La pandémie de sida serait partie de Kinshasa dans les années 1920
1. La pandémie de sida serait partie de
Kinshasa dans les années 1920, et voici les
facteurs qui y auraient contribué
Repéré par Jean-Marie Pottier
Science & santé
03.10.2014 - 11 h 06
mis à jour le 03.10.2014 à 11 h 11
Le chemin de fer de Kinshasa, dans les années 1930. Shigemitsu Fukao via Wikimedia
Commons.
2. Dans une étude que vient de publier le magazine Science (accès payant), une équipe
internationale de chercheurs retrace les origines de la pandémie de sida et lui attribue une origine
géographique et historique précise: les années 1920 à Kinshasa (République démocratique du
Congo).
Et ce qui est fascinant, à en lire les conclusions récapitulées dans différents journaux anglo-
saxons, c’est que, si l’étude est évidemment on ne peut plus médicale (les chercheurs ont eu
recours à des échantillons du virus HIV pour reconstituer son «arbre généalogique»), elle offre
une présentation très claire des conditions économiques et sociales qui ont formé un «alignement
des planètes» qui ont aidé l'épidémie à se disséminer, là où, note le Pacific Standard, d’autres
«variantes» du virus sont restées contenues.
«Cette nouvelle étude [...] met en lumière l'importance de la compréhension des forces sociales
qui alimentent les épidémies autant que des mécanismes de transmission virale», explique ainsi
le National Geographic.
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Sur une période de quarante ans environ, des années 1920 aux années 1960, l'étude souligne
notamment les phénomènes suivants:
• les pratiques alimentaires de l'époque: si le virus a pu passer du chimpanzé à l'homme, c'est
parce que l'animal était chassé pour sa chair par des hommes, qui ont ensuite «probablement
ramené le VIH» avec eux à Kinshasa, écrit The Independent.
• le développement des transports dans l'Afrique coloniale: «Quand le virus est arrivé,
Kinshasa était en plein boom. C'était la plus grande ville de la région et celle qui connaissait la
4. croissance la plus rapide», écrit le Guardian. «Le chemin de fer développé par la Belgique
voyait 1 million de personnes passer par la ville chaque année et disséminer le virus dans les
régions alentours», comme Brazzaville ou les mines du Katanga, pointe la BBC. A l’époque,
Kinshasa s’appelait Léopoldville et était la capitale du Congo belge.
• une industrie du sexe en pleine expansion: «Un grand nombre de travailleurs mâles
arrivaient en ville, déséquilibrant le rapport entre les sexes dans une proportion de deux
hommes pour une femme et conduisant à une explosion du sexe tarifé», écrit la BBC. A ce
facteur s'ajoute un phénomène médical: dans les cliniques qui traitaient les MST à l'époque, les
injections se faisaient souvent à l'aide de seringues non stérilisées.
• les migrations internationales: de nombreux travailleurs haïtiens étaient présents au Congo
belge, note The Independent. Leur retour au pays y amené le virus, qui a ensuite pu se diffuser
aux Etats-Unis, où il a été cliniquement observé pour la première fois en 1981. Depuis sa
découverte, le virus VIH a infecté environ 75 millions de personnes au total dans le monde, dont
environ la moitié sont mortes.
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