SlideShare una empresa de Scribd logo
1 de 48
Descargar para leer sin conexión
Le Livre bLanc
             dU reLieF (3ds)
          aU cineMa eT a La TeLeviSiOn

             Document réalisé sous l’égide de la Ficam,
                  la CST, UP3D, le HD-Forum et l’AFC

Coordination éditoriale : Marc Bourhis (Ficam)
Pilotes du groupe de travail Livre blanc du relief (3Ds) :
Olivier Amato (Smartjog) et Philippe Gérard (3DLized)
PuBli-information



la recherche médicale au service                                                            Comfort &
   du confort visuel de la 3ds                                                              Acceptance

Depuis le début de l’année 2011, « 3D Comfort &Acceptance » regroupe des
chercheurs, médecins et industriels du secteur de l’audiovisuel et du cinéma autour
d’un projet de recherche visant à mesurer l’impact des défauts de fabrication et de
diffusion de la 3D stéréoscopique sur le confort visuel du téléspectateur.
Un domaine de recherche médicale et psychovisuelle encore peu exploré...
Un consortium multidisci plinaire
Compte tenu de la complexité du sujet et de son caractère fortement multidisciplinaire, cette
plate-forme d’acceptabilité des effets 3Ds regroupe des acteurs nationaux majeurs de la chaîne
de fabrication des images 3Ds :

> La société 3DLized, qui, depuis le début de son existence est concernée par le confort de la
3Ds a pris la coordination de ce groupe de travail. Elle a la charge de créer des contenus à façon
pour les besoins de l’étude, afin d’analyser les règles de grammaire qui régissent la création de
contenus 3Ds confortables. Cette création d’images 3Ds tentera d’envisager les inconforts propres
à chaque type de contenus que l’on peut s’attendre à voir
arriver en 3Ds sur les écrans.

> La Ficam assure la promotion du projet auprès de
l’ensemble des industries techniques de la création

> Un laboratoire de la vision et deux CHU mettent en
place les protocoles de tests cliniques.


                       Les objectifs de 3D Comfort & Acceptance
                       > Un premier objectif sera de trouver des garde-fous techniques mesurés de manière scientifi-
                       que permettant in fine aux réalisateurs de réussir à faire passer les émotions souhaitées en 3Ds
                       tout en conservant l’esthétique de l’oeuvre et le meilleur confort visuel possible.

                       > Un second objectif vise à mesurer l’impact sur des populations à risque afin de pouvoir fournir,
                       notamment via la Ficam partenaire de ce projet, des recommandations pratiques ou techniques
                       aux instances publiques mais aussi aux prestataires techniques et diffuseurs TV en vue de définir
                       des Prêts à Diffuser 3Ds (PAD 3Ds).

  Pour toute information supplémentaire, contacter Philippe Gérard (3DLized) : philippeg@3dlized.com

                                 3D Comfort &Acceptance est soutenu par




                                                            2
Les partenaires de ce livre blanc :

      La Ficam (Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du
      Multimédia), présidée par Thierry de Segonzac, est une organisation
      professionnelle qui regroupe 180 entreprises dont l’activité couvre
      l’ensemble des métiers et du savoir-faire technique de l’image et
      du son. Véritable force de proposition, la Ficam représente, promeut
      et défend les intérêts nationaux et internationaux de la filière des
      Industries Techniques de la Création.


      La Commission Supérieure Technique de l’Image et du Son (CST),
      présidée par Pierre-William Glenn est une association de profession-
      nels du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia, de techniciens et
      d’artistes techniciens. La CST réunit aujourd’hui près de 700 mem-
      bres. Elle a pour buts de défendre la qualité de la production et la
      diffusion des images et des sons, défendre la créativité, l’innovation
      technologique et artistique du cinéma et de l’audiovisuel et défendre
      l’indépendance, la liberté d’action et d’expression dans nos activités
      professionnelles.hniques.


      UP3D (union des professionnels de la 3Ds) est une association
      professionnelle dont les objectifs sont : Fédérer et dynamiser la
      communauté des professionnels de la 3Ds, informer et communiquer
      sur les métiers, les savoir-faire et les matériels spécifiques à la 3Ds,
      promouvoir et structurer le développement de la 3Ds en Europe.



     Originellement composé de 17 membres, le HD Forum, présidé par
     Jean-Pierre Lacotte, compte aujourd’hui 51 membres, tous profession-
     nels conformément à ses statuts. La diversité des questions à régler
     autour de la HD a conduit le HD Forum à créer deux commissions : la «
     commission technique » et la « commission communication et marché
     », elles-mêmes divisées en groupes de travail qui collabore régulière-
     ment aux travaux de la Ficam et de la CST.



      L’AFC (Association Française des Directeurs de la Photographie Ciné-
      matographique) présidée par Caroline Champetier, regroupe la plupart
      des directeurs de la photographie français présents au plus haut ni-
      veau artistique et technique des productions françaises et étrangères.
      L’AFC défend l’existence d’une image cinématographique de qualité,
      teste les nouvelles techniques et affirme la compétence du Directeur
      photo en tant que collaborateurs de création des réalisateurs, dans la
      meilleure tradition du débat culturel et artistique français.




                         3
Des remerciements plus particuliers à :
A Pascal Buron (président délégué de la Ficam en charge de la
Commission technique, Recherche et Innovation) pour l’ensemble de
son travail de coordination sur ce sujet comme sur tant d’autres.

Un grand merci à Yves Pupulin (Binocle) pour sa contribution sur les
grands principes et les fiches métiers liés à la stéréographie.

Merci aussi à David Steiner et Cédric-Alexandre Saudinos (Parallell
Cinéma) pour leur contribution concernant les techniques de pré-
production et de tournage, ainsi qu’à Franck Montagné (Directeur
de postproduction, Image&Magie) ainsi qu’à Philippe Ros (directeur
photo AFC).

Merci à Alain Derobe (stéréographe et directeur photo) pour avoir
accepter la reprise de sa contribution faite à la CST concernant
l’adaptation de la 3Ds à la taille d’écran de diffusion, ainsi qu’à Rip
O’Neil et Alain Besse de la CST pour leurs contributions entre autres
sur la partie projection 3Ds au cinéma.

Merci à Laurent Verduci (stéréographe) pour ses fiches pédagogiques
sur la 3Ds qui nous ont servi de fil rouge.

Merci à Marc Léger et Francis Mahieu (INA Sup) pour la rédaction
avec Olivier Amato du chapitre sur les codecs et les modes de
distribution.

Merci également à Alain Chaptal (Sonovision) et Thierry Gruszka (NDS),
Eric Martin (Quinta Industries), Charles de Cayeux (France Télévisions),
Pascal Charpentier (UP3D), Benoit Michel (stereoscopynews.com)
pour leur participation active à l’élaboration de ce livre.

Enfin, merci à tous pour la relecture attentive du document finalisé.




                                     4
SOMMAIRE
POUrqUOi Un Livre bLanc SUr La 3d STéréOScOPiqUe ?       PaGe 6


PrinciPeS de La 3ds                                      PaGe 8


riGS eT caMéraS STéréOScOPiqUeS                         PaGe 14


POSTPrOdUcTiOn 3ds : cOrrecTiOnS eT wOrkFLOw            PaGe 16


Le cOnFOrT viSUeL de La 3ds                             PaGe 22


cOnverSiOn 2d/3ds : La néceSSiTé d’Un SavOir-Faire      PaGe 20


La PrOjecTiOn 3ds aU cinéMa                             PaGe 24


L’aFFichaGe Tv 3ds                                      PaGe 27


adaPTer Le reLieF à La TaiLLe de L’écran de diFFUSiOn   PaGe 30


GLOSSaire de La 3ds                                     PaGe 33


annexe 1 : déFiniTiOn deS MéTierS de La 3ds             PaGe 36


annexe 2 : TechniqUeS de TOUrnaGe en reLieF             PaGe 38


annexe 3 : cOdecS eT MOdeS de diFFUSiOn                 PaGe 43




                               5
POUrqUOi Un Livre bLanc
SUr La 3d STéréOScOPiqUe* (3ds) ?


U
        n an après l’explosion de l’équipement des salles de ciné-
        ma en projecteurs « 3D » numériques, de nombreux longs
        métrages « 3D » sortent dans les salles avec des qualités
de traitement souvent disparates. Le marché de la télévision a lui
aussi décidé de répondre rapidement à l’appétence du public pour
les images en relief. Les fabricants de téléviseurs, prompts à par-
ticiper à cet emballement technologique, fabriquent désormais à
grande échelle des téléviseurs à écrans plats équipés de systèmes
d’affichage « Relief » permettant de visionner les programmes TV
3Ds dans des conditions de confort visuel tout à fait acceptables.
         Cependant, le marché des équipements de diffusion TV et
cinéma est très en avance, chronologiquement parlant, sur la pro-
duction de contenus 3D stéréoscopiques. Il n’existe pas à ce jour
suffisamment de contenus produits nativement en 3Ds pouvant
alimenter l’ensemble des canaux de diffusion ad hoc. La barrière
est principalement économique et technologique, mais relève aussi
souvent d’un manque d’informations sur les conditions pratiques
dans lesquelles il est possible aujourd’hui de produire des images
en relief pour la télévision et le cinéma.
         Face à la carence actuelle en contenus 3Ds, on constate
aussi que nombre d’œuvres et de programmes diffusés en relief
dans les salles de cinéma ou sur les premières chaînes de télé-
vision 3Ds utilisent des procédures de mise en relief d’images 2D
automatisées. Celles-ci ne tiennent pas suffisamment compte des
grands principes du confort visuel chez le spectateur et interrogent
sur la notion de respect de l’oeuvre originale.
         Face à cet emballement actuel autour du relief, il est donc
apparu nécessaire aux différentes organisations professionnelles
de la filière technique cinématographique et télévisuelle (Ficam,
CST, UP3D, AFC, HD-Forum…) de réaliser un livre blanc dressant
l’état des lieux de la 3D stéréoscopique. Ce livre blanc a l’ambition
de pointer du doigt les différentes problématiques techniques et
narratives liées au tournage, à la postproduction, au confort visuel,
à la conversion 2D/3Ds et à l’affichage sur un écran de cinéma et/
ou de télévision.
         La 3D stéréoscopique est un dispositif artistique et techni-
que qui nécessite une reconstruction mentale des images. Celle-ci
est choisie par le réalisateur et contrainte par les règles physiolo-
giques propres à la plupart des spectateurs.




                                    6
A ce titre, il est crucial de mettre en place à toutes les étapes
de la chaîne de fabrication des procédures de contrôle de la qualité
du relief supervisées par un personnel qualifié et formé à cette nou-
velle manière de produire et de postproduire. En fait, la 3D stéréos-
copique, si elle ajoute des possibilités nouvelles sur le plan narratif,
comporte aussi des obligations nouvelles sur le plan technique liées
à l’acceptation cérébrale des spectateurs ou téléspectateurs. C’est
pourquoi dans ce livre blanc de la 3Ds, notre objectif n’est pas de
brider la créativité des réalisateurs qui doivent rester libre de leurs
contenus artistiques, mais de fixer un cadre permettant de mieux se
repérer dans l’addition des possibilités de mise en scène propres à
la 3D stéréoscopique.
         Il est important aussi de préciser que l’étude de la stéréos-
copie, déjà ancienne, a permis de définir clairement des zones de
confort visuel à l’intérieur desquelles un spectateur n’aura aucune
gêne et encore moins de maux de tête. Nous disons aussi que l’art
de la 3Ds n’en est qu’à ses débuts. Il y aura sans doute la possibilité
pour des réalisateurs de films ou d’émissions de télévision de dé-
passer ce cadre technique, au moins ponctuellement, afin de provo-
quer des émotions toutes nouvelles chez le spectateur.
         Enfin, on remarque que la perception de la profondeur d’un
objet dans une scène 3Ds est modifiée suivant la taille d’affichage
des images in fine (écrans de cinéma ou téléviseurs). Ce livre blanc
décrit donc les différentes technologies d’affichage et définit les
contours techniques des futurs programmes 3Ds livrés à la télévi-
sion et au cinéma.
         En fait, si l’on devait résumer l’objectif principal de ce livre
blanc, nous dirions qu’il consiste à informer suffisamment les pro-
fessionnels de l’audiovisuel et du cinéma sur les possibilités de la
3Ds, afin qu’ils s’approprient le plus largement possible ce nouveau
langage et que puisse être évitée une désillusion du public pour ce
nouveau champ artistique et technique, comme cela a pu être le cas
lors de la première vague d’engouement pour le relief au cinéma
dans les années 1950 et 1960.

Ce document est un état de l’art en mai 2011. Il sera amené à évoluer
en fonction des développements technologiques et artistiques à
venir. Vous trouverez donc des versions mises à jour de ce livre blanc
téléchargeables sur l’ensemble des sites web partenaires.

* Plutôt que d’employer les termes relief ou «3d» assez imprécis pour
l’un et source de confusion avec les images de synthèse pour l’autre,
nous recommandons d’utiliser le terme 3ds pour 3d stéréoscopique.




                                   7
PrinciPeS de La 3ds
                                                      La stéréoscopie : un nouveau langage de réalisation
                                                      La création au cinéma ou à la télévision n’est pas


L
       a différence fondamentale entre les tenta-     liée à la seule évolution des techniques de pro-
       tives du passé et l’essor actuel de la 3Ds     duction ou de diffusion, mais également au rap-
       découle de la maîtrise technique du relief     port émotionnel que ces images entretiennent
sur l’ensemble de la chaîne de fabrication et de      avec le cerveau humain. De ce point de vue, la
diffusion des images, permise par les technolo-       3Ds rend nécessaire de reconsidérer ce rapport,
gies numériques.                                      afin d’adapter les conditions de création d’une
L’utilisation des outils numériques et les pos-       œuvre cinématographique ou télévisuelle à cette
sibilités de modifications de l’image, pixel par      problématique. La 3Ds induit une rupture dans
pixel, depuis la prise de vue jusqu’à la diffusion    les pratiques de mise en scène qui nécessite de
sont autant d’étapes désormais incontournables        réinventer une interprétation de l’espace décidé
en constante évolution. Ils garantissent la qua-      par le réalisateur. On constate aussi, en étudiant
lité de l’image 3Ds nécessaire au confort visuel      certains paramètres de tournage tels que la lu-
du spectateur.                                        mière ou le cadre que si rupture il y a entre la 2D
Les outils numériques participent à la maîtrise       et la 3Ds, elle se situe plus du côté de l’accepta-
de la mise en scène stéréoscopique. C’est fort        tion du cerveau du spectateur que du côté de la
de ce constat que nous souhaitons aujourd’hui         pratique artistique.
favoriser l’émergence d’un nouveau langage ci-        En 2D comme en 3Ds, le réalisateur reste donc
nématographique ou télévisuel lié à l’usage de        le principal juge de l’utilisation du relief afin de
la 3Ds.                                               servir son récit, qu’il s’agisse de film, de téléfilm
Une conception purement technique de la 3Ds           ou de programme télévisé. De la même manière
est un pari risqué. Il est préférable de s’appuyer    qu’il décide de la mise en scène en 2D, il formu-
sur le savoir-faire à la fois technique et artisti-   lera une demande particulière au stéréographe
que des techniciens ou entreprises de presta-         qui veillera à sa concrétisation. Le travail com-
tions techniques spécialisés, qui ont à la fois une   mun du réalisateur et du stéréographe vise donc
connaissance théorique solide et une expérience       à établir une « conduite relief » (modulation de
empirique de la 3Ds avant de se lancer dans cet-      la gamme stéréoscopique), matérialisée par un
te aventure.                                          graphique ou des annotations sur le script ou sur
La mise en scène d’une séquence en 3Ds ne             un story-board, qui servira de guide à l’équipe de
peut se résumer à un algorithme de mise en            tournage. Un relief trop fort risque d’amener un
relief automatique, aussi parfaitement calibré        inconfort visuel sur la durée ; de même qu’un re-
soit-il, ou se passer de l’expérience de terrain      lief trop faible risque de frustrer le spectateur.
d’un intervenant spécialisé en matière de 3Ds         C’est principalement à l’intérieur de ces limites,
qui s’adapte aux conditions de tournage le plus       que le réalisateur pourra choisir ses intentions
souvent pleines d’imprévues. La réalisation           de profondeur.
d’une scène 3Ds, si l’on souhaite obtenir un          Le stéréographe traduira ces intentions avec les
confort visuel chez le spectateur, nécessite une      outils dont il dispose et dont il supervisera la
mise en scène parfaitement réglée et des angles       maîtrise physique. De ce fait, il est responsable
de caméras parfaitement maîtrisés. Si les équi-       des réglages de l’angulation et de l’entraxe, et
pes de production ne s’entourent pas de com-          par conséquent du placement du plan de conver-
pétences allant dans ce sens, elles risquent de       gence (voir annexe 2).
limiter leurs possibilités de générer des émo-        Notons que la taille de l’écran de contrôle 3Ds
tions chez le spectateur spécifiquement liées à       sur le tournage ne correspond pas forcément
la profondeur ou au jaillissement du relief, ou       à celle de l’écran de diffusion final. Le stéréo-
même dans certains cas « extrêmes » évoqués           graphe devra clairement informer l’équipe de
dans ce livre blanc, générer un inconfort visuel      production des différences de sensation de pro-
dans le public.                                       fondeur suivant la dimension de l’écran de des-



                                                      8
la scénarisation d’une scène en relief
                                                                              Dès l’écriture, on peut prendre en compte le relief et l’utiliser comme un outil narratif. Il est possible d’imaginer
                                                                              des scènes dont l’intensité dramatique sera amplifiée si l’on joue avec la profondeur, le jaillissement ou les
                                                                              effets de gigantisme et de miniaturisation. Les scénaristes peuvent réfléchir aux effets relief à l’avance, parfois
                                                                              en intégrant directement leurs idées dans le scénario.
                                                                              Celles-ci peuvent être indiquées en majuscules - dans le monde anglo-saxon, elles sont parfois précédées de la
                                                                              mention « 3DFX ». Néanmoins, la logique du processus de création d’un film invite à confier au réalisateur
                                                                              et/ou au stéréographe le contrôle des effets stéréoscopiques.
                                                                                                                                                 Pour exemple, dans OcéanoSaures (Sea Rex),
                                                                                                                                                 film IMAX 3D écrit et réalisé par les français Pas-
                                                                                                                                                 cal Vuong et Ronan Chapalain, les intentions de
                                                                                                                                                 mise en scène stéréoscopique apparaissent dès le
                                                                                                                                                 story-board. A noter que dans le cas de ce film,
                                                                                                                                                 Pascal Vuong a réalisé lui-même le story-board
                                                                                                                                                 et Ronan Chapalain a supervisé la stéréographie,
                                                                                                                                                 permettant ainsi très tôt de concevoir chaque
                                                                                                                                                 plan dans toute sa profondeur et non plus com-
                                                                                                                                                 me une image 2D.
                                                                                                                                                 Sur cet extrait de story-board, des indications
                                                                                                                                                 colorées ajoutées au dessin initial permettent de
                                                                                                                                                 repérer rapidement les éléments en jaillissement
OcéanoSaures - Voyage au Temps des Dinosaures © 2010 - N3D LAND Productions




                                                                                                                                                 ou le positionnement du personnage par rapport
                                                                                                                                                 au plan de l’écran. Ces indications de mise en
                                                                                                                                                 scène stéréoscopique, ajoutées au choix de ca-
                                                                                                                                                 drage et de découpage permettent au réalisateur
                                                                                                                                                 et à l’équipe du film de mieux préparer le tour-
                                                                                                                                                 nage et la postproduction des images et d’éviter
                                                                                                                                                 les écueils d’une stéréographie envisagée trop
                                                                                                                                                 tardivement.




                                                                                                                                      9
tination de l’oeuvre, et justifier de son réglage     à une retransmission 2D. A l’inverse, certains
non pas « visuel » mais « prévisionnel ».             sports en salle comme le basket-ball où l’on
De plus en plus de paramètres de la « pro-            peut être plus proche de l’action, offrent un re-
fondeur » peuvent désormais être modifiés en          lief qui renforce l’émotion du spectateur.
postproduction. De ce fait, tout comme l’éta-
lonnage couleur donne le ton des scènes d’un          La préproduction
film, « l’étalonnage 3Ds » devient une étape im-      La préparation est essentielle pour la réussite
portante après le montage. Il permet de donner        d’un tournage en 3Ds. Des repérages parti-
une tonalité générale de perception du relief et      culièrement minutieux (relevé des distances,
de raccorder la 3Ds entre les plans en fonction       vérification des lointains, prise en compte de
de l’intention finale du réalisateur.                 l’encombrement du rig 3Ds) permettront de
                                                      prévenir beaucoup de problèmes à l’avan-
Penser la 3Ds en amont du tournage                    ce. La réalisation d’un story board 3Ds est
Si l’on souhaite obtenir un effet de relief de        conseillée.
qualité, il peut être utile de vérifier au préala-    Sans assistance logicielle, ce storyboard pour-
ble la pertinence du choix de la 3Ds sur telle        ra présenter, pour chaque plan au moins deux
ou telle œuvre ou programme de télévision dès         vues pour les cas les plus complexes :
l’écriture du synopsis ou du scénario. Ainsi, un      - Le plan lui-même, comme dans un film clas-
récit se déroulant dans l’univers aéronautique,       sique. Idéalement, le storyboardeur devra réa-
aérien ou aquatique se prête totalement au            liser un story board optiquement correct.
relief de jaillissement, car les objets peuvent       - Une vue « de côté » matérialisant l’emplace-
être de manière illusoire « décollés » de tout        ment du plan de l’écran, afin de bien distinguer
support, comme en lévitation dans un fluide ou        les objets qui devront être en avant du plan de
le vide.                                              l’écran ( = en jaillissement) et ce qui devra être
D’autre part, des plans plus longs et/ou des          en arrière de celui-ci ( = en profondeur).
mouvements plutôt lents et fluides des objets         - Dans les cas les plus complexes, une vue de
et des caméras favorisent aussi la perception         dessus, avec l’emplacement du plan de l’écran,
d’un relief plus confortable. Ils laissent le         pourra également être utile.
temps au public de le découvrir et de rentrer         Au-delà de ces règles générales, il peut être
dans la profondeur de l’image. De même, des           opportun d’utiliser un logiciel de prévisualisa-
plans larges avec des cadrages en plongée ou          tion qui simule ce que sera le plan pour dé-
en contre-plongée favorisent l’effet de relief        finir ses axes et mouvements de caméra en
et intensifient les sensations de vertiges. Les       3Ds. Un tel logiciel permet de reconstituer
formes géométriques, de bâtiments par exem-           précisément, en images de synthèse, chaque
ple, sont plus rapidement identifiées par notre       lieu de tournage et la position caméra (quelle
cerveau et favorisent la rapidité d’immersion         que soit le type du rig). Il permet de calculer et
dans le relief.                                       prévisualiser le cadre, l’entraxe et l’angulation
Concernant les programmes de flux, aujourd’hui        appliqués lors du tournage ou en postproduc-
parmi les premières expérimentations de re-           tion. Tous les paramètres tels que la focale,
transmissions sportives en 3Ds, le football fait      le diaphragme, la profondeur de champ, les
figure de favori du fait de son audience très         mouvements, etc peuvent être également pré-
importante et de son public potentiellement           déterminés.
intéressé par le fait de visionner les matchs en
relief. Pour autant, la mise en scène actuelle        L’importance du repérage des volumes
de ce sport à la télévision, axée sur des tra-        Lors des repérages ou en préparation d’un film
vellings latéraux et une profondeur de champ          en 3Ds, il est nécessaire que le réalisateur et le
souvent difficile à maîtriser, n’est pas forcé-       directeur de la photographie repèrent les ca-
ment la mieux adaptée à une retransmission            dres en tenant compte de l’évolution et de la
en relief, à moins de repenser complètement           répartition des volumes dans la profondeur. Ils
les axes caméra et les travellings par rapport        peuvent s’appuyer sur le stéréographe qui les




                                                     10
aidera dans la recherche d’une homogénéité certains spectacles stéréoscopiques, en IMAX c
des choix d’axes et de focales relativement à la par exemple. Mais, pour la plupart des produc-
3Ds. Cette étape doit permettre de déterminer tions cinématographiques, le cadre reste l’un
la position du sujet au sein de la « boîte scé- des paramètres fondamentaux. C’est ce qui se
nique » contenant les volumes de la scène en passe à l’intérieur du champ ou hors-champ qui
trois dimensions. Ce repérage est capital.              justifie le mouvement de caméra selon le choix
A ce stade, il est utile de faire remarquer qu’en du réalisateur. Dans les programmes de flux, le
règle générale, le relief s’apprécie mieux cadre est beaucoup plus déterminé par le suivi
lorsqu’on est en mouvement, près du sujet et de l’action qui, pour le sport par exemple, est
plutôt en courtes focales. Toutefois, il est diffici- généralement centrée.
le de réaliser tout un film sans plan serré. Pour
les plans recourant aux moyennes et longues fo- Une caméra en mouvement
cales, le repérage du positionnement des mas- Les plans en mouvement renforcent la percep-
ses du décor devient encore plus décisif pour                                     tion de la succession
déterminer la place                                                                des volumes dans la
des comédiens et le                                                                scène. Cette mise en
point de vue de la                                                                 valeur des volumes
caméra dans la                                                                      s’obtient bien sûr
profondeur et en                                                                    par le mouvement
bordure de cadre.                                                                   entre les comédiens
La sensation de                                                                     et les objets dans le
relief obtenue, in                                                                  cadre. Elle est éga-
fine, même si elle                                                                  lement accentuée
paraît réaliste ou                                                                  par le déplacement
admissible pour                                                                     du point de vue de la
un plan, peut ne                                                                    caméra qui renforce
                      © Convergence3D.net




plus l’être lors du                                                                 la présence des co-
montage de plu-                                                                     médiens. Peut-être
sieurs plans dans                                                                   un nouvel espace
leur continuité.                                                                    entre cinéma et
Par exemple, lors                                                                   théâtre ?
d’un tournage en
2D, il est courant          Capture d’écran d‘un logiciel de prévisualisation 3Ds
                                                                                    La lumière en 3Ds
de « tricher » la po-
                                                                                   Si dans la cinémato-
sition des comédiens
                                                                                   graphie en 2D, la lu-
(pour faciliter une prise de vue ou une perspec-
                                                        mière et son contraste ne sont limités que par la
tive). Cette pratique doit susciter la plus grande
                                                        normalisation de la projection et dans ce cadre,
vigilance en 3Ds.
                                                        la puissance du projecteur, il en va tout autre-
                                                        ment de la stéréoscopie. Les forts contrastes,
Le cadre                                                plus particulièrement en bordure du champ, à
La précision du cadre cinématographique est travers des feuillages en contre-jour ou entre
l’un des paramètres essentiels de la prise de les différentes composantes du sujet peuvent
vues 2D. Or, dans la stéréoscopie, où nous som- entraîner une véritable gêne cérébrale pour le
mes plus proches des bas et/ou hauts reliefs, le spectateur.
cadre présente une légère indécision en rapport L’abaissement du contraste est souvent conseillé
avec les deux champs filmés qui ne se recou- sans que nous ne sachions encore le quantifier
vrent exactement que dans le plan de conver- précisément aujourd’hui.
gence ou plan de l’écran. Par ailleurs, la notion De ce fait, les prises de vues pour lesquelles les
d’immersion du spectateur est souvent mise en niveaux d’éclairement et de contraste ne sont
exergue, avant même la notion de cadrage pour pas maîtrisables, demandent des capteurs cou-




                                                 11
vrant une grande dynamique, afin d’obtenir des       de steadicam ou déplacements d’une caméra à
images capables de conserver du modelé dans          l’épaule soulignent la position relative des ob-
les hautes et basses lumières. Cela permet           jets les uns par rapport aux autres.
également un meilleur ajustement du contraste        - La taille des objets décroît avec la distance. On
lors de l’étalonnage des films stéréoscopiques       peut utiliser cela pour « tricher » certains plans,
ou des programmes TV.                                sous condition de garder une vraisemblance
De même, il est conseillé de faire attention à       des effets de réduction si on veut conserver une
l’écrêtage des hautes lumières, car celles-ci        image réaliste.
peuvent produire une disparité de forme entre        - La gradation des textures : briques, herbes,
les deux images stéréoscopiques, comme lors          pavés, etc., deviennent moins définis avec la
d’un arrière-plan flou sur des feuillages éclai-     distance.
rés en contre jour.                                  - La « dispersion atmosphérique » (effet de bru-
                                                     me) : elle est due à la pollution du milieu traver-
Se servir des indices visuels                        sé en fonction de son épaisseur. Elle joue pour
                                                                              les infinis comme pour
de profondeur pour la
                                                                              une pièce enfumée.
mise en scène 3Ds                                                             - L’effet de perspective
Construire un plan en                                                         est un indice très im-
relief ne signifie pas                                                        portant : notre regard
seulement savoir ré-                                                          recherche de manière
gler la stéréoscopie,                                                         permanente les lignes
c’est aussi se servir                                                         de fuite d’une scène
des indices qui vont                                                          pour comprendre sa
faciliter la compré-                                                          perspective en utilisant
hension de la profon-                                                         les routes, les voies fer-
deur de l’image.                                                              rées, les immeubles.
Il faut donc savoir                                                           - Le relief est avant tout
utiliser les indices                                                          comparatif. Le cerveau
stéréosopiques mais                                                           est plus performant
aussi les indices non-                                                        pour     comparer      par
stéréoscopiques.                                                              exemple les couleurs
La peinture et la pho-                                                        que les analyser. Il en
tographie nous rap-                                                           va de même pour la sté-
pellent qu’en 2D, de                                                          réoscopie. Une réparti-
nombreux         facteurs                                                     tion des volumes dans
permettent au cer-                                                            la profondeur favorisera
veau d’analyser et de                                                         l’impression de relief. Il
comprendre la pro- Visualisation de la zone de confort visuel qui fait aura plus de peine s’il
fondeur d’une image.                 référence en matière de 3Ds
                                                                              n’y a qu’un élément au
On conserve d’ailleurs                                                        premier plan détaché
cette faculté lorsqu’on                                                       d’un autre élément placé
ferme un oeil. L’utilisation de ces indices non- à l’infini sans volume intermédiaire. Par exem-
stéréoscopiques va faciliter la compréhension ple : une abeille en jaillissement sur un fond de
de l’espace et participer à la sensation de relief. montagnes lointaines à l’infini ne favrorisera
Parmi ces facteurs, on peut citer :                  pas l’impressipon de relief.
- Un objet proche masque un objet lointain. Cet - Par ailleurs, on préfère parfois placer les ti-
effet qui peut être obtenu par le mouvement des tres en jaillissement sur fond texturé plutôt que
comédiens ou des objets dans la profondeur est sur un fond noir.
renforcé par le mouvement du point de vue ca- - Les textures et les ombres sont des objets sté-
méra. Les travellings, mouvements de grue ou réoscopiques, des « indices » supplémentaires




                                                     12
la gestion de l’effet de jaillissement
    Le jaillissement est l’un des        et lente si l’intensité est forte,    empirique qu’il y a un phénomène
    effets propres au relief. Il donne   pour préserver le confort visuel.     d’apprentissage du spectateur
    la sensation que les objets          Un même jaillissement peut être       dans sa capacité à « lire » avec
    sortent de l’écran en direction du   d’une intensité variable et réalisé   confort les effets jaillissement
    spectateur.                          en deux temps : faible puis fort,     : au début d’un film il faut
    Toutefois, il y a des règles à       afin de renforcer l’effet final.      environ 3 secondes pour que le
    respecter pour que cet effet         La durée totale du jaillissement      cerveau se plie au décalage entre
    ne produise pas d’inconfort          ne peut être trop longue, afin        convergence et accommodation
    visuel. Les éléments ou parties      de préserver le confort visuel.       qu’on lui impose, tandis qu’au
    d’éléments jaillissants doivent      Toujours pour des raisons             bout de dix minutes d’un film
    être contenus dans le champ des      de confort visuel et de souci         en 3D stéréoscopique, ce temps
    caméras. La vitesse d’apparition     d’équilibre narratif, la fréquence    d’accommodation est réduit à
    du jaillissement doit être ni trop   des jaillissements au long d’un       1/2 sec. Il est donc fortement
    lente, ni trop rapide. Il faut       film ou d’un programme TV doit        déconseillé d’abuser des effets de
    laisser un temps suffisant au        être un savant dosage suivant la      jaillissements brutaux en début
    spectateur pour que son cerveau      durée du film entre la répétition     de film, car ils pourraient devenir
    s’habitue à cette apparition.        des jaillissements et leurs           douloureux et mal interprétés par
    Celle-ci peut être rapide si         différences d’intensités.             le cerveau des spectateurs.
    l’intensité de l’effet est faible    Enfin, on constate de manière

pour comprendre la profondeur. C’est pour-                  La gamme stéréoscopique est une mesure de
quoi certains chefs opérateurs préfèrent uti-               la quantité de relief d’une image. Il s’agit de la
liser des lumières plus directionnelles qu’en               différence entre le décalage de l’objet le plus
2D, pour marquer les ombres. Les régions non                loin et le décalage de l’objet le plus proche
détaillées de l’image : un ciel complètement                dans un plan.
blanc, un intérieur avec des zones totalement               La gamme stéréoscopique est amenée à varier
noires, sont moins favorables à la compréhen-               à l’intérieur d’un plan, entre deux plans et sur
sion au relief qu’un ciel nuageux ou un inté-               la durée d’un film. Dans l’ensemble de ces cas,
rieur dans lequel la pénombre laisse voir la                on peut parler de « modulation des gammes
subtilité des détails.                                      stéréoscopiques ».
- Il faut également veiller à la cohérence des              La gamme stéréoscopique est une donnée ma-
profondeurs, et éviter les « collisions » d’un ti-          thématique mesurable pour chaque image en
trage placé sur le plan de l’écran avec un objet            pourcentage de sa largeur ou en pixels.
en jaillisement. L’« erreur de fenêtre » carac-             Le terme « budget stéréo », traduction de l’an-
térise, elle, la collision entre un bord d’écran            glais « depth budget » est parfois utilisé pour
et un objet en jaillissement.                               désigner, soit la gamme stéréo, soit la modu-
                                                            lation des gammes stéréos, ce qui peut prêter
                                                            à confusion.
Il est important d’utiliser l’ensemble de ces indices
                                                            Cette mesure mathématique (la gamme sté-
pour enrichir les paramètres de mise en scène sté-          réoscopique) donne une impression de relief
réoscopique.                                                variable selon taille de l’écran : une même
                                                            gamme stéréo peut donner une impression de
La gamme stéréoscopique                                     relief faible sur un petit écran, plus importante
et la modulation des gammes stéréoscopiques                 sur un écran de cinéma et très puissante sur




                                                     13
Exemple de modulation de la gamme stéréoscopique
                                      sur la durée d’un film


un géant de type IMAX©. L’acceptation par le
spectateur d’une gamme stéréo choisie pour
un écran donné est, de plus, variable selon les    Assurer la continuité de la modulation de gamme
individus.                                         stéréoscopique tout au long d’un film
Des études scientifiques sont toutefois en         Il est indispensable de penser un film ou un
cours en France (3D Acceptance & Comfort) et       programme TV en 3Ds dans sa continuité.
aux Etats-Unis (BanksLab, Université de Ber-       Pour le cinéma en 3Ds, comme en 2D, on mo-
keley) pour éclaircir les rapports entre gamme     difie souvent l’ordre des séquences et des
stéréoscopique et confort visuel.                  plans aux différentes étapes de la fabrication
Sans repères fiables à 100 % dans ce domaine,      d’un film et en particulier au montage.
nous préconisons de tester au cas par cas, lors    La modulation de la gamme stéréoscopique
de la réalisation d’un teaser ou d’un test, les    risque d’être modifiée par l’inversion des
plans litigieux qui vont s’écarter des limites     plans lors du montage. Par exemple, un gros
« acceptables » de la stéréoscopie.                plan très en jaillissement raccordera mal avec
Généralement, l’usage veut que l’on modère         un plan large de paysage très en profondeur :
le dépassement de ces limites au profit de la      cette alternance fatigue le spectateur. Donc,
mise en scène.                                     il faut prendre garde dans l’agencement des
A noter qu’il existe déjà des recommandations      plans à assurer des transitions de profondeur
techniques définissant les limites acceptables     en douceur pour le public.
des gammes stéréoscopiques pour la diffusion
3Ds en télévision (ex: BSkyB 3D). L’établisse-
ment de recommandations techniques est en
cours d’étude en France.




                                                  14
riGS eT caMéraS                                      l’on veut obtenir du relief. C’est par exemple le cas
                                                          pour les prises de vues depuis un hélicoptère.
STéréOScOPiqUeS
                                                          Le rig à miroir semi-transparent

O
       n appel rig, les supports réglables sur les-       CLes caméras sont placées verticalement à 90°
       quels peuvent être agencées et réglées les         l’une de l’autre et se trouvent en coïncidence
       caméras. Il en existe de deux types, selon         optique dans un miroir semi aluminé. Ce miroir,
que l’on place les caméras « cote à côte » ou en          appelé également « lame séparatrice », permet
coïncidences dans un « miroir ». On les appelle           pour l’une des caméras de filmer au travers et
donc naturellement rig « côte à côte » et rig «           pour l’autre de filmer en réflexion sur le côté ré-
miroir ». C’est la nécessite d’obtenir ou non des         fléchissant.
entraxes faibles ou importants qui détermine le           Pour cette application, la transmission et la ré-
choix d’un rig. Si l’on veut de grands entraxes, gé-      flexion des miroirs sont égales à 50 % afin que la
néralement pour une prise de vue sur hélicoptère          perte de un diaphragme qui est induite pour cha-
ou pour des plans lointains on utilise un rig « côte      cune des caméras soit identique ou proche. Le
à côte ».                                                 miroir permet donc de filmer avec un entraxe égal
La sophistication des rigs côte à côte ou miroir          à zéro et de s’affranchir ainsi des problèmes liés à
n’est pas liée au dispositif mais à la définition faite   l’encombrement des caméras et des optiques.
par le fabriquant. Chez certains constructeurs, les       On peut donc réduire l’entraxe jusqu’à 0 mm, ce
rigs sont versatiles et sont simplement assemblés         qui permet d’aligner parfaitement les caméras.
différemment pour être installés en côte à côte ou        Le rig miroir permet principalement d’obtenir de
en miroir..                                               petits entraxes indispensables pour filmer près
                                                          du sujet, ce qui est le cas de la grande majorité
Le rig côte-à-côte (side-by-side)                         des plans d’une fiction.
Les deux caméras identiques sont placées l’une            On utilise les rigs miroir sur steadicam, crosse
à côté de l’autre sur des rigs mécaniques ou              d’épaule et la plupart des machineries classiques.
électroniques plus ou moins rudimentaires.                Les rigs miroirs présentent deux types de
L’avantage de ce dispositif est d’être souvent plus       conception ou d’agencement quand il peuvent
rigide et d’éviter les aberrations liées au miroir.       être retournés autour de l’axe optique :
Son inconvénient est qu’il favorise les grands            - la première, dite zénithale, favorise la protection
entraxes d’où résulte l’effet « maquette » lié à la       du miroir. La caméra verticale est placée en des-
miniaturisation apparente des objets filmés. On ne        sous de l’axe optique et dirigée vers le haut. Ce
sait pas éviter cet effet aujourd’hui, mais, obtenu       dispositif permet une protection plus simple des
dès lors que l’on dépasse l’entraxe visuel humain,        lumières parasitant le miroir.
il peut être subi ou recherché selon la volonté de        - La seconde dite « position grue » présente l’avan-
mise en scène du réalisateur.                             tage, ayant sa caméra verticale placée au dessus
Dans tous les cas, il n’y a pas d’autre solution          du miroir, de pouvoir rapprocher l’axe optique
quand on film de loin, avec des objets premier            très près du sol et par conséquent d’effectuer des
plan situés à grande distance de la caméra, et que        contre-plongées verticales importantes.
DR




                                      Deux types de rigs côte-à-côte




                                                     15
DR
                             Deux exemples de caméras 3D intégrées

                                                 électroniquement avec précision via un ordinateur.
La caméra 3Ds intégrée                           Plus récemment, des instruments d’analyse
Apparaissent aussi sur le marché des des images 3Ds émergent avec notamment la
caméscopes professionnels qui enregistrent possibilité de réaliser un traçage temps réel
deux vues d’une même scène à                                       précis des problèmes de disparité
travers deux axes optiques intégrés                                 au sein d’un couple d’images
dans le même corps caméra. Ce                                       stéréoscopiques et de les
type de technologie tout intégrée a                                 corriger en temps réel.
le mérite de limiter les problèmes                                  Tous     ces      facteurs    font
de disparité entre les deux points                                  qu’aujourd’hui, on voit apparaître
de vues stéréoscopiques que l’on                                    chez plusieurs équipementiers
souhaite fusionner, notamment                                       des solutions à la fois matériel-
les problèmes d’alignement, de                                      les et logicielles de traitement
différences de mise au point et de                                  en temps réel de la prise de vues
zoom... Toutefois, la caméra 3Ds                                    3Ds qui permettent d’automa-
intégrée a l’inconvénient de ne                                     tiser une partie des corrections
proposer généralement qu’un seul                                    telles que les disparités vertica-
réglage de l’écart interaxial et un                                 les, la détection des problèmes
réglage de vergence limité. Des                                     de rotation et de déformation
restrictions qui engendrent des                                     trapézoïdale. Certains logiciels
                                      DR




contraintes fortes quand il s’agit                                  permettent également d’auto-
de filmer une scène en relief de                                    matiser l’ajustement de l’écart
près et plus généralement qui ne           Exemple de rig           interoculaire et de convergence...
permettent pas la maîtrise de la       semi-transparent installé   Des solutions de ce type conçues
mise en scène de la stéréoscopie grâce    sur un steadicam       en France ou à l’étranger, permet-
aux réglages des deux paramètres que                             tant de corriger ces problèmes ou
sont l’entraxe et la vergence.                   de maîtriser ces paramètres en temps réel, sont
                                                 d’ores et déjà utilisées sur les lieux de tournage,
Le progrès des rigs 3Ds                          notamment dans la production sportive en direct.
et le contrôle des disparités                    Les correcteurs de relief sont également intégrés
Depuis la fin des années 90, les Industries dans des outils de visualisation utilisés en fiction
Techniques de la Création ont vu l’essor de ou en captation afin de juger des effets obtenus
rigs motion control capables d’être opérés sans fatigue cérébrale pour l’équipe.




                                                    16
méthodes Pour aligner, synchroniser les caméras 3ds
Pour réaliser une prise de vues stéréoscopique parfaite à l’aide d’un rig ou d’une caméra 3Ds intégrée, les deux
optiques émanant des deux caméras doivent, bien évidemment, être identiques en tout point. L’alignement
parfait, au pixel près, des caméras, est crucial pour le confort visuel du spectateur final. La moindre disparité
verticale doit être éliminée, car elle force un œil à regarder en haut, et l’autre en bas…
De nombreux autres facteurs peuvent provoquer des disparités verticales gênantes :
          - Problème de hauteur entre les caméras
          - Problème de panoramique vertical entre les caméras
          - Problème de rotation entre les caméras
          - Différence (même infime) entre les focales des caméras, qui est une des raisons expliquant
            la difficulté pour zoomer en relief
          - Aberrations optiques différentes entre les optiques
Une solution consiste à minimiser ces problèmes de disparité au tournage (même si c’est quasiment impossible
dans la pratique), en mettant les caméras à 0 cm d’entraxe et en utilisant des mires et le moniteur 3Ds pour
régler finement l’alignement.
De même, on veillera à ce que la colorimétrie et la luminosité des caméras soient identiques. Le vectorscope du
moniteur 3Ds permet de contrôler cela avec précision.
Enfin, la synchronisation des caméras est nécessaire, au timecode (pour le monteur), mais surtout au balayage
près, sous peine de fatigue visuelle chez le spectateur due au décalage temporel entre les balayages des CCDs.
Pour le timecode, il faut connecter les caméras, et mettre une caméra en TC « master » et l’autre en « slave ».
Pour les balayages, mettre une caméra en Genlock master et l’autre en Genlock slave n’est pas assez précis, sauf
exception comme avec certaines paluches ou des caméras conçues à cet effet. On préfère donc avoir recours à un
boitier de synchronisation externe en Tri-level Sync, connecté sur les entrées Genlock des caméras.
Les caméras dépourvues d’entrée Genlock, comme les appareils photo numérique sont problématiques. Certains
moniteurs 3Ds permettent toutefois de visualiser les balayages et de tenter une synchronisation « à la main » ou
« à la volée » en déclenchant les caméras simultanément. Mais, ceci ne présente pas les garanties indispensa-
bles à un projet de long métrage ou de direct à la télévision.




                                                     17
POSTPrOdUcTiOn 3ds :                                la direction du stéréographe du film ayant déjà
                                                       oeuvré au moment du tournage.
cOrrecTiOnS eT wOrkFLOw
                                                       Les raccords de plans

r
       éaliser une postproduction en 3Ds n’est         lors du montage d’images 3Ds
       pas très différent d’une postproduction         Le rythme des plans montés en stéréoscopie
       traditionnelle, si ce n’est qu’elle nécessite   est logiquement plus lent que celui d’un mon-
de gérer des volumes de fichiers deux fois plus        tage à partir d’images 2D car il faut environ une
importants. Il est également nécessaire d’assu-        seconde au cerveau pour apprécier, au moment
rer une continuité de la profondeur des scènes         du changement de plan, le nouvel univers à ex-
3Ds, à la fois en soignant l’enchaînement de leur      plorer. Un apprentissage du spectateur pourrait
gamme stéréoscopique et en corrigeant les dis-         toutefois réduire le temps d’accommodation né-
parités entre les deux images gauche et droite.        cessaire à chaque changement de plan. Mais, à
                                                       ce jour ce n’est qu’une supposition.
Le visionnage des rushes 3Ds au cœur du process        Afin de limiter la gêne cérébrale et raccourcir le
La postproduction des images relief oblige à re-       temps d’adaptation entre chaque plan, il est éga-
venir à des méthodes de travail plus rigoureu-         lement possible d’utiliser le principe de « fondu
ses qu’auparavant et à une définition plus pré-        au relief » qui permet d’adoucir le passage d’un
cise des tâches de chacun, de la préparation du        plan à l’autre pour des reliefs manifestement
tournage à la postproduction. Ces précautions,         trop différents.
prises en amont des différentes opérations, per-       Du fait de ces contraintes, il serait dans l’absolu
mettent de limiter l’alternance de séquences re-       plus pratique que le montage stéréoscopique se
lief incohérentes entre elles.                         fasse « on-line » directement à partir des ima-
Toutefois, même si un stéréographe a parfaite-         ges stéréoscopiques déjà corrigées. Toutefois,
ment réglé les rigs et pris garde de limiter les       pour des raisons de fatigue visuel sur la durée
« mauvais » raccords de plan, le monteur devra         mais également d’économie et/ou de non-dis-
vraisemblablement, comme c’est le cas en 2D,           ponibilité des outils de montage 3Ds on-line, ce
changer l’ordre du montage prévu à l’origine. De       n’est que rarement le cas.
ce fait, il sera nécessaire de vérifier à nouveau      Par conséquent, lors des montages « off-line »
les raccords de plan lors de chaque visionnage         de films ou programmes 3Ds, il est impératif de
des rushes ou du montage 3Ds.                          visualiser les montages 3Ds et de les valider ré-
Par ailleurs, suivant la méthode de postpro-           gulièrement sur un écran stéréoscopique d’une
duction envisagée et le budget de production,          taille proche de celle qui sera utilisée lors de la
il pourra être utile de consacrer du temps aux         diffusion finale. Ainsi, il sera possible d’identifier
corrections de disparités involontaires entre          d’emblée les gênes visuelles qui résultent des
les images. Il s’agira de corriger ces disparités      disparités stéréoscopiques non corrigées ou de
géométriques et colorimétriques involontaires,         valeurs de relief différentes entre les plans.
même indiscernables, résultants inévitablement         Si possible, il est même souhaitable que les rac-
des dispositifs de prise de vue, entre les images      cords de plans soient étudiés lors de la prépara-
gauche et droite de sorte que chacun des pixels        tion du tournage, afin d’harmoniser les espaces
correspondant soit situé à la même altitude. At-       relief en amont et aval de la transition en rédui-
tention, ces corrections faites obligatoirement        sant au maximum les différences d’écartement
en direct pour une captation deviennent une            et de convergence des caméras. Néanmoins,
opération de post-production pour la fiction.          des ajustements seront souvent à prévoir en
Cette opération pourra se faire sur les rushes         postproduction par translation horizontale des
avant montage mais elle se fait généralement           images gauche et droite.
après montage aujourd’hui, pendant ou juste            Le changement de localisation dans l’espace du
avant l’étape de l’étalonnage du relief du film.       point d’accroche du regard, d’un plan à l’autre,
Elle sera l’œuvre d’un technicien stéréogra-           peut également entraîner un inconfort visuel.
phe connaissant les outils de correction sous          D’où la nécessité d’une écriture adaptée et d’un



                                                       18
« étalonnage relief » spécifique, en harmonisant        spectateur.
la gamme stéréoscopique de la fin du plan pré-
cédent et du début du plan suivant.                     Le matte-painting en 3Ds
                                                        Le matte-painting est une technique qui peut
Type de relief en fonction                              toujours être utilisée en 3Ds pour des décors au
des entrées de champ                                    loin, en arrière-plan vers l’infini, là où le paramé-
Le spectateur ressent un inconfort visuel si l’un       trage relief est au plus près de la vision humaine,
de ses yeux voit trop longtemps une partie d’élé-       sans perception véritable du relief. Il est toutefois
ment que l’autre œil ne perçoit pas encore dans         indispensable dans ce cas de figure de créer un
l’entrée de champ latérale. Un savant dosage en-        matte-painting s’intégrant très précisément dans
tre intensité du relief et vitesse d’entrée de champ    l’espace en trois dimensions « composité ».
sera donc à déterminer. Cela ne pose en revanche        Le discernement par le spectateur d’éléments
pas de problème quand cette entrée de champ se          3D stéréoscopiques composités est en effet bien
fait soit au niveau du plan de convergence (plan de     plus fin qu’au cœur d’une image 2D. Une com-
l’écran) soit verticalement (par le haut ou le bas      position imprécise de l’image en relief sera tout
de l’écran), car dans ces cas les deux yeux voient      de suite repérée comme une incohérence par le
apparaître le même élément au même instant.             spectateur, et ceci d’autant plus que la taille de
                                                        l’écran de diffusion sera importante.
Vitesse, accélération
et trajectoire des caméras                              Le compositing en 3Ds
                                                        Afin de compositer précisément les différents
Les mouvements doivent être de préférence flui-
                                                        éléments de la scène finale, il va falloir se doter
des, lents, avec de faibles accélérations ou décé-
                                                        d’outils permettant en temps réel de visualiser
lérations et des trajectoires en courbes larges.
                                                        et de modifier les paramètres de chaque élé-
Si le scénario impose des effets rapides éloignés
                                                        ment. Et, si possible sur une taille d’écran la plus
de telles préconisations, on optera pour un relief
                                                        proche de la taille définitive de diffusion, afin de
plus faible : à l’extrême, les axes optiques des
                                                        tenir compte du facteur de grandissement.
caméras gauche et droite pourront peu à peu
                                                        Le truquiste doit donc être formé au relief et sa-
être confondus de manière à filmer en quasi mo-
                                                        voir mesurer et placer précisément les différents
noscopie, préservant ainsi le confort visuel.
                                                        éléments d’une image composite dans une scène
                                                        en 3D stéréoscopique. Le placement de ces élé-
Chasse aux contrastes trop forts                        ments devra être nécessairement très précis.
Les systèmes de diffusion 3Ds (filtres et lunettes      L’objectif de l’effet visuel est de modifier la per-
polarisants, lunettes à cristaux liquides…) n’ayant     ception de l’espace relief de chaque élément à
pas un pouvoir séparateur absolu, chaque œil            intégrer par :
perçoit plus ou moins le fantôme de l’image des-        •	 La translation horizontale des images gau-
tiné à l’autre œil. Il faut donc limiter le contraste        che et droite, modifiant le point de conver-
trop fort entre les éléments en avant et en arrière          gence et donc la localisation en profondeur
plan, en fonction de l’intensité des effets relief et        de chaque objet dans la scène. (« horizontal
des disparités horizontales créées.                          shifts »).
                                                        •	 Le redimensionnement de la taille des
Réglage de la lumière pour un jaillissement                  images après suppression des parties
Pour renforcer la sensation d’immersion, il faut             non communes aux vues gauche et droite
remplir le champ visuel du spectateur. Le mieux              (« crop » and « resize »).
est d’estomper progressivement les zones de             •	 La correction des disparités verticales,
l’objet jaillissant qui coupent les bords du cadre.          notamment les effets de trapèze
Pour cela, une méthode consiste à diminuer la                (« keystones ») dus à la convergence des
lumière d’une scène progressivement vers les                 deux caméras.
bords de l’écran. Le volume de la scène filmée
semble alors être entièrement centré sur le             Régler la convergence en postproduction



                                                   19
différence de profondeur entre les plans, et de
                                                                     laisser un léger sursaut de 3Ds à la coupe.
                                                                     Bien entendu, rien n’empèche d’utiliser un effet
     copyright : Technicolor




                                                                     de raccord 3Ds brutal pour provoquer une sen-
                                                                     sation particulière chez le spectateur.

                                                                     La gestion des fichiers 3Ds
                                                                     De plus en plus de tournages en 3Ds utilisent des
                                                                     caméras qui enregistrent en « mode fichier ». Il
                                                                     devient alors très intéressant de récupérer les
                                                                     informations X et Y des caméras pour les inté-
                                                                     grer aux métadonnées. En postproduction 3Ds,
                               Exemple de correction de disparités   une des questions centrales est la gestion du
                                        géométriques                 stockage qui devient cruciale. Le mieux est d’op-
                                                                     ter pour une sauvegarde régulière des images au
Il est important de noter que les convergences                       fur et à mesure de la production, car les quanti-
3Ds peuvent être réglées en postproduction et                        tés de données à traiter sont doublées.
ceci tout particulièrement pour les séquences                        La méthode qui consiste à réaliser le montage
truquées contenant des effets visuels. Dans ce                       on-line directement en 3Ds est utilisée le plus
cas, le tournage s’effectue souvent en mode « pa-                    souvent pour les programmes courts (publicité,
rallèle » et c’est en postproduction qu’est réalisé                  films corporate, films documentaires…). Cette
la convergence, ce qui est beaucoup plus simple.                     méthode suppose de disposer de stations de
Notons qu’une faible partie latérale des images                      montage suffisamment performantes pour pou-
sera perdue, alors que la vergence sur le plateau                    voir traiter en temps réel des images 3Ds dans
amènera plutôt une légère perte en haut et bas de                    leur pleine résolution.
l’image lors de l’élimination des effets de trapèze.
                                                                     Un montage plus long
L’adaptation de convergence et le montage :                          Le montage d’un projet 3Ds est réalisé dans cer-
le raccord relief entre 2 plans                                      tains cas à partir d’un seul point de vue, par exem-
En 3Ds, la convergence entre deux plans suc-                         ple l’image gauche. Pour apprécier la cohérence
cessifs doit être ajustée. Généralement, on rap-                     du montage final, on sera amené à faire réguliè-
prochera en postproduction les plans de conver-                      rement des conformations en 3Ds, permettant au
gence au moment de la coupe, s’ils sont trop                         monteur de modifier la structure et le rythme du
différents. Sinon, le spectateur risque de ressen-                   film selon les effets de relief obtenus.
tir un inconfort visuel.
La durée de cet ajustement peut également va-                        Allongement de la durée d’étalonnage
rier. Des expériences menées durant la produc-                       Le calibrage de l’écran d’étalonnage 3Ds doit se
tion de Legend of the Guardians: The Owls of                         faire en fonction des technologies de lunettes
Ga’Hoole (2010) ont permis de mettre en lumière                      utilisées (passives ou actives). En outre, il est
que la transition la plus douce en 3Ds est obte-                     difficile d’envisager d’étalonner (colorimétrie et
nue lorsque la vergence des entrées de plans                         densité) avec des lunettes 3Ds de nombreuses
est ajustée progressivement en fonction du plan                      heures consécutives, sous peine de fatigue ocu-
précédent. Dans ce film, la durée de l’adaptation                    laire. Généralement, on étalonne en 2D. Puis,
de vergence entre les plans variait d’une sé-                        lors du visionnage en 3Ds, on applique une cor-
quence à l’autre de 8 à 40 images. Par ailleurs,                     rection sur l’écran de visualisation (LUT) pour
plutôt que de faire en sorte que les caractéristi-                   compenser l’incidence de l’utilisation des lunet-
ques de profondeur de chaque plan correspon-                         tes sur la perception des images.
dent exactement au niveau du point de coupe, il                      A cette étape, il sera nécessaire d’ajuster la
a été constaté qu’il était possible sur la plupart                   gamme stéréoscopique du film appelée aussi
des séquences d’éliminer seulement 50% de la                         «étalonnage du relief» ou de modifier l’étalon-



                                                                     20
nage colorimétrique en fonction des contraintes              Tourner en 2D en respectant
de perception de la 3Ds.                                     les contraintes du relief
                                                             Toutefois, lorsqu’on filme en 2D en vue d’une
   La cOnverSiOn 2d/3ds :                                    conversion vers de la 3Ds en postproduction, il
                                                             est impératif de tourner en extrapolant déjà les
La néceSSiTé d’Un SavOir-Faire                               effets relief et en ayant en tête les contraintes
                                                             propres au relief. C’est ainsi que les amorces



c
                                                             de plan où les personnages sont la plupart du
       hoisir la conversion suivant les conditions de        temps coupés lors d’un tournage 2D par les
       tournage                                              bords du cadre, peuvent empêcher d’utiliser des
         Aujourd’hui, quelques blockbusters                  effets de jaillissement dans la scène. On peut
américains qui sont diffusés dans les salles de              tricher légèrement pour avoir un petit effet de
cinéma en 3Ds sont le fruit d’une conversion                 jaillissement, mais avec le risque d’engendrer
d’images 2D en 3Ds à la postproduction. La rai-              un début d’inconfort visuel sur une partie du pu-
son principale est économique et tient à ce que              blic, surtout si ce choix est répété tout au long du
les producteurs, face aux obstacles liés au tour-            film. D’une manière plus générale, des plans se-
nage en 3Ds, préfèrent répondre à la demande                 raient superbes en jaillissement à condition de
du marché des salles numériques en relief via                garder une certaine « aération » dans le cadre,
une conversion 2D/3Ds souvent plus facile à gé-              ce qui nécessite de reculer le groupe caméra ou
rer quand il s’agit de films intégrant un grand              bien d’éloigner ou recentrer les personnages du
nombre de plans truqués en numérique.                        premier plan.
Il est par exemple possible pour les besoins d’une           Certaines transitions et certains fondus déjà en
mise en relief de détourer des personnages qui               place dans un film ou un programme TV tourné
ont été filmés sur fond vert, de retraiter en 3Ds            en 2D vont devoir être adaptés aux contraintes
un décor qui a été tracké par une caméra virtuel-            des transitions entre espaces relief, sous peine
le... Généralement, ce décor aura été étendu en              de visualiser des volumes imbriqués les uns
matte-painting avec des créatures en images de               dans les autres sans cohérence spatiale.
synthèse insérées dans la scène et, dans ce cas,             Par conséquent, la mise en relief d’images 2D
le traitement en stéréoscopie au tournage peut               est un processus métier qui nécessite le plus
revenir plus cher et plus lourd à gérer qu’une               grand soin si l’on ne veut pas générer un in-
conversion 2D/3Ds en postproduction à partir                 confort visuel, voire un rejet chez le spectateur
d’un tournage 2D.                                            et respecter un certain réalisme du relief. Lors
Il est aussi possible de mixer les techniques au             d’une conversion 2D/3Ds, le relief devra être pa-
sein d’un même film. De tels projets « compo-                ramétré essentiellement pour assurer le confort
sites » comportent alors des plans tournés en                visuel des spectateurs, avec de beaux effets de
3Ds et d’autres convertis de la 2D vers la 3D, lor-          fenêtre mais avec peu de jaillissements efficaces
que ces séquences sont plus faciles à traiter en             et confortables vu la difficulté à bien les régler.
conversion 2D/3Ds plutôt qu’au tournage. C’est
le cas par exemple des séquences tournées en                 Corrections des disparités
longue focale en mode stéréoscopique qui peu-                La conversion 2D/3Ds réalisée de manière auto-
vent donner un effet de « plaques » successives.             matisée à l’aide de machines de postproduction
Cet effet d’aplatissement lié au tournage en lon-            est certes de plus en plus performante, mais il
gue focale est particulièrement gênant si l’on               n’en demeure pas moins que des étapes ma-
tourne un portait en plan serré. Le plus simple              nuelles et l’intervention d’un spécialiste, de-
et le plus économique est alors de filmer la sé-             meurent indispensables sans quoi on risque de
quence en 2D et ensuite de redonner du modelé                proposer un confort visuel insuffisant. Nombres
au visage grâce à une rotoscopie du personnage,              de disparités entre les deux points de vue image
de sorte que l’on donne au spectateur l’illusion             doivent être corrigées manuellement.
qu’il voit deux points de vue différents.                    De même, lorsque les lointains sont flous dans
                                                             l’image 2D d’origine, on devra redéfinir l’infini



                                                        21
dans l’image 3Ds reconstituée. Il est aussi né-          perception humaine du relief vers l’infini est en
cessaire de recréer de la matière 3Ds sur les zo-        effet quasi inexistante (à cause du faible espa-
nes où l’effet relief est accentué…                      cement entre nos deux pupilles, comparé à la
                                                         distance les séparant des objets observés). Il est
La conversion 2D-3Ds automatique, une aberration…        donc possible de leurrer facilement le cerveau
La plupart des systèmes de conversion automati-          via ce type d’opération en compositing.
que actuels donnent à voir une stéréoscopie trai-        Pour les matte-painting et effets visuels numé-
tée uniquement dans le sens de la profondeur et          riques plus proches des caméras virtuelles sté-
de l’immersion sans jaillissement. Ces machines          réoscopiques, il faudra en revanche modéliser le
fonctionnent à l’aide d’algorithmes reposant en-         décor en images de synthèse en 3D, afin d’avoir
tre autres sur un principe de reconnaissance des         véritablement deux perspectives des objets (une
couleurs, avec une répartition organisée sur le          pour l’œil gauche et l’autre pour l’œil droit). Sur
fait que les tons chauds sont plutôt sur le devant       ce type de plans précis, une sortie classique d’un
d’une scène et les tons froids derrière dans les         film ou programme TV en 2D ne pourra plus être
lointains. Le seul problème de cette règle soit di-      récupéré pour servir de base au relief. Il faut
sant « naturelle » est qu’elle comprend bien des         alors reprendre tous les fichiers 3D dans le com-
exceptions, ne serait ce que dès que l’on est dans       positing au niveau des matte-paintings et effets
un univers éclairé artificiellement ou lorsqu’ un        visuels numériques.
personnage a un vêtement d’un ton froid au pre-
mier plan, alors qu’en fond, on observe des tons
chauds. De ce fait, la conversion automatique
                                                              Le cOnFOrT viSUeL de La 3ds


                                                         L
génère beaucoup d’artefacts et d’ambiguïtés vi-
suels. Ces ambiguïtés vont rapidement détour-                  orsque ces inconforts sont faibles ils peu-
ner le spectateur de ce type d’images qui don-                 vent être quasiment imperceptibles mais
nent une vision tronquée de la réalité.                        ils produiront tout de même une gêne qui
                                                         se cumulera dans le temps et produira des ef-
                                                         fets secondaires plus ou moins détectables par
…nécessaire pour le traitement d’antenne 3Ds             le spectateur (douleur ou gêne oculaire, maux de
Toutefois, les diffuseurs TV seront rapidement
contraints à utiliser la conversion automatique
de la 2D vers la 3Ds, afin de réaliser des raccords
d’antenne en 3Ds suffisamment doux et accepta-
bles pour le téléspectateur entre différents pro-
grammes, comme par exemple entre des bandes
annonces et des publicités qui auront été réali-
sées avec des valeurs de relief différentes.

Animation en images de synthèse,
matte-painting et stéréoscopie
Tous les plans d’un film ou d’un programme de
télévision utilisant du matte-painting de décor en
arrière-plan sont à étudier en préambule de la
postproduction si l’on souhaite les convertir de la
2D vers la 3Ds. Il est notamment indispensable de        Un ophtalmologiste britannique Archibald Stanley Percival a
déterminer quels seront les éléments de matte            démontré dès 1920 dans l’ouvrage « The Prescribing of Specta-
                                                         cles » qu’il existait un lien direct entre la vergence, c’est-à-dire
painting qui devront être recréés par des modèles        la distance mesurée par notre œil avec un objet donné et la fa-
d’image de synthèse 3D pour obtenir un deuxième          culté d’accommodation du cerveau qui ajuste en permanence
point de vue caméra cohérent visuellement.               la focalisation de nos yeux pour ajuster le regard à la bonne
Pour des matte-painting de décors en arrière             distance par rapport à cet objet. L’analyse de ce phénomène
plan vers l’infini, il est en effet possible de « tri-   a permis de définir une zone de confort à mi-chemin entre la
cher » en créant du relief en compositing. Notre          distance de vergence de nos deux yeux et la distance focale.




                                                         22
têtes, nausées, etc.). Un inconfort de plus forte Le relief a ses règles de grammaire propres et
amplitude pourra aller jusqu’à l’impossibilité les ignorer produira des inconforts certains.
de regarder le contenu, voire même entraîner A mi-chemin entre la technique et la création,
un rejet de la technologie chez certains spec- le suivi de ces règles impacte l’ensemble de la
tateurs. C’est pourquoi des études françaises chaîne de création (mode de narration, mise en
et internationales sont en cours afin de fournir scène, entrée de champs des acteurs, cadrage,
aux diffuseurs TV et producteurs de films et de maquillage, costumes, montage, rythme, etc.).
programmes TV des éléments scientifiques pour Par exemple, il est de mise dans la narration 2D
juger la qualité du confort visuel.                    d’utiliser des amorces, celles-ci sont souvent en
La notion d’inconfort visuel face à des images bord cadre et il serait tentant de les faire sortir
3Ds peut intervenir à n’importe quel niveau de la de l’écran en 3Ds. Cependant, des mesures psy-
chaîne de perception et de reconstruction men- cho visuelles sur des audiences tests (source :
tale de cet effet visuel permanent qu’est la 3D projet 2020 3D Media) montrent que pour un effet
stéréoscopique. C’est pourquoi il est assez ur- de relief jaillissant moyen, un objet représentant
gent de définir des procédures de mesures, de quelques dizaines de pixels de large en bord ca-
nouveaux outils pour effectuer ces mesures et dre produit un inconfort sur les 2/3 de l’image.
pour corriger certains défauts, mais également En d’autres termes, 2% d’erreur sur la fabrica-
d’effectuer des études psychovisuelles permet- tion d’une image 3D peut produire un inconfort
tant de comprendre les règles de « grammaire » sur 75 % de la surface de l’image.
propre à une narration en 3D.                          D’autre part, cet inconfort visuel a un effet de la-
Ainsi, au niveau du tournage, il existe les erreurs tence et produit un dommage de reconstruction
liées aux imperfections mécaniques et électroni- mentale sur le ou les plans suivants. Comme il
ques des rigs de caméra                                                  n’est pas concevable de brider la
3Ds. Parmi l’inconfort                                                    création 3Ds à venir, les éditeurs
les plus désagréable,                                                     de contenus 3Ds ont entamé une
mais aussi facilement                                                     réflexion poussée avec leurs
mesurable, on peut ci-                                                    partenaires habituels, comme
ter l’inconfort lié à la                                                  la CST et la Ficam, sur la mise
présence d’un décalage           Le flare : une source d’inconfort       en place de services de contrôle
vertical entre les deux axes                   visuel                 qualité formés à la vérification des
optiques des caméras d’un                                             images TV3Ds sur la base de re-
rig. Puisque les capteurs                                             commandations techniques claires
d’une caméra sont indépendants, tout écart de adoptées par l’ensemble de la filière.
géométrie, de coplanarité, de colorimétrie ou en- Les systèmes de projections ou d’affichage de
core de vitesse et de synchronisation des « obtu- contenus 3D ne sont pas non plus neutres en
rateurs » viendront altérer le confort du relief.      terme de génération d’inconforts visuels. Par
Quelques outils du marché permettent d’ailleurs exemple, il est particulièrement désagréable de
déjà de corriger certains de ces défauts en temps visionner un contenu à forts effets de jaillisse-
réel. Les chaînes de production 3Ds européennes ment sur un système à fort taux d’images fan-
sont même équipées de matériels de correction tômes résiduelles (voir chapitre la 3Ds dans les
à base d’un « feedback » mécanique automati- salles de cinéma).
que sur les rigs qui fonctionne sur la base d’une La conversion 2D/3D répond à une forte deman-
analyse en temps réel du contenu filmé.                de de disponibilité de contenus 3D. On voit même
Ces outils de correction destinés à la captation émerger des solutions de conversion automati-
s’adressent principalement à des inconforts sur que intégrées sous forme de boitiers pour les
l’ensemble d’une image. Les inconforts les plus studios de postproduction et les régies de diffu-
difficiles à détecter et à corriger sont probable- sion TV, mais également sous forme de compo-
ment les inconforts locaux, souvent liés à des sants électroniques dans certains téléviseurs. Il
différences locales entre les deux images (exem- est toutefois nécessaire de se questionner sur la
ple : effet de flare ou de reflets différents entre possibilité et l’intérêt de tout convertir en 3Ds.
l’œil droit et l’œil gauche).                          Y a-t-il un intérêt artistique et narratif à faire



                                                  23
de la 3D sur certains contenus ? La grammaire         laissée lors de la phase « d’étalonnage relief »,
d’un film existant est-elle compatible avec une       il est important d’utiliser cette étape comme une
remise en relief ? A partir de quel taux d’erreurs    phase d’adaptation entre la grammaire existante
de reconstruction 3Ds est-il inacceptable pour        du film 2D et celle de la 3D.
un diffuseur ou un spectateur de diffuser une         L’inconfort visuel sur la conversion 2D-3D est
œuvre fruit d’une conversion 2D-3D ? Comment          souvent lié à des erreurs de reconstruction, d’in-
faire la distinction entre une remise en relief       terprétation des profondeurs ou encore de qualité
réelle où les images 3D finales sont proches de       d’exécution. En général, les outils de conversion
celles qui auraient pu être tournées en 3D et une     automatique génèrent un relief de profondeur
génération de « faux » relief où seules certaines     (derrière l’écran) et procure un jaillissement très
couches sont mises en profondeur sans notion          léger, voire inexistant. L’inconfort est donc po-
de volume ? Il faut également se demander si          tentiellement faible lorsqu’il n’y a pas (ou peu)
tous les éléments captés en 2D sont vraiment          d’erreurs d’interprétation des profondeurs dans
transformables en relief (transparences, flous,       une gamme d’effet relief réduit. Cependant, la
profondeurs de champs, rythme, etc.) ?                sécurisation du confort visuel par la fabrication
Bien que plus aisée que la colorisation d’un          d’un relief faible peut décevoir le spectateur.
film, la remise en relief nécessite une étape         Les inconforts produits par des artefacts de mise
de contrôle de qualité (et dans certains cas de       en relief peuvent produire des incompréhensions
correction de défauts) et une interprétation ar-      partielles d’une scène filmée. Le plus flagrant
tistique qui s’apparente un peu à l’étape de l’éta-   est lié à la rupture franche de profondeur sur
lonnage et qui doit être effectuée avec la même       une zone continue de l’image : on voit ainsi un
rigueur technique et artistique. Puisqu’une           même élément sur deux niveaux différents de
certaine latitude dans l’ajustement du relief est     l’espace. Comme l’inconfort peut avoir des effets



   La PrOjecTiOn 3ds aU cinéMa                        Autre difficulté : la fluidité de la projection. Afin
                                                      d’améliorer ce point, et donc d’améliorer la


a
       ctuellement, les technologies de projec-       perception du relief, chaque image est projetée
       tion 3Ds utilisées dans les salles de ci-      3 fois (triple flash) dans le créneau d’une image,
       néma reposent sur l’envoi de deux flux         soit au total 6 images en 1/24ème de seconde
d’images distincts et successifs, et un système       (3 images par œil).
permettant à chaque œil de ne recevoir que les        Dernière difficulté de la projection relief : les
informations qui lui sont destinées.                  réglages de synchronisation. Il est important,
Trois solutions technologiques sont proposées         afin de ne pas fatiguer la vision, que la syn-
pour réaliser cette séparation :                      chronisation de l’affichage des images avec les
•	 la polarisation de la lumière,                     commutations des systèmes séparateurs par
•	 le filtrage spectral de la lumière,                œil soit parfaite. Ces réglages sont à faire sur
•	 l’obturation active de la vision.                  chaque installation.
Elles se heurtent toutes à un vrai problème de
rendement lumineux, car en moyenne, entre             La polarisation de la lumière
75 et 85% du flux lumineux se perdent dans            Pour mémoire, ce principe est également uti-
les systèmes (filtres, lunettes). Les puissances      lisé, depuis longtemps, en projection 35 mm.
des brûleurs xénon étant limitées (aujourd’hui        Un système de polarisation de la lumière est
maximum 7.000W), les dimensions d’image               placé devant l’objectif de projection. Il s’agit de
éclairables en projection 3Ds avec un seul pro-       polariser alternativement la lumière dans des
jecteur sont nécessairement limitées (14 à 15 m       états circulaires opposés. Toutes les images
au format cinémascope). Au-delà, il est recom-        destinées à l’oeil gauche sont donc projetées
mandé d’utiliser deux projecteurs superposés.         avec une polarisation dans un sens, et celles
La luminance des images est un facteur fonda-         destinées à l’œil droit avec une polarisation in-
mental de la perception des effets stéréosco-         verse. Pour réaliser cela, on place devant l’ob-
piques.                                               jectif des systèmes de filtres à cristaux liquides



                                                      24
un petit peu de l’image destinée à l’autre œil,
                                                     générant une image double légère appelée
                                                     « ghosting ». Afin de pallier cette problémati-
                                                     que, il est possible de disposer de fichiers DCP
                                                     dits « ghostés », c’est-à-dire intégrant pour
                                                     chaque œil une image inverse de l’image para-
                                                     site. Les lunettes sont vendues au spectateur
                                                     (coût très faible) qui peut les conserver et les
                                                     réutiliser pour d’autres séances utilisant les
                                                     mêmes technologies.
                                                     Les deux principaux fournisseurs de ce type de
                                                     technologies sont RealD et MasterImage.

  La polarisation de la lumière                      L’obturation active de la vision
                                                     Au niveau du projecteur, il n’y a pas de modifi-
(solution RealD) ou à disques rotatifs (MasterI-     cation. On connecte simplement au port GP/IO
mage). Une liaison au port GP/IO du projecteur       un émetteur infra rouge, positionné en général
permet d’assurer la synchronisation de ces fil-      derrière le hublot de cabine. Cet émetteur en-
tres avec l’affichage des images.                    voie un signal de synchro, réfléchi par la toile
Il peut apparaître des problèmes au niveau du        d’écran, ce qui permet de couvrir aisément l’en-
hublot de projection, la plupart des verres, pour    semble des fauteuils. Plusieurs émetteurs peu-
traitement de sécurité (au feu notamment) inté-      vent être placés dans les grandes salles.
grant des couches dépolarisant la lumière.           L’écran classique du cinéma peut être conser-
La lumière est réfléchie par la surface d’un         vé. Moins le gain sera élevé, meilleur sera le
écran de type « métallisé ». En fait, il s’agit      résultat qualitatif (uniformité de luminance no-
d’un écran peint avec une peinture contenant         tamment).
des éléments d’aluminium. Cette peinture à la        Le spectateur dispose de lunettes dites actives.
particularité de conserver la polarisation de la     Ces lunettes sont équipées de cristaux liquides
lumière lors de la réflexion. Ce n’est pas le cas    dont on peut modifier l’orientation. Selon l’œil
des toiles blanc mat classique.                      et le signal de synchro envoyé par l’émetteur
Par contre, ces toiles métallisées sont très         infra rouge, ces cristaux liquides vont alterna-
directives, c’est-à-dire qu’elles réfléchissent      tivement obturer la vision, ou laisser passer
l’essentiel de la lumière selon les axes inciden-    la lumière. Chaque œil voit donc son image, et
ces/réflexion. Il en résulte un « point chaud »      seulement son image (pas d’effet de « ghost »).
dont l’emplacement est variable selon l’endroit      Les lunettes doivent être alimentées électrique-
où l’on se trouve dans la salle. On obtient donc
des valeurs d’uniformité d’éclairement très
inférieures aux normes récentes pour la pro-
jection numérique (ISO, Afnor). Acceptable en
projection 3Ds, dont les caractéristiques quali-
tatives ne sont pas normalisées, cette particu-
larité est très dommageable pour la qualité des
projections 2D. Il est donc conseillé que les sal-
les équipées ainsi soient dédiées à la 3Ds. Par
ailleurs, cette méthode reste peu appropriée
pour les salles larges et peu profondes.
Pour percevoir séparément les images, le
spectateur porte des lunettes disposant d’un
filtre sur chaque œil, chacun ne laissant pas-
ser la lumière qu’en fonction de sa polarité. Ce                 L’obturation active de la vision
filtrage n’est pas parfait, et chaque œil perçoit




                                                25
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)
Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)

Más contenido relacionado

Destacado

Conquista y evolución política de Al-Ándalus
Conquista y evolución política de Al-ÁndalusConquista y evolución política de Al-Ándalus
Conquista y evolución política de Al-ÁndalusJosé I. Iglesia Puig
 
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)José I. Iglesia Puig
 
Apnea de sommeil traitement
Apnea de sommeil traitementApnea de sommeil traitement
Apnea de sommeil traitementmackbill
 
Cdsp hautes pyrénées 2012
Cdsp hautes pyrénées 2012Cdsp hautes pyrénées 2012
Cdsp hautes pyrénées 2012CCDH75
 
52 rapport activité cdsp 2012
52 rapport activité cdsp 201252 rapport activité cdsp 2012
52 rapport activité cdsp 2012CCDH75
 
Monuments à poznańvictoria
Monuments à poznańvictoriaMonuments à poznańvictoria
Monuments à poznańvictorialetidod
 
84 rapport activité cdsp 2011
84  rapport activité cdsp 201184  rapport activité cdsp 2011
84 rapport activité cdsp 2011CCDH75
 
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1SAGIDS1
 
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...Offices de Tourisme de France
 
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?Wellness Bio
 
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78Rapport 2013 cdsp des yvelines 78
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78CCDH75
 
Presentación1 carrera
Presentación1 carreraPresentación1 carrera
Presentación1 carreraDey Chapizz
 
Rapport cdsp loire altantique - 44 - année 2012
Rapport cdsp   loire altantique - 44 - année 2012Rapport cdsp   loire altantique - 44 - année 2012
Rapport cdsp loire altantique - 44 - année 2012CCDH75
 
05 seo strategie de liens
05 seo   strategie de liens05 seo   strategie de liens
05 seo strategie de liensJCDomenget
 
Màquines
MàquinesMàquines
Màquinesmabad6
 

Destacado (20)

Feu mont dore
Feu mont doreFeu mont dore
Feu mont dore
 
Ceres colors
Ceres colorsCeres colors
Ceres colors
 
La fabriquejoustra
La fabriquejoustraLa fabriquejoustra
La fabriquejoustra
 
Conquista y evolución política de Al-Ándalus
Conquista y evolución política de Al-ÁndalusConquista y evolución política de Al-Ándalus
Conquista y evolución política de Al-Ándalus
 
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)
Ser, estar, hay (Sherlock Holmes y Dr Watson)
 
Apnea de sommeil traitement
Apnea de sommeil traitementApnea de sommeil traitement
Apnea de sommeil traitement
 
Cdsp hautes pyrénées 2012
Cdsp hautes pyrénées 2012Cdsp hautes pyrénées 2012
Cdsp hautes pyrénées 2012
 
52 rapport activité cdsp 2012
52 rapport activité cdsp 201252 rapport activité cdsp 2012
52 rapport activité cdsp 2012
 
Monuments à poznańvictoria
Monuments à poznańvictoriaMonuments à poznańvictoria
Monuments à poznańvictoria
 
84 rapport activité cdsp 2011
84  rapport activité cdsp 201184  rapport activité cdsp 2011
84 rapport activité cdsp 2011
 
Ou and Quand
Ou and QuandOu and Quand
Ou and Quand
 
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1
Séminaire IDS Scheer Processus Santé part 1
 
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...
Catherine Damesin - Comment un territoire devient-il une destination touristi...
 
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?
QUE FAUT-IL PENSER DE LA PILULE AMAIGRISSANTE ?
 
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78Rapport 2013 cdsp des yvelines 78
Rapport 2013 cdsp des yvelines 78
 
Presentación1 carrera
Presentación1 carreraPresentación1 carrera
Presentación1 carrera
 
Rapport cdsp loire altantique - 44 - année 2012
Rapport cdsp   loire altantique - 44 - année 2012Rapport cdsp   loire altantique - 44 - année 2012
Rapport cdsp loire altantique - 44 - année 2012
 
Presentation web 2.0
Presentation web 2.0Presentation web 2.0
Presentation web 2.0
 
05 seo strategie de liens
05 seo   strategie de liens05 seo   strategie de liens
05 seo strategie de liens
 
Màquines
MàquinesMàquines
Màquines
 

Similar a Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)

Diapotélévision3d
Diapotélévision3dDiapotélévision3d
Diapotélévision3dCROMIERGOUIN
 
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011Enseigner 3 delearning_africa_mai2011
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011Christophe Batier
 
Competitic impression 3 d - numerique en entreprise v2
Competitic   impression 3 d - numerique en entreprise v2Competitic   impression 3 d - numerique en entreprise v2
Competitic impression 3 d - numerique en entreprise v2COMPETITIC
 
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013AtelierFocusinnovationforumblanc16012013
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013Marc Bourhis
 
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)S'implanter à Dreux
 
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème Africain
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème AfricainLes avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème Africain
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème AfricainMichel Nkuindja
 
Dématérialisation des votes et travaux parlementaires
Dématérialisation des votes et travaux parlementairesDématérialisation des votes et travaux parlementaires
Dématérialisation des votes et travaux parlementaireswiShape! by Galaxys
 
Sharing day CES 2017
Sharing day CES 2017Sharing day CES 2017
Sharing day CES 2017heaven
 
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdf
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdfSYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdf
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdfEssaidEssaid
 
[heaven] Digital highlights by heaven #4
[heaven] Digital highlights by heaven #4[heaven] Digital highlights by heaven #4
[heaven] Digital highlights by heaven #4heaven
 
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative Event
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative EventVos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative Event
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative EventPhilippe Couve
 
Exposé imprimante 3 d
Exposé imprimante 3 dExposé imprimante 3 d
Exposé imprimante 3 ddihiaselma
 
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...Barbara Melo
 
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdf
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdfPASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdf
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdfTrisTris12
 
Shapelize Book 2013
Shapelize Book 2013Shapelize Book 2013
Shapelize Book 2013Pricitive
 
Nouveau présentation microsoft power point
Nouveau présentation microsoft power pointNouveau présentation microsoft power point
Nouveau présentation microsoft power pointAhmed Rami Ben Fraj
 
Rapport d'activité SoFAB 2022
Rapport d'activité SoFAB 2022Rapport d'activité SoFAB 2022
Rapport d'activité SoFAB 2022TelecomValley
 

Similar a Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0) (20)

Diapotélévision3d
Diapotélévision3dDiapotélévision3d
Diapotélévision3d
 
Enseigner avec la 3d
Enseigner avec la 3dEnseigner avec la 3d
Enseigner avec la 3d
 
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011Enseigner 3 delearning_africa_mai2011
Enseigner 3 delearning_africa_mai2011
 
Competitic impression 3 d - numerique en entreprise v2
Competitic   impression 3 d - numerique en entreprise v2Competitic   impression 3 d - numerique en entreprise v2
Competitic impression 3 d - numerique en entreprise v2
 
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013AtelierFocusinnovationforumblanc16012013
AtelierFocusinnovationforumblanc16012013
 
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)
Les solutions et avenir de l'impression 3D (Petit dej’ Business @Dreux)
 
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème Africain
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème AfricainLes avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème Africain
Les avantages des innovations de la 3D pour l'écosystème Africain
 
Dématérialisation des votes et travaux parlementaires
Dématérialisation des votes et travaux parlementairesDématérialisation des votes et travaux parlementaires
Dématérialisation des votes et travaux parlementaires
 
Sharing day CES 2017
Sharing day CES 2017Sharing day CES 2017
Sharing day CES 2017
 
Livre blanc relief v2 basse def 2
Livre blanc relief v2 basse def 2Livre blanc relief v2 basse def 2
Livre blanc relief v2 basse def 2
 
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdf
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdfSYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdf
SYNTHÈSE DES OUTILS ET DES TECHNOLOGIES 3D _Version 2019.pdf
 
[heaven] Digital highlights by heaven #4
[heaven] Digital highlights by heaven #4[heaven] Digital highlights by heaven #4
[heaven] Digital highlights by heaven #4
 
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative Event
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative EventVos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative Event
Vos événements d'entreprise 2.0 sans déplacement - Samsa Creative Event
 
Exposé imprimante 3 d
Exposé imprimante 3 dExposé imprimante 3 d
Exposé imprimante 3 d
 
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...
La diffusion de vidéos sur Internet par les entreprises : une vraie stratégie...
 
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdf
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdfPASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdf
PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE, IMPACT SUR LE PROCESSUS DE MONTAGE.pdf
 
Synthèse pédagogique sur le fichier mâitre IMF (Interoperable Master Format)
Synthèse pédagogique sur le fichier mâitre IMF (Interoperable Master Format)Synthèse pédagogique sur le fichier mâitre IMF (Interoperable Master Format)
Synthèse pédagogique sur le fichier mâitre IMF (Interoperable Master Format)
 
Shapelize Book 2013
Shapelize Book 2013Shapelize Book 2013
Shapelize Book 2013
 
Nouveau présentation microsoft power point
Nouveau présentation microsoft power pointNouveau présentation microsoft power point
Nouveau présentation microsoft power point
 
Rapport d'activité SoFAB 2022
Rapport d'activité SoFAB 2022Rapport d'activité SoFAB 2022
Rapport d'activité SoFAB 2022
 

Más de Digital Innovation Groupware - Industries Techniques

Más de Digital Innovation Groupware - Industries Techniques (20)

Ibc1219 conference brochure_v5
Ibc1219 conference brochure_v5Ibc1219 conference brochure_v5
Ibc1219 conference brochure_v5
 
Dpp bloodless revolution : Un guide sur les Workflow DEMAT
Dpp bloodless revolution : Un guide sur les Workflow DEMATDpp bloodless revolution : Un guide sur les Workflow DEMAT
Dpp bloodless revolution : Un guide sur les Workflow DEMAT
 
Dolby atmos-cinema-technical-guidelines
Dolby atmos-cinema-technical-guidelinesDolby atmos-cinema-technical-guidelines
Dolby atmos-cinema-technical-guidelines
 
Etats Généraux Production Cinéma en France - Du film au cinéma numérique
Etats Généraux Production Cinéma en France - Du film au cinéma numériqueEtats Généraux Production Cinéma en France - Du film au cinéma numérique
Etats Généraux Production Cinéma en France - Du film au cinéma numérique
 
Présentation Cap digital Forum Blanc
Présentation Cap digital Forum BlancPrésentation Cap digital Forum Blanc
Présentation Cap digital Forum Blanc
 
Rapport sur la television connectee par Marc Tessier
Rapport sur la television connectee par Marc TessierRapport sur la television connectee par Marc Tessier
Rapport sur la television connectee par Marc Tessier
 
Rapport Perspectives Audiovisuel à l'horizon 2015 - Dominique Richard
Rapport Perspectives Audiovisuel à l'horizon 2015 -  Dominique RichardRapport Perspectives Audiovisuel à l'horizon 2015 -  Dominique Richard
Rapport Perspectives Audiovisuel à l'horizon 2015 - Dominique Richard
 
Forum Blanc 2012 - Quelles stratégies pour les diffuseurs historiques ? Marti...
Forum Blanc 2012 - Quelles stratégies pour les diffuseurs historiques ? Marti...Forum Blanc 2012 - Quelles stratégies pour les diffuseurs historiques ? Marti...
Forum Blanc 2012 - Quelles stratégies pour les diffuseurs historiques ? Marti...
 
Introduction au cloud computing Parisfx 2011
Introduction au cloud computing Parisfx 2011Introduction au cloud computing Parisfx 2011
Introduction au cloud computing Parisfx 2011
 
Les nouvelles dimensions de l'analyse audio/vidéo
Les nouvelles dimensions de l'analyse audio/vidéoLes nouvelles dimensions de l'analyse audio/vidéo
Les nouvelles dimensions de l'analyse audio/vidéo
 
Les formats audio pour les nouveaux medias
Les formats audio pour les nouveaux mediasLes formats audio pour les nouveaux medias
Les formats audio pour les nouveaux medias
 
Les défis de la 3Ds
Les défis de la 3DsLes défis de la 3Ds
Les défis de la 3Ds
 
Production pour les 4 écrans
Production pour les 4 écransProduction pour les 4 écrans
Production pour les 4 écrans
 
Loudness, niveaux et dynamique... Vers une amélioration des standards
Loudness, niveaux et dynamique... Vers une amélioration des standardsLoudness, niveaux et dynamique... Vers une amélioration des standards
Loudness, niveaux et dynamique... Vers une amélioration des standards
 
QoE (Qualité d'Expérience)
QoE (Qualité d'Expérience)QoE (Qualité d'Expérience)
QoE (Qualité d'Expérience)
 
Adaptative streaming : enjeux, panorama, principes et difficultés
Adaptative streaming : enjeux, panorama, principes et difficultésAdaptative streaming : enjeux, panorama, principes et difficultés
Adaptative streaming : enjeux, panorama, principes et difficultés
 
Comment relever le défi du média global ?
Comment relever le défi du média global ?Comment relever le défi du média global ?
Comment relever le défi du média global ?
 
Réunion d'information DIG-IT sur l'intensité sonore des films publicitaires à...
Réunion d'information DIG-IT sur l'intensité sonore des films publicitaires à...Réunion d'information DIG-IT sur l'intensité sonore des films publicitaires à...
Réunion d'information DIG-IT sur l'intensité sonore des films publicitaires à...
 
Retours d'expériences sur les systèmes de calibration
Retours d'expériences sur les systèmes de calibrationRetours d'expériences sur les systèmes de calibration
Retours d'expériences sur les systèmes de calibration
 
Monitoring dans les Workflow de Cinéma Numériquenum
Monitoring dans les Workflow de Cinéma NumériquenumMonitoring dans les Workflow de Cinéma Numériquenum
Monitoring dans les Workflow de Cinéma Numériquenum
 

Livre blanc du Relief (3Ds) au Cinéma et à la télévision (v 1.0)

  • 1. Le Livre bLanc dU reLieF (3ds) aU cineMa eT a La TeLeviSiOn Document réalisé sous l’égide de la Ficam, la CST, UP3D, le HD-Forum et l’AFC Coordination éditoriale : Marc Bourhis (Ficam) Pilotes du groupe de travail Livre blanc du relief (3Ds) : Olivier Amato (Smartjog) et Philippe Gérard (3DLized)
  • 2. PuBli-information la recherche médicale au service Comfort & du confort visuel de la 3ds Acceptance Depuis le début de l’année 2011, « 3D Comfort &Acceptance » regroupe des chercheurs, médecins et industriels du secteur de l’audiovisuel et du cinéma autour d’un projet de recherche visant à mesurer l’impact des défauts de fabrication et de diffusion de la 3D stéréoscopique sur le confort visuel du téléspectateur. Un domaine de recherche médicale et psychovisuelle encore peu exploré... Un consortium multidisci plinaire Compte tenu de la complexité du sujet et de son caractère fortement multidisciplinaire, cette plate-forme d’acceptabilité des effets 3Ds regroupe des acteurs nationaux majeurs de la chaîne de fabrication des images 3Ds : > La société 3DLized, qui, depuis le début de son existence est concernée par le confort de la 3Ds a pris la coordination de ce groupe de travail. Elle a la charge de créer des contenus à façon pour les besoins de l’étude, afin d’analyser les règles de grammaire qui régissent la création de contenus 3Ds confortables. Cette création d’images 3Ds tentera d’envisager les inconforts propres à chaque type de contenus que l’on peut s’attendre à voir arriver en 3Ds sur les écrans. > La Ficam assure la promotion du projet auprès de l’ensemble des industries techniques de la création > Un laboratoire de la vision et deux CHU mettent en place les protocoles de tests cliniques. Les objectifs de 3D Comfort & Acceptance > Un premier objectif sera de trouver des garde-fous techniques mesurés de manière scientifi- que permettant in fine aux réalisateurs de réussir à faire passer les émotions souhaitées en 3Ds tout en conservant l’esthétique de l’oeuvre et le meilleur confort visuel possible. > Un second objectif vise à mesurer l’impact sur des populations à risque afin de pouvoir fournir, notamment via la Ficam partenaire de ce projet, des recommandations pratiques ou techniques aux instances publiques mais aussi aux prestataires techniques et diffuseurs TV en vue de définir des Prêts à Diffuser 3Ds (PAD 3Ds). Pour toute information supplémentaire, contacter Philippe Gérard (3DLized) : philippeg@3dlized.com 3D Comfort &Acceptance est soutenu par 2
  • 3. Les partenaires de ce livre blanc : La Ficam (Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia), présidée par Thierry de Segonzac, est une organisation professionnelle qui regroupe 180 entreprises dont l’activité couvre l’ensemble des métiers et du savoir-faire technique de l’image et du son. Véritable force de proposition, la Ficam représente, promeut et défend les intérêts nationaux et internationaux de la filière des Industries Techniques de la Création. La Commission Supérieure Technique de l’Image et du Son (CST), présidée par Pierre-William Glenn est une association de profession- nels du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia, de techniciens et d’artistes techniciens. La CST réunit aujourd’hui près de 700 mem- bres. Elle a pour buts de défendre la qualité de la production et la diffusion des images et des sons, défendre la créativité, l’innovation technologique et artistique du cinéma et de l’audiovisuel et défendre l’indépendance, la liberté d’action et d’expression dans nos activités professionnelles.hniques. UP3D (union des professionnels de la 3Ds) est une association professionnelle dont les objectifs sont : Fédérer et dynamiser la communauté des professionnels de la 3Ds, informer et communiquer sur les métiers, les savoir-faire et les matériels spécifiques à la 3Ds, promouvoir et structurer le développement de la 3Ds en Europe. Originellement composé de 17 membres, le HD Forum, présidé par Jean-Pierre Lacotte, compte aujourd’hui 51 membres, tous profession- nels conformément à ses statuts. La diversité des questions à régler autour de la HD a conduit le HD Forum à créer deux commissions : la « commission technique » et la « commission communication et marché », elles-mêmes divisées en groupes de travail qui collabore régulière- ment aux travaux de la Ficam et de la CST. L’AFC (Association Française des Directeurs de la Photographie Ciné- matographique) présidée par Caroline Champetier, regroupe la plupart des directeurs de la photographie français présents au plus haut ni- veau artistique et technique des productions françaises et étrangères. L’AFC défend l’existence d’une image cinématographique de qualité, teste les nouvelles techniques et affirme la compétence du Directeur photo en tant que collaborateurs de création des réalisateurs, dans la meilleure tradition du débat culturel et artistique français. 3
  • 4. Des remerciements plus particuliers à : A Pascal Buron (président délégué de la Ficam en charge de la Commission technique, Recherche et Innovation) pour l’ensemble de son travail de coordination sur ce sujet comme sur tant d’autres. Un grand merci à Yves Pupulin (Binocle) pour sa contribution sur les grands principes et les fiches métiers liés à la stéréographie. Merci aussi à David Steiner et Cédric-Alexandre Saudinos (Parallell Cinéma) pour leur contribution concernant les techniques de pré- production et de tournage, ainsi qu’à Franck Montagné (Directeur de postproduction, Image&Magie) ainsi qu’à Philippe Ros (directeur photo AFC). Merci à Alain Derobe (stéréographe et directeur photo) pour avoir accepter la reprise de sa contribution faite à la CST concernant l’adaptation de la 3Ds à la taille d’écran de diffusion, ainsi qu’à Rip O’Neil et Alain Besse de la CST pour leurs contributions entre autres sur la partie projection 3Ds au cinéma. Merci à Laurent Verduci (stéréographe) pour ses fiches pédagogiques sur la 3Ds qui nous ont servi de fil rouge. Merci à Marc Léger et Francis Mahieu (INA Sup) pour la rédaction avec Olivier Amato du chapitre sur les codecs et les modes de distribution. Merci également à Alain Chaptal (Sonovision) et Thierry Gruszka (NDS), Eric Martin (Quinta Industries), Charles de Cayeux (France Télévisions), Pascal Charpentier (UP3D), Benoit Michel (stereoscopynews.com) pour leur participation active à l’élaboration de ce livre. Enfin, merci à tous pour la relecture attentive du document finalisé. 4
  • 5. SOMMAIRE POUrqUOi Un Livre bLanc SUr La 3d STéréOScOPiqUe ? PaGe 6 PrinciPeS de La 3ds PaGe 8 riGS eT caMéraS STéréOScOPiqUeS PaGe 14 POSTPrOdUcTiOn 3ds : cOrrecTiOnS eT wOrkFLOw PaGe 16 Le cOnFOrT viSUeL de La 3ds PaGe 22 cOnverSiOn 2d/3ds : La néceSSiTé d’Un SavOir-Faire PaGe 20 La PrOjecTiOn 3ds aU cinéMa PaGe 24 L’aFFichaGe Tv 3ds PaGe 27 adaPTer Le reLieF à La TaiLLe de L’écran de diFFUSiOn PaGe 30 GLOSSaire de La 3ds PaGe 33 annexe 1 : déFiniTiOn deS MéTierS de La 3ds PaGe 36 annexe 2 : TechniqUeS de TOUrnaGe en reLieF PaGe 38 annexe 3 : cOdecS eT MOdeS de diFFUSiOn PaGe 43 5
  • 6. POUrqUOi Un Livre bLanc SUr La 3d STéréOScOPiqUe* (3ds) ? U n an après l’explosion de l’équipement des salles de ciné- ma en projecteurs « 3D » numériques, de nombreux longs métrages « 3D » sortent dans les salles avec des qualités de traitement souvent disparates. Le marché de la télévision a lui aussi décidé de répondre rapidement à l’appétence du public pour les images en relief. Les fabricants de téléviseurs, prompts à par- ticiper à cet emballement technologique, fabriquent désormais à grande échelle des téléviseurs à écrans plats équipés de systèmes d’affichage « Relief » permettant de visionner les programmes TV 3Ds dans des conditions de confort visuel tout à fait acceptables. Cependant, le marché des équipements de diffusion TV et cinéma est très en avance, chronologiquement parlant, sur la pro- duction de contenus 3D stéréoscopiques. Il n’existe pas à ce jour suffisamment de contenus produits nativement en 3Ds pouvant alimenter l’ensemble des canaux de diffusion ad hoc. La barrière est principalement économique et technologique, mais relève aussi souvent d’un manque d’informations sur les conditions pratiques dans lesquelles il est possible aujourd’hui de produire des images en relief pour la télévision et le cinéma. Face à la carence actuelle en contenus 3Ds, on constate aussi que nombre d’œuvres et de programmes diffusés en relief dans les salles de cinéma ou sur les premières chaînes de télé- vision 3Ds utilisent des procédures de mise en relief d’images 2D automatisées. Celles-ci ne tiennent pas suffisamment compte des grands principes du confort visuel chez le spectateur et interrogent sur la notion de respect de l’oeuvre originale. Face à cet emballement actuel autour du relief, il est donc apparu nécessaire aux différentes organisations professionnelles de la filière technique cinématographique et télévisuelle (Ficam, CST, UP3D, AFC, HD-Forum…) de réaliser un livre blanc dressant l’état des lieux de la 3D stéréoscopique. Ce livre blanc a l’ambition de pointer du doigt les différentes problématiques techniques et narratives liées au tournage, à la postproduction, au confort visuel, à la conversion 2D/3Ds et à l’affichage sur un écran de cinéma et/ ou de télévision. La 3D stéréoscopique est un dispositif artistique et techni- que qui nécessite une reconstruction mentale des images. Celle-ci est choisie par le réalisateur et contrainte par les règles physiolo- giques propres à la plupart des spectateurs. 6
  • 7. A ce titre, il est crucial de mettre en place à toutes les étapes de la chaîne de fabrication des procédures de contrôle de la qualité du relief supervisées par un personnel qualifié et formé à cette nou- velle manière de produire et de postproduire. En fait, la 3D stéréos- copique, si elle ajoute des possibilités nouvelles sur le plan narratif, comporte aussi des obligations nouvelles sur le plan technique liées à l’acceptation cérébrale des spectateurs ou téléspectateurs. C’est pourquoi dans ce livre blanc de la 3Ds, notre objectif n’est pas de brider la créativité des réalisateurs qui doivent rester libre de leurs contenus artistiques, mais de fixer un cadre permettant de mieux se repérer dans l’addition des possibilités de mise en scène propres à la 3D stéréoscopique. Il est important aussi de préciser que l’étude de la stéréos- copie, déjà ancienne, a permis de définir clairement des zones de confort visuel à l’intérieur desquelles un spectateur n’aura aucune gêne et encore moins de maux de tête. Nous disons aussi que l’art de la 3Ds n’en est qu’à ses débuts. Il y aura sans doute la possibilité pour des réalisateurs de films ou d’émissions de télévision de dé- passer ce cadre technique, au moins ponctuellement, afin de provo- quer des émotions toutes nouvelles chez le spectateur. Enfin, on remarque que la perception de la profondeur d’un objet dans une scène 3Ds est modifiée suivant la taille d’affichage des images in fine (écrans de cinéma ou téléviseurs). Ce livre blanc décrit donc les différentes technologies d’affichage et définit les contours techniques des futurs programmes 3Ds livrés à la télévi- sion et au cinéma. En fait, si l’on devait résumer l’objectif principal de ce livre blanc, nous dirions qu’il consiste à informer suffisamment les pro- fessionnels de l’audiovisuel et du cinéma sur les possibilités de la 3Ds, afin qu’ils s’approprient le plus largement possible ce nouveau langage et que puisse être évitée une désillusion du public pour ce nouveau champ artistique et technique, comme cela a pu être le cas lors de la première vague d’engouement pour le relief au cinéma dans les années 1950 et 1960. Ce document est un état de l’art en mai 2011. Il sera amené à évoluer en fonction des développements technologiques et artistiques à venir. Vous trouverez donc des versions mises à jour de ce livre blanc téléchargeables sur l’ensemble des sites web partenaires. * Plutôt que d’employer les termes relief ou «3d» assez imprécis pour l’un et source de confusion avec les images de synthèse pour l’autre, nous recommandons d’utiliser le terme 3ds pour 3d stéréoscopique. 7
  • 8. PrinciPeS de La 3ds La stéréoscopie : un nouveau langage de réalisation La création au cinéma ou à la télévision n’est pas L a différence fondamentale entre les tenta- liée à la seule évolution des techniques de pro- tives du passé et l’essor actuel de la 3Ds duction ou de diffusion, mais également au rap- découle de la maîtrise technique du relief port émotionnel que ces images entretiennent sur l’ensemble de la chaîne de fabrication et de avec le cerveau humain. De ce point de vue, la diffusion des images, permise par les technolo- 3Ds rend nécessaire de reconsidérer ce rapport, gies numériques. afin d’adapter les conditions de création d’une L’utilisation des outils numériques et les pos- œuvre cinématographique ou télévisuelle à cette sibilités de modifications de l’image, pixel par problématique. La 3Ds induit une rupture dans pixel, depuis la prise de vue jusqu’à la diffusion les pratiques de mise en scène qui nécessite de sont autant d’étapes désormais incontournables réinventer une interprétation de l’espace décidé en constante évolution. Ils garantissent la qua- par le réalisateur. On constate aussi, en étudiant lité de l’image 3Ds nécessaire au confort visuel certains paramètres de tournage tels que la lu- du spectateur. mière ou le cadre que si rupture il y a entre la 2D Les outils numériques participent à la maîtrise et la 3Ds, elle se situe plus du côté de l’accepta- de la mise en scène stéréoscopique. C’est fort tion du cerveau du spectateur que du côté de la de ce constat que nous souhaitons aujourd’hui pratique artistique. favoriser l’émergence d’un nouveau langage ci- En 2D comme en 3Ds, le réalisateur reste donc nématographique ou télévisuel lié à l’usage de le principal juge de l’utilisation du relief afin de la 3Ds. servir son récit, qu’il s’agisse de film, de téléfilm Une conception purement technique de la 3Ds ou de programme télévisé. De la même manière est un pari risqué. Il est préférable de s’appuyer qu’il décide de la mise en scène en 2D, il formu- sur le savoir-faire à la fois technique et artisti- lera une demande particulière au stéréographe que des techniciens ou entreprises de presta- qui veillera à sa concrétisation. Le travail com- tions techniques spécialisés, qui ont à la fois une mun du réalisateur et du stéréographe vise donc connaissance théorique solide et une expérience à établir une « conduite relief » (modulation de empirique de la 3Ds avant de se lancer dans cet- la gamme stéréoscopique), matérialisée par un te aventure. graphique ou des annotations sur le script ou sur La mise en scène d’une séquence en 3Ds ne un story-board, qui servira de guide à l’équipe de peut se résumer à un algorithme de mise en tournage. Un relief trop fort risque d’amener un relief automatique, aussi parfaitement calibré inconfort visuel sur la durée ; de même qu’un re- soit-il, ou se passer de l’expérience de terrain lief trop faible risque de frustrer le spectateur. d’un intervenant spécialisé en matière de 3Ds C’est principalement à l’intérieur de ces limites, qui s’adapte aux conditions de tournage le plus que le réalisateur pourra choisir ses intentions souvent pleines d’imprévues. La réalisation de profondeur. d’une scène 3Ds, si l’on souhaite obtenir un Le stéréographe traduira ces intentions avec les confort visuel chez le spectateur, nécessite une outils dont il dispose et dont il supervisera la mise en scène parfaitement réglée et des angles maîtrise physique. De ce fait, il est responsable de caméras parfaitement maîtrisés. Si les équi- des réglages de l’angulation et de l’entraxe, et pes de production ne s’entourent pas de com- par conséquent du placement du plan de conver- pétences allant dans ce sens, elles risquent de gence (voir annexe 2). limiter leurs possibilités de générer des émo- Notons que la taille de l’écran de contrôle 3Ds tions chez le spectateur spécifiquement liées à sur le tournage ne correspond pas forcément la profondeur ou au jaillissement du relief, ou à celle de l’écran de diffusion final. Le stéréo- même dans certains cas « extrêmes » évoqués graphe devra clairement informer l’équipe de dans ce livre blanc, générer un inconfort visuel production des différences de sensation de pro- dans le public. fondeur suivant la dimension de l’écran de des- 8
  • 9. la scénarisation d’une scène en relief Dès l’écriture, on peut prendre en compte le relief et l’utiliser comme un outil narratif. Il est possible d’imaginer des scènes dont l’intensité dramatique sera amplifiée si l’on joue avec la profondeur, le jaillissement ou les effets de gigantisme et de miniaturisation. Les scénaristes peuvent réfléchir aux effets relief à l’avance, parfois en intégrant directement leurs idées dans le scénario. Celles-ci peuvent être indiquées en majuscules - dans le monde anglo-saxon, elles sont parfois précédées de la mention « 3DFX ». Néanmoins, la logique du processus de création d’un film invite à confier au réalisateur et/ou au stéréographe le contrôle des effets stéréoscopiques. Pour exemple, dans OcéanoSaures (Sea Rex), film IMAX 3D écrit et réalisé par les français Pas- cal Vuong et Ronan Chapalain, les intentions de mise en scène stéréoscopique apparaissent dès le story-board. A noter que dans le cas de ce film, Pascal Vuong a réalisé lui-même le story-board et Ronan Chapalain a supervisé la stéréographie, permettant ainsi très tôt de concevoir chaque plan dans toute sa profondeur et non plus com- me une image 2D. Sur cet extrait de story-board, des indications colorées ajoutées au dessin initial permettent de repérer rapidement les éléments en jaillissement OcéanoSaures - Voyage au Temps des Dinosaures © 2010 - N3D LAND Productions ou le positionnement du personnage par rapport au plan de l’écran. Ces indications de mise en scène stéréoscopique, ajoutées au choix de ca- drage et de découpage permettent au réalisateur et à l’équipe du film de mieux préparer le tour- nage et la postproduction des images et d’éviter les écueils d’une stéréographie envisagée trop tardivement. 9
  • 10. tination de l’oeuvre, et justifier de son réglage à une retransmission 2D. A l’inverse, certains non pas « visuel » mais « prévisionnel ». sports en salle comme le basket-ball où l’on De plus en plus de paramètres de la « pro- peut être plus proche de l’action, offrent un re- fondeur » peuvent désormais être modifiés en lief qui renforce l’émotion du spectateur. postproduction. De ce fait, tout comme l’éta- lonnage couleur donne le ton des scènes d’un La préproduction film, « l’étalonnage 3Ds » devient une étape im- La préparation est essentielle pour la réussite portante après le montage. Il permet de donner d’un tournage en 3Ds. Des repérages parti- une tonalité générale de perception du relief et culièrement minutieux (relevé des distances, de raccorder la 3Ds entre les plans en fonction vérification des lointains, prise en compte de de l’intention finale du réalisateur. l’encombrement du rig 3Ds) permettront de prévenir beaucoup de problèmes à l’avan- Penser la 3Ds en amont du tournage ce. La réalisation d’un story board 3Ds est Si l’on souhaite obtenir un effet de relief de conseillée. qualité, il peut être utile de vérifier au préala- Sans assistance logicielle, ce storyboard pour- ble la pertinence du choix de la 3Ds sur telle ra présenter, pour chaque plan au moins deux ou telle œuvre ou programme de télévision dès vues pour les cas les plus complexes : l’écriture du synopsis ou du scénario. Ainsi, un - Le plan lui-même, comme dans un film clas- récit se déroulant dans l’univers aéronautique, sique. Idéalement, le storyboardeur devra réa- aérien ou aquatique se prête totalement au liser un story board optiquement correct. relief de jaillissement, car les objets peuvent - Une vue « de côté » matérialisant l’emplace- être de manière illusoire « décollés » de tout ment du plan de l’écran, afin de bien distinguer support, comme en lévitation dans un fluide ou les objets qui devront être en avant du plan de le vide. l’écran ( = en jaillissement) et ce qui devra être D’autre part, des plans plus longs et/ou des en arrière de celui-ci ( = en profondeur). mouvements plutôt lents et fluides des objets - Dans les cas les plus complexes, une vue de et des caméras favorisent aussi la perception dessus, avec l’emplacement du plan de l’écran, d’un relief plus confortable. Ils laissent le pourra également être utile. temps au public de le découvrir et de rentrer Au-delà de ces règles générales, il peut être dans la profondeur de l’image. De même, des opportun d’utiliser un logiciel de prévisualisa- plans larges avec des cadrages en plongée ou tion qui simule ce que sera le plan pour dé- en contre-plongée favorisent l’effet de relief finir ses axes et mouvements de caméra en et intensifient les sensations de vertiges. Les 3Ds. Un tel logiciel permet de reconstituer formes géométriques, de bâtiments par exem- précisément, en images de synthèse, chaque ple, sont plus rapidement identifiées par notre lieu de tournage et la position caméra (quelle cerveau et favorisent la rapidité d’immersion que soit le type du rig). Il permet de calculer et dans le relief. prévisualiser le cadre, l’entraxe et l’angulation Concernant les programmes de flux, aujourd’hui appliqués lors du tournage ou en postproduc- parmi les premières expérimentations de re- tion. Tous les paramètres tels que la focale, transmissions sportives en 3Ds, le football fait le diaphragme, la profondeur de champ, les figure de favori du fait de son audience très mouvements, etc peuvent être également pré- importante et de son public potentiellement déterminés. intéressé par le fait de visionner les matchs en relief. Pour autant, la mise en scène actuelle L’importance du repérage des volumes de ce sport à la télévision, axée sur des tra- Lors des repérages ou en préparation d’un film vellings latéraux et une profondeur de champ en 3Ds, il est nécessaire que le réalisateur et le souvent difficile à maîtriser, n’est pas forcé- directeur de la photographie repèrent les ca- ment la mieux adaptée à une retransmission dres en tenant compte de l’évolution et de la en relief, à moins de repenser complètement répartition des volumes dans la profondeur. Ils les axes caméra et les travellings par rapport peuvent s’appuyer sur le stéréographe qui les 10
  • 11. aidera dans la recherche d’une homogénéité certains spectacles stéréoscopiques, en IMAX c des choix d’axes et de focales relativement à la par exemple. Mais, pour la plupart des produc- 3Ds. Cette étape doit permettre de déterminer tions cinématographiques, le cadre reste l’un la position du sujet au sein de la « boîte scé- des paramètres fondamentaux. C’est ce qui se nique » contenant les volumes de la scène en passe à l’intérieur du champ ou hors-champ qui trois dimensions. Ce repérage est capital. justifie le mouvement de caméra selon le choix A ce stade, il est utile de faire remarquer qu’en du réalisateur. Dans les programmes de flux, le règle générale, le relief s’apprécie mieux cadre est beaucoup plus déterminé par le suivi lorsqu’on est en mouvement, près du sujet et de l’action qui, pour le sport par exemple, est plutôt en courtes focales. Toutefois, il est diffici- généralement centrée. le de réaliser tout un film sans plan serré. Pour les plans recourant aux moyennes et longues fo- Une caméra en mouvement cales, le repérage du positionnement des mas- Les plans en mouvement renforcent la percep- ses du décor devient encore plus décisif pour tion de la succession déterminer la place des volumes dans la des comédiens et le scène. Cette mise en point de vue de la valeur des volumes caméra dans la s’obtient bien sûr profondeur et en par le mouvement bordure de cadre. entre les comédiens La sensation de et les objets dans le relief obtenue, in cadre. Elle est éga- fine, même si elle lement accentuée paraît réaliste ou par le déplacement admissible pour du point de vue de la un plan, peut ne caméra qui renforce © Convergence3D.net plus l’être lors du la présence des co- montage de plu- médiens. Peut-être sieurs plans dans un nouvel espace leur continuité. entre cinéma et Par exemple, lors théâtre ? d’un tournage en 2D, il est courant Capture d’écran d‘un logiciel de prévisualisation 3Ds La lumière en 3Ds de « tricher » la po- Si dans la cinémato- sition des comédiens graphie en 2D, la lu- (pour faciliter une prise de vue ou une perspec- mière et son contraste ne sont limités que par la tive). Cette pratique doit susciter la plus grande normalisation de la projection et dans ce cadre, vigilance en 3Ds. la puissance du projecteur, il en va tout autre- ment de la stéréoscopie. Les forts contrastes, Le cadre plus particulièrement en bordure du champ, à La précision du cadre cinématographique est travers des feuillages en contre-jour ou entre l’un des paramètres essentiels de la prise de les différentes composantes du sujet peuvent vues 2D. Or, dans la stéréoscopie, où nous som- entraîner une véritable gêne cérébrale pour le mes plus proches des bas et/ou hauts reliefs, le spectateur. cadre présente une légère indécision en rapport L’abaissement du contraste est souvent conseillé avec les deux champs filmés qui ne se recou- sans que nous ne sachions encore le quantifier vrent exactement que dans le plan de conver- précisément aujourd’hui. gence ou plan de l’écran. Par ailleurs, la notion De ce fait, les prises de vues pour lesquelles les d’immersion du spectateur est souvent mise en niveaux d’éclairement et de contraste ne sont exergue, avant même la notion de cadrage pour pas maîtrisables, demandent des capteurs cou- 11
  • 12. vrant une grande dynamique, afin d’obtenir des de steadicam ou déplacements d’une caméra à images capables de conserver du modelé dans l’épaule soulignent la position relative des ob- les hautes et basses lumières. Cela permet jets les uns par rapport aux autres. également un meilleur ajustement du contraste - La taille des objets décroît avec la distance. On lors de l’étalonnage des films stéréoscopiques peut utiliser cela pour « tricher » certains plans, ou des programmes TV. sous condition de garder une vraisemblance De même, il est conseillé de faire attention à des effets de réduction si on veut conserver une l’écrêtage des hautes lumières, car celles-ci image réaliste. peuvent produire une disparité de forme entre - La gradation des textures : briques, herbes, les deux images stéréoscopiques, comme lors pavés, etc., deviennent moins définis avec la d’un arrière-plan flou sur des feuillages éclai- distance. rés en contre jour. - La « dispersion atmosphérique » (effet de bru- me) : elle est due à la pollution du milieu traver- Se servir des indices visuels sé en fonction de son épaisseur. Elle joue pour les infinis comme pour de profondeur pour la une pièce enfumée. mise en scène 3Ds - L’effet de perspective Construire un plan en est un indice très im- relief ne signifie pas portant : notre regard seulement savoir ré- recherche de manière gler la stéréoscopie, permanente les lignes c’est aussi se servir de fuite d’une scène des indices qui vont pour comprendre sa faciliter la compré- perspective en utilisant hension de la profon- les routes, les voies fer- deur de l’image. rées, les immeubles. Il faut donc savoir - Le relief est avant tout utiliser les indices comparatif. Le cerveau stéréosopiques mais est plus performant aussi les indices non- pour comparer par stéréoscopiques. exemple les couleurs La peinture et la pho- que les analyser. Il en tographie nous rap- va de même pour la sté- pellent qu’en 2D, de réoscopie. Une réparti- nombreux facteurs tion des volumes dans permettent au cer- la profondeur favorisera veau d’analyser et de l’impression de relief. Il comprendre la pro- Visualisation de la zone de confort visuel qui fait aura plus de peine s’il fondeur d’une image. référence en matière de 3Ds n’y a qu’un élément au On conserve d’ailleurs premier plan détaché cette faculté lorsqu’on d’un autre élément placé ferme un oeil. L’utilisation de ces indices non- à l’infini sans volume intermédiaire. Par exem- stéréoscopiques va faciliter la compréhension ple : une abeille en jaillissement sur un fond de de l’espace et participer à la sensation de relief. montagnes lointaines à l’infini ne favrorisera Parmi ces facteurs, on peut citer : pas l’impressipon de relief. - Un objet proche masque un objet lointain. Cet - Par ailleurs, on préfère parfois placer les ti- effet qui peut être obtenu par le mouvement des tres en jaillissement sur fond texturé plutôt que comédiens ou des objets dans la profondeur est sur un fond noir. renforcé par le mouvement du point de vue ca- - Les textures et les ombres sont des objets sté- méra. Les travellings, mouvements de grue ou réoscopiques, des « indices » supplémentaires 12
  • 13. la gestion de l’effet de jaillissement Le jaillissement est l’un des et lente si l’intensité est forte, empirique qu’il y a un phénomène effets propres au relief. Il donne pour préserver le confort visuel. d’apprentissage du spectateur la sensation que les objets Un même jaillissement peut être dans sa capacité à « lire » avec sortent de l’écran en direction du d’une intensité variable et réalisé confort les effets jaillissement spectateur. en deux temps : faible puis fort, : au début d’un film il faut Toutefois, il y a des règles à afin de renforcer l’effet final. environ 3 secondes pour que le respecter pour que cet effet La durée totale du jaillissement cerveau se plie au décalage entre ne produise pas d’inconfort ne peut être trop longue, afin convergence et accommodation visuel. Les éléments ou parties de préserver le confort visuel. qu’on lui impose, tandis qu’au d’éléments jaillissants doivent Toujours pour des raisons bout de dix minutes d’un film être contenus dans le champ des de confort visuel et de souci en 3D stéréoscopique, ce temps caméras. La vitesse d’apparition d’équilibre narratif, la fréquence d’accommodation est réduit à du jaillissement doit être ni trop des jaillissements au long d’un 1/2 sec. Il est donc fortement lente, ni trop rapide. Il faut film ou d’un programme TV doit déconseillé d’abuser des effets de laisser un temps suffisant au être un savant dosage suivant la jaillissements brutaux en début spectateur pour que son cerveau durée du film entre la répétition de film, car ils pourraient devenir s’habitue à cette apparition. des jaillissements et leurs douloureux et mal interprétés par Celle-ci peut être rapide si différences d’intensités. le cerveau des spectateurs. l’intensité de l’effet est faible Enfin, on constate de manière pour comprendre la profondeur. C’est pour- La gamme stéréoscopique est une mesure de quoi certains chefs opérateurs préfèrent uti- la quantité de relief d’une image. Il s’agit de la liser des lumières plus directionnelles qu’en différence entre le décalage de l’objet le plus 2D, pour marquer les ombres. Les régions non loin et le décalage de l’objet le plus proche détaillées de l’image : un ciel complètement dans un plan. blanc, un intérieur avec des zones totalement La gamme stéréoscopique est amenée à varier noires, sont moins favorables à la compréhen- à l’intérieur d’un plan, entre deux plans et sur sion au relief qu’un ciel nuageux ou un inté- la durée d’un film. Dans l’ensemble de ces cas, rieur dans lequel la pénombre laisse voir la on peut parler de « modulation des gammes subtilité des détails. stéréoscopiques ». - Il faut également veiller à la cohérence des La gamme stéréoscopique est une donnée ma- profondeurs, et éviter les « collisions » d’un ti- thématique mesurable pour chaque image en trage placé sur le plan de l’écran avec un objet pourcentage de sa largeur ou en pixels. en jaillisement. L’« erreur de fenêtre » carac- Le terme « budget stéréo », traduction de l’an- térise, elle, la collision entre un bord d’écran glais « depth budget » est parfois utilisé pour et un objet en jaillissement. désigner, soit la gamme stéréo, soit la modu- lation des gammes stéréos, ce qui peut prêter à confusion. Il est important d’utiliser l’ensemble de ces indices Cette mesure mathématique (la gamme sté- pour enrichir les paramètres de mise en scène sté- réoscopique) donne une impression de relief réoscopique. variable selon taille de l’écran : une même gamme stéréo peut donner une impression de La gamme stéréoscopique relief faible sur un petit écran, plus importante et la modulation des gammes stéréoscopiques sur un écran de cinéma et très puissante sur 13
  • 14. Exemple de modulation de la gamme stéréoscopique sur la durée d’un film un géant de type IMAX©. L’acceptation par le spectateur d’une gamme stéréo choisie pour un écran donné est, de plus, variable selon les Assurer la continuité de la modulation de gamme individus. stéréoscopique tout au long d’un film Des études scientifiques sont toutefois en Il est indispensable de penser un film ou un cours en France (3D Acceptance & Comfort) et programme TV en 3Ds dans sa continuité. aux Etats-Unis (BanksLab, Université de Ber- Pour le cinéma en 3Ds, comme en 2D, on mo- keley) pour éclaircir les rapports entre gamme difie souvent l’ordre des séquences et des stéréoscopique et confort visuel. plans aux différentes étapes de la fabrication Sans repères fiables à 100 % dans ce domaine, d’un film et en particulier au montage. nous préconisons de tester au cas par cas, lors La modulation de la gamme stéréoscopique de la réalisation d’un teaser ou d’un test, les risque d’être modifiée par l’inversion des plans litigieux qui vont s’écarter des limites plans lors du montage. Par exemple, un gros « acceptables » de la stéréoscopie. plan très en jaillissement raccordera mal avec Généralement, l’usage veut que l’on modère un plan large de paysage très en profondeur : le dépassement de ces limites au profit de la cette alternance fatigue le spectateur. Donc, mise en scène. il faut prendre garde dans l’agencement des A noter qu’il existe déjà des recommandations plans à assurer des transitions de profondeur techniques définissant les limites acceptables en douceur pour le public. des gammes stéréoscopiques pour la diffusion 3Ds en télévision (ex: BSkyB 3D). L’établisse- ment de recommandations techniques est en cours d’étude en France. 14
  • 15. riGS eT caMéraS l’on veut obtenir du relief. C’est par exemple le cas pour les prises de vues depuis un hélicoptère. STéréOScOPiqUeS Le rig à miroir semi-transparent O n appel rig, les supports réglables sur les- CLes caméras sont placées verticalement à 90° quels peuvent être agencées et réglées les l’une de l’autre et se trouvent en coïncidence caméras. Il en existe de deux types, selon optique dans un miroir semi aluminé. Ce miroir, que l’on place les caméras « cote à côte » ou en appelé également « lame séparatrice », permet coïncidences dans un « miroir ». On les appelle pour l’une des caméras de filmer au travers et donc naturellement rig « côte à côte » et rig « pour l’autre de filmer en réflexion sur le côté ré- miroir ». C’est la nécessite d’obtenir ou non des fléchissant. entraxes faibles ou importants qui détermine le Pour cette application, la transmission et la ré- choix d’un rig. Si l’on veut de grands entraxes, gé- flexion des miroirs sont égales à 50 % afin que la néralement pour une prise de vue sur hélicoptère perte de un diaphragme qui est induite pour cha- ou pour des plans lointains on utilise un rig « côte cune des caméras soit identique ou proche. Le à côte ». miroir permet donc de filmer avec un entraxe égal La sophistication des rigs côte à côte ou miroir à zéro et de s’affranchir ainsi des problèmes liés à n’est pas liée au dispositif mais à la définition faite l’encombrement des caméras et des optiques. par le fabriquant. Chez certains constructeurs, les On peut donc réduire l’entraxe jusqu’à 0 mm, ce rigs sont versatiles et sont simplement assemblés qui permet d’aligner parfaitement les caméras. différemment pour être installés en côte à côte ou Le rig miroir permet principalement d’obtenir de en miroir.. petits entraxes indispensables pour filmer près du sujet, ce qui est le cas de la grande majorité Le rig côte-à-côte (side-by-side) des plans d’une fiction. Les deux caméras identiques sont placées l’une On utilise les rigs miroir sur steadicam, crosse à côté de l’autre sur des rigs mécaniques ou d’épaule et la plupart des machineries classiques. électroniques plus ou moins rudimentaires. Les rigs miroirs présentent deux types de L’avantage de ce dispositif est d’être souvent plus conception ou d’agencement quand il peuvent rigide et d’éviter les aberrations liées au miroir. être retournés autour de l’axe optique : Son inconvénient est qu’il favorise les grands - la première, dite zénithale, favorise la protection entraxes d’où résulte l’effet « maquette » lié à la du miroir. La caméra verticale est placée en des- miniaturisation apparente des objets filmés. On ne sous de l’axe optique et dirigée vers le haut. Ce sait pas éviter cet effet aujourd’hui, mais, obtenu dispositif permet une protection plus simple des dès lors que l’on dépasse l’entraxe visuel humain, lumières parasitant le miroir. il peut être subi ou recherché selon la volonté de - La seconde dite « position grue » présente l’avan- mise en scène du réalisateur. tage, ayant sa caméra verticale placée au dessus Dans tous les cas, il n’y a pas d’autre solution du miroir, de pouvoir rapprocher l’axe optique quand on film de loin, avec des objets premier très près du sol et par conséquent d’effectuer des plan situés à grande distance de la caméra, et que contre-plongées verticales importantes. DR Deux types de rigs côte-à-côte 15
  • 16. DR Deux exemples de caméras 3D intégrées électroniquement avec précision via un ordinateur. La caméra 3Ds intégrée Plus récemment, des instruments d’analyse Apparaissent aussi sur le marché des des images 3Ds émergent avec notamment la caméscopes professionnels qui enregistrent possibilité de réaliser un traçage temps réel deux vues d’une même scène à précis des problèmes de disparité travers deux axes optiques intégrés au sein d’un couple d’images dans le même corps caméra. Ce stéréoscopiques et de les type de technologie tout intégrée a corriger en temps réel. le mérite de limiter les problèmes Tous ces facteurs font de disparité entre les deux points qu’aujourd’hui, on voit apparaître de vues stéréoscopiques que l’on chez plusieurs équipementiers souhaite fusionner, notamment des solutions à la fois matériel- les problèmes d’alignement, de les et logicielles de traitement différences de mise au point et de en temps réel de la prise de vues zoom... Toutefois, la caméra 3Ds 3Ds qui permettent d’automa- intégrée a l’inconvénient de ne tiser une partie des corrections proposer généralement qu’un seul telles que les disparités vertica- réglage de l’écart interaxial et un les, la détection des problèmes réglage de vergence limité. Des de rotation et de déformation restrictions qui engendrent des trapézoïdale. Certains logiciels DR contraintes fortes quand il s’agit permettent également d’auto- de filmer une scène en relief de matiser l’ajustement de l’écart près et plus généralement qui ne Exemple de rig interoculaire et de convergence... permettent pas la maîtrise de la semi-transparent installé Des solutions de ce type conçues mise en scène de la stéréoscopie grâce sur un steadicam en France ou à l’étranger, permet- aux réglages des deux paramètres que tant de corriger ces problèmes ou sont l’entraxe et la vergence. de maîtriser ces paramètres en temps réel, sont d’ores et déjà utilisées sur les lieux de tournage, Le progrès des rigs 3Ds notamment dans la production sportive en direct. et le contrôle des disparités Les correcteurs de relief sont également intégrés Depuis la fin des années 90, les Industries dans des outils de visualisation utilisés en fiction Techniques de la Création ont vu l’essor de ou en captation afin de juger des effets obtenus rigs motion control capables d’être opérés sans fatigue cérébrale pour l’équipe. 16
  • 17. méthodes Pour aligner, synchroniser les caméras 3ds Pour réaliser une prise de vues stéréoscopique parfaite à l’aide d’un rig ou d’une caméra 3Ds intégrée, les deux optiques émanant des deux caméras doivent, bien évidemment, être identiques en tout point. L’alignement parfait, au pixel près, des caméras, est crucial pour le confort visuel du spectateur final. La moindre disparité verticale doit être éliminée, car elle force un œil à regarder en haut, et l’autre en bas… De nombreux autres facteurs peuvent provoquer des disparités verticales gênantes : - Problème de hauteur entre les caméras - Problème de panoramique vertical entre les caméras - Problème de rotation entre les caméras - Différence (même infime) entre les focales des caméras, qui est une des raisons expliquant la difficulté pour zoomer en relief - Aberrations optiques différentes entre les optiques Une solution consiste à minimiser ces problèmes de disparité au tournage (même si c’est quasiment impossible dans la pratique), en mettant les caméras à 0 cm d’entraxe et en utilisant des mires et le moniteur 3Ds pour régler finement l’alignement. De même, on veillera à ce que la colorimétrie et la luminosité des caméras soient identiques. Le vectorscope du moniteur 3Ds permet de contrôler cela avec précision. Enfin, la synchronisation des caméras est nécessaire, au timecode (pour le monteur), mais surtout au balayage près, sous peine de fatigue visuelle chez le spectateur due au décalage temporel entre les balayages des CCDs. Pour le timecode, il faut connecter les caméras, et mettre une caméra en TC « master » et l’autre en « slave ». Pour les balayages, mettre une caméra en Genlock master et l’autre en Genlock slave n’est pas assez précis, sauf exception comme avec certaines paluches ou des caméras conçues à cet effet. On préfère donc avoir recours à un boitier de synchronisation externe en Tri-level Sync, connecté sur les entrées Genlock des caméras. Les caméras dépourvues d’entrée Genlock, comme les appareils photo numérique sont problématiques. Certains moniteurs 3Ds permettent toutefois de visualiser les balayages et de tenter une synchronisation « à la main » ou « à la volée » en déclenchant les caméras simultanément. Mais, ceci ne présente pas les garanties indispensa- bles à un projet de long métrage ou de direct à la télévision. 17
  • 18. POSTPrOdUcTiOn 3ds : la direction du stéréographe du film ayant déjà oeuvré au moment du tournage. cOrrecTiOnS eT wOrkFLOw Les raccords de plans r éaliser une postproduction en 3Ds n’est lors du montage d’images 3Ds pas très différent d’une postproduction Le rythme des plans montés en stéréoscopie traditionnelle, si ce n’est qu’elle nécessite est logiquement plus lent que celui d’un mon- de gérer des volumes de fichiers deux fois plus tage à partir d’images 2D car il faut environ une importants. Il est également nécessaire d’assu- seconde au cerveau pour apprécier, au moment rer une continuité de la profondeur des scènes du changement de plan, le nouvel univers à ex- 3Ds, à la fois en soignant l’enchaînement de leur plorer. Un apprentissage du spectateur pourrait gamme stéréoscopique et en corrigeant les dis- toutefois réduire le temps d’accommodation né- parités entre les deux images gauche et droite. cessaire à chaque changement de plan. Mais, à ce jour ce n’est qu’une supposition. Le visionnage des rushes 3Ds au cœur du process Afin de limiter la gêne cérébrale et raccourcir le La postproduction des images relief oblige à re- temps d’adaptation entre chaque plan, il est éga- venir à des méthodes de travail plus rigoureu- lement possible d’utiliser le principe de « fondu ses qu’auparavant et à une définition plus pré- au relief » qui permet d’adoucir le passage d’un cise des tâches de chacun, de la préparation du plan à l’autre pour des reliefs manifestement tournage à la postproduction. Ces précautions, trop différents. prises en amont des différentes opérations, per- Du fait de ces contraintes, il serait dans l’absolu mettent de limiter l’alternance de séquences re- plus pratique que le montage stéréoscopique se lief incohérentes entre elles. fasse « on-line » directement à partir des ima- Toutefois, même si un stéréographe a parfaite- ges stéréoscopiques déjà corrigées. Toutefois, ment réglé les rigs et pris garde de limiter les pour des raisons de fatigue visuel sur la durée « mauvais » raccords de plan, le monteur devra mais également d’économie et/ou de non-dis- vraisemblablement, comme c’est le cas en 2D, ponibilité des outils de montage 3Ds on-line, ce changer l’ordre du montage prévu à l’origine. De n’est que rarement le cas. ce fait, il sera nécessaire de vérifier à nouveau Par conséquent, lors des montages « off-line » les raccords de plan lors de chaque visionnage de films ou programmes 3Ds, il est impératif de des rushes ou du montage 3Ds. visualiser les montages 3Ds et de les valider ré- Par ailleurs, suivant la méthode de postpro- gulièrement sur un écran stéréoscopique d’une duction envisagée et le budget de production, taille proche de celle qui sera utilisée lors de la il pourra être utile de consacrer du temps aux diffusion finale. Ainsi, il sera possible d’identifier corrections de disparités involontaires entre d’emblée les gênes visuelles qui résultent des les images. Il s’agira de corriger ces disparités disparités stéréoscopiques non corrigées ou de géométriques et colorimétriques involontaires, valeurs de relief différentes entre les plans. même indiscernables, résultants inévitablement Si possible, il est même souhaitable que les rac- des dispositifs de prise de vue, entre les images cords de plans soient étudiés lors de la prépara- gauche et droite de sorte que chacun des pixels tion du tournage, afin d’harmoniser les espaces correspondant soit situé à la même altitude. At- relief en amont et aval de la transition en rédui- tention, ces corrections faites obligatoirement sant au maximum les différences d’écartement en direct pour une captation deviennent une et de convergence des caméras. Néanmoins, opération de post-production pour la fiction. des ajustements seront souvent à prévoir en Cette opération pourra se faire sur les rushes postproduction par translation horizontale des avant montage mais elle se fait généralement images gauche et droite. après montage aujourd’hui, pendant ou juste Le changement de localisation dans l’espace du avant l’étape de l’étalonnage du relief du film. point d’accroche du regard, d’un plan à l’autre, Elle sera l’œuvre d’un technicien stéréogra- peut également entraîner un inconfort visuel. phe connaissant les outils de correction sous D’où la nécessité d’une écriture adaptée et d’un 18
  • 19. « étalonnage relief » spécifique, en harmonisant spectateur. la gamme stéréoscopique de la fin du plan pré- cédent et du début du plan suivant. Le matte-painting en 3Ds Le matte-painting est une technique qui peut Type de relief en fonction toujours être utilisée en 3Ds pour des décors au des entrées de champ loin, en arrière-plan vers l’infini, là où le paramé- Le spectateur ressent un inconfort visuel si l’un trage relief est au plus près de la vision humaine, de ses yeux voit trop longtemps une partie d’élé- sans perception véritable du relief. Il est toutefois ment que l’autre œil ne perçoit pas encore dans indispensable dans ce cas de figure de créer un l’entrée de champ latérale. Un savant dosage en- matte-painting s’intégrant très précisément dans tre intensité du relief et vitesse d’entrée de champ l’espace en trois dimensions « composité ». sera donc à déterminer. Cela ne pose en revanche Le discernement par le spectateur d’éléments pas de problème quand cette entrée de champ se 3D stéréoscopiques composités est en effet bien fait soit au niveau du plan de convergence (plan de plus fin qu’au cœur d’une image 2D. Une com- l’écran) soit verticalement (par le haut ou le bas position imprécise de l’image en relief sera tout de l’écran), car dans ces cas les deux yeux voient de suite repérée comme une incohérence par le apparaître le même élément au même instant. spectateur, et ceci d’autant plus que la taille de l’écran de diffusion sera importante. Vitesse, accélération et trajectoire des caméras Le compositing en 3Ds Afin de compositer précisément les différents Les mouvements doivent être de préférence flui- éléments de la scène finale, il va falloir se doter des, lents, avec de faibles accélérations ou décé- d’outils permettant en temps réel de visualiser lérations et des trajectoires en courbes larges. et de modifier les paramètres de chaque élé- Si le scénario impose des effets rapides éloignés ment. Et, si possible sur une taille d’écran la plus de telles préconisations, on optera pour un relief proche de la taille définitive de diffusion, afin de plus faible : à l’extrême, les axes optiques des tenir compte du facteur de grandissement. caméras gauche et droite pourront peu à peu Le truquiste doit donc être formé au relief et sa- être confondus de manière à filmer en quasi mo- voir mesurer et placer précisément les différents noscopie, préservant ainsi le confort visuel. éléments d’une image composite dans une scène en 3D stéréoscopique. Le placement de ces élé- Chasse aux contrastes trop forts ments devra être nécessairement très précis. Les systèmes de diffusion 3Ds (filtres et lunettes L’objectif de l’effet visuel est de modifier la per- polarisants, lunettes à cristaux liquides…) n’ayant ception de l’espace relief de chaque élément à pas un pouvoir séparateur absolu, chaque œil intégrer par : perçoit plus ou moins le fantôme de l’image des- • La translation horizontale des images gau- tiné à l’autre œil. Il faut donc limiter le contraste che et droite, modifiant le point de conver- trop fort entre les éléments en avant et en arrière gence et donc la localisation en profondeur plan, en fonction de l’intensité des effets relief et de chaque objet dans la scène. (« horizontal des disparités horizontales créées. shifts »). • Le redimensionnement de la taille des Réglage de la lumière pour un jaillissement images après suppression des parties Pour renforcer la sensation d’immersion, il faut non communes aux vues gauche et droite remplir le champ visuel du spectateur. Le mieux (« crop » and « resize »). est d’estomper progressivement les zones de • La correction des disparités verticales, l’objet jaillissant qui coupent les bords du cadre. notamment les effets de trapèze Pour cela, une méthode consiste à diminuer la (« keystones ») dus à la convergence des lumière d’une scène progressivement vers les deux caméras. bords de l’écran. Le volume de la scène filmée semble alors être entièrement centré sur le Régler la convergence en postproduction 19
  • 20. différence de profondeur entre les plans, et de laisser un léger sursaut de 3Ds à la coupe. Bien entendu, rien n’empèche d’utiliser un effet copyright : Technicolor de raccord 3Ds brutal pour provoquer une sen- sation particulière chez le spectateur. La gestion des fichiers 3Ds De plus en plus de tournages en 3Ds utilisent des caméras qui enregistrent en « mode fichier ». Il devient alors très intéressant de récupérer les informations X et Y des caméras pour les inté- grer aux métadonnées. En postproduction 3Ds, Exemple de correction de disparités une des questions centrales est la gestion du géométriques stockage qui devient cruciale. Le mieux est d’op- ter pour une sauvegarde régulière des images au Il est important de noter que les convergences fur et à mesure de la production, car les quanti- 3Ds peuvent être réglées en postproduction et tés de données à traiter sont doublées. ceci tout particulièrement pour les séquences La méthode qui consiste à réaliser le montage truquées contenant des effets visuels. Dans ce on-line directement en 3Ds est utilisée le plus cas, le tournage s’effectue souvent en mode « pa- souvent pour les programmes courts (publicité, rallèle » et c’est en postproduction qu’est réalisé films corporate, films documentaires…). Cette la convergence, ce qui est beaucoup plus simple. méthode suppose de disposer de stations de Notons qu’une faible partie latérale des images montage suffisamment performantes pour pou- sera perdue, alors que la vergence sur le plateau voir traiter en temps réel des images 3Ds dans amènera plutôt une légère perte en haut et bas de leur pleine résolution. l’image lors de l’élimination des effets de trapèze. Un montage plus long L’adaptation de convergence et le montage : Le montage d’un projet 3Ds est réalisé dans cer- le raccord relief entre 2 plans tains cas à partir d’un seul point de vue, par exem- En 3Ds, la convergence entre deux plans suc- ple l’image gauche. Pour apprécier la cohérence cessifs doit être ajustée. Généralement, on rap- du montage final, on sera amené à faire réguliè- prochera en postproduction les plans de conver- rement des conformations en 3Ds, permettant au gence au moment de la coupe, s’ils sont trop monteur de modifier la structure et le rythme du différents. Sinon, le spectateur risque de ressen- film selon les effets de relief obtenus. tir un inconfort visuel. La durée de cet ajustement peut également va- Allongement de la durée d’étalonnage rier. Des expériences menées durant la produc- Le calibrage de l’écran d’étalonnage 3Ds doit se tion de Legend of the Guardians: The Owls of faire en fonction des technologies de lunettes Ga’Hoole (2010) ont permis de mettre en lumière utilisées (passives ou actives). En outre, il est que la transition la plus douce en 3Ds est obte- difficile d’envisager d’étalonner (colorimétrie et nue lorsque la vergence des entrées de plans densité) avec des lunettes 3Ds de nombreuses est ajustée progressivement en fonction du plan heures consécutives, sous peine de fatigue ocu- précédent. Dans ce film, la durée de l’adaptation laire. Généralement, on étalonne en 2D. Puis, de vergence entre les plans variait d’une sé- lors du visionnage en 3Ds, on applique une cor- quence à l’autre de 8 à 40 images. Par ailleurs, rection sur l’écran de visualisation (LUT) pour plutôt que de faire en sorte que les caractéristi- compenser l’incidence de l’utilisation des lunet- ques de profondeur de chaque plan correspon- tes sur la perception des images. dent exactement au niveau du point de coupe, il A cette étape, il sera nécessaire d’ajuster la a été constaté qu’il était possible sur la plupart gamme stéréoscopique du film appelée aussi des séquences d’éliminer seulement 50% de la «étalonnage du relief» ou de modifier l’étalon- 20
  • 21. nage colorimétrique en fonction des contraintes Tourner en 2D en respectant de perception de la 3Ds. les contraintes du relief Toutefois, lorsqu’on filme en 2D en vue d’une La cOnverSiOn 2d/3ds : conversion vers de la 3Ds en postproduction, il est impératif de tourner en extrapolant déjà les La néceSSiTé d’Un SavOir-Faire effets relief et en ayant en tête les contraintes propres au relief. C’est ainsi que les amorces c de plan où les personnages sont la plupart du hoisir la conversion suivant les conditions de temps coupés lors d’un tournage 2D par les tournage bords du cadre, peuvent empêcher d’utiliser des Aujourd’hui, quelques blockbusters effets de jaillissement dans la scène. On peut américains qui sont diffusés dans les salles de tricher légèrement pour avoir un petit effet de cinéma en 3Ds sont le fruit d’une conversion jaillissement, mais avec le risque d’engendrer d’images 2D en 3Ds à la postproduction. La rai- un début d’inconfort visuel sur une partie du pu- son principale est économique et tient à ce que blic, surtout si ce choix est répété tout au long du les producteurs, face aux obstacles liés au tour- film. D’une manière plus générale, des plans se- nage en 3Ds, préfèrent répondre à la demande raient superbes en jaillissement à condition de du marché des salles numériques en relief via garder une certaine « aération » dans le cadre, une conversion 2D/3Ds souvent plus facile à gé- ce qui nécessite de reculer le groupe caméra ou rer quand il s’agit de films intégrant un grand bien d’éloigner ou recentrer les personnages du nombre de plans truqués en numérique. premier plan. Il est par exemple possible pour les besoins d’une Certaines transitions et certains fondus déjà en mise en relief de détourer des personnages qui place dans un film ou un programme TV tourné ont été filmés sur fond vert, de retraiter en 3Ds en 2D vont devoir être adaptés aux contraintes un décor qui a été tracké par une caméra virtuel- des transitions entre espaces relief, sous peine le... Généralement, ce décor aura été étendu en de visualiser des volumes imbriqués les uns matte-painting avec des créatures en images de dans les autres sans cohérence spatiale. synthèse insérées dans la scène et, dans ce cas, Par conséquent, la mise en relief d’images 2D le traitement en stéréoscopie au tournage peut est un processus métier qui nécessite le plus revenir plus cher et plus lourd à gérer qu’une grand soin si l’on ne veut pas générer un in- conversion 2D/3Ds en postproduction à partir confort visuel, voire un rejet chez le spectateur d’un tournage 2D. et respecter un certain réalisme du relief. Lors Il est aussi possible de mixer les techniques au d’une conversion 2D/3Ds, le relief devra être pa- sein d’un même film. De tels projets « compo- ramétré essentiellement pour assurer le confort sites » comportent alors des plans tournés en visuel des spectateurs, avec de beaux effets de 3Ds et d’autres convertis de la 2D vers la 3D, lor- fenêtre mais avec peu de jaillissements efficaces que ces séquences sont plus faciles à traiter en et confortables vu la difficulté à bien les régler. conversion 2D/3Ds plutôt qu’au tournage. C’est le cas par exemple des séquences tournées en Corrections des disparités longue focale en mode stéréoscopique qui peu- La conversion 2D/3Ds réalisée de manière auto- vent donner un effet de « plaques » successives. matisée à l’aide de machines de postproduction Cet effet d’aplatissement lié au tournage en lon- est certes de plus en plus performante, mais il gue focale est particulièrement gênant si l’on n’en demeure pas moins que des étapes ma- tourne un portait en plan serré. Le plus simple nuelles et l’intervention d’un spécialiste, de- et le plus économique est alors de filmer la sé- meurent indispensables sans quoi on risque de quence en 2D et ensuite de redonner du modelé proposer un confort visuel insuffisant. Nombres au visage grâce à une rotoscopie du personnage, de disparités entre les deux points de vue image de sorte que l’on donne au spectateur l’illusion doivent être corrigées manuellement. qu’il voit deux points de vue différents. De même, lorsque les lointains sont flous dans l’image 2D d’origine, on devra redéfinir l’infini 21
  • 22. dans l’image 3Ds reconstituée. Il est aussi né- perception humaine du relief vers l’infini est en cessaire de recréer de la matière 3Ds sur les zo- effet quasi inexistante (à cause du faible espa- nes où l’effet relief est accentué… cement entre nos deux pupilles, comparé à la distance les séparant des objets observés). Il est La conversion 2D-3Ds automatique, une aberration… donc possible de leurrer facilement le cerveau La plupart des systèmes de conversion automati- via ce type d’opération en compositing. que actuels donnent à voir une stéréoscopie trai- Pour les matte-painting et effets visuels numé- tée uniquement dans le sens de la profondeur et riques plus proches des caméras virtuelles sté- de l’immersion sans jaillissement. Ces machines réoscopiques, il faudra en revanche modéliser le fonctionnent à l’aide d’algorithmes reposant en- décor en images de synthèse en 3D, afin d’avoir tre autres sur un principe de reconnaissance des véritablement deux perspectives des objets (une couleurs, avec une répartition organisée sur le pour l’œil gauche et l’autre pour l’œil droit). Sur fait que les tons chauds sont plutôt sur le devant ce type de plans précis, une sortie classique d’un d’une scène et les tons froids derrière dans les film ou programme TV en 2D ne pourra plus être lointains. Le seul problème de cette règle soit di- récupéré pour servir de base au relief. Il faut sant « naturelle » est qu’elle comprend bien des alors reprendre tous les fichiers 3D dans le com- exceptions, ne serait ce que dès que l’on est dans positing au niveau des matte-paintings et effets un univers éclairé artificiellement ou lorsqu’ un visuels numériques. personnage a un vêtement d’un ton froid au pre- mier plan, alors qu’en fond, on observe des tons chauds. De ce fait, la conversion automatique Le cOnFOrT viSUeL de La 3ds L génère beaucoup d’artefacts et d’ambiguïtés vi- suels. Ces ambiguïtés vont rapidement détour- orsque ces inconforts sont faibles ils peu- ner le spectateur de ce type d’images qui don- vent être quasiment imperceptibles mais nent une vision tronquée de la réalité. ils produiront tout de même une gêne qui se cumulera dans le temps et produira des ef- fets secondaires plus ou moins détectables par …nécessaire pour le traitement d’antenne 3Ds le spectateur (douleur ou gêne oculaire, maux de Toutefois, les diffuseurs TV seront rapidement contraints à utiliser la conversion automatique de la 2D vers la 3Ds, afin de réaliser des raccords d’antenne en 3Ds suffisamment doux et accepta- bles pour le téléspectateur entre différents pro- grammes, comme par exemple entre des bandes annonces et des publicités qui auront été réali- sées avec des valeurs de relief différentes. Animation en images de synthèse, matte-painting et stéréoscopie Tous les plans d’un film ou d’un programme de télévision utilisant du matte-painting de décor en arrière-plan sont à étudier en préambule de la postproduction si l’on souhaite les convertir de la 2D vers la 3Ds. Il est notamment indispensable de Un ophtalmologiste britannique Archibald Stanley Percival a déterminer quels seront les éléments de matte démontré dès 1920 dans l’ouvrage « The Prescribing of Specta- cles » qu’il existait un lien direct entre la vergence, c’est-à-dire painting qui devront être recréés par des modèles la distance mesurée par notre œil avec un objet donné et la fa- d’image de synthèse 3D pour obtenir un deuxième culté d’accommodation du cerveau qui ajuste en permanence point de vue caméra cohérent visuellement. la focalisation de nos yeux pour ajuster le regard à la bonne Pour des matte-painting de décors en arrière distance par rapport à cet objet. L’analyse de ce phénomène plan vers l’infini, il est en effet possible de « tri- a permis de définir une zone de confort à mi-chemin entre la cher » en créant du relief en compositing. Notre distance de vergence de nos deux yeux et la distance focale. 22
  • 23. têtes, nausées, etc.). Un inconfort de plus forte Le relief a ses règles de grammaire propres et amplitude pourra aller jusqu’à l’impossibilité les ignorer produira des inconforts certains. de regarder le contenu, voire même entraîner A mi-chemin entre la technique et la création, un rejet de la technologie chez certains spec- le suivi de ces règles impacte l’ensemble de la tateurs. C’est pourquoi des études françaises chaîne de création (mode de narration, mise en et internationales sont en cours afin de fournir scène, entrée de champs des acteurs, cadrage, aux diffuseurs TV et producteurs de films et de maquillage, costumes, montage, rythme, etc.). programmes TV des éléments scientifiques pour Par exemple, il est de mise dans la narration 2D juger la qualité du confort visuel. d’utiliser des amorces, celles-ci sont souvent en La notion d’inconfort visuel face à des images bord cadre et il serait tentant de les faire sortir 3Ds peut intervenir à n’importe quel niveau de la de l’écran en 3Ds. Cependant, des mesures psy- chaîne de perception et de reconstruction men- cho visuelles sur des audiences tests (source : tale de cet effet visuel permanent qu’est la 3D projet 2020 3D Media) montrent que pour un effet stéréoscopique. C’est pourquoi il est assez ur- de relief jaillissant moyen, un objet représentant gent de définir des procédures de mesures, de quelques dizaines de pixels de large en bord ca- nouveaux outils pour effectuer ces mesures et dre produit un inconfort sur les 2/3 de l’image. pour corriger certains défauts, mais également En d’autres termes, 2% d’erreur sur la fabrica- d’effectuer des études psychovisuelles permet- tion d’une image 3D peut produire un inconfort tant de comprendre les règles de « grammaire » sur 75 % de la surface de l’image. propre à une narration en 3D. D’autre part, cet inconfort visuel a un effet de la- Ainsi, au niveau du tournage, il existe les erreurs tence et produit un dommage de reconstruction liées aux imperfections mécaniques et électroni- mentale sur le ou les plans suivants. Comme il ques des rigs de caméra n’est pas concevable de brider la 3Ds. Parmi l’inconfort création 3Ds à venir, les éditeurs les plus désagréable, de contenus 3Ds ont entamé une mais aussi facilement réflexion poussée avec leurs mesurable, on peut ci- partenaires habituels, comme ter l’inconfort lié à la la CST et la Ficam, sur la mise présence d’un décalage Le flare : une source d’inconfort en place de services de contrôle vertical entre les deux axes visuel qualité formés à la vérification des optiques des caméras d’un images TV3Ds sur la base de re- rig. Puisque les capteurs commandations techniques claires d’une caméra sont indépendants, tout écart de adoptées par l’ensemble de la filière. géométrie, de coplanarité, de colorimétrie ou en- Les systèmes de projections ou d’affichage de core de vitesse et de synchronisation des « obtu- contenus 3D ne sont pas non plus neutres en rateurs » viendront altérer le confort du relief. terme de génération d’inconforts visuels. Par Quelques outils du marché permettent d’ailleurs exemple, il est particulièrement désagréable de déjà de corriger certains de ces défauts en temps visionner un contenu à forts effets de jaillisse- réel. Les chaînes de production 3Ds européennes ment sur un système à fort taux d’images fan- sont même équipées de matériels de correction tômes résiduelles (voir chapitre la 3Ds dans les à base d’un « feedback » mécanique automati- salles de cinéma). que sur les rigs qui fonctionne sur la base d’une La conversion 2D/3D répond à une forte deman- analyse en temps réel du contenu filmé. de de disponibilité de contenus 3D. On voit même Ces outils de correction destinés à la captation émerger des solutions de conversion automati- s’adressent principalement à des inconforts sur que intégrées sous forme de boitiers pour les l’ensemble d’une image. Les inconforts les plus studios de postproduction et les régies de diffu- difficiles à détecter et à corriger sont probable- sion TV, mais également sous forme de compo- ment les inconforts locaux, souvent liés à des sants électroniques dans certains téléviseurs. Il différences locales entre les deux images (exem- est toutefois nécessaire de se questionner sur la ple : effet de flare ou de reflets différents entre possibilité et l’intérêt de tout convertir en 3Ds. l’œil droit et l’œil gauche). Y a-t-il un intérêt artistique et narratif à faire 23
  • 24. de la 3D sur certains contenus ? La grammaire laissée lors de la phase « d’étalonnage relief », d’un film existant est-elle compatible avec une il est important d’utiliser cette étape comme une remise en relief ? A partir de quel taux d’erreurs phase d’adaptation entre la grammaire existante de reconstruction 3Ds est-il inacceptable pour du film 2D et celle de la 3D. un diffuseur ou un spectateur de diffuser une L’inconfort visuel sur la conversion 2D-3D est œuvre fruit d’une conversion 2D-3D ? Comment souvent lié à des erreurs de reconstruction, d’in- faire la distinction entre une remise en relief terprétation des profondeurs ou encore de qualité réelle où les images 3D finales sont proches de d’exécution. En général, les outils de conversion celles qui auraient pu être tournées en 3D et une automatique génèrent un relief de profondeur génération de « faux » relief où seules certaines (derrière l’écran) et procure un jaillissement très couches sont mises en profondeur sans notion léger, voire inexistant. L’inconfort est donc po- de volume ? Il faut également se demander si tentiellement faible lorsqu’il n’y a pas (ou peu) tous les éléments captés en 2D sont vraiment d’erreurs d’interprétation des profondeurs dans transformables en relief (transparences, flous, une gamme d’effet relief réduit. Cependant, la profondeurs de champs, rythme, etc.) ? sécurisation du confort visuel par la fabrication Bien que plus aisée que la colorisation d’un d’un relief faible peut décevoir le spectateur. film, la remise en relief nécessite une étape Les inconforts produits par des artefacts de mise de contrôle de qualité (et dans certains cas de en relief peuvent produire des incompréhensions correction de défauts) et une interprétation ar- partielles d’une scène filmée. Le plus flagrant tistique qui s’apparente un peu à l’étape de l’éta- est lié à la rupture franche de profondeur sur lonnage et qui doit être effectuée avec la même une zone continue de l’image : on voit ainsi un rigueur technique et artistique. Puisqu’une même élément sur deux niveaux différents de certaine latitude dans l’ajustement du relief est l’espace. Comme l’inconfort peut avoir des effets La PrOjecTiOn 3ds aU cinéMa Autre difficulté : la fluidité de la projection. Afin d’améliorer ce point, et donc d’améliorer la a ctuellement, les technologies de projec- perception du relief, chaque image est projetée tion 3Ds utilisées dans les salles de ci- 3 fois (triple flash) dans le créneau d’une image, néma reposent sur l’envoi de deux flux soit au total 6 images en 1/24ème de seconde d’images distincts et successifs, et un système (3 images par œil). permettant à chaque œil de ne recevoir que les Dernière difficulté de la projection relief : les informations qui lui sont destinées. réglages de synchronisation. Il est important, Trois solutions technologiques sont proposées afin de ne pas fatiguer la vision, que la syn- pour réaliser cette séparation : chronisation de l’affichage des images avec les • la polarisation de la lumière, commutations des systèmes séparateurs par • le filtrage spectral de la lumière, œil soit parfaite. Ces réglages sont à faire sur • l’obturation active de la vision. chaque installation. Elles se heurtent toutes à un vrai problème de rendement lumineux, car en moyenne, entre La polarisation de la lumière 75 et 85% du flux lumineux se perdent dans Pour mémoire, ce principe est également uti- les systèmes (filtres, lunettes). Les puissances lisé, depuis longtemps, en projection 35 mm. des brûleurs xénon étant limitées (aujourd’hui Un système de polarisation de la lumière est maximum 7.000W), les dimensions d’image placé devant l’objectif de projection. Il s’agit de éclairables en projection 3Ds avec un seul pro- polariser alternativement la lumière dans des jecteur sont nécessairement limitées (14 à 15 m états circulaires opposés. Toutes les images au format cinémascope). Au-delà, il est recom- destinées à l’oeil gauche sont donc projetées mandé d’utiliser deux projecteurs superposés. avec une polarisation dans un sens, et celles La luminance des images est un facteur fonda- destinées à l’œil droit avec une polarisation in- mental de la perception des effets stéréosco- verse. Pour réaliser cela, on place devant l’ob- piques. jectif des systèmes de filtres à cristaux liquides 24
  • 25. un petit peu de l’image destinée à l’autre œil, générant une image double légère appelée « ghosting ». Afin de pallier cette problémati- que, il est possible de disposer de fichiers DCP dits « ghostés », c’est-à-dire intégrant pour chaque œil une image inverse de l’image para- site. Les lunettes sont vendues au spectateur (coût très faible) qui peut les conserver et les réutiliser pour d’autres séances utilisant les mêmes technologies. Les deux principaux fournisseurs de ce type de technologies sont RealD et MasterImage. La polarisation de la lumière L’obturation active de la vision Au niveau du projecteur, il n’y a pas de modifi- (solution RealD) ou à disques rotatifs (MasterI- cation. On connecte simplement au port GP/IO mage). Une liaison au port GP/IO du projecteur un émetteur infra rouge, positionné en général permet d’assurer la synchronisation de ces fil- derrière le hublot de cabine. Cet émetteur en- tres avec l’affichage des images. voie un signal de synchro, réfléchi par la toile Il peut apparaître des problèmes au niveau du d’écran, ce qui permet de couvrir aisément l’en- hublot de projection, la plupart des verres, pour semble des fauteuils. Plusieurs émetteurs peu- traitement de sécurité (au feu notamment) inté- vent être placés dans les grandes salles. grant des couches dépolarisant la lumière. L’écran classique du cinéma peut être conser- La lumière est réfléchie par la surface d’un vé. Moins le gain sera élevé, meilleur sera le écran de type « métallisé ». En fait, il s’agit résultat qualitatif (uniformité de luminance no- d’un écran peint avec une peinture contenant tamment). des éléments d’aluminium. Cette peinture à la Le spectateur dispose de lunettes dites actives. particularité de conserver la polarisation de la Ces lunettes sont équipées de cristaux liquides lumière lors de la réflexion. Ce n’est pas le cas dont on peut modifier l’orientation. Selon l’œil des toiles blanc mat classique. et le signal de synchro envoyé par l’émetteur Par contre, ces toiles métallisées sont très infra rouge, ces cristaux liquides vont alterna- directives, c’est-à-dire qu’elles réfléchissent tivement obturer la vision, ou laisser passer l’essentiel de la lumière selon les axes inciden- la lumière. Chaque œil voit donc son image, et ces/réflexion. Il en résulte un « point chaud » seulement son image (pas d’effet de « ghost »). dont l’emplacement est variable selon l’endroit Les lunettes doivent être alimentées électrique- où l’on se trouve dans la salle. On obtient donc des valeurs d’uniformité d’éclairement très inférieures aux normes récentes pour la pro- jection numérique (ISO, Afnor). Acceptable en projection 3Ds, dont les caractéristiques quali- tatives ne sont pas normalisées, cette particu- larité est très dommageable pour la qualité des projections 2D. Il est donc conseillé que les sal- les équipées ainsi soient dédiées à la 3Ds. Par ailleurs, cette méthode reste peu appropriée pour les salles larges et peu profondes. Pour percevoir séparément les images, le spectateur porte des lunettes disposant d’un filtre sur chaque œil, chacun ne laissant pas- ser la lumière qu’en fonction de sa polarité. Ce L’obturation active de la vision filtrage n’est pas parfait, et chaque œil perçoit 25