1. Pourquoi les régimes sont (presque) toujours des échecs...
Trente huitpersonnessontvenuscafé-débattre surlesrégimesce mardi 28avril 2015. Cette rencontre
a été trèsenrichissante etnousadémontré que de nombreusesidéesreçuessurl’alimentation sontà
abandonner rapidement pour se sentir bien dans son corps.
Les deux intervenantes, Ulla Menneteau-Nielsen : diététicienne nutritionniste, membre de
l'association GROS et Florence Morel : psychologue au service psychiatrie du CHU de Clermont-
Ferrand, membre de l'association PARAD, nous ont guidé afin de comprendre le fonctionnement et
les besoins de notre corps et de notre esprit, avec précision et non sans humour.
La rencontre a débuté par la diffusiond’un extrait du film « Régimes : la vérité qui dérange » (un
documentaire diffusé en 2013 sur France 2 dans l’émissions Infrarouges).
Pourquoi faisons-nousdesrégimes ?Pourmaigrir…maispasseulement. Toutd’abord,parce que c’est
une attitude partagée,une sorte de mœurs: « je me trouve grossedoncje me metsau régime ». Puis
parce qu’on se place entre les mains du prescripteur de régime, on ne se prend plus la tête à savoir
quoi manger: onsuitce qui estécrit.Enfin,parce que dansunpremiertempsçamarche ! Onperdses
10 kilos en un mois, c’est un succès. Le problème c’est que ça ne dure pas… On se relâche et on les
reprendvite.Pourquoi ?Comme UllaMenneteau l’atrèsbiendit :« on peut bien retenir notresouffle
pendant 10 secondes mais pas pendant 10 minutes ».
Le régime esteneffetefficace àcourtterme maisune catastrophe àlongterme :pourle corpsetpour
le moral. Des études prouvent que 75 % des régimes mènent à une perte de poids. Oui mais voilà,
entre 2 et 5 ans après le régime, 65 à 98 % des personnes reprennent leur poids initial et souvent
même plus.Ce sentimentd’échecde lamaitrisede notre poidsmène àune perte d’estimede soi, àde
la honte ou de la culpabilité. C’est pourquoi on retente à nouveau un régime et c’est l’effet de yoyo
perpétuel. De plus, ces changements de régimes selon les périodes engendrent des troubles du
comportement alimentaire qui mènent à une prise de poids supplémentaire.
Voici quelquesidéesreçuesàabandonner etdesvéritésàadopterpourmieux comprendre soncorps
et gérer son poids.
1. Lorsque nousmaigrissons la graisse disparaît. FAUX
Lorsque l’on fait un régime les cellules graisseuses perdent leur contenu mais ne disparaissent pas !
Elles sont encore là et lorsque nous reprenons du poids elles se remplissent à nouveau et se
multiplient parfois : c’est génétique.Ainsi, faire le yoyo entre plusieurs régimes aide à multiplier les
cellules graisseuses.
2. La faim estnotre ennemi !FAUX
La faim est un régulateur. Elle traduit les besoins du corps en alertant notre cerveau par cette
sensationde faim.Le corps à besoind’uncertainnombre de caloriespourfonctionnercorrectement.
C’estdonc le nombre de caloriescontenuesdansl’alimentqui calme la faimet nonle volume ingéré.
Il estimpossible de mangermoinsque safaim à moinsque l’onne soit atteintd’une maladie comme
l’anorexie. Donc, la faim est notre amie.
2. 3. Il faut faire beaucoup de sport pour éliminer.VRAIet FAUX
Les mouvementsducorps vonteffectivementnousfaire dépenserdescalories.Mais,seulement20%
descaloriesnécessairesaux dépensesquotidiennesvontêtre sollicitéesparnosmouvements.Le reste
sera consumé à travers le fonctionnement du corps comme la digestion ou par le cerveau pour un
quart des dépenses énergétiques.
4. Il faut absolument3 repas par jour et ne pas grignoterentre lesrepas. FAUX
Il faut s’écouter ! Si votre corps vous indique qu’il n’a pas faim, il ne faut pas se forcer à manger. Le
corps se régule seul : si l’on a mangé beaucoup à midi et que le soir nous n’avons toujours pas faim
alors c’est que le corps n’a pas besoin de manger plus.
5. Il ne faut pas manger gras ni sucré. FAUX
Le corps à besoin de tout y compris de sucre et de graisse. La répartition idéale de nos besoins
nutritionnels :de 45 à 55 % de sucre,de 35 à 40 % de graisse etde 10 à 15% de protéines.Lesbesoins
sont variables d’une personne à l’autre et peuvent être différents d’un jour à l’autre. Le corps a
naturellement besoin d’équilibre : « si vous passez tout un week-end de fête à manger de la viande
qu’avez-vous envie de manger le lundi ? Des légumes ! »
6. Avec un peu d’effortonpeut tous avoir le physique de Kate Moss ! FAUX
Nousavons tousuncorpsdifférentetdoncunpoidsd’équilibredifférent. Ce poidsd’équilibreestcelui
à atteindre pour être en bonne santé et bien dans son corps. Le corps nous amène d’instinct vers ce
poidssi nous faisonsattentionànosbesoins.De plus,ce poidsvarie aucours de lavie (entre 20 et 60
ans la prise de poidsmoyenne estde 7-8 kilos).« Doncn’essayezplusla robede marié de vos20 ans,
c’est mauvais pour le moral et normal que vous ne rentriez plus dedans ! »
7. Il faut avoir un IMC entre 20 et25 pour être en bonne santé. FAUX
L’IMC définit par les médecins est un chiffre statistique et non une norme ! De plus, il a été prouvé
que lespersonnesayantun IMC entre 25 et 30, déterminé comme en« surpoids » ont une durée de
vie plus longue que les personnes ayant une IMC de 20 à 25.
8. La liposuccionetla chirurgie bariatrique peuventêtre une solution.RESULATS NUANCES
La liposuccion détruit les cellules graisseuses et aide à avoir une meilleure image de soi-même.
Cependant, elle n’arrange pas les problèmes de santé : si on perd ici on peut très bien reprendre
ailleurs. La chirurgie bariatrique réduit le poids d’équilibre pour une durée limitée. De plus, un
accompagnement est nécessaire après l’opération pour réussir à maintenir ce poids.
9. Il faut forcer lesenfantsà finirleurassiette et à manger 3 repas par jour. FAUX
De même que pour les adultes, il faut les laisser agir selon leur faim, quitte à leur laisser sauter un
repas et leur glisser un encas dans leur sac pour qu’ils mangent lorsque la faim leur reviendra. Il est
cependant parfois compliqué d’avoir la liberté de procéder ainsi dans le cadre scolaire qui se tient à
un tout autre fonctionnement.
3. 10. La durée du sommeil à une incidence sur notre poids.VRAI
La société actuelle,sonrythme imposé,sesécrans,ontpourincidence uncertainmanque de sommeil.
Or, lorsque l’on dort moins, on perturbe la gestion de la masse grasse mais pas la croissance. Ce qui
participe àrégulerlamassegrasseestl’hormone decroissancemaisvisiblementellearriveàbiengérer
la croissance malgré cela. Seul le poids est perturbé.
11. Certainsmédicamentsfont grossir. VRAI
Certainsmédicaments,comme lespsychotropes,augmententlasensationde faimetengendrentdonc
une prise de poids. Il n’y a pas de réelle solution à cela. Il faut accepter l’effet secondaire et voir les
effetspositifs :je vis,je profite…Ne passe focalisersursonpoids,être bienveillantenverssoi-même.
12. Manger estun acte symbolique :nous mangeonsdu sens. VRAI
Lorsque nous mangeonsun œuf de Pâques,une pizzaou une crêpe,nousassimilonsune histoire,un
endroit,unsymbole. La nourriture est riche de symboliques sociales bénéfiques pour notre moral.
Le repas est également souvent assimilé au partage. C’est un moment de convivialité un moyen de
communiquer et prendre du plaisir ensemble. La nourriture est très liée à l’affectif. « Lorsque
quelqu’un refuse un aliment que vous lui offrez, c’est comme une personne qui détournerait la tête
lorsquevousvoulezl’embrasser ».Onplacedanslesplatsquenouspréparonsbeaucoupde sentiments
et l’envie de faire plaisir.
Manger estégalementunacte d’intimitéetd’appartenance :lorsque l’onmange avecquelqu’unc’est
souvent qu’on est proche de cette personne.Le premier rendez-vous galant estd’ailleurs souventle
partage d’un repas en tête en tête.
13. Manger participe à l’équilibre émotionnel.VRAI
Un repasest unmomentde joie !Quandl’heure durepasapproche noussommes contents.Dansune
mauvaise journée cela peut même nous remonter le moral. C’est également pour cela que lorsque
nous sommes tristes nous mangeons plus car nous cherchons du réconfort. Lors d’un régime, on
s’empêche de mangerce que l’onaime,ce qui engendre de latristesse etaccroît doncnotre envie de
manger. C’est un cercle vicieux…
14. « Je n’ai plusfaim pour le plat mais je veuxbienun dessert » AUTORISE
Le corps nous guide pour varier notre alimentation. Nous passons ainsi d’un plat à l’autre selon nos
besoins.Si notre corps ne veutplusde protéinemais qu’ilabesoindesucre alorsil fautleluiaccorder !
Pourquoi se priver ?
15. « J’ai envie de manger une tablette de chocolat entière » AUTORISE MAIS PEU PROBABLE
Lorsque nousavonsenvie d’unalimentc’estque notre corpsle demande.Si l’onmange doncde cet
aliment, nousprenonsduplaisiretlui trouvonsungoûttrèsagréable.Maissi nousingéronstropde
cet aliment,nousatteindrons àuncertainstade une sensationde dégoût.Nousarrêteronsdoncd’en
manger,obéissantànotre organisme.
4. 16. On se voit comme lesautres nous voient.FAUX
Nous nous percevons différemment selon la valeur que l’on s’accorde. De plus notre vision de nous
même est faussée par des comparaisons aux femmes des magazines et du cinéma.
Après l’émancipation de la femme au XXe, celle-ci s’est transformée :
dorénavanttravailleuseetdynamique, sonprofil s’estaminci pourcollerà
cette image. Puis la consommation de masse est arrivée et les
commerciaux se sont emparés de ce filon que sont les produits
amincissants, allégés, les livres de régimes… et ont maintenu et exagéré
cette image d’idéal« maigre » quelesfemmes feraienttoutpouratteindre.
Notre société a donc construitune image de la « femme parfaite » fausse
et impossible àatteindre.Fausse car cesfemmesparfaitesn’existentpas :
elles sont retouchées, transformées grâce à des outils d’infographie, ou
plastique (CF.Barbie :taille humainementpossible).Impossibleàatteindre
également, car seulement1%desfemmessont"programmées"pourêtre
aussi grandes et maigres que les mannequins (pour avoir les mensurations que l'on attend des
mannequins).
En effet,65 % desfemmesontune perception insatisfaisante d’elles-mêmesetontenvie de maigrir.
Dès notre plus jeune âge nous sommes confrontés à des silhouettes maigres (jouets, films,
magazines…) que nous adoptons petit à petit comme la norme. Il faut arriver à abandonner cette
norme qu’on nous impose. « La diversité devrait être la norme de chacun ! »
Nous avons tellement intégré ces nouveaux canons que pour la majorité d’entre nous, la femme
maigre est une femme normale, alors qu’une femme normale (médicalement parlant) est pour nous
une femme avec des rondeurs, voire un peu grosse.
La solution Ulla Menneteau-Nielsen : Nourrir le corps et l’esprit
Le principe d’unbonéquilibrealimentaire etde « faire équipe avecsoncorps ».Avoirunregard
bienveillantsursoncorpset l’écouter.
La bonne recette :
Attendre lafaimpourmangeret s’arrêterlorsque lafaimestapaisée.
Déguster, pourun plaisirplusintense etparce que celaaide às’arrêterau bon moment.
Ajustersonalimentationenfonctionde safaimetde sesenvies.
Rechercherle partage etla convivialité :mangerestunmomentde bonheur etsi noussommes
heureux nousmangeonsmoins.
Favoriserleslieuxréservésaux repas :calmes,agréables,oùl’onne parle pasboulot.
Ne pas faire de commentaire surleschoix alimentairesdesconvivesetéviterlespersonnesqui en
font.