Il est urgent aujourd'hui de prendre en compte la responsabilité humaine dans la crise environnementale et de replacer l'humain comme faisant intégralement partie de son écosystème. Et pour ce faire, d'interroger et de transformer notre système pour tendre vers une économie de post-croissance respectant structurellement les limites planétaires.
Comment s'engager, en tant qu’entrepreneur au sens large, sur le chemin de la post-croissance ? Innovation technologique, économie circulaire, comptabilité écologique, nouveaux modèles d'affaires … : quels sont les outils d'action et de mesure dont nous disposons déjà, et lesquels restent à développer ?
Christian Arnsperger est professeur en durabilité et anthropologie économique à l’Université de Lausanne (Suisse) et auteur du concept de « permacircularité ». Bernard Surlemont enseigne l’entrepreneuriat à HEC-Liège et accompagne de nombreux candidats-entrepreneurs, notamment dans la définition de la « raison d’être » de leur entreprise.
Interpellés tous deux sur le sens que peut avoir la notion même d’« entreprendre » dans la société d'aujourd’hui, ils croiseront leurs regards à l'échelle micro et macro et questionneront le rôle des différents acteurs (citoyens, politiques, entreprises) dans l'objectif d'atteindre une économie soutenable. Ils discuteront également de certains leviers permettant de convertir les activités d'aujourd'hui dans la perspective de cette nouvelle économie.
Les échanges seront animés par Sybille Mertens, Économiste et Professeure d'économie sociale à HEC-Liège.
La « ville-territoire » comme laboratoire d'innovation
L'entrepreneuriat au service de la post-croissance ?
1. Mardi, 30 mai 2023
L'entrepreneuriat au service de la post-croissance ?
Bernard Surlemont, Professeur d'entrepreneuriat (HEC Liège, ULiège)
Christian Arnsperger, Professeur en durabilité et anthropologie
économique (Université de Lausanne)
3. Phase de décroissance
État de post-
croissance
DONUT
« … il n’y a pas moyen de déterminer ce qui arrivera à la
valeur totale des produits et services achetés et vendus
dans une économie. Il se peut qu’elle augmente puis
diminue. Ou bien qu’elle oscille autour d’un chiffre régulier.
Nous ne pouvons tout simplement pas savoir comment
réagira et évoluera le PIB lors de la transition inédite vers
l’espace juste et sûr du Donut, ni comment il se comportera
une fois que nous nous épanouirons à cet endroit. » (p. 358)
1
5. Instruments de
« permacircularisation »
Empreinte
écologique
autorisée
Temps
E0
t*
À tout moment t :
• Comment puis-je
justifier que je ne
respecte pas la
norme E(t) ?
• Quels modes de vie
ou modèles
d’affaires sont les
mieux adaptés aux
circonstances
exprimées par
E(t) ?
t
E(t)
• Comptabilité écologique intégrale
• Modèles d’affaires « orientés vers la suffisance »
• Revenu de soutien aux innovations (RTE)
• « TEA » : Taxe sur l’empreinte ajoutée
• Création monétaire arrimée aux limites
planétaires
• « Comptes ressourciels » remplaçant, à terme,
les comptes en monnaie
3
6. Permacircularité et innovation
Temps
MNA CV
ESS
EXP
CV
ESS
EXP
EXP ESS
CV
ESS
EXP
Empreinte
écologique
autorisée
1.0
3.0
• Éthique pluraliste du dissensus et du « bricolage »
• Expérimentalisme démocraJque
• Système de normes, règles et incitaJons qui pousse
les citoyen⋅ne⋅s à innover au fil du temps pour
s’adapter aux circonstances évoluJves de la
permacircularité
4
7. Qu’est-ce qu’une entreprise
orientée vers la suffisance ?
• La suffisance au niveau de l’économie globale ne peut être
garantie par aucune entreprise individuelle
• L’efficacité et la circularité sont compatibles avec la suffisance –
elles sont nécessaires, mais pas … suffisantes : « Ce qui est
déterminant pour la suffisance, c’est l’application de l’efficacité
et de la circularité en vue d’un objectif clair – la réduction de
l’empreinte globale et des flux globaux d’énergie et de matières.
L’enjeu principal est de ne pas exploiter, voire d’éliminer, les
effets-rebond » (p. 30)
8. • Question clé d’une éthique d’entreprise orientée vers la suffisance :
Si tout le monde se comportait comme nous, à combien se monterait
l’empreinte d’ensemble de notre secteur, voire de l’économie globale ?
• Principe clé d’une gestion d’entreprise orientée vers la suffisance :
Nous concevons notre modèle d’affaires de telle manière que, si tout
le monde se comportait comme nous, l’empreinte d’ensemble de
notre secteur, voire de l’économie globale, serait d’une seule planète
• Dimension clé d’un modèle d’affaires orienté vers la suffisance :
Nous évitons délibérément les effets-rebond, donc de certains
éléments de maximisation de notre bénéfice, et nous allons même
jusqu’à les empêcher à Suffisance en termes de bénéfice +
« advocacy » politique
9
9. Orientation vers la suffisance
1
planète
Bénéfice maximal de suffisance
Produc3on maximale de suffisance
Possible d’être et rester
économiquement viable ? Abandon
de l’activité
NON
Ac3vité orientée
vers la suffisance
O
U
I
Hypothèses sur la manière
dont vont se comporter
« les autres »
Engagement écologique
« Autolimita3on intelligente »
Vigilance critique
constante
10