2. Le château des ducs de Bretagne est un ensemble architectural situé à Nantes,
constitué d’un rempart du XVe siècle et d’édifices divers bâtis du XIVe au XVIIIe siècle,
classé monument historique depuis 1840.
3. À partir de 1207, Guy de Thouars, veuf de Constance, duchesse de Bretagne et à
ce titre régent du duché, fait construire le premier château dit «de la Tour Neuve»
Guy de Thouars cherche à affirmer le pouvoir des ducs face à celui des évêques de
Nantes. Élément essentiel du système défensif de la ville, il protège un bras de la
Loire, lieu d'intenses activités commerciales.
Durant la seconde moitié du XIVe siècle, le « Chastel de la Tour Neuve » est agrandi
par Jean IV de Bretagne. La tour dite du « Vieux Donjon » est seul vestige de cette
époque qui subsiste au XXIe siècle.
En 1466, François II de Bretagne décide de reconstruire le château. Le nouvel
édifice sera à la fois la résidence principale de la cour ducale et une forteresse
militaire capable de résister au pouvoir royal.
4. À la mort de François II en 1488, sa fille, Anne de Bretagne, reprend les travaux.
Elle renforce notamment la forteresse, côté Loire, en construisant la tour du Fer à
Cheval, impressionnant bastion d'artillerie.
En 1514, le château revient à sa fille Claude. Pour loger la famille royale, il
s'enrichit d'un nouveau bâtiment de style Renaissance : le Logis du Roy, que l'on
appelle aujourd'hui le Petit Gouvernement.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le château est choisi comme résidence bretonne
des rois de France. Un lieu de prestige qui place Nantes au rang des grandes villes
de province, mais qui surtout est un moyen d'affirmer la mainmise de la monarchie
française sur ce lieu symbolique.
5. Le 30 avril 1598, Henri IV séjourne au château lors de sa venue dans la cité pour la
signature de l'Édit de Nantes1 . La signature du célèbre édit ne se fera cependant
pas au château, mais selon une tradition populaire, dans la Maison des Tourelles,
édifice qui se situait quai de la Fosse et fut détruit au cours de la seconde guerre
mondiale, lors d'un bombardement sur la ville.
Après avoir logé princes, cours et rois, l'édifice, peu à peu délaissé, change
d'usage, devient caserne et prison. Il va subir différents dommages ainsi que des
transformations importantes : incendie du Grand Gouvernement en 1670 et
reconstruction dans le style classique de l'époque sur ordre de Louis XIV4 ;
explosion de la tour des Espagnols le 25 mai 1800, entraînant la destruction de la
chapelle et des archives.
Enfin, le château est classé monument historique en 1840
6. Considéré comme le 1er port d’Europe en 1704, Nantes occupe le premier rang des
ports français jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. En 1725, irlandais, anglais, portugais,
espagnols et surtout hollandais, représentent 13% des négociants du port de
Nantes.
Le siège de la Compagnie des Indes étant installé à Lorient en 1733, la traite
négrière devient une source de profit considérable. Les bateaux armés dans le port
de Nantes, entre 1707 et 1793, représenteront 42% du trafic français.
Déportés, les africains sont vendus comme esclaves à la Martinique, à la
Guadeloupe et surtout à Saint-Domingue, avant que les bricks négriers importent
sucre brut, rhum, indigo, épices, café, cacao, tabac. Le port de Nantes est alors un
vaste marché de réexpédition des denrées coloniales vers les autres ports
d’Europe.
Seul l’ensablement de l’estuaire complique l’accès à Nantes des navires de fort
tonnage. Des ports comme Le Croisic et surtout Paimboeuf deviennent des avant-
ports. Les marchandises sont chargées sur des gabarres, qui remontent l’estuaire
jusqu’à Nantes.
7. Les premières années de la révolution n’altèrent par la croissance du port. Le
tonnage global brut passe de 237 716 tonnes en 1790 à 261 163 tonnes en 1792.
La guerre civile, le décret d'abolition de l'esclavage, l’indépendance de Saint-
Domingue, le blocus continental, font chuter le tonnage à 43 242 tonnes en 1807.
Au XIXe siècle, si la traite reprend illégalement notamment vers la Réunion, des
armateurs, comme les Dobrée, s’orientent vers la pêche à la baleine. Les
importations de sucre représentent toujours une part très importante de l’activité du
port. La houille, nécessaire au fonctionnement des raffineries, est importée par le
port de Nantes.
8. Dès 1822, Saint-Nazaire, Paimboeuf et Nantes sont reliés quotidiennement par des
bateaux à vapeur, qui seront rachetés par la compagnie des chemins de fer
d’Orléans, dont les voies arrivent à Nantes en 1851 et sont prolongées jusqu’à
Saint-Nazaire.
Le bassin de Saint-Nazaire est inauguré en 1861. 3 292 mouvements sont
enregistrés dès la première année. Tête de ligne vers les Antilles et le Mexique, la
Compagnie Générale Transatlantique choisit Saint-Nazaire comme point de départ
de ses grands paquebots, en 1862. La construction du bassin de Penhoët confirme
le rôle de Saint-Nazaire comme port de front d’estuaire.
Disposant d’un tirant d'eau de 5,80 mètres, l’ouverture du canal de la Martinière en
1892, doit rendre plus facile l’accès du port de Nantes à la mer. Au début du XXe
siècle, le trafic du port de Nantes dépasse effectivement le million de tonnes.
L'ensemble du trafic de la Basse-Loire est de 4 millions de tonnes.
9. De la mi-XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle, la France organise des expéditions,
gérés pour la plupart par les propriétaires de Nantes.
Principal ports expéditions Numéro: Nantes 1714,Le Havre 451, La Rochelle
448,419 Bordeaux, Saint-Malo 218, Lorient 137, Honfleur 134, Marseille 88,
Dunkerque 41,
Dans une moindre mesure, d'autres ports français sont également impliqués dans
ce commerce: Rochefort, Bayonne, Vannes, Brest, Morlaix, Dieppe, Cherbourg,
Saint-Brieuc, Sète, Marans ...
10. Le rôle de Nantes dans la traite négrière est paradoxale:
Lors de la première de se lancer dans le commerce des esclaves au début du
XVIIIe siècle, Nantes a deux siècles et demi de retard pour le Portugal et plus d'un
siècle à partir des ports du Havre, de Bordeaux et de La Rochelle. Et il laisse la
question en 1830, rend beaucoup plus tôt que les autres ports comme Le Havre
(1847), puisque l'esclavage reste à Cuba jusqu'en 1886 et au Brésil jusqu'en 1888.
Donc, ne devraient pas ses Nantes primauté à la durée de leur participation, mais
leur densité, avec l'organisation de 43% des expéditions esclavagistes françaises
(soit environ 5 ou 6% de l'esclave atlantique européenne).
11. Au cours du XVIIIe siècle, entre 10 et 33% du commerce maritime par Nantes
matchs asservissement expéditions et le reste à des opérations commerciales liées
à l'économie de plantation fondée sur l'esclavage.
Comme l'a noté l'historien Eric Saugera: «Plus qu'ailleurs, Nantes a approuvé le
principal argument en faveur de la traite négrière: les colonies sont indispensables à
la richesse nationale, les noirs sont essentiels pour la récupération et il est essentiel
de renouvellement »1.
En un peu plus d'un siècle, les navires de Nantes ont transporté plus de 550.000
noirs en captivité direction colonies.