Le magazine Keo des idées neuves sur la mobilité fait par le Groupe Keolis. Actualités, dossiers, forums, zoom et analyses vous attendent au fil de ses 24 pages.
Au sommaire de ce numéro : Focus sur les municipales 2014, la réforme du stationnement, le Mettis à Metz, les cars à haut niveau de service Lila Premier...
1. Keo
DES IDÉES NEUVES
SUR LA MOBILITÉ
NOVEMBRE
2013
MUNICIPALES:
LE TRANSPORT
PUBLIC EN
CAMPAGNE Les élections municipales approchent…
Quelles évolutions a connues le secteur
depuis 2008ƒ? Décryptage.
METZ
SE «METTIS»
Metz Métropole restructure
son réseau autour de BHNS.
2. ÉDITO 2
LA MOBILITÉ, UNE
QUESTION PUBLIQUE
L’actualité bat son plein dans ce numéro de fi n d’année : ce mois-ci,
Keo’ enquête sur ce qui fait de la mobilité une question publique.
À l’approche des élections municipales de 2014, Keo’Focus se penche
sur le bilan des villes en matière de transport : quelles évolutions, quelles
métamorphoses, quels changements ? La question de la décentralisation
du stationnement est évoquée dans Keo’Pratik. Au programme :
dépénalisation et décentralisation du stationnement. Le projet de loi
sur la transition énergétique et la fi scalité verte fait débat : rendez-vous
dans Keo’Forum pour connaître le point de vue des experts. Enfi n sont
abordées dans Keo’Team et Keo’Pratik les dernières innovations en
matière de mobilité : le département de Loire-Atlantique a, par exemple,
lancé les cars à haut niveau de service ; quant à la région Bretagne,
elle s’est équipée en billettique multimodale grâce à KorriGo, « la carte
bretonne des déplacements ».
PAS D’ABSTENTION DANS CE NUMÉRO DE KEO’ : TERRITOIRES,
VOYAGEURS ET MODES SONT À L’HONNEUR. BONNE LECTURE!
Keolis
Présent dans 14 pays à travers
le monde, Keolis est un opérateur
majeur du transport de voyageurs.
Le Groupe propose une palette
de solutions de transport adaptées
aux besoins des territoires
et des clients voyageurs.
Keolis – 9, rue Caumartin –
75320 Paris Cedex 9
Tél. : 01 71 18 00 00
Keo’ LE MAGAZINE
Keo’, le magazine corporate
du Groupe Keolis, se propose
d’explorer le thème de la mobilité
durable. Actualité, succès, métiers,
innovations, débats, opinions…
Keo’ fait circuler des idées neuves
sur la mobilité„!
RÉDACTION
• Directrice de la publication :
Lucile Chevallard
• Responsable du comité
de rédaction : Catherine Miret
• Illustrations : Quentin Vijoux,
Gwen Keraval/Patricia Lucas
• Iconographie : Getty, Fotolia,
Raphaël Dautigny, Corbis, AFP, Andia
• Conception et rédaction :
(réf.„: KEOL021)
3. Keolis • Novembre 2013 3 SOMMAIRE
22
18
4Keo’ACTU
De la TVA des transports
au plan pour sécuriser
le réseau ferroviaire, toute
l’actualité de la mobilité
et des transports
10
14 Keo’FOCUS
MUNICIPALES:
LE TRANSPORT
PUBLIC EN
CAMPAGNE
8Keo’PRATIK
On vous dit tout sur…
la réforme du
stationnement
et l’intégration
au système KorriGo
10 Keo’TEAM
Lila Premier‚: services
gagnants
12 Keo’POLIS
Metz se «‚Mettis‚»
18 Keo’VISA
Atteindre des sommets
avec les funiculaires
20 Keo’FORUM
Fiscalité verte‚: un moteur
pour les transports publics‚?
22 Keo’IDÉES
Olivier Paul-Dubois-Taine:
«‚De nouveaux modèles
de mobilité dans les zones
périurbaines et rurales‚»
4. Keo’ACTU CÔTÉ M Obilite
ENVIRONNEMENT
Depuis le 1eroctobre,
toutes les entreprises de
transport de voyageurs
et de marchandises sont
tenues d’a cher leurs
émissions de dioxyde
de carbone (CO2),
conformément à la
disposition issue du
Grenelle de l’environne-ment.
Pour chacune
des prestations de
transport e€ ectuées,
qu’elle soit payante ou
gratuite, les voyageurs
ont ainsi accès à l’infor-mation
leur indiquant
le contenu CO2 de
leur déplacement.
Ce dispositif, à visée
pédagogique, permet
de sensibiliser le public
à l’impact de ses
comportements sur le
climat. Le chi€ re a ché
doit prendre en compte
les quantités de CO2
émises lors du déplace-ment,
mais aussi lors de
l’extraction, la production
et la distribution de la
source d’énergie utilisée.
EN SAVOIR +
www.developpement-durable.
gouv.fr/-Tout-savoir-
sur-l-a chage-des-.
html
LE CO2 S’AFFICHE
4
Pas de TVA
des transports
à 5,5€%
GRAND PARIS
Enquête
sur la ligne 15
L’enquête publique sur
le tronçon sud de la ligne
15 (Pont de Sèvres -
Noisy-Champs), premier
tronçon du futur Grand
Paris Express, constitué
de 33 km de voies et
de 16 gares, a démarré
le 7 octobre. Pour marquer
cette étape importante
dans l’avancement
du projet, Cécile Dufl ot,
ministre en charge du
Grand Paris, a rencontré
les architectes et sociétés
d’ingénierie retenus pour
la réalisation de la ligne,
dont la mise en service
est fi xée à l’horizon 2020.
FISCALITÉ
es députés,
réunis le
18€octobre pour
l’examen du
projet de loi de fi nances 2014,
qui prévoit d’aug menter la
TVA, ont rejeté les amende-ments
qui proposaient son
abaissement exceptionnel
pour les transports publics.
Ces amendements,
présentés par des groupes
d’opposition mais aussi
par des alliés de la majorité,
soutenaient une baisse
de la TVA à 5,5€%, arguant
de la première nécessité
des transports quotidiens.
Un argument qui n’a pas
fait le poids face aux
300€millions d’euros de
manque à gagner que
représenterait cette baisse
pour l’État. Auquel s’ajoute
la crainte qu’un taux de TVA
discrétionnaire, selon le
mode de transport, serait
contraire aux directives
européennes. La loi de
fi nances 2014 prévoit une
augmentation de trois points
de la TVA sur les transports
(de 7 à 10€%), que la SNCF
répercutera sur ses prix
comme l’a déjà annoncé son
président, Guillaume Pepy.
L
La hausse de la TVA
sera répercutée sur le prix
des billets de train.
5. Keolis • Novembre 2013 5
FERROVIAIRE INNOVATION
Un plan pour
sécuriser
le réseau
Suite au déraillement du train Téoz à Brétigny-sur-
Orge le 12juillet dernier, SNCF et RFF ont
décidé de lancer le plan Vigirail. 410millions
d’euros seront investis entre 2014 et 2017 pour
renouveler 500aiguillages par an (contre
300aujourd’hui), mais aussi pour améliorer
leur vérifi cation, grâce à trois trains automatisés
appelés «Surveille», qui détecteront les
anomalies via des enregistrements vidéo.
Les agents de maintenance, dont l’e“ ectif
sera augmenté, seront munis d’outils
de type tablettes numériques, qui faciliteront
la surveillance de la maintenance et la
transmission des informations. Enfi n, agents
et clients pourront signaler toute anomalie
via la plateforme Alerte Express. L’objectif
de ces mesures? Industrialiser et moderniser
les process de maintenance pour tracer
et fi abiliser les opérations.
BILLETTIQUE
RIO PASSE AU NFC
Durant les trois mois que durera
ce programme pilote, 200 utilisateurs
pourront utiliser leur mobile comme
une carte de transport dans les bus, trains
et ferries de la ville de Rio de Janeiro.
Grâce à la technologie NFC (Near Field
Communication), qui assure un échange
sécurisé de données entre deux appareils
placés à proximité, les usagers testeurs
et propriétaires d’un smartphone
Motorola RAZR D3 pourront payer et
valider leurs titres de transport en plaçant
leur mobile contre la borne de lecture.
Une innovation issue du partenariat entre
le réseau de transport de Rio de Janeiro,
les principaux opérateurs mobiles du
pays et la marque Motorola.
Recycler
pour voyager
La ville de Pékin expérimente
une machine qui o re
la possibilité à ses habitants
de recharger leur titre
de transport en recyclant
des bouteilles en plastique.
Il su› t aux voyageurs de la ligne
10du métro d’introduire leurs
bouteilles usagées dans un
automate qui va les compacter,
créditant au passage leur
carte de transport en trajets.
Vingtbouteilles sont nécessaires
pour pouvoir bénéfi cier d’un
voyage gratuit. Une démarche
similaire pourrait aussi être mise
en place pour le recyclage des
canettes métalliques.
CHIFFRES
1milliard
D’ici à 2050, un milliard
de véhicules motorisés
circuleront en Chine.
20%
des accès à Internet
se font en mobilité
(tablette ou mobile),
selon Médiamétrie.
AGENDA
CONFÉRENCE
Conférence annuelle 2013 Polis
– 4 et 5‡décembre‡– Bruxelles.
La conférence (en anglais)
réunira des représentants
des villes et des régions sur
les solutions de transport
novatrices.
SALON Pollutec
Horizons – 3 au 6‡décembre‡–
Paris. Rendez-vous généraliste
unique en Europe, Pollutec
Horizons s’adresse à un public
toujours plus diversifi é de
professionnels concernés
par l’environnement et
le développement durable:
gestion des déchets,
traitement de l’eau, énergies,
qualité de l’air, respon sabilité
sociétale…
49%
des Français sont
prêts à acheter
leurs billets de train
via Google.
6. Keo’ACTU 6
CÔTÉ eO
Culture client
Une formation sur mesure
Comment inculquer la «culture client»
dans une entreprise de transport
public? C’est la question que
se sont posée le réseau de transport
de Creil (STAC) et l’Institut de
formation de Keolis. Ils ont opté
pour un changement en profondeur:
explications avec Emmanuel Genlot,
directeur du STAC*.
URBAIN
Châlons-en-Champagne,
Chauny-Tergnier,
Montluçon: trois
agglomérations
ont à nouveau confi é
à Keolis la gestion de
leur réseau de transports
en commun. À Châlons,
le contrat, e ectif depuis
le 1erseptembre et d’un
montant de 40millions
d’euros, prévoit une
Comment est né le projet
«culture client» au STAC?
Il y a un an, nous avons identifi é
le besoin d’améliorer la qualité
de notre service, et notamment
la relation clients. Nous avons donc
contacté l’Institut Keolis dans le but
d’organiser des formations classiques
sur la qualité de service. Mais nous
nous sommes rendu compte que
si nous souhaitions un changement
pérenne, il fallait être plus ambitieux:
l’Institut Keolis nous a donc suggéré
de faire de la relation clients
un véritable projet d’entreprise,
en nous proposant une démarche
plus globale, incluant un diagnostic,
des formations et un accompagnement
dans les phases clés du projet.
Comment avez-vous procédé?
Nous avons d’abord mis sur pied
des groupes de travail composés
de collaborateurs de tous les métiers,
y compris des services support, afi n
d’identifi er les pistes d’amélioration
prioritaires et le plan de formation
associé. Chacun a ainsi pu prendre
conscience par lui-même du travail
à accomplir pour que le STAC devienne
une entreprise tournée à 100% vers
le client. Il est vite apparu que les
managers de proximité avaient un rôle
refonte et une extension
du réseau, avec
notamment la mise
en place de lignes
cadencées et l’extension
de l’amplitude de
service. Du côté de
Chauny, la DSP prévoit
la mise en place
d’un nouveau réseau
au 1erjanvier 2014 autour
d’une nouvelle ligne
structurante et la mise
en service de véhicules
accessibles. Enfi n,
le réseau Maelis
de Montluçon sera
équipé du dispositif
d’information voyageurs
Luciol et déploiera
un programme de
fi délisation des clients.
Trois réseaux renouvelés
majeur dans l’animation de la relation
clients sur le terrain, notamment
en dialoguant puis en évaluant les
conducteurs par exemple. La deuxième
étape a donc été de les former au
management et à la communication,
puis de leur fournir les outils adaptés
à leurs nouvelles missions.
Le projet est eˆ ectif depuis
combien de temps?
Le STAC a adopté la «culture client»
en septembre 2013. Un an de
préparation a été nécessaire: outre
la création du diagnostic, des outils
et la formation des agents sur des
thèmes comme l’engagement, la
rencontre et l’accompagnement des
clients, nous avons réorganisé l’activité
des managers. Suivre la qualité de
la relation clients sur le terrain prend
du temps! Des créneaux spécifi ques
sont maintenant prévus pour les
rencontres managers-conducteurs,
pour les visites de bus, afi n de s’assurer
que les véhicules correspondent aux
objectifs défi nis (propreté, information
embarquée…). L’enjeu? Mesurer
l’évolution vers la «culture client».
*Service de transport de l’agglomération
creilloise.
Châlons-en-Champagne.
7. Keolis • Novembre 2013 7
Expérimentation TCL BUS HYBRIDES
L
TRENTE MINUTES DE MARCHE À PIED PAR JOUR
Il n’y a pas que le bus ou le tram pour se déplacer…
Au micro d’Europe 1, en octobre, Jean-Pierre Farandou a présenté
le nouveau projet de Keolis: inciter les voyageurs… à marcher!
Panneaux pour indiquer le temps de marche jusqu’à la prochaine
station, application de calcul d’itinéraires piétons pour smartphones,
élargissement des trottoirs: les moyens imaginés par le Groupe sont
nombreux. L’idée: permettre une meilleure circulation des personnes,
pour désenclaver certaines zones mal desservies.
ALLIANCE STRATÉGIQUE
ENTRE KEOLIS ET EUROSTAR
Afi n de mettre toutes
les chances de leur
côté, Keolis et Eurostar
International ont décidé
de répondre ensemble
à l’appel d’o res pour
l’exploitation de la ligne
ferroviaire de la East
Coast au Royaume-Uni
qui relie notamment
Londres à Leeds,
York, Newcastle et
Édimbourg. Keolis
mettra dans la balance
ses compétences en
matière d’exploitation
de franchises et son
expérience dans la
réponse aux appels
d’o res internationaux
tandis qu’Eurostar
International apportera
son savoir-faire en
matière de service
client et d’innovation
produit. Cette ligne,
empruntée par
des touristes et par
des professionnels
en déplacement,
transporte 19‹millions
de passagers par an.
APPEL D’OFFRES
a technologie hybride
de trois constructeurs
de bus est testée depuis
le 19septembre par le
réseau TCL* et le Sytral**. Six véhicules
d’Iveco Bus, de Man et de Volvo, ainsi
que, pour la comparaison, deux
véhicules diesel de la fl otte TCL,
roulent en même temps sur quatre
lignes du réseau: C6, 45, 37, 67.
Pour tester les di£ érentes conditions
climatiques, ils changent de ligne
toutes les trois semaines. Au total,
130 conducteurs ont été formés
à la conduite de ces nouveaux bus
STRASBOURG
Nouveau
BHNS
La Compagnie des Transports
Strasbourgeois se dote
d’une nouvelle ligne de bus:
à partir du 30novembre, la
ligne G reliera la Gare centrale
à l’Espace européen de
l’Entreprise en quinze minutes,
grâce à une circulation
à 80% en site propre.
Et pour faciliter le report
modal, des stations de vélos
et voitures en libre-service
ainsi qu’un parking relais
et un véloparc jalonneront les
5,2km de voies, sans oublier
les connexions avec les trains,
les transports interurbains
et les trams à la gare.
circulant grâce à la combinaison
d’énergies thermique et électrique.
L’expérimentation est prévue pour
durer un an. Les objectifs: évaluer les
gains de consommation de carburant
pour d’éventuelles futures
acquisitions, suivre le fonctionnement
de la batterie et de son usure,
analyser les besoins de maintenance,
et observer le niveau de confort
des passagers, des conducteurs,
et des riverains.
* Transports en commun lyonnais.
** Syndicat mixte des transports pour
le Rhône et l’agglomération lyonnaise.
ÉDIMBOURG
NEWCASTLE
YORK
LEEDS
LONDRES
8. Keo’PRATIK 8
ON VOUS DIT TOUT SUR…
LA RÉFORME DU STATIONNEMENT
Le projet de loi sur la réforme du
stationnement a été confirmé en 2e lecture
au Sénat début octobre. Après un nouvel
examen à l’Assemblée nationale, la réforme
pourrait être mise en application 24mois
après l’adoption de la loi.
LE CONTEXTE
PRÉCONISÉES DANS DES
RAPPORTS PARLEMENTAIRES
(Philip en 2003 et Nègre en 2011)
et déjà en vigueur dans plusieurs
pays européens (Royaume-Uni,
Espagne, Pays-Bas, Belgique…), la
décentralisation et la dépénalisation
du stationnement sur voirie doivent
permettre de réformer un système
devenu ineŽ cace. Pour preuve,
aujourd’hui, 70 % des automobilistes
ne payent pas leur stationnement à
l’horodateur. Parmi eux, seuls 20 %
sont sanctionnés par des amendes,
dont plus de la moitié ne seront
pas payées. Enfi n, 92 % du produit
des amendes est a™ ecté à leur…
recouvrement !* Une situation
liée au fait que l’amende pour
stationnement impayé relève du
droit pénal et donc de l’État, qui fi xe
uniformément son montant pour
l’ensemble du territoire (17 euros),
sans cohérence avec le coût horaire
du stationnement. L’amende perdant
ainsi son caractère dissuasif dans
certaines grandes villes ou devenant
excessive dans d’autres.
*Source : GART.
LES ENJEUX
DANS UN PAYS COMME LA
FRANCE, OÙ LA VOITURE
REPRÉSENTE 50 % DES
DÉPLACEMENTS URBAINS,
l’objectif de la réforme est
d’accroître l’eŽ cacité des
politiques locales de déplacements
en faisant du stationnement
payant un levier eŽ cace de
la mobilité durable. Le nouveau
dispositif doit favoriser la fl uidité
de la circulation, la rotation
du stationnement des véhicules
sur voirie et l’utilisation des
moyens de transport collectif ou
respectueux de l’environnement.
CE QUI VA CHANGER
LE NOUVEAU DISPOSITIF
OCTROIE AUX MAIRES
la capacité de fi xer le montant
de ce qui devient une redevance
d’occupation du domaine public
(redevance horaire) ainsi que le tarif
du forfait de post-stationnement
applicable en cas d’absence
ou d’insuŽ sance de paiement.
Si l’automobiliste décide de ne pas
payer la redevance horaire, il sera
considéré comme ayant fait le choix
du post-stationnement : il ne sera
plus sanctionné par un PV mais
recevra un avis de paiement émis
par la collectivité.
ET DEMAIN ?
• Les élus locaux pourront attribuer la gestion
du stationnement sur la voirie publique
à une régie municipale ou intercommunale
ou la déléguer, sous forme de concession
de service public, à des sociétés privées.
• Les politiques de stationnement devenant
une prérogative des élus locaux, les citoyens
auront un moyen de s’exprimer sur les décisions
tarifaires, lors des élections municipales.
En outre, le produit des redevances de
post-stationnement devant être a™ ecté au
fi nancement des transports publics, ceux-ci
bénéfi cieront d’une meilleure qualité de service.
• Les automobilistes trouveront une place plus
rapidement grâce à la rotation des véhicules.
Une avancée réelle pour les grandes villes,
où 20 % des voitures en circulation cherchent
une place de stationnement.
• L’État ne devrait pas être perdant car
il percevra la TVA appliquée au taux normal
de 19,6 % aux stationnements et post-stationnements.
Selon le GART, le gain
atteindrait près de 150 millions d’euros contre
14 millions aujourd’hui (183 millions de
recettes d’amendes desquelles il faut déduire
169 millions pour la gestion de ces infractions).
9. Keolis • Novembre2013 99
ON VOUS DIT TOUT SUR…
ennes, Brest, Quimper, Lorient… Le système
billettique KorriGo attire les collectivités, séduites
par «la carte bretonne des déplacements», qui
favorise l’intermodalité entre les réseaux urbain, interurbain
et ferroviaire. Si ce dispositif «sans contact» fl uidifi e
les déplacements, il permet aussi à l’autorité organisatrice
de renforcer l’attractivité de son réseau, tout en luttant
contre la fraude et en améliorant sa connaissance des fl ux
de déplacements. Le collectif KorriGo fédère six réseaux,
et d’autres autorités organisatrices souhaitent également
s’équiper. Petit guide pratique des étapes du projet.
L’INTÉGRATION
DANS UN SYSTÈME
INTERMODAL
R
Mars 2006:
lancement de KorriGo
sur le réseau urbain
rennais STAR (métro,
bus, parcs-relais).
Des services complémentaires
aux voyageurs:
vélos en libre-service, rechargement
de la carte sur Internet, accès aux
parkings-relais.
Lancement du projet:
l’autorité organisatrice (AO) du réseau
prend contact avec le conseil régional
afi n de connaître les di“ érentes
étapes de l’intégration à KorriGo
Passation
du marché public:
l’AO du réseau recherche
l’industriel billettique qui
développera le système
Mise à disposition
des informations:
la région fournit à l’AO du réseau
un référentiel décrivant
le fonctionnement de la carte
et traduisant le cadre technique
1
2
3
Participation au comité
technique KorriGo :
il se réunit tous les mois avec
des représentants des réseaux
partenaires. Retours d’expérience,
remontées des dysfonctionnements…
9
Élaboration
des spécifi cations:
le réseau et l’industriel déterminent
le choix des équipements de
validation et des terminaux de vente
et de contrôle et la gamme tarifaire
qui sera disponible sur la carte
4
Recette:
des tests sont e“ ectués en usine
puis sur le réseau partenaire et
enfi n sur la plateforme régionale
de KorriGo à Rennes
6
Application:
formation des agents de vente,
communication auprès des clients,
accompagnement sur le terrain
8
Fabrication:
développement du matériel
et production des cartes SAM
(Secure Application Module),
qui garantissent la sécurisation
des transactions
5
Déploiement:
l’industriel déploie les équipements
(pupitres de vente, valideurs)
7
10. Keo’TEAM 10
LILA PREMIER:
SERVICES
GAGNANTS
Imaginer et mettre en circulation une
nouvelle ligne de cars à haut niveau
de service en seulement trois mois?
Un défi qui a mobilisé l’ensemble de
l’équipe de Keolis Atlantique.
Le conducteur, prêt à assurer la
desserte de Nantes et ses environs.
Le contrôleur, l’agent de méthode
et la responsable marketing ajustent
les horaires de passage en fonction
de l’état du trafi c.
Les cars o rent
un réel confort et
sont accessibles.
L’agent de quai gère la
remontée d’informations
des conducteurs sur
l’état du trafi c.
Un agent du réseau
s’occupe du
paramétrage
de l’équipement
embarqué.
Virginie Lucas et Patrick Gilloux
font le point sur la fréquentation
constatée à bord de Lila Premier.
11. 11
Keolis • Novembre 2013
LA RESPONSABLE MARKETING
LE DIRECTEUR DE
KEOLIS ATLANTIQUE
Lila Premier change ma relation aux clients
”
Luc Mentec,
conducteur
«Mon métier de conduc-teur
est facilité avec les
nouveaux services de Lila
Premier. Outre la boîte
de vitesses automatique qui
m’o re un gain de confort
de conduite, le service de
géolocalisation Luciol me
permet de mieux respecter
mes horaires, de prévoir les
ralentissements et d’informer
les voyageurs. Et avec
l’augmentation du rythme
de circulation en heures de
pointe et l’aménagement
d’une voie de 700„mètres
réservée aux cars à la sortie
de Nantes, nous gagnons un
temps de parcours précieux.
Cela change notre relation
aux clients, qui sont moins
stressés. En plus, les cars
sont beaux et colorés…
Je me sens privilégié de
travailler sur cette ligne
“de luxe”. Mes journées
commencent tôt et fi nissent
tard, avec de longues pauses
entre les services, mais
j’aime mon métier, être
en contact avec les gens,
leur rendre service. Après
vingt„ans dans l’armée
et la légion étrangère, j’ai
encore besoin d’action„!„»
PATRICK
lus coloré, ultradesign,
superconfortable…
Les voyageurs ne man-quent
pas de superlatifs
pour décrire «„leur„» car Lila Premier,
un véhicule à haut niveau de service qui
dessert les 23„kilomètres reliant Nantes
à Grandchamp-des-Fontaines depuis
le 1er„septembre. Ce car d’un nouveau
genre, issu d’une commande spéciale du
Conseil général de Loire-Atlantique, o re
des services d’information embarqués
(indication des arrêts, des prochains
passages sur la façade des cars et à bord)
et un élargissement du trafi c en heures
de pointe, les soirs de week-end et le
dimanche. Malgré 32„années de carrière
chez Keolis, durant lesquelles il a eu à
a ronter des situations di£ ciles, Patrick
Gilloux, directeur de Keolis Atlantique,
l’admet„: «„Piloter le projet Lila Premier
a été un grand défi en raison des délais
très courts. Il a fallu, en un été, et en liaison
avec le siège, les équipes techniques
et marketing, concevoir et mettre en
circulation 12 cars fl ambant neufs à haut
niveau de service.„» Ainsi, toute la chaîne
de métiers de l’équipe a été mobilisée
sur le projet„: l’un des techniciens, Bruno
Ravard, installe, paramètre et gère les
systèmes d’information embarqués. Pour
assurer les heures de service supplémen-taires,
quatre nouveaux conducteurs ont
été embauchés et formés à l’utilisation
du système de géolocalisation. Joseph
Guillemineau, contrôleur, a vu ses
responsabilités s’élargir sur la ligne Lila
Premier. Au-delà du contrôle des titres de
transport et du maintien de la sécurité à
bord, il est aussi garant de la conformité
des arrêts adaptés au plancher bas du car
(pour plus d’accessibilité aux voyageurs
à mobilité réduite). Ou encore du bon
fonctionnement des QR codes a£ chés
aux arrêts, qui renvoient vers le site Internet
indiquant les horaires. «„Aujourd’hui
nous fonctionnons selon un rythme
d’exploitation normal mais la gestion des
services en ligne demande une attention
permanente„», explique le directeur.
Jonathan Hassani, agent de méthode,
s’attache donc particulièrement à ajuster
les horaires à l’a« uence constatée,
et Pascal Corneyllie, lui, gère la remontée
d’informations des conducteurs
sur l’état du trafi c… Plus de
mobilisation pour plus de
services aux voyageurs et
un réel succès„: en un mois,
Lila Premier, c’est plus de
1„200 voyages par jour.
P
LE CONDUCTEUR
LUC
VIRGINIE
«Je gère
l’interface entre
tous les acteurs
du projet»
Virginie Lucas, responsable
marketing„
«„Mon poste de responsable
marketing est transversal
sur le projet Lila Premier.
J’ai d’abord été force
de proposition pour adapter
les services et produits
Keolis aux demandes
du Conseil général.
J’ai également travaillé
en liaison étroite avec
les services informatiques
et techniques sur les
paramétrages des systèmes
embarqués Luciol
(géolocalisation), Timéo
(services Internet) et Ubigo
(mobile). Je gère également
l’interface entre les divers
acteurs du projet„: le Conseil
général, l’entreprise
cotraitante sur cette ligne,
l’opérateur qui fournit
la couverture 4G, le réseau
de dépositaires qui
commercialisent les titres
de transport… Et, bien sûr,
les équipes opérationnelles„:
contrôleurs, agents
de méthode et conducteurs,
qui sont, comme moi, fi ers
de ce succès.„»
12. Keo’POLIS 12
En octobre dernier, Metz Métropole inaugurait
Le Met’, son nouveau réseau de transport
repensé autour des deux lignes de bus à
haut niveau de service, les Mettis.
Un événement haut en couleur!
METZ SE «METTIS»
T
CHIFFRES
3000
voyageurs peuvent
être accueillis
par Mettis, par
heure et par sens.
23,5km
C’est la longueur
totale des deux nou-velles
lignes Mettis.
4portes
coulissantes
permettent de
monter et descendre
rapidement.
8hectares
C’est la taille du
nouveau centre
de maintenance.
25%
La technologie
hybride permettra
de réduire de 25%
la consommation
d’énergie par rapport
à un bus classique.
4couleurs
de rames
erritoire en développe-ment,
comme l’illustre la
récente implantation du
Centre Pompidou-Metz,
Metz Métropole a décidé de repenser
ses infrastructures de transport pour les
mettre au diapason de son dynamisme.
Résultat : deux lignes en site propre de
bus à haut niveau de service (BHNS)
munis d’une motorisation hybride pour
une consommation et des rejets de gaz
d’échappement réduits, ont été mises
en place. Ces lignes A et B constituent
l’armature du réseau de transport, rebap-tisé
Le Met’ et réorganisé afi n d’o† rir un
service amélioré aux 40 communes de
l’agglomération. Les itinéraires des bus
1
secondaires ont été simplifi és pour plus
de lisibilité : les lignes à destination du
centre-ville ont fusionné, celles qui des-servent
le plateau piétonnier ont été
déviées pour ne plus le traverser mais
le contourner… En outre, des axes ont
été aménagés pour fl uidifi er le parcours
des lignes principales et trois parkings-relais
ont été intégrés au réseau. Autant
de mesures pour désengorger les rues,
gagner en vitesse et en régularité et
répondre aux besoins des 230 000
habi tants de la communauté d’agglo-mération
dans toute la diversité de leurs
déplacements.
13. Keolis • Novembre 2013 13
côté
«Un mode adapté aux finances
et aux flux de la ville»
Avec les BHNS Mettis,
de moitié: ce bus
car il roule dans un
Il répond à notre
2. Les lignes A et B de Mettis
desservent le Centre
Pompidou-Metz, ouvert
depuis 2010 et véritable atout
touristique pour la ville.
Yves Le Chanu,
directeur général
des Transports de
l’agglomération de Metz
Métropole (TAMM)
2
1. La fréquence des deux lignes
Mettis aux heures de pointe
est de dix minutes. La desserte
de l’agglomération est
assurée de 5heures à minuit.
NNoovveemmbbrree 22001133 Metz Métropole s’est
doté d’une forme de
tram pour un prix réduit
nouvelle génération est
tout aussi performant,
couloir réservé avec
priorité aux feux, dispose
d’écrans d’information
dynamique, d’un système
de guidage optique…
exigence d’un mode de
transport adapté à la ville
– à ses ouvrages d’art,
au passage de l’A31, à ses
portes –et à ses fl ux:
Mettis a été dimen-sionné
pour accueillir
37000Messins par jour,
qui vont pouvoir ainsi
éviter les embouteillages,
gagner du temps et être
sûrs d’arriver à l’heure
à destination, même
aux heures de pointe.
Le tout en bénéfi ciant
d’un confort accru, car
l’accent a été mis sur
le design. Les 27bus
articulés, bas de plancher
pour faciliter l’accès aux
personnes à mobilité
réduite, o“ rent une
surface vitrée hors norme
et mesurent 24m pour
que les 150passagers
soient confortablement
installés. Et dans le
silence, car la traction
des bus est totalement
électrique!
14. Les prochaines élections
municipales auront lieu en mars
2014. Quelle place le transport
public aura-t-il dans le débat
et quel bilan faire de la dernière
mandature dans ce domaine?
Éléments de réponse.
KKeeoo’’FFOOCCUUSS 14
MUNICIPALES:
LE TRANSPORT
PUBLIC EN
CAMPAGNE
our Anne Meyer, directrice du
département économie et
techniques de l’Union des
transports publics (UTP), c’est
une évidence: la qualité du
transport public fait partie
P
intégrante du bien vivre en ville aujourd’hui.
«Il su t de regarder les palmarès des villes établis
chaque année par les magazines: les meilleures au
classement sont aussi celles qui disposent de bons
réseaux de transport.»
Une image positive
La dernière enquête menée par l’Observatoire de
la mobilité de l’UTP dans les agglomérations de
plus de 50000 habitants montre que, globalement,
le transport public en ville a une image positive.
«Le premier critère cité par les citoyens est la pra-ticité
de ce mode de déplacement, en opposition
aux problèmes de circulation et de stationnement
liés à l’usage de la voiture particulière», souligne
Anne Meyer, qui ajoute: «Les critiques sur le trans-port
public, quand critiques il y a, émanent le plus
souvent de ceux qui ne l’utilisent pas. À la lecture
des études, il apparaît clairement que l’essayer,
c’est l’adopter!»
15. Keolis • Novembre 2013 15
Vers une nouvelle
gouvernance
Si elles sont
adoptées, les lois
de décentralisation
et de réforme de
l’action publique
auront un fort impact
sur la gouvernance
des transports. Ainsi :
• Une nouvelle catégorie
d’établissements
publics, les métropoles,
sera créée par trans-formation
communautés d’agglo-mération
à fiscalité propre qui
rassemblent plus de
400 000 habitants dans
une aire urbaine de plus
de 500 000 habitants.
Et l’organisation des
transports urbains fera
partie des compétences
transférées à ces
métropoles.
8milliards d’euros
ont été investis
par les collectivités
lors des
deux premiers
appels à projets
en faveur des
transports
collectifs en
site propre.
Certes, la gouvernance transport est partagée entre
plusieurs catégories de collectivités. Et le transport
public est souvent géré par les intercommunalités.
Mais, comme le résume Anne Meyer, « savoir qui
gère le réseau n’intéresse pas la personne qui prend
un bus ou un tramway. Seules lui importent la fré-quence
des passages, la ponctualité, la propreté du
véhicule… C’est à l’aune de ce type de critères qu’est
jugé l’engagement des élus locaux en faveur d’un
transport public performant ».
Un bon bilan
Cet engagement a-t-il été à la hauteur des attentes
de la population française durant la dernière
mandature municipale ? « Le bilan des collectivités
est très positif, estime Roland Ries, président du
Groupement des autorités responsables de
transport (GART). Malgré la contrainte financière
lourde qui pèse sur elles depuis le début de la crise
économique, leur volontarisme n’a jamais été
démenti au cours de la période. » La preuve : les
deux premiers appels à projets en faveur des
transports collectifs en site propre (TCSP) ont
représenté un investissement global de plus de
8 milliards d’euros. Cet investissement s’est traduit
par la construction de plus de 1 000 kilomètres
de toutes les
ou urbaines
• Nouveau « chef de file »
de l’organisation des
transports, les régions
établiront un schéma
régional de l’inter-modalité
du transport
public avec les autres
collectivités. Objectif ?
Permettre aux citoyens
de se rendre d’un point A
à un point B en utilisant
plusieurs moyens de
transport sans avoir
à changer de billet
et avec des correspon-dances
fluides.
• Les autorités
organisatrices de
transports urbains
(AOT) deviendront
autorités organisatrices
de mobilité durable
(AOMD), concourant
au développement
des modes alternatifs.
de lignes depuis 2008. « Cela témoigne de
l’engagement des agglomérations mais aussi des
départements et des régions, qui ont placé le
transport public au coeur de leurs politiques »,
souligne Roland Ries.
Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la
fin de la mandature ne se caractérise pas par un
relâchement de l’investissement. « Au contraire, on
constate même une nouvelle impulsion ! poursuit
Roland Ries. Le nombre de projets déposés dans
le cadre du troisième appel à projets TCSP – plus
important que le précédent – révèle bien qu’il ne
s’agit en aucun cas d’un effet de mode mais bien
d’un mouvement de fond, qui concerne aujourd’hui
majoritairement les agglomérations de taille
moyenne. Dans les années à venir, la plupart des
agglomérations de plus de 100 000 habitants
disposeront d’au moins une ligne de TCSP. »
Un sujet d’intérêt général
Est-ce à dire que le transport public va s’inviter
dans le débat électoral ? « Une chose est certaine,
ce ne sera pas sous une forme clivante, car le
sujet est devenu apolitique », analyse Anne Meyer.
« La question ne sera plus, comme autrefois, de
Plus de
décryPtage
16. côté
UN ACCOMPAGNEMENT COMPLET
«Keolis a été
depuis toujours une culture
l’un des acteurs
fondée sur l’écoute des
du développement
collectivités et la confi ance.
du transport public
Mais cela ne su¦ t pas:
ces dernières années,
nous avons aussi été les
accompagnant les
premiers à dire que les
collectivités dans la
transports devaient évoluer
réorganisation de leurs
pour prendre en compte
réseaux ou le lancement
l’évolution des modes de vie.
de nouveaux modes de
C’était tout le sens de notre
transport. Nos atouts?
démarche Keoscopie,
Le Groupe est leader
par exemple. Nous avons
mondial pour l’exploitation
également un vrai savoir-faire
de tramways et développe
un bus! Au-delà du mode de transport, ce qui
compte, finalement, c’est le réseau», souligne
Anne Meyer. Les agglomérations ont également
été nombreuses à lancer, comme l’a fait l’agglomé-ration
bordelaise par exemple, des plans de réor-ganisation
pour dynamiser leurs lignes de bus.
Souvent délaissées, celles-ci avaient fi ni par appa-raître
comme le «parent pauvre» du transport
public. Et la baisse de fréquentation a€ ectait la
performance de l’ensemble du réseau.
Mobilité globale et bouquets de services
L’autre demande des collectivités, liée à la montée
en puissance de la mobilité globale, est l’apparition
de réseaux de transport mixant di€ érents modes,
y compris des modes doux comme le vélo. «Lors
des appels d’o€ res, l’approche est de plus en plus
intégrée, confi rme Anne Meyer. Les collectivités
font en sorte de proposer aux voyageurs la plus
large palette possible de solutions de déplace-ment.
Avec Transpole, l’agglomération lilloise a été
l’une des pionnières dans ce domaine.»
De fait, la problématique du déplacement est
devenue centrale en matière de transport public.
Et, grâce au numérique, les voyageurs se voient
désormais o€ rir des «bouquets de services». En
témoignent, par exemple, les panneaux à message
variable qui ont fait leur apparition un peu partout
sur les réseaux pour les informer en temps réel.
Indiscutablement, donc, la dernière mandature
municipale a été riche en projets autour de la mobi-lité.
Qu’en sera-t-il de la prochaine? Rendez-vous
dans six ans…
Keo’FOCUS
Municipales: le transport public en campagne
savoir s’il faut davantage ou moins de transport
public. La hausse du prix des carburants y est aussi
pour beaucoup. Les cartes ont été redistribuées et
la mobilité ne constitue plus véritablement un sujet
de droite ou de gauche, mais bien un sujet d’intérêt
général», confi rme Roland Ries.
Pour ce dernier comme pour Anne Meyer, si débat
il y a, il réside aujourd’hui davantage sur le choix
modal ou les enjeux de financement. Sur les
réponses, en somme, que les collectivités choisis-sent
d’apporter aux nouveaux enjeux du transport
public: impact de la crise sur le pouvoir d’achat
des ménages, resserrement des budgets locaux,
révolution numérique, montée en puissance des
problématiques environnementales, émergence du
concept de mobilité globale…
Lignes de tram et lignes de bus
Le choix des TCSP est l’un de ces enjeux. Dans ce
domaine, parmi les solutions privilégiées par les
collectivités, il y a le tramway, dont beaucoup
devilles se sont équipées ces dernières années
(ycompris des villes de taille moyenne comme
Angers ou Dijon). Ainsi qu’un nouveau concept: le
bus à haut niveau de service (BHNS). «C’est un bus
en site propre qui nécessite un investissement très
inférieur au tramway. Il est vraiment compris par
les collectivités comme un moyen de proposer une
o€ re complète de transport public à moindre coût.
Ainsi, la quatrième ligne de “tramway” à Nantes est
16
Plus de
LA MOBILITÉ N’EST PLUS UN
SUJET DE DROITE OU DE GAUCHE,
MAIS UN SUJET D’INTÉRÊT GÉNÉRAL”
en matière de refonte
de réseaux, du diagnostic
à la conception, et de la
conception à la mise en
oeuvre. Et nous pouvons
apporter un regard d’expert
sur tous les modes de
transport. J’ajoute que, pour
parfaire l’accompagnement
des collectivités, nous
intervenons de plus en plus
lors des concertations
publiques afi n de les aider
à expliquer les enjeux
des projets.»
Bruno Danet,
directeur général
adjoint de la branche
Grand Urbain
1000 kilomètres
de lignes de
transports
collectifs en site
propre ont été
construits entre
2008 et 2013.
17. Keolis • Novembre 2013 17
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS:
UNE FRÉQUENTATION EN HAUSSE
2012
2011
+ 3,2%
2010
+ 2,7%
+ 1,9%
Une o€ re kilométrique en progression
constante.
70% des voyages sont réalisés
en utilisant les transports en commun
en site propre (TCSP): bus, tram, métro.
Une proportion qui s’explique par la mise
en place, dans les réseaux qui en disposent,
d’une politique globale de déplacements
autour de ces lignes.
+ 4,4 %
+ 3,5 %
En hausse depuis 2010, la fréquentation continue
de croître en 2012. Un dynamisme qui s’explique
par un contexte favorable à l’usage des transports
collectifs, du fait notamment de la hausse des prix
des carburants.
160
120
80
Les transports en commun en site propre
connaissent une croissance exceptionnelle.
Ce dynamisme de l’o€ re kilométrique
s’explique par les réorganisations de
réseaux, l’accroissement des dessertes
ou l’élargissement des plages horaires,
répondant ainsi aux nouveaux besoins
des voyageurs.
Bus à haut
niveau de
service
Tramway
Métro
2011
2010
2009
2008
2010
2011
2012
2014
2013
2012
2,3
millions
1,8
million
2012
2002
Depuis 10ans le nombre
de voyageurs a augmenté de
40%
OFFRE KILOMÉTRIQUE
LES TCSP PLÉBISCITÉS
UNE FRÉQUENTATION EN HAUSSE NOMBRE DE KILOMÈTRES MIS EN SERVICE
TCSP
Autres
30%
70%
Chi res hors Île-de-France – Sources: UTP, ministère de l’Écologie,
du Développement durable et de l’Énergie.
CHAQUE ANNÉE
200
Longueur sites propres
40
18. Keo’VISA 18
Historiques ou touristiques, les
funiculaires grimpent à l’assaut
des villes du monde. Embarquez
à bord de ces véhicules hors
du commun.
2
1
ATTEINDRE
DES
SOMMETS
1. États-Unis,
Los Angeles
Ce funiculaire
historique
a circulé pour
la première
fois en 1901.
2. France, Lyon
Pas moins
de cinq lignes
de funiculaire ont
été construites
à Lyon entre
les XIXe et
XXesiècles.
Il reste
actuellement
deux lignes en
fonctionnement,
le funiculaire de
Saint-Just et celui
de Fourvière.
19. Keolis • Novembre 2013 19
3. Croatie, Zagreb. Construit
en 1889, le funiculaire relie la ville
basse à la ville haute, et s’élève
de 40mètres en 55secondes!
6
7
6. Chili,
Valparaiso
Déclarés monu-ments
historiques,
les funiculaires
sont nombreux
à Valparaiso.
Il existe en e† et
une quinzaine
«d’ascensores»,
nom local donné
à ce moyen
de transport.
7. Hongrie,
Budapest
Réhabilitée
en 1986, la ligne
fait 95mètres
de long et s’élève
à une altitude
de 51mètres.
3
5
4
4.France, Paris
Depuis 1991, ce
funiculaire est en fait
un ascenseur incliné.
Il permet de grimper
au sommet de la
butte Montmartre
et d’accéder
à la Basilique
du Sacré-Coeur.
5. Italie, Naples
Les lignes Chiaia,
Montesanto, Centrale
et Mergellina relient
les lieux historiques
de la ville.
20. Keo’FFOORRUUMM 2200
LA FISCALITÉ VERTE:
UN MOTEUR POUR
LES TRANSPORTS
PUBLICS?
La fi scalité verte est au coeur des débats.
Après l’annonce par le gouvernement
de nouvelles mesures dans le cadre de la loi sur
la transition énergétique, les experts s’interrogent:
cette nouvelle recette fi scale doit-elle être allouée
aux transports publics? Regards croisés.
L
e 20septembre dernier,
au cours de la Conférence
environnementale 2013,
François Hollande a réaf-fi
rmé son intention de faire du projet
de loi sur la transition énergétique l’un
des points forts de son quinquennat.
Parmi les mesures envisagées, une
nouvelle fiscalité verte qui devrait
permettre de dégager des recettes
estimées entre 400 et 500millions
d’euros pour 2014. Mais comment
faire de cette fi scalité verte un levier
incitatif? Et à qui redistribuer les
fonds ainsi obtenus?
Une redistribution équitable
La position du gouvernement est
claire: la fi scalité verte n’engendrera
pas, à proprement parler, de nouvelle
taxe. Les recettes seront issues
d’impôts existants, comme la taxe
intérieure de consommation (TIC),
laquelle prendra désormais en
compte les émissions de CO2. Un
équilibre délicat qui sup posera, en
contrepartie, un certain nombre
d’allégements fi scaux et une redis-tribution
équitable des recettes.
Selon le Conseil économique, social
et environnemental (CESE), la fi sca-lité
verte pourrait ainsi participer à la
transition énergétique dans les trans-ports
en permettant le fi nancement
de mesures et de projets relatifs aux
modes de déplacement des Français.
Un enjeu fi nancier mais aussi sociétal
pour un changement global des
comportements et des mentalités.
21. Keolis • Novembre 2013 2211
BRUNO DUCHEMIN,
membre du Conseil économique,
social et environnemental (CESE),
rapporteur de l’avis sur «la transition
énergétique dans les transports»
“Tous les clients
ne souhaitent pas
postpayer leurs
déplacements.”
La fi scalité verte est une opportunité
d’avenir pour la transition
énergétique dans les transports.
Nous vivons dans une société
à la fois de plus en plus mobile
et de plus en plus consciente des
problématiques de développement
durable. Il faut résoudre ce
dilemme en imaginant une façon
équitable de faire coexister les
moyens de transport à l’intérieur
d’un même réseau. La transition
énergétique ne doit pas se faire par
des mesures fi scales prohibitives
mais par un changement des
mentalités qui occasionnera de
nouveaux rouages économiques.
Promouvoir, par exemple, de
nouveaux usages de l’automobile,
comme le covoiturage ou l’autopartage,
avec la mise en place
de parkings sécurisés ou avec des
places de stationnement réservées.
Des mesures qui permettraient
aux ménages de faire des
économies tout en réduisant leur
consommation d’énergies fossiles.
Chaque zone d’habitat possède
ses priorités. Développer l’usage
des transports publics, encourager
les modes de trans port alternatifs
ou promouvoir une mobilité
douce sécurisée: les solutions
doivent être complémentaires et
toucher l’ensemble de la société
et de l’économie.
MICHEL DUBROMEL,
pilote du réseau Transports
et Mobilités durables, France Nature
Environnement (FNE)
“La transition
énergétique doit se faire
au jour le jour.”
Pour France Nature Environnement,
la mise en place d’une fi scalité
verte doit s’inscrire dans une
volonté double: modifi er les
comportements individuels en
matière de déplacements et
fi nancer une transition énergétique
concertée. Les transports publics
ne seront donc pas les seuls
à avoir besoin de fi nancement.
Bien sûr, les collectivités ont besoin
de subventions pour aménager
leurs infrastructures et créer un
partage de l’espace harmonieux.
Mais la transition doit se faire aussi
au niveau des entreprises. France
Nature Environnement encourage
donc les initiatives comme les plans
de déplacements d’entreprises
(PDE), préconisés par l’Agence
de l’environnement et de la maîtrise
de l’énergie (ADEME): un ensemble
de mesures visant à favoriser
le covoiturage et l’autopartage
au sein d’entreprises. Prévoir la
transition énergétique dans les
transports, ce n’est pas seulement
dire qu’il faut se débarrasser
des voitures: c’est imaginer un
ensemble de dispositifs incitant
à une évolution des mentalités
et répondant aux besoins de tous.
BRUNO GAZEAU,
délégué général de l’Union des
Transports Publics et Ferroviaires (UTP)
“Il faut un changement
des mentalités.”
Restituer les fonds dégagés par la
fi scalité verte aux transports publics
montre une prise de conscience
des réalités de terrain. À l’heure
actuelle, les collectivités ont des
besoins réels de fi nancement
pour leurs projets. Un système
de transports eŸ cace nécessite
des infrastructures adaptées.
Les collectivités doivent donc
prévoir de nouveaux aménagements
de leur voirie, en créant,
par exemple, des couloirs
réservés aux bus afi n de fl uidifi er
la circulation et de rendre les
services plus rapides et plus
réguliers. Il faut également que
les systèmes de gestion des
informations soient à la hauteur
des besoins des utilisateurs.
Tout cela contribue à rendre les
transports publics plus attractifs et
les villes plus propres. Les indices
de pollution le montrent: il faut
adopter des modes de déplacement
collectifs plus responsables.
Cette prise de conscience, nous
l’encourageons fortement à l’UTP.
En ce sens, la fi scalité verte peut
contribuer à un vrai changement
des mentalités.
LE REPRÉSENTANT
ASSOCIATIF
L’EXPERT
LE REPRÉSENTANT
DES OPÉRATEURS
22. Keo’IDÉES 22
“DE NOUVEAUX
MODÈLES
DE MOBILITÉ
DANS LES ZONES
PÉRIURBAINES
ET RURALES”
Quels sont les enjeux de votre rapport?
Il y a quelques années, la mobilité périurbaine et rurale
était un sujet «
orphelin
». Il n’était question – au Grenelle
de l’environnement par exemple – que du développement
des transports collectifs urbains et de la limitation
de l’automobile pour les déplacements urbains.
Or 60
% de la population française vit dans des territoires
peu denses, où les transports en commun ne répondent
que marginalement aux besoins quotidiens de mobilité,
et où les habitants sont captifs de la voiture. Un trajet
quotidien de 20
km en voiture entre domicile et lieu de
travail peut représenter près de 20
% d’un salaire au smic
!
Ces dépenses créent des inégalités sociales entre les
territoires et les modes de vie. L’enjeu du rapport était
donc de réfl échir à de nouveaux modèles de mobilité
dans les zones périurbaines et rurales, dans un contexte
de fortes contraintes environnementales et sociales.
En eŽ et, 20
millions de voitures y circulent chaque jour,
ce qui représente 8
% des émissions totales de gaz
à eŽ et de serre de la France.
Quelles solutions préconise le rapport?
Premier levier
: le covoiturage, qui se développe
énormément avec l’usage intensif d’Internet et l’essor
des smartphones. Deuxième solution
: le renouvellement
urbain. Rapprocher l’habitat autour des petites villes,
développer les services de proximité au sein des bourgs
et sécuriser des itinéraires d’accès permettraient aux
habitants de faire leurs courses à pied ou à vélo. Enfi n,
troisième axe
: modifi er les habitudes. Les déplacements
pourraient être limités si les commerçants organisaient des
tournées, si les entreprises développaient le télétravail…
Quelle place donner aux transports en commun
dans ces zones peu denses?
Aujourd’hui, les autocars desservant les zones d’habitat
INTERVIEW
Olivier Paul-Dubois-Taine,
auteur du rapport
Les nouvelles mobilités dans
les territoires périurbains et
ruraux, publié en février 2012
par le Centre d’analyse
stratégique (CAS).
23. Keolis • Novembre 2013 23
dispersé sont peu utilisés, ce qui entraîne souvent plus
de pollution et de consommation d’énergie par voyageur
transporté que l’automobile. Du coup, ils sont lents et peu
fréquents. Pour que les transports en commun fonctionnent
en zones périurbaines et rurales, ils doivent être pensés
comme des lignes structurantes, rapides, s’arrêtant dans des
gares multimodales équipées de commerces, de parkings-relais
et autres stations de vélos. Pour le moment, il existe
un seul projet de ce type, dans l’Essonne (91), où une gare
a été construite sur l’autoroute A10.
Qui sont les acteurs de ces nouveaux modèles
de mobilité périurbaine et rurale ?
Les initiatives doivent être locales. Ainsi, les futurs
acteurs de la mobilité dans ces zones sont les maires,
les associations de commerçants, les entreprises locales,
les particuliers… L’Opéra de Lyon s’est par exemple rendu
compte que la moitié des spectateurs venait en voiture ;
pour limiter la pollution urbaine, il a mis en place avec
le Grand Lyon un site de covoiturage spécialement dédié
aux activités culturelles. Les initiatives comme celles-ci
sont nombreuses mais encore isolées car les réseaux
d’information, de savoir-faire et de transfert d’expériences
restent à constituer. C’est notamment ce que fait le projet
Bretagne Mobilité augmentée (financé par l’ADEME).
Olivier Paul-Dubois-
Taine est ingénieur
général honoraire des
Ponts et Chaussées
2012 : anime les travaux
du Centre d’analyse
stratégique sur Les
nouvelles mobilités
dans les territoires
périurbains et ruraux.
2006 : contribue aux
réflexions prospectives
sur le développement
durable des transports
et de la mobilité
à travers plusieurs
organismes.
2001 : membre du
conseil d’administration
de RFF (Réseau
Ferré de France).
1992 : responsable
de la mission Transport
intermodal à la DAEI
(délégation aux
Affaires européennes
et internationales).
1964 : occupe
différentes fonctions
au ministère
de l’Équipement,
notamment celle
de secrétaire du comité
des directeurs
Transports.
LEs TRANsPORTs EN POur en savOir +
COMMuN DOIvENT êTRE
PENsÉs COMME DEs LIGNEs
sTRuCTuRANTEs ET RAPIDEs”