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Sahara Green
     Comment la coopération transméditerranéenne durable et l’énergie
solaire du Sahara apporteront bien-être, paix et prospérité en Méditerranée …




       Sahara Green
              	
  




Les Voies de l’Economie Verte en Méditerranée
                     Cas de l’Energie Solaire


                        Nasser Hadroug
Sahara Green                     2




               OMDD EDITIONS
                Réédition 2011
Sahara Green                                             3



    SAHARA GREEN
      LES VOIES DE L’ECONOMIE VERTE EN MEDITERRANEE
                                 OU

     COMMENT LA COOPERATION TRANSMEDITERRANEENNE
   DURABLE ET L’ENERGIE SOLAIRE DU SAHARA APPORTERONT

      BIEN-ETRE, PAIX ET PROSPERITE EN MEDITERRANEE …




           Dr HADROUG Nasser
               http://fr.linkedin.com/in/nasserhadroug

       Président de l’Observatoire Méditerranéen du
     Développement Durable. Directeur de programmes :
        SaharaGreen, RoboticaGreen, Euromed GEI


   OMDD EDITIONS
Sahara Green                                                      4




   « J’utiliserai le sable du désert pour produire des cellules
   solaires afin de générer une énorme quantité d’électricité et
   transformer ainsi le désert en paradis »


                   Hassan Kamel Al-Sabbah, 1928.
       Chercheur chez General Electric, Inventeur des cellules
                           photovoltaïques.




   « Le Sahara reçoit une énorme quantité d’énergie solaire, que
   nous pouvons utiliser pour initier une économie plus
   respectueuse    de   l’environnement       méditerranéen.   Cette
   fabuleuse quantité d’énergie propre permettra de dessaler
   massivement l’eau de mer, afin de reverdir le Sahara. Si cette
   initiative est reprise dans plusieurs endroits de notre planète,
   cela permettra également de freiner la montée des eaux ».


                        Nasser Hadroug, 2002.
      Dr-Ing, MBA. Sustainable Program Director. Président de
                             SaharaGreen
Sahara Green                                                                              5

                                     SYNTHESE


   Depuis le début de ce millénaire, les dépêches se bousculent à
   une vitesse étourdissante. Tempêtes géantes, pollutions,
   conflits, crise des matières premières, crise économique,
   catastrophes humanitaires, incompréhensions Nord-Sud ; il
   semble irréel que toutes ces catastrophes à répétitions aient un
   dénominateur commun, et pourtant il est probable que la plupart
   auraient une ampleur bien moindre si les principes du
   Développement Durable étaient respectés, si les effets
   anthropiques était plus canalisés, et si toutes les parties
   prenantes étaient prises en compte dans la course effrénée à la
   mondialisation.


   La mise à l’écart des classes sociales les plus défavorisées a
   participé à la formation du terreau sur lequel ont pu se
   développer le terrorisme, les guerres civiles, et les récentes
   émeutes, du sud de la Méditerranée à l’Angleterre1.


   Notre boulimie d’énergies fossiles est un des facteurs
   principaux de l’effet anthropique. En quelques mois, il y a eu la
   catastrophe de l’or noir au large des Etats-Unis, la catastrophe




   1
       DANIEL J.M., professeur d'économie à l'ESCP Europe,

       http://www.latribune.fr/opinions/20110216trib000601638/revoltes-frumentaires-et-

       printemps-arabe.html, 2011
Sahara Green                                                                        6

   nucléaire au Japon, et l’envolée des prix de l’énergie et des
   matières premières.


   La mondialisation de l’économie par la financiarisation à
   l’extrême, a précipité le monde dans la plus grave crise
   économique depuis 1929. Depuis la crise des «subprimes» qui a
   éclaté aux USA en Aout 2007, la confiance s’est effondrée,
   entrainant dans le feu des critiques les hypothèses d’ «efficience
   du marché» et d’ «anticipation rationnelle» (donnant raison en
   partie au Keynésianisme)2.


   Et il n’est plus à démontrer l’effet anthropique sur le
   changement climatique et la désertification, entrainant par
   ricochet les migrations forcées.


   Ces sujets qui font la une de l’actualité sont l’expression
   d’enjeux globaux, et nous questionnent sur les politiques de
   développement durable à mener à l’échelle mondiale et
   territoriale. Ils montrent la nécessité d’une implication réelle et
   durable des états développés dans la mise en place d’une
   régulation mondiale soutenable et la mise en place de
   programmes de coopération Nord-Sud durable.




   2
       BLINDER A. S., Professor of Economics at Princeton University, « Keynesian

       Economics », <http://www.econlib.org/library/Enc/KeynesianEconomics.html>, 2011
Sahara Green                                                         7

   Abordés dans l’Agenda 21, ces sujets complexes nécessitent
   une réflexion et une législation au niveau global mais doivent
   également être traités sous l’angle territorial. Afin d’aider à la
   réflexion globale, il est nécessaire comme pour toute analyse, de
   choisir un terrain d’expérimentation. Ce livre s’inscrit dans cette
   perspective en s’intéressant au cadre géographique «espace
   méditerranéen». Car la Méditerranée, compte tenu de ses
   asymétries sur les plans économique, environnemental, et
   social, constitue un véritable laboratoire régional d’innovation,
   d’expérimentation,     et   de      coopération   en   matière   de
   développement durable (DD).


   Le bassin méditerranéen, zone d’échanges et de tensions entre
   trois continents, représente un ensemble économique cohérent,
   une «économie monde» tel que le décrivait Fernand Braudel.
   Mais contrairement à sa description3, la Méditerranée n’est pas
   un «lac occidental» et le Sahara n’est pas la «contre
   Méditerranée».
   Le bassin méditerranéen est une région ouverte sur le monde où
   se côtoient des espaces géopolitiques divers, porteurs de valeurs
   et d’intérêts souvent différents.
   Le Sahara, séparant le Maghreb de l’Afrique sub-saharienne,
   fait apparaître le nord de l’Afrique comme une ile entourée de


   3
       LIAUZU, C., « La méditerranée selon Fernand Braudel », Revues
   plurielles, Confluences Méditerranée - N°31, Paris, automne 1999, p.
   186
Sahara Green                                                       8

   deux mers : la mer Méditerranée et la mer de sable. Cette vaste
   zone désertique, malgré ses apparences, comporte bien des
   atouts qui peuvent être mis au service du bassin méditerranéen,
   tel que son gigantesque potentiel d’énergie solaire.
   La Méditerranée dispose quant à elle, d’atouts incontestables et
   offre des opportunités réelles de développement, grâce
   notamment à la coopération transméditerranéenne énergétique.
   La récession nous offre une rare opportunité d’effectuer de tels
   investissements, car les gouvernements étant conduits à
   dépenser davantage pour stimuler l’économie, ils peuvent tout
   aussi bien le faire en affectant certaines dépenses à des projets
   «verts».


   Mais les enjeux financiers sont si énormes qu’ils peuvent attiser
   bien des convoitises et emmener les marchés financiers vers ce
   qu’on pourrait appeler une «bulle verte». A titre d’exemple, la
   chine a alloué 40 % de son plan de relance (586 milliards USD)
   à des projets verts, la transformant en premier marché mondial
   des énergies renouvelables, alors que Citigroup estime que faute
   d’interconnexions, 30% des centrales éoliennes chinoises
   n’étaient pas en service en 2009. Cela illustre la nécessité d’une
   stratégie de développement durable pour baliser tout chemin
   menant à une «économie verte».


   L’UE a ainsi lancé sa stratégie pour une croissance verte.
   Encore      faut-il   une institution forte pour mettre en place
Sahara Green                                                      9

   une politique qui viserait à stimuler l’éco-innovation au service
   de la coopération transméditerranéenne tout en abordant les
   questions clés de la transition vers une économie verte, comme
   l’emploi, les compétences, l’investissement, la fiscalité, les
   échanges, le développement.


   L’Union Pour la Méditerranée (UfM), a bien été créée dans
   cette optique, mais tourne au ralenti. Cette institution, appelée
   aujourd’hui «Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée», était
   censée être centrale, puisqu’elle regroupe l’Union Européenne
   (UE) et 15 pays de l’Adriatique et de la Méditerranée. Devant
   les difficultés rencontrées, ces pays se sont mis d’accord pour
   une institution légère, ce qui ne facilite guère la mise en œuvre
   d’une politique de développement durable dans un espace aussi
   tumultueux.


   La politique de l’UfM met l’accent sur plusieurs programmes,
   dont la coopération scientifique et universitaire. Cette dernière
   pourrait s’intéresser à l’étude de la transposition des principes
   de l’Agenda 21 à un territoire aussi complexe que la
   Méditerranée, afin d’aider l’émergence d’un comité structuré en
   collèges, dans lesquels tous les acteurs de la société civile
   seraient regroupés. Sa mission serait de contribuer à la mise en
   œuvre d’Agenda 21 méditerranéens, d’assurer la cohérence de
   ces projets territoriaux de développement durable, et de
   renforcer la coopération entre     les   collectivités   et   les
Sahara Green                                                         10

   entreprises du bassin méditerranéen.


   Quant au Plan Solaire Méditerranéen (PSM), autre programme
   d’importance, il a ouvert la voie à des initiatives industrielles
   prometteuses, mais qui ont du mal à se montrer convaincantes.
   Malgré leur côté pharaonique et extraordinaire, elles ne
   génèrent ni l’espoir des populations du Sud, ni l’enthousiasme
   du Nord. L’analyse du cas concret de la coopération énergétique
   solaire transméditerranéenne, a permis d’apporter des pistes
   d’amélioration de la politique de développement durable de ces
   initiatives, ce qui permettrait de gagner une adhésion élargie.


   Par ailleurs, de ce balbutiement d’initiatives, un espoir européen
   nous illumine. Les citoyens européens vont-ils utiliser leur
   nouvel outil de démocratie participative pour remettre l’Union
   Méditerranéenne     sur   les   rails,   promouvoir   des   projets
   transméditerranéens durables, dans le but d’initier une
   « économie verte » dans le bassin Méditerranéen ?


   De telles opportunités se présentent rarement.
   Ce serait du gaspillage que de l’ignorer …
Sahara Green                                                                           11


   INTRODUCTION
   Les évènements décrits dans la presse ces derniers mois
   rappellent qu’il est urgent de mettre en place une politique de
   développement durable au niveau mondial. Aussi, une initiative
   essentielle a été lancé à l’échelle mondiale : le concept
   d’Agenda214, dont les résultats des initiatives territoriales
   locales peuvent alimenter la conception d’une politique globale.


   Et pour initier cette stratégie globale, le bassin méditerranéen,
   constitue un terrain d’analyse et d’expérimentation approprié
   puisqu’il abrite un écosystème complet, et donc un territoire où
   peuvent         être    élaborées        et    testées     des     politiques       de
   développement durable qui pourront être ensuite transposées à
   l’échelle de la planète.


   L’ «Union Pour la Méditerranée» aurait pu suffire pour définir
   et mettre en œuvre une politique méditerranéenne de
   développement durable. Mais elle s’est transformée en
   « Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée »5. Et il reste
   encore à construire une coopération multilatérale novatrice et
   durable pour bâtir un avenir forcément commun à l’Union



   4
       ONU, « Agenda 21 »,
       <http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action0.htm>, 2011
   5
       Union for the Mediterranean, « The Secretariat of the Union for the Mediterranean »,
       <http://www.ufmsecretariat.org>, 2011
Sahara Green                                                      12

   Européenne, au bassin méditerranéen, et à l’Afrique sub-
   saharienne.


   Parallèlement, des initiatives privées impulsées par des états de
   l’UE, l’Allemagne pour DESERTEC, et la France pour
   MedGrid, semblent se faire concurrence. Les responsables de
   ces initiatives ont bien tenté de corriger la perception qu’en
   avaient les parties prenantes des deux rives, mais la pente reste
   difficile à remonter car les détracteurs avaient déjà fait leur
   travail. Pour certains il s’agissait de projets néo-colonialistes,
   alors que pour d’autres l’UE allaient perdre son indépendance
   énergétique. Ces projets semblaient trop focalisés sur les
   problèmes de l’UE et ne donnaient pas l’impression de
   s’inscrire dans une logique de coopération transméditerranéenne
   durable.


   C’est en se fondant sur ces convictions que ce livre vise à
   dessiner une alternative d’avenir en terme de coopération
   énergétique qui réponde aux enjeux des deux rives, et rend
   compte de:
     - la situation de la coopération transméditerranéenne en
      matière de développement durable,
     - l’importance géostratégique du bassin méditerranéen et de
      l’Afrique Sub-Saharienne pour la survie de l’Europe face à
      des géants tels que la Chine par exemple.
   Ce travail est basé sur une étude bibliographique traitant de
Sahara Green                                                       13

   ces sujets, des interviews de personnalités, spécialistes de ces
   problématiques, et sur un sondage de type 2.0 afin de prendre en
   compte l’avis de toutes les parties prenantes.


   L’objectif de la première partie est de poser le contexte de la
   problématique du développement durable en Méditerranée, et
   de faire le constat des enjeux géostratégiques de l’espace Euro-
   méditerranéen. Ce diagnostic est réalisé à partir d’une étude
   bibliographique, et de l’analyse qualitative du point de vue de
   parties intéressées, réalisée à partir d’interviews, de discussions
   autour de tables rondes professionnelles, de réponses à des
   questions posées lors de forums spécialisés, et de données
   extraites des questionnaires réalisés pour ce livre et mis en ligne
   sur un réseau social professionnel. Cette recherche a porté sur
   les thèmes de la construction de l’Union Pour la Méditerranée,
   de     la     coopération      territoriale      ou    industrielle
   transméditerranéenne,        des       politiques       nationales
   environnementales et énergétiques en vigueur.


   La seconde partie est consacrée à l’exploration des voies de la
   coopération transméditerranéenne. L’objectif est de présenter
   une analyse critique du traitement actuel des enjeux, risques et
   opportunités de l’espace Euro-méditerranéen, et de proposer des
   pistes d’amélioration en matière de gouvernance territoriale, de
   coopération, de communication, et de politique participative,
   pour   la   construction d’une stratégie de développement
Sahara Green                                                    14

   durable méditerranéenne.


   Dans la troisième partie, l’analyse du cas concret de la
   coopération énergétique, en particulier l’opportunité d’utiliser
   l’énergie solaire du Sahara pour répondre aux enjeux qui
   intéressent les deux rives de la Méditerranée, apporte un regard
   sur les limites des initiatives actuelles, en terme de
   communication, de prise en compte des parties prenantes, et de
   politique de développement durable. Nous proposons des pistes
   d’amélioration qui mettent en avant les bénéfices que cette
   coopération peut apporter aux deux rives de la Méditerranée,
   afin de gagner l’adhésion de toutes les parties intéressées. Ce
   livre présente un nouveau concept qui répond de façon globale
   aux défis humains, environnementaux, et économiques de la
   Méditerranée.
Sahara Green                                                       15


   I)   Les enjeux géostratégiques méditerranéens et le
        défi de l’ « économie verte »
   L’analyse de la problématique du développement durable en
   Méditerranée, nécessite d’examiner les enjeux d’une meilleure
   intégration des pays du pourtour de la Méditerranée dans les
   domaines de l’environnement, de l’énergie, et des contraintes
   géostratégiques.


   Le Nord a de gros besoins énergétiques, entre autre, et envisage
   demain de s’approvisionner en électricité verte produite au
   Maghreb. Le Sud a, quant à lui, une consommation énergétique
   en forte croissance et compte sur le Nord pour le transfert de
   technologies.


   Malgré ces besoins réciproques, il reste de nombreux obstacles
   techniques, économiques, et politiques, pour mener à bien une
   stratégie de coopération transméditerranéenne durable, et notre
   analyse révèle des contraintes externes issues de la stratégie de
   pays extérieurs au bassin méditerranéen, mais qui y ont des
   intérêts vitaux.

   I.1) Les enjeux géostratégiques euro-méditerranéens

   Parmi les enjeux et défis, qui entrent dans le cadre de la
   coopération transméditerranéenne, il y a ceux auxquels doivent
   faire face ensemble les deux rives de la Méditerranée (pollution
   de    la    Méditerranée, stabilité   politique),   et   ceux   qui
Sahara Green                                                       16

   n’intéressent que le Nord (migrations, émissions de C02 de
   l’UE) ou que le Sud (développement économique et bien être
   dans le sud).


   Ils peuvent être classés selon quatre catégories :
     - Environnement :      climat, énergie, eau, pollution et
        déchets, désertification, transports ;
     - Sociétal : migrations, démographie, démocratie, emploi,
        santé, éducation, sécurité ;
     - Economique : économie verte, équité macroéconomique
        nord-sud ;
     - Géopolitique : partenariats Europe / Afrique, intégration
        méditerranéenne.


   Afin de tenir compte de l’avis des «parties intéressées» sur le
   développement humain, des sondages ont été réalisés pour ce
   livre (Annexe-1). Selon l’intérêt des parties prenantes aux
   questions posées, jusqu’à 251 personnes y ont répondu.


   Aux deux sondages ci-dessous, extraits de notre questionnaire
   (Annexe-1) et relatifs aux ressentis des parties intéressées sur
   les enjeux et défis du bassin méditerranéen, 155 personnes ont
   répondu à ceux qui concernent les pays du Nord, et 132
   personnes aux enjeux du Sud.
Sahara Green                                                     17




   Le graphique ci-dessus montre que les parties intéressées
   pensent que les enjeux les plus importants pour les pays du
   Nord de la Méditerranée sont : l’énergie (30%) et les migrations
   (30%),   puis   la   pollution   (18%)    et   la   géopolitique
   méditerranéenne (16%).


   Celui qui suit montre que les parties intéressées pensent que les
   enjeux les plus important pour les pays du Sud de la
   Méditerranée sont : l’emploi (50%), puis l’énergie et l’eau
   (25%), et enfin la gouvernance et les droits de l’Homme (11%).
Sahara Green                                                                         18




   Ces sondages confirment le sentiment déjà relevé lors des
   entretiens réalisés dans le cadre de la réalisation de ce livre,
   notamment avec Mr Luc GNACADJA6, Secrétaire général à
   l’ONU,         qui    a    confirmé        l’importance        de    l’intégration
   méditerranéenne dans la lutte contre la désertification, mais qui
   reste surpris que des sujets aussi importants que la
   désertification et la dégradation des terres ne soient pas si
   souvent traités dans les forums dédiés au développement
   durable du Sud.


   Or tout est lié. L’Europe a besoin du sud pour s’alimenter en
   «électricité propre» et ainsi remplir son objectif de réduction de



   6
       Interview dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Luc GNACADJA, Secrétaire
   Exécutif de l’UNCCD, Desertification, United Nations.
Sahara Green                                                                           19

   CO2. Et en développant des projets de coopération durable avec
   le Sud, l’UE participe au développement économique de ce
   dernier et à sa stabilité politique, tout en oeuvrant pour un
   développement durable de l’espace méditerranéen. Ce qui aura
   pour effet positif de freiner les migrations climatiques,
   économiques, et politiques.


   La «coopération méditerranéenne soutenable et équitable» est
   donc une stratégie vertueuse, mais qui devrait s’inscrire dans le
   cadre d’un espace méditerranéen unifié, avec comme vision
   «une économie verte au service du développement humain dans
   le respect de la biocapacité».


   L’«économie verte» devient ainsi l’un des enjeux majeurs de
   l’espace Euro-méditerranéen. Elle vise à concilier amélioration
   «du bien-être collectif», et réduction des «atteintes à
   l'environnement» et des «prélèvements sur les ressources».


                                       7
   Thomas Robert Malthus                   a lancé un débat en 1798, sur le
   déséquilibre entre les ressources disponibles et l'accroissement
   de la population. Que dirait-il aujourd’hui alors que notre




   7
       MALTHUS T. « An essay on the principle of population ». 1798. Réédition de la
       traduction
Sahara Green                                                                   20

   planète compte presque 7 milliards d'habitants, soit près de sept
   fois plus qu'à son époque ?
   Pour Adam Smith 8 (1723-1790), la crise malthusienne n’est pas
   inévitable, car l’homme peut se sortir d’une crise en utilisant sa
   créativité et en laissant le libre marché faire son œuvre.
   De l’avertissement de Malthus, et de la théorie néolibérale de
   Smith, on peut retenir un enseignement qui alimente les débats
   actuels sur l'économie verte.
   La théorie de Malthus sur la démographie et la rareté des
   ressources, a été mise en défaut, car l’homme par son
   ingéniosité a toujours pu repousser les frontières de la pénurie.
   Mais cette méconnaissance par Malthus9, du rôle de
   l'innovation, ne peut contredire sa théorie qui implique que la
   terre est limitée dans sa capacité de production, car notre
   capacité à innover n’a essentiellement été utilisée que pour
   repousser ces limites. Néanmoins, cette capacité à innover ne
   pourra indéfiniment repousser ces limites, car les ressources
   offertes par notre planète ne sont pas infinies, et vient s’ajouter
   aux craintes de Malthus, le péril climatique.
   Il devient donc impératif de prendre en compte les deux
   approches de Malthus et Smith, en conciliant relance

   8
       SMITH A. « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations »,
   Library of Economics and Liberty, 2000
   9
     RAYSSON V. « La fausse question de la surpopulation », Atlas des Futurs du
   Monde, pages 124-125.
Sahara Green                                                                           21

   économique et respect de l’environnement, car l’homme
   consomme aujourd’hui au-dessus de la capacité de la terre à
   subvenir aux besoins des générations futures.


   Pour sortir par le haut du dilemme «ralentissement de la
   croissance» vs «épuisement des ressources», l'UE a fait le pari
   du      découplage        entre    la    croissance        économique          et    la
   consommation des ressources. Elle prône ainsi l’économie
   verte10, laquelle ne se réduit pas à la lutte contre le changement
   climatique, ou à la découverte de technologies propres, mais
   représente la mise en œuvre effective du développement durable
   dans l'activité économique.


   C'est au XXème siècle que la pression exercée par l'homme sur
   les ressources s'est amplifiée dans des proportions inouïes, mais
   c'est dans le sillage de la crise de 2008 qu'apparurent les débats
   sur l' «économie verte» : à l’ONU (Programme des Nations
   Unis pour l’Environnement), à l'OCDE (Stratégies pour une
   croissante verte), dans les institutions des grands ensembles




   10
        In rapport PNUE, « Vers une économie verte, vers un développement durable et une
     éradication de la pauvreté, synthèse à l'intention des décideurs », page 1, 21 février
     2011.
Sahara Green                                                                         22

   économiques régionaux : l’UE (Europe 2020), les USA, ou la
   Chine11.


   Il s’agit de l'économie dans laquelle le développement est
   soutenable et équitable. Une économie verte est « à bas carbone,
   efficace en ressources et socialement inclusive »12. Mais
   comment formuler les effets anthropiques de façon simple et en
   faire une évaluation ?


   La «tonne d'équivalent CO2», est devenue l’unité de mesure
   pour évaluer le principal impact des actions de l'homme sur le
   climat, et a facilité l'émergence de modèles13, débouchant sur
   des lignes directrices (scénario 450, Agence Internationale de
   l'Energie : concentration CO2 dans l'atmosphère limitée à 450
   ppm afin de maintenir le réchauffement à 2°C).


   Dans le cas de l'épuisement des ressources, notamment des
   métaux14 et des énergies fossiles15, les scientifiques ont


   11
        Le Figaro, « La pollution menace le développement et la stabilité politique de la
   Chine », 30/01/2007.
   12
      In Rapport PNUE. « What is a green economy ? ». Page 16.
   13
        BADER N., BLEISCWITZ R., « Comparative analysis of local greenhouse gas
   inventory Tools ». Collège d'Europe. Avril 2009.
   14
       RAISSON V. « USDI/USGS Mineral Commodities Summary 2010 », Atlas des
   futurs du monde.
Sahara Green                                                                            23

   rencontré des difficultés méthodologiques de part leur complexe
   diversité, mais ont élaboré des méthodes simplificatrices
   permettant d'évaluer la pression totale exercée sur les
   ressources, telle que «l'empreinte écologique», notion apparue
   lors de la conférence de Rio en 1992, puis affinée par
   l'association Global Footprint Network.
   Appliquée à 7 milliards d'êtres humains, cette empreinte
   s'établit à une planète terre et demie, et pourrait atteindre deux
   planètes à l’horizon 2040 selon l’ONU.


   Parmi les acteurs en pointe dans cette réflexion stratégique,
   l’UE       s'est     distinguée      par     la    publication      de    plusieurs
   communications              avec       plans       d’actions (communications
   2011/25 , 2011/21 , 2008/397 , et 2003/57219). Le pari du
               16             17                18




   15
        Meadows D. Rapport Meadows 1972. « The limits to growth » . The 30 year
        update ». Club of Rome.
   16
        Communication 2011/25. « Relever les défis posés par les marchés des produits de
        base et les matières premières ». UE. 2011.
   17
        Communication 2011/21. « Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources –
        initiative phare relevant de la stratégie Europe 2020». Commission européenne. 26
        janvier 2011.
   18
        Communication 2008/397. « Plan d’action pour une consommation et une
        production durables et pour une politique industrielle durable ». Commission
        européenne. 16 juillet 2008.
   19
        Communication 2003/572. « vers une stratégie thématique pour une utilisation
        durable des ressources naturelles ». Commission européenne, 1er octobre 2003.
Sahara Green                                                                         24

   découplage que fait l'Union européenne apparaît donc comme
   un objectif majeur et ambitieux qui permettrai de sortir par le
   haut d'un dilemme dont les deux voies sont inacceptables : «une
   économie décroissante qui appauvrirait les individus», ou «une
   économie qui continuerait sa route vers des pénuries
   prévisibles».


   Mais pourquoi n’arrive t’on toujours pas à tirer parti des
   convergences et des complémentarités entre les rives de la
   Méditerranée ? Il est pourtant crucial pour y promouvoir une
   «économie verte», de s’intéresser à la constitution d’un espace
   méditerranéen unifié, stable, et prospère.

   I.2) Intégration stratégique de l’espace méditerranéen : point
   de vue du parlement européen et contraintes externes

   Le parlement européen a adopté le 28 avril 2010, une résolution
   (2009/2215(INI)), sur l'Union pour la Méditerranée (UfM),
   basée sur le rapport réalisé par l’eurodéputé Vincent Peillon.
   Cette résolution20 appelle les États à tout mettre en œuvre pour
   mettre en route les institutions nécessaires, et progresser dans
   tous les chapitres de la coopération euro-méditerranéenne.


   20
        Parlement Européen, « Résolution du 20 mai 2010 sur l'Union pour la Méditerranée
     UfM »,
     <http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&language=FR&reference
     =P7-TA-2010-0192>, 2011
Sahara Green                                                               25


   Cependant, l'enlisement perdure pour des raisons qui semblent
   être identiques à celles qui entravaient le processus de
   Barcelone de 1995 : les tensions régionales de la rive sud
   (Sahara      occidental,   conflit    chypriote,    conflit        israélo-
   palestinien). Aussi, le Parlement appelle à ce que les tensions
   méditerranéennes ne freinent pas la possibilité d'avancer vers
   des coopérations multilatérales, car c’est à travers la réalisation
   de grands projets intégrateurs et un dialogue politique ouvert
   que l’UfM contribuera à développer un esprit de confiance,
   dans un esprit de solidarité et de paix. Le Parlement reconnaît
   toutefois qu'il ne pourra y avoir de succès total sans une
   résolution des différents conflits régionaux dans le respect du
   droit international.


   La commission des affaires étrangères du Parlement européen a
   ensuite souligné l’importance de cette «union de projets», qui
   rassemble un grand nombre de propositions sur les six grands
   secteurs stratégiques de l’UfM (protection civile, autoroutes de
   la mer et terrestres, dépollution de la Méditerranée, plan solaire
   méditerranéen,     expansion    des    affaires    en        Méditerranée,
   université     euro-méditerranéenne),       tout        en      soulignant
   l’importance d’élargir le champ des coopérations aux domaines
   de la culture, de l’agriculture et des migrations. Mais le
   Parlement reste préoccupé par l'absence de définition claire de
Sahara Green                                                         26

   la politique méditerranéenne de l'UE et de vision stratégique à
   long terme. Il faut donc que le processus d'intégration euro-
   méditerranéen redevienne une priorité politique dans l'agenda
   de l'UE.


   L’architecture institutionnelle et fonctionnelle de l'UfM
   constitue une autre priorité absolue et devrait prendre en compte
   les grands axes suivants :
      - un secrétariat doté de moyens adéquats, statutaires et
         financiers ;
      - un mécanisme de décision, de financement et de mise en
         œuvre pour les grands projets ;
      - représentation adéquate côté UE et participation active
         des autres pays méditerranéens ;
      - légitimité démocratique : associer le parlement européen
         et les parlements nationaux au processus décisionnel ;
      - coopérations multilatérales à géométrie variable, ouvertes
         aux pays et institutions souhaitant travailler ensemble ;
      - coopération entre secrétariat de l’UfM, commission
         européenne, et autres pays méditerranéens : clarification
         au plan institutionnel ;
      - meilleure visibilité des activités de l'UfM ;
      - dialogue renforcé avec les parties prenantes (autorités
         locales et organisations) avec participation au processus
         décisionnel des projets.
Sahara Green                                                    27


   Le Parlement considère également qu’il est essentiel de
   renforcer les échanges Sud-Sud car ils ne représentent que 6%
   des échanges commerciaux. Or, l'intérêt pour ces pays est de
   parvenir à un pôle économique uni, fort et attractif pour les
   investisseurs.
   Il souligne la nécessité de la création d’une zone de libre
   échange Euro-méditerranéenne conforme à l’OMC, et appelle
   l'UfM à sélectionner les projets en fonction des besoins socio-
   économiques, et de la réduction de l'impact sur l'environnement,
   telle que la coopération énergétique, entre autre. Il évoque
   l’énorme potentiel des énergies renouvelables, et soutient les
   initiatives telles que le Plan Solaire Méditerranéen et les
   interconnexions électriques.


   Le Parlement rappelle ensuite les objectifs 20-20-20 en matière
   de climat (-20% d'émissions, +20% d'économies d'énergie,
   +20% d'énergies renouvelables pour 2020) qui auront des effets
   sur le mix énergétique des pays de l’UE.


   Enfin, il souligne la nécessité d'élaborer des politiques
   industrielles visant les économies d'échelle, tout en soutenant
   les PME et en renforçant les secteurs à haute technologie.
Sahara Green                                                                       28

   Tous       ces     objectifs      convergent        vers     la     Coopération
   Transméditerranéenne Industrielle en matière d’électricité verte.
   Mais ils ne tiennent pas compte des contraintes géopolitiques
   extérieures à intégrer dans les stratégies d’intégration de
   l’espace euro-méditerranéen.


                             21
   François Scheer                a déclaré, au Forum Mondial du
   développement durable, qui s’est déroulé les 27 et 28 juin 2011,
   à l’Ecole Militaire de Paris : «Aucune des entreprises impériales
   qui ont tenté de rassembler les peuples méditerranéens, n’est
   venue à bout des divisions qui aujourd’hui encore, demeurent
   comme autant de lignes de fracture entre ces peuples. Et
   pourtant, sans une Méditerranée rassemblée, aucun de ces
   peuples ne peut prétendre relever la somme des défis qui les
   assaillent en ce début de 21ème siècle. Pour la première fois dans
   l’histoire de l’espace méditerranéen, une évidente communauté
   d’intérêts entre les rives de cet espace peut conduire à la mise
   place      de     partenariats       librement       consentis,      qui     seuls
   permettraient à l’Europe, à l’Afrique et au Moyen-Orient de ne
   pas perdre pied dans un monde multipolaire dont le centre de
   gravité s’est déplacé dans le Pacifique. Encore faut-il ne pas
   trop tarder du côté européen, car à la faveur de la



   21
        Interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre : François Scheer
        (Ambassadeur de France, Conseiller d’Areva)
Sahara Green                                                                      29

   mondialisation, d’autres partenaires se pressent aujourd’hui
   dans cet espace pour contrecarrer les ambitions européennes.»


   L’espace méditerranéen, est-il donc une zone où les puissances
   qui prétendent avoir une influence mondiale se côtoient,
   s’épient et se concurrencent ?
   Durant ce forum, Denis Simmoneau 22 a dressé un vaste tableau
                                                                                   23
   de ces différentes influences, et Mohammed Tawfik Mouline
   a souligné la présence croissante des pays émergents. Durant
   cette conférence, plusieurs personnalités et professeurs émérites
   sont intervenus, et nous avons pu retenir comme marquantes, les
   quatre influences suivantes.


   La Turquie a une forte ambition régionale, en laquelle certains
   voient poindre un impérialisme néo-ottoman, alors que d’autres
   y voient un allier de poids et reconnaissent que sa volonté
   d’influence         bénéficie       d’atouts       majeurs :     son     identité
   musulmane, sa force militaire, ses talents d’exportateur, son
   ouverture à la modernité, des institutions démocratiques
   susceptibles de séduire les jeunes africains épris de changement.


   22
        Denis Simonneau. Conseiller diplomatique, membre du comité exécutif de GDF-
        SUEZ, directeur des relations européennes et internationales. Forum Mondial du
        développement durable, 28 Juin 2011, Paris.
   23
        Mohamed Tawfik Mouline, Directeur général de l’IRES. Forum mondial du
        développement durable, 28 Juin 2011, Paris
Sahara Green                                                                          30

   La Turquie peut être un acteur essentiel de la coopération nord-
   sud et pour l’UE, un allié de premier plan dans la création d’une
   «macrorégion de la Méditerranée». Celle-ci, évoquée par
   l’Amiral Jacques Lanxade24, semble très pertinente, à condition
   qu’elle puisse aboutir rapidement.


   La Chine développe sa présence dans la zone, car les ressources
   naturelles du continent africain lui sont vitales. Bien que Jean-
   Claude Lévy25 ait relativisé son influence actuelle, il n’en
   demeure          pas    moins      que     ses    atouts      sont     importants :
   «l’exceptionnelle qualité de sa diaspora et le fait que, faute d’un
   passé historique commun, elle ne suscite aucun ressentiment
   dans les sociétés africaines». Il faut cependant noter que la
   Chine, par son aptitude à produire à faible coût, peut constituer
   un concurrent redoutable pour l’industrie africaine naissante.


   Les Etats-Unis apprennent fort bien à maîtriser leur arrogance et
   ils réévaluent leurs intérêts dans la zone, mais leur présence
   maritime reste porteuse d’une force militaire considérable.




   24
        Amiral Jacques Lanxade, Président de la fondation méditerranéenne d’études
     stratégiques. Forum mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris
   25
        Jean-Claude LEVY, conseiller spécial auprès du délégué pour laction extérieure des
     collectivités locales, MAEE. Forum mondial du développement durable, 28 Juin
     2011, Paris.
Sahara Green                                                        31

   La France, compte tenu de son passé et aussi du lien
   exceptionnel que constitue la francophonie, se sent très
   concernée par le maintien de la stabilité sur une partie du
   continent africain. Elle ne s’interdit pas les interventions
   militaires, et les risques d’enlisement des conflits existent, ce
   qui pourrait aggraver le ressentiment anticolonialiste des
   populations.


   A ces analyses extraites des discours de spécialistes reconnus,
   nous ajouterons l’Allemagne, première puissance économique
   de l’espace euro-méditerranéen, et qui a du mal à trouver sa
   place, entre, d’une part les pays de l’Est, dont elle doit supporter
   le poids du développement, et d’autre part, la Méditerranée dont
   elle n’est pas riveraine, mais en laquelle elle voit un espace
   prometteur. Elle refuse donc toute construction méditerranéenne
   sans elle, et a mis son véto contre la création d’une Union
   Méditerranéenne composée uniquement des pays du bassin
   méditerranéen, ce qui a conduit à la création d’une union de
   projets plutôt qu’une véritable Union. L’Allemagne, a ensuite
   saisit l’occasion de multiplier les projets de coopération avec les
   pays du Moyen Orient et du Nord de l’Afrique, tels que le projet
   DESERTEC par exemple.


   Cette analyse montre l’urgence pour l’UE de réaliser
   l’intégration méditerranéenne, préalable à la mise en place
Sahara Green                                                       32

   efficace d’une politique de développement durable visant à
   promouvoir une «économie verte» en Méditerranée. Et pour
   aider à définir une politique efficace, il est nécessaire de
   cartographier     le   niveau   de   développement    durable    en
   Méditerranée.

   I.3) Analyse de la situation du bassin méditerranéen sur
   la voie du Développement Durable

   1.3.1) Méthodologie et cadre géographique de l’analyse
   Cette analyse nécessite l’étude d’un grand territoire composé
   des pays de l’UE, des pays méditerranéens, et de l’Afrique
   subsaharienne. Afin de simplifier notre étude, mais sans y
   enlever sa substance, nous avons choisi de la focaliser sur un
   cadre géographique déjà utilisé pour ce type d’étude, le
   «dialogue 5+5»26 composé de cinq pays du nord de la
   Méditerranée et cinq du sud, mais que nous élargissons à deux
   pays, la Turquie et l’Allemagne, dont l’influence en
   Méditerranée est incontestable. Nous appellerons ce cadre
   géographique «groupement 6+6», que nous complèterons par
   l’Afrique subsaharienne si nécessaire.




   26
        VEDRINE Hubert, Le cercle des économistes, 5+5 = 32 : Feuille
        de route pour une Union méditerranéenne, Perrin, France, 2007
Sahara Green                                                      33

   Les enjeux géostratégiques identifiés seront classés en plusieurs
   groupes, géopolitique, économique, social, et environnemental,
   et seront analysés suivant les trois axes environnement, énergie,
   et développement, à travers le prisme des cinq finalités du cadre
   de référence français de l’Agenda21 :
     - Lutte contre le changement climatique et protection de
      l’atmosphère
     - Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des
      ressources
     - Cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre
      générations
     - Epanouissement de tous les êtres humains
     - Développement suivant des modes de production et de
      consommation responsables.


   La déclinaison opérationnelle de ces finalités vise à une
   amélioration continue des territoires à long terme et s’appuie sur
   l’adaptativité des choix de développement et la solidarité.
   L’analyse    du   contexte   du    développement     durable   en
   Méditerranée sous l’angle de l’Agenda21, nous apporte ainsi un
   regard selon une approche territoriale. Mais afin d’éclaircir sa
   grille de lecture, elle se fera selon trois axes traduisant la
   «qualité    du     développement        humain»,    l’ «insécurité
   économique», et la «menace du dépassement écologique».
Sahara Green                                                           34

   Mahbub Ul Haq (1934-1998), fondateur du rapport mondial sur
   le    développement       humain,        disait :   «L’objectif     du
   développement est de créer un environnement favorisant
   l’épanouissement pour que les gens puissent jouir d’une vie
   longue, saine et créative. Mais traduire dans les faits ces
   objectifs exige que le progrès soit équitable et bénéficie à tous,
   en s’assurant que les succès du présent ne sont pas acquis au
   détriment des générations futures».


   Les douze pays de notre cadre géographique, seront donc
   comparés sur plusieurs composantes clés du bien être et de la
   préservation de l’écosystème à travers les indices de
   Développement Humain (IDH) et de l’Empreinte Ecologique, et
   leurs composantes telle que l’autonomisation, la vulnérabilité, la
   soutenabilité et la durabilité, entre autre.

   1.3.2) Etude comparative basée sur le Développement
           Humain
   Deux finalités de l’Agenda21 français, «cohésion sociale et
   solidarité   entre    territoires   et    entre     générations»,   et
   «épanouissement de tous les êtres humains», transparaissent
   dans l’indice de développement humain IDH. Mais, le
   développement humain n’est pas seulement affaire de santé,
   d’éducation et de revenu. Il implique également l’engagement
   actif des citoyens dans le façonnement du développement, de
   l’équité et de la soutenabilité. Le graphique ci-dessous que nous
Sahara Green                                                                      35

   avons réalisé à partir de données issues des Nations Unis27 et de
   la Banque Mondiale28, montre qu’il existe de fortes disparités
   entre les deux rives, mais ne permet pas d’en tirer d’autres
   conclusions.
   Nous constatons en effet que cet indice met au même niveau la
   Turquie et la Tunisie, et place la Libye en bonne position.
   D’autre part, selon la Banque Mondiale, approximativement un
   quart des pays dans le monde ont un IDH élevé mais une faible
   durabilité, et une tendance similaire bien que moins soutenue
   concerne les libertés politiques.


   Indice Développement Humain                                     Rang
   Développement Humain




   27
        UNDP, « Human Development Reports », <http://hdr.undp.org/en/countries>, 2011
   28
        The World Bank, « Data », <http://data.worldbank.org/country>, 2011
Sahara Green                                                        36

   Graphique réalisé à partir de données issues du programme de
   l’ONU (PNUD)


   L’indice IDH ne permet donc pas à lui seul de faire un
   comparatif sur le «développement humain», et il convient donc
   d’analyser plusieurs de ses composantes.


   Les changements contribuant à l’autonomisation intègrent de
   nettes améliorations en matière éducative, qui ont renforcé la
   capacité des individus à prendre des choix avertis et à tenir les
   gouvernements pour responsables. Cette autonomisation s’est
   élargie grâce à la technologie : téléphonie mobile, télévision par
   satellite, accès à l’Internet ; ce qui a augmenté la capacité à
   exprimer des opinions. Les évènements actuels au Moyen
   Orient, en Afrique du Nord, ou en Angleterre semblent le
   confirmer.


   La crise actuelle, la plus sévère depuis 1928, a révélé la fragilité
   de certaines réussites économiques. Le risque d’une dépression
   « à deux creux » demeure et un rétablissement complet pourrait
   prendre plusieurs années. En témoignent les récentes actualités
   sur la dette des états, en particulier celles de la Grèce et des
   USA, et qui ont provoqué début Aout 2011, de très violentes
   turbulences sur les marchés boursiers.
Sahara Green                                                       37

   Mais le plus grand défi pour la perpétuation du progrès en
   matière de développement humain vient sans doute du manque
   de soutenabilité des modes de production et de consommation.
   Rendre le développement humain soutenable implique de
   réduire le rapport entre croissance économique, émission de gaz
   à effet de serre, et consommation de matières premières.


   L’analyse des composantes de l’IDH peut donc orienter la
   formulation des politiques de développement durable et les
   débats qui les entourent.
   Selon la Banque Mondiale, toute faiblesse importante d’IDH du
   fait de l’inégalité, montre que renforcer les réformes sur l’équité
   apporterait des bénéfices. Un indice de pauvreté élevé couplé à
   un faible niveau de pauvreté monétaire, révèle qu’il y aurait à
   gagner dans l’amélioration des prestations de services publics
   de base.


   Dans le tableau ci-dessous réalisé dans le cadre de l’élaboration
   de ce livre, à partir des données 2010 récupérées auprès du
   PNUD9, le volet «durabilité et soutenabilité» est analysé à
   travers le «taux d’épargne net ajustée». Pourcentage du Revenu
   National Brut, ce taux appelé TENA représente le taux
   d'épargne dans une économie, après avoir tenu compte des
   investissements en capital humain, de l'épuisement des
   ressources naturelles et des dommages dus à la pollution. Un
Sahara Green                                                      38

   TENA négatif indique que la richesse totale est en baisse et que
   l'économie se situe sur une trajectoire de croissance non
   soutenable. Plus cet indice est élevé, et plus l’économie est dite
   «soutenable».


   Le tableau ci-dessous révèle que le peloton de tête des pays
   ayant l’économie la plus soutenable est composé de l’Algérie,
   suivi du Maroc, puis de l’Allemagne. Le peloton intermédiaire
   est composé de l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie, la
   Tunisie. Le restant des pays de notre panel se trouvant en queue
   de peloton.


   On constate également qu’il ne suffit pas d’avoir une économie
   soutenable pour être dans le meilleur rang du développement
   humain. L’Algérie ayant l’indicateur de soutenabilité le plus
   élevé du panel, n’a pas le meilleur rang en terme d’IDH. A
   l’inverse, la France est très bien classée en terme de
   développement humain, mais se retrouve dans le milieu du
   classement pour ce qui est de la soutenabilité de son économie.
Sahara Green   39
Sahara Green                                                         40

   L’indice d’inégalité de genre montre quant à lui, que l’inégalité
   homme-femme est plus élevée au Sud qu’au Nord. Les pays du
   Sud gagneraient certainement en Développement Humain,
   nécessaire à une bonne coopération Nord-Sud, s’ils mettaient en
   place des politiques incitant l’amélioration de la place de la
   femme dans la société civile et la sphère privée avec pour
   objectif une égalité totale entre la femme et l’homme en termes
   de droits et devoirs.


   Concernant la pauvreté, seuls le Maroc et la Mauritanie sont
   mal classés. C’est ce qui contribue certainement à les
   positionner dans le peloton de queue du classement IDH.

   1.3.3) Etude comparative basée sur la soutenabilité et la
            durabilité
   Il existe un lien intime entre vulnérabilité et soutenabilité.


   Dans le contexte du développement humain, la «vulnérabilité»
   est associée à la possibilité du déclin : perte d’emploi pour les
   individus, catastrophe naturelle pour les communautés, crise
   financière pour les pays, en autre.


   Quant à la notion de «soutenabilité», elle implique que les
   améliorations    du     développement     humain     peuvent     être
   soutenues. En 1987, la Commission Brundtland définissait le
   développement soutenable comme «celui qui répond aux
Sahara Green                                                      41

   besoins du présent sans compromettre la capacité des
   générations futures de répondre aux leurs».


   Les finalités suivantes, extraites de l’Agenda21 français,
   illustrent la nécessité, dans le bassin méditerranéen et en
   Afrique, de lutter contre la vulnérabilité, et de favoriser la
   soutenabilité :
     - Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des
      ressources
     - Développement suivant des modes de production et de
      consommation responsables
     - Lutte contre le changement climatique et protection de
      l’atmosphère
   Ils montrent la nécessité de mettre en place des choix politico-
   économiques forts qui favorisent l’avènement de l’économie
   verte.


   L’objectif du progrès social et de l’épanouissement de chacun
   doit orienter les choix économiques et l’innovation, par la prise
   en compte d’une consommation et d’une production moins
   polluantes, et moins consommatrices en ressources naturelles.


   Par ailleurs, la lutte contre le changement climatique nécessite
   de limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C par
   rapport à l’ère préindustrielle, ce qui suppose de diviser par
Sahara Green                                                                            42

   deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050
   par rapport aux niveaux de 1990.


   L’effort doit être collectif, mais les objectifs individuels adaptés
   à chaque pays. La décision 406/2009/CE29 du parlement
   européen fixe les objectifs des États membres pour la période
   2013-2020. Les limites de ces émissions fixées pour 2020, aux
   six états européens du «groupement 6+6», par rapport aux
   niveaux de 2005, sont : «Allemagne -14%», «Espagne -10%»,
   «France -14%», «Italie - 13%», «Malte +5%», «Portugal
   +1% ».


   Prévenir les effets du réchauffement orientera les choix de
   développement territorial et obligera à prendre des mesures
   d’adaptation dans tous les domaines, notamment celui de
   l’énergie.


   Afin de traiter ces notions de vulnérabilité et de soutenabilité,
   cette étude comparative se focalisera sur l’ «insécurité
   économique» et le «dépassement écologique».




   29
        Journal officiel de l’UE, « Limitation des émissions de CO2 des pays de l’UE », <
     http://eur-
     lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:140:0136:0148:FR:PDF >,
     2009
Sahara Green                                                       43

   Insécurité économique

   La production mondiale continue d’augmenter par rapport au
   niveau d’avant crise. Les estimations du PNUD indiquent
   également que l’espérance de vie et la scolarisation continuent
   d’augmenter, résultant en un IDH mondial qui s’améliore et
   atteint 0,68 en 2010, soit 2% de plus qu’en 2007. Cependant,
   dans le Nord, l’IDH n’a que légèrement augmenté, les chutes
   importantes des revenus ayant fait contrepoids aux gains en
   matière de santé et d’éducation.


   Dans le même temps, la crise a propulsé la réglementation des
   marchés sur le devant de la scène et soulevé des questions
   d’importance majeure concernant la soutenabilité du boom
   économique des années 2000. Et l’UE peine à réformer le
   système financier. Les USA ont bien règlementé les contrats
   dérivés qui furent à l’origine de la crise, et l’Allemagne a
   interdit les ventes à découvert. Mais cela n’a pas empêché le
   retour de la crise durant l’été 2011, et la destruction d’emplois,
   ce qui représente pour le plus grand nombre l’un des
   événements les plus importants pouvant nuire à leur
   développement humain.


   Ainsi, toute analyse de la vulnérabilité devrait-elle examiner
   attentivement l’insécurité de l’emploi et les sources d’instabilité
   économique.
Sahara Green                                                        44

   Le chômage s’est donc brutalement aggravé, et la hausse des
   prix des denrées de base a entrainé bien des familles dans la
   pauvreté ; plusieurs millions d'individus se sont retrouvés au
   dessous du seuil de pauvreté de 1,25 $ par jour. En 2010, le
   chômage a atteint une moyenne de 9% dans les pays
   développés, avec une pointe de 20% en Espagne.
   Par ailleurs, la reprise amorcée en 2010, est loin d’être garantie :
   le risque d’une récession en deux temps est d’actualité, et une
   reprise totale pourrait prendre plusieurs années. La rechute des
   marchés boursiers début août 2011 est là pour nous le rappeler.
   La dégradation de la note Américaine dont la dette n’est plus
   cotée AAA par Standards & Poors, la crise de la dette Grecque,
   et les graves émeutes en Angleterre ne rassurent pas non plus.


   Ceci met en évidence l’importance du niveau de dettes
   (publique et privée) d’un Pays dans le volet économique du
   développement durable. Comment un Pays, peut-il œuvrer en
   faveur d’un développement économique équitable et soutenable,
   s’il laisse aux générations futures le soin de rembourser les
   dettes actuelles ?
   Des interventions politiques imaginatives et d’énormes stimuli
   financiers dans de nombreux pays, alliés à une coordination
   mondiale rapide, ont permis d’éviter temporairement une crise
   de plus grande ampleur, mais nous sommes aujourd’hui à un
   tournant, car les marges de manœuvre des états et des banques
Sahara Green                                                      45

   centrales se sont considérablement réduites. Et il sera de plus en
   plus difficile d’assurer un avenir aux futures générations si les
   états ne baissent pas drastiquement leurs déficits.
   Quelques pays ont réussi à s’imposer une gestion responsable
   des deniers publics. On peut citer un pays européen, la Suède, et
   un pays du sud de la Méditerranée, l’Algérie. Ce pays a eu
   l’audace et l’intelligence de se débarrasser de sa dette, et se
   retrouve aujourd’hui dans la petite liste des pays très faiblement
   endettés. Mais ceci est dû à ses ressources en hydrocarbures qui
   ont fortement augmenté, et aujourd’hui, sa balance commerciale
   penche dangereusement du mauvais côté, à cause de son
   économie basée essentiellement sur le pétrole et le gaz. Faute de
   relais, l’Algérie importe une énorme partie des biens
   consommés par ses citoyens. Il s’agit donc bien d’une économie
   non soutenable, et l’Algérie, autant que ses voisins, a besoin de
   favoriser le développement d’une économie diversifiée et
   propre.


   L’économie verte en Méditerranée par l’inclusion des principes
   du développement durable s’avère donc vital, non seulement
   pour l’aspect environnemental, mais également pour les volets
   économique et social.
   Notre sondage (voire figure du chap. I.1) révèle par ailleurs que
   près de la moitié des personnes interrogées estiment que l’enjeu
   le plus important est celui de l’économie et de l’emploi. Ces
Sahara Green                                                        46

   préoccupations au sujet de la sécurité de l’emploi ont bien incité
   la plupart des gouvernements à se pencher sur la question, mais
   la couverture et les prestations sociales sont souvent partielles et
   inadéquates. En l’absence de protection sociale, les individus
   qui perdent leur emploi doivent intégrer l’économie informelle,
   où les salaires sont inférieurs et la vulnérabilité accrue, tel que
   nous pouvons le constater dans le bassin Méditerranéen.


   Les effets des crises sur le développement humain vont
   évidemment plus loin que les revenus. Les familles pauvres
   peuvent décider de déscolariser leurs enfants, au détriment des
   débouchés futurs. Les crises économiques font augmenter la
   mortalité et la malnutrition infantiles, les retards de croissance
   entraînant des coûts très élevés sur le long terme. Les
   estimations suggèrent qu’en Afrique, au moins 50.000 enfants
   mourront à cause de la crise financière récente, notamment dans
   la corne de l’Afrique. Les effets néfastes peuvent s’étendre à
   des hausses du nombre d’enfants des rues, des taux de suicide et
   de criminalité, des abus et violences domestiques, ainsi que des
   tensions ethniques.


   Tandis que certains pays en développement, qui disposent
   aujourd’hui d’une plus grande marge de manœuvre, ont cette
   fois protégé leurs budgets sociaux, d’autres pays d’Afrique
   subsaharienne voient leur pouvoir d’achat diminuer d’un tiers.
Sahara Green                                                                              47

   Et alors que les USA30 et la Chine31 (120 milliards USD
   d’échanges           commerciaux         entre      la      Chine      et      l’Afrique
   subsaharienne en 2010) investissent en Afrique, l’Europe reste
   en retard.
   Car, même si la croissance des pays africains n’est pas aussi
   importante que celles de la Chine ou de l’Inde, elle reste quand
   même plus enviable que celle des pays de l’UE.
   Et, c’est dans l’Afrique (Afrique du Nord et Afrique
   Subsaharienne), plus proche et accessible que l’Asie, et
   possédant une grande partie des ressources de la planète, qu’il
   faut aller chercher la croissance future de l’UE. Le Président du
   Groupe de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a clôturé sa
   tournée africaine en août 2009, en affirmant que «malgré les
   difficultés issues de la crise, l’Afrique pouvait connaître un
   siècle de croissance et d’opportunités»32.


   C’est donc une réelle opportunité pour l’UE, que de promouvoir
   le développement durable en Méditerranée et en Afrique, en




   30
        Interview de Hilary Clinton, RDC, « Investir en Afrique : opportunité de croissance
   pour les USA, http://www.laconscience.com », 2011
   31
         Conjoncture,    « Comment     la   Chine   soutient    la   croissance    africaine »,
   www.lefigaro.fr, 2011
   32
      ZOELLICK R., Président de la Banque mondiale, « Un siècle de croissance et
        d’opportunités en perspective pour l’Afrique », <http://web.worldbank.org>, 2011.
Sahara Green                                                    48

   investissant dans l’économie verte, ce qui serait une réponse à
   l’insécurité économique ressentie par les européens.

   La menace du « dépassement écologique »

   La principale menace qui pèse sur le développement humain
   provient de l’insoutenabilité des modes de production et de
   consommation. Le lien étroit entre croissance économique,
   émissions de gaz à effet de serre (GES), et surconsommation
   doit donc être rompu.


   Certains pays développés ont commencé à atténuer les pires
   effets en élargissant le recyclage et en investissant dans les
   transports en commun et les infrastructures. Cependant, la
   majorité des pays en développement sont gênés dans leurs
   efforts par les coûts élevés de l’énergie propre.
   Les pays développés du nord de la Méditerranée doivent donc
   donner l’exemple en matière de découplage et soutenir la
   transition des pays du sud vers un développement humain
   soutenable.


   Les premiers travaux du PNUD traitaient habituellement des
   menaces environnementales, et se sont penchés plus récemment
   sur le changement climatique et la pénurie d’eau. Des études ont
   abordé ces problèmes, certaines d’un point de vue international
   (le changement climatique) et d’autres d’importance locale
Sahara Green                                                       49

   (l’énergie et les ressources d’eau). Cependant, un des défis de la
   soutenabilité, celui de l’utilisation des ressources et de leur
   répartition mérite une attention particulière face aux menaces
   courantes.


   Comment aborder les divergences observées entre les hausses
   de l’IDH et les indicateurs environnementaux ? Comment les
   prescriptions stratégiques pour l’économie verte peuvent-elles
   prendre en compte développement durable et redistribution ?


   Une partie de la difficulté en ce qui concerne la soutenabilité au
   niveau mondial et national réside dans la notion de mesure.
   Certains analystes préconisent une mesure exhaustive de la
   soutenabilité, qui détermine si l’économie appauvrit à la fois les
   actifs naturels et les actifs matériels, tandis que d’autres
   préconisent de séparer la soutenabilité environnementale
   d’autres types de soutenabilité. Ils sont donc en désaccord sur la
   question de savoir si une accumulation d’actifs matériels peut
   compenser la dégradation de l'environnement.
   Le taux d’épargne net ajusté (TENA) de la Banque mondiale
   repose sur une mesure du capital synthétisant tous types
   d’actifs, partant du principe qu’ils peuvent se substituer les uns
   aux autres. Tandis que les empreintes carbone et écologique du
   Global   Footprint   Network     et   l’indice   de   soutenabilité
Sahara Green                                                                    50

   environnementale de l’Université de Yale33 se concentrent
   uniquement sur l’environnement, mais montrent néanmoins que
   le monde est devenu moins soutenable.


   De 1970 à 2008, le TENA mondial a chuté de moitié, de 19%
   du RNB à 7%, tandis que les émissions de CO2 ont doublé. La
   situation pose des défis énormes, et il est impératif que les pays
   à faible IDH atteignent des niveaux de croissance et des revenus
   convenables, mais la croissance verte dépendra avant tout de la
   richesse des idées et des innovations technologiques.


   Notre étude comparative, sur l’origine des effets anthropiques,
   utilise également «l'empreinte écologique», qui comptabilise la
   demande exercée par les hommes envers les «services fournis
   par la nature». Cet indicateur mesure les surfaces de terre et
   d´eau biologiquement productives, nécessaires pour produire les
   ressources de consommation et pour absorber les déchets
   générés. Il s´efforce ainsi de répondre à une question
   scientifique précise, et non à tous les aspects de la durabilité, ni
   à toutes les préoccupations environnementales ; il part de
   l'hypothèse que la capacité de régénération de la Terre pourrait




   33
        Yale & Columbia Universities, « Environmental Sustainability Index »,
     http://www.yale.edu/esi/ESI2005_Main_Report.pdf, 2011
Sahara Green                                                                       51

   être le facteur limitant pour le développement humain, en cas de
   surexploitation de ce que la biosphère est capable de renouveler.


   Tel que souligné au chapitre 1.2, nous vivons dans un monde
   fini où la population croît, et plus l’empreinte anthropique est
   large, plus on s’éloigne de l’optimum de soutenabilité et de
   durabilité du développement. Cet écart, le «dépassement
   écologique», signifie que l´on déprécie du capital naturel (en
   puisant dans les stocks plutôt que dans le surplus généré), ou
   que l´on accumule des déchets dans l´environnement (plus que
   ce que la nature peut assimiler).
   Il peut être évalué en soustrayant la «biocapacité» de
   l’ «empreinte écologique», à partir du tableau ci-dessous, réalisé
   dans le cadre de l’élaboration de ce livre, à partir de données
   issue de la banque mondiale, de l’ONU, et du « footprint
   network »34.


   Le tableau qui suit montre ainsi une partie des indicateurs
   utilisés pour cette étude, destinée à fournir une réponse à la
   question « Les pays Méditerranéens progressent-ils sur la voie
   du développement durable ? ».



   34
        Footprint Network, « Ecological Footprint Atlas »,
         <http://www.footprintnetwork.org/images/uploads/Ecological_Footprint_Atlas_200
         9.pdf, 2011
Sahara Green   52
Sahara Green                                                        53

   I.4) Résultats de l’étude. Vers quels partenariats durables ?

   En analysant la problématique du développement durable en
   Méditerranée, à partir des bases de données du PNUD, du
   Gobal Footprint Network, de la Banque Mondiale, de FAO-
   Aquastat, et de United Nations Statistical Division, cette étude
   permettra également de répondre à la question «Vers quels
   partenariats durables ?». Pour faciliter la lisibilité des résultats
   ceux-ci sont présentés sous la forme de réponse aux questions
   ci-dessous.


   Progrès des pays méditerranéens sur la voie du développement
   durable ?
   Les trajectoires des pays méditerranéens selon les axes
   socioéconomique et environnemental représentés par l’IDH et
   l’EE (empreinte écologique), sont habituellement analysées en
   prenant comme hypothèse que la situation d’un pays est
   compatible avec le développement durable si son IDH est
   supérieur à 0,8 et que son EE est inférieure à la moyenne
   globale de la «biocapacité disponible par habitant» de 1,8
   hectare.
   En 2007, aucun pays méditerranéens n’est en situation de
   développement durable. Seul l’EE du Maroc est inférieure à 1,8.
   Et de 2000 à 2007, tous les pays augmentent leur EE, excepté
   Malte. Deux groupes de pays de notre panel se distinguent et
   correspondent à la classification des pays utilisée par la Banque
Sahara Green                                                     54

   Mondiale :
      - PSEM (pays Sud et Est de la Méditerranée) : revenu
         intermédiaire (RNB par habitant en 2007 de 936 à 11 455
         USD) avec IDH et EE faibles, mais avec IDH qui
         s’améliore ;
      - pays de l’UE : revenu élevé (RNB ≥ 11 456 USD en
         2007) avec IDH et EE élevés.
   Le défi des PSEM sera donc de poursuivre leur développement
   économique en accroissant leur IDH sans augmenter l’EE,
   tandis que celui des pays membres de l’UE sera de diminuer
   l’EE en maintenant l’IDH à un niveau élevé.


   Les écarts des revenus entre le Sud et le Nord de la
   Méditerranée se réduisent-ils ?
   En 2009, le revenu annuel moyen par habitant dans les PSEM
   (8000 USD) est 3,5 fois inférieur à celui de l’UE, qui représente
   plus de 68 % du Produit Intérieur Brut (PIB) méditerranéen.
   Bien que les taux de croissance du PIB dans les PSEM sont
   supérieurs à ceux des pays méditerranéens de l’UE, ils restent
   faibles au regard de leur croissance démographique. La part du
   PIB de la Méditerranée dans le PIB mondial a enregistré un
   léger recul en l’espace de 15 ans, passant de 13,5 % en 1990 à
   11,5 % en 2009. Or dans le même temps, la population de la
   Méditerranée a gardé une part constante dans la population
   mondiale (autour de 7%).
Sahara Green                                                      55


   Le bien être social progresse t-il autant en Méditerranée que
   dans le reste du monde ?
   En Méditerranée, l’IDH est en constant progrès depuis 1980.
   Avec un IDH moyen de 0,734 en 2010, la région
   Méditerranéenne se situe au dessus de la moyenne mondiale
   (0,624). Cependant, tel que présenté au chapitre I.4.2, de fortes
   disparités entre les rives Sud et Nord sont observées.
   L’espérance de vie à la naissance présente un écart de plus de
   dix ans, entre les deux rives. Les écarts en terme de taux brut de
   scolarisation combiné sont de l’ordre de 35%.


   Quel est l’impact des activités humaines sur l’environnement ?
   Tous les pays méditerranéens de notre panel enregistrent un
   déficit écologique en 2007, excepté la Mauritanie. Le capital
   environnemental de la région est dépensé plus vite qu’il ne se
   renouvelle (2.5 pour la région méditerranéenne vs 1.5 planète).
   De 1995 à 2007, l’EE a diminué à Malte, et depuis 2000 en
   France. En 2007, l’EE globale des pays méditerranéens a atteint
   1,5 milliards d’hectares globaux (gha) soit près de 8,4% de l’EE
   mondiale alors que la population méditerranéenne est de 7 % de
   la population mondiale. L’EE méditerranéenne (3,3 gha/hab) est
   donc supérieure à l’EE mondiale (2,7 gha/hab). Le Déficit
   Ecologique (DE) du bassin méditerranéen (2 gha/hab) est 2 fois
   supérieur au DE mondial (0,9 gha/hab). L’EE des pays du Nord
Sahara Green                                                                         56

   (4,5 gha/hab) ainsi que leur DE (2,7 gha/hab), sont très
   important, plus de 2 fois celui des PSEM. Les écarts entre les
   pays en termes de «DE / unité de PIB» sont alors inversés. La
   France consomme 160 gha par millions USD, l’Italie en
   consomme 179, et l’Algérie 228.


   L’efficience d’utilisation de l’eau 35, s’améliore t’elle ?
   L’efficience totale d’utilisation de l’eau en Méditerranée va de
   40-50% (Italie, Tunisie, Turquie) à 60%-70% (Algérie,
   Espagne, France, Libye). C’est l’une des plus fortes asymétries
   du bassin méditerranéen. Dans certains pays (Maroc, Tunisie,
   Italie) l’efficience de l’eau d’irrigation est plus faible que celle
   de l’eau potable, alors que c’est l’inverse pour Malte. Pour la
   France et l’Espagne, elles sont presque équivalentes. Depuis
   1995, la plupart des pays ont apporté des progrès importants en
   matière d’efficience, mais il reste du chemin à parcourir.


   La demande en eau se modère t-elle ?
   La part de l’eau agricole reste importante dans tous les pays,
   souvent supérieure à 50 % et atteint près de 90 % au Maroc. Les
   quantités d’eau agricole utilisées pour produire 1000 USD de
   valeur ajoutée agricole sont d’environ 300 m3 en Tunisie, autour
   de 500 m3 au Maroc et 1900 en Libye. Il y a donc de fortes


   35
        FAO-Aquastat, http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/indexfra.stm, 2011
Sahara Green                                                       57

   disparités au Sud. La demande en eau potable par habitant
   couvre un large éventail, d’environ 40 m3/an/hab (100
   litres/jour) au Maroc et en Tunisie à près de 140 (400 litres/jour)
   en Italie. Cela montre qu’il est difficile de découpler la
   croissance du PIB et la consommation d’eau.


   Les    pressions   sur   les   ressources   en   eau    naturelles
   renouvelables diminuent-elles ?
   Les pays méditerranéens peuvent se classer selon l’indice
   d’exploitation (pression de la consommation sur la quantité
   renouvelable en eau) en trois groupes :
         1- très forte tension (prélèvements > volume renouvelable
            de l’eau) : Malte, Libye ;
         2- forte tension (prélèvements < volume renouvelable),
            mais avec indice d’exploitation supérieur à 25% :
            Tunisie, Maroc, Algérie, Espagne ;
         3- tension moyenne : indice d’exploitation < 25% : Italie,
            Turquie, France.
   La situation au regard des ressources disponibles par habitant
   est légèrement différente :
         1- pays en situation de pénurie : ressource annuelle < 500
            m3/hab : Malte (80 m3/hab), Libye, Algérie et Tunisie
            (400 m3/hab).
         2- pays pauvres en eau : ressource annuelle entre 500 et
            1000 m3/hab : Maroc (700).
Sahara Green                                                                           58

           3- pays considérés comme riches en eau : ressource
                annuelle > 1000 m3/hab.


                                                             36
   L’accès à l’eau potable augmente-t-il ?
   La proportion de la population disposant d’un accès durable à
   une source d’eau améliorée est de plus de 80% dans la majorité
   des pays méditerranéens en 2008. Les pays de l’UE, ont déjà
   atteint un taux d’accès à l’eau potable égal à 100 %. Dans les
   zones rurales, plus de 23 millions de méditerranéens (du sud),
   n’ont pas accès à l’eau potable en 2008. De 1990 à 2008, le
   Maroc, la Tunisie, et la Turquie affichent des progrès
   encourageants, mais pas l’Algérie. L’accès à l’eau potable en
   zone urbaine se situe à un niveau élevé, plus de 97 %, dans la
   plupart des pays. Il se situe entre 85% et 95 % en Algérie.
   L’accès à l’eau potable dans les PSEM (93 %) est supérieur à la
   moyenne mondiale. C’est également le cas pour l’accès en zone
   urbaine (96 %) et en zone rurale (88%).


   Progresse t-on dans l'utilisation rationnelle de l’énergie ?
   Alors qu’un début de découplage partiel entre consommation
   d’énergie et développement économique est observable au
   niveau mondial et européen (depuis 2000, la croissance de la
   consommation d’énergie est 2 fois moins rapide que celle du

   36
        United Nations Statistical Division, « The Millennium Indicators Database ».
        http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Data.aspx, 2011
Sahara Green                                                         59

   PIB), ce n’est pas le cas en Méditerranée où l’on observe plutôt
   une parité, notamment dans le sud. L’ «intensité énergétique»
   (IE) en 2008 des pays méditerranéens (135 kep/1000 USD) est
   supérieure au niveau moyen européen (123), et en dessous du
   niveau mondial (183). Mais les disparités entre les pays restent
   importantes, même à niveau de revenu équivalent. Ainsi l’IE en
   Tunisie atteint 150, tandis qu’elle est inférieure à 100 à Malte.
   Dans les pays à très forte consommation (rive Nord), les gains
   en IE, s’ils sont suffisants, pourraient aussi se traduire par un
   ralentissement de la croissance de la consommation d’énergie
   par habitant. Celle-ci est encore très importante dans les pays
   méditerranéens de l’UE (3550 kep/hab) et atteint même 4280 en
   France. La consommation d’énergie dans les PSEM est
   inférieure à 1500 kep/hab (Moyenne mondiale 1800) mais les
   taux de croissance sont très différents selon les pays.


   La part des énergies renouvelables progresse t-elle ?
   La part des énergies renouvelables (ER) dans le Mix
   énergétique des pays méditerranéens ne progresse pas depuis
   2000 (3,2% des approvisionnements totaux en énergie).
   Néanmoins, la production d’énergie renouvelable progresse en
   volume. La part des ER en Méditerranée, hors hydraulique et
   géothermie, est de 21 %. Dans les PSEM, elle est de 23 %.
   Depuis 1995, les ER connaissent une croissance de +2,2% / an
   en   Méditerranée,     légèrement    supérieure    à      celle   des
Sahara Green                                                    60

   approvisionnements en énergie primaire (+2%). Les ER (hors
   hydroélectricité et biomasse) connaissent une très forte
   progression (+7,9 %). La part du charbon se maintient, celle du
   nucléaire se stabilise et celle du gaz progresse fortement. En
   2008, ces ressources dominent l’approvisionnement énergétique
   en Méditerranée : 72 % de la consommation au Nord (hors
   électricité nucléaire : 20%) et 95% dans les PSEM.


   Les pays méditerranéens maîtrisent-ils leurs émissions de CO2 ?
   Les émissions de CO2 issues des combustibles continuent
   d’augmenter. La croissance des émissions de CO2 due à
   l’énergie entre 1990 et 2007 est supérieure aux objectifs
   nationaux des pays de l’UE, excepté en France où elles ont
   baissé. Elles ont doublé en Turquie et au Maroc.
   En 2007, un méditerranéen émet 5 tonnes de CO2/an, peu plus
   que la moyenne mondiale (4,5 tonnes), mais 2 fois moins qu’un
   habitant de l’UE (8) et 4 fois moins qu’un américain (19).


   Coopération: l’aide publique au développement est-elle à la
   hauteur des enjeux ?
   L’aide publique au développement (APD) en Méditerranée est
   essentielle pour atteindre les objectifs de développement
   durable du millénaire. Le Maroc, la Turquie et l’Egypte ont reçu
   en 2009 les 2/3 de l’APD à destination des pays méditerranéens.
Sahara Green                                                     61

   La solidarité euro-méditerranéenne est-elle à la hauteur des
   défis du Sud ?
   En 2009, l’UE et ses pays membres sont encore les plus
   importants donateurs internationaux, fournissant 60% de l’aide
   totale. Les pays méditerranéens ont reçu en 2009 1,7 milliards €
   de l’UE. Les montants par tête reçus dans les PSEM (6 €) sont
   trois fois inférieurs à ceux reçus par les habitants des pays des
   Balkans (18€). La part des financements de la catégorie
   «Infrastructures et services sociaux» est de 50%.


   Les PME, peuvent-elles bénéficier de crédits pour financer
   leurs investissements ?
   Dans les PSEM, le secteur public accapare une grande partie du
   crédit domestique. Depuis 1995, Le crédit domestique alloué au
   secteur privé est en augmentation dans la plupart des pays
   méditerranéens de notre panel, excepté en Tunisie et en Libye.
   La part des crédits bancaires alloués au secteur privé en 2009
   est faible en Libye (11%) et en Tunisie (68%). En 2009, le
   crédit domestique alloué au secteur privé est supérieur au PIB
   dans 5 pays, atteignant 316% à Malte et 212% en Espagne. En
   2009, le crédit domestique fourni par le secteur bancaire est
   supérieur au PIB dans 7 pays, dont Malte, Espagne, Italie,
   France, et Maroc.
   Le microcrédit, très répandu en Asie, est encore peu utilisé dans
   les pays méditerranéens.
Sahara Green                                                               62


   L'effort financier pour la Recherche et développement
   augmente-il ?
   Au niveau mondial, la plupart des pays dépensent entre 0,25%
   et 1% de leur PIB en recherche et développement, et 2% dans
   l’UE.    Ce    pourcentage      augmente      dans      tous     les   pays
   méditerranéens, mais reste globalement faible. De 1 à 2 % en
   France, Espagne, Italie, Tunisie et moins de 1% dans les autres
   pays méditerranéens.


   Vers quels partenariats durables ?
   Cette étude a permis d’identifier les cas prioritaires, qui
   nécessitent un renforcement de la coopération Nord-Sud, et qui
   répondent aux enjeux géostratégiques méditerranéens :
      - gestion coordonnée des ressources naturelles et de la
           protection environnementale : «désalinisation d’eau de
           mer»
      - énergie      et     changement      climatique :       «coopération
           transméditerranéenne en matière d’énergie solaire»
      - désertification       et   développement         agricole    durable :
           «désertification et permaculture»
      - coopération équitable en faveur du développement
           durable   à      l’échelle   territoriale :     « transferts    de
           technologies et partenariats industriels, coopération
           scientifique »
Sahara Green                                                   63

      - relations entre pays méditerranéens et Afrique sub-
         saharienne : « l’espace Eurafricain »


   Avant d’analyser les chemins qui mènent à la coopération
   transméditerranéenne durable, il est nécessaire d’identifier le
   moment présent et de comprendre les enjeux immédiats, cerner
   les mutations en cours et rendre intelligible cette réalité
   apparemment complexe qui semble nous dépasser.
Sahara Green                                                       64


   II) Les voies de la coopération transméditerranéenne
       durable et équitable
   Les économistes continuent de faire référence aux modèles
   d’une époque révolue, inadaptés à la conjoncture actuelle, tel
   que le modèle économique libéral élaboré par Adam Smith, et
   auquel nous devons renoncer, car nous assistons aujourd’hui à
   une mutation technologique comparable à l’invention de la
   machine à vapeur dont la révolution industrielle est issue.


   Depuis une quarantaine d’années, l’arrivée massive des
   «nouvelles technologies» a induit un profond bouleversement
   de la société. Certains tentent d’établir un lien entre l’évolution
   du chômage de masse et cette mutation, mais la réalité est plus
   complexe car si ces innovations étaient mises à la disposition
   d’une économie soutenable, ses effets seraient plus bénéfiques
   pour le «développement humain».


   La révolution numérique, partie intégrante de cette rupture
   technologique, a entre autre entraîné un bouleversement
   culturel, mais a surtout favorisé la multiplication des échanges
   informels.   Cette   facilité   devait   amplifier   les   échanges
   économiques et permettre l’essor du bien être, mais a eu pour
   effet la globalisation financière et son surdimensionnement par
   rapport au reste de l’économie. Il y a un siècle, la part de
   l’économie matérielle (produits manufacturés) était de 95 %
Sahara Green                                                     65

   tandis que la part de l’économie immatérielle (la finance) était
   de 5 %. A l’heure actuelle, nous assistons à une inversion totale
   de ce rapport.


   Nous remarquons donc que la phase de transition de l’ère
   industrielle vers l’ère de la mondialisation et de l’immatériel,
   n’a pas eu les effets bénéfiques escomptés, et a conduit par
   ailleurs à une mutation des «acteurs géopolitiques» et une «crise
   des identités». Cette mondialisation, a redistribué les cartes de
   la gouvernance mondiale et a donné encore plus d’importance à
   quelques organisations multilatérales telles que l’OMC, le FMI,
   et l’OCDE qui instaurent une concurrence économique
   mondiale entre les pays. Il en a résulté un morcellement
   d’anciennes puissances (éclatement de l’URSS, et de la
   Yougoslavie) et le développement de firmes globales, dont les
   activités couvrent tous les champs économiques.


   Aujourd’hui, les USA et la Chine tentent de tirer profit de cette
   redistribution. Les Etats-Unis dominent la planète dans tous les
   domaines : hégémonie politique et militaire, économique,
   scientifique, et culturelle. Demain ce sera probablement au tour
   de la Chine.


   Parmi ces géants, seuls d’autres grands espaces économiques
   pourront s’épanouir. C’est dans ce contexte que l’espace
Sahara Green                                                             66

   méditerranéen prend tous son sens. Mais quelle identité
   fédératrice pour toutes ces populations ? Finalement, un des
   phénomènes révélateurs des transformations actuelles est la
   crise des identités. Auparavant, les citoyens dans les pays
   industrialisés se définissaient par rapport à un groupe social ou
   politique, «je suis ouvrier» ou «je suis communiste» ;
   aujourd’hui, elles sont de type ethnique ou religieux, voire
   même de type tribal «je suis de telle ou telle cité», «je supporte
   telle ou telle équipe de foot». Nous assistons donc à la naissance
   d’identités provisoires, qui montrent la nécessité d’affirmer une
   identité méditerranéenne au delà des identités nationales. La
   création d’une Union Méditerranéenne permettra de donner ce
   sentiment d’appartenance à un ensemble fort et prospère, et
   favorisera      ainsi    les     échanges     et   la     coopération
   transméditerranéenne durable.


   La     construction     d’un    espace   méditerranéen      unifié,   où
   prospèrerait une nouvelle forme d’économie, nécessite avant
   tout d’apporter des solutions qui répondent aux enjeux
   géostratégiques méditerranéens, et c’est ce que j’ai tenté de
   faire dans cette analyse en apportant des pistes de réflexion :
        - sur la coopération décentralisée et territoriale ;
        - sur     la     manière     de     promouvoir      des     projets
           transméditerranéens durables ;
Sahara Green                                                   67

      - sur les choix technologiques prioritaires qui permettent
         de rapprocher les deux rives par l’innovation et le
         transfert de technologies.


   Le graphique ci-dessous représente le résultat d’une des
   questions posées dans le cadre de l’étude de terrain (voire
   annexe-1), dont le but est de prendre en compte l’avis des
   parties intéressées par la question du développement durable en
   Méditerranée.




   Ce sondage révèle que 50% des 119 personnes qui ont répondu
   à cette question, estiment que plus de coopération territoriale
Sahara Green                                                       68

   serait bénéfique au développement durable en Méditerranée, et
   42% préconisent plus de projets transméditerranéens.


   Les parties prenantes estiment donc que la coopération
   transméditerranéenne, est une question centrale, mais cela
   nécessite des initiatives, outils et méthodes, qui sont présentés
   dans ce qui suit. Nous ferons ensuite la transition avec la
   troisième partie, en choisissant un cas concret à traiter en
   matière de coopération transméditerranéenne Nord-Sud durable.

   II.1) L’Union Méditerranéenne, au service d’un
   développement durable en Méditerranée

   A défaut d’une réelle intégration méditerranéenne, l’originalité
   de l’Union Pour la Méditerranée, dont le secrétariat a été créé
   en Juillet 2008, est de bâtir une coopération régionale autour de
   projets concrets ; les besoins en infrastructures ont été évalués à
   200    milliards    d'euros    par    la   Banque      européenne
   d'investissement (BEI).


   Lors de la création de l’UfM, les ministres ont examiné deux
   cents projets et annoncé le lancement de cinq d'entre eux, pour
   un montant d'un milliard d'euros. Cela paraît insuffisant, mais
   l’important est que le processus avance. Un de ses projets phare,
   le «Plan Solaire Méditerranéen», a un peu avancé en juillet
   2011, alors qu’il était en suspend depuis fin 2008.
Sahara Green                                                      69


   Le chemin de la création d’un « espace méditerranéen » unifié
   reste long et difficile, malgré les bénéfices qu’apporterait
   l’intégration méditerranéenne, dont le premier serait de sortir
   par le haut du processus de Barcelone («dialogue 5+5»). Avec
   l’Union Méditerranéenne, le dialogue se poursuivrait dans le
   cadre de deux institutions distinctes (Union Européenne et
   Union Méditerranéenne), avec l’objectif de les rapprocher par
   une   zone     de     coopération   économique,    technologique,
   environnementale, et diplomatique, et atténuera ainsi les
   tensions et rivalités entre les pays du bassin méditerranéen
   (Grèce-Turquie, Algérie-Maroc, Palestine-Israel).


   Une seconde vertu : proposer un rapprochement de type
   géographique        favorisant   l’homogénéité    économique   et
   environnementale, plutôt que selon leurs identités culturelle ou
   religieuse. Par exemple, des pays du monde musulman tels que
   l’Indonésie et la Malaisie pourraient s’insérer dans un nouvel
   ensemble avec la Chine et le Japon ; le Pakistan et le
   Bangladesh pourraient réintégrer leur ancien espace de
   civilisation avec l’Inde, lequel était d’ailleurs unifié avant sa
   partition en 1947. C’est dans cette optique, que les pays du
   bassin méditerranéen devraient s’unir pour un destin commun,
   quelque soient leurs traditions ou religion principale, et
   promouvoir une identité méditerranéenne.
Sahara Green                                                      70


   Ainsi, à travers ce mécanisme, nous pourrions entrevoir une
   troisième opportunité, celle de voir Israël et ses voisins se
   reconnaître mutuellement et se respecter, condition d’accès aux
   importants et proches marchés européens.


   Ensuite, le quatrième bienfait que pourrait apporter cette
   « Union méditerranéenne », est la création d’un «précédent»,
   pour la réalisation de l’Eurafrique, dont la conclusion serait un
   atout stratégique majeur en faveur de l’UE, du bassin
   méditerranéen, et de l’Afrique sub-saharienne.


   Enfin, nous pouvons souligner également, la nécessaire
   coopération transméditerranéenne en faveur du développement
   durable en Méditerranée, qui peut être largement facilitée par
   une «Union» active sur les réponses à apporter aux enjeux
   géostratégiques communs.


   Pourtant,   malgré   ces   différents   avantages,   l’intégration
   méditerranéenne stagne et a du mal à émerger de façon
   significative, en partie à cause des moyens mis en œuvre, du
   véto de l’Allemagne, et de la communication sur ce sujet. Bien
   que d’une importance majeure et stratégique, une telle Union ne
   suscite aucun enthousiasme de la part des deux rives. Il en va de
   même des projets transméditerranéens, qui de part leurs
Sahara Green                                                         71

   dimensions pharaoniques et extraordinaires devraient au moins
   susciter le rêve de la part des populations concernées.


   Ce   projet      d’Union   peut   paraître   également    selon   les
   observateurs, comme une formidable opportunité de stabilité et
   de prospérité, ou une occasion d’éloigner la Turquie d’une
   candidature à l’UE. Rappelons que si la question maghrébine
   est un impératif pour la France, l'entrée de la Turquie dans un
   vaste ensemble Euro-méditerranéen semble être hautement
   stratégique pour assurer la stabilité de cette région (voire
   chapitre I.2).


   Enfin, ce sentiment de nécessité d’intégration de l’espace
   méditerranéen, a été renforcé par le résultat de notre étude qui a
   révélé que 60% des personnes interrogées seraient favorables à
   la création d’un espace Euro-méditerranéen (voire graphique du
   chapitre II.5).

   II.2) Politique de développement durable en Méditerranée :
   Nécessité d’un Observatoire Méditerranéen du Développement
   Durable ?

   Afin d’éviter l’utilisation de politiques «standards» de
   développement durable, lesquelles sont vouées à l’échec, il est
   nécessaire de poser certaines bases :
Sahara Green                                                       72

     - identifier les axes d’évaluation des différentes alternatives
      possibles (équité, pauvreté, par exemple), en fonction de
      l’expérience et des contraintes propres à chaque pays ;
     - ne pas sous-estimer l’importance du contexte (économie
      politique locale par exemple), et de toutes les parties
      prenantes ;
     - faire évoluer les politiques mondiales, et leur déclinaison
      territoriale, car de nombreux défis et enjeux dépassent la
      capacité des seuls États et sont de niveau planétaire.
         -
   C’est dans cet esprit, qu’a été réalisée cette étude, qui révèle
   l’importance d’une organisation chargée de centraliser tous les
   tenants et aboutissants de la mise en œuvre d’une économie
   verte dans l’espace méditerranéen.

   II.2.1) Initiatives actuelles de développement durable en
            Méditerranée
   Les       prévisions   économiques   montrent   que    le    bassin
   méditerranéen a tous les atouts pour devenir une économie
   avancée, avec un large potentiel d’investissements à la clé.
   Cela nécessite un minimum de stabilité d’une part pour que les
   pays méditerranéens puissent avancer avec une vision partagée
   pour un intérêt commun et une approche proactive du
   développement durable, et la volonté de la population à un
   respect total de l'environnement méditerranéen dans leurs vies
   quotidiennes, d’autre part.
Sahara Green                                                       73


   L’objectif est non seulement de changer les attitudes mais aussi
   de motiver et donner les moyens aux citoyens d’agir en faveur
   de l’environnement dans le bassin méditerranéen. L’analyse des
   plans d’actions en faveur d’une «économie verte» en
   Méditerranée révèle que les initiatives de l’UfM sont restées
   longtemps timides face à celles d’organisations plus anciennes
   et globales, telles que l’ONU, la Banque Mondiale, ou venant
   de l’UE ou des pays du versant Sud de la Méditerranée. Mais la
   dynamique des projets de l'UfM reprend.


   Initiatives de l’ONU
   - « Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
      (PNUE) » : Le PNUE prône la réaffectation de 2% du PIB
      mondial (10% des investissements mondiaux), en faveur
      d' «investissements verts» dans dix secteurs clés, dont
      l’énergie et l‘eau, entre autre.
   - « Mediterranean Action Plan (MAP II) » : Ce programme, à
      l’origine dédié au contrôle de la pollution marine, s’est
      dirigé vers un plan MAP II, intégrant plus de facettes du
      Développement Durable, dont le développement socio-
      économique durable.
   - « Medpartnership » : Cette initiative a pour but de protéger
      les côtes méditerranéennes et les eaux territoriales sur le plan
      environnemental, et comporte deux lignes directrices : le
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  • 1. Sahara Green Comment la coopération transméditerranéenne durable et l’énergie solaire du Sahara apporteront bien-être, paix et prospérité en Méditerranée … Sahara Green   Les Voies de l’Economie Verte en Méditerranée Cas de l’Energie Solaire Nasser Hadroug
  • 2. Sahara Green 2 OMDD EDITIONS Réédition 2011
  • 3. Sahara Green 3 SAHARA GREEN LES VOIES DE L’ECONOMIE VERTE EN MEDITERRANEE OU COMMENT LA COOPERATION TRANSMEDITERRANEENNE DURABLE ET L’ENERGIE SOLAIRE DU SAHARA APPORTERONT BIEN-ETRE, PAIX ET PROSPERITE EN MEDITERRANEE … Dr HADROUG Nasser http://fr.linkedin.com/in/nasserhadroug Président de l’Observatoire Méditerranéen du Développement Durable. Directeur de programmes : SaharaGreen, RoboticaGreen, Euromed GEI OMDD EDITIONS
  • 4. Sahara Green 4 « J’utiliserai le sable du désert pour produire des cellules solaires afin de générer une énorme quantité d’électricité et transformer ainsi le désert en paradis » Hassan Kamel Al-Sabbah, 1928. Chercheur chez General Electric, Inventeur des cellules photovoltaïques. « Le Sahara reçoit une énorme quantité d’énergie solaire, que nous pouvons utiliser pour initier une économie plus respectueuse de l’environnement méditerranéen. Cette fabuleuse quantité d’énergie propre permettra de dessaler massivement l’eau de mer, afin de reverdir le Sahara. Si cette initiative est reprise dans plusieurs endroits de notre planète, cela permettra également de freiner la montée des eaux ». Nasser Hadroug, 2002. Dr-Ing, MBA. Sustainable Program Director. Président de SaharaGreen
  • 5. Sahara Green 5 SYNTHESE Depuis le début de ce millénaire, les dépêches se bousculent à une vitesse étourdissante. Tempêtes géantes, pollutions, conflits, crise des matières premières, crise économique, catastrophes humanitaires, incompréhensions Nord-Sud ; il semble irréel que toutes ces catastrophes à répétitions aient un dénominateur commun, et pourtant il est probable que la plupart auraient une ampleur bien moindre si les principes du Développement Durable étaient respectés, si les effets anthropiques était plus canalisés, et si toutes les parties prenantes étaient prises en compte dans la course effrénée à la mondialisation. La mise à l’écart des classes sociales les plus défavorisées a participé à la formation du terreau sur lequel ont pu se développer le terrorisme, les guerres civiles, et les récentes émeutes, du sud de la Méditerranée à l’Angleterre1. Notre boulimie d’énergies fossiles est un des facteurs principaux de l’effet anthropique. En quelques mois, il y a eu la catastrophe de l’or noir au large des Etats-Unis, la catastrophe 1 DANIEL J.M., professeur d'économie à l'ESCP Europe, http://www.latribune.fr/opinions/20110216trib000601638/revoltes-frumentaires-et- printemps-arabe.html, 2011
  • 6. Sahara Green 6 nucléaire au Japon, et l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières. La mondialisation de l’économie par la financiarisation à l’extrême, a précipité le monde dans la plus grave crise économique depuis 1929. Depuis la crise des «subprimes» qui a éclaté aux USA en Aout 2007, la confiance s’est effondrée, entrainant dans le feu des critiques les hypothèses d’ «efficience du marché» et d’ «anticipation rationnelle» (donnant raison en partie au Keynésianisme)2. Et il n’est plus à démontrer l’effet anthropique sur le changement climatique et la désertification, entrainant par ricochet les migrations forcées. Ces sujets qui font la une de l’actualité sont l’expression d’enjeux globaux, et nous questionnent sur les politiques de développement durable à mener à l’échelle mondiale et territoriale. Ils montrent la nécessité d’une implication réelle et durable des états développés dans la mise en place d’une régulation mondiale soutenable et la mise en place de programmes de coopération Nord-Sud durable. 2 BLINDER A. S., Professor of Economics at Princeton University, « Keynesian Economics », <http://www.econlib.org/library/Enc/KeynesianEconomics.html>, 2011
  • 7. Sahara Green 7 Abordés dans l’Agenda 21, ces sujets complexes nécessitent une réflexion et une législation au niveau global mais doivent également être traités sous l’angle territorial. Afin d’aider à la réflexion globale, il est nécessaire comme pour toute analyse, de choisir un terrain d’expérimentation. Ce livre s’inscrit dans cette perspective en s’intéressant au cadre géographique «espace méditerranéen». Car la Méditerranée, compte tenu de ses asymétries sur les plans économique, environnemental, et social, constitue un véritable laboratoire régional d’innovation, d’expérimentation, et de coopération en matière de développement durable (DD). Le bassin méditerranéen, zone d’échanges et de tensions entre trois continents, représente un ensemble économique cohérent, une «économie monde» tel que le décrivait Fernand Braudel. Mais contrairement à sa description3, la Méditerranée n’est pas un «lac occidental» et le Sahara n’est pas la «contre Méditerranée». Le bassin méditerranéen est une région ouverte sur le monde où se côtoient des espaces géopolitiques divers, porteurs de valeurs et d’intérêts souvent différents. Le Sahara, séparant le Maghreb de l’Afrique sub-saharienne, fait apparaître le nord de l’Afrique comme une ile entourée de 3 LIAUZU, C., « La méditerranée selon Fernand Braudel », Revues plurielles, Confluences Méditerranée - N°31, Paris, automne 1999, p. 186
  • 8. Sahara Green 8 deux mers : la mer Méditerranée et la mer de sable. Cette vaste zone désertique, malgré ses apparences, comporte bien des atouts qui peuvent être mis au service du bassin méditerranéen, tel que son gigantesque potentiel d’énergie solaire. La Méditerranée dispose quant à elle, d’atouts incontestables et offre des opportunités réelles de développement, grâce notamment à la coopération transméditerranéenne énergétique. La récession nous offre une rare opportunité d’effectuer de tels investissements, car les gouvernements étant conduits à dépenser davantage pour stimuler l’économie, ils peuvent tout aussi bien le faire en affectant certaines dépenses à des projets «verts». Mais les enjeux financiers sont si énormes qu’ils peuvent attiser bien des convoitises et emmener les marchés financiers vers ce qu’on pourrait appeler une «bulle verte». A titre d’exemple, la chine a alloué 40 % de son plan de relance (586 milliards USD) à des projets verts, la transformant en premier marché mondial des énergies renouvelables, alors que Citigroup estime que faute d’interconnexions, 30% des centrales éoliennes chinoises n’étaient pas en service en 2009. Cela illustre la nécessité d’une stratégie de développement durable pour baliser tout chemin menant à une «économie verte». L’UE a ainsi lancé sa stratégie pour une croissance verte. Encore faut-il une institution forte pour mettre en place
  • 9. Sahara Green 9 une politique qui viserait à stimuler l’éco-innovation au service de la coopération transméditerranéenne tout en abordant les questions clés de la transition vers une économie verte, comme l’emploi, les compétences, l’investissement, la fiscalité, les échanges, le développement. L’Union Pour la Méditerranée (UfM), a bien été créée dans cette optique, mais tourne au ralenti. Cette institution, appelée aujourd’hui «Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée», était censée être centrale, puisqu’elle regroupe l’Union Européenne (UE) et 15 pays de l’Adriatique et de la Méditerranée. Devant les difficultés rencontrées, ces pays se sont mis d’accord pour une institution légère, ce qui ne facilite guère la mise en œuvre d’une politique de développement durable dans un espace aussi tumultueux. La politique de l’UfM met l’accent sur plusieurs programmes, dont la coopération scientifique et universitaire. Cette dernière pourrait s’intéresser à l’étude de la transposition des principes de l’Agenda 21 à un territoire aussi complexe que la Méditerranée, afin d’aider l’émergence d’un comité structuré en collèges, dans lesquels tous les acteurs de la société civile seraient regroupés. Sa mission serait de contribuer à la mise en œuvre d’Agenda 21 méditerranéens, d’assurer la cohérence de ces projets territoriaux de développement durable, et de renforcer la coopération entre les collectivités et les
  • 10. Sahara Green 10 entreprises du bassin méditerranéen. Quant au Plan Solaire Méditerranéen (PSM), autre programme d’importance, il a ouvert la voie à des initiatives industrielles prometteuses, mais qui ont du mal à se montrer convaincantes. Malgré leur côté pharaonique et extraordinaire, elles ne génèrent ni l’espoir des populations du Sud, ni l’enthousiasme du Nord. L’analyse du cas concret de la coopération énergétique solaire transméditerranéenne, a permis d’apporter des pistes d’amélioration de la politique de développement durable de ces initiatives, ce qui permettrait de gagner une adhésion élargie. Par ailleurs, de ce balbutiement d’initiatives, un espoir européen nous illumine. Les citoyens européens vont-ils utiliser leur nouvel outil de démocratie participative pour remettre l’Union Méditerranéenne sur les rails, promouvoir des projets transméditerranéens durables, dans le but d’initier une « économie verte » dans le bassin Méditerranéen ? De telles opportunités se présentent rarement. Ce serait du gaspillage que de l’ignorer …
  • 11. Sahara Green 11 INTRODUCTION Les évènements décrits dans la presse ces derniers mois rappellent qu’il est urgent de mettre en place une politique de développement durable au niveau mondial. Aussi, une initiative essentielle a été lancé à l’échelle mondiale : le concept d’Agenda214, dont les résultats des initiatives territoriales locales peuvent alimenter la conception d’une politique globale. Et pour initier cette stratégie globale, le bassin méditerranéen, constitue un terrain d’analyse et d’expérimentation approprié puisqu’il abrite un écosystème complet, et donc un territoire où peuvent être élaborées et testées des politiques de développement durable qui pourront être ensuite transposées à l’échelle de la planète. L’ «Union Pour la Méditerranée» aurait pu suffire pour définir et mettre en œuvre une politique méditerranéenne de développement durable. Mais elle s’est transformée en « Secrétariat de l’Union Pour la Méditerranée »5. Et il reste encore à construire une coopération multilatérale novatrice et durable pour bâtir un avenir forcément commun à l’Union 4 ONU, « Agenda 21 », <http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action0.htm>, 2011 5 Union for the Mediterranean, « The Secretariat of the Union for the Mediterranean », <http://www.ufmsecretariat.org>, 2011
  • 12. Sahara Green 12 Européenne, au bassin méditerranéen, et à l’Afrique sub- saharienne. Parallèlement, des initiatives privées impulsées par des états de l’UE, l’Allemagne pour DESERTEC, et la France pour MedGrid, semblent se faire concurrence. Les responsables de ces initiatives ont bien tenté de corriger la perception qu’en avaient les parties prenantes des deux rives, mais la pente reste difficile à remonter car les détracteurs avaient déjà fait leur travail. Pour certains il s’agissait de projets néo-colonialistes, alors que pour d’autres l’UE allaient perdre son indépendance énergétique. Ces projets semblaient trop focalisés sur les problèmes de l’UE et ne donnaient pas l’impression de s’inscrire dans une logique de coopération transméditerranéenne durable. C’est en se fondant sur ces convictions que ce livre vise à dessiner une alternative d’avenir en terme de coopération énergétique qui réponde aux enjeux des deux rives, et rend compte de: - la situation de la coopération transméditerranéenne en matière de développement durable, - l’importance géostratégique du bassin méditerranéen et de l’Afrique Sub-Saharienne pour la survie de l’Europe face à des géants tels que la Chine par exemple. Ce travail est basé sur une étude bibliographique traitant de
  • 13. Sahara Green 13 ces sujets, des interviews de personnalités, spécialistes de ces problématiques, et sur un sondage de type 2.0 afin de prendre en compte l’avis de toutes les parties prenantes. L’objectif de la première partie est de poser le contexte de la problématique du développement durable en Méditerranée, et de faire le constat des enjeux géostratégiques de l’espace Euro- méditerranéen. Ce diagnostic est réalisé à partir d’une étude bibliographique, et de l’analyse qualitative du point de vue de parties intéressées, réalisée à partir d’interviews, de discussions autour de tables rondes professionnelles, de réponses à des questions posées lors de forums spécialisés, et de données extraites des questionnaires réalisés pour ce livre et mis en ligne sur un réseau social professionnel. Cette recherche a porté sur les thèmes de la construction de l’Union Pour la Méditerranée, de la coopération territoriale ou industrielle transméditerranéenne, des politiques nationales environnementales et énergétiques en vigueur. La seconde partie est consacrée à l’exploration des voies de la coopération transméditerranéenne. L’objectif est de présenter une analyse critique du traitement actuel des enjeux, risques et opportunités de l’espace Euro-méditerranéen, et de proposer des pistes d’amélioration en matière de gouvernance territoriale, de coopération, de communication, et de politique participative, pour la construction d’une stratégie de développement
  • 14. Sahara Green 14 durable méditerranéenne. Dans la troisième partie, l’analyse du cas concret de la coopération énergétique, en particulier l’opportunité d’utiliser l’énergie solaire du Sahara pour répondre aux enjeux qui intéressent les deux rives de la Méditerranée, apporte un regard sur les limites des initiatives actuelles, en terme de communication, de prise en compte des parties prenantes, et de politique de développement durable. Nous proposons des pistes d’amélioration qui mettent en avant les bénéfices que cette coopération peut apporter aux deux rives de la Méditerranée, afin de gagner l’adhésion de toutes les parties intéressées. Ce livre présente un nouveau concept qui répond de façon globale aux défis humains, environnementaux, et économiques de la Méditerranée.
  • 15. Sahara Green 15 I) Les enjeux géostratégiques méditerranéens et le défi de l’ « économie verte » L’analyse de la problématique du développement durable en Méditerranée, nécessite d’examiner les enjeux d’une meilleure intégration des pays du pourtour de la Méditerranée dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, et des contraintes géostratégiques. Le Nord a de gros besoins énergétiques, entre autre, et envisage demain de s’approvisionner en électricité verte produite au Maghreb. Le Sud a, quant à lui, une consommation énergétique en forte croissance et compte sur le Nord pour le transfert de technologies. Malgré ces besoins réciproques, il reste de nombreux obstacles techniques, économiques, et politiques, pour mener à bien une stratégie de coopération transméditerranéenne durable, et notre analyse révèle des contraintes externes issues de la stratégie de pays extérieurs au bassin méditerranéen, mais qui y ont des intérêts vitaux. I.1) Les enjeux géostratégiques euro-méditerranéens Parmi les enjeux et défis, qui entrent dans le cadre de la coopération transméditerranéenne, il y a ceux auxquels doivent faire face ensemble les deux rives de la Méditerranée (pollution de la Méditerranée, stabilité politique), et ceux qui
  • 16. Sahara Green 16 n’intéressent que le Nord (migrations, émissions de C02 de l’UE) ou que le Sud (développement économique et bien être dans le sud). Ils peuvent être classés selon quatre catégories : - Environnement : climat, énergie, eau, pollution et déchets, désertification, transports ; - Sociétal : migrations, démographie, démocratie, emploi, santé, éducation, sécurité ; - Economique : économie verte, équité macroéconomique nord-sud ; - Géopolitique : partenariats Europe / Afrique, intégration méditerranéenne. Afin de tenir compte de l’avis des «parties intéressées» sur le développement humain, des sondages ont été réalisés pour ce livre (Annexe-1). Selon l’intérêt des parties prenantes aux questions posées, jusqu’à 251 personnes y ont répondu. Aux deux sondages ci-dessous, extraits de notre questionnaire (Annexe-1) et relatifs aux ressentis des parties intéressées sur les enjeux et défis du bassin méditerranéen, 155 personnes ont répondu à ceux qui concernent les pays du Nord, et 132 personnes aux enjeux du Sud.
  • 17. Sahara Green 17 Le graphique ci-dessus montre que les parties intéressées pensent que les enjeux les plus importants pour les pays du Nord de la Méditerranée sont : l’énergie (30%) et les migrations (30%), puis la pollution (18%) et la géopolitique méditerranéenne (16%). Celui qui suit montre que les parties intéressées pensent que les enjeux les plus important pour les pays du Sud de la Méditerranée sont : l’emploi (50%), puis l’énergie et l’eau (25%), et enfin la gouvernance et les droits de l’Homme (11%).
  • 18. Sahara Green 18 Ces sondages confirment le sentiment déjà relevé lors des entretiens réalisés dans le cadre de la réalisation de ce livre, notamment avec Mr Luc GNACADJA6, Secrétaire général à l’ONU, qui a confirmé l’importance de l’intégration méditerranéenne dans la lutte contre la désertification, mais qui reste surpris que des sujets aussi importants que la désertification et la dégradation des terres ne soient pas si souvent traités dans les forums dédiés au développement durable du Sud. Or tout est lié. L’Europe a besoin du sud pour s’alimenter en «électricité propre» et ainsi remplir son objectif de réduction de 6 Interview dans le cadre de l’élaboration de ce livre : Mr Luc GNACADJA, Secrétaire Exécutif de l’UNCCD, Desertification, United Nations.
  • 19. Sahara Green 19 CO2. Et en développant des projets de coopération durable avec le Sud, l’UE participe au développement économique de ce dernier et à sa stabilité politique, tout en oeuvrant pour un développement durable de l’espace méditerranéen. Ce qui aura pour effet positif de freiner les migrations climatiques, économiques, et politiques. La «coopération méditerranéenne soutenable et équitable» est donc une stratégie vertueuse, mais qui devrait s’inscrire dans le cadre d’un espace méditerranéen unifié, avec comme vision «une économie verte au service du développement humain dans le respect de la biocapacité». L’«économie verte» devient ainsi l’un des enjeux majeurs de l’espace Euro-méditerranéen. Elle vise à concilier amélioration «du bien-être collectif», et réduction des «atteintes à l'environnement» et des «prélèvements sur les ressources». 7 Thomas Robert Malthus a lancé un débat en 1798, sur le déséquilibre entre les ressources disponibles et l'accroissement de la population. Que dirait-il aujourd’hui alors que notre 7 MALTHUS T. « An essay on the principle of population ». 1798. Réédition de la traduction
  • 20. Sahara Green 20 planète compte presque 7 milliards d'habitants, soit près de sept fois plus qu'à son époque ? Pour Adam Smith 8 (1723-1790), la crise malthusienne n’est pas inévitable, car l’homme peut se sortir d’une crise en utilisant sa créativité et en laissant le libre marché faire son œuvre. De l’avertissement de Malthus, et de la théorie néolibérale de Smith, on peut retenir un enseignement qui alimente les débats actuels sur l'économie verte. La théorie de Malthus sur la démographie et la rareté des ressources, a été mise en défaut, car l’homme par son ingéniosité a toujours pu repousser les frontières de la pénurie. Mais cette méconnaissance par Malthus9, du rôle de l'innovation, ne peut contredire sa théorie qui implique que la terre est limitée dans sa capacité de production, car notre capacité à innover n’a essentiellement été utilisée que pour repousser ces limites. Néanmoins, cette capacité à innover ne pourra indéfiniment repousser ces limites, car les ressources offertes par notre planète ne sont pas infinies, et vient s’ajouter aux craintes de Malthus, le péril climatique. Il devient donc impératif de prendre en compte les deux approches de Malthus et Smith, en conciliant relance 8 SMITH A. « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations », Library of Economics and Liberty, 2000 9 RAYSSON V. « La fausse question de la surpopulation », Atlas des Futurs du Monde, pages 124-125.
  • 21. Sahara Green 21 économique et respect de l’environnement, car l’homme consomme aujourd’hui au-dessus de la capacité de la terre à subvenir aux besoins des générations futures. Pour sortir par le haut du dilemme «ralentissement de la croissance» vs «épuisement des ressources», l'UE a fait le pari du découplage entre la croissance économique et la consommation des ressources. Elle prône ainsi l’économie verte10, laquelle ne se réduit pas à la lutte contre le changement climatique, ou à la découverte de technologies propres, mais représente la mise en œuvre effective du développement durable dans l'activité économique. C'est au XXème siècle que la pression exercée par l'homme sur les ressources s'est amplifiée dans des proportions inouïes, mais c'est dans le sillage de la crise de 2008 qu'apparurent les débats sur l' «économie verte» : à l’ONU (Programme des Nations Unis pour l’Environnement), à l'OCDE (Stratégies pour une croissante verte), dans les institutions des grands ensembles 10 In rapport PNUE, « Vers une économie verte, vers un développement durable et une éradication de la pauvreté, synthèse à l'intention des décideurs », page 1, 21 février 2011.
  • 22. Sahara Green 22 économiques régionaux : l’UE (Europe 2020), les USA, ou la Chine11. Il s’agit de l'économie dans laquelle le développement est soutenable et équitable. Une économie verte est « à bas carbone, efficace en ressources et socialement inclusive »12. Mais comment formuler les effets anthropiques de façon simple et en faire une évaluation ? La «tonne d'équivalent CO2», est devenue l’unité de mesure pour évaluer le principal impact des actions de l'homme sur le climat, et a facilité l'émergence de modèles13, débouchant sur des lignes directrices (scénario 450, Agence Internationale de l'Energie : concentration CO2 dans l'atmosphère limitée à 450 ppm afin de maintenir le réchauffement à 2°C). Dans le cas de l'épuisement des ressources, notamment des métaux14 et des énergies fossiles15, les scientifiques ont 11 Le Figaro, « La pollution menace le développement et la stabilité politique de la Chine », 30/01/2007. 12 In Rapport PNUE. « What is a green economy ? ». Page 16. 13 BADER N., BLEISCWITZ R., « Comparative analysis of local greenhouse gas inventory Tools ». Collège d'Europe. Avril 2009. 14 RAISSON V. « USDI/USGS Mineral Commodities Summary 2010 », Atlas des futurs du monde.
  • 23. Sahara Green 23 rencontré des difficultés méthodologiques de part leur complexe diversité, mais ont élaboré des méthodes simplificatrices permettant d'évaluer la pression totale exercée sur les ressources, telle que «l'empreinte écologique», notion apparue lors de la conférence de Rio en 1992, puis affinée par l'association Global Footprint Network. Appliquée à 7 milliards d'êtres humains, cette empreinte s'établit à une planète terre et demie, et pourrait atteindre deux planètes à l’horizon 2040 selon l’ONU. Parmi les acteurs en pointe dans cette réflexion stratégique, l’UE s'est distinguée par la publication de plusieurs communications avec plans d’actions (communications 2011/25 , 2011/21 , 2008/397 , et 2003/57219). Le pari du 16 17 18 15 Meadows D. Rapport Meadows 1972. « The limits to growth » . The 30 year update ». Club of Rome. 16 Communication 2011/25. « Relever les défis posés par les marchés des produits de base et les matières premières ». UE. 2011. 17 Communication 2011/21. « Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources – initiative phare relevant de la stratégie Europe 2020». Commission européenne. 26 janvier 2011. 18 Communication 2008/397. « Plan d’action pour une consommation et une production durables et pour une politique industrielle durable ». Commission européenne. 16 juillet 2008. 19 Communication 2003/572. « vers une stratégie thématique pour une utilisation durable des ressources naturelles ». Commission européenne, 1er octobre 2003.
  • 24. Sahara Green 24 découplage que fait l'Union européenne apparaît donc comme un objectif majeur et ambitieux qui permettrai de sortir par le haut d'un dilemme dont les deux voies sont inacceptables : «une économie décroissante qui appauvrirait les individus», ou «une économie qui continuerait sa route vers des pénuries prévisibles». Mais pourquoi n’arrive t’on toujours pas à tirer parti des convergences et des complémentarités entre les rives de la Méditerranée ? Il est pourtant crucial pour y promouvoir une «économie verte», de s’intéresser à la constitution d’un espace méditerranéen unifié, stable, et prospère. I.2) Intégration stratégique de l’espace méditerranéen : point de vue du parlement européen et contraintes externes Le parlement européen a adopté le 28 avril 2010, une résolution (2009/2215(INI)), sur l'Union pour la Méditerranée (UfM), basée sur le rapport réalisé par l’eurodéputé Vincent Peillon. Cette résolution20 appelle les États à tout mettre en œuvre pour mettre en route les institutions nécessaires, et progresser dans tous les chapitres de la coopération euro-méditerranéenne. 20 Parlement Européen, « Résolution du 20 mai 2010 sur l'Union pour la Méditerranée UfM », <http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&language=FR&reference =P7-TA-2010-0192>, 2011
  • 25. Sahara Green 25 Cependant, l'enlisement perdure pour des raisons qui semblent être identiques à celles qui entravaient le processus de Barcelone de 1995 : les tensions régionales de la rive sud (Sahara occidental, conflit chypriote, conflit israélo- palestinien). Aussi, le Parlement appelle à ce que les tensions méditerranéennes ne freinent pas la possibilité d'avancer vers des coopérations multilatérales, car c’est à travers la réalisation de grands projets intégrateurs et un dialogue politique ouvert que l’UfM contribuera à développer un esprit de confiance, dans un esprit de solidarité et de paix. Le Parlement reconnaît toutefois qu'il ne pourra y avoir de succès total sans une résolution des différents conflits régionaux dans le respect du droit international. La commission des affaires étrangères du Parlement européen a ensuite souligné l’importance de cette «union de projets», qui rassemble un grand nombre de propositions sur les six grands secteurs stratégiques de l’UfM (protection civile, autoroutes de la mer et terrestres, dépollution de la Méditerranée, plan solaire méditerranéen, expansion des affaires en Méditerranée, université euro-méditerranéenne), tout en soulignant l’importance d’élargir le champ des coopérations aux domaines de la culture, de l’agriculture et des migrations. Mais le Parlement reste préoccupé par l'absence de définition claire de
  • 26. Sahara Green 26 la politique méditerranéenne de l'UE et de vision stratégique à long terme. Il faut donc que le processus d'intégration euro- méditerranéen redevienne une priorité politique dans l'agenda de l'UE. L’architecture institutionnelle et fonctionnelle de l'UfM constitue une autre priorité absolue et devrait prendre en compte les grands axes suivants : - un secrétariat doté de moyens adéquats, statutaires et financiers ; - un mécanisme de décision, de financement et de mise en œuvre pour les grands projets ; - représentation adéquate côté UE et participation active des autres pays méditerranéens ; - légitimité démocratique : associer le parlement européen et les parlements nationaux au processus décisionnel ; - coopérations multilatérales à géométrie variable, ouvertes aux pays et institutions souhaitant travailler ensemble ; - coopération entre secrétariat de l’UfM, commission européenne, et autres pays méditerranéens : clarification au plan institutionnel ; - meilleure visibilité des activités de l'UfM ; - dialogue renforcé avec les parties prenantes (autorités locales et organisations) avec participation au processus décisionnel des projets.
  • 27. Sahara Green 27 Le Parlement considère également qu’il est essentiel de renforcer les échanges Sud-Sud car ils ne représentent que 6% des échanges commerciaux. Or, l'intérêt pour ces pays est de parvenir à un pôle économique uni, fort et attractif pour les investisseurs. Il souligne la nécessité de la création d’une zone de libre échange Euro-méditerranéenne conforme à l’OMC, et appelle l'UfM à sélectionner les projets en fonction des besoins socio- économiques, et de la réduction de l'impact sur l'environnement, telle que la coopération énergétique, entre autre. Il évoque l’énorme potentiel des énergies renouvelables, et soutient les initiatives telles que le Plan Solaire Méditerranéen et les interconnexions électriques. Le Parlement rappelle ensuite les objectifs 20-20-20 en matière de climat (-20% d'émissions, +20% d'économies d'énergie, +20% d'énergies renouvelables pour 2020) qui auront des effets sur le mix énergétique des pays de l’UE. Enfin, il souligne la nécessité d'élaborer des politiques industrielles visant les économies d'échelle, tout en soutenant les PME et en renforçant les secteurs à haute technologie.
  • 28. Sahara Green 28 Tous ces objectifs convergent vers la Coopération Transméditerranéenne Industrielle en matière d’électricité verte. Mais ils ne tiennent pas compte des contraintes géopolitiques extérieures à intégrer dans les stratégies d’intégration de l’espace euro-méditerranéen. 21 François Scheer a déclaré, au Forum Mondial du développement durable, qui s’est déroulé les 27 et 28 juin 2011, à l’Ecole Militaire de Paris : «Aucune des entreprises impériales qui ont tenté de rassembler les peuples méditerranéens, n’est venue à bout des divisions qui aujourd’hui encore, demeurent comme autant de lignes de fracture entre ces peuples. Et pourtant, sans une Méditerranée rassemblée, aucun de ces peuples ne peut prétendre relever la somme des défis qui les assaillent en ce début de 21ème siècle. Pour la première fois dans l’histoire de l’espace méditerranéen, une évidente communauté d’intérêts entre les rives de cet espace peut conduire à la mise place de partenariats librement consentis, qui seuls permettraient à l’Europe, à l’Afrique et au Moyen-Orient de ne pas perdre pied dans un monde multipolaire dont le centre de gravité s’est déplacé dans le Pacifique. Encore faut-il ne pas trop tarder du côté européen, car à la faveur de la 21 Interview réalisée dans le cadre de l’élaboration de ce livre : François Scheer (Ambassadeur de France, Conseiller d’Areva)
  • 29. Sahara Green 29 mondialisation, d’autres partenaires se pressent aujourd’hui dans cet espace pour contrecarrer les ambitions européennes.» L’espace méditerranéen, est-il donc une zone où les puissances qui prétendent avoir une influence mondiale se côtoient, s’épient et se concurrencent ? Durant ce forum, Denis Simmoneau 22 a dressé un vaste tableau 23 de ces différentes influences, et Mohammed Tawfik Mouline a souligné la présence croissante des pays émergents. Durant cette conférence, plusieurs personnalités et professeurs émérites sont intervenus, et nous avons pu retenir comme marquantes, les quatre influences suivantes. La Turquie a une forte ambition régionale, en laquelle certains voient poindre un impérialisme néo-ottoman, alors que d’autres y voient un allier de poids et reconnaissent que sa volonté d’influence bénéficie d’atouts majeurs : son identité musulmane, sa force militaire, ses talents d’exportateur, son ouverture à la modernité, des institutions démocratiques susceptibles de séduire les jeunes africains épris de changement. 22 Denis Simonneau. Conseiller diplomatique, membre du comité exécutif de GDF- SUEZ, directeur des relations européennes et internationales. Forum Mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris. 23 Mohamed Tawfik Mouline, Directeur général de l’IRES. Forum mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris
  • 30. Sahara Green 30 La Turquie peut être un acteur essentiel de la coopération nord- sud et pour l’UE, un allié de premier plan dans la création d’une «macrorégion de la Méditerranée». Celle-ci, évoquée par l’Amiral Jacques Lanxade24, semble très pertinente, à condition qu’elle puisse aboutir rapidement. La Chine développe sa présence dans la zone, car les ressources naturelles du continent africain lui sont vitales. Bien que Jean- Claude Lévy25 ait relativisé son influence actuelle, il n’en demeure pas moins que ses atouts sont importants : «l’exceptionnelle qualité de sa diaspora et le fait que, faute d’un passé historique commun, elle ne suscite aucun ressentiment dans les sociétés africaines». Il faut cependant noter que la Chine, par son aptitude à produire à faible coût, peut constituer un concurrent redoutable pour l’industrie africaine naissante. Les Etats-Unis apprennent fort bien à maîtriser leur arrogance et ils réévaluent leurs intérêts dans la zone, mais leur présence maritime reste porteuse d’une force militaire considérable. 24 Amiral Jacques Lanxade, Président de la fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Forum mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris 25 Jean-Claude LEVY, conseiller spécial auprès du délégué pour laction extérieure des collectivités locales, MAEE. Forum mondial du développement durable, 28 Juin 2011, Paris.
  • 31. Sahara Green 31 La France, compte tenu de son passé et aussi du lien exceptionnel que constitue la francophonie, se sent très concernée par le maintien de la stabilité sur une partie du continent africain. Elle ne s’interdit pas les interventions militaires, et les risques d’enlisement des conflits existent, ce qui pourrait aggraver le ressentiment anticolonialiste des populations. A ces analyses extraites des discours de spécialistes reconnus, nous ajouterons l’Allemagne, première puissance économique de l’espace euro-méditerranéen, et qui a du mal à trouver sa place, entre, d’une part les pays de l’Est, dont elle doit supporter le poids du développement, et d’autre part, la Méditerranée dont elle n’est pas riveraine, mais en laquelle elle voit un espace prometteur. Elle refuse donc toute construction méditerranéenne sans elle, et a mis son véto contre la création d’une Union Méditerranéenne composée uniquement des pays du bassin méditerranéen, ce qui a conduit à la création d’une union de projets plutôt qu’une véritable Union. L’Allemagne, a ensuite saisit l’occasion de multiplier les projets de coopération avec les pays du Moyen Orient et du Nord de l’Afrique, tels que le projet DESERTEC par exemple. Cette analyse montre l’urgence pour l’UE de réaliser l’intégration méditerranéenne, préalable à la mise en place
  • 32. Sahara Green 32 efficace d’une politique de développement durable visant à promouvoir une «économie verte» en Méditerranée. Et pour aider à définir une politique efficace, il est nécessaire de cartographier le niveau de développement durable en Méditerranée. I.3) Analyse de la situation du bassin méditerranéen sur la voie du Développement Durable 1.3.1) Méthodologie et cadre géographique de l’analyse Cette analyse nécessite l’étude d’un grand territoire composé des pays de l’UE, des pays méditerranéens, et de l’Afrique subsaharienne. Afin de simplifier notre étude, mais sans y enlever sa substance, nous avons choisi de la focaliser sur un cadre géographique déjà utilisé pour ce type d’étude, le «dialogue 5+5»26 composé de cinq pays du nord de la Méditerranée et cinq du sud, mais que nous élargissons à deux pays, la Turquie et l’Allemagne, dont l’influence en Méditerranée est incontestable. Nous appellerons ce cadre géographique «groupement 6+6», que nous complèterons par l’Afrique subsaharienne si nécessaire. 26 VEDRINE Hubert, Le cercle des économistes, 5+5 = 32 : Feuille de route pour une Union méditerranéenne, Perrin, France, 2007
  • 33. Sahara Green 33 Les enjeux géostratégiques identifiés seront classés en plusieurs groupes, géopolitique, économique, social, et environnemental, et seront analysés suivant les trois axes environnement, énergie, et développement, à travers le prisme des cinq finalités du cadre de référence français de l’Agenda21 : - Lutte contre le changement climatique et protection de l’atmosphère - Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des ressources - Cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations - Epanouissement de tous les êtres humains - Développement suivant des modes de production et de consommation responsables. La déclinaison opérationnelle de ces finalités vise à une amélioration continue des territoires à long terme et s’appuie sur l’adaptativité des choix de développement et la solidarité. L’analyse du contexte du développement durable en Méditerranée sous l’angle de l’Agenda21, nous apporte ainsi un regard selon une approche territoriale. Mais afin d’éclaircir sa grille de lecture, elle se fera selon trois axes traduisant la «qualité du développement humain», l’ «insécurité économique», et la «menace du dépassement écologique».
  • 34. Sahara Green 34 Mahbub Ul Haq (1934-1998), fondateur du rapport mondial sur le développement humain, disait : «L’objectif du développement est de créer un environnement favorisant l’épanouissement pour que les gens puissent jouir d’une vie longue, saine et créative. Mais traduire dans les faits ces objectifs exige que le progrès soit équitable et bénéficie à tous, en s’assurant que les succès du présent ne sont pas acquis au détriment des générations futures». Les douze pays de notre cadre géographique, seront donc comparés sur plusieurs composantes clés du bien être et de la préservation de l’écosystème à travers les indices de Développement Humain (IDH) et de l’Empreinte Ecologique, et leurs composantes telle que l’autonomisation, la vulnérabilité, la soutenabilité et la durabilité, entre autre. 1.3.2) Etude comparative basée sur le Développement Humain Deux finalités de l’Agenda21 français, «cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations», et «épanouissement de tous les êtres humains», transparaissent dans l’indice de développement humain IDH. Mais, le développement humain n’est pas seulement affaire de santé, d’éducation et de revenu. Il implique également l’engagement actif des citoyens dans le façonnement du développement, de l’équité et de la soutenabilité. Le graphique ci-dessous que nous
  • 35. Sahara Green 35 avons réalisé à partir de données issues des Nations Unis27 et de la Banque Mondiale28, montre qu’il existe de fortes disparités entre les deux rives, mais ne permet pas d’en tirer d’autres conclusions. Nous constatons en effet que cet indice met au même niveau la Turquie et la Tunisie, et place la Libye en bonne position. D’autre part, selon la Banque Mondiale, approximativement un quart des pays dans le monde ont un IDH élevé mais une faible durabilité, et une tendance similaire bien que moins soutenue concerne les libertés politiques. Indice Développement Humain Rang Développement Humain 27 UNDP, « Human Development Reports », <http://hdr.undp.org/en/countries>, 2011 28 The World Bank, « Data », <http://data.worldbank.org/country>, 2011
  • 36. Sahara Green 36 Graphique réalisé à partir de données issues du programme de l’ONU (PNUD) L’indice IDH ne permet donc pas à lui seul de faire un comparatif sur le «développement humain», et il convient donc d’analyser plusieurs de ses composantes. Les changements contribuant à l’autonomisation intègrent de nettes améliorations en matière éducative, qui ont renforcé la capacité des individus à prendre des choix avertis et à tenir les gouvernements pour responsables. Cette autonomisation s’est élargie grâce à la technologie : téléphonie mobile, télévision par satellite, accès à l’Internet ; ce qui a augmenté la capacité à exprimer des opinions. Les évènements actuels au Moyen Orient, en Afrique du Nord, ou en Angleterre semblent le confirmer. La crise actuelle, la plus sévère depuis 1928, a révélé la fragilité de certaines réussites économiques. Le risque d’une dépression « à deux creux » demeure et un rétablissement complet pourrait prendre plusieurs années. En témoignent les récentes actualités sur la dette des états, en particulier celles de la Grèce et des USA, et qui ont provoqué début Aout 2011, de très violentes turbulences sur les marchés boursiers.
  • 37. Sahara Green 37 Mais le plus grand défi pour la perpétuation du progrès en matière de développement humain vient sans doute du manque de soutenabilité des modes de production et de consommation. Rendre le développement humain soutenable implique de réduire le rapport entre croissance économique, émission de gaz à effet de serre, et consommation de matières premières. L’analyse des composantes de l’IDH peut donc orienter la formulation des politiques de développement durable et les débats qui les entourent. Selon la Banque Mondiale, toute faiblesse importante d’IDH du fait de l’inégalité, montre que renforcer les réformes sur l’équité apporterait des bénéfices. Un indice de pauvreté élevé couplé à un faible niveau de pauvreté monétaire, révèle qu’il y aurait à gagner dans l’amélioration des prestations de services publics de base. Dans le tableau ci-dessous réalisé dans le cadre de l’élaboration de ce livre, à partir des données 2010 récupérées auprès du PNUD9, le volet «durabilité et soutenabilité» est analysé à travers le «taux d’épargne net ajustée». Pourcentage du Revenu National Brut, ce taux appelé TENA représente le taux d'épargne dans une économie, après avoir tenu compte des investissements en capital humain, de l'épuisement des ressources naturelles et des dommages dus à la pollution. Un
  • 38. Sahara Green 38 TENA négatif indique que la richesse totale est en baisse et que l'économie se situe sur une trajectoire de croissance non soutenable. Plus cet indice est élevé, et plus l’économie est dite «soutenable». Le tableau ci-dessous révèle que le peloton de tête des pays ayant l’économie la plus soutenable est composé de l’Algérie, suivi du Maroc, puis de l’Allemagne. Le peloton intermédiaire est composé de l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie, la Tunisie. Le restant des pays de notre panel se trouvant en queue de peloton. On constate également qu’il ne suffit pas d’avoir une économie soutenable pour être dans le meilleur rang du développement humain. L’Algérie ayant l’indicateur de soutenabilité le plus élevé du panel, n’a pas le meilleur rang en terme d’IDH. A l’inverse, la France est très bien classée en terme de développement humain, mais se retrouve dans le milieu du classement pour ce qui est de la soutenabilité de son économie.
  • 40. Sahara Green 40 L’indice d’inégalité de genre montre quant à lui, que l’inégalité homme-femme est plus élevée au Sud qu’au Nord. Les pays du Sud gagneraient certainement en Développement Humain, nécessaire à une bonne coopération Nord-Sud, s’ils mettaient en place des politiques incitant l’amélioration de la place de la femme dans la société civile et la sphère privée avec pour objectif une égalité totale entre la femme et l’homme en termes de droits et devoirs. Concernant la pauvreté, seuls le Maroc et la Mauritanie sont mal classés. C’est ce qui contribue certainement à les positionner dans le peloton de queue du classement IDH. 1.3.3) Etude comparative basée sur la soutenabilité et la durabilité Il existe un lien intime entre vulnérabilité et soutenabilité. Dans le contexte du développement humain, la «vulnérabilité» est associée à la possibilité du déclin : perte d’emploi pour les individus, catastrophe naturelle pour les communautés, crise financière pour les pays, en autre. Quant à la notion de «soutenabilité», elle implique que les améliorations du développement humain peuvent être soutenues. En 1987, la Commission Brundtland définissait le développement soutenable comme «celui qui répond aux
  • 41. Sahara Green 41 besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs». Les finalités suivantes, extraites de l’Agenda21 français, illustrent la nécessité, dans le bassin méditerranéen et en Afrique, de lutter contre la vulnérabilité, et de favoriser la soutenabilité : - Conservation de la biodiversité, protection des milieux et des ressources - Développement suivant des modes de production et de consommation responsables - Lutte contre le changement climatique et protection de l’atmosphère Ils montrent la nécessité de mettre en place des choix politico- économiques forts qui favorisent l’avènement de l’économie verte. L’objectif du progrès social et de l’épanouissement de chacun doit orienter les choix économiques et l’innovation, par la prise en compte d’une consommation et d’une production moins polluantes, et moins consommatrices en ressources naturelles. Par ailleurs, la lutte contre le changement climatique nécessite de limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui suppose de diviser par
  • 42. Sahara Green 42 deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050 par rapport aux niveaux de 1990. L’effort doit être collectif, mais les objectifs individuels adaptés à chaque pays. La décision 406/2009/CE29 du parlement européen fixe les objectifs des États membres pour la période 2013-2020. Les limites de ces émissions fixées pour 2020, aux six états européens du «groupement 6+6», par rapport aux niveaux de 2005, sont : «Allemagne -14%», «Espagne -10%», «France -14%», «Italie - 13%», «Malte +5%», «Portugal +1% ». Prévenir les effets du réchauffement orientera les choix de développement territorial et obligera à prendre des mesures d’adaptation dans tous les domaines, notamment celui de l’énergie. Afin de traiter ces notions de vulnérabilité et de soutenabilité, cette étude comparative se focalisera sur l’ «insécurité économique» et le «dépassement écologique». 29 Journal officiel de l’UE, « Limitation des émissions de CO2 des pays de l’UE », < http://eur- lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:140:0136:0148:FR:PDF >, 2009
  • 43. Sahara Green 43 Insécurité économique La production mondiale continue d’augmenter par rapport au niveau d’avant crise. Les estimations du PNUD indiquent également que l’espérance de vie et la scolarisation continuent d’augmenter, résultant en un IDH mondial qui s’améliore et atteint 0,68 en 2010, soit 2% de plus qu’en 2007. Cependant, dans le Nord, l’IDH n’a que légèrement augmenté, les chutes importantes des revenus ayant fait contrepoids aux gains en matière de santé et d’éducation. Dans le même temps, la crise a propulsé la réglementation des marchés sur le devant de la scène et soulevé des questions d’importance majeure concernant la soutenabilité du boom économique des années 2000. Et l’UE peine à réformer le système financier. Les USA ont bien règlementé les contrats dérivés qui furent à l’origine de la crise, et l’Allemagne a interdit les ventes à découvert. Mais cela n’a pas empêché le retour de la crise durant l’été 2011, et la destruction d’emplois, ce qui représente pour le plus grand nombre l’un des événements les plus importants pouvant nuire à leur développement humain. Ainsi, toute analyse de la vulnérabilité devrait-elle examiner attentivement l’insécurité de l’emploi et les sources d’instabilité économique.
  • 44. Sahara Green 44 Le chômage s’est donc brutalement aggravé, et la hausse des prix des denrées de base a entrainé bien des familles dans la pauvreté ; plusieurs millions d'individus se sont retrouvés au dessous du seuil de pauvreté de 1,25 $ par jour. En 2010, le chômage a atteint une moyenne de 9% dans les pays développés, avec une pointe de 20% en Espagne. Par ailleurs, la reprise amorcée en 2010, est loin d’être garantie : le risque d’une récession en deux temps est d’actualité, et une reprise totale pourrait prendre plusieurs années. La rechute des marchés boursiers début août 2011 est là pour nous le rappeler. La dégradation de la note Américaine dont la dette n’est plus cotée AAA par Standards & Poors, la crise de la dette Grecque, et les graves émeutes en Angleterre ne rassurent pas non plus. Ceci met en évidence l’importance du niveau de dettes (publique et privée) d’un Pays dans le volet économique du développement durable. Comment un Pays, peut-il œuvrer en faveur d’un développement économique équitable et soutenable, s’il laisse aux générations futures le soin de rembourser les dettes actuelles ? Des interventions politiques imaginatives et d’énormes stimuli financiers dans de nombreux pays, alliés à une coordination mondiale rapide, ont permis d’éviter temporairement une crise de plus grande ampleur, mais nous sommes aujourd’hui à un tournant, car les marges de manœuvre des états et des banques
  • 45. Sahara Green 45 centrales se sont considérablement réduites. Et il sera de plus en plus difficile d’assurer un avenir aux futures générations si les états ne baissent pas drastiquement leurs déficits. Quelques pays ont réussi à s’imposer une gestion responsable des deniers publics. On peut citer un pays européen, la Suède, et un pays du sud de la Méditerranée, l’Algérie. Ce pays a eu l’audace et l’intelligence de se débarrasser de sa dette, et se retrouve aujourd’hui dans la petite liste des pays très faiblement endettés. Mais ceci est dû à ses ressources en hydrocarbures qui ont fortement augmenté, et aujourd’hui, sa balance commerciale penche dangereusement du mauvais côté, à cause de son économie basée essentiellement sur le pétrole et le gaz. Faute de relais, l’Algérie importe une énorme partie des biens consommés par ses citoyens. Il s’agit donc bien d’une économie non soutenable, et l’Algérie, autant que ses voisins, a besoin de favoriser le développement d’une économie diversifiée et propre. L’économie verte en Méditerranée par l’inclusion des principes du développement durable s’avère donc vital, non seulement pour l’aspect environnemental, mais également pour les volets économique et social. Notre sondage (voire figure du chap. I.1) révèle par ailleurs que près de la moitié des personnes interrogées estiment que l’enjeu le plus important est celui de l’économie et de l’emploi. Ces
  • 46. Sahara Green 46 préoccupations au sujet de la sécurité de l’emploi ont bien incité la plupart des gouvernements à se pencher sur la question, mais la couverture et les prestations sociales sont souvent partielles et inadéquates. En l’absence de protection sociale, les individus qui perdent leur emploi doivent intégrer l’économie informelle, où les salaires sont inférieurs et la vulnérabilité accrue, tel que nous pouvons le constater dans le bassin Méditerranéen. Les effets des crises sur le développement humain vont évidemment plus loin que les revenus. Les familles pauvres peuvent décider de déscolariser leurs enfants, au détriment des débouchés futurs. Les crises économiques font augmenter la mortalité et la malnutrition infantiles, les retards de croissance entraînant des coûts très élevés sur le long terme. Les estimations suggèrent qu’en Afrique, au moins 50.000 enfants mourront à cause de la crise financière récente, notamment dans la corne de l’Afrique. Les effets néfastes peuvent s’étendre à des hausses du nombre d’enfants des rues, des taux de suicide et de criminalité, des abus et violences domestiques, ainsi que des tensions ethniques. Tandis que certains pays en développement, qui disposent aujourd’hui d’une plus grande marge de manœuvre, ont cette fois protégé leurs budgets sociaux, d’autres pays d’Afrique subsaharienne voient leur pouvoir d’achat diminuer d’un tiers.
  • 47. Sahara Green 47 Et alors que les USA30 et la Chine31 (120 milliards USD d’échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique subsaharienne en 2010) investissent en Afrique, l’Europe reste en retard. Car, même si la croissance des pays africains n’est pas aussi importante que celles de la Chine ou de l’Inde, elle reste quand même plus enviable que celle des pays de l’UE. Et, c’est dans l’Afrique (Afrique du Nord et Afrique Subsaharienne), plus proche et accessible que l’Asie, et possédant une grande partie des ressources de la planète, qu’il faut aller chercher la croissance future de l’UE. Le Président du Groupe de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a clôturé sa tournée africaine en août 2009, en affirmant que «malgré les difficultés issues de la crise, l’Afrique pouvait connaître un siècle de croissance et d’opportunités»32. C’est donc une réelle opportunité pour l’UE, que de promouvoir le développement durable en Méditerranée et en Afrique, en 30 Interview de Hilary Clinton, RDC, « Investir en Afrique : opportunité de croissance pour les USA, http://www.laconscience.com », 2011 31 Conjoncture, « Comment la Chine soutient la croissance africaine », www.lefigaro.fr, 2011 32 ZOELLICK R., Président de la Banque mondiale, « Un siècle de croissance et d’opportunités en perspective pour l’Afrique », <http://web.worldbank.org>, 2011.
  • 48. Sahara Green 48 investissant dans l’économie verte, ce qui serait une réponse à l’insécurité économique ressentie par les européens. La menace du « dépassement écologique » La principale menace qui pèse sur le développement humain provient de l’insoutenabilité des modes de production et de consommation. Le lien étroit entre croissance économique, émissions de gaz à effet de serre (GES), et surconsommation doit donc être rompu. Certains pays développés ont commencé à atténuer les pires effets en élargissant le recyclage et en investissant dans les transports en commun et les infrastructures. Cependant, la majorité des pays en développement sont gênés dans leurs efforts par les coûts élevés de l’énergie propre. Les pays développés du nord de la Méditerranée doivent donc donner l’exemple en matière de découplage et soutenir la transition des pays du sud vers un développement humain soutenable. Les premiers travaux du PNUD traitaient habituellement des menaces environnementales, et se sont penchés plus récemment sur le changement climatique et la pénurie d’eau. Des études ont abordé ces problèmes, certaines d’un point de vue international (le changement climatique) et d’autres d’importance locale
  • 49. Sahara Green 49 (l’énergie et les ressources d’eau). Cependant, un des défis de la soutenabilité, celui de l’utilisation des ressources et de leur répartition mérite une attention particulière face aux menaces courantes. Comment aborder les divergences observées entre les hausses de l’IDH et les indicateurs environnementaux ? Comment les prescriptions stratégiques pour l’économie verte peuvent-elles prendre en compte développement durable et redistribution ? Une partie de la difficulté en ce qui concerne la soutenabilité au niveau mondial et national réside dans la notion de mesure. Certains analystes préconisent une mesure exhaustive de la soutenabilité, qui détermine si l’économie appauvrit à la fois les actifs naturels et les actifs matériels, tandis que d’autres préconisent de séparer la soutenabilité environnementale d’autres types de soutenabilité. Ils sont donc en désaccord sur la question de savoir si une accumulation d’actifs matériels peut compenser la dégradation de l'environnement. Le taux d’épargne net ajusté (TENA) de la Banque mondiale repose sur une mesure du capital synthétisant tous types d’actifs, partant du principe qu’ils peuvent se substituer les uns aux autres. Tandis que les empreintes carbone et écologique du Global Footprint Network et l’indice de soutenabilité
  • 50. Sahara Green 50 environnementale de l’Université de Yale33 se concentrent uniquement sur l’environnement, mais montrent néanmoins que le monde est devenu moins soutenable. De 1970 à 2008, le TENA mondial a chuté de moitié, de 19% du RNB à 7%, tandis que les émissions de CO2 ont doublé. La situation pose des défis énormes, et il est impératif que les pays à faible IDH atteignent des niveaux de croissance et des revenus convenables, mais la croissance verte dépendra avant tout de la richesse des idées et des innovations technologiques. Notre étude comparative, sur l’origine des effets anthropiques, utilise également «l'empreinte écologique», qui comptabilise la demande exercée par les hommes envers les «services fournis par la nature». Cet indicateur mesure les surfaces de terre et d´eau biologiquement productives, nécessaires pour produire les ressources de consommation et pour absorber les déchets générés. Il s´efforce ainsi de répondre à une question scientifique précise, et non à tous les aspects de la durabilité, ni à toutes les préoccupations environnementales ; il part de l'hypothèse que la capacité de régénération de la Terre pourrait 33 Yale & Columbia Universities, « Environmental Sustainability Index », http://www.yale.edu/esi/ESI2005_Main_Report.pdf, 2011
  • 51. Sahara Green 51 être le facteur limitant pour le développement humain, en cas de surexploitation de ce que la biosphère est capable de renouveler. Tel que souligné au chapitre 1.2, nous vivons dans un monde fini où la population croît, et plus l’empreinte anthropique est large, plus on s’éloigne de l’optimum de soutenabilité et de durabilité du développement. Cet écart, le «dépassement écologique», signifie que l´on déprécie du capital naturel (en puisant dans les stocks plutôt que dans le surplus généré), ou que l´on accumule des déchets dans l´environnement (plus que ce que la nature peut assimiler). Il peut être évalué en soustrayant la «biocapacité» de l’ «empreinte écologique», à partir du tableau ci-dessous, réalisé dans le cadre de l’élaboration de ce livre, à partir de données issue de la banque mondiale, de l’ONU, et du « footprint network »34. Le tableau qui suit montre ainsi une partie des indicateurs utilisés pour cette étude, destinée à fournir une réponse à la question « Les pays Méditerranéens progressent-ils sur la voie du développement durable ? ». 34 Footprint Network, « Ecological Footprint Atlas », <http://www.footprintnetwork.org/images/uploads/Ecological_Footprint_Atlas_200 9.pdf, 2011
  • 53. Sahara Green 53 I.4) Résultats de l’étude. Vers quels partenariats durables ? En analysant la problématique du développement durable en Méditerranée, à partir des bases de données du PNUD, du Gobal Footprint Network, de la Banque Mondiale, de FAO- Aquastat, et de United Nations Statistical Division, cette étude permettra également de répondre à la question «Vers quels partenariats durables ?». Pour faciliter la lisibilité des résultats ceux-ci sont présentés sous la forme de réponse aux questions ci-dessous. Progrès des pays méditerranéens sur la voie du développement durable ? Les trajectoires des pays méditerranéens selon les axes socioéconomique et environnemental représentés par l’IDH et l’EE (empreinte écologique), sont habituellement analysées en prenant comme hypothèse que la situation d’un pays est compatible avec le développement durable si son IDH est supérieur à 0,8 et que son EE est inférieure à la moyenne globale de la «biocapacité disponible par habitant» de 1,8 hectare. En 2007, aucun pays méditerranéens n’est en situation de développement durable. Seul l’EE du Maroc est inférieure à 1,8. Et de 2000 à 2007, tous les pays augmentent leur EE, excepté Malte. Deux groupes de pays de notre panel se distinguent et correspondent à la classification des pays utilisée par la Banque
  • 54. Sahara Green 54 Mondiale : - PSEM (pays Sud et Est de la Méditerranée) : revenu intermédiaire (RNB par habitant en 2007 de 936 à 11 455 USD) avec IDH et EE faibles, mais avec IDH qui s’améliore ; - pays de l’UE : revenu élevé (RNB ≥ 11 456 USD en 2007) avec IDH et EE élevés. Le défi des PSEM sera donc de poursuivre leur développement économique en accroissant leur IDH sans augmenter l’EE, tandis que celui des pays membres de l’UE sera de diminuer l’EE en maintenant l’IDH à un niveau élevé. Les écarts des revenus entre le Sud et le Nord de la Méditerranée se réduisent-ils ? En 2009, le revenu annuel moyen par habitant dans les PSEM (8000 USD) est 3,5 fois inférieur à celui de l’UE, qui représente plus de 68 % du Produit Intérieur Brut (PIB) méditerranéen. Bien que les taux de croissance du PIB dans les PSEM sont supérieurs à ceux des pays méditerranéens de l’UE, ils restent faibles au regard de leur croissance démographique. La part du PIB de la Méditerranée dans le PIB mondial a enregistré un léger recul en l’espace de 15 ans, passant de 13,5 % en 1990 à 11,5 % en 2009. Or dans le même temps, la population de la Méditerranée a gardé une part constante dans la population mondiale (autour de 7%).
  • 55. Sahara Green 55 Le bien être social progresse t-il autant en Méditerranée que dans le reste du monde ? En Méditerranée, l’IDH est en constant progrès depuis 1980. Avec un IDH moyen de 0,734 en 2010, la région Méditerranéenne se situe au dessus de la moyenne mondiale (0,624). Cependant, tel que présenté au chapitre I.4.2, de fortes disparités entre les rives Sud et Nord sont observées. L’espérance de vie à la naissance présente un écart de plus de dix ans, entre les deux rives. Les écarts en terme de taux brut de scolarisation combiné sont de l’ordre de 35%. Quel est l’impact des activités humaines sur l’environnement ? Tous les pays méditerranéens de notre panel enregistrent un déficit écologique en 2007, excepté la Mauritanie. Le capital environnemental de la région est dépensé plus vite qu’il ne se renouvelle (2.5 pour la région méditerranéenne vs 1.5 planète). De 1995 à 2007, l’EE a diminué à Malte, et depuis 2000 en France. En 2007, l’EE globale des pays méditerranéens a atteint 1,5 milliards d’hectares globaux (gha) soit près de 8,4% de l’EE mondiale alors que la population méditerranéenne est de 7 % de la population mondiale. L’EE méditerranéenne (3,3 gha/hab) est donc supérieure à l’EE mondiale (2,7 gha/hab). Le Déficit Ecologique (DE) du bassin méditerranéen (2 gha/hab) est 2 fois supérieur au DE mondial (0,9 gha/hab). L’EE des pays du Nord
  • 56. Sahara Green 56 (4,5 gha/hab) ainsi que leur DE (2,7 gha/hab), sont très important, plus de 2 fois celui des PSEM. Les écarts entre les pays en termes de «DE / unité de PIB» sont alors inversés. La France consomme 160 gha par millions USD, l’Italie en consomme 179, et l’Algérie 228. L’efficience d’utilisation de l’eau 35, s’améliore t’elle ? L’efficience totale d’utilisation de l’eau en Méditerranée va de 40-50% (Italie, Tunisie, Turquie) à 60%-70% (Algérie, Espagne, France, Libye). C’est l’une des plus fortes asymétries du bassin méditerranéen. Dans certains pays (Maroc, Tunisie, Italie) l’efficience de l’eau d’irrigation est plus faible que celle de l’eau potable, alors que c’est l’inverse pour Malte. Pour la France et l’Espagne, elles sont presque équivalentes. Depuis 1995, la plupart des pays ont apporté des progrès importants en matière d’efficience, mais il reste du chemin à parcourir. La demande en eau se modère t-elle ? La part de l’eau agricole reste importante dans tous les pays, souvent supérieure à 50 % et atteint près de 90 % au Maroc. Les quantités d’eau agricole utilisées pour produire 1000 USD de valeur ajoutée agricole sont d’environ 300 m3 en Tunisie, autour de 500 m3 au Maroc et 1900 en Libye. Il y a donc de fortes 35 FAO-Aquastat, http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/indexfra.stm, 2011
  • 57. Sahara Green 57 disparités au Sud. La demande en eau potable par habitant couvre un large éventail, d’environ 40 m3/an/hab (100 litres/jour) au Maroc et en Tunisie à près de 140 (400 litres/jour) en Italie. Cela montre qu’il est difficile de découpler la croissance du PIB et la consommation d’eau. Les pressions sur les ressources en eau naturelles renouvelables diminuent-elles ? Les pays méditerranéens peuvent se classer selon l’indice d’exploitation (pression de la consommation sur la quantité renouvelable en eau) en trois groupes : 1- très forte tension (prélèvements > volume renouvelable de l’eau) : Malte, Libye ; 2- forte tension (prélèvements < volume renouvelable), mais avec indice d’exploitation supérieur à 25% : Tunisie, Maroc, Algérie, Espagne ; 3- tension moyenne : indice d’exploitation < 25% : Italie, Turquie, France. La situation au regard des ressources disponibles par habitant est légèrement différente : 1- pays en situation de pénurie : ressource annuelle < 500 m3/hab : Malte (80 m3/hab), Libye, Algérie et Tunisie (400 m3/hab). 2- pays pauvres en eau : ressource annuelle entre 500 et 1000 m3/hab : Maroc (700).
  • 58. Sahara Green 58 3- pays considérés comme riches en eau : ressource annuelle > 1000 m3/hab. 36 L’accès à l’eau potable augmente-t-il ? La proportion de la population disposant d’un accès durable à une source d’eau améliorée est de plus de 80% dans la majorité des pays méditerranéens en 2008. Les pays de l’UE, ont déjà atteint un taux d’accès à l’eau potable égal à 100 %. Dans les zones rurales, plus de 23 millions de méditerranéens (du sud), n’ont pas accès à l’eau potable en 2008. De 1990 à 2008, le Maroc, la Tunisie, et la Turquie affichent des progrès encourageants, mais pas l’Algérie. L’accès à l’eau potable en zone urbaine se situe à un niveau élevé, plus de 97 %, dans la plupart des pays. Il se situe entre 85% et 95 % en Algérie. L’accès à l’eau potable dans les PSEM (93 %) est supérieur à la moyenne mondiale. C’est également le cas pour l’accès en zone urbaine (96 %) et en zone rurale (88%). Progresse t-on dans l'utilisation rationnelle de l’énergie ? Alors qu’un début de découplage partiel entre consommation d’énergie et développement économique est observable au niveau mondial et européen (depuis 2000, la croissance de la consommation d’énergie est 2 fois moins rapide que celle du 36 United Nations Statistical Division, « The Millennium Indicators Database ». http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Data.aspx, 2011
  • 59. Sahara Green 59 PIB), ce n’est pas le cas en Méditerranée où l’on observe plutôt une parité, notamment dans le sud. L’ «intensité énergétique» (IE) en 2008 des pays méditerranéens (135 kep/1000 USD) est supérieure au niveau moyen européen (123), et en dessous du niveau mondial (183). Mais les disparités entre les pays restent importantes, même à niveau de revenu équivalent. Ainsi l’IE en Tunisie atteint 150, tandis qu’elle est inférieure à 100 à Malte. Dans les pays à très forte consommation (rive Nord), les gains en IE, s’ils sont suffisants, pourraient aussi se traduire par un ralentissement de la croissance de la consommation d’énergie par habitant. Celle-ci est encore très importante dans les pays méditerranéens de l’UE (3550 kep/hab) et atteint même 4280 en France. La consommation d’énergie dans les PSEM est inférieure à 1500 kep/hab (Moyenne mondiale 1800) mais les taux de croissance sont très différents selon les pays. La part des énergies renouvelables progresse t-elle ? La part des énergies renouvelables (ER) dans le Mix énergétique des pays méditerranéens ne progresse pas depuis 2000 (3,2% des approvisionnements totaux en énergie). Néanmoins, la production d’énergie renouvelable progresse en volume. La part des ER en Méditerranée, hors hydraulique et géothermie, est de 21 %. Dans les PSEM, elle est de 23 %. Depuis 1995, les ER connaissent une croissance de +2,2% / an en Méditerranée, légèrement supérieure à celle des
  • 60. Sahara Green 60 approvisionnements en énergie primaire (+2%). Les ER (hors hydroélectricité et biomasse) connaissent une très forte progression (+7,9 %). La part du charbon se maintient, celle du nucléaire se stabilise et celle du gaz progresse fortement. En 2008, ces ressources dominent l’approvisionnement énergétique en Méditerranée : 72 % de la consommation au Nord (hors électricité nucléaire : 20%) et 95% dans les PSEM. Les pays méditerranéens maîtrisent-ils leurs émissions de CO2 ? Les émissions de CO2 issues des combustibles continuent d’augmenter. La croissance des émissions de CO2 due à l’énergie entre 1990 et 2007 est supérieure aux objectifs nationaux des pays de l’UE, excepté en France où elles ont baissé. Elles ont doublé en Turquie et au Maroc. En 2007, un méditerranéen émet 5 tonnes de CO2/an, peu plus que la moyenne mondiale (4,5 tonnes), mais 2 fois moins qu’un habitant de l’UE (8) et 4 fois moins qu’un américain (19). Coopération: l’aide publique au développement est-elle à la hauteur des enjeux ? L’aide publique au développement (APD) en Méditerranée est essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable du millénaire. Le Maroc, la Turquie et l’Egypte ont reçu en 2009 les 2/3 de l’APD à destination des pays méditerranéens.
  • 61. Sahara Green 61 La solidarité euro-méditerranéenne est-elle à la hauteur des défis du Sud ? En 2009, l’UE et ses pays membres sont encore les plus importants donateurs internationaux, fournissant 60% de l’aide totale. Les pays méditerranéens ont reçu en 2009 1,7 milliards € de l’UE. Les montants par tête reçus dans les PSEM (6 €) sont trois fois inférieurs à ceux reçus par les habitants des pays des Balkans (18€). La part des financements de la catégorie «Infrastructures et services sociaux» est de 50%. Les PME, peuvent-elles bénéficier de crédits pour financer leurs investissements ? Dans les PSEM, le secteur public accapare une grande partie du crédit domestique. Depuis 1995, Le crédit domestique alloué au secteur privé est en augmentation dans la plupart des pays méditerranéens de notre panel, excepté en Tunisie et en Libye. La part des crédits bancaires alloués au secteur privé en 2009 est faible en Libye (11%) et en Tunisie (68%). En 2009, le crédit domestique alloué au secteur privé est supérieur au PIB dans 5 pays, atteignant 316% à Malte et 212% en Espagne. En 2009, le crédit domestique fourni par le secteur bancaire est supérieur au PIB dans 7 pays, dont Malte, Espagne, Italie, France, et Maroc. Le microcrédit, très répandu en Asie, est encore peu utilisé dans les pays méditerranéens.
  • 62. Sahara Green 62 L'effort financier pour la Recherche et développement augmente-il ? Au niveau mondial, la plupart des pays dépensent entre 0,25% et 1% de leur PIB en recherche et développement, et 2% dans l’UE. Ce pourcentage augmente dans tous les pays méditerranéens, mais reste globalement faible. De 1 à 2 % en France, Espagne, Italie, Tunisie et moins de 1% dans les autres pays méditerranéens. Vers quels partenariats durables ? Cette étude a permis d’identifier les cas prioritaires, qui nécessitent un renforcement de la coopération Nord-Sud, et qui répondent aux enjeux géostratégiques méditerranéens : - gestion coordonnée des ressources naturelles et de la protection environnementale : «désalinisation d’eau de mer» - énergie et changement climatique : «coopération transméditerranéenne en matière d’énergie solaire» - désertification et développement agricole durable : «désertification et permaculture» - coopération équitable en faveur du développement durable à l’échelle territoriale : « transferts de technologies et partenariats industriels, coopération scientifique »
  • 63. Sahara Green 63 - relations entre pays méditerranéens et Afrique sub- saharienne : « l’espace Eurafricain » Avant d’analyser les chemins qui mènent à la coopération transméditerranéenne durable, il est nécessaire d’identifier le moment présent et de comprendre les enjeux immédiats, cerner les mutations en cours et rendre intelligible cette réalité apparemment complexe qui semble nous dépasser.
  • 64. Sahara Green 64 II) Les voies de la coopération transméditerranéenne durable et équitable Les économistes continuent de faire référence aux modèles d’une époque révolue, inadaptés à la conjoncture actuelle, tel que le modèle économique libéral élaboré par Adam Smith, et auquel nous devons renoncer, car nous assistons aujourd’hui à une mutation technologique comparable à l’invention de la machine à vapeur dont la révolution industrielle est issue. Depuis une quarantaine d’années, l’arrivée massive des «nouvelles technologies» a induit un profond bouleversement de la société. Certains tentent d’établir un lien entre l’évolution du chômage de masse et cette mutation, mais la réalité est plus complexe car si ces innovations étaient mises à la disposition d’une économie soutenable, ses effets seraient plus bénéfiques pour le «développement humain». La révolution numérique, partie intégrante de cette rupture technologique, a entre autre entraîné un bouleversement culturel, mais a surtout favorisé la multiplication des échanges informels. Cette facilité devait amplifier les échanges économiques et permettre l’essor du bien être, mais a eu pour effet la globalisation financière et son surdimensionnement par rapport au reste de l’économie. Il y a un siècle, la part de l’économie matérielle (produits manufacturés) était de 95 %
  • 65. Sahara Green 65 tandis que la part de l’économie immatérielle (la finance) était de 5 %. A l’heure actuelle, nous assistons à une inversion totale de ce rapport. Nous remarquons donc que la phase de transition de l’ère industrielle vers l’ère de la mondialisation et de l’immatériel, n’a pas eu les effets bénéfiques escomptés, et a conduit par ailleurs à une mutation des «acteurs géopolitiques» et une «crise des identités». Cette mondialisation, a redistribué les cartes de la gouvernance mondiale et a donné encore plus d’importance à quelques organisations multilatérales telles que l’OMC, le FMI, et l’OCDE qui instaurent une concurrence économique mondiale entre les pays. Il en a résulté un morcellement d’anciennes puissances (éclatement de l’URSS, et de la Yougoslavie) et le développement de firmes globales, dont les activités couvrent tous les champs économiques. Aujourd’hui, les USA et la Chine tentent de tirer profit de cette redistribution. Les Etats-Unis dominent la planète dans tous les domaines : hégémonie politique et militaire, économique, scientifique, et culturelle. Demain ce sera probablement au tour de la Chine. Parmi ces géants, seuls d’autres grands espaces économiques pourront s’épanouir. C’est dans ce contexte que l’espace
  • 66. Sahara Green 66 méditerranéen prend tous son sens. Mais quelle identité fédératrice pour toutes ces populations ? Finalement, un des phénomènes révélateurs des transformations actuelles est la crise des identités. Auparavant, les citoyens dans les pays industrialisés se définissaient par rapport à un groupe social ou politique, «je suis ouvrier» ou «je suis communiste» ; aujourd’hui, elles sont de type ethnique ou religieux, voire même de type tribal «je suis de telle ou telle cité», «je supporte telle ou telle équipe de foot». Nous assistons donc à la naissance d’identités provisoires, qui montrent la nécessité d’affirmer une identité méditerranéenne au delà des identités nationales. La création d’une Union Méditerranéenne permettra de donner ce sentiment d’appartenance à un ensemble fort et prospère, et favorisera ainsi les échanges et la coopération transméditerranéenne durable. La construction d’un espace méditerranéen unifié, où prospèrerait une nouvelle forme d’économie, nécessite avant tout d’apporter des solutions qui répondent aux enjeux géostratégiques méditerranéens, et c’est ce que j’ai tenté de faire dans cette analyse en apportant des pistes de réflexion : - sur la coopération décentralisée et territoriale ; - sur la manière de promouvoir des projets transméditerranéens durables ;
  • 67. Sahara Green 67 - sur les choix technologiques prioritaires qui permettent de rapprocher les deux rives par l’innovation et le transfert de technologies. Le graphique ci-dessous représente le résultat d’une des questions posées dans le cadre de l’étude de terrain (voire annexe-1), dont le but est de prendre en compte l’avis des parties intéressées par la question du développement durable en Méditerranée. Ce sondage révèle que 50% des 119 personnes qui ont répondu à cette question, estiment que plus de coopération territoriale
  • 68. Sahara Green 68 serait bénéfique au développement durable en Méditerranée, et 42% préconisent plus de projets transméditerranéens. Les parties prenantes estiment donc que la coopération transméditerranéenne, est une question centrale, mais cela nécessite des initiatives, outils et méthodes, qui sont présentés dans ce qui suit. Nous ferons ensuite la transition avec la troisième partie, en choisissant un cas concret à traiter en matière de coopération transméditerranéenne Nord-Sud durable. II.1) L’Union Méditerranéenne, au service d’un développement durable en Méditerranée A défaut d’une réelle intégration méditerranéenne, l’originalité de l’Union Pour la Méditerranée, dont le secrétariat a été créé en Juillet 2008, est de bâtir une coopération régionale autour de projets concrets ; les besoins en infrastructures ont été évalués à 200 milliards d'euros par la Banque européenne d'investissement (BEI). Lors de la création de l’UfM, les ministres ont examiné deux cents projets et annoncé le lancement de cinq d'entre eux, pour un montant d'un milliard d'euros. Cela paraît insuffisant, mais l’important est que le processus avance. Un de ses projets phare, le «Plan Solaire Méditerranéen», a un peu avancé en juillet 2011, alors qu’il était en suspend depuis fin 2008.
  • 69. Sahara Green 69 Le chemin de la création d’un « espace méditerranéen » unifié reste long et difficile, malgré les bénéfices qu’apporterait l’intégration méditerranéenne, dont le premier serait de sortir par le haut du processus de Barcelone («dialogue 5+5»). Avec l’Union Méditerranéenne, le dialogue se poursuivrait dans le cadre de deux institutions distinctes (Union Européenne et Union Méditerranéenne), avec l’objectif de les rapprocher par une zone de coopération économique, technologique, environnementale, et diplomatique, et atténuera ainsi les tensions et rivalités entre les pays du bassin méditerranéen (Grèce-Turquie, Algérie-Maroc, Palestine-Israel). Une seconde vertu : proposer un rapprochement de type géographique favorisant l’homogénéité économique et environnementale, plutôt que selon leurs identités culturelle ou religieuse. Par exemple, des pays du monde musulman tels que l’Indonésie et la Malaisie pourraient s’insérer dans un nouvel ensemble avec la Chine et le Japon ; le Pakistan et le Bangladesh pourraient réintégrer leur ancien espace de civilisation avec l’Inde, lequel était d’ailleurs unifié avant sa partition en 1947. C’est dans cette optique, que les pays du bassin méditerranéen devraient s’unir pour un destin commun, quelque soient leurs traditions ou religion principale, et promouvoir une identité méditerranéenne.
  • 70. Sahara Green 70 Ainsi, à travers ce mécanisme, nous pourrions entrevoir une troisième opportunité, celle de voir Israël et ses voisins se reconnaître mutuellement et se respecter, condition d’accès aux importants et proches marchés européens. Ensuite, le quatrième bienfait que pourrait apporter cette « Union méditerranéenne », est la création d’un «précédent», pour la réalisation de l’Eurafrique, dont la conclusion serait un atout stratégique majeur en faveur de l’UE, du bassin méditerranéen, et de l’Afrique sub-saharienne. Enfin, nous pouvons souligner également, la nécessaire coopération transméditerranéenne en faveur du développement durable en Méditerranée, qui peut être largement facilitée par une «Union» active sur les réponses à apporter aux enjeux géostratégiques communs. Pourtant, malgré ces différents avantages, l’intégration méditerranéenne stagne et a du mal à émerger de façon significative, en partie à cause des moyens mis en œuvre, du véto de l’Allemagne, et de la communication sur ce sujet. Bien que d’une importance majeure et stratégique, une telle Union ne suscite aucun enthousiasme de la part des deux rives. Il en va de même des projets transméditerranéens, qui de part leurs
  • 71. Sahara Green 71 dimensions pharaoniques et extraordinaires devraient au moins susciter le rêve de la part des populations concernées. Ce projet d’Union peut paraître également selon les observateurs, comme une formidable opportunité de stabilité et de prospérité, ou une occasion d’éloigner la Turquie d’une candidature à l’UE. Rappelons que si la question maghrébine est un impératif pour la France, l'entrée de la Turquie dans un vaste ensemble Euro-méditerranéen semble être hautement stratégique pour assurer la stabilité de cette région (voire chapitre I.2). Enfin, ce sentiment de nécessité d’intégration de l’espace méditerranéen, a été renforcé par le résultat de notre étude qui a révélé que 60% des personnes interrogées seraient favorables à la création d’un espace Euro-méditerranéen (voire graphique du chapitre II.5). II.2) Politique de développement durable en Méditerranée : Nécessité d’un Observatoire Méditerranéen du Développement Durable ? Afin d’éviter l’utilisation de politiques «standards» de développement durable, lesquelles sont vouées à l’échec, il est nécessaire de poser certaines bases :
  • 72. Sahara Green 72 - identifier les axes d’évaluation des différentes alternatives possibles (équité, pauvreté, par exemple), en fonction de l’expérience et des contraintes propres à chaque pays ; - ne pas sous-estimer l’importance du contexte (économie politique locale par exemple), et de toutes les parties prenantes ; - faire évoluer les politiques mondiales, et leur déclinaison territoriale, car de nombreux défis et enjeux dépassent la capacité des seuls États et sont de niveau planétaire. - C’est dans cet esprit, qu’a été réalisée cette étude, qui révèle l’importance d’une organisation chargée de centraliser tous les tenants et aboutissants de la mise en œuvre d’une économie verte dans l’espace méditerranéen. II.2.1) Initiatives actuelles de développement durable en Méditerranée Les prévisions économiques montrent que le bassin méditerranéen a tous les atouts pour devenir une économie avancée, avec un large potentiel d’investissements à la clé. Cela nécessite un minimum de stabilité d’une part pour que les pays méditerranéens puissent avancer avec une vision partagée pour un intérêt commun et une approche proactive du développement durable, et la volonté de la population à un respect total de l'environnement méditerranéen dans leurs vies quotidiennes, d’autre part.
  • 73. Sahara Green 73 L’objectif est non seulement de changer les attitudes mais aussi de motiver et donner les moyens aux citoyens d’agir en faveur de l’environnement dans le bassin méditerranéen. L’analyse des plans d’actions en faveur d’une «économie verte» en Méditerranée révèle que les initiatives de l’UfM sont restées longtemps timides face à celles d’organisations plus anciennes et globales, telles que l’ONU, la Banque Mondiale, ou venant de l’UE ou des pays du versant Sud de la Méditerranée. Mais la dynamique des projets de l'UfM reprend. Initiatives de l’ONU - « Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) » : Le PNUE prône la réaffectation de 2% du PIB mondial (10% des investissements mondiaux), en faveur d' «investissements verts» dans dix secteurs clés, dont l’énergie et l‘eau, entre autre. - « Mediterranean Action Plan (MAP II) » : Ce programme, à l’origine dédié au contrôle de la pollution marine, s’est dirigé vers un plan MAP II, intégrant plus de facettes du Développement Durable, dont le développement socio- économique durable. - « Medpartnership » : Cette initiative a pour but de protéger les côtes méditerranéennes et les eaux territoriales sur le plan environnemental, et comporte deux lignes directrices : le