Formation échiquéenne jwhyCHESS, parallèle avec la planification de projet
La théorie diffusionniste
1. Université Hassan II-Mohammedia
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Mohammedia
Filière de Sociologie
U.E. : Anthropologie sociale et culturelle: Concepts et
approches
Professeur: Mme Souad Azizi
LA THEORIE DIFFUSIONNISTE
2. Plan du cours
I. La notion de diffusion
II. Évolutionnisme et diffusionnisme :
points communs et divergences
III. Les Écoles diffusionnistes
IV. Réalisations du diffusionnisme
V. Critiques de cette théorie
3. I. La notion de diffusion
1. Sens large : Propagation d’un élément de
son endroit d’origine vers d’autres
endroits.
2. Sens anthropologique : Processus par
lequel des traits culturels particuliers sont
transférés de leur société d’origine vers
d’autres sociétés (échange commercial,
guerre, migrations et autre forme de
contact).
4. II. Evolutionnisme versus Diffusionnisme
Le diffusionnisme = théorie née en
opposition à l’évolutionnisme
Leurs points communs = l’objectif
majeur et les questions principales.
Leurs points de divergences = les
réponses aux questions posées.
5. II.1. Objectif commun majeur
Reconstituer l’histoire :
des peuples contemporains sans écriture
de l’Humanité toute entière
6. II.2. Questions communes principales
Comment les sociétés humaines
sont passées de l’état primitif à des
états supérieurs ?
Comment expliquer qu’il existe
des traits culturels communs à des
sociétés culturellement différentes et
géographiquement éloignées ?
7. Réponses divergentes aux questions
Ressemblances
La culture
entre sociétés Postulat
humaine?
différentes
Unité psychique
Similarité entre de l’humanité
Existence d’une
évolution sociale Capacité de
Evolutionnisme loi de l’évolution
et évolution toutes les
sociale universelle
biologique sociétés à
innover
Née dans des Diffusion de traits Innovation
Diffusionnisme foyers culturels culturels culturelle rare et
déterminés particuliers limitée
8. Le jeu du backgammon
Interrogation sur l’existence au Mexique et
en Asie de jeux similaires au
backgammon.
Edward Tylor, Evolutionniste, mais 1er à
proposer des explications de type
diffusionniste (voir in Les notions clés de
l’ethnologie (127-128).
Affirmation de l’identité de tous ces jeux.
Hypothèse de Tylor : jeu « original »
inventé dans un foyer culturel unique (en
Asie), puis diffusion à d’autres régions.
9. III. Les Écoles diffusionnistes
Principaux représentants
III.1. L’école allemande
Robert Fritz GRAEBNER (1877-1934)
Friedrich RATZEL (1844-1904)
Léo FROBENIUS (1873-1938)
III.2. L’école ethnologique de vienne
Père Wihelm SCHMIDT (1868-1954)
III.3. L’école brittanique
Elliot Grafton SMITH (1871-1937)
Différentes hypothèses du lieu d’origine de la
culture = Différents modèles de diffusions.
10. GRAEBNER : Historien de formation
En 1899, inventaire des objets du Musée Royal d’Ethnologie de
Berlin.
Remarque similitudes entre objets issus de sociétés différentes et
lointaines.
Ouvrage principal: Méthode de l’ethnologie (1911)
Notions principales
La notion de cercles des cultures
La notion de complexe culturel : Ensemble où sont associés
plusieurs éléments culturels.
Idée fondamentale de Graebner
L’objet de l’ethnologue
N’est pas de déterminer l’origine et la diffusion d’objets
uniques isolés;
Mais d’identifier des complexes culturels.
11. Exemple d’interprétation par Graebner
Critères qui lui permettent d’affirmer une relation
entre les cultures mélanésiennes contemporaines et
les cultures d’Europe centrale néolithique:
1. Même type d’habitat (maisons sur pilotis);
2. Usage de cuillères et de haches avec des
manches de forme identique;
3. Fabrication du même type de poterie.
12. Ratzel : Géographe et zoologue de formation
En tant que correspondant d’un quotidien de Cologne, il séjourne aux USA,
Cuba et Mexique.
Ouvrage principal: Völkerkunde (publié en 3 volumes de 1885 à 1888).
Idées principales
Thèse de l’unité du genre humain.
Mais classification raciale des sociétés contemporaines.
Dresse le 1er tableau de la répartition géographique des peuples.
Classification des sociétés selon leur degré de dépendance à leur
environnement : les Naturvölker et les Kulturvölker.
Etude de la distribution géographique de certains objets (arcs et
flèches en Afrique).
13. Frobenius: employé dans une société d’exportation
S’intéresse à l’ethnologie après avoir lu Ratzel
Complète les cartes de répartition des types d’arc établies par Ratzel, avec de
nouveaux éléments (boucliers, instruments de musique …).
1910, expédition au Niger : découverte de statuettes similaires à celles de la
Grèce antique.
Conclusion: les civilisation africaines peuvent être rattachées à la civilisation
méditerranéenne.
Sa théorie du Paideuma
Ouvrage : Le destin des civilisations (1932)
Paideuma = l’âme de la culture, ce qui lui donne vie, ce qui anime les
membres d’une société et donnent sens à leurs actions.
Les cultures connaissent un naissance, une vie et une mort.
Les cultures connaissent une période d’enfance, une période
d’apogée, puis le déclin.
14. Le concept de cercles culturels
Comme Graebner, Frobenius affirme
l’existence de plusieurs centres
culturels, d’où se sont diffusés non pas
des traits culturels isolés, mais des
«complexes culturels ».
15. Père Wilhelm Schmidt (Ecole de Vienne)
Prêtre catholique
Spécialiste de l’histoire des religions primitives
Ouvrage : Der ursprung der gottesideeg, publié en 12 vol., de
1912 à 1954.
Objectif: Démontrer l’universalité de l’idée de Dieu, à travers la
comparaison de données ethnographiques
Points communs avec Graebner et Frobenius
Idée que les traits culturels naissent et se diffusent à partir d’un
nombre limité de foyers culturels
Adoption du concept de cercle culturel
16. Elliot Smith (Ecole britannique)
Médecin, spécialisé dans l’anatomie du cerveau
Début du 20ème siècle, enseigne à l’université du Caire
En 1910, avant l’ouverture d’un barrage sur une zone de sépultures
antiques, sur demande de l’administration coloniale, il fait une étude
de momies.
De retour en Angleterre
Poursuite de l’étude des cerveaux des momies égyptiennes.
Comparaison avec les crânes de momies malaisiennes.
Conclusion : Technique trop compliqué pour avoir été
inventée plusieurs fois, bien qu’elle existe dans plusieurs
régions du monde.
1915, publication de The Migrations of Early Cultures
17. Sa thèse héliocentrique ou pan égyptienne
En 1928, publication de In the Beginning. The Origin of
Civilisation
« hêlio » = soleil en grec.
Sens de « héliocentrique » en astronomie = qui est
mesuré ou considéré par rapport au centre du soleil.
La thèse de Smith considère la Haute Egypte comme le
seul et unique foyer originel de la culture humaine.
La Haute Egypte = le berceau de la civilisation; la source
de sa diffusion vers toutes les autres régions de la terre.
Croyance de base : l’homme est peu inventif; il faut des
conditions particulières et favorables pour qu’aient lieu
de grandes inventions, dans un endroit précis.
Parcours de diffusion de la civilisation :
Nil Indes Malaisie Océanie Amériques
18. Le concept d’aire culturelle
de Otis MASON (1838-1908)
Pas d’école diffusionniste américaine
Mais Mason, anthropologue américain, forge le
concept d’aire culturelle
Dans une étude sur les peuples d’Amérique du Nord, il
identifie 18 aires culturelles
Principe de classement : les tribus amérindiennes sont
groupées sur une carte ethnographique et reliées à un
aspect géographique de l’environnement.
Article: « L’influence de l’environnement sur l’industrie et
les arts humains »
19. IV. Réalisations du diffusionnisme
Tentative de reconstruction du passé des
sociétés sans écriture (considérées
comme sans histoire).
Etablissement de l’importance de l’étude
anthropologique des contacts entre les
sociétés.
Un ensemble de concepts : complexe
culturel, cercle culturel et aire culturelle
20. V. Critiques du diffusionnisme
V.1 Critiques par Franz BOAS
V.2. Critiques par M.J. HERSKOVITS
V.3. Critiques par les fonctionnalistes
21. V.1. Critiques de Franz BOAS
(1858-1942)
In « Methods of ethnology ».
Pour Boas :
L’impact d’une société sur une autre n’est
pas l’addition ou la soustraction de traits
culturels isolés
Doit être appréhendé comme une
potentielle transformation des
comportements et des valeurs.
Traits culturels toujours réinterprétés
avant d’être intégrés, jamais adoptés tel
quel.
22. V.2. Critiques par HERSKOVITS
Etudiant de Boas
Fondateur du concept d’acculturation: « L'ensemble des
phénomènes résultant du contact direct et continu entre des
groupes d'individus de cultures différentes avec des
changements subséquents dans les types de culture
originaux de l'un ou des autres groupes. »
Pour Herskovits, l’étude des phénomènes d’acculturation =
étude de transmissions culturelles en cours de réalisation.
Pour les diffusionnistes, étude des phénomènes de diffusion
= étude de transmissions culturelles passées. Donc
interprétations hypothétiques et invérifiables car objet non
observable directement
23. V.3. Critiques par les fonctionnalistes
Bronislaw MALINOWSKI et A. R.
RADCLIFFE-BROWN
Difficultés de prouver l’importation passée des
éléments culturels
Même si on arrive à le prouver, les traits
importés doivent être tellement changés qu’ils
remplissent une fonction différente de celle qu’ils
remplissaient dans la société d’où ils ont été
« exportés ».
24. Orientations bibliographiques
BONTE, P., IZARD, M. 1991. Dictionnaire de l’ethnologie et
de l’anthropologie. Paris: PUF, pp. 201-202.
GAILLARD, G. 1997. Dictionnaire des ethnologues et des
anthropologues. Paris: Colin, pp. 46-60.
GERAUD, Marie-Odile et al. 1998. Les notions clés de
l’ethnologie. Paris : Colin, pp. 123-130.
MERCIER, P. 1966. Histoire de l’anthropologie. Paris: PUF,
pp. 55-70.
RIVIERE, C. 1995. Introduction à l’anthropologie. Paris:
Hachette, pp. 31-35.