2. Une histoire sans fin… : « Qui n’a pas de fin », comme la vis sans fin… Fin reste normalement au
singulier.
dîner : Avec un accent circonflexe qui s’est substitué à un s (cf. le latin disjunare, « rompre le
jeûne »).
drôle : Il y a dans drôle un accent circonflexe sur le o, parce qu’il précède une syllabe muette, ce qui
n’est pas le cas de drolatique (pas d’accent).
qui nous fût arrivée : Plus-que-parfait du subjonctif (au pluriel = qui nous fussent), d’où l’accent
circonflexe.
nous visitâmes : Passé simple = il y a toujours un accent circonflexe aux deuxième et troisième
personnes du pluriel.
Bourg-en-Bresse : Entité politique et administrative, puisque c’est une commune, d’où les traits
d’union. Majuscules à tous les mots, sauf aux articles et aux prépositions : donc, minuscule à en. On
prononce « Bourken » ; les habitants et/ou natifs de cette préfecture de l’Ain sont les Burgiens et
Burgiennes.
haute en couleur : Haut s’accorde en genre et en nombre, mais couleur est figé au singulier, même au
sens figuré. Au sens propre, il est question d’une seule couleur, de la carnation de la peau du visage :
c’est avoir un teint coloré... Au sens figuré, le terme est également cantonné au singulier = on parle de
personnes truculentes, prolixes, voyantes, bruyantes, pittoresques, qui ont de la verve, du bagout, DE
LA couleur…
quoique : Conjonction (en un seul mot) ayant la signification concessive de « bien que », « malgré le
fait que ». Elle précède un adjectif, ou un verbe au subjonctif. On ne fait l’élision que devant il, elle,
ils, elles, on, en, un et une.
Ne pas confondre avec quoi que en deux mots : « quoi qu’il fasse » (= quelle que soit la chose qu’il
fasse).
sur-le-champ : Locution adverbiale signifiant « immédiatement », « tout de suite ». Les deux traits
d’union soulignent la différence de signification avec la locution sur le champ (= sur le pré, dans la
prairie…).
elle-même : Même est lié par un trait d’union aux pronoms personnels qu’il renforce (eux-mêmes,
vous-même…).
chef-lieu : Mot composé avec trait d’union. Les deux éléments étant des substantifs, il y a double
accord au pluriel : des chefs-lieux.
les années quatre-vingt : Adjectif numéral cardinal, quatre-vingts s’écrit avec un s, puisque cela
signifie « quatre vingtaines », mais ce s disparaît quand un autre adjectif numéral suit (quatre-vingt-
huit euros, quatre-vingt-treize concurrents). Lorsque quatre-vingt est un adjectif numéral ORDINAL,
au sens de « quatre-vingtième », il demeure invariable : la page quatre-vingt de ce livre, les années
quatre-vingt.
hyperbolique : Dérivé d’hyperbole, ce mot a pour préfixe hyper, tiré du grec huper, « au-dessus »
(l’upsilon grec est transcrit en français par un y).
3. de girolles et de pieds-de-mouton safranés : L’emploi de de entraîne évidemment le pluriel (sinon,
on dirait « d’une girolle », « d’un pied-de-mouton ». Notez les deux l du nom féminin girolle,
désignant un champignon très apprécié. Autre champignon bien connu : le pied-de-mouton ! Comme
la pharmacienne est une végétarienne convaincue, elle ne mange pas de viande ; elle ne saurait manger
des… pieds de mouton ! En revanche, elle consomme des champignons, et les deux traits d’union à
pieds-de-mouton marquent la métaphore due à la ressemblance de forme : il n’y a ni vrais pieds ni
mouton(s)… La marque du pluriel des mots composés appartenant à la catégorie « substantif + de +
substantif » ne porte que sur le premier élément (cf. : des langues-de-chat, des dents-de-lion, des œils -
de-bœuf…).
Safrané dérive d’un mot masculin se terminant en -an : le n n’est donc pas doublé. Cf. : la colonne
Trajane, la Poste vaticane, une faisane… (Très rares exceptions : Jeanne, paysanne…)
régalée : Accord sur le COD s’ reprenant le sujet elle. (Si l’on reconstruit la phrase avec avoir, on a :
« Qui a-t-elle régalé ? s’, c’est-à-dire elle-même.)
centre-ville : Nom commun composé masculin, comportant un trait d’union. (Au pluriel, accord
normal de cette catégorie de mots formés de deux substantifs : double pluriel = des centres-villes.)
Ah ! : Interjection marquant divers sentiments : la surprise, l’étonnement, le soulagement, le dépit, la
douleur… (Ah zut alors !, Ah bon ?!..., Ah ! Que j’ai mal !...) Les interjections, simples ou
composées, sont suivies directement du point d’exclamation.
Ne pas confondre avec ha !, autre interjection, dont l’emploi se restreint de plus en plus, simple ou
redoublée, à l’expression du rire : « Ha, ha, ha ! ».
contes de l’apothicaire : On appelle compte(s) d’apothicaire des comptes compliqués, excessivement
détaillés donc confus, par comparaison avec les décomptes et factures des apothicaires, soupçonnés de
malhonnêteté. Ici, il n’y a pas de comptes, mais les souvenirs, les histoires contées par la
pharmacienne !
Apothicaire tire son orthographe du grec apothêkê : « boutique ».
franc-comtoise : Le gentilé, ou ethnonyme, de Franche-Comté est franc-comtois, franc-comtoise. Au
pluriel, franc reste invariable, alors que le second élément varie au féminin : des bourgs franc-comtois,
les fermes franc-comtoises. Quand le terme est en emploi de nom propre, il y a évidemment des
majuscules : de jeunes Franc-Comtoises, les Franc-Comtois.
savoureux épigrammes : Si épigramme est un mot féminin au sens d’écrit satirique (généralement
des quatrains), c’est un mot masculin quand il désigne des tranches minces de poitrine d’agneau à
griller ou à sauter.
L’épigramme satirique la plus connue est certainement celle de Voltaire visant son ennemi intime Jean
Fréron :
L’autre jour, au fond d’un vallon
Un serpent piqua Jean Fréron.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
C’est le serpent qui creva.
4. laïus : Nom commun issu du nom propre de Laïos, ou Laïus, père d’Œdipe. En 1804, le premier sujet
de composition proposé au concours d’entrée à Polytechnique fur « Le discours de Laïus ». Les
postulants durent donc « faire un… Laïus », et le nom propre devint rapidement un nom commun au
sens de « discours, allocution », puis de « baratin, blabla… ».
commensaux : Pluriel de commensal, « convive ».
censés : Censé, homonyme de sensé, « sain d’esprit », s’écrit donc avec un c à l’initiale et signifie
« supposé, présumé, réputé »… (Du latin censere, « estimer, juger ».)
massacreur d’histoire(s) : Au singulier ou bien au pluriel, peu importe… On peut dire que c’est ou
bien quelqu’un qui massacre l’histoire en cours, celle qui se déroule, ou bien quelqu’un qui a
l’habitude de massacrer toutes les histoires.
marron foncé : Invariabilité. Quand un vrai adjectif de couleur simple est suivi d’un terme qui en
précise la nuance, il n’y a jamais de trait d’union et l’ensemble reste invariable, parce que c’est une
ellipse pour : « qui est D’UN marron foncé ».
sépiolite : Ce substantif féminin (du grec sêpion, « os de seiche » ; cf. sépia, « liquide noirâtre sécrété
par la seiche ») désigne un silicate hydraté naturel de magnésium, appelé aussi « écume de mer », qui
sert à fabriquer des pipes.
tape : Attention : un seul p !
à tâtons : « En tâtonnant ». Cette locution adverbiale est figée au pluriel.
brûlot : En argot, variante de brûle-gueule, pour désigner une bouffarde, une pipe à tuyau court, qui
est donc près du visage. De la famille de brûler, d’où l’accent circonflexe.
scaferlati : L’origine de ce mot masculin désignant un tabac utilisé pour la pipe comme pour la
cigarette est inconnue, semble-t-il.
à grand-peine : Le trait d’union, dans cette locution adverbiale, remplace le e disparu de grande.
saynète : Ce mot n’est pas un dérivé de scène, et ne s’écrit donc pas « scénette ». C’est un substantif
d’origine espagnol, sainete, lié à sain, « graisse ». Le terme a désigné les morceaux de viande que l’on
donnait aux oiseaux de proie dressés pour la chasse, puis, ou aussi, les morceaux onctueux, succulents,
bien gras, qui restaient attachés au fond des marmites. Toujours dans la langue de Cervantès, de saveur
en cuisine on est passé à saveur en littérature et au théâtre, avec en particulier l’acception de pièce
bouffonne courte jouée en intermède. C’est avec cette dernière signification que le mot est entré dans
le lexique français : « comédie très courte, parfois réduite à une scène », « sketch ».
freineur d’histoire(s) : Même commentaire que pour massacreur d’histoire(s) = voir plus haut.
obligeamment : Adverbe forgé sur obligeant(e), dont il conserve donc ea.
solécisme : Ce nom commun désigne une faute de grammaire, une erreur de syntaxe (« C’est le vélo à
Pierre », « Elle a été au boucher », etc.). Vient du nom de la ville de Soles, en Cilicie (Asie Mineure),
dont les colons athéniens parlaient un grec relâché, corrompu…
digression : Ce nom féminin (= parenthèse) ne doit pas être déformé en « disgression » !