qu’il impose aux
responsables de la Codevi le renvoi
des employés de la section des res-
sources humaines avec qui ils ont
des différents. « Ceci n’est pas de
ma compétence », a-t-il précisé.
Les employés révoltés se sont
rendus au tribunal de paix de Oua-
naminthe pour remettre les clés
saisies et déposer une plainte, a
constaté AlterPresse. Mais, aucun
juge n’aurait décidé de recevoir la
plainte.
Depuis l’entrée en fonction de
Selondié Abellard à la direction
du bureau régional du Mast, le
05 septembre 2014, les ouvrières
et ouvriers de la Codevi l’ index-
ent comme « défenseur du patron
» à chaque intervention ou refus
d’intervenir.
«Observer et consolider», dit Rosny Desroches
par Bob S. Simon
Révocation massive à la Codevi à Ouanaminthe sous tension
par Correspondance Jéthro-Claudel Pierre Jeanty, Alterpresse
HAÏTI/ÉLECTIONS
HAÏTI/SOUS-TRAITANCE
ACTUALITÉ
L’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID) a présenté, mercredi, à l’hôtel le Plazza
(Port-au-Prince), un rapport sur l’observation du processus d’inscription aux élections législatives.
6 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
ACTUALITÉ
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 7
S
ix femmes figurent parmi les 70
personnalités inscrites en tant
que candidats à la présidence,
observe AlterPresse.
Il s’agit de Marie Josefa Gauthier,
ancienne ministre des affaires
sociales et du travail (Mast) durant
l’administration de Michel Martelly
et du premier ministre Laurent
Lamothe au cours de la période de
2012.
Josepha Gauthier est candidate
sous la bannière de l’Alliance
démocratique pour la réconciliation
nationale.
Marie Antoinette Gauthier est
médecin de formation et candidate
sous la bannière du Plan d’action
citoyenne. Ancienne footballeuse,
elle est impliquée dans des actions
sociales.
Joe Marie Judie C. Roy, unique
femme en lice à la présidentielle de
2005, se retrouve dix ans plus tard
sous la bannière du Regroupement
patriotique pour le renouveau
national (Reparen).
Avec 7 mille 899 voix, elle avait
obtenu un score de 0.41% au terme
des joutes ayant vu René Préval
briguer un second mandat.
Danielle Saint-Lot, pour sa part,
est cofondatrice de Femmes
en démocratie (Fed). Elle a été
titulaire du ministère du commerce
de l’industrie et du tourisme sous
le pouvoir en place. Elle est une
économiste.
Ex candidate à la mairie de Pétion-
Ville (périphérie est de la capitale),
Danielle Saint-Lot travaillait depuis
aout 2003 comme Directrice de
formation dans un programme de
l’Agence internationale d’aide du
gouvernement américain (Usaid).
Ancienne porte-parole du
Parti politique Haïtien tèt kale
(Phtk), elle a pourtant déposé sa
candidature sous la bannière de
Defile pati politik fanm ak fanm,
ce mercredi 20 mai 2015.
Edmonde Supplice Beauzile,
ancienne député et sénatrice du
département du Centre, à la tête
du parti Fusion des Sociaux-
démocrates depuis le 25 septembre
2011 lors d’un congrès à Mirebalais
(est), a déposé son dossier
également.
Elle avait affiché une position
plutôt favorable vis-à-vis de
l’administration Martelly vers la
fin de son mandat au Senat.
Maryse Narcisse, médecin
généraliste de formation,
consultante en médecine, a obtenu
la bénédiction de l’ancien prêtre
défroqué Jean-Bertrand Aristide
pour être son successeur à la tête
du parti Fanmi lavalas.
Par ailleurs, un grand nombre
d’inconnus de la scène politique et
médiatiques figurent dans la liste.
Il faudra attendre la liste définitive,
dont la publication est prévue
pour le samedi 30 mai 2015,
pour connaître les candidates et
candidats qui s’affronteront le 25
octobre.
HAÏTI-POLITIQUE
ACTUALITÉ
Six femmes inscrites comme candidates
à la présidentielle de 2015Sources : Alterpresse
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3 VENDREDI 22 MAI 2015
Le Nicaragua refuse l'entrée
du caricaturiste français JulSources : AFP
MONDE
Le caricaturiste français Jul s’est
vu refuser l’entrée au Nicaragua par
le gouvernement alors qu’il devait
participer à un forum d’écrivains,
a affirmé mercredi Sergio Ramirez,
promoteur de la rencontre.
« Cela me semble un acte lamenta-
ble, inexplicable, le gouvernement
ne nous a offert aucune raison pour
avoir refusé l’entrée à Jul », de son
vrai nom Julien Berjeaut, a déclaré
Sergio Ramirez.
La troisième édition du forum
d’écrivains “Centroamérica
Cuenta” a été inaugurée mardi par
un hommage au journal satirique
français Charlie Hebdo, cible le 7
janvier dernier d’un attentat qui a
décimé sa rédaction.
Ex collaborateur de cet hebdoma-
daire satirique, Jul devait arriver
lundi à Managua pour participer à
ce forum, mais il s’est vu refuser
l’entrée au Nicaragua par les auto-
rités.
« Je ne travaille plus à Charlie
Hebdo depuis 5 ans, je n’étais pas
présenté comme ça (en tant que
dessinateur de Charlie, NDLR) pour
le festival mais comme dessinateur
de presse en général. Cette inter-
diction, ce n’est pas une charge
contre Charlie, comme ça a pu être
le cas aux Etats-Unis avec le prix
PEN », a déclaré Jul mercredi soir
à l’AFP depuis le Salvador.
« Nous ne comprenons pas, nous
sommes surpris et bien sûr nous
rejetons ce genre de mesures contre
un caricaturiste de grand prestige
mondial qui venait enrichir Cen-
troamérica Cuenta par sa participa-
tion », a regretté Sergio Ramirez,
lui-même écrivain.
Selon lui, l’ambassade de France
au Nicaragua a essayé, sans succès,
de faire revenir les autorités sur
leur décision afin que Jul puisse
assister au forum, qui réunit 70
écrivains d’Amérique et d’Europe.
« Je regrette la décision du gou-
vernement de ne pas le laisser
entrer au Nicaragua », a indiqué
l’ambassadeur français, Antoine
Joly, lors du forum mardi, expli-
quant que Jul venait dans la
région pour participer également
à d’autres événements culturels au
Costa Rica et au Salvador.
Jul, qui a collaboré avec de nom-
breux médias français comme
Libération et L’Humanité, a con-
firmé dans une vidéo présentée
lors du forum que « les autorités
(nicaraguayennes) n’ont pas voulu
que je sois à Managua ».
C’est le troisième étranger en une
semaine à être refoulé à son arrivée
au Nicaragua, après le Péruvien
Luis Carlos Boub et l’Espagnole
Marta Gonzalez, militants de l’ONG
Centre pour la justice et le droit
international (CEJIL), qui venaient
participer à l’anniversaire d’un
organisme local de défense des
droits de l’homme.
Jul lors de la présentation de son livre“Conte de Fees à l’Elysee”, le 26 août 2008 au
Festival international de la BD à Angoulème. / Photo AFP/AFP/Archives
Des dirigeants vénézuéliens dans
la mire de la justice américaineFrançois-Xavier GOMEZ
M
ercredi soir, le président
de l’Assemblée nationale
vénézuélienne, Diosdado
Cabello, est apparu crispé
lors de son monologue télévisuel heb-
domadaire, Je frappe avec la massue.
Deux jours plus tôt, la presse améric-
aine (le Wall Street Journal et le New
York Times) avait confirmé qu’il était
visé par une enquête de la justice des
Etats-Unis pour trafic de drogue et
blanchiment, en compagnie de plus-
Diosdado Cabello (à g. ), président de l’Assemblée nationale vénézuélienne et
avec Nicholas Maduros, le président du pays, à Caracas, le 15 mars. / Photo Juan
Barreto. AFP
ieurs hauts fonctionnaires. Cabello,
longtemps présenté comme le suc-
cesseur de Hugo Chavez, a mis au
défi ses détracteurs de présenter «la
moindre preuve», et s’en est remis
à «l’amour du peuple, qui est aussi
l’amour de Dieu».
Les soupçons d’implication de
personnalités du régime socialiste
dans le narcotrafic sont d’abord
apparus dans le quotidien (de
droite) espagnol ABC. Trois orga-
nes de presse vénézuéliens qui
les ont relayés, les quotidiens
El Nacional et Tal Cual et le site
d’information La Patilla, ont fait
l’objet d’une plainte de Diosdado
Cabello le 23 avril. Il s’agit des
trois derniers médias d’opposition
dans le pays, et le gouvernement
de Nicolas Maduro ne relâche pas
la pression sur eux. En février,
Tal Cual a même dû renoncer
à son édition imprimée, l’accès
au papier journal lui étant inter-
dit. Dernier épisode en date de
l’offensive contre la liberté de la
presse: le parquet a interdit aux
dirigeants des trois médias, soit
22 personnes, de quitter le pays,
le temps d’instruire la plainte de
Cabello.
Les deux quotidiens américains
citent des propos tenus sous cou-
vert d’anonymat par des fonction-
naires de la DEA (agence anti-
drogue des Etats-Unis): ils évo-
quent une implication de l’armée,
au niveau des plus hauts gradés,
dans le trafic de cocaïne dans les
régions frontalières de la Colom-
bie. La marchandise gagnerait
ensuite le Mexique, dernière étape
avant les Etats-Unis, à bord de
petits avions. Outre le numéro 2
du régime, ancien militaire et com-
pagnon d’armes de Chavez, sont
mis en cause l’ancien directeur du
contre-espionnage militaire Hugo
Carvajal, le ministre de l’Industrie
(et frère de Diosdado) José David
Cabello, ou l’homme qui monte
dans l’appareil chaviste, le gou-
verneur de l’Etat d’Aragua Tarik
El-Aissami.
De son côté, le régime de Nico-
las Maduro multiplie les marques
de soutien au président de
l’Assemblée sous le slogan «Nous
sommes tous Cabello».
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MONDE
L
e groupe jihadiste Etat
islamique (EI) s’est emparé
jeudi de la ville de Palmyre en
Syrie après avoir conquis celle
de Ramadi en Irak, deux victoires
significatives qui lui ont permis
d’élargir sa zone d’influence de part
et d’autre de la frontière.
LContinuant sur sa lancée, l’EI a
pris le dernier point de passage
frontalier avec l’Irak qui était
encore aux mains du régime
syrien, ainsi que des positions
des troupes irakiennes près de
Ramadi, le chef-lieu de la province
d’Al-Anbar conquis dimanche.
La chute de Palmyre, cité vieille
de plus de 2.000, fait craindre
pour ses colonnades torsadées
romaines, ses temples et tours
funéraires, les jihadistes ayant
déjà détruit plusieurs trésors
archéologiques en Irak.
« Les combattants de l’EI sont
dans toutes les parties de Palmyre
», a affirmé l’Observatoire syrien
des droits de l’Homme (OSDH).
Le régime a reconnu sa défaite,
affirmant que son armée « s’était
retirée après l’entrée d’un grand
nombre de terroristes ».
En s’emparant de ce véritable
carrefour routier qui ouvre sur
le grand désert syrien frontalier
de l’Irak, l’EI se rend maître de
la moitié du territoire de Syrie et
menace Homs, la troisième ville
du pays en guerre depuis 2011,
selon une ONG et des experts.
Malgré une campagne aérienne
lancée depuis 2014 par la coalition
internationale dirigée par les
Etats-Unis pour aider en Irak le
pouvoir et en Syrie les rebelles, à
contrer l’EI, ce groupe ultraradical
sunnite a réussi ces coups de force
en huit jours.
Responsable d’atrocités et fort de
dizaines de milliers d’hommes,
l’EI élargit à Palmyre et Ramadi
son “califat” proclamé en juin
2014 sur les larges pans de
territoire conquis à cheval sur la
Syrie et l’Irak.
L’EI, intervenue dans la guerre
en Syrie en 2013, a revendiqué
sur Twitter la prise de Palmyre,
inscrite par l’Unesco au patrimoine
mondial de l’humanité et située
dans la province centrale de
Homs.
Des photos de Palmyre diffusées
par l’EI montrent des camions
détruits de l’armée, des carcasses
d’avions à l’aéroport militaire et
des cadavres sur le bord de la
route.
La bataille déclenchée le 13
mai a fait près de 500 morts et
poussé une partie des habitants à
la fuite, selon l’OSDH. Recourant
à de nouvelles exactions, les
combattants de l’EI ont exécuté
jeudi au moins 17 personnes, des
civils et des militaires pro-régime.
Un militant originaire de Palmyre,
contacté via Facebook, a affirmé
que les jihadistes fouillaient
les maisons à la recherche de
personnes loyales au régime de
Bachar al-Assad et empêchaient
les habitants de sortir. L’électricité
est toujours coupée.
Réitérant son appel à l’ONU à agir,
la directrice générale de l’Unesco,
Irina Bokova a affirmé que « toute
destruction à Palmyre serait (...)
une énorme perte pour l’humanité
».
Le président français François
Hollande a appelé à « agir »
contre le « péril » pour « des
monuments inscrits au patrimoine
de l’humanité » et contre l’EI.
En soirée, l’OSDH a annoncé la
prise par l’EI du point de passage
d’Al-Tanaf. « Les forces du régime
se sont retirées » du poste et ce
dernier « n’a plus aucun contrôle
sur sa frontière avec l’Irak ».
Avec la prise de Palmyre, l’EI
contrôle “désormais plus de
95.000 km2 en Syrie, soit 50%
du territoire”, d’après l’OSDH.
Le groupe contrôle en effet la
majeure partie des provinces de
Deir Ezzor et Raqa (nord), et a
une forte présence à Hassaké
(nord-est), Alep (nord), Homs et
Hama (centre). Il est aussi maître
de la quasi-totalité des champs
pétroliers et gaziers de Syrie.
- L’EI avance à l’est de Ramadi -
« Palmyre peut être utilisée pour
lancer des attaques en direction
de Homs et Damas », estime
Matthew Henman, chef de l’IHS
Jane’s Terrorism and Insurgency
Centre.
Fabrice Balanche, géographe et
spécialiste de la Syrie, acquiesce.
« La prise de Palmyre ouvre la voie
vers Damas et Homs. A terme, cet
axe peut être menacé ».
Selon lui, l’EI domine désormais
« un carrefour de première
importance (...) qui ouvre une
nouvelle route vers l’Irak, Al-Anbar
et Ramadi. L’EI créé une continuité
géographique avec l’Irak à travers
la steppe syrienne ».
De l’autre côté de la frontière,
l’EI a poursuivi son offensive
en prenant des positions tenues
par les forces gouvernementales
à Houssayba, à l’est de Ramadi,
selon des responsables.
C’est à partir de ses positions
défensives que les forces de
sécurité, aidées de milices chiites,
devaient lancer leur contre-
offensive pour reprendre Ramadi.
Evoquant la perte de Ramadi
et s’exprimant avant la prise de
Palmyre, le président Barack
Obama a estimé que les Etats-
Unis ne perdaient pas le combat
contre l’EI, soulignant que la
campagne antijihadistes prendrait
« plusieurs années ».
Chili : 505 ans de prison pour l'ex-chef de la police
secrète de Pinochet
Sources : 20 Minutes avec AFP
Syrie : la cité antique de Palmyre
tombe entre les mains de l'EISources : AFP
M
anuel Contreras, ex-chef
de la police secrète du
dictateur chilien Augusto
Pinochet et emprisonné
à vie pour crimes contre l’humanité,
totalise 505 ans de prison, la peine
la plus longue de l’histoire du pays,
après une nouvelle condamnation
mercredi.
Contreras, 86 ans, en prison
depuis 2005, a été condamné par
la Cour suprême à 15 ans de prison
supplémentaires pour l’assassinat
en novembre 1973 d’un couple
de dirigeants du Mouvement de
la gauche révolutionnaire (MIR).
Les deux militants, l’actrice Ana
Maria Ortiz et le politologue
Alejandro de la Barra, avaient
été abattus par des agents
de la Direction nationale du
renseignement (DINA), la police
politique qui a opéré durant les
années les plus sanglantes de
la dictature.Manuel Contreras
avait affirmé dans un entretien
à CNN-Chile, diffusée la veille
du quarantième anniversaire du
putsch militaire du 11 septembre
1973, que les victimes de la DINA
«sont mortes au combat» et qu’il
n’avait ordonné ni disparitions,
ni tortures.
Brazs droit de Pinochet
jusqu’en 1977
La DINA a employé jusqu’à 60.000
personnes, dont des agents, des
informateurs et des réseaux à
l’étranger, et gérait également
des prisons secrètes, ne rendant
compte de ses activités qu’au
général Pinochet.
Elle a été créditée, entre autres, de
l’assassinat de l’ancien ministre
des Affaires étrangères Orlando
Letelier à Washington en 1976, et
de l’ancien commandant en chef
Carlos Prats en Argentine en 1974,
mais aussi de l’agression contre
le démocrate-chrétien Bernardo
Leighton, blessé par balle à Rome
l’année suivante.
Manuel Contreras, jusqu’en 1977
bras droit du général Pinochet, a
accumulé des peines de centaines
d’années de prison au total, dans
le cadre de plusieurs procès
pour des violations des droits
de l’homme commises sous la
dictature qui a fait plus de 3.200
morts et ordonné la torture de
quelque 38.000 personnes.
Augusto Pinochet est mort le 10
décembre 2006 sans avoir jamais
été condamné.
Palmyre cité antique.
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3 VENDREDI 22 MAI 2015
ÉCONOMIE
MEXIQUE/FOIREDESCULTURESAMIES
AUTOURDELADETTE
Le café Rébo dans
les tasses mexicaines
Source : Ambassade d’Haïti au Mexique
À
la foire des cultures amies,
cette année, l’odeur du café
Rebo embaume le stand
d’Haïti et les nombreux
visiteurs font la queue afin de
déguster le précieux liquide. Il s’agit
d’une importante innovation pour
Haïti qui participe régulièrement à
cet événement annuel se déroulant
au centre historique de Mexico, au
Zocalo métropolitain. Grâce à l’aide
des représentants de Rebo, le café est
en dégustation tous les jours à la foire,
du 14 au 27 mai. C’est aussi pour la
première fois que des artisans venus
du pays exposent leurs produits au
stand d’Haïti occupé les années
précédentes, par des exposants,
membresdelacommunautéhaïtienne
au Mexique sous la coordination de
l’ambassade d’Haïti à Mexico.
Pour la communauté haïtienne
établie à Mexico, c’est l’occasion
idéale pour fêter le drapeau
haïtien. Haïti participe à la foire
avec, en plus du stand, une
exposition de peinture.
Quelques 30 tableaux de peintres
de rue sont exposés sousle thème
“_pinturas de callejon_” (peinture
de rue) à la Casa de la Primera
imprenta de America (maison de la
première imprimerie d’Amérique),
située au centre historique.
L’exposition est réalisée par
l’ambassade en collaboration avec
le collectionneur haïtien Kelly
Rely vivant au Mexique.
La foire des cultures amies est une
activité culturelle majeure pour
la ville de Mexico. L’événement
qui se déroule en général la
deuxième quinzaine du mois de
mai, offre aux pays ayant des
relations diplomatiques avec
le Mexique, un espace pour
promouvoir leur culture à travers
l’artisanat, la gastronomie, la
musique, le théâtre, la peinture,
des conférences, etc. Près d’une
centaine de pays participent
à l’édition 2015 dont l’invité
d’honneur est l’Angleterre. Les
organisateurs n’attendent pas
moins de 12 millions de visiteurs
jusqu’au 27 mai.
L’Ethiopie vers une économie verte.
Unephrase,uneseule,laconiqueetapparemment
anodine, semble avoir voulu, mine de rien,
caractériser l’état d’esprit des uns et des autres
ainsi que les enjeux en présence en cette
mémorable journée de la visite officielle du
président François Hollande en Haïti.
Moralité, pessimisme et lucidité
par Henri Alphonse
«
Haïti prend acte ». À deux reprises, en effet, la veille et le
jour même de la visite, le gouvernement haïtien semble avoir
voulu, par ces trois mots, exorciser une situation qui, le moins
qu’on puisse dire, était bien embarrassante.
Commotionnée par la très médiatisée déclaration du président
Hollande rejetant en territoire outremer les fondements
financiers d’un engagement - trop vite pris et aussi vite
renié – cavalièrement recyclé en dette morale, l’administration
Martelly jugea bon de se draper dans une sorte de dignité
effarouchée susceptible de lui éviter une prise en charge aussi
lourde.
Le mot d’ordre était d’éviter de mécontenter une société civile
relativement sourcilleuse sur le sujet et qui préférait jouer
l’expectative face aux menées des ardents partisans d’une
restitution inconditionnelle – en guise de réparation – des «
21 milliards de dollars scandaleusement arrachés » au fragile
État haïtien naissant pour dédommager d’anciens colons
esclavagistes irrécupérables.
Il fallait surtout tout faire, par ailleurs, pour ne pas s’attirer les
foudres du chef d’un puissant État en visite officielle en Haïti
et qui se trouve être également un partenaire de poids dans une
problématique coopération pour le développement déclinée
par tous les temps et sur tous les tons par la communauté
internationale.
Que faire face à un tel dilemme ? La solution était toute
trouvée : prendre acte. Et l’Etat haïtien prit acte.
Comme une girouette
De la dette financière à la dette morale, la cabriole fut
gigantesque. Ce fut un François Hollande impavide qui
regarda venir “le temps de la vérité historique “. Et lorsque
son homologue haïtien insista pour rappeler qu’Haïti, bien
que n’ayant rien oublié de la “dette ignominieuse”, n’était
pas du tout “obstinée”, les dés étaient jetés. Le revirement
spectaculaire français en territoire ultramarin avait trouvé
preneur. Tourne girouette aux quatre vents du matin.
De toute évidence, les deux chefs d’État semblent s’être
compris à demi-mots. Pas de chiffres ! Surtout pas. Et pas de
réparation ! Encore moins de restitution. Ou plutôt si ! Mais
dans le cadre d’accords de coopération soumis à un calendrier
- volontairement imprécis - pour leur financement ultérieur.
“Haïti, clame Michel Martelly, a besoin de mettre en œuvre un
véritable Plan Marshall pour l’éducation en Haïti”. Et comme
pour conjurer le mauvais sort, il appelle Goethe à la rescousse
: « Le pessimisme se condamne à être spectateur ».
Le pessimisme, serait-il bon de rappeler, n’est pas toujours
passif dans cette perspective. Dans son essai sur “La Barbarie
à visage humain”, Bernard Henri Lévy le réhabilite, le resitue
dans son sens de vigilance “face au schéma totalitaire que
l’optimisme inscrirait dans la pensée”.
Autrement dit, il est parfois de bon ton d’afficher son pessimisme
- ce qui est loin d’être une coquetterie philosophique – de
s’ouvrir en quelque sorte sur l’ensemble du champ perceptif,
de grimper aux arbres et humer le vent de lucidité qui souffle
sur la forêt.
Et prendre acte. Avec pessimisme. Et lucidité.
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3 | 11
ÉCONOMIE
Le pays montre la voie pour faire
prospérer une économie verte
Sources : Inter Press Service
ETHIOPIE
L’Ethiopie a connu sa part méritée
de la dégradation et de dommages
environnementaux, mais de nos jours il met de
plus en plus en place un exemple de la façon de
lutter contre le changement climatique tout en
réalisant la croissance économique.
”
La communauté interna-
tionale sait très bien que
l’Ethiopie est l’un des pré-
curseurs de la politique
climatique internationale, sinon
le premier pays africain”, déclare
à IPS, Fritz Jung, le représentant
de la coopération bilatérale au
développement à l’ambassade
d’Allemagne à Addis-Abeba.
Ce pays de la Corne de
l’Afrique a appris plus que
la plupart que l’un des défis
les plus importants auxquels
sont confrontés les pays en
développement est l’atteinte
d’une prospérité économique
durable qui contre les change-
ments climatiques.
Selon le cinquième Rap-
port d’évaluation du Groupe
d’experts intergouvernemen-
tal sur l’évolution du climat
(GIEC), “les températures
maximales et minimales à
travers l’Afrique orientale
équatoriale augmenteront et
... les modèles climatiques
montrent un réchauffe-
ment dans toutes les quatre
saisons en Ethiopie, qui peut
entraîner des vagues de chal-
eur plus fréquentes”.
En Afrique, la princi-
pale préoccupation, c’est
l’adaptation aux impacts
négatifs des changements cli-
matiques, bien que le rapport
reconnaisse l’Ethiopie comme
l’un des pays qui ont “adopté
des stratégies nationales de
résilience au climatique en
vue de les appliquer dans tous
les secteurs économiques”.
Avec la Chine et l’Inde,
l’Ethiopie a servi d’une étude
de cas pour les chercheurs qui
mènent une enquête d’un an
sur des questions telles que la
politique et les impacts mac-
ro-économiques; l’innovation,
l’énergie, la finance et les
villes; ainsi que l’agriculture,
les forêts et l’utilisation des
terres.
L’Economie verte résistante au
climat de l’Ethiopie (CRGE),
une stratégie lancée en 2011
pour obtenir le statut de pays
à revenu intermédiaire d’ici à
2025 tout en développant une
économie verte, “constitue la
preuve de l’engagement visi-
onnaire de l’Ethiopie à com-
biner le développement socio-
économique ainsi que la dura-
bilité de l’environnement”,
indique Jung.
‘Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammen-
arbeit’ (GIZ), une entreprise
internationale soutenue par le
gouvernement allemand pour
le développement durable, en
partenariat avec les organisa-
tions gouvernementales éthi-
opiennes pour s’attaquer aux
problèmes environnemen-
taux.
L’un des programmes a été le
Projet de gestion durable des
terres (SLMP), lancé en 2008.
Le nord de l’Ethiopie a
souffert d’une érosion et d’une
dégradation importantes des
sols – avec des agriculteurs
obligés d’exploiter les pentes
les plus raides, se suspend-
ant par des cordes - avant que
des tentatives ne soient faites
pour contrer la destruction
écologique.
Depuis ce temps, environ
250.000 hectares de terres
dégradées dans les zones
montagneuses éthiopiennes
L’Ethiopie vers une économie verte.
G
lobalement, l’activité dans
l’ensemble de la région n’a
progressé que de 1 % à 1,5
% en 2014 : une croissance
inférieure, pour la première fois
depuis dix ans, à celle des écono-
mies avancées de l’Organisation de
coopération et de développement
économiques (OCDE).
Le ralentissement économique est
net, et l’année 2015 s’annonce dif-
ficile sur fond de baisse des prix
des matières premières, de ralen-
tissement chinois et de demande
encore molle dans les économies
matures, malgré la reprise nord-
américaine. A quoi s’ajouteront,
selon Daniela Ordoñez, écono-
miste d’Euler Hermes, les risques
de dépréciation monétaire, la
volatilité et les effets de la fin de
l’« assouplissement quantitatif » («
Quantitative Easing » ou QE) aux
Etats-Unis. Dans ce contexte, le
déclin des prix de pétrole risque
d’être « une menace supplémen-
taire dans un paysage déjà dan-
gereux ». Elle réduirait la crois-
sance régionale de 0,4 point en
moyenne en 2015.
Entre le 20 juin 2014 et le 28
janvier 2015, le prix du baril
de pétrole est passé de 114,81
à 48,47 dollars américains (soit
entre 103,95 à 43,88 euros). Soit
une chute de 57,8 %, précise Patri-
cia Krause, économiste à Coface.
Même si les prix sont légèrement
remontés depuis, ils devraient
rester en 2015 loin des 100 dol-
lars. Les effets de cette baisse
spectaculaire sur l’Amérique
latine seront fonction de sa durée
et des différents pays concernés :
le Venezuela et l’Equateur boivent
déjà la tasse, alors que les pays
d’Amérique centrale tirent leur
épingle du jeu, car leur balance
commerciale s’améliore et leurs
rentrées fiscales augmentent.
Moindres rentrées fiscales
La diminution des prix de l’or
noir a des effets qui n’ont rien
d’univoque. Il faut avoir à l’esprit
que, en Amérique latine, décrypte
l’économiste d’Euler Hermes,
les grands pays exportateurs de
pétrole brut sont souvent importa-
teurs de pétrole raffiné, l’industrie
locale du raffinage étant encore
dans les limbes. Par ailleurs, sur le
plan budgétaire, la diminution des
prix entraîne de moindres rentrées
fiscales, mais elle peut conduire
à limiter les subventions énergé-
tiques, donc à faire des écono-
mies. Dans les pays exportateurs
nets d’or noir, elle pénalise aussi
l’investissement, car les compag-
nies pétrolières nationales y sont
en général des acteurs-clés dans
ce domaine.
Globalement, a calculé le leader
de l’assurance-crédit, une baisse
de 40 % des prix du pétrole aurait,
en moyenne, les effets suivants
dans la région : une augmentation
du déficit courant, qui passerait
en moyenne de 2,7 % à plus de 3,5
% du PIB ; un creusement de 0,5
point du déficit budgétaire à plus
de 4,5 % du PIB ; une diminution
de 0,4 point de la croissance, qui
serait ramenée à + 0,5 % en 2015.
Coup dur pour le Venezuela
La dégringolade des prix est un
coup dur pour le Venezuela qui
détient les réserves prouvées de
pétrole les plus importantes au
monde. Le pays, qui n’a pas diver-
sifié son économie, est déjà en
pleine crise. L’inflation y dépasse
les 60 %, les réserves de change
sont insuffisantes (moins de
deux mois d’importations) et les
pénuries de toute nature (d’eau,
d’électricité, de biens importés….)
se multiplient. La baisse des prix
du pétrole, qui représente 95 %
de ses exportations et 40 % des
rentrées budgétaires, pourrait être
la goutte d’eau qui fait déborder
le vase. Elle devrait convertir
l’excédent courant en un déficit
d’au moins 2 % du PIB en 2015,
estime Euler Hermes. L’assureur-
crédit y prévoit cette année une
récession de – 7,5 %.
L'Inde, bientôt
la cinquième
économie du
monde
L’Inde devient “le plus performant
des marchés émergents”, selon le
magazine américain Forbes qui
met en avant “la progression épou-
stouflante” de la Bourse indienne
au cours de l’année 2014 : + 29 %.
Dixième puissance économique de
la planète en 2013, “l’Inde peut
devenir avant la fin de la décen-
nie”, vient d’annoncer pour sa part
Jim O’Neill. Cet ancien associé
de Goldman Sachs avait inventé
en 2001 l’acronyme séduisant de
Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine).
La France adopte
des indicateurs
alternatifs au PIB
Le vote de la loi sur de nouveaux
indicateurs de richesse alternatifs
au PIB est une bonne nouvelle,
mais son impact réel dépendra
largement de sa mise en œuvre. La
loi qui vient d’être adoptée prévoit
que des indicateurs alternatifs au
PIB guident désormais les poli-
tiques publiques. Une commission
doit établir des propositions cor-
respondantes. La loi ouvre enfin
la possibilité de compléter le PIB,
qui reste l’indicateur majeur de
référence dans le débat public.
Grande-Bretagne :
au royaume de
l'austérité
Baisse des prestations sociales, de
l’emploi public, des salaires…, le
plan d’austérité mis en place par
le PM anglais David Cameron est
d’une ampleur inégalée depuis la
Seconde Guerre mondiale. Ce plan
s’est concrétisé par de nombreuses
coupes budgétaires : entre 2010 et
2014, les dépenses publiques ont
diminué de 6 % en volume, alors
que le PIB s’est accru de 3 %.
Face à un déficit public record de
11 % du produit intérieur brut
(PIB) en 2010, le gouvernement
Cameron, à peine arrivé au pou-
voir en mai 2010, a mis en place
un plan d’austérité d’une ampleur
inégalée depuis la Seconde Guerre
mondiale.
L'Amérique latine en
panne de croissance
COÛTDELAVIE
L’Amérique latine vit des temps difficiles. A l’image du
Brésil, sa première économie, qui a relevé mercredi
4 mars, pour la quatrième fois consécutive, son taux
directeur (à 12,75 % l’an). Une mesure prise pour lutter
contre l’inflation, mais qui risque d’accentuer la menace
de récession.
12 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
ÉCONOMIE
d’Amhara, d’Oromia et du Tigré -
où vivent plus de 50 pour cent des
94 millions d’habitants d’Ethiopie
- ont été restaurés pour la produc-
tivité.
Cela a été réalisé grâce à la pro-
motion de pratiques de gestion
durable des terres, telles que
l’utilisation des terrasses, les sys-
tèmes de rotation des cultures, et
l’amélioration des pâturages et un
couver végétal permanent, profit-
ant à plus de 100.000 ménages.
“Le SLMP avec son approche
holistique augmente la disponibil-
ité de l’eau pour l’agriculture et la
productivité agricole et contribue
donc directement et indirectement
à une résilience accrue au climat
de la population rurale”, explique
à IPS, Johannes Schoeneberger,
responsable de l’implication de
la GIZ.
Un exemple particulier de cela,
souligne Schoeneberger, a été
l’introduction de fourneaux amé-
liorés combinés avec des terrains
de bois nouvellement créés dans
les fermes agricoles qui réduisent
les émissions de gaz à effet de
serre et la pression sur les forêts
naturelles. Cette stratégie a
également réduit les factures des
ménages pour le bois de chauffage,
note-t-il.
L’Ethiopie a également reconnu
la façon dont ses cours d’eau
abondants offrent un énorme
potentiel de production d’énergie
hydroélectrique. Aujourd’hui, de
grands travaux d’infrastructures
publiques tentent d’exploiter ce
potentiel pour sortir le pays de la
pauvreté.
L’Inde s’ouvre aux investisseurs
étrangers. / Photo lefigaro.fr
L’agriculture des pays du Sud encore archaïque. / Photo ifieldgood.org
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 13
106 nouveaux avocats-stagiaires prêtent serment
Eddy Laguerre
JUSTICE
Cent-six élèves-avocats formés jusque-là à l’école du Barreau de Port-au-Prince
ont prêté le serment légal, le jeudi 19 mai 2015, lors d’une audience solennelle du
tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince tenue en marge de la messe de
la Saint-Yves. Ces nouveaux avocats stagiaires ont juré devant un tribunal présidé
par le doyen a.i. du TPI, Me. Bernard Civil, assisté de Me. Clamé-Ocnam Daméus,
comme représentant du Ministère public.
BARREAUDEPORT-AU-PRINCE
C
’est à l’issue d’une journée
résolument marquée
par les mises en garde et
rappels éthiques contenus
dans le discours du bâtonnier Carlos
Hercule, que ces avocats ont fait
leur entrée officielle dans le monde
de la basoche. « Je Jure d’observer
dans l’exercice de ma profession les
principes d’honneur et de dignité
qui doivent caractériser les membres
de l’ordre des avocats », ont promis
ces juristes drapés dans leurs toges.
Ils ont ensuite tour à tour consigné
leurs serments par-devant le greffier
de l’audience avant de recevoir
les conseils salutaires du doyen
Bernard Saint-Vil, du commissaire
du gouvernement Clamé-Ocnam
Daméus et du représentant du conseil
de l’Ordre des avocats de Port-au-
Prince, Me. Stanley Gaston.
Le président de l’audience à inviter
les nouveaux avocats à toujours se
soucier du respect de la loi dans
chacune de leurs actions dans le
cadre de leur métier. Quant au
chef du parquet près le TPI de
Port-au-Prince qui a joué le rôle de
représentant du Ministère public,
il a rappelé aux récipiendaires que
leur apport est décisif pour aider
l’état à réduire le taux de détention
préventive prolongée. Il les a
invités à se mettre à la disposition
des justiciables qui ont souvent
besoin de mieux comprendre les
nuances et les complexités de la
procédure. Déjà dans la matinée,
au cours de la messe d’actions de
grâce, le bâtonnier Carlos Hercule
avait lancé un appel solennel
au membre de la profession,
les invitants à ne pas se laisser
corrompre par des clients souvent
de mauvaise foi.
Me. Hercule avait aussi insisté sur
la nécessité pour chaque avocat
de se comporter en bon citoyen
en ses périodes d’émotions et de
tensions électorales. « À l’occasion
des prochaines élections, j’invite
chaque avocat à ne soutenir
aucune candidature qui ne soit
pas digne », avait vigoureusement
lancé le bâtonnier ovationné
par les avocats, parents et amis
présents en la circonstance.
Ces 106 élèves-avocats accèdent
à l’étape du serment après une
période de formation d’environ
six mois qui a surtout visé à leur
inculquer les notions pratiques
de l’exercice de profession
d’avocat en Haïti. L’un d’eux a
avoué au journal le National que
la formation reçue lui a permis
de mieux maitriser les méandres
de la procédure ainsi que les
règles déontologiques régissant
la profession d’avocat.
À partir de cette prestation de
serment, les avocats-stagiaires
sont habilités à plaider en
matière pénale et seront appelés
à participer au programme
d’assistance légale conjointement
géré par le Ministère de la Justice
et le Barreau de Port-au-Prince,
avec l’appui de la Minustah.
CONSEILSPRATIQUES
Comment faire légaliser
l’extrait des Archives de son
acte de naissance, d’adoption
ou de mariage ?
Il arrive souvent que dans le cadre d’un
dossier d’immigration ou de demande de
bourse, les bénéficiaires soient appelés
à faire légaliser l’extrait des Archives de
leur acte de naissance ou de leur acte de
mariage. En de pareils cas, la procédure
est simple et prend environ huit à quinze
jours.
Lesétapesàsuivresontlessuivantes:
- Avec son matricule fiscal, réclamer à
la DGI deux récépissés (à 102 gourdes
chacun), l’un pour le ministère Justice
et l’autre pour le ministère des Affaires
étrangères;
- Se rendre au Parquet du tribunal
de première instance pour réclamer
(gratuitement) la signature du
commissaire du gouvernement ou de son
substitut;
- Déposer l’acte avec le récépissé (Justice)
au Service de légalisation du ministère de
laJustice;
- Déposer l’acte avec le récépissé (MAE) au
ministèredesAffairesétrangères
Il est à noter que la légalisation peut ne
pas être possible s’il y a erreur matérielle
ouomissiondanslecontenudel’acte.Àce
moment,ilfaudraunjugementrectificatif
du tribunal de première instance. Ce
jugement sera ensuite déposé aux
Archives nationales qui délivreront dans
huit jours un nouvel extrait incluant les
correctionsexigéesparlejugement.
Q
ui n’a pas eu la mauvaise
surprise en arrivant sur une
plage de la côte sud, la mer
des Caraïbes, de découvrir
le sable couvert d’une masse brune
de végétaux ? Des algues ! Emmenées
par les vagues. Ces échouages massifs
d’algues affectent l’environnement
marin des littoraux, et en perturbent
l’accès.
La baignade n’est plus alors une
partie de plaisir même pour les
plus amoureux de la mer. Ces
algues qui peuvent nuire à la
circulation maritime portent
un coup énorme à l’industrie
touristique dans une région où
les plages sont l’un des attraits
principaux sans compter les
conséquences non encore connues
sur la santé des populations.
Que sont les sargasses ?
C’est une algue dont les frondes
peuvent atteindre plusieurs
mètres de long (jusqu’à 12
mètres pour certaines espèces
tropicales). Elle peut être fixée
au fond par un thalle dit « coriace
», mais certaines sargasses vivent
parfois de manière exclusivement
flottante ; principalement dans la
mer du même nom, dans l’océan
Atlantique (la mer des sargasses).
Il existe plusieurs dizaines
d’espèces de sargasses, qui
font toutes partie des fucales,
algues qui - pour des raisons mal
comprises- sont (pour la plupart
des espèces) en forte et rapide
régression depuis la fin du XXe
siècle sur le littoral européen (et
notamment en France). Mais on
ignore l’évolution et l’état des
populations libres de la mer des
sargasses, qui pourraient aussi
pâtir des nombreux déchets jetés
en mer.
Les sargasses, qu’elles soient
dérivantes ou fixées à un substrat
sont dans tous les cas maintenues
en surface ou près de la surface
par des flotteurs dits « aérocystes
» (sphères remplies d’un gaz
produit par l’algue).
D’où viennent ces algues
et pourquoi ce phénomène
semble récurrent
En 2011 la première explication
évoquée était celle de leur
provenance de la mer des
Sargasses liée à l’éventualité de
modification de courant à grande
échelle ; cette supposition n’était
basée que sur des hypothèses non
vérifiées. Aujourd’hui des travaux
récents et des suivis satellitaires
montrent:
1-- Qu’il n’est pas possible de
corréler l’arrivée de sargasses
dans la zone caraïbes avec la mer
des Sargasses ;
2-- Que les eaux de surface de
la zone nord équatoriale de
recirculation sont chaudes et
relativement riches en nutriments
(nitrate et phosphate), donc
propices à un fort développement
de sargasses. C’est dans cette zone
que les algues sont observées
depuis 2010 ;
3- Que ces nutriments proviennent
du fleuve Congo (en Afrique),
de l’Amazone, des upwellings
équatoriaux (remontées d’eaux
froides du fond) et des poussières
de sables du Sahara riches en fer
et phosphates ;
4- Que différents indices
climatiques (températures,
oscillations, courant) dans la
zone en question ont montré
des anomalies par rapport à la
normale en 2010 mais pas depuis
cette date.
5- Le caractère inhabituel de cet
événement pourrait être associé
à de plus grandes fluctuations de
la dynamique des écosystèmes
régionaux, notamment en lien
avec le dérèglement climatique.
Il est donc identifié qu’une
nouvelle zone d’accumulation
des sargasses est localisée au
nord-est du Brésil ; cette zone
que l’on pourrait qualifier de
« petite mer des sargasses »
constitue un réservoir d’algues.
Au gré des courants et des saisons,
cette masse d’algues pourrait
se déplacer de l’est (Brésil) et
remonter vers l’arc antillais.
Ces sargasses sont transportées
par le courant circulaire nord
équatorial et suivent une boucle
jusque dans le Golfe de Guinée, où
des blooms peuvent se produire
au contact des eaux riches des
fleuves africains qui se déversent
dans ce secteur.
Par ailleurs lorsque les sargasses
portées par le courant des caraïbes
traversent la zone de l’Amazone,
les fortes quantités de nutriments,
transportées par ce fleuve, et
rejetées en mer, « nourrissent »
les algues qui se développent
de manière exponentielle avant
d’arriver sur nos côtes, acheminées
par le courant des Antilles.
Quelles conséquences
et que faire
Il est probable que ces échouages
se poursuivent si les informations
scientifiques récentes se
confirment. Mais à ce jour
aucune certitude n’est formulée.
Les conséquences sont d’ordre
sanitaire et biologique :
Au niveau sanitaire :
Le dégagement de gaz H2S, nocif à
partir de certaines concentrations
et durée d’exposition, doit limiter
la présence des populations
à proximité des tas d’algues
lorsqu’ils sont à terre.
Au niveau biologique :
1-Les conséquences biologiques
concernent la faune et la flore
marine situées à proximité
immédiate de la côte ; la présence
d’algues forme un écran et
empêche la lumière de traverser
la surface ; les coraux et herbiers
sont alors menacés.
2- L’altération de la qualité de l’eau
due à la décomposition des algues
a des conséquences sur la faune
et la flore, ceci peut aboutir à la
mortalité observée de poissons
proches du littoral affecté.
3- Enfin la couverture engendrée
par les échouages empêche la
ponte des tortues marines et rend
difficile, voire impossible dans
certains cas, l’émergence de bébés
tortues sur les plages
À l’échelle de chaque île, à ce
jour, seul le ramassage répétitif
peut être envisagé ; le principe
étant d’empêcher ou de limiter
la dégradation et dégagement de
gaz ainsi que l’accumulation en
mer de ces algues. Lorsque cela
est possible, un étalement de
ces algues en arrière plage sur
des couches inférieures à 10 cm
assure une dégradation naturelle
et sans risque, grâce au soleil
et à la chaleur. Quand cela n’est
pas possible, reste la solution
de récupération à l’aide d’outils
adaptés
Dans un second temps, l’utilisation
de ces algues doit être étudiée à
des fins de valorisation agricole
(compostage) ; si l’algue brute
n’est pas utilisable en l’état du fait
de sa forte teneur en eau (80%) et
donc de sel, rendant le transport
très couteux, un séchage naturel
avant valorisation est lui tout à
fait envisageable à moindre coût.
Cependant les quantités énormes
d’algues échouées et les zones
touchées parfois inaccessibles ne
permettront pas de considérer que
la valorisation constitue la seule
solution à ce problème.
Enfin, si la récupération des algues
en mer peut être envisagée via des
navires adaptés et seulement dans
les zones calmes (lagons, port,
fond de baie), la pose de système
de rétention de type filet ou «
barrage » en mer est impossible ;
au-delà du coût énorme de telles
installations, la puissance des
amas d’algues liée aux courants
constants détruirait rapidement
ces équipements en mer.
Vu la potentielle responsabilité
de l’Amazone dans l’arrivée
massives de nutriments favorisant
la prolifération des sargasses les
États de la caraïbe devraient
se concerter pour faire face
à ce problème menaçant leur
économie.
ENVIRONNEMENT
14 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
Les sargasses sont sur nos plages !Sources combinées
SOCIÉTÉ
Des algues sargasses envahissant les côtes de la Martinique . / Photo: 20minutes.fr
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 15
Renforcement du cercle vicieux de la misère
Par Stéphanie Balmir
F
arah ne semble jamais
quitter son sourire. Cette
jeune femme de 20 ans,
habite avec sa mère et ses
deux sœurs à Solino, un quartier
défavorisé de l’aire métropolitaine.
Elle a commencé à se prostituer à la
mort de son père. Il y a quatre ans.
Son souci : subvenir aux besoins de sa
famille. « Je n’ai pas honte d’assurer
la survie de ma famille. Je ne vais pas
dans les boites de nuit mais je sors
avec des hommes plus âgés que moi
qui me paient », déclare Farah le plus
naturellement du monde entre deux
coups de téléphone.
La majorité des jeunes filles qui
sont dans le même cas que Farah,
se font exploiter par des hommes
plus âgés. Toutes, comme Farah,
elles n’ont pas vraiment eu le
choix. Elles doivent subvenir à
leurs besoins fondamentaux et à
ceux de leurs proches : manger,
boire, se nourrir, se loger et parfois
aller à l’école.
L’école : Un lointain souvenir
Pour Farah, la misère est la
cause principale de l’exploitation
sexuelle des enfants. En se
tournant vers cette activité illicite,
ces jeunes filles abandonnent
l’école, souvent de manière
définitive. Farah a lutté pour
pouvoir passer son bac I. Elle n’a
pas réussi à obtenir son diplôme.
Elle avoue que l’école, c’est pour
elle aujourd’hui un lointain
souvenir. « Je n’y retournerai pas.
Ma situation se compliquerait
alors davantage. D’autant plus,
en Haïti, la scolarisation est de
plus en plus couteuse », affirme-
t-elle avec ardeur. L’abandon
scolaire conjugué au traumatisme
psychologique et au danger
physique lié à l’exploitation
sexuelle des mineurs constituent
un dangereux mélange qui gâche
quasiment l’avenir de ces jeunes
filles.
De plus, ce phénomène a un
impact direct sur l’estime que
les victimes ont d’elles-mêmes.
Farah, elle aussi, se sent inférieure
aux amies de son âge. Elle a
les yeux tristes et elle perd son
éternel sourire, quand elle confie
: « Parfois je regrette de ne pas
pouvoir rentrer à l’université
comme certaines de mes amies.
Mais je n’ai même pas mon bac
I. Je ne fais pas le poids dans la
balance scolaire».
Le plus grave dans ce problème,
c’est que les parents sont
impuissants, parfois même
inconscients face aux souffrances
endurées par leurs enfants. La
mère de Farah interrogée sur les
activités de sa fille, assure avec
calme en souriant : « Elle nous
donne à manger tous les jours.
Parfois, c’est elle qui complète
l’argent du loyer. Dans un pays
où il n’y a pas de travail, c’est bien
d’avoir une fille comme Farah qui
peut aider. » Toutefois, elle finit
par concéder que cette pratique
n’a pas uniquement que des
avantages. Elle déclare avoir perdu
toute autorité sur sa fille qui vient
juste de sortir de l’adolescence.
« Elle sort souvent tard la nuit.
Mais je ne peux pas l’en empêcher.
Comment lui demander de ne pas
sortir quand je sais que ses sorties
apporteront le repas du lendemain
? »
Des éternelles condamnées
L’entourage de ces jeunes filles peut
donc jouer un rôle prépondérant
dans leur maintien en situation
d’exploitation sexuelle. D’ailleurs,
certains amis ou membres de
leur famille, n’hésitent pas à les
encourager à continuer sur cette
voie. Ils sont persuadés que cette
pratique constitue la meilleure
solution pour qu’ils puissent
s’échapper de la misère. Interrogée
à ce sujet, la grande sœur de
Farah, qui elle aussi se prostituait
avant de tomber enceinte, abonde
dans ce sens : « Quand on n’a pas
fait d’études supérieures, on ne
peut pas avoir d’emploi stable et
rémunérateur. Un emploi selon
notre niveau d’étude ne nous
permettra pas de subvenir à nos
besoins ». Pour elle, rentrer dans
ce monde signifie y être condamné
pour toujours.
« Le nombre de filles qui s’en
sortent est minime. Certaines
se marient mais d’autres se font
engrosser. En tous cas, les jeunes
filles qui retournent à l’école sont
très rares », a-t-elle fait savoir.
L’exploitation sexuelle des enfants
renforce le cercle vicieux de
la misère. Ces jeunes filles qui
délaissent l’école ou qui n’ont
pas la possibilité de poursuivre
leurs études sont condamnées à
reproduire le schéma classique
de la pauvreté. Seule solution
précaire, elles peuvent tenter
de faire un enfant à un client
qui pourrait les sortir de cette
situation. Or, le plus souvent,
ces grossesses empirent leur
quotidien. La sœur de Farah
témoigne : « Une grossesse
est rarement la solution. Cela
augmente la misère. Ce n’est pas
tous les hommes qui s’occupent
de leurs enfants.
Des filles qui pensent avoir été
ainsi sauvées, doivent ensuite
retourner dans les rues pour
pouvoir nourrir leurs enfants».
Farah a maintenant totalement
perdu son sourire de façade.
Elle finit par partager son
inquiétude face à sa situation.
Elle pense que des mesures
doivent être prises pour éviter
aux adolescentes de se livrer à la
prostitution. « Parfois j’ai peur. Il
y a des hommes méchants et je
ne veux pas attraper une maladie
sexuellement transmissible. Il faut
qu’il y ait des gens responsables
qui se mobilisent pour empêcher
que des filles comme moi, ou
encore moins âgées que moi,
soient obliger de se prostituer »,
dit-elle, avant que son téléphone
ne sonne de nouveau et qu’elle
retrouve automatiquement son
sourire.
SOCIÉTÉ
HAÏTI/PROSTITUTIONINFANTILE
L’exploitation sexuelle des enfants constitue l’une des pires formes de travail des enfants selon l’Organisation
internationale du Travail (OIT). Ce phénomène, dramatique pour le développement psychologique et physique
des enfants, possède plusieurs visages en Haïti. Farah (nom d’emprunt pour garantir sa protection) a commencé à
se prostituer à l’âge de 16 ans. Depuis quatre ans, elle vend son corps quotidiennement pour assurer la survie de
sa famille.
Un membre de la Croix-Rouge désinfectant les abords d’une zone d’infection
potentielle à Ebola, en Guinée. / Photo Reuters
Ebola progresse de nouveau
en Sierra Leone et en Guinée
La propagation du virus Ebola est
à nouveau en hausse en Guinée et
en Sierra Leone, avec 35 nouveaux
cas sur la semaine écoulée, soit
quatre fois plus que la semaine
précédente, a déclaré mardi un
responsable de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
Ces chiffres, a déclaré Bruce Ayl-
ward, représentant spécial de
l’OMS chargé de la maladie, sont
là pour rappeler que « ce virus ne
disparaîtra pas comme cela et qu’il
faudra un effort extraordinaire »
pour en finir avec l’épidémie en
cours depuis un an et demi.
« Avec le début de la saison des
pluies, il sera beaucoup plus dif-
ficile de redoubler d’efforts, mais
ce sera d’autant plus important »,
a-t-il dit.
Les 35 nouveaux cas recensés la
semaine dernière concernent six
districts de Guinée et de Sierra
Leone, et c’est surtout la Guinée
qui est touchée.
Le Liberia, troisième pays
d’Afrique de l’Ouest touché par la
maladie, est officiellement sorti
du risque épidémique au début
du mois au terme de 42 jours
sans nouveaux cas déclarés, soit
deux fois la période maximum
d’incubation du virus.
Sources : Reuters
16 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 17
CULTURE
Et le texte se fit Lobo
par Carl-Henry Pierre
« Il avait une voix terrible, une belle voix. Il appelait
tous ses amis, tous ceux qu’il aimait n’importe quand,
de n’importe où, sur un mode familier, pour un
bonjour, une poignée de mains, une embrassade. Et
c’était touchant. » (Syto Cavé). Qu’est-ce donc ce mode
familier ?
« Ewa ! Kouman ou ye la ?»
N
é Karl Marcel Casséus, en
1962, Lobo (car c’est de
lui qu’il s’agit) a une sœur
jumelle, Ruth Myrtho
Casséus..
Le comédien Lobo, homme de
silence et d’amour, n’a pas tou-
jours été bon enfant. C’était aussi,
comme on dit, « un homme de
refus, de colère, de coup de sang
». Il s’était indigné face à la situ-
ation déplorable de ses frères et
sœurs haïtiens vivant dans les
bateys de la République dominic-
aine. Face à leur malheur au quo-
tidien. Leur enfer. Pierre-Richard
Narcisse, dans le texte « Tout kann
» (dit si bien par Lobo) du recueil
« Dèy ak lespwa, 1979 » y fait aussi
référence. Lobo était poète, si c’est
avec la voix qu’on écrit.
Le dyabavadra, membre fonda-
teur de la troupe Hervé Denis,
s’était aussi indigné contre ceux
qui disaient qu’il n’y a pas une
pensée en Haïti. L’homme de rue
qu’il était plaidait en faveur d’un
bilinguisme équilibré. Il voulait
que la langue créole ne soit pas
considérée comme inferieure au
français. Pour lui, ce n’est qu’un
faux débat. S’il y a deux langues en
Haïti, elles se doivent d’être parlées
et écrites au même degré.
Pour Lobo, il n’y a pas une langue
noire et une langue blanche. Une
idée noire et une idée blanche. Il
était aussi nécessaire pour lui que
la littérature circule et sorte de
l’espace du livre, du carcan élitiste
où elle est parfois engluée, pour
retrouver l’autre afin qu’elle soit
faite par tous et pour tous. Et la
poésie que Lobo aimait était celle
de l’amour, du défi, de la tendres-
se partagée, celle du cri du cœur
contre l’inacceptable.
Les textes que dit Lobo sont car-
rément des textes réécrits. La voix
de cet acteur hors norme était
surprenante. Exceptionnelle. Que
serait-il sans elle ? Le diseur ajoute
quelquefois un vers et ôte parfois
un autre ; qu’on lise et écoute le
texte « Kannaval » de Georges Cas-
tera.
C’est parfois un mot, le cas du
poème « Elle était venue d’aube et
lointaine » d’Erma Saint-Grégoire.
Le diseur Lobo ajoute parfois un
« adyewidan » ou un « manman ».
Et le texte se réinvente. Après sa
mort à Paris en 1997, ses amis ont
fait paraître en version audio et
papier certains textes qu’il avait
réécrits avec sa voix, sous le titre «
Et le texte se fit Lobo, Lobo tounen
pawòl ».
Son ami, le célèbre écrivain Lyonel
Trouillot, a puisé dans la source
de Lobo pour créer Pedro, le per-
sonnage principal de son roman
« Parabole du failli, 2013 ». Un
geste d’amour. Entre paroles et
musiques, l’âme de l’immortel
Lobo repose en paix.
La vie de Lobo Ewa était un poème.
Un poème écrit nulle part et par-
tout, sur toute la mémoire de sa
génération. Et par ses œuvres,
il habitera toujours la terre des
hommes et la tête de plusieurs
générations.
EWA LOBO!!!
Nous sommes de la
culture
Jamais,ilnousaétédonnédecomprendreparnous-mêmecettemasse
qu’estleréel.Notreregardsurlavie,noscomportementsetnotrefaçonde
nousajouteraudéjà-làsontsurdéterminésparnotreenculturation.Nous
fabriquonsduculturelpourapprivoisernotreunivers,mettreunsenssur
l’existantetdonnerunetensionànotreconditionhumaine.Endehorsdecet
exercice,l’humanitépérit;nousnepouvonsdévelopperderapportsavecla
natureautrementqu’enagissantsurelle,qu’enfaisantd’elleunterritoire
oùnotreinventivité,notrebesoindesensetd’éternitéarriventàfoisonner.
Hannah Arendt ne nous disait-elle pas déjà que la cité est finalement
périssable;sasurvienedépendquedenous;lacultureestdanscettelutte
del’hommepournepassombrerdanslenéantunesoupapedesureté,elle
estcedispositifquinouspermetdedureretdesauverl’expériencehumaine.
LarubriqueculturelleduquotidienLENATIONALsèmeradel’encresur
touteslesalléesetlescontre-alléesdelaculturehaïtienneetdelaculture-
monde.Votrepageculturelleseratrèsaniméedepetiteschroniquespar-ci
etparlà.Vouslirezavecentrainl’actualitéculturelled’Haïtietd’ailleurs.
Sans à-peu-près, sans préjugés et sans ambages, nous aborderons tout
cequifondel’identitéhaïtienne.Nouspensons,unpeuàlasuitedeRené
Char,quenotrehéritagen’estprécédéd’aucuntestament;c’estsansaucune
gênequenousdironsHaïtidanssescroyances,salittérature,samusique,
sapeinture,sa morale,sonidiosyncrasie.
Sur les pages culturelles de ce journal, une forte place sera faite à
celles-là et à ceux-là qui, en silence, se lancent dans de belles pratiques
associatives qui permettent au collectif haïtien de se reconnaitre dans
un socle commun de valeurs et de tendre, par une belle énergie, vers le
bonheuretl’immortalité.
Nesoyonsbonsqu’àça,qu’àfairedelacultureuneécriturerichede
toutes les belles choses du monde, faisons du journalisme culturel une
ambiancequidira:ilétaitunefoisdesfemmesetdeshommes.
Dangelo Néard
18 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
Pour se rappeler qu'en 1915, les États-Unis
avaient envahi le territoire haïtienepar Dangelo Néard
C
e colloque est l’initiative du
Centre interuniversitaire
d’études et de recherches
sur le changement social
en Haïti (CIERCSH). Des partenaires
comme la Bibliothèque nationale
d’Haïti, l’Université d’État d’Haïti,
Haïti Monde, l’Agence universitaire
de la francophonie, l’Office national
d’assurance et le ministère de
l’Éducation nationale d’Haïti se sont
donné la main pour que ce colloque
ait lieu dans les meilleures conditions.
Ce colloque compte saisir et
présenter l’occupation américaine
d’Haïti sous trois angles : d’abord
en saisissant la pensée qui est
à sa base, puis en analysant les
réponses des occupés à l’invasion
et en dernier lieu en formulant une
réflexion sur la décolonisation.
Les problèmes liés à la
constitution d’une mémoire de
l’occupation
La présentation du professeur
Dubois a permis de comprendre
essentiellement deux choses
: l’inégalité entre chercheurs
haïtiens et étrangers dans l’accès
à la mémoire de l’occupation et
l’occultation de l’occupation
américaine d’Haïti dans la mémoire
du peuple américain.
Les données et traces historiques
de l’occupation sont à Washington,
dans les archives des Marines. Et
très peu de chercheurs haïtiens ont
accès à ce lieu de mémoire. Cela
fait, pour reprendre le professeur
Dubois, que l’intelligentsia
haïtienne manque de données
quand elle traite la problématique
de l’occupation américaine.
D’un autre côté, aux États-Unis, le
citoyen lambda, le gros du peuple
américain, ne connaissent rien au
fait que leur pays avait, pendant
dix-neuf ans, occupé l’espace d’un
autre pays, le privant carrément de
son droit à l’auto-détermination.
Cette occultation de la mémoire,
ce déficit de communication
historique autour de l’occupation
fait clairement le jeu de la politique
impérialiste des États-Unis.
Bien avant 1915, les États-Unis
pensaient à l’occupation
d’Haïti
La présentation du professeur
Laurent Dubois a jeté des lumières
sur les mobiles économiques
de l’occupation. En effet, nous
sommes au début du XXe siècle, à
l’ère de la vapeur. Il faut du charbon
aux puissances économiques
montantes pour faire tourner leurs
machines.
Dans un contexte où la présence
impérialiste européenne
s’affaiblissait dans la Caraïbe
(notamment à cause de la Première
Guerre mondiale), les États-Unis,
déjà depuis Monroe, pensaient à
faire des États de la Caraïbe leur
arrière-cour, leurs fournisseurs
de matières premières. C’est dans
ce contexte que l’impérialisme
aveugle américain a envahi Haïti,
la République dominicaine,
Guantanamo, le Nicaragua, le
Panama et plein d’autres États
indépendants.
Les crimes de l’occupation
américaine d’Haïti
Les Haïtiens ne se sont pas laissé
faire. Très tôt, des voix se sont
élevées contre l’occupation. Mais
le Département d’État américain
a mobilisé toute la violence dont
elle était capable pour étouffer ces
voix, pour assassiner tous ceux
qui contestaient les principes
d’exploitation et de domination
portés par l’occupation. Les
informations fournies par la
commission d’investigation sur la
brutalité de l’occupation ont fait
savoir que c’est en Haïti (entre
1921 et 1922) que les États-
Unis ont effectué leurs premiers
bombardements aériens sur des
civils.
En substance, la présentation du
professeur Dubois aura permis
de comprendre que l’expérience
globale de l’occupation américaine
n’a fait que mettre Haïti sur ses
genoux en ouvrant son économie au
néolibéralisme et en traumatisant
son peuple. Jusqu’au 22 mai, toute
la journée, des conférences auront
lieu dans le cadre de ce colloque à
la Bibliothèque nationale d’Haïti.
Des invités comme Léon François
Hoffman et Yves Chemla auront
notamment à prendre la parole.
Souhaitons que cette année, en
juillet 2015, date de la triste
commémoration du débarquement
des Marines américains en Haïti, on
n’aura pas de carnaval au Champ
de Mars, mais des manifestations,
du même type que ce colloque,
qui permettront au peuple haïtien
de s’approprier son histoire et de
prendre la route de l’avenir en
toute sérénité.
CULTURE
Du 18 au 22 mai 2015 a lieu, à la Bibliothèque nationale d’Haïti et à l’école doctorale de l’Université d’État d’Haïti,
un colloque international ayant pour thème : « Regards croisés sur la première occupation américaine d’Haïti ».
Occasion de regarder avec intelligence et recul le lourd héritage de cet épisode dans l’histoire des deux peuples.
Professeur Laurent Dubois
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 19
CULTURE
L
achanteusehaïtienneDarline
Desca poursuit sa route et
compte la prendre « à plein
temps », comme l’indique
son premier opus sorti en juin 2013.
Avec sa voix limpide et clair,
cette fille qui, dès son jeune âge
s’intéresse à la musique, décide
de faire carrière dans le jazz. Avec
l’aide de son impresario, cela com-
mence à donner des résultats.
Le 22 mai, la chanteuse Darline
Desca sera en concert au Lamentin
jazz festival qui a lieu à la Mar-
tinique. Une bonne note pour la
musique haïtienne et ce jeune
espoir qui assure déjà la relève.
Sur son premier opus, nous
avons retrouvé la collaboration
d’excellents musiciens tels Fab-
rice Rouzier, Keke Bélizaire, Wooly
Saint-Louis Jean, Boulot Valcourt,
Alex Jacquemin et le poète Syto
Cavé, auteur du texte « M’anvi ».
Des médias comme Global News,
RFI, Reggae.fr et autres lui ont con-
sacré des reportages. Elle a offert
des prestations aux États-Unis, à
Cuba, en Guadeloupe, en Marti-
nique, en République dominicaine
et dans d’autres pays de la région.
Elle s’est affirmée et fait preuve
d’une envie sans bornes de rester
une artiste à plein temps.
En 2014, Darline Desca a été
applaudei au Festival de jazz de
Port-au-Prince. C’était pour elle
une bonne et grande expérience
avant de s’affirmer sur la scène
internationale, selon un respon-
sable de son staff.
En juin 2014, elle s’était fait remar-
quer au festival Cubadisco et avait
dignement représenté Haïti à la
Martinique en 2013, au concours
« All for one Caribbean », où elle a
décroché la troisième place. Elle a
participé au « Creole festival » de
la Dominique où elle a terminé à
la cinquième place.
Sur son album « À plein temps » et
dans son répertoire, elle ne nous
offre pas seulement du jazz. On
y trouve du raboday, des rythmes
haïtiens, du reggae et du blues.
Sa musique est parfaite et sa voix
chargée de merveilles.
Et à son retour du festival de
Lamentin, elle est invitée à un
concert du chanteur compositeur
musicien Dadou Pasquet au Para-
dox, le samedi 30 mai, à l’occasion
de la fête des Mères.
Comme vous le voyez, Darline ne
chôme pas. Elle avance « À plein
temps. »
Darline Desca au festival de jazz de Lamentin
par Walcam
20 | N0
3 VENDREDI 22 MAI 2015
CULTURE
L
e samedi 16 mai, la méga
star Beyoncé, engagée avec
son association caritative «
BeyGood », a effectué une
visite de quelques heures en Haïti
passée presque inaperçue.
La chanteuse américaine a été invi-
tée par les Nations unies pour une
visite humanitaire et pendant envi-
ron deux heures qu’elle a passé à
Port-au-Prince, Beyoncé a visité un
camp de réfugiés suite au séisme
du 12 janvier 2010, des projets
de structures privés et d’autres du
gouvernement haïtien.
Elle s’est rendue au camp Mega 4,
situé à Caradeux, à l’hôpital Nos
petits frères et sœurs et a visité le
projet résidentiel du morne Laz-
arre réalisé par le gouvernement
haïtien.
Elle a distribué de l’eau, de la
nourriture et des produits médi-
caux durant sa courte visite. Un
engagement plus personnel que
professionnel.
Selon l’ingénieur Clément « Keke »
Bélizaire, la chanteuse, qui parait
avoir une éducation bien con-
struite, a écouté attentivement
les doléances des personnes visi-
tées et a promis de jouer son rôle
d’ambassadrice de bonne volonté
afin de changer la vie sociale de la
population».
Visite impromptue de la chanteuse Beyoncé en Haïti
par Walcam
L
e 20 mai, au parc Saint-Vic-
tor, lors de la 15e journée,
l’Association sportive capoise
(ASC) a confirmé son regain de
forme en battant sur le strict minimum
l’América des Cayes (1-0), grâce à un
pénalty de Jacqueson Jean pendant
les arrêts de jeu. Le même jour, l’Inter
de Grand-Goâve a stoppé son hémor-
ragie en gagnant son duel (2-1) face à
Ouanaminthe. Les deux buts grand-
goâviens ont été inscrits par Vladi-
mir Raymond, tandis que Peterson
Auguste a marqué pour Ouanaminthe.
Au stade Sylvio Cator, l’Aigle noir et le
Cavaly de Léoâgne se sont séparés sur
le score vierge (0-0). Au moment où
nous mettions sous presse, ce jeudi 21
mai, six rencontres se disputaient afin
de boucler la 15e journée. Mais la 17e
journée s’étalera sur trois jours. Deux
rencontres seront disputées ce samedi
23. Six autres sont prévues pour le
dimanche 24. La dernière aura lieu le
lundi 25 afin de boucler la journée.
Ce samedi, au parc Michelet Des-
tinobles, le Tempête de Saint-
Marc –interdit de recevoir au
parc Levelt suite à l’agression
perpétrée par ses fans sur
l’arbitre Walner Laventure lors
de la 13e journée – aura fort à
faire en recevant l’América des
Cayes, leader de la compétition.
Suite à la défaite essuyée face aux
Capois (0-1), les Cayens seront-
ils en mesure de renouer avec la
victoire ?
Au stade Sylvio Cator, la Police
nationale d’Haïti rencontrera le
Roulado de La Gonâve dans un
affrontement considéré comme
le « duel des promus ».
Le lendemain, soit diman-
che, l’Inter de Grand-Goâve va
essayer de confirmer son récent
succès en affrontant le Cavaly de
Léogâne qui reste sur un piteux
match nul (0-0) face à l’Aigle noir
qui devra boucler la 17e journée
lundi soir au stade Sylvio Cator
face à l’Association sportive de
Mirebalais (ASM.)
Toujours dimanche, au parc Hen-
drick de Four-à-Chaud, le Valen-
cia de Léogâne aura sur sa route
l’Association sportive capoise
(ASC) qui, depuis cinq matches,
n’a jamais connu de défaite. Au
parc Saint-Joseph, l’US Lajeune
se mesurera avec le Racine de
Gros-Morne.
Le Racing football club des Gona-
ïves, de son côté, attendra de pied
ferme, au parc Vincent, le Violette
AC qui vient de célébrer le 15
mai écoulé son 97e anniversaire.
Le Football interclub association
(Fica) jouera face à Ouanaminthe
au parc Saint-Victor. Le Racing
club haïtien et le Baltimore de
Saint-Marc s’affronteront dans le
cadre du match choc de la 17e
journée, au stade Sylvio Cator.
À cause de la participation du Don
Bosco de Pétion-Ville à la Ligue
des Champions de la Concacaf,
la Commission d’organisation
du championnat haïtien de foot-
ball professionnel a décidé de
reporter le match Petit-Goâve/
Don Bosco à une date ultérieure.
À deux journées de la fin de la
série ouverture, l’équipe pétion-
villoise compte quatre matches
en retard. Si ceux-ci ne se jouent
pas avant les deux dernières
journées, il sera impossible de
déterminer les quatre meilleures
formations pour les play-offs. Un
tournoi qui accouchera du cham-
pion de la série ouverture pour la
saison 2015.
VENDREDI 22 MAI 2015 N0
3 | 21
La ceinture restera en Haïti,
promet Évens Pierrepar Kenson Désir
C
e vendredi 22 mai, au Karibe
Convention Center, plus-
ieurs combats sont program-
més mais deux retiendront
l’attention des amants de ce noble
art. Dans la catégorie WBA Fedela-
tin Light Weight, Évens Pierre, le fils
du Cité Soleil, défendra sa ceinture
face au Mexicain Jésus Cruz Bibiano
en 11 rounds et en WBA Fedelatin
Light-Heavyweight, le champion haï-
tien Azea Augustama croisera le gant
avec le boxeur Dominicain Eduardo
Mercedes toujours en 11 rounds.
Le 20 mai, lors de la présenta-
tion des boxeurs, Évens Pierre
a déclaré qu’il est très confiant
quant à sa victoire face au boxeur
mexicain. « Depuis trois mois, je
prépare ce combat parce que mon
rêve est de conserver ma ceinture
de champion. D’ailleurs, je le dis
et je le répète personne ne viendra
m’enlever ma ceinture dans mon
pays natal », a fait savoir le fils
de Cité Soleil, champion du WBA
Fedelatin des poids-légers.
Son adversaire, le Mexicain
Jésus Cruz Bibiano, a de son
côté déclaré : « Je vais aborder
ce combat avec calme et séré-
nité. J’invite le public à faire le
déplacement pour assister à ce
choc parce que nous comptons
offrir un bon spectacle ».
Répondant à une question concer-
nant le combat, le Mexicain a fait
savoir qu’il se sent à la hauteur
malgré l’expérience et les qualités
d’Évens. « Je n’ai qu’un objectif,
c’est le battre et lui prendre sa
ceinture même s’il est chez lui ».
Azea Augustama, de son côté, s’est
dit heureux de pouvoir boxer dans
son pays tout en informant qu’il
va tout donner pour conserver
sa ceinture. Pour lui, la présence
du public sera un élément moti-
vant. C’est pourquoi il encourage
tous les fans de la boxe à faire le
déplacement pour l’encourager
face à son rival dominicain, Edu-
ardo Mercedes.
Pour sa part, Jacques Deschamps
Fils, le promoteur de cette soirée
de boxe a signalé que tout est fin
prêt. « C’est une soirée à ne pas
rater », dit-il.
À part ces deux combats, les
amants de ce noble art auront
l’occasion d’assister à trois autres
combats professionnels. Raphael
Larose se mesurera avec Carlos
Pena de la République dominic-
aine en 8 rounds ; Franky Gédéon,
venant directement des États-Unis
affrontera David Martinez en 6
rounds et un duel 100% domini-
cain entre Aneudy Mesa et Juan
Carlos Pena.
En lever de rideau de la soirée «
Retour des guerriers » les amants
assisteront à des combats ama-
teurs avec six boxeurs en 60, 64,
69, 72, 80 et 81 kgs.
Évens Pierre et Jésus Cruz Bibiano photo souvenir. /Photo: Ruben Chéry
SPORT
Le Jour J arrive ! Évens Pierre et Azea Augustama défendront ce 22 mai au Karibe Convention Center leur ceinture
de champion lors de la grande soirée dénommée « Retour des Guerriers ».
BOXE/RETOURDESGUERRIERS
RCH-Baltimore : affiche
phare de la 17e
journée
par Gérald Bordes
CHAMPIONNATNATIONALDED1
Une phase de jeu la rencontre Aigle
noir - Cavaly. Photo Ruben Chéry
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  • 1. Encore et toujours la question de «décharge» ! Et le texte se fit Lobo par Carl-Henry Pierre La ceinture restera en Haïti, promet Évens Pierre par Kenson Désir VENDREDI 22 MAI 2015 NUMERO 3 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesREPUBLIQUE D’HAITI • PORT-AU-PRINCE HAÏTI / ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE HAÏTI-ÉLECTION-INSCRIPTION E ÉCONOMIE SOCIÉTÉ La période d’inscription à la présidentielle est terminée. Environ 70 candidats ont fait le dépôtdeleurspièces.UnrecordpourHaïti!Certainscitoyensestimentquec’estunebonne chosepourladémocratie,d’autrescroientquelesrésultatsduscrutinrisquentd’êtrefaussés. U ne avalanche ! Voilà comment est décrit le déferlement de candidats à la présidence dans les locaux du Conseil électoral provisoire, durant la huitaine réservée à l’inscription des prétendants à la mag- istrature suprême de l’État. Explosion de certains regroupements ou partis politiques, stratégie de diversion, pro- blème de confiance sont, entre autres, les causes à la base de ce brouhaha politique. Sept dizaines de candidats. Sept dizaines de choix possibles, parmi sept dizaines de programmes présentés comme différents. Copieux menu ! Les électeurs auront bien du mal à se fixer. Devant cette dure réalité, le CEP doit trouver la parade et la meilleure formule pour réduire l’offre électorale et organiser de bonnes élections. Dilemme. « La pluralité idéologique est un des principes fondamentaux en démocratie ». C’est ce qu’a avancé le politologue Gracien Jean qui estime que c’est une bonne chose pour la démocratie que des gens puissent exprimer librement leurs opinions. « Maintenant, c’est au Conseil électoral de jouer son rôle », insiste-t-il. Haïti n’est pas le seul pays à être dans une telle situation, poursuit le politique, arguant que certains pays d’Afrique connaissent le même problème. Toutefois, il relève quelques difficultés auxquelles peuvent être confrontés les électeurs, qui auront bien du mal à identifier leur candidat sur le bulletin de vote. Les votes blancs vont augmenter de manière exponentielle, prévoit-il. En outre, Gracien Jean croit qu’il sera difficile pour un candidat de gagner au premier tour ou » suite, P. 3 La présidence assiégée : 70 candidats ! Lionel Edouard Deux prétendants à la présidence, Laurent Lamothe et Thierry Mayard-Paul. / Photos J. J. Augustin » P. 14 » P. 17 » P. 21 »   P. 10 Autour de la dette : Moralité, pessimisme et lucidité Par Henri Alphonse CULTURE SPORT Les sargasses sont sur nos plages ! » suite Page 6
  • 2. 2 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 Il est temps de faire des choix judicieux pour un meilleur avenir de la Nation Par Jean-Robert Argant HAÏTI/ÉLECTIONS TRIBUNE C itoyennes et citoyens du pays, nous sommes à la veille d’un rendez-vous électoral majeur. De nos choix dépendra le sort de notre pays. Les élections ont de très fortes répercussions sur le commun des citoyens et, comme vous le savez, leur tenue devient un moment décisif dans l’histoire et le développement d’une Nation et de son peuple. Dans le passé, il a été très difficile voire impossible d’exprimer notre vote. Trop de fois, notre choix n’a pas été respecté, ce qui nous a amené à cette situation de déli- quescence sociétale au niveau où aujourd’hui : - notre précarité économique atteint son point culminant, - la corruption et l’impunité devi- ennent la norme, - l’irrespect et l’indiscipline règ- nent en maitre et seigneur - la couche saine de la nation, en réserve, résistante, tend à se décourager - nos concitoyens vivant en dehors du pays se démobilisent envisageant même de nous aban- donner - les « étrangers » nous regardent avec pitié et nous insultent. En témoignent le sort de nos com- patriotes vivant en terre voisine et le comportement des ultra-nation- alistes Dominicains vis à vis de notre pays et ses ressortissants. Il est temps de nous ressaisir, de nous affirmer comme peuple digne, de faire des choix judi- cieux pour l’avenir de la nation, et d’être prêts à défendre notre vote. A l’heure où des esprits se focalisent sur les élections générales, nous, du COLLECTIF DU 4 DEC 2013, mobilisés derrière la promotion de la PRODUCTION NATIONALE, stra- tégie garante de notre Souveraineté, de notre Dignité et du Développe- ment du pays, pensons qu’il est de notre devoir de guider nos conci- toyens à choisir un personnel poli- tique compétent, engagé, patriote, responsable et doté d’une vision globale des capacités productives et constructives. Aussi, pour être certain de faire le choix le plus judicieux, LE COL- LECTIF vous suggère-t-il de recher- cher et privilégier les profils suiv- ants parmi les candidats : - Au poste de Président de la Répub- lique Il est souhaitable que cette personne - émerge d’un parti politique - soit connue pour son sens des responsabilités, - ait démontré des qualités de lead- ership - ait fait montre d’un patriotisme irréprochable - soit un promoteur de la produc- tion nationale - soit un partisan de la souveraineté nationale - fasse montre d’une bonne connais- sance du pays tout entier - soit crédible - jouisse d’une bonne réputation et du respect de tous - soit connue pour son intégrité, son respect de la constitution et des normes - soit porteur d’un projet cohérent et soutenable dans, au moins, les domaines de développement, de santé et d’éducation o Au poste de Sénateur ou de Député Le choix doit être porté sur le candidat qui: - émerge d’un parti politique - soit une personnalité connue dans son milieu pour son sérieux son sens des responsabilités et son comporte- ment discipliné - démontre une bonne connaissance de la fonction et de la responsabilité parlementaire - soit un patriote reconnu et intègre - soit un partisan de la souveraineté nationale - soit porteur de propositions pro- gressistes, cohérentes et réalistes - jouisse d’une bonne réputation o Aux Mairies et collectivités ter- ritoriales Le choix prioritaire doit tenir compte du candidat ou de l’équipe qui : - émerge d’un parti politique - soit connue pour son sens des responsabilités et son sérieux - ait démontré des capacités de ges- tion et de leadership - fasse la promotion de la produc- tion nationale - soit partisan de la souveraineté nationale - fasse montre d’une bonne connais- sance de la collectivité - porte un projet de développement cohérent et soutenable - jouisse d’une bonne réputation C’est votre CHOIX D’AUJOURD’HUI qui garantira votre avenir DEMAIN et décidera de L’AVENIR de notre pays .
  • 3. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 3 ACTUALITÉ d’obtenir une marge de 25 % sur son poursuivant, nécessaire pour accéder à la fonction désirée. Dans ces conditions, plusieurs candidats peuvent terminer avec le même nombre de voix et occuper la deuxième place. Ce qui, dit-il, ouvre la brèche au jeu de contestations qui risque de handicaper sévèrement le bon déroulement du processus électoral. Avidité de pouvoir... Ce record atteint dans le nombre de candidats inscrits à une présidentielle haïtienne est dû notamment à une crise de leadership. Gracien Jean pense que les citoyens n’ont pas vraiment de leaders à qui s’accrocher. La classe politique qui a vieilli et qui n’a pas été renouvelée ouvre la voie aux néophytes. « Il n’y a pas de leaders, mais des candidats », a-t-il tenu à préciser. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Dieuseul Simon Desras, s’est pour sa part montré très choqué quant au grand nombre de candidats, 70 au total, qui visent le fauteuil présidentiel. L’ex-sénateur, prétendant lui aussi au fauteuil, pointe du doigt l’avidité de ceux qu’ils appellent « des petits candidats », et qui, par leurs actions, banalisent la fonction présidentielle en Haïti. Bien qu’inscrit à la présidentielle, Dieuseul Simon Desras dit ne pas croire à la réalisation des élections dans le pays en 2015. Cependant, il invite les prétendants à se mettre ensemble pour dégager un consensus, s’ils nourrissent vraiment le projet de faire avancer le pays et non celui de satisfaire leurs intérêts personnels. Gare aux affrontements ! Pour Antonal Mortimé, de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH), il faut aborder la situation suivant deux angles différents. Dans un premier temps, en tenant compte de la réalité politique qui est polluée par ce nombre imposant de candidats qui ne disposent d’aucun plan ou de projet de société pour orienter le pays. Une situation pouvant générer de graves conflits entre partisans de candidats, s’inquiète le défenseur de droits humains, qui a aussi expliqué que même sur le plan pratique, avec 70 candidats, les élections risquent d’être faussées. Tout d’abord, parce que la police éprouvera d’énormes difficultés à sécuriser la période de campagne. Ensuite, parce que les électeurs, pour la plupart analphabètes, auront du mal à identifier leur candidat sur un bulletin de vote, qui risque, affirme-t-il, d’atteindre « la dimension d’une table de réunion ». Dans un second temps, sur le plan du droit, Antonal Mortimé pense que tout citoyen dispose du droit de se porter ou pas candidat à la présidence dans la mesure où il répond aux critères fixés. Le CEP, fait-il remarquer, n’a nullement le droit de les exclure. Toutefois, il invite l’organisme électoral à faire preuve de rigueur dans l’analyse des dossiers des candidats. Le secrétaire exécutif du POHDH reste optimiste quant à la réalisation des élections en 2015. Il en profite toutefois pour inviter les candidats à se regrouper, afin de rendre la situation plus abordable. Aussi les encourage-t-il à élaborer des plans sérieux pour sortir le pays de la misère et du sous-développement. La présidence assiégée : 70 candidats ! Lionel Edouard » suite de la première Page Edito REDONNEZ-NOUS NOTRE CAPITALE ! LLa capitale haïtienne n’appartient plus aux citoyens du pays. L’espace échappe au fil d’événements politiques et naturels, aux hommes et aux femmes qui habitent la ville. Danslesannéescinquante,cen’étaitpassimplementlavaguetouristiquedel’époquequi faisaitl’attractiondelacapitale.C’étaitaussil’implicationdesrésidentsdesquartiersquise préoccupaientdepropretéetd’assainissement.Celacréaitunmouvementdynamiqued’une ruelleàuneautre.Lacompétitionsocialeyjouantsonrôlemobilisateur,chaquequartier tiraitsafiertédesonsavoir-faireaveclesfleurs,lacouleurdesmurs,lesarbrespourl’ombre. C’était,endépitdestumultespolitiquesquinecessaientdesecouerlaville,«ladolcevita». Lesservicespublicsderamassagededétritusfonctionnaientàunrythmerégulier.Lesens dudevoirdescitoyensallégeaitlestâchesdel’État.Ilyavaittoujourslesdifférencesentre leszonesrésidentielles,entre leréseaudemagasinsdubasdelavilleetlesquartiersd’une classe laborieuse et économiquement moins pourvue, mais animée d’un patriotisme à trancheraucouteau.DePacotauBas-Peu-de-Chosejusqu’auMorne-à-Tuf,l’appropriation del’espacedelacapitaleétaituneprioritécitoyenne. Lepaysagearchitecturalaussiétaitlaparticularitéde«laperledesAntilles».Iln’yavait aucune nécessité de construire à plusieurs étages, lesdits buildings n’existaient pas. Les maisonsen«gingerbread»reprenaientlesdessinsdupaysagenaturel,l’utilisationdubois répondaitàuneconnaissanceduterrainparrapportauxéventuelscatastrophesnaturelles. Notre brusque entrée dans la modernité urbaine à partir du début des années soixante allait bousculer l’originalité bucolique de la ville. Des facteurs politiques, des indicateurs économiques,desvoyagesàl’extérieur,latentationaubovarysmedesvillesditesdévelop- péescommençaientparchangerl’aspectdenotrecapitale.Cité-Soleil,présentéeaujourd’hui commelelieudetouslesdésastresphysiquesethumains,avaitsesbeauxpaysages.Un destableauxdupeintreCasimirachetéàunprixfortàuneventeauxenchèresàSothebys représenteune«marine»deCité-Soleildesannéescinquanteavecquelquesdébardeurset voilierssurfonddedoucereuselumière,commedanslesœuvresdeCanalleto.Propagande d’époque?Ladestructiondel’économiepaysanne,lesturpitudespolitiquesallaientren- verserlavapeuretnousintroduiredansl’universdantesquequenousvivonscesderniers jours. Lasurpopulation,l’anarchiedel’habitat,lacirculationautomobilepubliqueetprivéedans desruesquin’ontpasétéagrandies,lecommerceinformelétablisurlestrottoirs,ledéficit deplanderéaménagementdel’espaceurbainmettentlePort-au-Princien,surtoutaprès leséismedévastateur,aumilieud’unespaceapocalyptique.Toutestditsurlesmurssans aucunepénalité.L’actuelgouvernementrecollelesmorceauxd’unecapitalecassée,sans unepropositionurbanistiquerationnelle. Perdusdansleurpropreespacedevenuunlabyrinthe,lescitoyensdelaville,desprofession- nelsauxinvestisseursnationaux,crientd’uneseulevoix:Redonnez-nousnotrecapitale! Ilsn’ontpasseulementraison.Ilsrevendiquentaussibiennotreidentiténationaleenpéril quenotresurviedepeuplemiseàrudeépreuve.
  • 4. 4 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 C ’est le vocable le plus à la mode en cette période électo- rale. Il est sujet de nombreux débats dans les médias, sur les réseaux sociaux et même dans les rues. Les gens les moins avisés en dis- cutent. Ceux qui ont servi l’État comme ordonnateurs de deniers publics et qui veulent se porter candidats à un poste électif sont confrontés à l’obligation légale de la décharge. En réalité, c’est quoi la décharge ? Quelles sont les institutions compétentes pour l’attribution de décharge ? Que doit faire le prési- dent de la République face à cette situation qui prévaut actuellement où bon nombre de comptables de deniers publics ont besoin de ce fameux sésame alors que le Par- lement est dysfonctionnel ? « C’est la loi du 26 août 1870, portant sur l’hypothèque légale relevant des biens immeubles des comptables de deniers publics, qui édicte que dès lors que quelqu’un est nommé à la tête d’une institu- tion, ses biens sont automatique- ment grevés. L’intéressé, en cas de besoin, ne peut pas disposer de ses biens, ni les vendre, tant qu’il n’aura pas reçu décharge de sa gestion », a précisé d’entrée de jeu le juriste et professeur de droit constitutionnel, maître Monfer- rier Dorval. Cette loi, a-t-il ajouté, a été prise par Salomon, minis- tre des Finances à l’époque, en vue de combattre la corruption dans les institutions étatiques. Et c’est l’article 18 du décret du 23 novembre 2005, régissant le fonc- tionnement de la Cour des comptes et du contentieux administratif (CSC /CA) qui définit la décharge comme étant l’acte par lequel la Cour des comptes ou le Parlement décide que la responsabilité finan- cière des comptables des deniers publics de droit ou de fait n’est pas engagée. Cet acte, poursuit l’article, emporte de plein droit radiation des inscriptions hypothécaires prises sur leurs biens et libération des montants déposés en garantie de leurs gestions. Pour les minis- tres et Premiers ministres, c’est le Parlement qui leur doit décharge de leurs gestions, alors que celle des autres ordonnateurs relèvent strictement de la compétence de la Cour des comptes. Aussi convient-il de noter que la décharge de tous les comptables de deniers publics, y compris les pré- sidents du Sénat et de la Chambre des députés, est subordonnée aux rapports de la Cour des comptes, selon l’article 204 de la Constitu- tion, renforcé par le décret du 23 novembre 2005. À cette question, maître Dorval a bien voulu précise que le Parlement qui, au besoin, peut solliciter une contre-expertise, n’est pas strictement lié au rapport de la Cour des comptes. Car expli- que-t-il, c’est la commission bica- mérale de décharge, composée de 15 membres (6 sénateurs et 9 dépu- tés), formée au début de chaque session législative ordinaire, qui a pour mission de rapporter sur la gestion des ministres. La question de décharge est très sérieuse aujourd’hui, selon Monfer- rier Dorval, qui évoque la théorie des formalités impossibles, surtout dans le cas des anciens Premiers ministres et ministres bloqués pour décharge alors que le Parlement, seule institution chargée de statuer sur ce dossier, est dysfonctionnel. Ces fonctionnaires ne peuvent être victimes du dysfonctionnement du Parlement, avance l’homme de loi, qui voit dans cet acte une viola- tion du droit de ces citoyens qui ont servi l’État, indépendamment de leur gestion (bonne ou mauvaise). « On a rétabli la mort civile aux min- istres et Premiers ministres en refu- sant de leur accorder décharge de leur gestion. Car sans la décharge, leurs biens ainsi que leurs droits politiques sont hypothéqués », a martelé Me Dorval. Au nom de la théorie exécutif- législateur, le président de la République doit trancher Face à une telle situation pour le moins complexe, Monferrier Dorval pense que le président de la Répub- lique doit sortir de son mutisme. « Dans ce cas, le chef de l’État ne peut pas rester indifférent à ce pro- blème. Il peut agir par décret puis que nous vivons actuellement dans le pays une situation d’exception », a indiqué le juriste, évoquant la théorie exécutif-législateur, laquelle renvoie les compétences du Parlement à l’exécutif (Conseil des ministres) en cas de dysfonc- tionnement de celui-là. Pour étayer sa théorie, Monferrier prend en exemple le décret-loi élec- toral et le décret-loi des finances, comme deux actions posées par l’exécutif sur la base d’un décret alors que, en temps normal, ç’aurait été l’attribution du Parlement. Dans cette même perspective, il propose d’enlever la question de décharge des mains du Parlement pour la confier entièrement à la Cour des comptes dans le cadre d’une révi- sion constitutionnelle visant à ren- forcer la capacité et la compétence de la CSC/CA. Car « la décharge est une arme politique laissée entre les mains des Parlementaires », a déploré Me Dorval, rappelant que tous les ministres qui ont obtenu décharge l’ont eue par décret. Le juriste s’en est aussi pris à la Cour des comptes qui, estime-t- il, n’a pas fait son travail tel que demandé par la loi. Le ministre n’a pas à demander décharge. La CSC/ CA doit automatiquement se saisir d’auditer annuellement sur la ges- tion des ordonnateurs de l’État, nous dit Monferrier Dorval qui croit que toute demande de décharge de la part d’un ministre ou autre est illégale et inconstitutionnelle. HAÏTI/ÉLECTIONPRÉSIDENTIELLE ACTUALITÉ Encore et toujours la question de «décharge» ! Noclès débréus » suite de la première Page WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT (509) 46 11 10 10 (509) 32 14 55 54 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY PUBLICITÉ: SASKIA P.L.MICHEL RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR RÉDACTEUR EN CHEF ADJ : HENRI ALPHONSE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE SECTION SPORTS : GERALD BORDES SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS, CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR, VANTZ BRUTUS, KENSON DÉSIR, EDDY LAGUERRE, MONDÉSIR JEAN BILLY, REYNOLD ARIS, ISABELLE THÉOSMY, WALTER CAMEAU, SCHULTZ LAURENT JUNIOR PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY CORRECTEURS : GARRY AZÉMAR, JEAN ERIC FOUCHÉ GRAPHISTE : JUNIOR ADME DISTRIBUTION : MOÏSE PHILOGÈNE ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
  • 5. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 5 C e rapport prend en compte les 11Bureauxélectorauxdéparte- mentaux du pays. Ces données ont été collectées à partir du 22 avril au 5 mai 2015, laquelle péri- ode coïncide avec l’enregistrement en ligne, le dépôt des pièces et la con- testation des candidatures au niveau des bureaux du Contentieux électoral départemental. L’enquête révèle que 93,7% des cent dix (110) candidats interviewés estiment correct le traitement dont ils ont été l’objet dans les BED et 77,1% jugent que le traitement des contestations a été impartial. En ce qui concerne le pré-enregistrement en ligne, 70% des candidats inter- rogés estiment que ce mécanisme est simple, contre 4,6% qui le trouvent compliqué et 23,6% qui pensent qu’il faut l’améliorer. Par ailleurs, les responsables de l’OCID déclarent que le processus élec- toral a relativement bien démarré. « Apres avoir présenté ce compte rendu aux responsables du CEP, vendredi dernier, notre confiance est affermie … et nous autres, nous avons une participation à jouer dans le déroulement du processus électoral… », ont-ils expliqué. Par la même occasion, l’OCID, a présenté une nouvelle méthodol- ogie d’observation électorale. « Nous allons faire une observation systématique en déployant 1700 observateurs et observatrices basée sur des méthodes qui ont fait leur preuve dans plus d’une cinquan- taine de pays », a expliqué M. Abdonel Doudou, représentant de JURIMEDIA. Aujourd’hui l’OCID prône cette nouvelle méthode plutôt qu’une autre, parce qu’au cours des deux dernières décennies, une observa- tion systématique a permis de pro- mouvoir l’intégrité des élections et de détecter la manipulation des résultats électoraux ou des proces- sus de vote dans plus de 50 pays. Avec l’observation systématique, on est en mesure d’évaluer l’impact des faits observés sur le processus électoral. Et c’est ce qui fait la dif- férence entre cette méthodologie et celle qu’on utilisait antérieure- ment, répond Abdonel Doudou ; « c’est un outil de dissuasion… pour mettre la population en confiance et pour stimuler plus de citoyens à participer aux élections », a-t-il ajouté. Ce projet baptisé « projet d’observation électorale », estimé à 800, 000,00. Dollars, vise la réali- sation d’une observation électo- rale systématique crédible et non- partisane a fait savoir au National les responsables de l’OCID. Pour Rosny Desroches « observer et con- solider » c’est si vous regardez les promesses faites par les candidats : est-ce qu’elles ont été réalisées et dans quelles mesures elles l’ont été ? C’est à ce moment-là que l’on consolide la démocratie, si vous regardez l’évolution des partis politiques : ont-ils plus de contacts avec la population ? Est-ce qu’ils exposent (présentent) l’intérêt de la population ? Ce consortium indépendant et non partisan, se donne pour objectifs : la promotion de la participation de la société civile haïtienne au renforcement de la gouvernance démocratique (par le monitoring des institutions et des processus politiques), l’observation électo- rale et le plaidoyer pour la mise en œuvre de politiques publiques cohérentes, justes et efficaces. « Nous ne sommes pas là seule- ment pour observer mais égale- ment pour consolider », a conclu M. Desroches. L a tension est montée d’un cran entre les responsables de la Compagnie de développement industriel (Codevi), située dans la ville frontière de Ouanaminthe (nord-est), après la révocation de 34 ouvrières et ouvriers le vendredi 15 mai dernier. Tôt dans la matinée du mardi 19 mai, les responsables de la Codevi ont appelé les forces de l’ordre et interdit l’accès à l’enceinte de la compagnie à plus de 1400 ouvrières et ouvriers haïtiens tra- vaillant au département de con- fection de sous-vêtements pour femmes, dans lequel travaillaient aussi les 34 ouvrières et ouvriers renvoyés le 15 mai dernier. Cette vague de révocations, suivie d’expulsion en masse, est sur- venue une semaine après que le vice-président de la compagnie, Limber Cruz, venu directement de Santiago (République Dominic- aine), aurait promis un ajustement salarial et de meilleures conditions de travail, suite à plusieurs jours de grogne parmi le personnel. Plusieurs ouvrières et ouvriers interrogés par l’agence en ligne AlterPresse se sont dit surpris de cette révocation après la promesse faite par le patron de l’usine. De son côté, l’administrateur de la Codevi, Víctor Thomas, a fait savoir que la compagnie n’a jamais promis d’ajustement salarial. « Nous avons licencié un ouvrier le 05 mai dernier pour fraude et après protestation des autres ouvriers, monsieur Limber Cruz a décidé de lui donner une compensation. Malgré tout, ils continuaient de boycotter la production. Enfin nous avons licencié 34 autres, parmi les leaders, le vendredi 15 mai », poursuit Thomas. « En fermant le portail de la com- pagnie, nous avons voulu bloquer les 34 ouvrières et ouvriers révo- qués », a fait savoir l’administrateur qui a précisé qu’ils seront dédom- magés selon les vœux du code du travail haïtien. « Les autres peuvent venir et reprendre le travail », promet-il. « Pour tenter de trouver une solu- tion, nous (les syndicalistes) avons appelé le directeur régional du Ministère des affaires sociales et du travail (Mast), Selondié Abellard, qui n’a pas pris le temps d’écouter les ouvriers. Il s’est seulement con- tenté d’aller parler avec les respon- sables de la Codevi », dénonce le délégué à la revendication et lutte du Sendika ouvriye Kodevi Wana- ment (Sokowa), Vilsonde Bijour. Les ouvriers estiment que Selondié Abellard se comporte dans tous les litiges les opposant à la compagnie, en défenseur de la Codevi, mais pas comme un arbitre. Insatisfaits du comportement du directeur régional du Mast, ils l’ont reconduit à son bureau et fermé les portes de cette institution qui allaient être ouvertes quelques heures plus tard. Le délégué à la revendication et lutte au sein du Sokowa a critiqué le directeur régional du Mast qui aurait justifié son refus de recev- oir les doléances des ouvriers en déclarant qu’ « il doit se rendre dans une festivité ». Abellard qui n’a pas réagi à cette accusation, a fait savoir que les ouvriers veulent qu’il impose aux responsables de la Codevi le renvoi des employés de la section des res- sources humaines avec qui ils ont des différents. « Ceci n’est pas de ma compétence », a-t-il précisé. Les employés révoltés se sont rendus au tribunal de paix de Oua- naminthe pour remettre les clés saisies et déposer une plainte, a constaté AlterPresse. Mais, aucun juge n’aurait décidé de recevoir la plainte. Depuis l’entrée en fonction de Selondié Abellard à la direction du bureau régional du Mast, le 05 septembre 2014, les ouvrières et ouvriers de la Codevi l’ index- ent comme « défenseur du patron » à chaque intervention ou refus d’intervenir. «Observer et consolider», dit Rosny Desroches par Bob S. Simon Révocation massive à la Codevi à Ouanaminthe sous tension par Correspondance Jéthro-Claudel Pierre Jeanty, Alterpresse HAÏTI/ÉLECTIONS HAÏTI/SOUS-TRAITANCE ACTUALITÉ L’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID) a présenté, mercredi, à l’hôtel le Plazza (Port-au-Prince), un rapport sur l’observation du processus d’inscription aux élections législatives.
  • 6. 6 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 ACTUALITÉ
  • 7. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 7 S ix femmes figurent parmi les 70 personnalités inscrites en tant que candidats à la présidence, observe AlterPresse. Il s’agit de Marie Josefa Gauthier, ancienne ministre des affaires sociales et du travail (Mast) durant l’administration de Michel Martelly et du premier ministre Laurent Lamothe au cours de la période de 2012. Josepha Gauthier est candidate sous la bannière de l’Alliance démocratique pour la réconciliation nationale. Marie Antoinette Gauthier est médecin de formation et candidate sous la bannière du Plan d’action citoyenne. Ancienne footballeuse, elle est impliquée dans des actions sociales. Joe Marie Judie C. Roy, unique femme en lice à la présidentielle de 2005, se retrouve dix ans plus tard sous la bannière du Regroupement patriotique pour le renouveau national (Reparen). Avec 7 mille 899 voix, elle avait obtenu un score de 0.41% au terme des joutes ayant vu René Préval briguer un second mandat. Danielle Saint-Lot, pour sa part, est cofondatrice de Femmes en démocratie (Fed). Elle a été titulaire du ministère du commerce de l’industrie et du tourisme sous le pouvoir en place. Elle est une économiste. Ex candidate à la mairie de Pétion- Ville (périphérie est de la capitale), Danielle Saint-Lot travaillait depuis aout 2003 comme Directrice de formation dans un programme de l’Agence internationale d’aide du gouvernement américain (Usaid). Ancienne porte-parole du Parti politique Haïtien tèt kale (Phtk), elle a pourtant déposé sa candidature sous la bannière de Defile pati politik fanm ak fanm, ce mercredi 20 mai 2015. Edmonde Supplice Beauzile, ancienne député et sénatrice du département du Centre, à la tête du parti Fusion des Sociaux- démocrates depuis le 25 septembre 2011 lors d’un congrès à Mirebalais (est), a déposé son dossier également. Elle avait affiché une position plutôt favorable vis-à-vis de l’administration Martelly vers la fin de son mandat au Senat. Maryse Narcisse, médecin généraliste de formation, consultante en médecine, a obtenu la bénédiction de l’ancien prêtre défroqué Jean-Bertrand Aristide pour être son successeur à la tête du parti Fanmi lavalas. Par ailleurs, un grand nombre d’inconnus de la scène politique et médiatiques figurent dans la liste. Il faudra attendre la liste définitive, dont la publication est prévue pour le samedi 30 mai 2015, pour connaître les candidates et candidats qui s’affronteront le 25 octobre. HAÏTI-POLITIQUE ACTUALITÉ Six femmes inscrites comme candidates à la présidentielle de 2015Sources : Alterpresse
  • 8. 8 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 Le Nicaragua refuse l'entrée du caricaturiste français JulSources : AFP MONDE Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement alors qu’il devait participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. « Cela me semble un acte lamenta- ble, inexplicable, le gouvernement ne nous a offert aucune raison pour avoir refusé l’entrée à Jul », de son vrai nom Julien Berjeaut, a déclaré Sergio Ramirez. La troisième édition du forum d’écrivains “Centroamérica Cuenta” a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique français Charlie Hebdo, cible le 7 janvier dernier d’un attentat qui a décimé sa rédaction. Ex collaborateur de cet hebdoma- daire satirique, Jul devait arriver lundi à Managua pour participer à ce forum, mais il s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par les auto- rités. « Je ne travaille plus à Charlie Hebdo depuis 5 ans, je n’étais pas présenté comme ça (en tant que dessinateur de Charlie, NDLR) pour le festival mais comme dessinateur de presse en général. Cette inter- diction, ce n’est pas une charge contre Charlie, comme ça a pu être le cas aux Etats-Unis avec le prix PEN », a déclaré Jul mercredi soir à l’AFP depuis le Salvador. « Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et bien sûr nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir Cen- troamérica Cuenta par sa participa- tion », a regretté Sergio Ramirez, lui-même écrivain. Selon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision afin que Jul puisse assister au forum, qui réunit 70 écrivains d’Amérique et d’Europe. « Je regrette la décision du gou- vernement de ne pas le laisser entrer au Nicaragua », a indiqué l’ambassadeur français, Antoine Joly, lors du forum mardi, expli- quant que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador. Jul, qui a collaboré avec de nom- breux médias français comme Libération et L’Humanité, a con- firmé dans une vidéo présentée lors du forum que « les autorités (nicaraguayennes) n’ont pas voulu que je sois à Managua ». C’est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l’Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international (CEJIL), qui venaient participer à l’anniversaire d’un organisme local de défense des droits de l’homme. Jul lors de la présentation de son livre“Conte de Fees à l’Elysee”, le 26 août 2008 au Festival international de la BD à Angoulème. / Photo AFP/AFP/Archives Des dirigeants vénézuéliens dans la mire de la justice américaineFrançois-Xavier GOMEZ M ercredi soir, le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Diosdado Cabello, est apparu crispé lors de son monologue télévisuel heb- domadaire, Je frappe avec la massue. Deux jours plus tôt, la presse améric- aine (le Wall Street Journal et le New York Times) avait confirmé qu’il était visé par une enquête de la justice des Etats-Unis pour trafic de drogue et blanchiment, en compagnie de plus- Diosdado Cabello (à g. ), président de l’Assemblée nationale vénézuélienne et avec Nicholas Maduros, le président du pays, à Caracas, le 15 mars. / Photo Juan Barreto. AFP ieurs hauts fonctionnaires. Cabello, longtemps présenté comme le suc- cesseur de Hugo Chavez, a mis au défi ses détracteurs de présenter «la moindre preuve», et s’en est remis à «l’amour du peuple, qui est aussi l’amour de Dieu». Les soupçons d’implication de personnalités du régime socialiste dans le narcotrafic sont d’abord apparus dans le quotidien (de droite) espagnol ABC. Trois orga- nes de presse vénézuéliens qui les ont relayés, les quotidiens El Nacional et Tal Cual et le site d’information La Patilla, ont fait l’objet d’une plainte de Diosdado Cabello le 23 avril. Il s’agit des trois derniers médias d’opposition dans le pays, et le gouvernement de Nicolas Maduro ne relâche pas la pression sur eux. En février, Tal Cual a même dû renoncer à son édition imprimée, l’accès au papier journal lui étant inter- dit. Dernier épisode en date de l’offensive contre la liberté de la presse: le parquet a interdit aux dirigeants des trois médias, soit 22 personnes, de quitter le pays, le temps d’instruire la plainte de Cabello. Les deux quotidiens américains citent des propos tenus sous cou- vert d’anonymat par des fonction- naires de la DEA (agence anti- drogue des Etats-Unis): ils évo- quent une implication de l’armée, au niveau des plus hauts gradés, dans le trafic de cocaïne dans les régions frontalières de la Colom- bie. La marchandise gagnerait ensuite le Mexique, dernière étape avant les Etats-Unis, à bord de petits avions. Outre le numéro 2 du régime, ancien militaire et com- pagnon d’armes de Chavez, sont mis en cause l’ancien directeur du contre-espionnage militaire Hugo Carvajal, le ministre de l’Industrie (et frère de Diosdado) José David Cabello, ou l’homme qui monte dans l’appareil chaviste, le gou- verneur de l’Etat d’Aragua Tarik El-Aissami. De son côté, le régime de Nico- las Maduro multiplie les marques de soutien au président de l’Assemblée sous le slogan «Nous sommes tous Cabello».
  • 9. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 9 MONDE L e groupe jihadiste Etat islamique (EI) s’est emparé jeudi de la ville de Palmyre en Syrie après avoir conquis celle de Ramadi en Irak, deux victoires significatives qui lui ont permis d’élargir sa zone d’influence de part et d’autre de la frontière. LContinuant sur sa lancée, l’EI a pris le dernier point de passage frontalier avec l’Irak qui était encore aux mains du régime syrien, ainsi que des positions des troupes irakiennes près de Ramadi, le chef-lieu de la province d’Al-Anbar conquis dimanche. La chute de Palmyre, cité vieille de plus de 2.000, fait craindre pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et tours funéraires, les jihadistes ayant déjà détruit plusieurs trésors archéologiques en Irak. « Les combattants de l’EI sont dans toutes les parties de Palmyre », a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le régime a reconnu sa défaite, affirmant que son armée « s’était retirée après l’entrée d’un grand nombre de terroristes ». En s’emparant de ce véritable carrefour routier qui ouvre sur le grand désert syrien frontalier de l’Irak, l’EI se rend maître de la moitié du territoire de Syrie et menace Homs, la troisième ville du pays en guerre depuis 2011, selon une ONG et des experts. Malgré une campagne aérienne lancée depuis 2014 par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis pour aider en Irak le pouvoir et en Syrie les rebelles, à contrer l’EI, ce groupe ultraradical sunnite a réussi ces coups de force en huit jours. Responsable d’atrocités et fort de dizaines de milliers d’hommes, l’EI élargit à Palmyre et Ramadi son “califat” proclamé en juin 2014 sur les larges pans de territoire conquis à cheval sur la Syrie et l’Irak. L’EI, intervenue dans la guerre en Syrie en 2013, a revendiqué sur Twitter la prise de Palmyre, inscrite par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité et située dans la province centrale de Homs. Des photos de Palmyre diffusées par l’EI montrent des camions détruits de l’armée, des carcasses d’avions à l’aéroport militaire et des cadavres sur le bord de la route. La bataille déclenchée le 13 mai a fait près de 500 morts et poussé une partie des habitants à la fuite, selon l’OSDH. Recourant à de nouvelles exactions, les combattants de l’EI ont exécuté jeudi au moins 17 personnes, des civils et des militaires pro-régime. Un militant originaire de Palmyre, contacté via Facebook, a affirmé que les jihadistes fouillaient les maisons à la recherche de personnes loyales au régime de Bachar al-Assad et empêchaient les habitants de sortir. L’électricité est toujours coupée. Réitérant son appel à l’ONU à agir, la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova a affirmé que « toute destruction à Palmyre serait (...) une énorme perte pour l’humanité ». Le président français François Hollande a appelé à « agir » contre le « péril » pour « des monuments inscrits au patrimoine de l’humanité » et contre l’EI. En soirée, l’OSDH a annoncé la prise par l’EI du point de passage d’Al-Tanaf. « Les forces du régime se sont retirées » du poste et ce dernier « n’a plus aucun contrôle sur sa frontière avec l’Irak ». Avec la prise de Palmyre, l’EI contrôle “désormais plus de 95.000 km2 en Syrie, soit 50% du territoire”, d’après l’OSDH. Le groupe contrôle en effet la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et Raqa (nord), et a une forte présence à Hassaké (nord-est), Alep (nord), Homs et Hama (centre). Il est aussi maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers de Syrie. - L’EI avance à l’est de Ramadi - « Palmyre peut être utilisée pour lancer des attaques en direction de Homs et Damas », estime Matthew Henman, chef de l’IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Centre. Fabrice Balanche, géographe et spécialiste de la Syrie, acquiesce. « La prise de Palmyre ouvre la voie vers Damas et Homs. A terme, cet axe peut être menacé ». Selon lui, l’EI domine désormais « un carrefour de première importance (...) qui ouvre une nouvelle route vers l’Irak, Al-Anbar et Ramadi. L’EI créé une continuité géographique avec l’Irak à travers la steppe syrienne ». De l’autre côté de la frontière, l’EI a poursuivi son offensive en prenant des positions tenues par les forces gouvernementales à Houssayba, à l’est de Ramadi, selon des responsables. C’est à partir de ses positions défensives que les forces de sécurité, aidées de milices chiites, devaient lancer leur contre- offensive pour reprendre Ramadi. Evoquant la perte de Ramadi et s’exprimant avant la prise de Palmyre, le président Barack Obama a estimé que les Etats- Unis ne perdaient pas le combat contre l’EI, soulignant que la campagne antijihadistes prendrait « plusieurs années ». Chili : 505 ans de prison pour l'ex-chef de la police secrète de Pinochet Sources : 20 Minutes avec AFP Syrie : la cité antique de Palmyre tombe entre les mains de l'EISources : AFP M anuel Contreras, ex-chef de la police secrète du dictateur chilien Augusto Pinochet et emprisonné à vie pour crimes contre l’humanité, totalise 505 ans de prison, la peine la plus longue de l’histoire du pays, après une nouvelle condamnation mercredi. Contreras, 86 ans, en prison depuis 2005, a été condamné par la Cour suprême à 15 ans de prison supplémentaires pour l’assassinat en novembre 1973 d’un couple de dirigeants du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR). Les deux militants, l’actrice Ana Maria Ortiz et le politologue Alejandro de la Barra, avaient été abattus par des agents de la Direction nationale du renseignement (DINA), la police politique qui a opéré durant les années les plus sanglantes de la dictature.Manuel Contreras avait affirmé dans un entretien à CNN-Chile, diffusée la veille du quarantième anniversaire du putsch militaire du 11 septembre 1973, que les victimes de la DINA «sont mortes au combat» et qu’il n’avait ordonné ni disparitions, ni tortures. Brazs droit de Pinochet jusqu’en 1977 La DINA a employé jusqu’à 60.000 personnes, dont des agents, des informateurs et des réseaux à l’étranger, et gérait également des prisons secrètes, ne rendant compte de ses activités qu’au général Pinochet. Elle a été créditée, entre autres, de l’assassinat de l’ancien ministre des Affaires étrangères Orlando Letelier à Washington en 1976, et de l’ancien commandant en chef Carlos Prats en Argentine en 1974, mais aussi de l’agression contre le démocrate-chrétien Bernardo Leighton, blessé par balle à Rome l’année suivante. Manuel Contreras, jusqu’en 1977 bras droit du général Pinochet, a accumulé des peines de centaines d’années de prison au total, dans le cadre de plusieurs procès pour des violations des droits de l’homme commises sous la dictature qui a fait plus de 3.200 morts et ordonné la torture de quelque 38.000 personnes. Augusto Pinochet est mort le 10 décembre 2006 sans avoir jamais été condamné. Palmyre cité antique.
  • 10. 10 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 ÉCONOMIE MEXIQUE/FOIREDESCULTURESAMIES AUTOURDELADETTE Le café Rébo dans les tasses mexicaines Source : Ambassade d’Haïti au Mexique À la foire des cultures amies, cette année, l’odeur du café Rebo embaume le stand d’Haïti et les nombreux visiteurs font la queue afin de déguster le précieux liquide. Il s’agit d’une importante innovation pour Haïti qui participe régulièrement à cet événement annuel se déroulant au centre historique de Mexico, au Zocalo métropolitain. Grâce à l’aide des représentants de Rebo, le café est en dégustation tous les jours à la foire, du 14 au 27 mai. C’est aussi pour la première fois que des artisans venus du pays exposent leurs produits au stand d’Haïti occupé les années précédentes, par des exposants, membresdelacommunautéhaïtienne au Mexique sous la coordination de l’ambassade d’Haïti à Mexico. Pour la communauté haïtienne établie à Mexico, c’est l’occasion idéale pour fêter le drapeau haïtien. Haïti participe à la foire avec, en plus du stand, une exposition de peinture. Quelques 30 tableaux de peintres de rue sont exposés sousle thème “_pinturas de callejon_” (peinture de rue) à la Casa de la Primera imprenta de America (maison de la première imprimerie d’Amérique), située au centre historique. L’exposition est réalisée par l’ambassade en collaboration avec le collectionneur haïtien Kelly Rely vivant au Mexique. La foire des cultures amies est une activité culturelle majeure pour la ville de Mexico. L’événement qui se déroule en général la deuxième quinzaine du mois de mai, offre aux pays ayant des relations diplomatiques avec le Mexique, un espace pour promouvoir leur culture à travers l’artisanat, la gastronomie, la musique, le théâtre, la peinture, des conférences, etc. Près d’une centaine de pays participent à l’édition 2015 dont l’invité d’honneur est l’Angleterre. Les organisateurs n’attendent pas moins de 12 millions de visiteurs jusqu’au 27 mai. L’Ethiopie vers une économie verte. Unephrase,uneseule,laconiqueetapparemment anodine, semble avoir voulu, mine de rien, caractériser l’état d’esprit des uns et des autres ainsi que les enjeux en présence en cette mémorable journée de la visite officielle du président François Hollande en Haïti. Moralité, pessimisme et lucidité par Henri Alphonse « Haïti prend acte ». À deux reprises, en effet, la veille et le jour même de la visite, le gouvernement haïtien semble avoir voulu, par ces trois mots, exorciser une situation qui, le moins qu’on puisse dire, était bien embarrassante. Commotionnée par la très médiatisée déclaration du président Hollande rejetant en territoire outremer les fondements financiers d’un engagement - trop vite pris et aussi vite renié – cavalièrement recyclé en dette morale, l’administration Martelly jugea bon de se draper dans une sorte de dignité effarouchée susceptible de lui éviter une prise en charge aussi lourde. Le mot d’ordre était d’éviter de mécontenter une société civile relativement sourcilleuse sur le sujet et qui préférait jouer l’expectative face aux menées des ardents partisans d’une restitution inconditionnelle – en guise de réparation – des « 21 milliards de dollars scandaleusement arrachés » au fragile État haïtien naissant pour dédommager d’anciens colons esclavagistes irrécupérables. Il fallait surtout tout faire, par ailleurs, pour ne pas s’attirer les foudres du chef d’un puissant État en visite officielle en Haïti et qui se trouve être également un partenaire de poids dans une problématique coopération pour le développement déclinée par tous les temps et sur tous les tons par la communauté internationale. Que faire face à un tel dilemme ? La solution était toute trouvée : prendre acte. Et l’Etat haïtien prit acte. Comme une girouette De la dette financière à la dette morale, la cabriole fut gigantesque. Ce fut un François Hollande impavide qui regarda venir “le temps de la vérité historique “. Et lorsque son homologue haïtien insista pour rappeler qu’Haïti, bien que n’ayant rien oublié de la “dette ignominieuse”, n’était pas du tout “obstinée”, les dés étaient jetés. Le revirement spectaculaire français en territoire ultramarin avait trouvé preneur. Tourne girouette aux quatre vents du matin. De toute évidence, les deux chefs d’État semblent s’être compris à demi-mots. Pas de chiffres ! Surtout pas. Et pas de réparation ! Encore moins de restitution. Ou plutôt si ! Mais dans le cadre d’accords de coopération soumis à un calendrier - volontairement imprécis - pour leur financement ultérieur. “Haïti, clame Michel Martelly, a besoin de mettre en œuvre un véritable Plan Marshall pour l’éducation en Haïti”. Et comme pour conjurer le mauvais sort, il appelle Goethe à la rescousse : « Le pessimisme se condamne à être spectateur ». Le pessimisme, serait-il bon de rappeler, n’est pas toujours passif dans cette perspective. Dans son essai sur “La Barbarie à visage humain”, Bernard Henri Lévy le réhabilite, le resitue dans son sens de vigilance “face au schéma totalitaire que l’optimisme inscrirait dans la pensée”. Autrement dit, il est parfois de bon ton d’afficher son pessimisme - ce qui est loin d’être une coquetterie philosophique – de s’ouvrir en quelque sorte sur l’ensemble du champ perceptif, de grimper aux arbres et humer le vent de lucidité qui souffle sur la forêt. Et prendre acte. Avec pessimisme. Et lucidité.
  • 11. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 11 ÉCONOMIE Le pays montre la voie pour faire prospérer une économie verte Sources : Inter Press Service ETHIOPIE L’Ethiopie a connu sa part méritée de la dégradation et de dommages environnementaux, mais de nos jours il met de plus en plus en place un exemple de la façon de lutter contre le changement climatique tout en réalisant la croissance économique. ” La communauté interna- tionale sait très bien que l’Ethiopie est l’un des pré- curseurs de la politique climatique internationale, sinon le premier pays africain”, déclare à IPS, Fritz Jung, le représentant de la coopération bilatérale au développement à l’ambassade d’Allemagne à Addis-Abeba. Ce pays de la Corne de l’Afrique a appris plus que la plupart que l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontés les pays en développement est l’atteinte d’une prospérité économique durable qui contre les change- ments climatiques. Selon le cinquième Rap- port d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemen- tal sur l’évolution du climat (GIEC), “les températures maximales et minimales à travers l’Afrique orientale équatoriale augmenteront et ... les modèles climatiques montrent un réchauffe- ment dans toutes les quatre saisons en Ethiopie, qui peut entraîner des vagues de chal- eur plus fréquentes”. En Afrique, la princi- pale préoccupation, c’est l’adaptation aux impacts négatifs des changements cli- matiques, bien que le rapport reconnaisse l’Ethiopie comme l’un des pays qui ont “adopté des stratégies nationales de résilience au climatique en vue de les appliquer dans tous les secteurs économiques”. Avec la Chine et l’Inde, l’Ethiopie a servi d’une étude de cas pour les chercheurs qui mènent une enquête d’un an sur des questions telles que la politique et les impacts mac- ro-économiques; l’innovation, l’énergie, la finance et les villes; ainsi que l’agriculture, les forêts et l’utilisation des terres. L’Economie verte résistante au climat de l’Ethiopie (CRGE), une stratégie lancée en 2011 pour obtenir le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2025 tout en développant une économie verte, “constitue la preuve de l’engagement visi- onnaire de l’Ethiopie à com- biner le développement socio- économique ainsi que la dura- bilité de l’environnement”, indique Jung. ‘Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammen- arbeit’ (GIZ), une entreprise internationale soutenue par le gouvernement allemand pour le développement durable, en partenariat avec les organisa- tions gouvernementales éthi- opiennes pour s’attaquer aux problèmes environnemen- taux. L’un des programmes a été le Projet de gestion durable des terres (SLMP), lancé en 2008. Le nord de l’Ethiopie a souffert d’une érosion et d’une dégradation importantes des sols – avec des agriculteurs obligés d’exploiter les pentes les plus raides, se suspend- ant par des cordes - avant que des tentatives ne soient faites pour contrer la destruction écologique. Depuis ce temps, environ 250.000 hectares de terres dégradées dans les zones montagneuses éthiopiennes L’Ethiopie vers une économie verte.
  • 12. G lobalement, l’activité dans l’ensemble de la région n’a progressé que de 1 % à 1,5 % en 2014 : une croissance inférieure, pour la première fois depuis dix ans, à celle des écono- mies avancées de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le ralentissement économique est net, et l’année 2015 s’annonce dif- ficile sur fond de baisse des prix des matières premières, de ralen- tissement chinois et de demande encore molle dans les économies matures, malgré la reprise nord- américaine. A quoi s’ajouteront, selon Daniela Ordoñez, écono- miste d’Euler Hermes, les risques de dépréciation monétaire, la volatilité et les effets de la fin de l’« assouplissement quantitatif » (« Quantitative Easing » ou QE) aux Etats-Unis. Dans ce contexte, le déclin des prix de pétrole risque d’être « une menace supplémen- taire dans un paysage déjà dan- gereux ». Elle réduirait la crois- sance régionale de 0,4 point en moyenne en 2015. Entre le 20 juin 2014 et le 28 janvier 2015, le prix du baril de pétrole est passé de 114,81 à 48,47 dollars américains (soit entre 103,95 à 43,88 euros). Soit une chute de 57,8 %, précise Patri- cia Krause, économiste à Coface. Même si les prix sont légèrement remontés depuis, ils devraient rester en 2015 loin des 100 dol- lars. Les effets de cette baisse spectaculaire sur l’Amérique latine seront fonction de sa durée et des différents pays concernés : le Venezuela et l’Equateur boivent déjà la tasse, alors que les pays d’Amérique centrale tirent leur épingle du jeu, car leur balance commerciale s’améliore et leurs rentrées fiscales augmentent. Moindres rentrées fiscales La diminution des prix de l’or noir a des effets qui n’ont rien d’univoque. Il faut avoir à l’esprit que, en Amérique latine, décrypte l’économiste d’Euler Hermes, les grands pays exportateurs de pétrole brut sont souvent importa- teurs de pétrole raffiné, l’industrie locale du raffinage étant encore dans les limbes. Par ailleurs, sur le plan budgétaire, la diminution des prix entraîne de moindres rentrées fiscales, mais elle peut conduire à limiter les subventions énergé- tiques, donc à faire des écono- mies. Dans les pays exportateurs nets d’or noir, elle pénalise aussi l’investissement, car les compag- nies pétrolières nationales y sont en général des acteurs-clés dans ce domaine. Globalement, a calculé le leader de l’assurance-crédit, une baisse de 40 % des prix du pétrole aurait, en moyenne, les effets suivants dans la région : une augmentation du déficit courant, qui passerait en moyenne de 2,7 % à plus de 3,5 % du PIB ; un creusement de 0,5 point du déficit budgétaire à plus de 4,5 % du PIB ; une diminution de 0,4 point de la croissance, qui serait ramenée à + 0,5 % en 2015. Coup dur pour le Venezuela La dégringolade des prix est un coup dur pour le Venezuela qui détient les réserves prouvées de pétrole les plus importantes au monde. Le pays, qui n’a pas diver- sifié son économie, est déjà en pleine crise. L’inflation y dépasse les 60 %, les réserves de change sont insuffisantes (moins de deux mois d’importations) et les pénuries de toute nature (d’eau, d’électricité, de biens importés….) se multiplient. La baisse des prix du pétrole, qui représente 95 % de ses exportations et 40 % des rentrées budgétaires, pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Elle devrait convertir l’excédent courant en un déficit d’au moins 2 % du PIB en 2015, estime Euler Hermes. L’assureur- crédit y prévoit cette année une récession de – 7,5 %. L'Inde, bientôt la cinquième économie du monde L’Inde devient “le plus performant des marchés émergents”, selon le magazine américain Forbes qui met en avant “la progression épou- stouflante” de la Bourse indienne au cours de l’année 2014 : + 29 %. Dixième puissance économique de la planète en 2013, “l’Inde peut devenir avant la fin de la décen- nie”, vient d’annoncer pour sa part Jim O’Neill. Cet ancien associé de Goldman Sachs avait inventé en 2001 l’acronyme séduisant de Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). La France adopte des indicateurs alternatifs au PIB Le vote de la loi sur de nouveaux indicateurs de richesse alternatifs au PIB est une bonne nouvelle, mais son impact réel dépendra largement de sa mise en œuvre. La loi qui vient d’être adoptée prévoit que des indicateurs alternatifs au PIB guident désormais les poli- tiques publiques. Une commission doit établir des propositions cor- respondantes. La loi ouvre enfin la possibilité de compléter le PIB, qui reste l’indicateur majeur de référence dans le débat public. Grande-Bretagne : au royaume de l'austérité Baisse des prestations sociales, de l’emploi public, des salaires…, le plan d’austérité mis en place par le PM anglais David Cameron est d’une ampleur inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce plan s’est concrétisé par de nombreuses coupes budgétaires : entre 2010 et 2014, les dépenses publiques ont diminué de 6 % en volume, alors que le PIB s’est accru de 3 %. Face à un déficit public record de 11 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010, le gouvernement Cameron, à peine arrivé au pou- voir en mai 2010, a mis en place un plan d’austérité d’une ampleur inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Amérique latine en panne de croissance COÛTDELAVIE L’Amérique latine vit des temps difficiles. A l’image du Brésil, sa première économie, qui a relevé mercredi 4 mars, pour la quatrième fois consécutive, son taux directeur (à 12,75 % l’an). Une mesure prise pour lutter contre l’inflation, mais qui risque d’accentuer la menace de récession. 12 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 ÉCONOMIE d’Amhara, d’Oromia et du Tigré - où vivent plus de 50 pour cent des 94 millions d’habitants d’Ethiopie - ont été restaurés pour la produc- tivité. Cela a été réalisé grâce à la pro- motion de pratiques de gestion durable des terres, telles que l’utilisation des terrasses, les sys- tèmes de rotation des cultures, et l’amélioration des pâturages et un couver végétal permanent, profit- ant à plus de 100.000 ménages. “Le SLMP avec son approche holistique augmente la disponibil- ité de l’eau pour l’agriculture et la productivité agricole et contribue donc directement et indirectement à une résilience accrue au climat de la population rurale”, explique à IPS, Johannes Schoeneberger, responsable de l’implication de la GIZ. Un exemple particulier de cela, souligne Schoeneberger, a été l’introduction de fourneaux amé- liorés combinés avec des terrains de bois nouvellement créés dans les fermes agricoles qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et la pression sur les forêts naturelles. Cette stratégie a également réduit les factures des ménages pour le bois de chauffage, note-t-il. L’Ethiopie a également reconnu la façon dont ses cours d’eau abondants offrent un énorme potentiel de production d’énergie hydroélectrique. Aujourd’hui, de grands travaux d’infrastructures publiques tentent d’exploiter ce potentiel pour sortir le pays de la pauvreté. L’Inde s’ouvre aux investisseurs étrangers. / Photo lefigaro.fr L’agriculture des pays du Sud encore archaïque. / Photo ifieldgood.org
  • 13. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 13 106 nouveaux avocats-stagiaires prêtent serment Eddy Laguerre JUSTICE Cent-six élèves-avocats formés jusque-là à l’école du Barreau de Port-au-Prince ont prêté le serment légal, le jeudi 19 mai 2015, lors d’une audience solennelle du tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince tenue en marge de la messe de la Saint-Yves. Ces nouveaux avocats stagiaires ont juré devant un tribunal présidé par le doyen a.i. du TPI, Me. Bernard Civil, assisté de Me. Clamé-Ocnam Daméus, comme représentant du Ministère public. BARREAUDEPORT-AU-PRINCE C ’est à l’issue d’une journée résolument marquée par les mises en garde et rappels éthiques contenus dans le discours du bâtonnier Carlos Hercule, que ces avocats ont fait leur entrée officielle dans le monde de la basoche. « Je Jure d’observer dans l’exercice de ma profession les principes d’honneur et de dignité qui doivent caractériser les membres de l’ordre des avocats », ont promis ces juristes drapés dans leurs toges. Ils ont ensuite tour à tour consigné leurs serments par-devant le greffier de l’audience avant de recevoir les conseils salutaires du doyen Bernard Saint-Vil, du commissaire du gouvernement Clamé-Ocnam Daméus et du représentant du conseil de l’Ordre des avocats de Port-au- Prince, Me. Stanley Gaston. Le président de l’audience à inviter les nouveaux avocats à toujours se soucier du respect de la loi dans chacune de leurs actions dans le cadre de leur métier. Quant au chef du parquet près le TPI de Port-au-Prince qui a joué le rôle de représentant du Ministère public, il a rappelé aux récipiendaires que leur apport est décisif pour aider l’état à réduire le taux de détention préventive prolongée. Il les a invités à se mettre à la disposition des justiciables qui ont souvent besoin de mieux comprendre les nuances et les complexités de la procédure. Déjà dans la matinée, au cours de la messe d’actions de grâce, le bâtonnier Carlos Hercule avait lancé un appel solennel au membre de la profession, les invitants à ne pas se laisser corrompre par des clients souvent de mauvaise foi. Me. Hercule avait aussi insisté sur la nécessité pour chaque avocat de se comporter en bon citoyen en ses périodes d’émotions et de tensions électorales. « À l’occasion des prochaines élections, j’invite chaque avocat à ne soutenir aucune candidature qui ne soit pas digne », avait vigoureusement lancé le bâtonnier ovationné par les avocats, parents et amis présents en la circonstance. Ces 106 élèves-avocats accèdent à l’étape du serment après une période de formation d’environ six mois qui a surtout visé à leur inculquer les notions pratiques de l’exercice de profession d’avocat en Haïti. L’un d’eux a avoué au journal le National que la formation reçue lui a permis de mieux maitriser les méandres de la procédure ainsi que les règles déontologiques régissant la profession d’avocat. À partir de cette prestation de serment, les avocats-stagiaires sont habilités à plaider en matière pénale et seront appelés à participer au programme d’assistance légale conjointement géré par le Ministère de la Justice et le Barreau de Port-au-Prince, avec l’appui de la Minustah. CONSEILSPRATIQUES Comment faire légaliser l’extrait des Archives de son acte de naissance, d’adoption ou de mariage ? Il arrive souvent que dans le cadre d’un dossier d’immigration ou de demande de bourse, les bénéficiaires soient appelés à faire légaliser l’extrait des Archives de leur acte de naissance ou de leur acte de mariage. En de pareils cas, la procédure est simple et prend environ huit à quinze jours. Lesétapesàsuivresontlessuivantes: - Avec son matricule fiscal, réclamer à la DGI deux récépissés (à 102 gourdes chacun), l’un pour le ministère Justice et l’autre pour le ministère des Affaires étrangères; - Se rendre au Parquet du tribunal de première instance pour réclamer (gratuitement) la signature du commissaire du gouvernement ou de son substitut; - Déposer l’acte avec le récépissé (Justice) au Service de légalisation du ministère de laJustice; - Déposer l’acte avec le récépissé (MAE) au ministèredesAffairesétrangères Il est à noter que la légalisation peut ne pas être possible s’il y a erreur matérielle ouomissiondanslecontenudel’acte.Àce moment,ilfaudraunjugementrectificatif du tribunal de première instance. Ce jugement sera ensuite déposé aux Archives nationales qui délivreront dans huit jours un nouvel extrait incluant les correctionsexigéesparlejugement.
  • 14. Q ui n’a pas eu la mauvaise surprise en arrivant sur une plage de la côte sud, la mer des Caraïbes, de découvrir le sable couvert d’une masse brune de végétaux ? Des algues ! Emmenées par les vagues. Ces échouages massifs d’algues affectent l’environnement marin des littoraux, et en perturbent l’accès. La baignade n’est plus alors une partie de plaisir même pour les plus amoureux de la mer. Ces algues qui peuvent nuire à la circulation maritime portent un coup énorme à l’industrie touristique dans une région où les plages sont l’un des attraits principaux sans compter les conséquences non encore connues sur la santé des populations. Que sont les sargasses ? C’est une algue dont les frondes peuvent atteindre plusieurs mètres de long (jusqu’à 12 mètres pour certaines espèces tropicales). Elle peut être fixée au fond par un thalle dit « coriace », mais certaines sargasses vivent parfois de manière exclusivement flottante ; principalement dans la mer du même nom, dans l’océan Atlantique (la mer des sargasses). Il existe plusieurs dizaines d’espèces de sargasses, qui font toutes partie des fucales, algues qui - pour des raisons mal comprises- sont (pour la plupart des espèces) en forte et rapide régression depuis la fin du XXe siècle sur le littoral européen (et notamment en France). Mais on ignore l’évolution et l’état des populations libres de la mer des sargasses, qui pourraient aussi pâtir des nombreux déchets jetés en mer. Les sargasses, qu’elles soient dérivantes ou fixées à un substrat sont dans tous les cas maintenues en surface ou près de la surface par des flotteurs dits « aérocystes » (sphères remplies d’un gaz produit par l’algue). D’où viennent ces algues et pourquoi ce phénomène semble récurrent En 2011 la première explication évoquée était celle de leur provenance de la mer des Sargasses liée à l’éventualité de modification de courant à grande échelle ; cette supposition n’était basée que sur des hypothèses non vérifiées. Aujourd’hui des travaux récents et des suivis satellitaires montrent: 1-- Qu’il n’est pas possible de corréler l’arrivée de sargasses dans la zone caraïbes avec la mer des Sargasses ; 2-- Que les eaux de surface de la zone nord équatoriale de recirculation sont chaudes et relativement riches en nutriments (nitrate et phosphate), donc propices à un fort développement de sargasses. C’est dans cette zone que les algues sont observées depuis 2010 ; 3- Que ces nutriments proviennent du fleuve Congo (en Afrique), de l’Amazone, des upwellings équatoriaux (remontées d’eaux froides du fond) et des poussières de sables du Sahara riches en fer et phosphates ; 4- Que différents indices climatiques (températures, oscillations, courant) dans la zone en question ont montré des anomalies par rapport à la normale en 2010 mais pas depuis cette date. 5- Le caractère inhabituel de cet événement pourrait être associé à de plus grandes fluctuations de la dynamique des écosystèmes régionaux, notamment en lien avec le dérèglement climatique. Il est donc identifié qu’une nouvelle zone d’accumulation des sargasses est localisée au nord-est du Brésil ; cette zone que l’on pourrait qualifier de « petite mer des sargasses » constitue un réservoir d’algues. Au gré des courants et des saisons, cette masse d’algues pourrait se déplacer de l’est (Brésil) et remonter vers l’arc antillais. Ces sargasses sont transportées par le courant circulaire nord équatorial et suivent une boucle jusque dans le Golfe de Guinée, où des blooms peuvent se produire au contact des eaux riches des fleuves africains qui se déversent dans ce secteur. Par ailleurs lorsque les sargasses portées par le courant des caraïbes traversent la zone de l’Amazone, les fortes quantités de nutriments, transportées par ce fleuve, et rejetées en mer, « nourrissent » les algues qui se développent de manière exponentielle avant d’arriver sur nos côtes, acheminées par le courant des Antilles. Quelles conséquences et que faire Il est probable que ces échouages se poursuivent si les informations scientifiques récentes se confirment. Mais à ce jour aucune certitude n’est formulée. Les conséquences sont d’ordre sanitaire et biologique : Au niveau sanitaire : Le dégagement de gaz H2S, nocif à partir de certaines concentrations et durée d’exposition, doit limiter la présence des populations à proximité des tas d’algues lorsqu’ils sont à terre. Au niveau biologique : 1-Les conséquences biologiques concernent la faune et la flore marine situées à proximité immédiate de la côte ; la présence d’algues forme un écran et empêche la lumière de traverser la surface ; les coraux et herbiers sont alors menacés. 2- L’altération de la qualité de l’eau due à la décomposition des algues a des conséquences sur la faune et la flore, ceci peut aboutir à la mortalité observée de poissons proches du littoral affecté. 3- Enfin la couverture engendrée par les échouages empêche la ponte des tortues marines et rend difficile, voire impossible dans certains cas, l’émergence de bébés tortues sur les plages À l’échelle de chaque île, à ce jour, seul le ramassage répétitif peut être envisagé ; le principe étant d’empêcher ou de limiter la dégradation et dégagement de gaz ainsi que l’accumulation en mer de ces algues. Lorsque cela est possible, un étalement de ces algues en arrière plage sur des couches inférieures à 10 cm assure une dégradation naturelle et sans risque, grâce au soleil et à la chaleur. Quand cela n’est pas possible, reste la solution de récupération à l’aide d’outils adaptés Dans un second temps, l’utilisation de ces algues doit être étudiée à des fins de valorisation agricole (compostage) ; si l’algue brute n’est pas utilisable en l’état du fait de sa forte teneur en eau (80%) et donc de sel, rendant le transport très couteux, un séchage naturel avant valorisation est lui tout à fait envisageable à moindre coût. Cependant les quantités énormes d’algues échouées et les zones touchées parfois inaccessibles ne permettront pas de considérer que la valorisation constitue la seule solution à ce problème. Enfin, si la récupération des algues en mer peut être envisagée via des navires adaptés et seulement dans les zones calmes (lagons, port, fond de baie), la pose de système de rétention de type filet ou « barrage » en mer est impossible ; au-delà du coût énorme de telles installations, la puissance des amas d’algues liée aux courants constants détruirait rapidement ces équipements en mer. Vu la potentielle responsabilité de l’Amazone dans l’arrivée massives de nutriments favorisant la prolifération des sargasses les États de la caraïbe devraient se concerter pour faire face à ce problème menaçant leur économie. ENVIRONNEMENT 14 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 Les sargasses sont sur nos plages !Sources combinées SOCIÉTÉ Des algues sargasses envahissant les côtes de la Martinique . / Photo: 20minutes.fr
  • 15. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 15 Renforcement du cercle vicieux de la misère Par Stéphanie Balmir F arah ne semble jamais quitter son sourire. Cette jeune femme de 20 ans, habite avec sa mère et ses deux sœurs à Solino, un quartier défavorisé de l’aire métropolitaine. Elle a commencé à se prostituer à la mort de son père. Il y a quatre ans. Son souci : subvenir aux besoins de sa famille. « Je n’ai pas honte d’assurer la survie de ma famille. Je ne vais pas dans les boites de nuit mais je sors avec des hommes plus âgés que moi qui me paient », déclare Farah le plus naturellement du monde entre deux coups de téléphone. La majorité des jeunes filles qui sont dans le même cas que Farah, se font exploiter par des hommes plus âgés. Toutes, comme Farah, elles n’ont pas vraiment eu le choix. Elles doivent subvenir à leurs besoins fondamentaux et à ceux de leurs proches : manger, boire, se nourrir, se loger et parfois aller à l’école. L’école : Un lointain souvenir Pour Farah, la misère est la cause principale de l’exploitation sexuelle des enfants. En se tournant vers cette activité illicite, ces jeunes filles abandonnent l’école, souvent de manière définitive. Farah a lutté pour pouvoir passer son bac I. Elle n’a pas réussi à obtenir son diplôme. Elle avoue que l’école, c’est pour elle aujourd’hui un lointain souvenir. « Je n’y retournerai pas. Ma situation se compliquerait alors davantage. D’autant plus, en Haïti, la scolarisation est de plus en plus couteuse », affirme- t-elle avec ardeur. L’abandon scolaire conjugué au traumatisme psychologique et au danger physique lié à l’exploitation sexuelle des mineurs constituent un dangereux mélange qui gâche quasiment l’avenir de ces jeunes filles. De plus, ce phénomène a un impact direct sur l’estime que les victimes ont d’elles-mêmes. Farah, elle aussi, se sent inférieure aux amies de son âge. Elle a les yeux tristes et elle perd son éternel sourire, quand elle confie : « Parfois je regrette de ne pas pouvoir rentrer à l’université comme certaines de mes amies. Mais je n’ai même pas mon bac I. Je ne fais pas le poids dans la balance scolaire». Le plus grave dans ce problème, c’est que les parents sont impuissants, parfois même inconscients face aux souffrances endurées par leurs enfants. La mère de Farah interrogée sur les activités de sa fille, assure avec calme en souriant : « Elle nous donne à manger tous les jours. Parfois, c’est elle qui complète l’argent du loyer. Dans un pays où il n’y a pas de travail, c’est bien d’avoir une fille comme Farah qui peut aider. » Toutefois, elle finit par concéder que cette pratique n’a pas uniquement que des avantages. Elle déclare avoir perdu toute autorité sur sa fille qui vient juste de sortir de l’adolescence. « Elle sort souvent tard la nuit. Mais je ne peux pas l’en empêcher. Comment lui demander de ne pas sortir quand je sais que ses sorties apporteront le repas du lendemain ? » Des éternelles condamnées L’entourage de ces jeunes filles peut donc jouer un rôle prépondérant dans leur maintien en situation d’exploitation sexuelle. D’ailleurs, certains amis ou membres de leur famille, n’hésitent pas à les encourager à continuer sur cette voie. Ils sont persuadés que cette pratique constitue la meilleure solution pour qu’ils puissent s’échapper de la misère. Interrogée à ce sujet, la grande sœur de Farah, qui elle aussi se prostituait avant de tomber enceinte, abonde dans ce sens : « Quand on n’a pas fait d’études supérieures, on ne peut pas avoir d’emploi stable et rémunérateur. Un emploi selon notre niveau d’étude ne nous permettra pas de subvenir à nos besoins ». Pour elle, rentrer dans ce monde signifie y être condamné pour toujours. « Le nombre de filles qui s’en sortent est minime. Certaines se marient mais d’autres se font engrosser. En tous cas, les jeunes filles qui retournent à l’école sont très rares », a-t-elle fait savoir. L’exploitation sexuelle des enfants renforce le cercle vicieux de la misère. Ces jeunes filles qui délaissent l’école ou qui n’ont pas la possibilité de poursuivre leurs études sont condamnées à reproduire le schéma classique de la pauvreté. Seule solution précaire, elles peuvent tenter de faire un enfant à un client qui pourrait les sortir de cette situation. Or, le plus souvent, ces grossesses empirent leur quotidien. La sœur de Farah témoigne : « Une grossesse est rarement la solution. Cela augmente la misère. Ce n’est pas tous les hommes qui s’occupent de leurs enfants. Des filles qui pensent avoir été ainsi sauvées, doivent ensuite retourner dans les rues pour pouvoir nourrir leurs enfants». Farah a maintenant totalement perdu son sourire de façade. Elle finit par partager son inquiétude face à sa situation. Elle pense que des mesures doivent être prises pour éviter aux adolescentes de se livrer à la prostitution. « Parfois j’ai peur. Il y a des hommes méchants et je ne veux pas attraper une maladie sexuellement transmissible. Il faut qu’il y ait des gens responsables qui se mobilisent pour empêcher que des filles comme moi, ou encore moins âgées que moi, soient obliger de se prostituer », dit-elle, avant que son téléphone ne sonne de nouveau et qu’elle retrouve automatiquement son sourire. SOCIÉTÉ HAÏTI/PROSTITUTIONINFANTILE L’exploitation sexuelle des enfants constitue l’une des pires formes de travail des enfants selon l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ce phénomène, dramatique pour le développement psychologique et physique des enfants, possède plusieurs visages en Haïti. Farah (nom d’emprunt pour garantir sa protection) a commencé à se prostituer à l’âge de 16 ans. Depuis quatre ans, elle vend son corps quotidiennement pour assurer la survie de sa famille. Un membre de la Croix-Rouge désinfectant les abords d’une zone d’infection potentielle à Ebola, en Guinée. / Photo Reuters Ebola progresse de nouveau en Sierra Leone et en Guinée La propagation du virus Ebola est à nouveau en hausse en Guinée et en Sierra Leone, avec 35 nouveaux cas sur la semaine écoulée, soit quatre fois plus que la semaine précédente, a déclaré mardi un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces chiffres, a déclaré Bruce Ayl- ward, représentant spécial de l’OMS chargé de la maladie, sont là pour rappeler que « ce virus ne disparaîtra pas comme cela et qu’il faudra un effort extraordinaire » pour en finir avec l’épidémie en cours depuis un an et demi. « Avec le début de la saison des pluies, il sera beaucoup plus dif- ficile de redoubler d’efforts, mais ce sera d’autant plus important », a-t-il dit. Les 35 nouveaux cas recensés la semaine dernière concernent six districts de Guinée et de Sierra Leone, et c’est surtout la Guinée qui est touchée. Le Liberia, troisième pays d’Afrique de l’Ouest touché par la maladie, est officiellement sorti du risque épidémique au début du mois au terme de 42 jours sans nouveaux cas déclarés, soit deux fois la période maximum d’incubation du virus. Sources : Reuters
  • 16. 16 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015
  • 17. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 17 CULTURE Et le texte se fit Lobo par Carl-Henry Pierre « Il avait une voix terrible, une belle voix. Il appelait tous ses amis, tous ceux qu’il aimait n’importe quand, de n’importe où, sur un mode familier, pour un bonjour, une poignée de mains, une embrassade. Et c’était touchant. » (Syto Cavé). Qu’est-ce donc ce mode familier ? « Ewa ! Kouman ou ye la ?» N é Karl Marcel Casséus, en 1962, Lobo (car c’est de lui qu’il s’agit) a une sœur jumelle, Ruth Myrtho Casséus.. Le comédien Lobo, homme de silence et d’amour, n’a pas tou- jours été bon enfant. C’était aussi, comme on dit, « un homme de refus, de colère, de coup de sang ». Il s’était indigné face à la situ- ation déplorable de ses frères et sœurs haïtiens vivant dans les bateys de la République dominic- aine. Face à leur malheur au quo- tidien. Leur enfer. Pierre-Richard Narcisse, dans le texte « Tout kann » (dit si bien par Lobo) du recueil « Dèy ak lespwa, 1979 » y fait aussi référence. Lobo était poète, si c’est avec la voix qu’on écrit. Le dyabavadra, membre fonda- teur de la troupe Hervé Denis, s’était aussi indigné contre ceux qui disaient qu’il n’y a pas une pensée en Haïti. L’homme de rue qu’il était plaidait en faveur d’un bilinguisme équilibré. Il voulait que la langue créole ne soit pas considérée comme inferieure au français. Pour lui, ce n’est qu’un faux débat. S’il y a deux langues en Haïti, elles se doivent d’être parlées et écrites au même degré. Pour Lobo, il n’y a pas une langue noire et une langue blanche. Une idée noire et une idée blanche. Il était aussi nécessaire pour lui que la littérature circule et sorte de l’espace du livre, du carcan élitiste où elle est parfois engluée, pour retrouver l’autre afin qu’elle soit faite par tous et pour tous. Et la poésie que Lobo aimait était celle de l’amour, du défi, de la tendres- se partagée, celle du cri du cœur contre l’inacceptable. Les textes que dit Lobo sont car- rément des textes réécrits. La voix de cet acteur hors norme était surprenante. Exceptionnelle. Que serait-il sans elle ? Le diseur ajoute quelquefois un vers et ôte parfois un autre ; qu’on lise et écoute le texte « Kannaval » de Georges Cas- tera. C’est parfois un mot, le cas du poème « Elle était venue d’aube et lointaine » d’Erma Saint-Grégoire. Le diseur Lobo ajoute parfois un « adyewidan » ou un « manman ». Et le texte se réinvente. Après sa mort à Paris en 1997, ses amis ont fait paraître en version audio et papier certains textes qu’il avait réécrits avec sa voix, sous le titre « Et le texte se fit Lobo, Lobo tounen pawòl ». Son ami, le célèbre écrivain Lyonel Trouillot, a puisé dans la source de Lobo pour créer Pedro, le per- sonnage principal de son roman « Parabole du failli, 2013 ». Un geste d’amour. Entre paroles et musiques, l’âme de l’immortel Lobo repose en paix. La vie de Lobo Ewa était un poème. Un poème écrit nulle part et par- tout, sur toute la mémoire de sa génération. Et par ses œuvres, il habitera toujours la terre des hommes et la tête de plusieurs générations. EWA LOBO!!! Nous sommes de la culture Jamais,ilnousaétédonnédecomprendreparnous-mêmecettemasse qu’estleréel.Notreregardsurlavie,noscomportementsetnotrefaçonde nousajouteraudéjà-làsontsurdéterminésparnotreenculturation.Nous fabriquonsduculturelpourapprivoisernotreunivers,mettreunsenssur l’existantetdonnerunetensionànotreconditionhumaine.Endehorsdecet exercice,l’humanitépérit;nousnepouvonsdévelopperderapportsavecla natureautrementqu’enagissantsurelle,qu’enfaisantd’elleunterritoire oùnotreinventivité,notrebesoindesensetd’éternitéarriventàfoisonner. Hannah Arendt ne nous disait-elle pas déjà que la cité est finalement périssable;sasurvienedépendquedenous;lacultureestdanscettelutte del’hommepournepassombrerdanslenéantunesoupapedesureté,elle estcedispositifquinouspermetdedureretdesauverl’expériencehumaine. LarubriqueculturelleduquotidienLENATIONALsèmeradel’encresur touteslesalléesetlescontre-alléesdelaculturehaïtienneetdelaculture- monde.Votrepageculturelleseratrèsaniméedepetiteschroniquespar-ci etparlà.Vouslirezavecentrainl’actualitéculturelled’Haïtietd’ailleurs. Sans à-peu-près, sans préjugés et sans ambages, nous aborderons tout cequifondel’identitéhaïtienne.Nouspensons,unpeuàlasuitedeRené Char,quenotrehéritagen’estprécédéd’aucuntestament;c’estsansaucune gênequenousdironsHaïtidanssescroyances,salittérature,samusique, sapeinture,sa morale,sonidiosyncrasie. Sur les pages culturelles de ce journal, une forte place sera faite à celles-là et à ceux-là qui, en silence, se lancent dans de belles pratiques associatives qui permettent au collectif haïtien de se reconnaitre dans un socle commun de valeurs et de tendre, par une belle énergie, vers le bonheuretl’immortalité. Nesoyonsbonsqu’àça,qu’àfairedelacultureuneécriturerichede toutes les belles choses du monde, faisons du journalisme culturel une ambiancequidira:ilétaitunefoisdesfemmesetdeshommes. Dangelo Néard
  • 18. 18 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 Pour se rappeler qu'en 1915, les États-Unis avaient envahi le territoire haïtienepar Dangelo Néard C e colloque est l’initiative du Centre interuniversitaire d’études et de recherches sur le changement social en Haïti (CIERCSH). Des partenaires comme la Bibliothèque nationale d’Haïti, l’Université d’État d’Haïti, Haïti Monde, l’Agence universitaire de la francophonie, l’Office national d’assurance et le ministère de l’Éducation nationale d’Haïti se sont donné la main pour que ce colloque ait lieu dans les meilleures conditions. Ce colloque compte saisir et présenter l’occupation américaine d’Haïti sous trois angles : d’abord en saisissant la pensée qui est à sa base, puis en analysant les réponses des occupés à l’invasion et en dernier lieu en formulant une réflexion sur la décolonisation. Les problèmes liés à la constitution d’une mémoire de l’occupation La présentation du professeur Dubois a permis de comprendre essentiellement deux choses : l’inégalité entre chercheurs haïtiens et étrangers dans l’accès à la mémoire de l’occupation et l’occultation de l’occupation américaine d’Haïti dans la mémoire du peuple américain. Les données et traces historiques de l’occupation sont à Washington, dans les archives des Marines. Et très peu de chercheurs haïtiens ont accès à ce lieu de mémoire. Cela fait, pour reprendre le professeur Dubois, que l’intelligentsia haïtienne manque de données quand elle traite la problématique de l’occupation américaine. D’un autre côté, aux États-Unis, le citoyen lambda, le gros du peuple américain, ne connaissent rien au fait que leur pays avait, pendant dix-neuf ans, occupé l’espace d’un autre pays, le privant carrément de son droit à l’auto-détermination. Cette occultation de la mémoire, ce déficit de communication historique autour de l’occupation fait clairement le jeu de la politique impérialiste des États-Unis. Bien avant 1915, les États-Unis pensaient à l’occupation d’Haïti La présentation du professeur Laurent Dubois a jeté des lumières sur les mobiles économiques de l’occupation. En effet, nous sommes au début du XXe siècle, à l’ère de la vapeur. Il faut du charbon aux puissances économiques montantes pour faire tourner leurs machines. Dans un contexte où la présence impérialiste européenne s’affaiblissait dans la Caraïbe (notamment à cause de la Première Guerre mondiale), les États-Unis, déjà depuis Monroe, pensaient à faire des États de la Caraïbe leur arrière-cour, leurs fournisseurs de matières premières. C’est dans ce contexte que l’impérialisme aveugle américain a envahi Haïti, la République dominicaine, Guantanamo, le Nicaragua, le Panama et plein d’autres États indépendants. Les crimes de l’occupation américaine d’Haïti Les Haïtiens ne se sont pas laissé faire. Très tôt, des voix se sont élevées contre l’occupation. Mais le Département d’État américain a mobilisé toute la violence dont elle était capable pour étouffer ces voix, pour assassiner tous ceux qui contestaient les principes d’exploitation et de domination portés par l’occupation. Les informations fournies par la commission d’investigation sur la brutalité de l’occupation ont fait savoir que c’est en Haïti (entre 1921 et 1922) que les États- Unis ont effectué leurs premiers bombardements aériens sur des civils. En substance, la présentation du professeur Dubois aura permis de comprendre que l’expérience globale de l’occupation américaine n’a fait que mettre Haïti sur ses genoux en ouvrant son économie au néolibéralisme et en traumatisant son peuple. Jusqu’au 22 mai, toute la journée, des conférences auront lieu dans le cadre de ce colloque à la Bibliothèque nationale d’Haïti. Des invités comme Léon François Hoffman et Yves Chemla auront notamment à prendre la parole. Souhaitons que cette année, en juillet 2015, date de la triste commémoration du débarquement des Marines américains en Haïti, on n’aura pas de carnaval au Champ de Mars, mais des manifestations, du même type que ce colloque, qui permettront au peuple haïtien de s’approprier son histoire et de prendre la route de l’avenir en toute sérénité. CULTURE Du 18 au 22 mai 2015 a lieu, à la Bibliothèque nationale d’Haïti et à l’école doctorale de l’Université d’État d’Haïti, un colloque international ayant pour thème : « Regards croisés sur la première occupation américaine d’Haïti ». Occasion de regarder avec intelligence et recul le lourd héritage de cet épisode dans l’histoire des deux peuples. Professeur Laurent Dubois
  • 19. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 19 CULTURE L achanteusehaïtienneDarline Desca poursuit sa route et compte la prendre « à plein temps », comme l’indique son premier opus sorti en juin 2013. Avec sa voix limpide et clair, cette fille qui, dès son jeune âge s’intéresse à la musique, décide de faire carrière dans le jazz. Avec l’aide de son impresario, cela com- mence à donner des résultats. Le 22 mai, la chanteuse Darline Desca sera en concert au Lamentin jazz festival qui a lieu à la Mar- tinique. Une bonne note pour la musique haïtienne et ce jeune espoir qui assure déjà la relève. Sur son premier opus, nous avons retrouvé la collaboration d’excellents musiciens tels Fab- rice Rouzier, Keke Bélizaire, Wooly Saint-Louis Jean, Boulot Valcourt, Alex Jacquemin et le poète Syto Cavé, auteur du texte « M’anvi ». Des médias comme Global News, RFI, Reggae.fr et autres lui ont con- sacré des reportages. Elle a offert des prestations aux États-Unis, à Cuba, en Guadeloupe, en Marti- nique, en République dominicaine et dans d’autres pays de la région. Elle s’est affirmée et fait preuve d’une envie sans bornes de rester une artiste à plein temps. En 2014, Darline Desca a été applaudei au Festival de jazz de Port-au-Prince. C’était pour elle une bonne et grande expérience avant de s’affirmer sur la scène internationale, selon un respon- sable de son staff. En juin 2014, elle s’était fait remar- quer au festival Cubadisco et avait dignement représenté Haïti à la Martinique en 2013, au concours « All for one Caribbean », où elle a décroché la troisième place. Elle a participé au « Creole festival » de la Dominique où elle a terminé à la cinquième place. Sur son album « À plein temps » et dans son répertoire, elle ne nous offre pas seulement du jazz. On y trouve du raboday, des rythmes haïtiens, du reggae et du blues. Sa musique est parfaite et sa voix chargée de merveilles. Et à son retour du festival de Lamentin, elle est invitée à un concert du chanteur compositeur musicien Dadou Pasquet au Para- dox, le samedi 30 mai, à l’occasion de la fête des Mères. Comme vous le voyez, Darline ne chôme pas. Elle avance « À plein temps. » Darline Desca au festival de jazz de Lamentin par Walcam
  • 20. 20 | N0 3 VENDREDI 22 MAI 2015 CULTURE L e samedi 16 mai, la méga star Beyoncé, engagée avec son association caritative « BeyGood », a effectué une visite de quelques heures en Haïti passée presque inaperçue. La chanteuse américaine a été invi- tée par les Nations unies pour une visite humanitaire et pendant envi- ron deux heures qu’elle a passé à Port-au-Prince, Beyoncé a visité un camp de réfugiés suite au séisme du 12 janvier 2010, des projets de structures privés et d’autres du gouvernement haïtien. Elle s’est rendue au camp Mega 4, situé à Caradeux, à l’hôpital Nos petits frères et sœurs et a visité le projet résidentiel du morne Laz- arre réalisé par le gouvernement haïtien. Elle a distribué de l’eau, de la nourriture et des produits médi- caux durant sa courte visite. Un engagement plus personnel que professionnel. Selon l’ingénieur Clément « Keke » Bélizaire, la chanteuse, qui parait avoir une éducation bien con- struite, a écouté attentivement les doléances des personnes visi- tées et a promis de jouer son rôle d’ambassadrice de bonne volonté afin de changer la vie sociale de la population». Visite impromptue de la chanteuse Beyoncé en Haïti par Walcam
  • 21. L e 20 mai, au parc Saint-Vic- tor, lors de la 15e journée, l’Association sportive capoise (ASC) a confirmé son regain de forme en battant sur le strict minimum l’América des Cayes (1-0), grâce à un pénalty de Jacqueson Jean pendant les arrêts de jeu. Le même jour, l’Inter de Grand-Goâve a stoppé son hémor- ragie en gagnant son duel (2-1) face à Ouanaminthe. Les deux buts grand- goâviens ont été inscrits par Vladi- mir Raymond, tandis que Peterson Auguste a marqué pour Ouanaminthe. Au stade Sylvio Cator, l’Aigle noir et le Cavaly de Léoâgne se sont séparés sur le score vierge (0-0). Au moment où nous mettions sous presse, ce jeudi 21 mai, six rencontres se disputaient afin de boucler la 15e journée. Mais la 17e journée s’étalera sur trois jours. Deux rencontres seront disputées ce samedi 23. Six autres sont prévues pour le dimanche 24. La dernière aura lieu le lundi 25 afin de boucler la journée. Ce samedi, au parc Michelet Des- tinobles, le Tempête de Saint- Marc –interdit de recevoir au parc Levelt suite à l’agression perpétrée par ses fans sur l’arbitre Walner Laventure lors de la 13e journée – aura fort à faire en recevant l’América des Cayes, leader de la compétition. Suite à la défaite essuyée face aux Capois (0-1), les Cayens seront- ils en mesure de renouer avec la victoire ? Au stade Sylvio Cator, la Police nationale d’Haïti rencontrera le Roulado de La Gonâve dans un affrontement considéré comme le « duel des promus ». Le lendemain, soit diman- che, l’Inter de Grand-Goâve va essayer de confirmer son récent succès en affrontant le Cavaly de Léogâne qui reste sur un piteux match nul (0-0) face à l’Aigle noir qui devra boucler la 17e journée lundi soir au stade Sylvio Cator face à l’Association sportive de Mirebalais (ASM.) Toujours dimanche, au parc Hen- drick de Four-à-Chaud, le Valen- cia de Léogâne aura sur sa route l’Association sportive capoise (ASC) qui, depuis cinq matches, n’a jamais connu de défaite. Au parc Saint-Joseph, l’US Lajeune se mesurera avec le Racine de Gros-Morne. Le Racing football club des Gona- ïves, de son côté, attendra de pied ferme, au parc Vincent, le Violette AC qui vient de célébrer le 15 mai écoulé son 97e anniversaire. Le Football interclub association (Fica) jouera face à Ouanaminthe au parc Saint-Victor. Le Racing club haïtien et le Baltimore de Saint-Marc s’affronteront dans le cadre du match choc de la 17e journée, au stade Sylvio Cator. À cause de la participation du Don Bosco de Pétion-Ville à la Ligue des Champions de la Concacaf, la Commission d’organisation du championnat haïtien de foot- ball professionnel a décidé de reporter le match Petit-Goâve/ Don Bosco à une date ultérieure. À deux journées de la fin de la série ouverture, l’équipe pétion- villoise compte quatre matches en retard. Si ceux-ci ne se jouent pas avant les deux dernières journées, il sera impossible de déterminer les quatre meilleures formations pour les play-offs. Un tournoi qui accouchera du cham- pion de la série ouverture pour la saison 2015. VENDREDI 22 MAI 2015 N0 3 | 21 La ceinture restera en Haïti, promet Évens Pierrepar Kenson Désir C e vendredi 22 mai, au Karibe Convention Center, plus- ieurs combats sont program- més mais deux retiendront l’attention des amants de ce noble art. Dans la catégorie WBA Fedela- tin Light Weight, Évens Pierre, le fils du Cité Soleil, défendra sa ceinture face au Mexicain Jésus Cruz Bibiano en 11 rounds et en WBA Fedelatin Light-Heavyweight, le champion haï- tien Azea Augustama croisera le gant avec le boxeur Dominicain Eduardo Mercedes toujours en 11 rounds. Le 20 mai, lors de la présenta- tion des boxeurs, Évens Pierre a déclaré qu’il est très confiant quant à sa victoire face au boxeur mexicain. « Depuis trois mois, je prépare ce combat parce que mon rêve est de conserver ma ceinture de champion. D’ailleurs, je le dis et je le répète personne ne viendra m’enlever ma ceinture dans mon pays natal », a fait savoir le fils de Cité Soleil, champion du WBA Fedelatin des poids-légers. Son adversaire, le Mexicain Jésus Cruz Bibiano, a de son côté déclaré : « Je vais aborder ce combat avec calme et séré- nité. J’invite le public à faire le déplacement pour assister à ce choc parce que nous comptons offrir un bon spectacle ». Répondant à une question concer- nant le combat, le Mexicain a fait savoir qu’il se sent à la hauteur malgré l’expérience et les qualités d’Évens. « Je n’ai qu’un objectif, c’est le battre et lui prendre sa ceinture même s’il est chez lui ». Azea Augustama, de son côté, s’est dit heureux de pouvoir boxer dans son pays tout en informant qu’il va tout donner pour conserver sa ceinture. Pour lui, la présence du public sera un élément moti- vant. C’est pourquoi il encourage tous les fans de la boxe à faire le déplacement pour l’encourager face à son rival dominicain, Edu- ardo Mercedes. Pour sa part, Jacques Deschamps Fils, le promoteur de cette soirée de boxe a signalé que tout est fin prêt. « C’est une soirée à ne pas rater », dit-il. À part ces deux combats, les amants de ce noble art auront l’occasion d’assister à trois autres combats professionnels. Raphael Larose se mesurera avec Carlos Pena de la République dominic- aine en 8 rounds ; Franky Gédéon, venant directement des États-Unis affrontera David Martinez en 6 rounds et un duel 100% domini- cain entre Aneudy Mesa et Juan Carlos Pena. En lever de rideau de la soirée « Retour des guerriers » les amants assisteront à des combats ama- teurs avec six boxeurs en 60, 64, 69, 72, 80 et 81 kgs. Évens Pierre et Jésus Cruz Bibiano photo souvenir. /Photo: Ruben Chéry SPORT Le Jour J arrive ! Évens Pierre et Azea Augustama défendront ce 22 mai au Karibe Convention Center leur ceinture de champion lors de la grande soirée dénommée « Retour des Guerriers ». BOXE/RETOURDESGUERRIERS RCH-Baltimore : affiche phare de la 17e journée par Gérald Bordes CHAMPIONNATNATIONALDED1 Une phase de jeu la rencontre Aigle noir - Cavaly. Photo Ruben Chéry