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- 1. Un chat mâle castré âgé
de douze ans présente
une déformation des parties
distales des quatre membres.
Des clichés radiographiques
des membres mettent en évi-
dence une ostéopathie hyper-
trophiante qui motive la réali-
sation d’un cliché thoracique.
Celui-ci révèle la présence
d’une tumeur pulmonaire
associée. Devant le pronostic
sombre de cette affection,
une corticothérapie palliative
est proposée.
L’ostéopathie hypertrophiante
(pneumique) est plus souvent
décrite chez le chien que
chez le chat. Son diagnostic
repose essentiellement sur
des critères cliniques et radio-
graphiques. Lorsque c’est
possible, le traitement de
choix est étiologique. Lors de
lésion pulmonaire isolée, une
exérèse par lobectomie est
recommandée.
u
Résumé
Le Point Vétérinaire / N° 233 / Mars 2003 /62
La présence de déformations osseuses des membres chez un chat
en mauvais état général a conduit à suspecter une ostéopathie
hypertrophiante. Une lésion thoracique est alors recherchée.
n chat européen mâle castré âgé de
douze ans et pesant 3,5 kg est
présenté à la consultation pour un
amaigrissement, un abattement et
des difficultés locomotrices qui
évoluent depuis un mois.
Cas clinique
1. Examen clinique
L’animal est maigre et son poil est terne. Il se
déplace avec difficulté et présente des déforma-
tions en valgus des membres antérieurs.
La manipulation des carpes et des tarses
tuméfiés est douloureuse et une ankylose est
mise en évidence.
La température rectale est normale.
La palpation abdominale et l’auscultation
cardiopulmonaire ne révèlent rien d’anormal.
2. Examens complémentaires
! Bilan hématobiochimique de base
Les concentrations sériques d’urée, de créati-
nine, des phosphatases alcalines, de l’alanine
aminotransférase et de la glycémie ont des
valeurs situées dans les normes.
La formule sanguine met en évidence une
granulocytose modérée (15,5.109
/l. Norme : 2,5
à 12,5.109
/l).
! Radiographies
Un examen radiographique des carpes et des
tarses (PHOTOS 1 ET 2) met en évidence de petites
proliférations osseuses périostées en manchon
sur les os longs à proximité de l’articulation
(épiphyse du radius et des métacarpiens, épiphyse
du tibia, de la fibula et des métatarsiens).
Ces images sont fortement évocatrices d’une
ostéopathie hypertrophiante. L’origine la plus
fréquente de cette affection est pulmonaire, et
un cliché thoracique en vue de profil est donc
réalisé (PHOTO 3). Il permet d’identifier une masse
pulmonaire d’environ 5 à 6 cm de diamètre au
niveau d’un des lobes caudaux ou du lobe moyen
droit. Aucun cliché en vue de face n’est réalisé.
En raison de la gravité de l’atteinte générale et
de l’âge du chat, les propriétaires ne souhaitent
pas la réalisation d’autres examens complé-
mentaires (dosage de la calcémie, ponction
échoguidée thoracique).
Les clichés radiographiques confirment ainsi
l’existence d’une ostéopathie hypertrophiante
d’origine pulmonaire associée à une masse
pulmonaire. L’hypothèse d’une tumeur semble
plus probable que celle d’un abcès enkysté (qui
évoluerait de façon chronique).
3. Traitement
En raison de la gravité de cette affection, de son
pronostic très réservé et du manque de motiva-
tion des propriétaires, un traitement palliatif
fondé sur une corticothérapie est proposé
(prednisolone à la dose de 1 mg/kg/j, par voie
orale).
Il permet d’améliorer le confort de l’animal,
mais celui-ci est finalement euthanasié à la
demande des propriétaires, six semaines plus
tard.
4. Autopsie
Toutes les articulations sont fortement ankylo-
sées. Un cliché radiographique des tarses est
effectué avant l’autopsie de l’animal. Il révèle
de nouveaux remaniements marqués à hauteur
des articulations distales (PHOTO 4).
Une masse pulmonaire qui occupe presque la
totalité du lobe moyen droit est découverte et
prélevée (PHOTO 5). L’analyse histologique
permet de diagnostiquer un carcinome
bronchio-alvéolaire.
Une masse de petite taille est découverte et
prélevée sur le lobe gauche latéral du foie
(PHOTO 6). L’analyse histologique conclut à une
nécrose de coagulation hépatique.
Discussion
1. Étiopathogénie
L’ostéopathie hypertrophiante (pneumique) est
plus souvent décrite chez le chien que chez le
chat. Elle est liée dans la majorité des cas à une
affection pulmonaire ou médiastinale, de nature
essentiellement tumorale.
Lorsque l’affection est tumorale, l’ostéopathie
hypertrophiante peut être considérée comme
un syndrome paranéoplasique. Il s’agit alors
surtout de métastases pulmonaires (carcino-
mes mammaires et ostéosarcomes), plus
rarement de tumeurs pulmonaires primitives.
Parfois, d’autres tumeurs sont également
associées : carcinome œsophagien, tumeur
U
Pratiquer / CAS CLINIQUE /
Ostéopathiehypertrophiante
féline d’origine pulmonaire
CANCÉROLOGIE DES CARNIVORES DOMESTIQUES
par Stéphane Rohr
204,rue de Pont-à-Mousson
57950 Montigny-Les-Metz
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 2. 63/ N° 233 / Mars 2003 / Le Point Vétérinaire
vésicale (rhabdomyosarcome, carcinome)
[3, 7], carcinome surrénalien [2] ou tumeur
de la portion thoracique du nerf vague
(schwannome).
D’autres affections, non néoplasiques, peuvent
être associées à l’ostéopathie hypertrophiante :
lésions inflammatoires chroniques (infection à
Mycobacterium fortuitum, corps étranger, etc.)
[4, 5, 9], endocardite, dirofilariose, affections
cardiaques congénitales ou acquises, atélecta-
sie pulmonaire focale [6, 11].
La pathogénie précise reste inconnue, mais
l’efficacité d’un traitement par vagotomie fait
suspecter un mécanisme neurovasculaire. Chez
l’homme, le rôle et les mécanismes d’action d’un
facteur de croissance qui agit sur le périoste ont
été précisés et plusieurs facteurs de croissance
sont incriminés, tels le platelet derived growth
factor, le transforming growth factor 1 et le
vascular endothelial growth factor.
L’affection primitive serait à l’origine d’une
augmentation du flux sanguin périphérique
(phénomène réflexe qui emprunte les fibres
afférentes du nerf vague ou les nerfs intercos-
taux), elle-même à l’origine d’une congestion du
tissu conjonctif qui entraîne une prolifération
osseuse périostée. Cette prolifération ostéophy-
tique débute généralement par les doigts et gagne
les segments osseux plus proximaux [6, 11].
La tumeur identifiée dans ce cas (adénocarci-
nome bronchio-alvéolaire) est fréquemment
incriminée dans l’ostéopathie hypertrophiante
du chien ; les données bibliographiques qui
concerne le chat sont plus rares.
La pathogénie de la lésion hépatique découverte
reste indéterminée. Il pourrait néanmoins s’agir
d’une nécrose d’origine ischémique secondaire
à une embolie de la tumeur pulmonaire au sein
d’un vaisseau qui irrigue cette zone du foie.
2. Diagnostic
Le diagnostic de l’ostéopathie hypertrophiante
repose essentiellement sur des critères cliniques
et radiographiques.
Ce syndrome est décrit chez l’homme sous le
nom de syndrome de Pierre-Marie et se caracté-
rise par une périostose engainante des grands
os longs et des petits os longs des membres.
L’atteinte articulaire est le mode de révélation
le plus fréquent, avec une atteinte préférentielle
des genoux et des chevilles [10].
Les données publiées montrent que le syndrome
de Cadiot-Ball précède dans 80 % des cas les
symptômes cliniques dus à la tumeur initiale.
! Signes cliniques
Les animaux atteints présentent généralement
une dégradation de l’état général, des difficul-
tés locomotrices et une tuméfaction doulou-
reuse des extrémités. Une déformation de celles-
ci peut également être rencontrée dans des cas
avancés [6, 11].
L’atteinte simultanée des quatre membres est
fréquemment observée et l’apparition des
symptômes est parfois brutale.
! Examens complémentaires
• Le diagnostic est radiographique (voir les
ENCADRÉS “Critères de diagnostic radiologique”
et “Diagnostic différentiel”) et s’appuie sur des
incidences classiques des membres.
• Il convient en outre de rechercher et d’iden-
tifier l’affection primitive (radiographie
thoracique, échocardiographie ou échographie
abdominale). !!
PHOTO 1. Radiographie de face des carpes : prolifération osseuse
sur les métacarpiens et l’épiphyse radiale distale.
Cliché:S.Rohr
PHOTO 2. Radiographie de face des tarses : prolifération osseuse
le long des métatarsiens.
Cliché:S.Rohr
PHOTO 4. Radiographie
de face des tarses prise
avant l’autopsie
(six semaines après les
premières radiographies) :
remaniements osseux
marqués.
Cliché:S.Rohr
PHOTO 3. Radiographie de profil du thorax : masse pulmonaire caudale
de 5 à 6 cm de diamètre.
Cliché:S.Rohr
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 3. • Chez l’homme, deux aspects radiologiques
sont décrits :
- un manchon mince et régulier, presque
linéaire, souvent séparé du fourreau diaphy-
saire par un fin liseré plus clair ; d’abord
homogène, ce manchon peut devenir lamellaire
et prendre un aspect feuilleté caractéristique ;
- une prolifération osseuse irrégulière, feston-
née, formant une sorte de crête dentelée ; cette
prolifération est souvent striée transversale-
ment, ce qui lui donne un aspect “hérissé” [1].
Dans le cas étudié, l’aspect radiologique au
moment du diagnostic correspond davantage
à la première forme d’expression, alors que chez
le chien c’est la seconde qui est la plus souvent
décrite.
• Les modifications biologiques dépendent
essentiellement de l’affection sous-jacente. La
granulocytose observée dans ce cas clinique peut
être mise en relation avec le développement de
la tumeur pulmonaire.
3. Traitement
• Une chimiothérapie peut être proposée si
l’affection primitive est précisément identifiée
et qu’elle y répond. Elle est donc fonction du
type de tumeur incriminée.
Une thérapie médicale palliative et de soutien
peut également être mise en place. Les corticoï-
des semblent entraîner une diminution
temporaire des signes cliniques. Des analgé-
siques peuvent aussi être prescrits afin d’amélio-
rer le confort de l’animal.
Récemment, une diminution des symptômes a
été observée chez deux patients humains
atteints de pachydermopériostose à la suite
d’une perfusion intraveineuse de pamidronate
à la dose de 1 mg/kg. Reste à juger de l’effica-
cité de ce traitement lors des ostéopathies
hypertrophiantes secondaires, lorsque le traite-
ment de l’affection causale est impossible ou
ne peut être complet [11].
• Lorsque c’est possible, le traitement de choix
est étiologique. Lors de lésion pulmonaire
isolée, une exérèse par lobectomie est
recommandée. Une chimiothérapie adjuvante
peut être instaurée selon la nature de cette
lésion (adénocarcinome par exemple). Les
lésions osseuses régressent alors lentement,
après plusieurs mois [8].
Différentes méthodes de vagotomie fondées sur
la physiopathogénie de cette affection ont été
proposées, mais elles ne sont plus d’actualité.
4. Pronostic
Le pronostic de l’ostéopathie hypertrophiante
dépend de celui de l’affection primitive. En
raison des étiologies les plus fréquentes (cf.
supra), il est généralement sombre.
Conclusion
L’ostéopathie hypertrophiante, fréquemment
identifiée chez le chien, est également diagnos-
tiquée, quoique plus rarement, chez le chat. s
Le Point Vétérinaire / N° 233 / Mars 2003 /64
Pratiquer / CAS CLINIQUE /
!!
• Atteinte symétrique de tous
les membres.
• Atteinte préférentielle des
parties distales (os métacar-
piens et métatarsiens).
• Lésion uniquement prolifé-
rative (à partir du périoste).
• Pas d’ostéolyse ni d’érosion
corticale.
• Pas d’atteinte intra-articulaire.
Critères
de diagnostic
radiologique
PHOTO 5. Tumeur pulmonaire sur le lobe
pulmonaire moyen droit.
Cliché:S.Rohr
PHOTO 6. Masse hépatique sur le lobe gauche
latéral du foie.
Cliché:S.Rohr
En savoir plus
- Delisle F, Moissonnier P.
Les tumeurs bronchopulmonaires
des carnivores domestiques.
Point Vét. 1995;27(n° spécial
“Pathologie respiratoire”):569-578.
Bibliographie
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8 - Madewell BR, Nyland TG, Weigel JE.
Regression of hypertrophic osteopathy following
pneumonectomy in a dog. J. Amer. Vet. Med.
Assn. 1978;172(7):818-821.
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Hypertrophic pulmonary osteoarthropathy
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10 - Morin F, Marcelli C. Ostéopathie
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11 - Ogilvie GK. Paraneoplastic syndromes.
Text Vet. Int. Med. 5th
ed. Saunders; Philadelphia.
2000;97:503-504.
12 - Stephens LC, Gleiser CA, Jardine JH.
Primary pulmonary fibrosarcoma associated
with Spirocerca lupi infection in a dog with
hypertrophic pulmonary osteoarthropathy. J.
Amer. Vet. Med. Assn. 1983;182(5):496-498.
13 - Vienet V. Tumeur vésicale chez une
chienne; un syndrome de Cadiot-Ball associé.
Point Vét. 2001;32(218):56-59.
• Métastase osseuse d’une tumeur pulmonaire
(fréquent chez le chat) : lésion unique.
• Polyarthrite érosive chronique féline : atteinte
d’abord articulaire avec érosion des surfaces
articulaires.
• Tumeur osseuse primitive : prolifération et lyse
osseuse ; atteinte d’un seul membre.
• Infection osseuse bactérienne ou fongique :
lyse osseuse.
Diagnostic différentiel
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Rubrique formation
Remerciements
à Philippe Coureau,
Caroline Laprie et
Marie-Christine Filhol-Fournier.
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