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SPORT/GOLDCUP2015
SOCIÉTÉ
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Haïti vs Panama
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Les coopératives
veulent s'unir
pour renforcer
l'économie haïtienne
Par Elisée Décembre
Rose Adele Joachin :
« Ne t'inquiete pas
des propositions... »
Par Pierre Clitandre
«
Le CEP a pris des engagements,
lesquels seront tenus. Il y aura
des élections le 9 août. Dès six
heures du matin, tout sera en
place pour recevoir les électeurs. »
C’est ce qu’a déclaré au National le pré-
sident du CEP, qui a admis cependant
qu’il y avait trois raisons majeures qui
pourraient justifier le scepticisme des
citoyens. Entre 2012 et 2013, aucune
élection n’a pu avoir lieu tandis que
trois CEP avaient vu le jour pour dis-
paraître rapidement, ce qui démontrait
une incapacité réelle et un manque
de volonté de réaliser les joutes élec-
torales.
Ensuite, l’actuel CEP est le
résultat d’un compromis entre des
politiciens qui, peut-être, ne veulent
des élections que s’ils sont certains
de les gagner et, enfin, le fait qu’à
chaque élection il faut pratiquement
renouveler la machine électorale,
mobiliser d’autres ressources
humaines, qu’il faut prendre le
temps de former pour les rendre
performantes, dans un contexte de
jour en jour plus difficile, auquel
s’ajoute le retrait des troupes de
la Minustah de certaines zones du
pays.
«Les élections auront lieu»,
assure Pierre Louis OpontPar Gary Victor
HAÏTI / ÉLECTIONS
MERCREDI 8 JUILLET 2015 NUMÉRO 34
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ÉCONOMIE
Frustrations,
préoccupations
et incertitudes
ENTREVUE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉLECTORAL PROVISOIRE AVEC LE NATIONAL
Le vice-président, Pierre Manigat Jr, et le président du CEP, Pierre Louis Opont. / Photo : J. J. Augustin
2. 2 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
TRIBUNE
J
’aime la loi du marché, car
indépendante de la volonté
humaine, son jugement est
juste. Je l’aime encore plus,
car elle revient toujours avec un
principe naturel : on moissonne ce
qu’on a semé. Tout ceci pour vous
dire qu’Haïti est en train de couler
sous le poids des résultats de la mise
en œuvre des politiques publiques
fantaisistes par les gouvernements
haïtiens des quatre (4) dernières
années (2011 – 2015).
Le dernier exemple de l’amateurisme
du gouvernement est l’impuissance
des autorités centrales devant la
dépréciation de la gourde Haïtienne
par rapport au dollar Américain dès
le premier trimestre 2015. En effet,
au lendemain du tremblement de
terre du 12 janvier 2010, le pays a
entamé sa plus grande traversée du
désert, discrètement. Il ne faut pas
oublier qu’à cette époque, la solidar-
ité internationale empêchait, même
aux analystes économiques les plus
avisés, de prévoir que plus rien ne
sera comme avant pour Haïti. On ne
pouvait pas non plus prévoir que le
pays allait s’enfoncer dans une crise
financière sans précédent pour finir
par déboucher sur une crise moné-
taire dès la fin de 2014. Mais juste
avant de rentrer dans le vif du sujet,
permettez-moi d’abord d’établir la dif-
férence entre dépréciation et dévalu-
ation d’une monnaie. Ensuite, je
montrerai comment une dévaluation
peut être considérée comme un outil
de création de richesse, mais aussi
comme une arme redoutable sur les
marchés de change. Enfin, je tenterai
de montrer, à l’aide d’un cas pratique,
comment la justice haïtienne, par son
mode de fonctionnement, entrave
significativement l’investissement
direct étranger et, par conséquent,
a une grande part de responsabilité
dans cette crise monétaire.
Dépréciation et dévaluation
Il existe une différence entre « dépré-
ciation » et « dévaluation ». La pre-
mière résulte de la loi de l’offre et de
la demande. Ainsi, quand la demande
n’est pas suffisante, on peut assister
à une dépréciation de la monnaie
locale. Dans le cas d’Haïti, la gourde
n’est pas recherchée sur les marchés,
car le pays n’a presque rien à vendre.
À titre d’exemple, en 2013, selon «
Perspective Monde de l’Université
Sherbrooke », le secteur agricole a
représenté 23 % de la totale importa-
tion du pays. Alors que ce secteur
ne représente que 4 % de son expor-
tation totale pour la même année.
Cependant, sur cette même période,
Haïti a eu des produits manufactu-
rés pour 96 % de son exportation
totale. Dans ce cas, peut-être que
vous allez rapidement penser que
c’est une bonne chose pour le pays.
Pourtant, ces exportations ne créent
pas de la richesse pour la majorité de
la population haïtienne, car il s’agit
de la sous-traitance ! Alors retenez
bien cette leçon : la sous-traitance
ne peut en aucun cas, sortir un pays
de sa pauvreté. Ces économies profi-
tent uniquement à un petit groupe
d’entrepreneurs nationaux. En regar-
dant de plus près les chiffres globaux
du commerce des marchandises du
pays pour 2013, on voit que pour
cette même période, Haïti a importé
pour 3 milliards 551 millions 166
mille dollars US contre seulement
900 millions et 500 dollars US en
exportation. D’où une balance com-
merciale négative. Voici une pre-
mière explication à la dépréciation
de la gourde Haïtienne. Toutefois, un
État peut aussi laisser, de bonne foi,
déprécier sa monnaie. Mais je n’ose
pas croire que c’est le cas d’Haïti.
La seconde, à savoir la dévaluation,
consiste pour un État à diminuer la
valeur de sa monnaie nationale au
profit d’une monnaie de référence
ou d’un panier de monnaies. Mais il
faut dire que ces décisions se pren-
nent en général dans un régime de
change fixe. Reste à savoir à quel
régime économique appartient Haïti
! Car je ne suis pas en mesure de le
dire. Et je prends la responsabilité de
dire que ni le ministre de l’Économie
et des Finances, ni le gouverneur de
la Banque de la République d’Haïti
ne sait, de 2010 à juin 2015, à quel
régime économique ou modèle, pour
être moins embarrassant, appartient
l’économie Haïtienne, telle qu’elle est
en train de se dessiner sous nos yeux
tous les jours.
Dévaluation comme création
de richesse et comme arme
redoutable
J’avais dit plus haut que la dévalua-
tion peut être utilisée comme outil de
création de richesse. Effectivement,
la Chine le fait merveilleusement
bien. Cependant, c’est un pays grand
producteur. En effet, en 2014, le PIB
de la Chine était de 10,355 milliards
US, selon le Fonds Monétaire Inter-
national (FMI). Dans un tel cas de
figure, avec la dévaluation de sa mon-
naie, tout le monde peut acheter en
Chine. Par la même occasion, ce pays
devient le plus grand marché mondi-
al, car il est totalement accessible aux
petites bourses. Parallèlement, cette
dévaluation est une arme car elle
peut crever les économies des autres
pays. Ainsi, on assiste aujourd’hui
à une certaine peur mondiale de
l’ampleur du géant asiatique. Je veux
aussi ajouter que la dévaluation du
Yuan (monnaie chinoise) est réalisée
pour contrer les actions des fonds
spéculatifs. En d’autres termes, la
dévaluation de la monnaie pour un
pays qui produit massivement est un
moyen efficace pour doper son expor-
tation. Dans le cas d’Haïti, pourquoi
la Banque de la République d’Haïti
(Banque centrale Haïtienne) ne peut
pas arrêter l’hémorragie de la valeur
monétaire haïtienne ? Je veux pren-
dre le cas des personnes qui ont
emprunté de l’argent à la banque en
devise étrangère (dollar Américain).
Les dépréciations de la gourde Haïti-
enne sont particulièrement en train
d’être mal vécues par ces ménages,
car ils doivent payer plus d’argent
que prévu. Je reviens à la Banque
centrale haïtienne. Pour qu’elle
puisse assurer la conversion d’une
monnaie par rapport à une autre,
elle doit disposer de réserves dites de
change très élevées. Or la demande du
dollar Américain est bien supérieure
à celle de la demande de la gourde
Haïtienne. Ainsi, les réserves en mon-
naie étrangère chutent rapidement
et arrive l’incapacité de continuer
la conversion de la devise. Mais je
crois que le problème est encore pire,
car je ne pense pas que la Banque
Centrale dispose de moyens d’assurer
la conversion de la monnaie natio-
nale en monnaie étrangère. Il y a eu
des soupçons de prêt de la Banque
au Palais National. Si tel est le cas,
d’ici la fin de l’année, il se peut bien
qu’on utilise un chariot de gourdes
Haïtiennes pour s’acheter un sachet
de pains. Il reste à cette banque de
tenter de rassurer la population haï-
tienne !
La justice haïtienne entrave
l’investissement direct
étranger
L’autre entrave à la relance
économique haïtienne et qui est pro-
fondément responsable de la pauvre-
té dans laquelle vivote les haïtiens est
la justice haïtienne, plus particulière-
ment son mode de fonctionnement.
Il est vrai que l’économie haïtienne
est caractérisée par de maigres inves-
tissements étrangers. Mais cette situ-
ation n’est pas un hasard. En écono-
mie, il ne faut pas toujours penser
que tout ce qui est bon est juste.
Cependant, quand l’injustice règne
en maitre sur un marché, l’économie
ne pourra pas travailler à la reprise de
la croissance et de la distribution des
richesses créées. Or, la justice sociale
est la seule garante pour le peuple de
l’accès aux services sociaux de base.
Maintenant, posez-vous cette ques-
tion : « quelle garantie faut-il à un
investisseur avant d’injecter son
argent dans une économie ? » La
réponse est : « une garantie que son
argent ne sera pas volé et que l’État
du pays dans lequel il veut investir
dispose de lois fiables et d’un sys-
tème judiciaire qui inspire confiance
». Car l’économie est une affaire de
confiance. Quand le Ministère public
accepte à un procès des documents
falsifiés et qu’il s’érige en intimida-
teur, comment attirer des investisse-
ments dans une situation pareille
? Cette justice est orientée vers la
recherche de mobilisation de fonds
des mains des justiciables et non vers
la recherche de la vérité.
L’investisseur analyse toujours son
environnement extérieur. Car c’est le
facteur qu’il maitrise le moins.
Considérons la situation carcérale en
Haïti. Quand un investisseur apprend
qu’une prison qui a été construite
pour 1200 personnes, accueille 4000
prisonniers. Et que de cette popula-
tion carcérale, seulement 20 % sont
effectivement condamnés et purgent
leur peine, il va se dire que c’est un
pays ou le droit de personne n’est
respecté. De plus, il va s’imaginer
lui qui ne connait pas le pays, com-
ment il va faire pour avoir une jus-
tice équitable s’il doit se présenter
devant un tribunal. Si les libertés
individuelles ne sont pas respectées,
l’environnement ne sera pas propice
aux investissements étrangers. Car
n’importe qui peut trouver un avocat
malintentionné capable de corrom-
pre le ministère public et le juge qui
préside le dossier. À partir de ce
moment, l’investisseur qui n’a pas
de force de pression peut tout perdre.
Quand des juges sont capables de
faire, au mépris de la loi, des arresta-
tions fantaisistes et de compliquer
une situation judiciaire simple, Haïti
ne sera jamais « open for business ».
Le développement économique est
étroitement lié à la justice sociale.
Car après la création de richesse par
l’agent économique, il se peut bien
qu’un individu trouve un substitut au
Parquet d’une circonscription capa-
ble de décerner un mandat d’arrêt
illégal afin de pouvoir par la suite
confisquer l’avoir du propriétaire
sans aucune forme de procès. Jean-
Jacques Rousseau, dans la Nouvelle
Héloïse, critiquait déjà l’injustice
de sa société. Il parlait d’individus
guidés par leur amour-propre. Et
quand des personnes n’ayant aucune
affection naturelle occupent des
postes dans une chaine de justice,
elles ne sont que des génératrices
d’abus. Ces gens font fuir à toute
vitesse des investisseurs étrangers.
En comparaison avec la République
Dominicaine qui a reçu durant ces
quatre dernières années, en moyenne
annuelle un investissement direct
étranger de 2 milliards de dollars
Américains, Haïti, pour cette même
période ne dépasse pas 200 millions
de dollars Américains.
Il est un fait certain que la justice
haïtienne creuse notre tombe. Pour
répéter une jeune adolescente de
12 ans, « la justice d’un pays est un
outil incontournable de son dével-
oppement ». J’ajoute aussi que c’est
un outil à double tranchant. Si cela
continue, le pays deviendra inviv-
able et les autres pays de la région
se concerteront à mettre Haïti sous
redressement.
Aujourd’hui, Haïti est dans un état de
pourriture à tous les niveaux de la vie
nationale. Le pays est aussi en passe
de renouveler sa classe dirigeante.
Et cette question revient : « Qui doit
gouverner ? ».
TAVOILLOT (2011) nous invite à se
demander est-ce un seul ou plusieurs
ou tous qui doivent gouverner. C’est
aussi le temps de sortir des réflex-
ions sur la nature de la démocratie
haïtienne. C’est le moment de se
demander qui est le véritable peuple
haïtien. « Se depi nan kalepwa, pou
w konnen si vant ou applen ».
*1 : Pierre-Henri Tavoillot. Qui doit gou-
verner ? Une brève histoire de l’autorité.
(2011). Edition Grasset. 320 pages.
Directeur GénéralInstitut
National des Filières
Agricoles (INAFA)
La dépréciation de la gourde Haïtienne : résultat de la mise en œuvre des
politiques publiques fantaisistes et du fonctionnement de la justice des quatre
(4) dernières années en Haïti
Par JEAN-FRANCOIS Jacob Eliezer Jonas
3. MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
34 | 3
ACTUALITÉ
Le nombre inorganisé
Cequin’estpasorganiséestanarchique,confus,désordonné,inorganique,inorgan-
isé.Cequin’estpasorganiséobéitàsesseulespulsionsdesurvieetatendanceà
broyer,àdétruiretoutcequinepeutnourrirsesdésirs.Ilpeutaussidétruirel’objet
desesdésirspartropdesoif.Sionn’agitpassurl’inorganisépourluidonnerune
forme,surtoutdanslebutdeluipermettredetravailleràlaréalisationsainedeses
propresdésirs,ilpeutdevenircommeunmauvaiscadrequidonneunemauvaise
perspectivesurtoutecréationnouvellejusqu’àmêmedétruiresafonctionpremière.
La route surélevée au « Carrefour Aéroport », qui fait la fierté du gouvernement,
ettouslestravauxréalisésautourdanslebutlouabledefaciliterlacirculationen
rendantlaprisedesdiversesdirectionsplusfaciles,risquentdedébouchersurun
casse-tête urbain digne du chaos haïtien. Ce n’est pas sans rappeler le spectacle
déplorabledubeaupontsurlefleuveArtibonitequiestplusieursfoisparsemaine
recouvertparunmarchépubliccequirendsatraverséealorsplusquedifficile.Aucun
pouvoirpublicn’ajugéjusqu’àprésentqu’unmarchépublicsurunpontousurune
routenationalen’étaitpasconcevabledansunpaysquiseveutenmarcheversla
modernité. N’accordons pas d’attention à ces plaisantins qui trouveront dans ces
pratiquesunespécificitéculturellehaïtienne.
À partir du « Carrefour Aéroport », quand on tourne vers l’est, direction Delmas
en venant de Nazon, on est déjà gêné par une station de taptap qui ne fait que
grandirjouraprèsjour.Véritablecourdesmiraclesavecsesenfantsmendiants,ses
voleurs, ses policiers ripoux. Direction nord, vers les agglomérations de Tabarre,
Clercine,c’estlamêmechose.Lemarchépublic,quicoloniselazone,sedéveloppe
déjàsouslaroutesurélevée.Bientôt,toutl’endroitneseraqu’unmarchéimmense
auquel seront annexées plusieurs stations de transports en commun permettant
d’allerd’unpointàl’autredecettehideusemégapolequedevientPort-au-Prince.
Les embouteillages peuvent devenir monstrueux si les autorités ne prennent pas
lesmesuresquis’imposent.
Le drame c’est que le nombre inorganisé ne se manifeste pas seulement dans la
pauvreté.Lenombreinorganisé,ilestaussiàtouteslesstratesdenotresociété.Nos
«beauxquartiers»n’ontsouventpasderoutes,pasdetrottoirs,pasd’électricité.
Cesontdesbidonvillesrichestoutsimplement.Etpuislenombreinorganisémeurt
facilement d’une simple indisposition. Une crise cardiaque à Port-au-Prince,
l’obligationdetrouverdessoinsenurgence,metsurlamêmebanquette,leriche
desprétendusbeauxquartiersetlepauvredeGrand-Ravine.
ToutunprogrammepournotrefuturprésidentdelaRépublique,n’est-cepas?
Il faut bien avoir le sens de l’humour en ces temps si moroses où il faut plus de
cinquante-troisgourdespourundollaraméricain.
Le National
Édito
Le nombre de
rapatriés baisse,
mais le processus
se poursuitSources : Alterpresse
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
D
e juin 2015 à date, 4 mille
822 rapatriements ont été
opérés à partir de postes
officiels et 10 mille 447 à
partir de points non-officiels, indique
la Direction de la protection civile
(DPC).
Quoique mise en garde par les
organismes de défense de droits
humains, la séparation des enfants
de leurs parents (en République
dominicaine) est constatée depuis la
mi-juin 2015.
Le processus de rapatriement des
migrants et travailleurs haïtiens par
la République dominicaine continue,
avec une certaine baisse observée
sur les points officiels, selon les
informations obtenues par l’agence
en ligne AlterPresse.
Une grande vague de personnes,
la plupart des migrants haïtiens, a
commencé à traverser la frontière
après la fin, le mercredi 17 juin
2015, du Plan national dominicain de
régularisation des étrangers (PNRE).
« Les gens continuent à rentrer,
mais le nombre de personnes par
jour a baissé sur les points officiels
», explique à AlterPresse le titulaire
du ministère de la communication,
Rotchild François Jr.
Plus de 18 mille personnes sont déjà
rentrées en Haïti depuis la fin du
PNRE dominicain, suivant les chiffres
officiels.
Le souhait des autorités haïtiennes,
pour l’instant, est de négocier, avec les
autorités dominicaines, l’utilisation
de deux points officiels, Malpasse/
Malpaso (Ouest) et Ouanaminthe/
Dajabon (Nord-Est) pour le processus
de rapatriement des migrants haïtiens
sans papiers.
Or, 4 mille 822 rapatriements ont été
opérés, de juin 2015 à date, à partir
de postes officiels et 10 mille 447 à
partir de points non-officiels, selon
la Direction de la protection civile
(DPC).
Arrivent, également, sur le territoire
haïtien, plusieurs Dominicaines et
Dominicains expulsés, car ils ne
sont plus reconnus par leur propre
pays suivant l’arrêt 168-13 de la
République Dominicaine, adopté le
23 septembre 2013.
Des Haïtiens sont aussi contraints, de
force, à laisser le pays voisin par des
citoyens ou des soldats dominicains.
Le Groupe d’appui aux réfugiés et
rapatriés (Garr) rapporte des cas de
rapatriement, en Haïti, d’enfants
nés sur le sol dominicain, qui sont
expulsés.
La séparation des enfants de leurs
parents, mise en garde par les
organismes de défense de droits
humains, est constatée depuis la
mi-juin 2015.
Le dernier cas, recensé le jeudi
2 juillet 2015, est celui de Nancy
Dorméus, âgée de 29 ans et qui a
laissé son pays quand elle avait 13
ans.
Elle est rentrée avec deux enfants,
tous deux nés d’un père dominicain.
Ces enfants ne parlent pas le Créole.
Quoique née en Haïti, leur mère a
perdu presque toute son habilité
à s’exprimer parfaitement dans
sa langue maternelle, raconte le
responsable de communication du
Garr, Josué Michel.
Le président haïtien, Michel Joseph
Martelly, a dénoncé, le vendredi 3
juillet 2015, le comportement des
dirigeants dominicains, qui semblent
n’avoir pas tenu promesse, quant à
une déportation respectueuse des
droits humains, lors d’un sommet
réunissant les chefs d’État et de
gouvernement des Caraïbes.
Les autorités haïtiennes entendent,
dorénavant, demander l’aide des pays
de la communauté internationale.
Le département d’État américain
se dit préoccupé du processus
de déportation des Haïtiens de la
République dominicaine.
« Nous suivons la situation de très près
(…) », fait savoir à AlterPresse Karl
Adam, porte-parole de l’ambassade
des États-Unis d’Amérique en Haïti.
Les États-Unis d’Amérique affirment
reconnaître le droit de tout pays de
régulariser sa situation migratoire.
Cependant, le département d’État
américain se déclare également
« engagé activement » auprès du
gouvernement dominicain et du
Haut-commissariat des Nations-
Unies pour les Réfugiés (HCR), et de
la communauté internationale « pour
insister sur le fait que toute action
devrait être prise, en conformité avec
les obligations et les engagements
internationaux », paraphés par la
République Dominicaine.
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LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
» suite de la première page
H
uit conseillers électoraux,
à l’exception de Lourdes
Édith Joseph, indisponible,
étaient présents à cette
rencontre. Ils étaient accompagnés
du directeur exécutif du Conseil,
maître Mosler Georges, et celui des
opérations électorales, Jean Francky
Hortes.
Si le président du CEP, Pierre Louis
Opont, se sent confortable dans
le calendrier électoral en tenant
compte des pas déjà franchis,
tel n’est pas le cas des acteurs
politiques qui ont exprimé de
vives préoccupations par rapport
au respect de certaines échéances
insérées dans le calendrier
électoral. Aujourd’hui encore, les
hostilités électorales se font sentir
lors de cette rencontre entre les
partis politiques et les membres
du CEP. Invités à se prononcer sur
certaines modalités concernant
le choix des membres de bureaux
de vote et des mandataires, ces
dirigeants politiques ont saisi
l’occasion pour exprimer certaines
frustrations et préoccupations à
l’égard du processus électoral qui,
à leur avis, n’augure pas de beaux
jours.
Tout allait bien à la salle Franck
de l’hôtel Montana jusqu’à ce
qu’Esdras Cadet, candidat au
Sénat pour le département du
Nord pour la plateforme Vérité,
ait brandi une photo du candidat
à la présidence de cette structure
politique, Jacky Lumarque, écarté
de la course électorale au dernier
moment par le CEP pour défaut de
décharge. Cette action a suscité
de vives réactions dans la salle,
notamment des représentants de
partis politiques qui ont demandé
qu’Esdras Cadet soit mis à la
porte. Vacarme dans la salle. Petite
prise de bouche. Esdras Cadet,
Rudy Hériveaux, Yvon Feuillé,
tous d’anciens lavalassiens, se
querellent entre eux, avant que
l’ancien député Fredly Georges,
membre du Collectif des candidats
écartés par le CEP (Coce/CEP), ne
se mêle de la partie.
Esdras cadet conteste avec
véhémence la décision du CEP
d’écarter son candidat à la
présidence. « Le CEP veut-il
réaliser les élections en écartant
la plateforme Vérité, le seul
regroupement politique à avoir
3 832 candidats agréés avec 102
candidats à la députation, 15 au
Sénat pour 20 postes disponibles,
119 cartels de mairie, 352 cartels
de Casec, 339 cartels d’Asec et
80 cartels de délégués de Ville
? » se demande, perplexe, le
représentant de Vérité, invitant
les membres du CEP à faire preuve
de grandeur d’âme en publiant
la liste définitive des candidats
agréés à la présidence avec la
réintégration de Jacky Lumarque.
Les interventions se suivent et les
préoccupations sont nombreuses.
Le climat de sécurité, le
mécanisme de relocalisation des
électeurs, le financement des
élections (budget), la subvention
des partis politiques, le manque
de crédibilité qui entoure le
processus électoral sont parmi
les multiples préoccupations
soulevées par les responsables des
partis politiques à l’approche du 9
août, date retenue pour le premier
tour des législatives. Tenant
compte de tous ces soucis autour
du processus électoral, certains
politiques ont même opté pour
l’organisation d’élections en deux
temps, avec le premier tour des
législatives et de la présidentielle
le 25 octobre et le second tour,
qui inclura les collectivités
territoriales, le 27 décembre.
MêmePierreLouisOpontsemontre
préoccupé du climat d’insécurité
qui règne actuellement dans le
pays. D’ailleurs, le CEP en est déjà
victime pour avoir eu deux de ses
employés victimes d’attaques à
main armée. « Nous prenons très
au sérieux la mort du directeur
de cabinet du conseiller Jaccéus
Joseph. Surtout, il y a des gens
qui avaient publiquement déclaré
que les membres de ce CEP ne
seraient pas présents le jour du
scrutin en chantant officiellement
nos funérailles », a fait savoir le
patron de l’institution électorale,
visiblement tourmenté par le
climat d’insécurité.
Par ailleurs, Pierre-Louis Opont dit
avancer très bien dans le calendrier
électoral. « À date, nous respectons
le calendrier en ce qui concerne les
opérations électorales », a-t-il lancé,
précisant que le CEP a appliqué
l’article 139-1 en invitant les partis
politiques à choisir les membres
des bureaux de vote depuis le 9 juin
dernier, soit soixante jours avant la
tenue du scrutin. « Au courant de
cette semaine, le tirage au sort est
en train de se faire dans les régions
», a informé le président du CEP
qui dit agir dans le strict respect
de la loi.
De son côté, le directeur exécutif
du CEP, maître Mosler Georges, a
mis l’emphase sur l’importance
du jour du vote. « C’est le jour le
plus important dans le processus
électoral », dit-il, avant de rappeler
le rôle que doivent jouer les MBV,
les mandataires, les superviseurs,
les agents de sécurité et les
observateurs dans la réussite de
ce jour. Il souligne par ailleurs le
problème d’espace dans les centres
de vote. « Nos bureaux de vote n’ont
pas la capacité de recevoir toutes
ces personnes tenant compte du
nombre de candidats qui doivent
se faire représenter par un
mandataire », précise Mosler
Georges qui invite les dirigeants
politiques à aider le CEP à trouver
une formule pour gérer cette
affluence le jour du vote.
Frustrations, préoccupations
et incertitudespar Noclès Débréus
HAÏTI/ÉLECTIONS
À l’hôtel Montana, le mardi 7 juillet 2015, le Conseil électoral provisoire (CEP)
avait rendez-vous avec les partis politiques pour traiter du recrutement des 41
238 membres de bureaux de vote pour les législatives du 7 août prochain. Les
participants ont profité de l’occasion pour cracher leurs frustrations et leurs
préoccupations.
5. MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
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ACTUALITÉ
Des attaques armées contre
des hommes politiquespar Pierre Paul Ancion
SUD-EST/ÉLECTIONS/INSÉCURITÉ
D
ans la nuit du dimanche 6
au lundi 7 juillet 2015, des
bandits armés ont attaqué la
résidence de Garaud Histo-
rique, membre du parti Renmen Ayiti,
dans la localité de Cibao, commune
de Belle-Anse. Plusieurs impacts de
balles sont encore visibles sur les
murs de la maison. Cependant, il n’y
a pas eu de victime.
Au cours de cette même soirée, à
l’avenue Baranquilla à Jacmel, des
hommes armés ont pénétré chez
Jean Raymond Jean-François,
candidat de la Fusion des socio-
démocrates à la mairie de Bainet.
Les bandits ont tiré sur tout ce qui
bougeait, blessant au thorax Kensly
Jean-François, 16 ans et neveu
de Jean Raymond Jean-François.
« Ils ont emporté l’une de mes
valises contenant des documents
importants », a révélé ce dernier.
Ces deux incidents ne manquent
pas d’irriter les politiciens du Sud-
Est. Jean Apollon Sayo, responsable
départemental de la Fusion, et Marc
Elder Charles, de Renmen Ayiti,
qualifient de politiques ces deux
attaques armées. Ils demandent
au CEP et à l’État haïtien de
renforcer la sécurité de la région,
pour rendre possible l’organisation
des élections. « Dans ce climat,
aucun de nos candidats n’osera
faire campagne », a commenté
Jean Apollon Sayo, qui a rappelé
l’agression du conseiller spécial du
président Martelly, Joseph Lambert,
sur l’étudiant en communication
sociale, Wesnel Jeudi, à la fin du
mois de juin, pour prouver que
la vie des politiciens est menacée
dans le Sud-Est.
Marc Elder Charles invite pour
sa part les autorités judiciaires
et policières à faire tout ce qui
est en leur pouvoir pour freiner
cette vague de violences dans le
département.
De son côté, Antonius Télémaque,
responsable départemental de
l’Organisation du peuple en lutte
(OPL) dans le Sud-Est, baptise de
« zone rouge » le département sur
la carte électorale. Il dénonce la
distribution substantielle d’armes à
feu dans les sections communales.
Monsieur Télémaque promet la
mobilisation de son parti pour,
pacifiquement, mater cette forme
d’intimidation.
Des appels téléphoniques
menaçants
Certains candidats, comme
madame Yolande Jean-Baptiste
Pascal, disent recevoir des menaces
à travers des appels téléphoniques
anonymes et des SMS.
Position de la Police
nationale
À la tête d’une délégation de
l’Inspection générale, l’inspecteur
général de la Police nationale
d’Haïti, Jean Saint-Fleur, s’est
rendu à Jacmel, ce lundi 6 juillet,
pour discuter de la sécurité
des élections avec le directeur
départemental de la PNH, Frantz
Elbe, et les institutions impliquées
directement dans le processus
électoral.
Dans une rencontre avec la
presse régionale, en marge de sa
mission, l’inspecteur Saint-Fleur
a donné la garantie que la PNH
allait assurer correctement la
sécurité des personnes et des biens
durant la période électorale. « Le
Sud-Est, a-t-il déploré, est le seul
département du pays où il n’y a pas
de militaires de la Minustah. Il y a
seulement des policiers nationaux
et des UNPOL, cependant pour les
élections, il est prévu d’envoyer
plusieurs militaires dans toute la
région. »
Comme l’a dénoncé le responsable
départemental de l’OPL, plusieurs
régions du Sud-Est telles que
Cayes-Jacmel et Belle-Anse, sont
toujours en ébullition en période
électorale.
Cette année, la majorité des partis
politiques et les citoyens avisés
craignent davantage de violences,
à cause de la quantité importante
d’armes à feu qui circulent dans le
département.
Cayes-Jacmel, Marigot et Belle-
Anse sont les communes où les
gens armés exhibent le plus leurs
armes. En 2012, à Pérédo, localité
de Marigot, une distribution de
produits alimentaires par un
organisme international a été pillée
par des jeunes armés de pistolets
9 mm. Ces jeunes, de 20 ans en
moyenne, ont mis en déroute les
responsables de la distribution en
pointant leurs armes.
6. » suite de la première page
« Les élections auront lieu »,
assure Pierre Louis Opontpar Gary Victor
6 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
ENTREVUEDUPRÉSIDENTDUCONSEILÉLECTORALPROVISOIREAVECLENATIONAL
Le président du CEP s’est dit
confiant quant à la mise en place
du mécanisme de vote. Certes, à
un mois des élections, assure-t-
il, il reste encore à travailler à la
formation du personnel électoral,
au recrutement des membres
des bureaux de vote (MBV) et
finalement la publication de la liste
électorale. À presque trente jours
des élections, les partis politiques,
comme prévu à l’article 139-1
du décret électoral, n’avaient pas
encore fait parvenir au CEP ce lundi
6 juillet les noms des membres des
BV qu’ils devaient choisir sur une
liste fournie par des organisations
de la société civile.
Avec ce retard dans le calendrier, le
CEP devra convenir avec les partis
politiques d’autres modalités pour
le choix des membres des MBV
pour rester dans les temps.
Pierre-Louis Opont n’a, par contre,
manifesté aucune inquiétude
concernant les 22 millions de
dollars américains manquant au
budget électoral. Le gouvernement
fera le nécessaire pour que cette
somme soit disponible à temps,
a promis le Premier ministre
Évans Paul. Le président du CEP
s’en tient donc à la promesse du
gouvernement : « Le CEP n’a aucune
préoccupation de financement. Les
36 millions dont nous disposons
déjà suffisent pour le premier tour.
On donne au gouvernement le
temps nécessaire pour la recherche
des fonds additionnels. »
Le Pnud et le CEP
Pour ce qui a trait à l’implication
du Programme des Nations unies
pour le développement (Pnud)
dans le processus électoral, Pierre
Louis Opont a tenu à rappeler que
cet organisme ne finance pas les
élections mais ne fait que gérer
un Trust Found, opération pour
laquelle il prélève 7 à 12 % pour ses
frais de gestion. Qui contribue à ce
fonds ? Les États-Unis d’Amérique,
la France, le Japon, le Canada, le
Brésil, l’Union européenne et l’État
Haïtien, ce dernier à la hauteur de
14millions de dollars américains.
Pourquoi le Pnud gère-t-il ces
fonds, même ceux du Trésor public
? Jusqu’en 2012, selon le président
du Conseil électoral provisoire, le
Pnud ne gérait que la contribution
étrangère alors que la part du Trésor
public était gérée par le Conseil
électoral provisoire. En 2010, le
gouvernement avait demandé de
confier tous les fonds au CEP afin
de responsabiliser l’organisme en
l’habituant à la gestion directe
de ses propres ressources. Les
bailleurs avaient alors manifesté
de grandes réticences.
En 2012, continue Pierre Louis
Opont, pour une raison non
clairement définie, l’État haïtien a
choisi de confier ses prérogatives
de gestion de ses propres fonds au
Pnud. Les responsables du CEP, en
particulier son président d’alors,
Emmanuel Ménard, avaient refusé
de signer cet engagement. Le
ministère de la Planification avait
pris la responsabilité de parapher
le document, manifestant ainsi
la volonté de l’État haïtien de
transférer sa souveraineté au Pnud
contre l’avis des membres du CEP.
« Le fait que les fonds ne soient
pas gérés par le CEP implique que
toutes ses dépenses sont soumises
aux procédures du Pnud », a confié
Pierre Louis Opont. Cela explique
la décision de donner le contrat à
une firme de Dubaï (Émirats arabes
unis) pour l’impression de 30 % des
bulletins de vote.
« Les procédures du Pnud, le
peu de temps dont on disposait,
entre la finalisation des listes et
l’impression des bulletins liés à
d’autres contraintes du marché, ne
permettaient pas la participation
des imprimeurs haïtiens. Mais nous
allons faire en sorte que les firmes
haïtiennes puissent participer aux
appels d’offres pour l’impression
des bulletins pour le second tour
le 25 octobre et peut-être pour
le troisième tour le 27 décembre
2015. »
Le National a voulu rappeler au
président du CEP la période trouble
des élections de 2011 ayant abouti
à l’élection de Michel Martelly en
lui demandant s’il ne craignait
pas encore une intervention de
la communauté internationale
«Il n’est pas question que ce CEP
publie d’autres résultats que ceux
des urnes », a riposté Pierre-Louis
Opont, précisant que « le CEP a
toujours eu toute la latitude de
respecter le verdict des urnes ».
Sans entrer dans le détail des
circonstances ayant provoqué cette
mainmise de l’international dans
le processus en 2011, il a tenu à
assurer que le Centre de tabulation
où doivent être acheminés tous
les procès-verbaux est totalement
sous le contrôle de cadres haïtiens
qualifiés. En 2011, rappelle-t-il,
c’est un technicien international
qui était responsable de la
coordination des activités au CTV. Il
jouait également le rôle d’assistant
technique chargé d’entraîner le
personnel haïtien. « Aujourd’hui,
nous contrôlons tout le processus. »
Le cas Lumarque
La question des critiques adressées
au Conseil électoral provisoire,
Le président du CEP, Pierre Louis Opont. / Photo : J. J. Augustin
7. entre autres, dans la gestion
des cas Level et Lumarque a été
évoqué au cours de l’entrevue.
Ces deux candidats évincés, entre
sommations, déploiement d’une
impressionnante campagne de
presse et mouvements de rue,
défraient la chronique. Pierre
Louis Opont affiche la plus parfaite
sérénité. « Aucun des candidats
ayant contesté une décision du CEP
n’a pu argumenter sa position avec
des preuves valables. » Dans le cas
Lumarque, il a rappelé que l’article
90-H du décret électoral exige de
tout candidat ayant été gestionnaire
de fonds publics la présentation
d’un certificat de décharge au
moment de l’inscription. Le CEP
demande au candidat un résumé
de carrière pour savoir si nécessité
de décharge il y a. Il est vrai que le
CV de Lumarque n’avait pas permis
au CEP d’estimer nécessaire une
décharge, reconnaît Pierre-Louis
Opont.
« Il n’avait présenté qu’un papier
pour un poste à l’Institut national
de la formation professionnelle
(INFP) en 1990. Mais quand les
partis politiques nous ont informés
du cas Lumarque, en mettant sur
le tapis sa position à la tête de la
Commission présidentielle sur
l’éducation et les correspondances
de la CSCCA à l’effet qu’il lui fallait
un certificat de décharge. Nous
avons dû réétudier son dossier. Le
fait est qu’il devait avoir décharge
et qu’il n’avait pas produit la pièce
au moment de l’enregistrement.
» Pierre-Louis Opont a soumis au
National deux correspondances de
la Cour supérieure des comptes,
les deux signées de son président
Fritz Robert Saint Paul, la dernière
en date du 2 juin 2015 adressée
à Jean Renel Sanon, le Secrétaire
général du Palais national, où il est
clairement dit qu’une commission
a été formée pour auditer la gestion
de Jacky Lumarque.
Dans cette lettre, on peut lire ce qui
suit : « La CSCCA apprécierait que
vous preniez toutes les dispositions
nécessaires pour permettre à la
commission d’effectuer son travail.
À cet égard, elle vous saurait gré de
lui faire savoir quand l’accès aux
documents comptables lui sera
donné. »
Le National a bien vérifié que cette
dernière lettre a été effectivement
transmisele2juin2015.Cependant,
un certificat de décharge est délivré
à Jacky Lumarque après un arrêt
de quitus rendu le mercredi 3
juin 2015 par la Chambre des
affaires financières composée des
conseillers Fritz Robert Saint Paul,
président, Jean Ariel Joseph et
Saint Juste Momprévil, membres.
« Jacky Lumarque n’avait pas ce
certificat de décharge au moment
de son inscription. Débat clos »,
tranche Pierre Louis Opont sans
questionner cet arrêt. « Le CEP ne
reviendra pas sur sa décision. »
Nouveau décret électoral
et innovations
Le président du Conseil électoral
provisoire a tenu à souligner pour
Le National ce qui fait la différence
entre le nouveau décret électoral
et les législations antérieures.
Pour lui, ce décret comporte trois
innovations majeures. D’abord,
précise-t-il, il y a une modification
des instances contentieuses. «
Aujourd’hui, le CEP n’est plus juge
et partie. Toute décision, explique-
t-il, est prise à la majorité des juges
siégeant au niveau des instances
contentieuses. Le CEP ne dispose
pas de la majorité des voix.
Le Bureau du contentieux électoral
communal (BCEC) est composé de
trois juges : un membre du Bureau
électoral communal (BEC), tiré au
sort, un avocat choisi au hasard sur
une liste fournie par le barreau de
la région, et un juge de siège choisi
également au hasard sur une liste
fournie par le Conseil supérieur du
pouvoir judiciaire (CSPJ). Même
procédé au niveau du Bureau du
contentieux électoral départemental
(BCED) : un membre du Bureau
électoral départemental (BED),
par tirage au sort, un avocat et un
juge. Le Bureau du contentieux
électoral national (BCEN), qui juge
en dernier recours, est composé de
deux conseillers électoraux tirés au
sort, deux avocats de la Fédération
nationale des barreaux d’Haïti, et
un juge de la Cour d’appel fourni
par le CSPJ. Donc le CEP n’a plus
le contrôle des décisions au niveau
des instances contentieuses. »
La deuxième innovation, selon
Pierre-Louis Opont, est le mode de
choix des membres des bureaux
de vote qui sont choisis par les
partis politiques sur une liste
fournie par des organisations de
la société civile. La dernière, et la
plus marquante peut-être, est la
transmission par voie électronique
des résultats des procès-verbaux
affichés sur les murs des bureaux
de vote. Après dépouillement, les
procès-verbaux seront disponibles
sur le net, ce qui permettra aux
candidats de pouvoir examiner
leur parcours avant même que les
procès-verbaux n’arrivent au Centre
de tabulation. « Un téléphone
sécurisé sera fourni à chaque
bureau de vote pour cela. Nous
aurons un accès aussi sécurisé pour
la transmission des données à Port-
au-Prince. Cet accès ne pourra pas
être piraté », a certifié le président
du Conseil électoral provisoire.
Le coût des élections
et la question sécuritaire
À la question de savoir s’il n’était
pas possible à l’avenir de réduire
les coûts des élections, le président
du Conseil est convaincu qu’on
devrait repenser complètement le
modèle électoral actuel en Haïti,
ce qui par ailleurs remet sur le
tapis la nécessité d’une institution
permanente avec un personnel
permanent et qualifié.
La question sécuritaire a été
également évoquée au cours
de cette entrevue. « Toutes les
mesures seront prises pour assurer
la sécurité pendant la période
électorale et le jour du vote. On a eu
des garanties de la Minustah et de
la Police nationale qui ont travaillé
à un plan de sécurité. » Mais il se
dit conscient que ce sont là des
éléments hors de contrôle directe du
Conseil électoral provisoire, alors
que c’est « une question cruciale
de la problématique électorale ».
Un proche du conseiller électoral
Jaccéus Joseph a été assassiné
dimanche soir. « Nous prenons au
sérieux maintenant les menaces
qu’on nous a faites », a dit Pierre-
Louis Opont. « Nous ne pensions
pas que ces gens passeraient à
l’action. Nous avons eu tort. Nous
avons eu une rencontre en ce
sens avec le ministre chargé des
questions électorales et la sécurité
des conseillers et de leurs proches
a été renforcée. » Le flot des
rapatriés aura-t-il un impact sur les
élections ? Réponse laconique de
Pierre-Louis Opont : « Ils ne sont pas
sur les listes électorales, cependant
nous espérons que l’État haïtien
prendra toutes les dispositions pour
éviter que cette situation n’affecte
le processus électoral. »
Cap donc vers les élections ?
MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
34 | 7
ACTUALITÉ
ÉCHO
Financement des
candidats : le CEP
attend les moyens
Le gouvernement haïtien tarde
encore à fournir au Conseil
électoral provisoire des fonds
nécessaires en vue de financer les
candidats aux prochaines élections
législatives. C’est ce qu’a révélé
Frantz Bernadin, Porte-parole du
CEP, qui a fait remarquer qu’il
revient à l’organisme électoral
de décider du montant à allouer
aux partis politiques en fonction
du nombre de candidats agréés.
Aucune subvention financière
ne sera allouée aux candidats
indépendants. La campagne pour
les législatives débute ce 8 juillet.
Le CEP forme les ASE
du 13 au 25 juillet
prochains
Le Conseil électoral provisoire
travaille actuellement sur le
recrutement des agents de sécurité
électorale (ASE) ainsi que des
superviseurs. Le corps de sécurité
électorale devrait avoir un effectif
de 5 000 membres, selon un
communiqué du CEP informant
que la formation pour ces agents
se tiendra du 13 au 25 juillet 2015,
à travers tout le pays.
Haïti-RD, l'OEA se
réunit sur le dossier
de déportations
Le Conseil permanent de
l’Organisation des États américains
(OEA) organise, ce mercredi 8
juillet 2015, une réunion spéciale
autour de l’expulsion du territoire
dominicain des migrants haïtiens
illégaux ainsi que des personnes
d’origine haïtienne frappées
par l’arrêt 168-13 de la Cour
constitutionnelle dominicaine.
Cette rencontre se tiendra au siège
de l’OEA à la Salle Simón Bolívar
à Washington DC. Lener Renauld,
ministre des Affaires étrangères
d’Haïti, soumettra un rapport sur
l’évolution de la situation entre
Haïti et la République dominicaine,
informe un communiqué de l’OEA
indiquant que cette réunion sera
diffusée en direct sur son site Web.
La FNP,
pour l'érection d'un
mur sur la frontière
haïtiano-dominicaine
Les dirigeants de la Force nationale
progressiste (Fuerza Nacional
Progresista - FNP) proposent
d’établir un système complet de
surveillance de la frontière haïtiano-
dominicaine. Ils préconisent la
construction d’un mur sur 388 km
entre la République dominicaine
et Haïti. Selon les nouvelles, ces
dirigeants estiment non nécessaire
que ce mur soit construit sur toute
la ligne frontalière en raison de
l’existence des zones escarpées qui
empêchent le passage des migrants
illégaux et entravent la contrebande
de toute sorte sur le territoire
dominicain.
Une nouvelle
commission communale
à Fort-Liberté
Un nouveau conseil exécutif
intérimaire est installé, lundi, à la
tête de la mairie de Fort-Liberté.
Ce conseil est présidé par Ken
Lafosse, qui a remplacé Guito
Pierre actuellement candidat à
la députation aux prochaines
élections. L’installation est faite en
présence d’Hugo Charles, délégué
départemental du Nord-Est, qui a
conseillé à monsieur Lafosse de
travailler au progrès de la commune.
Cayes : EPPLS annonce
un projet
de construction
de 300 maisons
L’Entreprise publique de promotion
de logements sociaux (EPPLS) a
inauguré récemment un modèle de
six unités de logement au quartier
de La Savane dans la ville des
Cayes. Le projet vise la construction
de 300 maisons. En attendant la
disponibilité des fonds nécessaires
à l’exécution intégrale du projet,
l’EPPLS a construit trois duplexes.
C’est ce qu’a indiqué Esson
Dorisca, son directeur, informant
que ces constructions ont pu être
effectuées grâce aux cotisations de
bénéficiaires des logements sociaux
gérés par l’EPPLS.
8. 8 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
MONDE
4
43 Américains ont remis leur
très officielle Déclaration de
candidature à la commission
électorale fédérale, pour
l’élection présidentielle américaine
de novembre 2016. Une poignée
seulementaseschances,évidemment.
Vous aviez déjà des difficultés à
vous y retrouver parmi la vingtaine
de prétendants républicains «
sérieux » qui souhaitent défier la
favorite démocrate Hillary Clinton
dans la course à la Maison-Blanche
en 2016 ?
Accrochez-vous: au total, ce sont
443 candidats qui se sont déjà
déclarés pour l’élection présiden-
tielle américaine. Un nombre qui
marque une nette inflation des
vocations: ils étaient 417 en 2012
et 369 en 2008.
100 Républicains, 72
Démocrates et les autres...
La plupart n’a aucune chance
d’aller au bout des primaires,
ni même de commencer ce
processus long et coûteux. Mais
ces 443 Américains ont rempli la
Déclaration de candidature.
Ce document doit être soumis
à la commission électorale
fédérale, dans les 15 jours après
que le candidat s’est lancé dans
la bataille et dès qu’il a levé plus
de 5 000 dollars pour financer sa
campagne. Parmi ces aspirants
au Bureau-Ovale, figurent 100
Républicains, 72 Démocrates,
11 Libertariens, 3 Ecologistes, 1
Fédéraliste... et surtout beaucoup
d’indépendants ou de non-inscrits.
[Voir notre tableau de répartition].
Au-delà des étiquettes, qui sont
ces candidats? Mais surtout d’où
viennent-ils? Le site Mother Jones
(qui a dénombré 448 candidats au
total) les a situés sur une carte:
c’est de Californie que viennent le
plus de candidats (59). La Floride
(42), le Texas (41), l’Etat de New
York (32) et la Pennsylvanie (18)
sont les autres gros pourvoyeurs
en candidats.
Le seul Etat qui n’en fournit
aucun: l’Alaska... Mais que fait
Sarah Palin?
Etats-Unis: Bush, Clinton, Trump et les 440
autres candidats à la Maison-Blanche
Sources : LEXPRESS.fr
Le retour d'Edward Snowden
aux États-Unis envisagésources : Lefigaro.fr
L
’ancien ministre de la justice,
Eric Holder, a laissé enten-
dre que la justice américaine
pourrait négocier un accord
avec l’ex-consultant informatique de
la NSA. Des poursuites judiciaires
seraient néanmoins maintenues.
En mars dernier, son avocat lais-
sait entendre qu’Edward Snowden
souhaitait rentrer aux États-Unis.
Son retour semble désormais aussi
envisageable pour les États-Unis.
Dans une interview accordée à
Yahoo News, Eric Holder, l’ancien
ministre américain de la Justice, a
indiqué que «la possibilité existe»
pour le département américain de
la Justice de conclure un accord
avec l’ancien consultant informa-
tique de la NSA. Ce dernier devrait
néanmoins faire face à des pour-
suites judiciaires.
Trois sources proches du dossier,
citées par les médias américains,
estiment qu’Edward Snowden ne
pourra rentrer aux États-Unis qu’à
condition de plaider coupable et
purgerait une peine de prison de
trois à cinq ans. Il devrait aussi
coopérer pleinement avec le gou-
vernement américain.
En mars dernier, Edward Snowden,
actuellement en Russie, avait
exprimé le souhait de regagner
les États-Unis. Son avocat avait
annoncé que des efforts étaient
entrepris en ce sens, mais à la
condition qu’on lui garantisse un
procès légal et équitable.
Eric Holder, alors encore en poste
au ministère, avait uniquement
fait la promesse qu’il ne serait pas
condamné à mort. Une sentence à
laquelle il s’est exposé après avoir
révélé les pratiques de surveil-
lance de la NSA, en violation du
Espionage Act de 1917.
Ces déclarations d’Eric Holder
sont les premières à affirmer que
la justice américaine pourrait
négocier avec Edward Snowden,
mais elles ne disent pas si le gou-
vernement d’Obama à changer de
position sur l’affaire Snowden.
9. MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
34 | 9
MONDE
Q
uatre pays parrainant les
pourparlers entre le gou-
vernement colombien et les
Farc (Forces armées révolu-
tionnaires de Colombie) ont appelé
mardi à une « désescalade urgente »
des violences qui menacent de faire
dérailler le processus de paix.
« Nous exhortons les parties à
s’abstenir strictement de toute
action causant des victimes ou des
souffrances en Colombie, et à accé-
lérer la mise en œuvre des mesures
d’établissement de la confiance »,
peut-on lire dans un communiqué
signé de la Norvège, de Cuba, du
Chili et du Venezuela. « Nous con-
sidérons ces mesures comme essen-
tielles. »
Le principal négociateur du gou-
vernement colombien a menacé de
quitter les négociations en raison
de cette récente intensification des
violences sur le terrain.
Les Farc réclament pour leur part
un cessez-le-feu bilatéral, ce que
Bogota refuse, s’appuyant sur des
exemples passés de trêves que les
rebelles avaient mises à profit pour
se réarmer.
Le conflit le plus long de
l’Amérique latine a fait 220 000
morts et des millions de déplacés
depuis 1964. Les pourparlers de
La Havane, qui ont débuté en
novembre 2012, ont produit des
résultats encourageants, les plus
importants jamais engrangés
lors de négociations de paix
entre les deux parties. Mais les
violences se sont intensifiées ces
dernières semaines, depuis une
embuscade rebelle qui a coûté la
vie à dix militaires en avril et qui a
conduit le président Juan Manuel
Santos à ordonner une reprise des
bombardements aériens contre la
rébellion, qu’il avait suspendus
un mois plus tôt en gage de bonne
volonté. Depuis le début des
pourparlers, Bogota et les Farc ont
réglé plusieurs points importants,
sur la réforme agraire, l’avenir
politique des Farc et la fin du trafic
de drogue.
Deux dossiers restent à régler, celui
de l’indemnisation des victimes et
la démobilisation des Farc.
Les pourparlers de paix sur la Colombie
menacés de déraillementSources : Reuters
Grèce: une sortie de l'euro pas exclue
pour la Commission européenne
sources : AFP
U
ne sortie de la Grèce de la
zone euro n’est « pas exclue
» si Athènes ne présente pas
« un paquet de réformes
crédibles », a estimé mardi Valdis
Dombrovskis, vice-président de la
Commission européenne, avant un
sommet extraordinaire qui va explor-
er les minces chances de sauvetage
du pays.
« Si la confiance n’est pas établie,
si aucun programme de réformes
crédible n’est présenté », une
sortie de l’euro « ne peut être
exclue », a déclaré le commissaire
européen chargé de l’Euro, à son
arrivée à une réunion des minis-
tres des Finances de la zone euro
à Bruxelles.
Afin d’ « éviter le scénario du pire
» auquel la Commission « ne se
résigne pas », il revient aux Grecs
de « présenter des propositions
complètes, concrètes, crédibles
pour pouvoir démarrer la discus-
sion », a dit de son côté Pierre
Moscovici, commissaire euro-
péen aux affaires économiques.«
Les réponses de M. Tsakalotos
(nouveau ministre des Finances
grec, ndlr) doivent être concrètes,
crédibles, tangibles efficaces »,
a-t-il insisté.
A leur arrivée à cette réunion, les
ministres des Finances de Slova-
quie, Lettonie et de Malte ont
déclaré que le scénario du Grexit,
la sortie de la Grèce de la zone
euro, était désormais clairement
envisagé. « C’est une solution
que les marchés (financiers) ont
déjà envisagée depuis un moment
maintenant et ce ne sera pas un
problème pour l’Europe », a dit le
Letton Janis Reirs.
Pour le Maltais Edward Scicluna,
« nous devons envisager les deux
possibilités » d’un maintien ou
d’une sortie de la Grèce de la zone
euro, cette dernière possibilité
étant désormais « réaliste ». « Il
faut s’assurer qu’elle est très bien
gérée et pas utilisée comme un
bâton », a-t-il relevé.
« Personnellement je suis scep-
tique sur la possibilité d’un accord
» entre la Grèce et ses créanciers,
a dit le Slovaque Peter Kazimir
dont le pays fait partie du camp
des plus durs à l’égard d’Athènes.
A l’inverse, le ministre des Financ-
es espagnol Luis de Guindos s’est
voulu optimiste, assurant que le
scénario du Grexit n’était « pas
sur la table ». « La balle est dans
le camp grec », selon lui.
Le Grec Euclide Tsakalotos,
successeur de Yanis Varoufakis
comme ministre des Finances
d’Alexis Tsipras, ne s’est pas expri-
mé à son arrivée à l’Eurogroupe,
tout comme le Français Michel
Sapin.
10. 10 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
L'université populaire d'été pour
le renforcement de l'économie
sociale et solidairePar Karenine Francesca Théosmy / AlterPresse
L’université populaire d’été 2015 aurait permis de prendre des résolutions pour renforcer les expériences
d’économie sociale et solidaire en Haïti, apprend AlterPresse.
L
’événement s’est déroulé sur
dix jours, du dimanche 21 juin
au mercredi 1er juillet 2015,
avec la participation de près
d’une centaine de représentantes et
représentants d’organisations pay-
sannes, de jeunes et de femmes.
Comme en 2014, les échanges
ont tourné autour de l’économie
sociale et solidaire pour la trans-
formation sociale, thème retenu
pour trois ans.
« L’on a pu prendre des résolu-
tions pour faire atterrir l’économie
sociale et solidaire. Parce que
beaucoup d’expériences ont lieu
dans ce domaine [en Haïti] et
nous avons pris des résolutions
pour améliorer ces expériences »,
déclare à AlterPresse Guy Numa,
responsable de programme au sein
de l’Institut culturel Karl Levêque
(Ickl).
Une déclaration finale, en prépa-
ration, devrait bientôt être rendue
publique.
L’édition 2015 a signé des « évo-
lutions importantes, positives »,
aux yeux du professeur Camille
Chalmers, directeur exécutif de la
Plateforme haïtienne de plaidoyer
pour un développement alternatif
(Papda).
« Cette année, nous avons pu con-
crétiser, pendant les deux premiers
jours, un échange magnifique
entre 16 étudiants - qui sont en
maîtrise au niveau de l’université
publique… - et les participants à
l’université d’été », dit-il.
Les étudiants ont « produit des
résultats très intéressants sur le
plan des nouveautés, des inno-
vations, de la créativité et sur le
plan de la nécessité de mainte-
nir un dialogue fécond entre les
mécanismes de recherches de
l’université publique et les efforts
de la population ».
Les étudiants ont également eu la
possibilité de présenter, en ate-
liers, leurs recherches et de rece-
voir les critiques.
Des expériences d’économie soci-
ale et solidaire, en milieu rural
et urbain, dont une expérience
de boulangerie alternative dans
quatre départements du pays, ont
pu être présentées avec la partici-
pation des étudiants.
« Cela a été un échange absolu-
ment égalitaire, qui s’est déroulé
dans une ambiance cordiale et qui
a montré combien les étudiants
travaillaient dans leurs recherch-
es, sans avoir vraiment beaucoup
d’informations sur ce qui se passe
dans le pays, sans être connectés
aux dynamiques collectives des
organisations de base », relève
le professeur Camille Chalmers,
parlant d’une expérience positive
pour l’avenir.
Des discussions autour de sous-
thèmes en trois groupes ont égale-
ment eu lieu.
Un groupe s’est penché sur
l’économie sociale et solidaire
sous la houlette de la Papda.
Un deuxième a considéré
l’économie sociale et solidaire
et la communication, sous les
auspices de Sosyete animasyon
ak kominikasyon sosyal (Société
d’animation et de communication
sociale / Saks).
Le troisième groupe a abordé la
lutte des femmes et l’économie
sociale et solidaire, avec la Soli-
darité des femmes haïtiennes
(Sofa).
Ont pris la parole plusieurs
intervenantes et intervenants, à
l’image de Kenidd Acelin, Evelyne
Larrieux, Olga Benoît et Carole
Pierre-Paul Jacob (toutes les 4 de
Sofa), du professeur Jean Rénold
Elie, coordonnateur général de la
Faculté des sciences humaines
(Fasch) de l’Université d’Etat
d’Haïti (Ueh), du professeur Ary
Régis, directeur général de la Saks
et responsable du département de
communication de la Fasch, ainsi
que de Marc Arthur Fils-Aîmé et
Muller Pierre-Louis de l’Ickl.
Cette université populaire, initia-
tive du mouvement social haïtien,
a pris naissance depuis déjà une
dizaine d’années avec l’Ickl. Par la
suite, l’ont rejoint d’autres institu-
tions, comme la Papda, la Saks, la
Sofa, le Programme alternatif de
justice (Paj) et l’Institut de tech-
nologie et d’animation (Iteca).
Entre l’édition 2015 et la pro-
chaine, ces organisations con-
tinueront à travailler, en réalisant,
notamment, une évaluation des
5 dernières éditions, des forums
intermédiaires et un processus
d’accompagnement des expéri-
ences menées à la base, selon
Chalmers.
Le contexte sera marqué par les
élections, prévues entre août et
décembre 2015, pour le renouvel-
lement de tous les postes électifs,
sauf 10 au sénat de la république.
« L’on peut s’attendre à ce qu’au
niveau des joutes électorales, il y
ait beaucoup plus de présence des
organisations sociales et populai-
res… pour que les débats ne soient
pas concentrés sur un individu »,
mais abordent aussi des thèmes,
tels la réforme agraire, l’eau pota-
ble, la reforestation, l’éducation,
entre autres, annonce Chalmers.
Par ailleurs, le directeur de la
Papda souligne les difficultés de
financer l’université populaire.
Cette année, un grand nombre
de volontaires ont participé à son
organisation, de même qu’une
entreprise sociale et solidaire de
restauration, Konbit Fanm Saj.
HAÏTI-DÉVELOPPEMENTDURABLE
Les participants ont pu prendre des résolutions pour faire atterrir l’économie sociale et solidaire. / Photo: Fritznelson Fortuné
11. MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
34 | 11
ÉCONOMIE
Les coopératives veulent s'unir
pour renforcer l'économie haïtiennePar Elisée Décembre
ÉCONOMIESOCIALE
OCDE : Le monde doit prendre en compte le coût
réel du charbon pour vraiment protéger le climat
Les gouvernements devraient reconsidérer le rôle du charbon dans les approvisionnements énergétiques, car l’ampleur des nouveaux
investissements consacrés aux centrales à charbon polluantes représente la menace climatique la plus pressante, a déclaré le Secrétaire
général de l’OCDE, Angel Gurría.
Les pays devraient procéder à une évaluation plus rigoureuse du coût réel du charbon. Comme les prix ne tiennent pas pleinement
compte des coûts environnementaux, sanitaires et financiers de ce combustible, beaucoup de centrales électriques aujourd’hui en
construction devront peut-être être fermées avant la fin de leur durée de vie utile, a souligné M. Gurría lors d’une conférence donnée
à l’invitation de la London School of Economics (LSE) et d’Aviva Investors, associés à ClimateWise.
S’il s’avère que les énergies de remplacement du charbon sobres en carbone ne sont pas à la portée de certains pays en développement,
les pays donneurs devraient mobiliser des financements pour combler l’écart.
« Le charbon n’est pas une énergie bon marché, a noté M. Gurría. Les gouvernements doivent se demander sérieusement si le choix de
cette énergie est bénéfique pour les citoyens. »
En l’absence de nouvelles mesures d’atténuation, on estime que la production d’énergie à partir de charbon émettra plus de 500 mil-
liards de tonnes de CO2 entre aujourd’hui et 2050, ce qui représente la moitié environ du « budget carbone » qu’il s’agira de ne pas
dépasser pour maintenir l’élévation de la température mondiale en dessous de 2 °C.
www.timounaid.org
C
ette journée de réflexion
autourduthème«Tètansanm
nan mitan fanmi kooperativ
yo » organisée au local de «
Koprofer kenbe » à Cazeau a permis
à ces acteurs de l’économie solidaire
et sociale d’évaluer les interventions
qui, de 1951 à nos jours, épaulent sur
le terrain la masse populaire avec leur
dispositif de microfinance.
La journée internationale des
coopératives ne date pas d’hier.
Elle a été instaurée dans les
annales des journées mondiales
par l’Association des coopératives
internationales (ACI) depuis 1922,
soit 32 ans après leur création.
Pour célébrer ce 93e anniversaire,
l’ACI a retenu comme thème : «
Opter pour les coopératives, opter
pour l’égalité. » Une grande théma-
tique qui invite au positionnement
militant. « Il nous fallait réagir
cette année devant une telle per-
spective » a indiqué Frantz Prinvil,
l’un des membres de CCH.
Dans le cadre de cette journée,
un représentant du ministère des
Affaires sociales s’est prononcé
sur « la protection sociale et les
coopératives » et la séance s’est
terminée par des échanges relatifs
aux objectifs visés par le Collec-
tif. « Notre vision est assez osée »,
avoue Mr Prinvil, car nous voulons
de prime abord avoir un recense-
ment de toutes les coopératives
du pays pour ensuite les inviter à
intégrer les rangs de l’Association
des coopératives internationales
(l’ACI) et de la Confédération des
coopératives de l’Amérique cen-
trale (CCCA).
« Nous occupons une place
prépondérante dans l’industrie
de la microfinance en Haïti. Nous
faisons un travail de proximité.
Nous sommes présents dans tous
les recoins du pays, du départe-
ment du Sud au Nord-Ouest en
passant par l’Ouest et le Centre
il n’y a pas une ville du pays où
l’on ne retrouve pas au moins une
coopérative », s’enorgueillit Frantz
Prinvil.
De la plus ancienne coopérative
d’Haïti, la Caisse populaire Sainte
Anne fondée en 1951 à la Vallée
de Jacmel, à toutes celles qui ont
pris naissance au cours des années
après, le souci est clair : aider les
petites bourses à survivre dans
un pays où l’emploi est comme
une denrée rare. « Il est clair
que la présence de ces coopéra-
tives exerce un impact positif sur
l’économie haïtienne ».
Frantz Prinvil pense que c’est un
affront à l’égard des coopératives
le fait d’enlever de la constitution
la phrase qui stipulait que : « Haïti
est une République coopératiste. »
Un accident de parcours pour le
Collectif des coopératives haïti-
ennes dont la mission est de défen-
dre les intérêts des coopératives
en Haïti.
La commémoration de la journée internationale des coopératives, ce samedi 4 juillet écoulé, a été l’occasion
de la création du Collectif des coopératives haïtiennes (CCH), une association qui regroupe la majorité des
coopératives du pays et qui se fixe déjà de grands objectifs.
12. 12 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Les péchés d'HaïtiPar Eduardo Galeano*
Ce texte de l’auteur des « Veines ouvertes de l’Amérique Latine » date de 1996. Galeano y revient sur l’Histoire
d’Haïti. Et il explique comment l’Occident a construit la malédiction de cette île au fur et à mesure des ans, parce
qu’elle était habitée par des noirs.
PAGERETROUVÉE
L
a démocratie haïtienne est née
il y a un moment. Dans son
bref temps de vie, cette créa-
ture affamée et malade n’a reçu
que des gifles. Elle était nouvelle-née,
dans les jours de 1991, quand elle a
été assassinée par le coup de force
militaire du général Raoul Cedras.
Trois ans plus tard, elle a
ressuscité. Après avoir subi et
être sortie de tant de dictatures
militaires, les États-Unis sont
venus et ont mis en place le
président Jean-Bertrand Aristide,
qui avait été le premier président
dans toute l’histoire d’Haïti élu
par un vote populaire et qui avait
eu la folle idée de vouloir un pays
moins injuste.
Le vote et le veto
Pour gommer les traces de la
participation américaine dans la
dictature carnassière du général
Cedras, les marines ont emporté
160 000 pages de dossiers secrets.
Aristide est revenu enchaîné. Ils
lui ont donné la permission de
récupérer le gouvernement, mais
lui ils ont interdit le pouvoir.
Son successeur, René Préval, a
obtenu presque 90% des votes,
mais n’importe quelle personne
de quatrième catégorie du FMI ou
de la Banque Mondiale a plus de
pouvoir que Préval, même si le
peuple haïtien ne l’a pas choisi.
Le veto peut plus que le vote.
Veto aux réformes : chaque fois
que Préval, ou quelqu’un de
son gouvernement, demande
des crédits internationaux pour
donner du pain aux affamés, des
lettres aux analphabètes ou une
terre aux paysans, il ne reçoit pas
de réponse, ou ils lui répondent
en lui ordonnant : - Récitez la
leçon. Et comme le gouvernement
haïtien n’en finit pas d’apprendre
qu’il faut démanteler le peu de
services publics qui restent, les
dernières pauvres protections
pour l’un des peuples les plus
abandonnés du monde, les
professeurs considèrent l’examen
comme perdu.
L’alibi démographique
À la fin de l’an passé quatre
députés allemands ont visité
Haïti. Ils n’étaient pas arrivés que
la misère du peuple les a frappés.
Alors l’ambassadeur d’Allemagne
leur a expliqués, à Port-au-Prince,
quel est le problème : - C’est un
pays surpeuplé - a-t-il dit-. La
femme haïtienne veut toujours,
et l’homme haïtien peut toujours.
Et voilà qu’il a ri. Les députés se
sont tus. Cette nuit, l’un d’eux,
Winfried Wolf, a consulté les
chiffres. Et voilà qu’il a vérifié
qu’Haïti est, avec le Salvador,
le pays le plus surpeuplé des
Amériques, mais il est aussi
surpeuplé que l’Allemagne :
il a presque la même quantité
d’habitants au kilomètre carré.
Durant son séjour en Haïti, le
député Wolf a été frappé par la
misère : il a aussi été ébloui par la
capacité de création des peintres
populaires. Et voilà qu’il est
arrivé à la conclusion qu’Haïti est
surpeuplé... d’artistes. En réalité,
l’alibi démographique est plus
ou moins récent. Jusqu’à il y a
quelques années, les puissances
occidentales parlaient plus
clairement.
La tradition raciste
Les États-Unis ont envahi Haïti en
1915 et ils ont gouverné le pays
jusqu’en 1934. Ils se sont retirés
quand ils ont réussi leurs deux
objectifs : faire payer les dettes
de la City Bank et abroger l’article
constitutionnel qui interdisait
de vendre les plantations aux
étrangers. Robert Lansing,
Secrétaire d’État de l’époque,
a justifié la longue et féroce
occupation militaire en expliquant
que la race noire était incapable
de se gouverner elle-même, qu’elle
a “une tendance inhérente à la
vie sauvage et une incapacité
physique de civilisation”. L’un
des responsables de l’invasion,
William Philips, avait forgé
quelque temps auparavant cette
idée sagace : “Ils sont un peuple
inférieur, incapable de conserver
la civilisation que les français leur
avaient laissés”.
Haïti avait été la perle de la
couronne, la colonie la plus riche
de France : une grande plantation
de sucre, avec une main-d’œuvre
d’esclaves. Dans L’esprit des lois,
Montesquieu avait expliqué sans
tergiverser : “Le sucre serait trop
cher si les esclaves ne travaillaient
pas dans sa production. Les
esclaves sont noirs depuis les
pieds jusqu’à la tête et ils ont le
nez si écrasé qu’il est presque
impossible d’avoir pitié d’eux. Il
semble impensable que Dieu, qui
est un être très savant, ai mis une
âme, et surtout une bonne âme,
dans un corps entièrement noir”.
En revanche, Dieu avait mis un
fouet dans la main du berger. Les
esclaves qui ne se distinguaient
pas par leur volonté de travail. Les
noirs étaient esclaves par nature
et feignants aussi par nature, et
la nature, complice de l’ordre
social, était l’œuvre de Dieu : un
esclave devait servir le maître et
le maître devait punir l’esclave qui
ne montrait pas un tant soit peu
d’enthousiasme pour remplir le
dessein divin. Karl Von Linneo,
contemporain de Montesquieu,
avait fait précisément un savant
portrait du noir : “Un vagabond,
paresseux, négligent, indolent
avec des coutumes dissolues”.
Plus généreusement, un autre
contemporain, David Hume,
avait vérifié que le noir “peut
développer une certaine habileté à
s’humaniser, comme le perroquet
qui parle quelques mots”.
L’humiliation impardonnable
En 1803 les noirs d’Haïti ont
administré une raclée terrible aux
troupes de Napoléon Bonaparte,
et l’Europe n’a jamais pardonné
cette humiliation infligée à la race
blanche. Haïti a été le premier
pays libre des Amériques. Les
États-Unis avaient conquis avant
son indépendance, mais il avait
environ un million d’esclaves qui
travaillaient dans les plantations
de coton et de tabac. Jefferson,
qui était propriétaire d’esclaves,
disait que tous les hommes sont
égaux, mais il disait aussi que les
noirs ont été, sont et resteront
inférieurs. Le drapeau des libertés
a été dressé sur des ruines. La
terre haïtienne avait été dévastée
par la monoculture du sucre et
détruite par les calamités de la
guerre contre la France, et un tiers
de la population était tombée au
combat. Alors a commencé le
blocage. LA nation nouvellement
née a été condamnée à la solitude.
Personne ne li achetait, personne
ne lui vendait, personne ne la
reconnaissait.
Le délit de la dignité
Même Simón Bolívar, qui si brave
qu’il pu être, n’a pas eu le courage
de signer une reconnaissance
diplomatique du pays noir. Bolivar
avait pu reprendre sa lutte pour
une indépendance américaine,
quand l’Espagne l’avait déjà battu,
grâce à l’appui d’Haïti.
Le gouvernement haïtien lui avait
remis sept navires et beaucoup
d’armes et de soldats, avec pour
seule condition que Bolivar libéra
les esclaves, une idée qui n’était
pas due au Libérateur. Bolivar a
rempli son contrat, mais après
sa victoire, quand il gouvernait
déjà la Grande Colombie, il a
tourné le dos au pays qui l’avait
sauvé. Et quand il a convoqué les
nations américaines à la réunion
de Panama, il n’a pas invité Haïti
mais il a invité l’Angleterre.
Les États-Unis ont reconnu Haïti
récemment 60 ans après la fin de
la guerre d’indépendance, tandis
qu’Etienne Serres, un génie
français de l’anatomie, découvrait
à Paris que les noirs sont primitifs
parce que chez eux la distance
entre le nombril et le pénis est
courte.
A ce moment là, Haïti était déjà
aux mains de dictatures militaires
carnassières qui destinaient les
ressources faméliques du pays
au paiement de la dette française
: L’Europe avait imposé à Haïti
l’obligation de payer à la France
une indemnisation gigantesque
[Lire “La dette extérieure d’Haïti,
une hypocrisie française”]**, à la
manière d’une dette du pardon
pour avoir commis le délit de la
dignité.
Cette histoire de persécution
contre Haïti, qui de nos jours
prend des dimensions de tragédie,
est aussi une histoire du racisme
dans la civilisation occidentale.
*Los pecados de Haití :
originalement publié par
Eduardo Galeano – Brecha 556,
Montevideo, 26 juillet 1996.
**La dette extérieure d’Haïti, une
hypocrisie française” : http://www.
primitivi.org/spip.php?article180
14. 14 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
Qui sont-ils ?
Il est dimanche matin, Jamson et
Rosena, respectivement neuf et
onze ans, enlèvent les étiquettes
sur les bouteilles plastiques dans
un site de stockage à l’angle des
rues des Miracles et Pavée où envi-
ron une dizaine de collecteurs
informels préparent et emballent
leurs marchandises vers les entre-
prises clientes. Ils nous expliquent
: « on aide notre grand-mère. C’est
grâce à cette activité qu’elle paie
l’école et nous donne à manger ».
Cependant, si Jamson et Rosena
sont pris en charge par leur grand-
mère, Watson, enfant de cité soleil
de 12 ans, pratique cette activité
depuis la mort de sa mère. Train-
ant un gros sac dans lequel il met
des objets ramassés devant le parc
industriel Sonapi à Trois mains
sous un soleil de 14 heures, il nous
explique : « c’est avec cela que je
gagne un peu d’argent pour nourrir
mes frères et sœurs et moi. Maman
est morte, papa nous a abandonnés
et depuis, je suis devenu kokorat ».
Pour Osnel, un jeune garçon de 20
ans à Delmas 9, s’il ne quitte pas
cette activité, explique-t-il, c’est
parce qu’il n’a aucun autre moyen
de survivre avec sa famille dont il
est l’ainé. « Imagine-toi, quand tu
portes le sac sur ta tête, un liquide
puant mêlé de tout ruisselle jusqu’à
ta bouche, ce n’est pas bon pour ton
cerveau», argumente-t-il avec une
voix morne. Quant à Fritzner, 32
ans, père de deux enfants, en plus
de la journée, il sort à la tombée
de la nuit pour rentrer à l’aube.
Comme tous les autres collecteurs
interrogés, Fritzner n’utilise aucun
matériel de protection. Ni masque,
ni gants, ni chaussures appropriés
mais il est obligé, explique-t-il
debout au milieu des déchets col-
lectés à l’angle des rues Saint-hon-
oré et Réunion : « on nous dit que
nous mettons nos mains dans la
matière fécale, mais je sais ce que
je cherche », déclare-t-il.
Pour Silvia, 61 ans, elle a peur du
risque de chercher dans les ravins
cependant il lui arrive quand même
de se faire blesser la main par les
tessons de bouteilles, explique-t-
elle, non loin d’un ravin à Bois-
Verna. Mais, n’ayant aucune assis-
tance de l’État, elle doit continuer
pour gagner environ 300 gourdes
contre une grande balle (plusieurs
sacs cousus ensemble, qu’elle dit
remplir dans environ trois jours de
travail) afin d’aider ses enfants.
Quel risque encourent ces
citoyens en fait?
Abdias JOACHIM, un médecin de
SODEC Hospital, n’hésite pas (sans
aucune intention de minimisation)
à qualifier ces citoyens d’ « infec-
tions ambulantes ». Ces citoyens
qui achètent à manger en faisant
leurs activités sans la possibilité de
se laver les mains, ne sont à l’abri
d’aucune des maladies que nos
déchets peuvent transmettre, nous
explique-t-il. Et leur entourage n’en
est pas non plus à l’abri. De plus,
étant sans matériels de protec-
tion, ils courent conséquemment
le risque d’attraper la leptospirose,
une maladie attrapée à partir de
l’urine des rongeurs provoquant
de fortes douleurs articulaires,
et de fièvres continues. Est-ce là
la cause des douleurs atroces et
longues fièvres d’Osnel ( 20 ans ) et
de Silvia (61 ans ) qu’ils associent
aux fatigues de leusr activités ? En
fait, le risque de maladie le plus
évident que courent ces concitoy-
ens restent la gastro-entérite qui
agit sur l’estomac et les intestins et
provoquent des diarrhées et vom-
issements.
Ces citoyens doivent-ils
cesser ces activités à haut
risque?
Si tous nos interviewés confessent
qu’ils ne peuvent, malgré leur volo-
nté, suspendre ces activités, Fritz
Gerald Louis, un expert en anal-
yse économique et développement
international, cadre de la direc-
tion des études du ministère de
l’économie et des finances, pense
que tous les métiers ont un certain
niveau de risque et que les métiers
à hauts risques existent partout
dans le monde. S’ils en sont arrivés
là, c’est à cause de la faiblesse de la
protection sociale de l’État, pense-
t-il. Ce qu’il faut, dit-il, c’est de
réguler le secteur. Il faut des normes
pour la collection, mais ses activi-
tés rapportent, c’est du travail, cela
rend les pratiquants autonomes et
aide à l’assainissement, explique
l’expert. Quelle économie ? Celle
des bourgeois marchands, sous-
traitants qui achètent les déchets
de ces survivants à huit gourdes le
kilo comme l’a confié Watson, sous
prétexte de recyclage dans le pays
? Une de ces entreprises, sise à
bon repos à laquelle plusieurs col-
lecteurs disent vendre les déchets,
n’a pas voulu trop réagir sur le tra-
vail pourtant rentable.
Les grandes théories de l’État
l’attribuent la protection des citoy-
ens qui le constituent. Même si
certaines théories voient dans la
mission de l’État (bourgeois) la
protection des dominants de la
société, cependant certaines socié-
tés établissent des mécanismes de
prise en charge des plus démunis
du système avec l’argent des con-
tribuables. Ces mécanismes de
protection sociale dont il convient
de parler d’assistance dans le cas
de ces démunis travaillant dans
l’informel ne touchent aucun des
interrogés. Seul Sonson, un autre
enfant de 13 ans à la rue Saint-
Honoré, a dit avoir déjà vu de distri-
butions de kits cependant les «gwo
nèg » (plus âgés violents), pour
reprendre son expression, l’ont
toujours empêché d’en bénéficier.
Pour ce qui est de savoir s’il est de
la volonté des citoyens de prendre
ces risque ou si c’est l’inadéquation
de la protection sociale de l’état qui
ne les en empêche pas, des cadres
du ministère des affaires sociales
et du travail ont répondu que « les
programmes ne peuvent pas touch-
er tout le monde. On doit accepter
le fait que les gens font leur travail
et qu’il faut c’est de les encadrer ».
Au fait, aucun de la gamme des
droits universels de l’homme (à la
santé, art 25 ; à la sécurité socia-
le, art 22 ; au travail, à la protec-
tion, art 23 ; à un niveau de vie
suffisant, art 25 ; à l’éducation,
art 26) promu par l’occident et en
vogue dans le pays surtout depuis
1986, n’arrive à empêcher ces
citoyens d’arriver à ce niveau de
contradiction pour reproduire leur
vie. Ces droits seraient-ils ceux
des individus égoïstes, repliés
sur eux mêmes; droits favorisant
(occultant) l’exploitation comme
le pense Marx dans la « question
juive » (1843, p 22-23) ? En fait,
ni la liberté, ni l’égalité, ni la fra-
ternité de ces droits, et triade de
notre drapeau, n’empêche les citoy-
ens de risquer leur vie sans aucune
protection, aucune assistance dans
ces ravins et décharges aux déchets
mêlés. Dans l’individualisme (exac-
erbé avec le capitalisme), on pense
que seul son bonheur et « celui des
siens » importent. Mais est-il vrai,
comme le laisse croire le capital-
isme, qu’on peut construire son
bonheur ignorant celui des autres,
autrement dit, sur le mal-être des
autres? Nous qui prétendons ignor-
er le sort de ces concitoyens-là,
n’est-il pas incohérent même dans
la logique individualiste et égoïste,
dans la mesure où ces enfants qui
ne vont pas à l’école et aspirent
au bonheur comme tout le monde
risquent de devenir des hors la loi
(comme aucune loi ne les ont jamais
protégé) et nuisent à notre bonheur
égoïste en générant de l’insécurité
? Ces grands-mères qui font les
courses aux mêmes marchés que
nous, ne risquent-elles pas de con-
taminer notre cuisine égoïste par
toutes sortes de maladies? En tout,
cas réfléchissez sur votre individu-
alisme exacerbé !
Enfin, est-ce que ces citoyens vont
être pris en charge par le nouveau
gouvernement où est-ce qu’avec
ces milliers de citoyens (personnes
plutôt?) « rapatriés » par l’autre
partie de l’Ile ils seront encore plus
à prendre ce risque mortel pour,
paradoxalement, reproduire leur
vie? En tout cas, si Silvia a résolu
qu’elle ne votera plus, malgré la
déception dont fait mention tous
les potentiels votants de nos inter-
rogés. Ceux- ci attendent les pro-
chaines élections pour aller voter.
Alors, peut-être que de ces milliers
de candidats ils trouveront des
concitoyens qui, une fois élus, ne
les oublieront pas jusqu’aux pro-
chaines élections, comme l’a pensé
Fitzner qui. Malgré tout, pense
voter.
Un gagne-pain à double impactpar Sabry ICCENAT
HAÏTISOCIÉTÉ/RÉCUPÉRATEURSDEDÉCHETS
Qui ne tombe pas encore sur un de ces concitoyens en train de fouiller dans les poubelles, les montagnes de
débris en pleine rue ou les ravins ? Sans aucune distinction de sexe ni d’âge, ils cherchent dans les déchets des
objets en plastique, des canettes, du fer, du cuivre. Bref, tout objet ayant une valeur marchande.
Des enfants au travail sur un site de stockage à l’angle des rue pavée et des
miracles.
15. MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0
34 | 15
SOCIÉTÉ
La robe noire taillée
LN-Je fais une chose non profes-
sionnelle en te félicitant pub-
liquement pour ta beauté noire
et lumineuse. En espérant que ce
compliment sera pris dans son élé-
gance sociale, engageons les sujets
de notre entretien. Il se déroulera
sur ton parcours dans la vie, sur
l’entreprise Raj Magazine, sur tes
croyances religieuses et tes sou-
haits pour ta terre, madame, pour
la prochaine décennie. Tu es née à
Port-au-Prince? Ou ? Dans quel joli
bourg d’Haïti as-tu pris naissance ?
RAJ -Merci pour les compliments,
Pierre. J’apprécie l’élégance inves-
tie dans la formulation de ta pensée.
J’ai pris naissance à Port-à-Piment
dans le Sud, là où se trouve l’une
des plus belles grottes des Caraïbes:
la grotte Marie-Jeanne.
Je ne m’accroche à aucune dénomi-
nation religieuse précisément. Je
crois en Dieu, en sa puissance, en
sa présence en chacun de nous. Je
suis en quête de Lui. Je cherche à
pouvoir communiquer avec Lui en
vue de trouver ma paix intérieure.
Mes souhaits pour Haïti, ma terre,
pour la prochaine décennie, c’est de
voir émerger une classe moyenne
capable de répondre à ses besoins.
Mon engagement personnel veut
que je m’investisse à apporter, à
travers Raj Magazine, ma singulière
contribution dans la revalorisation
de la conscience de l’Haïtien en
l’encourageant à capitaliser sur le
positif...
LN.Quels sont les meilleurs souve-
nirs qui te restent de ton adoles-
cence? Une nostalgie amoureuse?
Un succès de classe ? Un deuil ?
Une belle robe ? Un poème, à toi,
dédié ?
RAJ- En élémentaire II, je ne con-
nais pas la nouvelle nomenclature
dans l’enseignement, j’étais la
moins âgée et la plus menue de la
classe. Un jour, à la récitation, la
professeure s’est rendue compte
que j’étais l’unique élève à réciter
convenablement toute la leçon
d’histoire. Pour marquer cette
performance, elle m’avait invitée
à monter sur son bureau pour être
applaudie par toute la classe. Enfin,
j’avais droit, pour mon exploit, à une
surette (un bonbon). J’étais fière
de moi ! De plus, j’ai en mémoire
cette belle robe noire que je m’avais
taillée, elle épousait parfaitement
mes lignes... Le tissu rétrécissait
après lavage. Un jour tandis que je
m’en suis revêtue pour me rendre
à l’INAGHEI (1ère année), ma mère
pestait contre ma tenue. Elle avait
trouvé que c’était un juste-au-corps
et que cette robe laissait lire tous
les détails de ma morphologie.
Catégoriquement, elle m’interdisait
de laisser la maison accoutrée de
ma belle robe dont j’étais si fière.
Je me souviens d’avoir essayé de la
convaincre.
Entre temps, je ne sais par quel
miracle, la robe allait reprendre ses
dimensions normales et redevenir
décentes. Elle ne se laissait prendre
à mes fantaisies et mes réponses
ne faisaient pas le poids. Quand
elle a compris que j’étais entêtée
à porter ma robe malgré tout, elle
m’a appelée et de ses ciseaux, l’a a
fendue de haut en bas. Là, elle m’a
invitée à sortir en lambeaux... si j’y
tenais encore. J’étais en colère ce
jour-là contre ma mère. Mais, avec
l’âge et le raisonnement, j’ai fini par
comprendre cette éducation ferme
et disciplinée... De nos jours, nos
jeunes s’habillent n’importe com-
ment et affichent n’importe quel
comportement antisocial voire
déviant. Les parents n’exercent
sur eux aucun contrôle et la société
devient de plus en plus permissive.
Y AVAIT-IL DES PROPOSITIONS
INDECENTES ?
LN. Qu’est-ce qui t’avait porté à
créer Raj Magazine ?
Mon amour pour Haïti. Mon désir
de contribuer à l’évolution de notre
société et surtout mon engoue-
ment à encourager la culture de
la positivité chez nos lectrices et
nos lecteurs, et bien sûr, chez nos
collaboratrices et collaborateurs et
chez moi (la charité bien ordonnée
commence par soi. Rires).
LN. Femme, cela a dû être dur pour
toi de faire comprendre ce projet ?
C’est malheureusement dur, en
effet, pour les femmes de faire
valoir leur projet. Mais la déter-
mination, la persévérance, la pas-
sion et l’amour pour Haïti, pour ce
travail, ont permis à Raj Magazine
d’exister encore. C’est tout un pro-
blème de discrimination.
LN. Quel a été le plus grand défi
pour toi ? La rédaction ou le sup-
port financier ?
Mes collaborateurs aiment autant
que moi l’idée de vendre Haïti
autrement que la promotion de ses
sites naturels et historiques. Donc,
la rédaction n’a jamais été un trop
grand défi. Le support financier,
oui, c’est le plus grand défi de Raj
Magazine. Au fait, ce serait mieux
de trouver des mécènes, des entre-
preneurs pour des engagements
à long terme plutôt que de courir
derrière des patronages tout au
long de l’année pour assurer la
pérennité de Raj Magazine. Nous
envisageons tant de choses pour
promouvoir positivement Haïti
(avoir une version audio pour les
non-voyants comme nous l’a sug-
géré le Dr Michel A. Péan. Une ver-
sion vidéo qui serait publiée sur
YouTube, FaceBook et les télés qui
voudraient bien; organiser au moins
quatre activités culturelles par an;
inviter des jeunes à nous accom-
pagner dans les villes de province
à chaque déplacement pour leur
permettre de visiter le pays, etc.)
Dans tous les pays du monde, il
existe pas mal magazines à dévelop-
per des thématiques différentes. En
Haïti, on dirait même que c’est une
fierté de voir des revues naître un
jour et mourir un à trois ans plus
tard. Bien souvent des entreprises
de sponsorisation me déclarent
qu’elles n’y sont pas intéressées
parce qu’en général les magazines
ne vivent pas longtemps. Elles
feignent d’ignorer que justement
c’est par leur déni de support que
ces initiatives meurent aussi rap-
idement. D’ailleurs, RAJ Magazine
est distribué gratuitement. L’argent
doit circuler pour asseoir une classe
moyenne qui soit en mesure de se
procurer les biens et les services
de ces entreprises... En faisant ce
travail de promotion du pays, ces
entreprises contribueraient à la
promotion de leur environnement
et les retombées leur seraient favo-
rables dans le temps.
L’objectif de Raj Magazine par
exemple est de porter les touristes
à venir en Haïti, à influencer les
gens positivement (les lecteurs
de Raj Magazine) en vue de les
encourager à réfléchir et agir dif-
féremment... Comme si rien de ce
qui a rapport avec la collectivité, la
culture de la positivité, la promo-
tion du pays et des artistes qui nous
distraient ne nous intéresse... C’est
à se demander qu’est-ce qui peut
bien faire réagir certains Haïtiens
de nos jours? Nou pa konen nan
kisa nou kwè.
LN. J’enragerais de savoir que, sur
le plan des contacts avec le milieu
des affaires, on t’aurait fait des
“propositions indécentes”.
Eh bien! Ne te gêne surtout pas,
Pierre. Cette attitude fait partie du
lot. C’est un véritable problème
auquel j’ai fait face plus d’une fois.
Mais ne t’inquiète pas parce que
j’aurais préféré voir Raj Magazine
aux oubliettes plutôt que de
succomber à ces ‘’propositions
indécentes’’. Comment comprends-
tu que je fais la promotion de notre
pays avec Raj Magazine mettant
en exergue le côté positif des
gens, encourageant ses lecteurs à
consommer les fruits et légumes
du terroir..., ce que toute haïtienne,
tout haïtien conséquents devraient
encourager... Je devrais me
compromettre moi-même pour y
parvenir?... Franchement, Pierre?
Autant faire taire mon patriotisme
et me trouver un pis-aller dans une
ONG, ou fuir Haïti comme fait la
majorité de la jeunesse du pays livré
à lui-même... Il est grand temps que
les hommes apprennent à apprécier
le travail des femmes plutôt que de
les considérer comme de vulgaires
marchandises. C’est odieux...
L.N. Quels sont les meilleurs
numéros que tu as imprimés ?
Pour moi, chaque numéro de Raj
Magazine a sa singularité et sa
beauté. Mais, j’avoue apprécier
plus les hors-séries: ‘’Frank Etienne
l’Immortel’’, ‘’Rhum Barbancourt
l’Or du temps’’, ‘’l’Age d’Or’’, les
numéros réguliers: ‘’Destination
Sud-Est’’, ‘’Bienvenue dans le
Marien’’, ‘’Destination Grand’Anse’’,
‘’Destination Môle Saint-Nicolas’’,
‘’Regard sur l’Art en Haïti’’ un
numéro fin prêt, mais que nous
avons des difficultés à imprimer
faute de 13 000.00 $ US pour
l’occasion... Je profite de cette
entrevue pour solliciter le support
financier de certaines entreprises
moyennant des pages publicitaires
en contre -partie.
12- J’ai aimé, Rose, ta photo avec
le bouquet de fleurs dans le numéro
sur la BPH.
Merci pour ton appréciation. Les
couleurs de mon sourire reflètent
la beauté de mon âme. Mes plus
beaux sourires viennent de mon
cœur, Pierre...
Rose Adele Joachin :
« Ne t'inquiete pas
des propositions... »Par Pierre Clitandre
FOCUS
Rose Adèle Joachin est belle. Responsable de RAJ Magazine, elle se bat pour la
présentation d’une image positive du pays. Cela ne se fait pas sans déceptions. Elle
nous raconte son aventure avec des nuances qui disent qu’elle veut garder certains
secrets…
Rose Adele Joachin.
16. 16 | N0
34 MERCREDI 8 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
M
arche pacifique, danse,
témoignages, chants,
scènes de théâtre, ont été
les principales activités
réalisées pour marquer cette céré-
monie de clôture.
Il s’agit d’un séminaire de for-
mation et de sensibilisation à
l’intention de 60 élèves de la
classe de 5e année fondamentale
de l’École nationale Toussaint
Louverture (Lascahobas) contre
les violences (physiques, émo-
tionnelles et sexuelles) faites aux
enfants dans les milieux scolaires.
À cette formation ont pris égale-
ment part près de 51 élèves de 7e,
8e et de 9e année fondamentale
de l’institution Mixte de l’Avenir
(Carrefour-Feuilles) et 30 profes-
seurs, dont 15 de Lascahobas et
15 de Port-au-Prince. Des séances
de sensibilisation ont été réalisées
à l’intention des parents sur la dis-
cipline positive en lieu et place de
la violence.
Droits de l’enfant, participation
citoyenne, leadership et protec-
tion contre la violence ont été,
entre autres, les thèmes agités
lors de ces séances de formation,
débutées en avril dernier.
La protection des enfants con-
stitue l’une des grandes priorités
de l’IBESR, affirme le représent-
ant de l’IBESR, Elie Serge. C’est
dans cette perspective qu’il a
établi un bureau à travers les dif-
férents départements du pays et
déployé un ensemble d’agents de
protection des mineurs afin de
veiller au strict respect des droits
des enfants, notamment les plus
vulnérables.
De son côté, la représentante d’«
Enpak », Jo-Ann Garnier Lafon-
tant, a indiqué que les parents et
les professeurs peuvent aider les
enfants à s’autodiscipliner sans
pour autant user de violence à
leur endroit. Les enfants, a-t-elle
ajouté, peuvent être éduqués en
passant avec eux des contrats et
par la négociation.
De l’avis de la représentante d’«
Enpak », il convient de sensibilis-
er tout un chacun à la nécessité de
s’engager dans la protection des
enfants. Car, soutient-elle, toute
action violente exercée contre un
enfant risque de conduire celui-ci
dans une spirale où il exercera à
son tour la violence sur un autre
plus petit que lui.
Pour remédier à cette situation,
Mme Lafontant appelle au respect
du droit intégral des enfants. Elle
préconise l’usage de la discipline
positive en vue d’enrayer les actes
de violence sur les enfants.
Cette série de séminaires, indique
la conseillère de « HPP AKSE »,
Marjorie K. Bertrand, s’inscrit
dans le cadre du support de
l’organisation qu’elle représente
à l’État haïtien pour aider celui-ci
à mettre en place une politique
publique via l’élaboration d’un
cadre légal devant contribuer à
prévenir la violence et à en proté-
ger les enfants.
Elle rappelle qu’une enquête réali-
sée en 2012 a révélé que plus d’un
tiers des filles interrogées ont été
victimes de violences de toutes
sortes avant d’atteindre l’âge de
18 ans. Selon ce qu’elle a indi-
qué, le milieu scolaire est désigné
comme l’endroit où les enfants
sont victimes d’abus soit de leurs
enseignants, soit des directeurs
d’écoles.
Face à cette situation, informe
Mme Bertrand, une stratégie
nationale de protection de l’enfant
est en cours d’élaboration. Elle
permettra de freiner les violenc-
es faites aux enfants en vue de
contribuer à l’épanouissement de
cette catégorie vulnérable.
Dominique Yanick, une écolière,
participant à ces séances de for-
mation, informe y avoir appris
les méthodes lui permettant de
résoudre un conflit avec ses pairs.
Elle a aussi indiqué que ce sémi-
naire a contribué à l’aider de
manière positive, arguant qu’elle
était une fille conflictuelle et que
maintenant elle ne l’est plus.
Bélizaire Stevenson, un autre
écolier également participant à
cette formation, ne tarit pas de
louanges quant aux bienfaits de
ce séminaire.
Il dit espérer que cette initiative
va s’étendre sur toute l’étendue
du territoire afin de permettre à
d’autres enfants d’en tirer profit.
Aussi se propose-t-il de partager
avec les enfants de son âge les
leçons qu’il a apprises durant ce
séminaire.
Marche de Sensibilisation Contre la Violence faite aux Enfants.
Clôture du projet Kapabpar Reynold Aris
Suite aux résultats de l’enquête sur la violence faite aux enfants (VACS) (Violence Against children survey),
commanditée par l’État haïtien, l’organisation « Enpak » (Engagement, participation et kapasite), en partenariat
avec l’Institut du bien-être social et de recherches (IBESR) et le projet « HPP AKSE », a clôturé le projet baptisé
Kapab (Konprann mwen, Ankadre m pou m aprann pi byen). La cérémonie a été tenue le dimanche 5 juillet 2015
à Lascahobas (Plateau central). Ce projet est financé par l’Agence américaine internationale de développement
(USAID) pour un montant de 42 mille dollars américains.
HAÏTI/DROITSDEL’ENFANT