Interview Les Echos le 4 janv 2014 sur la charte familiale
Business o féminin parle de voxfemina
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Novembre 2013
Vox Femina est né en 2010 à l’instigation de Valérie Tandeau de Marsac, fondatrice de VTM Conseil Family Business Law.
L’association a pour objectif de promouvoir la place des femmes expertes dans les médias. Rencontre.
Comment est né Vox Femina ?
Le déclic a été la publication de l’étude sur l’image des femmes dans les médias, réalisée en 2008 par Brigitte Grésy,
Mercedes Erra et Michèle Reiser. Elle mettait le doigt sur les aspects tant qualitatifs que quantitatifs de cette question. Je
me suis dit qu’on pourrait rassembler des femmes experts dans une association qui aurait pour objectif de mener une
action de lobbying auprès des médias pour faire entendre la voix des ces femmes.
Avant cette étude aviez-vous déjà pris conscience des différences en terme de carrière entre hommes et femmes ?
Non, ma prise de conscience fut assez tardive, elle remonte à l’époque où j’ai eu mes triplés et que je me suis rendu
compte qu’on ne me regardait plus de la même façon. J’étais à l’époque chez Arthur Andersen et je ne pouvais tout d’un
coup plus faire de M&A (Fusions-acquisitions), j’étais reléguée en back office. J’ai eu quelques années de remise en
question où je me demandais ce qui n’allait pas chez moi, j’ai beaucoup lu sur le sujet pour me rendre finalement compte
que je n’y étais pour rien.
Quels sont les chiffres aujourd’hui sur le sujet, le pourcentage expertes / experts dans les médias ?
Selon l’INA Stat 2013, on compte 2 femmes sur 8 hommes dans les médias en général. Quand nous avons commencé, le
pire était à la radio où il y avait 25 minutes de parole masculine contre 1 minute 35 de parole féminine. Aujourd’hui, les
choses n’ont pas fondamentalement changé et ces chiffres se vérifient à l’échelon international puisqu’une étude faite sur
80 pays démontrait en 2010 que dans l’information médiatique, il y avait 82% d’hommes contre 18% de femmes.
Vous souhaitez lutter à la fois contre le manque d’expertes et les stéréotypes, deux problématiques distinctes ?
Je pense que les deux vont ensemble car à partir du moment où l’on mettra des femmes qui sont dans le registre de la
compétence technique sur des sujets pointus, les stéréotypes se dissiperont.
Que fait concrètement Vox Femina aujourd’hui ?
Aujourd’hui nous mettons en avant des femmes expertes sur notre plateforme et en contrepartie, elles s’engagent à
publier sur notre site l’ensemble de leurs contributions dans la presse écrite, les interviews qu’elles peuvent donner ou
des tribunes. Nous relayons ces publications sur les réseaux sociaux et travaillons avec une web radio, vianovelli, la voix de
la mixité, qui diffuse des femmes expertes. Nous collaborons également avec TVDMA pour diffuser une information
technique sur le web par le biais de vidéos sur des sujets business alimentés par nos expertes. Nous sommes également
en rapport avec la presse professionnelle où nos expertes interviennent. Nous avons plus de mal avec la presse
généraliste.
Quelle est la réception de ces médias généralistes justement ?
Ils ont compris qu’il y avait un vrai sujet et qu’il y a une demande aussi. Selon la dernière étude Media Prisme, 53% des
personnes interrogées pensent qu’il faut faire quelque chose sur ce sujet. Pourtant, il y a de la résistance au changement,
les journalistes travaillent dans l’urgence, sous pression, il est donc plus facile pour eux de travailler avec les mêmes
experts, les « bons clients ».
Justement les « bons clients » sont des personnes qui savent bien s’exprimer en public, qui ont confiance en eux,
comment aidez-vous concrètement vos expertes ?
Ce n’est pas l’objet de notre association de les aider. Il faut arrêter d’être en posture d’attente à l’égard des tiers. Les
femmes doivent se prendre en main et comprendre que c’est important pour elles et qu’elles y aillent. Après, il y a un gros
besoin de coaching mais nous en tant qu’association à but non lucratif ne pouvons pas être dans une posture de
proposition commerciale. Notre idée est de le faire avec des partenaires publics. Nous ne sommes qu’un facilitateur qui
permet aux femmes de se rendre visibles.
Prochaine étape ?
C’est de recruter plus de femmes, nous avons actuellement 150 adhérentes mais avons pour objectif d’avoir 300
adhérentes d’ici la fin de l’année prochaine. Nous souhaitons également élargir les domaines de compétences représentés
au sein de Vox Femina. Enfin, nous allons continuer à sensibiliser l’univers masculin à travers une campagne de donateurs,
trouver de nouveaux partenaires et nous internationaliser.
Comment fait-on pour rentrer dans votre « pool » d’expertes ?
Le filtre, c’est la crédibilité par rapport aux journalistes. Il faut que les femmes soient représentatives dans leur domaine
d’activité. Nous exigeons un minimum d’années d’expérience (10-12 ans). Nous voulons aussi que la personne soit
crédible dans le domaine dans lequel elle évolue et qu’elle ait une certaine visibilité. Nous regardons aussi son niveau de
responsabilité et privilégions les domaines où les médias pensent qu’il n’y a pas de femmes.