Note : ce document présente le contenu détaillé de la présentation de Pierre GUILLOU (Ideose) donnée aux Roumics le jeudi 26 novembre 2009 sur le thème : "Accessibilité, bien plus qu’un slogan".
Le travail engagé depuis 10 ans par les acteurs de l’accessibilité du Web permet de disposer aujourd’hui d’un ensemble de méthodes, d’outils et de personnes qualifiées pour traiter l’accessibilité des sites “Web 1.0″ (standards, référentiel et guide, formations, labels, loi…).
Cependant, le Web désigne aujourd’hui (et encore plus demain) une réalité multiple :
* Des publics divers consultant le Web d’une manière adaptée (personnes handicapées, seniors, utilisateurs de mobile, etc.) ;
* Des services Web spécialisés pour répondre à des besoins spécifiques (centres relais via le Web, etc.) ;
* Des flux d’information type réseaux sociaux et services “Web Temps Réel” (Twitter) qui permettent à chaque internaute de créer son Web (”Web 2.0″) et non de consulter des sites existants.
Cette (r)évolution du Web n’élimine pas les sites “Web 1.0″ (et donc le besoin d’”Accessibilité 1.0″) mais demande en ce qui concerne son accessibilité de définir une nouvelle approche. En effet, des solutions d’accessibilité existent mais reposent sur une compétence technique supplémentaire et sur une connaissance des nouveaux usages Web.
L’approche classique de l’accessibilité 1.0 ne suffit plus. Il faut penser et construire une “Accessibilité 2.0″.
1. Accessibilité 2.0 bien plus qu’un slogan Pierre GUILLOU [email_address] twitter.com/pierre_guillou Présentation détaillée en ligne : http://www.ideose.eu/blog/accessibilite/accessibilite-20-bien-plus-quun-slogan/
2. Bilan de l’accessibilité 1.0 Accessibilité 1.0 = c’est possible ! WAI WCAG 2.0 loi décret guides formation prestataires alt aux images arrêté
3. Le Web… diversité des internautes L'accessibilité technique devient insuffisante. Prendre en compte les usages des internautes ! personnes handicapées seniors mobile synthèse vocale zoom TV borne multimédia vidéo LSF sous-titres tabulation clavier gros caractères
4. Le Web… des services spécialisés L'accessibilité du Web, c'est aussi des services Web adaptés aux besoins des personnes.
5. Le Web… le Web 2.0 Ces services et informations sont-ils et seront-ils accessibles ?
9. Ideose Ideose est une société de conseil en stratégie et en développement des usages dans le domaine du numérique pour tous (accessibilité du Web...). Ideose participe aussi à la réflexion sur les nouveaux usages Web (Web et seniors, Web Temps Réel, Twitter, réseaux sociaux...) notamment dans le cadre de son initiative WebOff. Dans les domaines de l’accessibilité du Web et des nouveaux usages Web, Ideose propose : - Conseil et formation ; - Mise en place de stratégies ; - Création de solutions accessibles. Pierre GUILLOU [ [email_address] , www.twitter.com/pierre_guillou ] Ideose : www.ideose.eu WebOff : www.weboff.fr Présentation détaillée en ligne : http://www.ideose.eu/blog/accessibilite/accessibilite-20-bien-plus-quun-slogan/
Notas del editor
Bilan de l'accessibilité 1.0 International : une source unique Définition : accessibilité des sites Web 1.0 (HTML + CSS + CMS avec PDF et Flash). Règles internationales : un organisme ( W3C / WAI ) et un standard ( WCAG 2.0 ). Règle emblématique : mettre un alt aux images. France : un environnement légal et méthodologique Référentiel français : RGAA . Lois nationales : obligation d'accessibilité des sites Web publics (France : Article 47 de la loi n°2005-102 (11 février 2005) + décret d'application n°2009-546 (14 mai 2009) + Arrêté du 21 octobre 2009 relatif au RGAA ). Environnement méthodologique : Autorité administrative : le "Comité interministériel Handicap" devrait mettre en place un site Web et des outils/guides. Prestataires, formation : plus de 200 agences Internet avec au moins une personne formée à l'évaluation des règles d'accessibilité. Label des sites Web 1.0 : Label AccessiWeb (association, pas Etat). Conclusion : l'accessibilité 1.0 est possible L' accessibilité des sites Web 1.0 (beaucoup de sites du secteur public) est aujourd'hui possible . Pourquoi ? Les règles standardisées existent. Les sites Web 1.0 sont caractérisés majoritairement par une structure centralisée (contrôle des pages Web hébergées sur un même serveur) et par un auteur unique (contrôle de l'éditorial). Il est donc possible de contrôler leur accessibilité par rapport aux règles standardisées. Il s'agit d'une accessibilité technique (application de règles sur le code d'un site Web en amont sur le serveur Web) qui ne demande pas de prendre en compte les usages en aval sur le poste client. L'accessibilité 1.0 demande des prestataires formés aux WCAG 2.0. Ces formations et ces prestataires existent .
(1/3) Le Web en 2009 : la diversité des internautes et des usages Des publics et des usages Personnes handicapées : Personnes aveugles : utilisation d'un lecteur d'écran ( Jaws , NVDA ...) avec sortie braille et synthèse vocale ; lecture linéaire ou par titres de paragraphes ou par liste des liens ; besoin d'un contenu structuré et sémantique ; besoin d'une navigation homogène. Personnes malvoyantes : utilisation d'un agrandisseur d'écran ( ZoomText ...) avec synthèse vocale ; lecture par zoom ; besoin de bons contrastes de couleurs, d'une structure et navigation homogène et classique. Personnes sourdes et malentendantes : utilisation appréciée des animations/vidéos Flash en particulier pour les personnes qui signent ; besoin de vidéos avec des sous-titres synchronisés et un traducteur LSF. Personnes avec un handicap moteur : utilisation de la touche de tabulation du clavier et de navigateur Web adapté ; besoin de codage logique de l'information et de liens d'évitement. Personnes avec un handicap cognitif : difficulté en fonction du handicap pour consulter les sites Web ; besoin de contenu simple et clair ainsi que des illustrations. Seniors : multiplicité des besoins en fonction de la déficience et de l'appropriation de l'outil informatique (gros caractères, contrastes de couleurs, liens Web éloignés à cause des tremblements, ergonomie simple, pas de surcharge d'informations...) ; les "Seniors et le Web" sont actuellement étudiés par le W3C / WAI dans le groupe WAI-AGE dont fait partie Pierre Guillou ( Ideose ). Mobilautes : des sites Web simples peuvent être utilisables sur les petits écrans des téléphones portables (respect des règles WCAG 2.0 et Mobile Web Best Practices 1.0 ), d'autres doivent être adaptés (applications iPhone) ; les téléphones eux-mêmes doivent être accessibles ( accessibilité du iPhone , lecteurs d'écrans pour téléphones portables comme Mobile Speak et Talks ). Télévision numérique, bornes multimédias... : les moyens de consultations et de personnalisation de sa consultation se multiplient. Conclusion Diversité des publics qui naviguent sur le Web... Diversité des outils de consultation Web (matériels et logiciels)... Diversité des besoins et des usages de consultation Web... Besoin de pouvoir personnaliser l'affichage des contenus Web pour l'adapter à ses besoins de consultation. En 2009, il faut prendre en compte la diversité des publics et des usages . L'accessibilité technique ne suffit plus. La question de l'accessibilité se déplace vers les internautes (le flux de données électroniques doit être transformable au niveau du poste de l'internaute).
(2/3) Le Web en 2009 : des services spécialisés Les services spécifiques pour les personnes handicapées : AccessTextNetwork (service aux Etats-Unis qui permet aux étudiants handicapés d'obtenir les cours et livres dans un format adapté). Les services spécifiques pour les personnes déficientes visuelles : Robobraille (conversion automatique des documents dans un format accessible et envoi par courriel), WebVisum (plugin Firefox permettant de résoudre les CAPTCHA par OCR). Le Web pour les personnes sourdes : actualités en LSF , Centre relais téléphoniques (Etats-Unis), service eSourds (EDF) . ... Conclusion L'accessibilité du Web, c'est aussi des services Web adaptés aux besoins des personnes.
(3/3) Le Web en 2009 : le Web 2.0 Comprendre le Web 2.0 Définition : "le Web 2.0 est l'ensemble des technologies et les usages du World Wide Web qui ont suivi la forme initiale du web, en particulier les interfaces permettant aux internautes ayant peu de connaissances techniques d’interagir de façon simple à la fois avec le contenu et la structure des pages mais aussi entre eux, créant ainsi notamment le Web social." [ Web 2.0 sur Wikipedia ] Mots clés du Web 2.0 : une attitude et pas une technologie, internaute contributeur, expérience utilisateur riche, participation et pas publication, syndication et flux RSS, interaction, plateforme Web, partage, version beta permanente, optimisation du référencement et non du nom de domaine, les flux de données, management des données, décentralisation, tags et non des catégories (folksonomie contrairement à la taxonomie), la multiplicité des sources Web ("long tail") et pas seulement quelques sites de référence, un système sans propriétaire, standards ouverts, intelligence collective et sagesse des foules ("wisdom of crowds"), blog (l'incrémental Web), wiki et non CMS, divers lecteurs Web et pas seulement les navigateurs Web, coopération et pas contrôle, widgets, mashups, AJAX. Outils Web 2.0 : blogs, wiki, social bookmarking, réseaux sociaux... Exemples emblématiques : Wikipedia , Google Reader , Google Maps , Netvibes , Flickr , Delicious , Facebook . Le Web 2.0 évolue vers le "Web Temps Réel" : Twitter , Google Wave ... Conclusion Les services Web deviennent de plus en plus des services Web 2.0. En 2012, les informations "Web Temps Réel" occuperont 25% du Web. Ces services et informations sont-ils et seront-ils accessibles ?
Problèmes et solutions pour l'accessibilité du Web 2.0 Problèmes pour l'accessibilité du Web 2.0 Contenu dynamique : modification des habitudes de navigation qui peut entraîner une déstabilisation. L'internaute utilisant une aide technique n'est pas averti : mise à jour de zones d'information sans rechargement de la page, Pas de contrôle éditorial : contenus mis à jour par les internautes et non par le propriétaire du site (comparativement aux sites Web 1.0). L'ensemble de l'interface Web est interactif (application Web) alors que les aides techniques ne reconnaissent que les boutons et les liens comme objet d'interaction (très faible accessibilité au clavier). Changement des mécanismes d'interaction (exemples : les données sont sauvegardées au fur et à mesure qu'elles sont tapées et non après soumission d'un formulaire ; on peut réorganiser le positionnement des informations par la souris). Déconstruction de la notion de "site Web" : chaque internaute peut créer son site Web à partir des mêmes flux de données grâces aux widgets et aux mashups. Plusieurs manières d'utiliser un service Web 2.0 : à la différence des sites Web 1.0, l'internaute doit définir sa propre utilisation d'un service Web 2.0. CAPTCHA : ensemble de caractères présentés sous forme d'une image sans alternative. Langage non clair et explicite : les @replies, hastag et DM sur Twitter par exemple ou le langage SMS sans explication des sigles. Solutions pour l'accessibilité du Web 2.0 : pas de solution unique Utilisabilité : si des problèmes d'accessibilité existent pour le Web 2.0, il faut aussi noter que beaucoup de services Web 2.0 sont plus simples et plus intuitifs à utiliser pour beaucoup d'internautes (meilleur design, ce qui est très important pour l'usage). Rendre accessible le code : WAI-ARIA (règles d'accessibilité définies par W3C / WAI pour rendre accessible les services Web utilisant AJAX), AxsJAX (librairie de scripts ARIA définie par Google et permettant de rendre accessible au niveau serveur ou sur le poste client un service Web utilisant AJAX). S'appuyer sur une communauté : Social Accessibility Project (réseau social permettant la correction en temps réel de l'accessibilité de toute page Web par des utilisateurs autorisés), Scripting Enabled (communauté de développeurs qui créent des solutions alternatives accessibles aux services Web 2.0 existants comme YouTube, Flickr ou SlideShare). Développer des services Web alternatifs : Accessible Twitter , Accessible Interface to YouTube , Easy YouTube , Easy Flickr , Easy SlideShare . Déployer des solutions d'automatisation de l'accessibilité sur des services existants : Automatic captions in YouTube . Personnalisation et compensation des erreurs d'accessibilité de services Web existants au niveau du poste client : GreaseMonkey . Conclusion L' accessibilité du Web 2.0 demande une compétence technique accrue et la prise en compte des usages . La seule connaissance du HTML et des WCAG 2.0 ne suffit pas (nécessaire mais non suffisant). Il faut étudier et centrer son développement Web 2.0 sur l'utilisateur et ses interactions. Il faut (parfois) développer des solutions alternatives ou donner à l'utilisateur les outils lui permettant de modifier le comportement d'un service Web directement sur son poste client . Il s'agit donc bien d'une Accessibilité 2.0 en comparaison avec l'accessibilité des sites Web 1.0.
Exemples de solutions Accessible Twitter : http://www.accessibletwitter.com/ Easy YouTube : http://icant.co.uk/easy-youtube/ Social Accessibility Project : http://sa.watson.ibm.com/
Synthèse L'accessibilité 1.0 reste nécessaire car il y a encore beaucoup de sites Web 1.0. Elle commence à être bien connue et des filières de formation et des prestataires existent. Mais le Web d'aujourd'hui c'est aussi : une grande diversité de publics aux besoins spécifiques, des services Web spécialisés et pas seulement des sites, et des flux d'informations Web 2.0 plutôt que des sites statiques. De nouvelles méthodes d'accessibilité et une approche à la fois plus technique et prenant en compte les usages sont nécessaires : c'est l' accessibilité 2.0 ! La filière de formation des méthodologies et des prestataires de l'accessibilité 2.0 reste à développer.