La dernière crise qui a secoué l’Europe et sa célèbre monnaie unique a brisé, selon les analystes, beaucoup de tabous et a permis d’ouvrir des dossiers qui ont été laissés trop longtemps fermés. La Grèce, le Portugal et l’Espagne ont déjà succombé. La liste reste ouverte. Mais que doit faire l’Europe pour sauver son statut ?
1. La crise de l’euro :
Que peut faire l’Europe ? Que doit faire l’Europe ?
La dernière crise qui a secoué l’Europe et sa célèbre monnaie unique a brisé, selon les
analystes, beaucoup de tabous et a permis d’ouvrir des dossiers qui ont été laissés
trop longtemps fermés. La Grèce, le Portugal et l’Espagne ont déjà succombé. La liste
reste ouverte. Mais que doit faire l’Europe pour sauver son statut ?
Les économistes européens sont sur le qui-vive. La situation critique de l’euro
nécessite une révision des comportements que ce soit des Etats membres de la zone
euro ou des marchés européens.
Un nombre d’analystes disent qu’il y a une responsabilité du marché et qu’il vaut
mieux les contrôler. Ils ajoutent que les Etats membres de la zone euro assument une
grande part de responsabilité, puisqu’ils n’ont pas respecté les Traités qui disent que
l’euro est une responsabilité commune et un choix politique qui les engage et dont ils
n’ont pas à ce jour tiré toutes les conséquences.
Certes, il y a beaucoup d’enseignements à tirer. Pendant la dernière semaine,
beaucoup de tabous ont été brisés. Beaucoup de choses dont on disait qu’elles étaient
impossibles. On a toujours de ne pas vouloir ouvrir ce genre des dossiers comme le
rôle de la banque centrale européenne, les signaux en termes de compétitivité des
différentes économies... il y avait, évidemment, beaucoup d’indifférences mutuelles
de la part des états membres.
La crainte de certains Européens est d’avoir rompu les pactes avec les générations.
Ils ont l’impression que, contrairement à ce qui a animé les pères fondateurs de
l’Europe qui étaient très ouverts pour l’avenir, les générations actuellement au
pouvoir ont accepté de s’endetter pour financer des dépenses courantes. Si on
s’endette pour financer de la recherche et des investissements, on lègue quelque
chose pour la génération future, mais un pays comme la France vit au-dessus de ses
moyens et s’endette pour financer des dépenses courantes que ce soit les dépenses de
l’état ou les dépenses de collectivités locales voire certaines dépenses sociales. On ne
peut pas financer éternellement des prestations sociales par les crédits. Ça représente
une rupture des pactes. On peut voir très concrètement les limites avec le chômage
des jeunes qui est massif et qui est très préoccupant parce que ça désespère les jeunes
générations, soulignent les analystes.
À propos de la supervision financière, il existe, pour l’instant, un système considéré
trop largement national et la crise a montré que les superviseurs nationaux qui ce soit
les banques centrales ou les autorités indépendantes avaient très peu travaillé les uns
avec les autres.
Le Parlement Européen essaye, d’abord, d’avoir au niveau de la Banque centrale,
pour l’ensemble de l’Union européenne, une analyse macroéconomique que soit
orientée vers le risque , les risques majeurs appelés systémiques et d’autre part, une
supervision beaucoup plus poussée des acteurs des marchés et de contrôle de
produits des banques des assurances et notamment de tous ces groupes qui sont
transfrontières en Europe et qui sont nés grâce aux marchés intérieurs et à l’euro. Il
faut être ambitieux, le Parlement européen vient d’adopter une position à la
2. commission économique et monétaire qui est beaucoup plus ambitieuse que celle du
conseil européen que les Européens veulent le mettre devant ses responsabilités.
D’autres analystes voient qu’il y a un besoin d’une politique économique commune en
Europe. Selon eux, le traité n’exige que partiellement une telle politique il n y a pas
encore un ministre européen des Finances qui pourrait intervenir activement en cas
de crise. Il n y a toujours pas une politique européenne commune en matière fiscale.
Les Etats membres ne respectent ni les accords ni parfois les traités Européens. C’est
pour cela que la réponse à la crise devrait être une véritable politique économique
commune.
Il y a une fenêtre d’opportunité. Si l’Europe veut arriver un jour à une politique
commune ça doit commencer aujourd’hui . Le problème est que cette politique
économique commune a jusqu’ici échoué à cause des Etats membres qui ont préféré
défendre leurs privilèges individuels. Citons comme exemple l’Autriche et le
Luxembourg qui veulent continuer à jouer les paradis fiscaux, les Britanniques qui
veulent maintenir à Londres un marché financier quasiment sans régulations,
l’Allemagne qui veut continuer à freiner l’augmentation du niveau des salaires et en
même temps baisser les contributions sociales pour pouvoir exporter au détriment
des voisins, l’Europe de sud, notamment la France, qui ne prennent pas au sérieux le
problème de financement du système de retraite et les problèmes liés aux dépenses
de l’Etat. Chacun défend ses privilèges avec pour résultat que l’Europe dans son
ensemble n’avance pas économiquement.
Il y a aussi des choses qui dérangent les analystes. Certes, l’Europe a besoin des règles
renouvelées pour les pactes de stabilité. Mais d’un autre côté, en pleine crise, il ne
faut pas tuer les jeunes pousses d’une croissance encore vulnérable à coup d’austérité.
Si on impose la rigidité au mauvais moment, le résultat ne sera pas une croissance
verte mais risque plutôt d’être un grand désastre économique.
Avec la crise, on a découvert que les administrations de supervision nationale en
Europe pratiquaient entre elles la concurrence. Ce qui est complètement fou. La
concurrence devrait se faire entre les entreprises, mais si on veut faire de la
concurrence autour de la question : qui a les règles les moins contraignantes ? alors il
y a perversion du principe de la concurrence. Or en Europe, pas mal de gents ont
adopté le refrain de la concurrence du système. Ces gens disent : Nous avons besoin
d’une mise en concurrence pour avoir les impôts les plus bas. Ou ils se demandent
qui a la moindre de bureaucratie et qui exerce le moindre contrôle sur les entreprises.
Des économistes et des membres de Parlement Européen essayent d’établir un cadre
européen commun. Un marché commun a besoin de règles de supervision communes
et la concurrence doit s’exercer en respectant ces règles. La question est donc de ne
pas créer une super administration européenne qui étouffe les marchés, il s’agit
plutôt d’établir un cadre pour les marchés financiers de telle façon qu’on n’entre plus
en concurrence sur la question de savoir si le contrôle des marchés financiers est plus
favorable aux banques européennes.
Reste à dire que, malgré la chute de l’euro et l’effet de dominos qui menace les Etats
membres de la zone euro, les exportations européennes ont tiré profit grâce à la
baisse de valeur de l’euro par rapport à la monnaie verte qui est en hausse et qui
3. intrigue l’administration d’Obama.
Jalel Hamrouni
Encadrés
Risque systémique
Le risque systémique, ou la crise systémique sont des expressions utilisées en finance où le terme systémique
exprime un changement d'échelle, une prise en considération globale du mécanisme et de ses causes, et qui inclut
donc l'environnement dans lequel il s'inscrit.
Le risque systémique est la probabilité d'occurrence d'un dysfonctionnement paralysant l'ensemble du système
financier dans une vaste zone ou dans le monde entier, par le biais des engagements croisés, première étape
avant des faillites en chaîne. Cela conduirait à un effondrement du système financier mondial. Il s’oppose au
risque non-systémique, qui décrit les risques apparaissant lorsque l'économie mondiale doit faire face à un
événement extérieur majeur (tel qu'une guerre).
Les banques détiennent suffisamment de capital pour absorber le risque de crédit, le risque
de marché et les risques opérationnels. Suite au développement récent des marchés de
produits dérivés, on observe que les banques ont plus souvent tendance à vendre leurs
risques de crédit. C'est ce que l'on appelle la titrisation.
Risque difficilement assurable
Dans le domaine assurantiel, il est difficile d'obtenir une protection financière contre le risque systémique, tout
simplement parce qu'il est difficile de trouver une contre-partie désireuse d'accepter ce risque. Ainsi, les
assureurs refusent de délivrer des assurances protégeant les individus et les habitations contre le risque d'une
guerre nucléaire, parce que si une telle situation devait arriver, l'assureur ne pourrait faire face financièrement.
L'autre difficulté à laquelle les assureurs doivent faire face est celle de l'évaluation du risque, beaucoup plus
difficile que dans le cas du risque systématique. Il est très difficile de se procurer des données sur le risque
systémique. Si une banque se déclare en faillite et vend tous ses actifs, la chute du prix des actifs peut introduire
des problèmes de liquidité chez les autres banques, conduisant à un mouvement de panique général. À travers le
monde, plus de 50 pays se sont spécialisés dans la défiscalisation partielle ou totale des revenus de capitaux pour
plus de 12 000 milliards de dollars US se retrouvent dans des paradis fiscaux.