1. Qui décide et qui est
responsable ?
L’efficacité de l’aide et la
reconstruction d’Haïti
Marc J. Cohen
23 Novembre 2011
2. Les principes de l’aide efficace
• Propriété
– Le développement est un processus propre à chaque pays
• Alignement
– Les programmes des bailleurs soutiennent les plans
nationaux
• Harmonisation
– Les bailleurs collaborent et travaillent de manière cohérente
• Résultats
– Se concentrer sur des résultats mesurables
• Responsabilité mutuelle des bailleurs et partenaires
du développement
Source: Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide
(2005)
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4. Haiti: Un cas spécial?
• Un quart de siècle d’instabilité politique
– Corruption, trafic de drogue, faiblesse de l’Etat de
droit
• Détérioration des capacités de l’Etat, situation
aggravée par le séisme
• Rupture entre l’Etat et la société
– Gouvernement par et pour une élite minoritaire
– Distribution la plus inégale des revenus en
Occident
– 78% des haïtiens vivent dans la pauvreté (90%
dans les zones rurales)
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5. Réponse des bailleurs
• Les programmes d’aide ont tendance à
contourner l’Etat en faveur des ONG et du
secteur privé
– «République des ONGs »
• Parti pris en faveur des ONGs internationales et
des firmes transnationales
• Les réponses humanitaires massives au séisme
de 2010 ont eu tendance à suivre ce schéma
• Présence d’une panoplie d’acteurs du
développement, peu de coordination
• Les bailleurs n’ont pas réussi à honorer les
promesses d’aide
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6. Un changement de contexte
pré-séisme ?
• Développement du Plan national de
croissance et de réduction de la pauvreté en
2007 bien plus participatif que les processus
antérieurs de conception et de planification
des politiques
• Renouvellement de l’attention sur l’agriculture
et le développement rural après des années
de désengagement
• L’amélioration de la situation sécuritaire
agrandit l’espace de développement
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7. Reconstruction Post-Séisme
• Les bailleurs ont promis plus de $10 milliards sur
une période de 10 ans
– $5.6 milliards pour 2010-2011
– Les Etats-Unis ont promis $1.15 milliards pour
2010-2011
• La commission intérimaire pour la reconstruction
d’Haïti (CIRH) est mise sur pieds pour superviser
le processus de reconstruction
– Elle inclut des représentants du gouvernement
haïtien, de la société civile et des principaux
bailleurs.
– Co-présidée par le premier ministre haïtien et
l’envoyé spécial de l’ONU en Haïti, Bill Clinton.
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8. CIRH
• Etabli par le Parlement haïtien avec l’encouragement
des bailleurs
• S’assure que les projets de reconstruction s’alignent
avec le Plan d’Action pour le Relèvement et le
Développement d’Haïti.
• Facilite l’accès des projets au fond de reconstruction
multi-bailleurs d’Haïti
• Possède une unité anti-corruption
• Est chargé de renforcer la capacité des ministères
• Expiration du mandat en octobre 2011
• Elle devrait être remplacée par l’Agence nationale de
développement haïtienne
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9. Les forces de la CIRH
• A approuvé $3.2 milliards de dollars pour des
projets
• A poussé les bailleurs à se concentrer sur
des priorités nationales clefs
– Déblayage des débris
– Logement
• Les partenaires considèrent que la CIRH
améliore la coordination et la cohérence.
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10. Critiques de la CIRH
• Menée par les bailleurs
• Une voix de plus dans la « cacophonie » du
développement haïtien
• Agit très lentement
• « Tutelle virtuelle selon les diktats des
paramètres néolibéraux », par Robert Fatton
• L’agence de développement national n’existe
pas
– Le mandat de la CIRH devrait être prolongé
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11. Comment les bailleurs se
partagent le contrôle ?
Etudes de cas sur
• L’agriculture
• La santé
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13. L’aide des Etats-Unis à l’agriculture
• Les Etats-Unis sont l’un des bailleurs clefs du
développement agricole
– Parmi les autres bailleurs il y a la BID, le Canada, la Banque
Mondiale, le FIDA
– La plus grande promesse de don pour la reconstruction
agricole
• Projet WINNER
– $126 million entre 2010-14
– Axé sur la réhabilitation des basins versants
– Renforcement des capacités des organisations de
cultivateurs
– Promotion de la production d’aliments pour la consommation
locale
– Fournit des services d’vulgarisation à travers de paysans
modèles
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14. L’aide des Etats-Unis à
l’agriculture (suite)
• Pilier central du support des Etats-Unis à la
reconstruction
• En harmonie avec les plans nationaux de
développement agricole
• Etroite collaboration avec le Ministère de
l’Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural (MARNDR)
– Travaille étroitement avec les Tables Sectorales
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15. Aide des Etats-Unis à
l’agriculture (suite)
• Le programme « Feed the Future » permettra
d’escalader l’échelle
• Le ministère américain de l’agriculture
(USDA) fournit de l’assistance technique au
MARNDR
• Disponibilité de ressources d’aide alimentaire
non liées à l’urgence pour encourager les
efforts de stimulation de la productivité
agricole et pour renforcer les organisations
de cultivateurs
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16. Incohérence des politiques
• Le Projet WINNER supporte la production et la
commercialisation des produits agricoles, mais la
politique agricole américaine encourage
l’exportation de riz américain subventionné
– Haïti est le 3ème plus grand marché pour le riz
américain après le Japon et le Mexique
– Sous la pression des bailleurs, Haïti a réduit le prix du
riz de 50% à 3% ; le prix en République Dominicaine
est de 20%
• L’aide alimentaire américain est principalement
en nature, plutôt qu’en fond pour acheter les
produits haïtiens
– En 2010, 72% de l’aide alimentaire d’urgence était en
nature
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17. Limites de l’aide des Etats-Unis
à l’agriculture
• Faible support budgétaire fournit au MARNDR
• Les organisations de la société civile haïtienne
critiquent le manque de consultation, l’approche
descendante (top down)
• Controverse à propos de la donation en semence
de Monsanto
• Les programmes sont implementés par des
firmes de consultation et des ONGs américaines
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18. Les programmes agricoles
d’autres donateurs
• Le Canada accentue l’aide sur des priorités
identifiées localement
– Travaille avec les comités de développement
composés des représentants du gouvernement local
et de la société civile
• La BID travaille principalement avec les équipes
de projet du MARNDR, Tables sectorales
départementaux
• L’UE supporte les consortium d’ONG de
développement rural
– Y compris des ONGs haïtiennes, dirigées par des
ONGs européennes
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20. L’aide des Etats-Unis à la
santé
• Fournit l’accès aux services médicaux de
base pour 47% des haïtiens
• Renforce le Ministère de la Santé Publique et
de la Population (MSPP) au niveau des
unités de santé départementaux
• Met l’accent sur le paiement pour la
performance, basé sur des contrats de
performance
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21. L’aide des Etats-Unis à la
santé (suite)
• Axes clefs:
– Santé maternelle-infantile
– Santé reproductive
– VIH /SIDA (supporté par la PEPFAR)
• Depuis l’épidémie de choléra, l’USG
reconnait que le MSPP peut prendre les
commandes dans les réponses d’urgence en
santé
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22. Critique de l’aide des Etats-Unis
dans le secteur de la santé
• Penche plus sur l’amélioration de la
performance institutionnelle plutôt que sur
l’accès universel
• Moins consultatif que d’autres bailleurs
• Besoin de plus de ressources pour renforcer
le MSPP au niveau national
– L’insistance des Etats-Unis et d’autres bailleurs sur le
fait que la CIRH contrarie les efforts de développement
des capacités régulatrices du MSPP
• Le programme est dirigé par des firmes de
consultation américaines
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23. Les programmes de santé
d’autres bailleurs
• Brésil
– Renforcement institutionnel du MSPP, vaccins,
assainissement
– Très consultatif, basé sur les priorités du MSPP
• Cuba
– Mise en place d’assistance technique, formation
d’agents de santé haïtiens à Cuba
• Canada
– Etroite collaboration avec les Etats-Unis, supporte
le MSPP en matière de planification
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24. Conclusions et recommendations
• L’aide américaine devrait mettre l’accent sur
le renforcement de la cohésion entre l’Etat et
les citoyens
– Encourager le dialogue Etat-citoyen dans les
plans de développement
– Encourager les ONGs américaines à créer des
partenariats avec les ONGs haïtiennes pour
renforcer leur capacité à planifier et gérer les
programmes de développement, ainsi que la
plaidoyer politique
• Mettre plus l’accent sur le renforcement
institutionnel et le support budgétaire à
travers l’aide américaine
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25. Conclusions et recommendations (2)
• Honorer les promesses de don pour la
reconstruction à temps et encourager les autres
bailleurs à faire de même
• Appuyer les fonctions de coordination, de lutte
anticorruption et de renforcement des capacités
de la CIRH
• Encourager la création de l’Agence nationale de
développement haïtienne pour remplacer la
CIRH
• Améliorer la cohérence entre l’aide agricole et les
politiques de marché
• Assurer l’harmonisation entre bailleurs
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