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RAPPORT ONUSIDA SUR L'ÉPIDÉMIE MONDIALE DE SIDA 2010
1. Commission économique pour l’Afrique
Rapport de la Commission du VIH/sida et de la gouvernance en Afrique
Une initiative du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
2.
3. Commission économique pour l’Afrique
Rapport de la Commission du VIH/sida et de la gouvernance en Afrique
Une initiative du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
5. Contents
Préface ix
Remerciements xi
Terminologie xiv
À propos de la Commission xx
Membres de la Commission xxi
Déclaration des membres de la Commission xxii
Le sida constitue une grande menace pour la gouvernance en Afrique xxii
Messages et recommandations clefs xxvi
1. VIH et le sida - La problématique 1
Le problème en bref 3
Introduction 5
L’impact démographique 7
Principaux moteurs de la pandémie de VIH et de sida 16
Facteurs biologiques et physiologiques 18
Facteurs socioculturels 20
Facteurs politiques 28
Conclusion 29
2. Le VIH/sida: un obstacle à la gouvernance et au développement 31
Le problème en bref 33
Introduction 35
Obstacles à la gouvernance 37
Sida et démocratie 45
Sida et administration 48
Le sida mine les systèmes de santé 56
L’agriculture est le secteur le plus touché par les conséquences du sida 59
Le sida nuit à la compétitivité et à la rentabilité du secteur privé 65
Conclusion 76
Préservons notre aveir iii
6. 3. Améliorer les stratégies de prévention 79
Le problème en bref 81
Introduction 83
Enseignements tirés de résultats positifs en Afrique: Sénégal et Ouganda 84
L’approche dite ABC doit faire partie intégrante d’une approche globale 89
Les attitudes des hommes envers les femmes et à propos des relations sexuelles
doivent être remises en cause 92
Renforcement du contrôle des femmes sur leur sexualité et en matière de procréation 95
Nécessité de mieux cibler les programmes de prévention 97
Importance particulière des enfants dans le contexte du SIDA 106
Principaux éléments des stratégies nationales de prévention du VIH 109
Les nouvelles technologies au service de la prévention 115
Conclusion 120
4. Traitement et soins 125
Le problème en bref 127
Il est possible de fournir un traitement en Afrique 128
Les ressources humaines pour la santé doivent être une priorité 151
Les systèmes de santé doivent être renforcés 159
Il faut améliorer les soins palliatifs et de proximité 161
Travailler en partenariat sans créer des structures parallèles 164
Conclusion 165
5. Financement de la riposte au sida 169
Le problème en bref 171
Introduction 173
Les besoins 174
Les engagements 180
Quatre lacunes en matière de développement 185
Quatre priorités pour une action au niveau mondial 195
6. AnnexeCas sous-régionaux 199
Afrique australe 201
Afrique de l’Ouest et Afrique centrale 227
Afrique du Nord 236
iv Préservons notre aveir
7. Bibliographie 241
Encadré
1.1. Conséquences démographiques du VIH/sida en Afrique subsaharienne 6
1.2 Comment prendre en charge les orphelins 14
1.3 Les femmes et les jeunes filles: données essentielles 19
2.1 Le VIH dans l’armée 42
2.2 Moins de décideurs de haut niveau pour gérer l’Afrique 48
2.3 Accroître les effectifs de la santé: expériences d’agents sanitaires auxiliaires 61
2.4 Recommandations concernant les politiques et programmes de lutte contre le
VIH/sida sur le lieu de travail 69
2.5 Moyens peu coûteux de lutte contre le VIH/sida 71
2.6 Mise en place de programmes de lutte contre le VIH/sida dans le secteur informel 73
3.1 L’approche ABC va-t-elle assez loin ? 90
3.2 Réforme législative visant à promouvoir l’égalité des sexes au Botswana 92
3.3 Les médias au service de la prévention du sida en Zambie 110
3.4 Améliorer la connaissance grâce au dialogue avec les communautés en Éthiopie 112
3.5 Changer les attitudes au sein de la jeunesse au Ghana 113
3.6 Lutter contre la stigmatisation et la discrimination dans les services de santé au Nigéria 114
3.7 Recommandations des consultations techniques tenues par l’OMS et ONUSIDA
sur la circoncision masculine 118
4.1 Directives internationales sur le VIH/sida et les droits de l’homme 130
4.2 Enseignements tirés de Khayelitsha (Afrique du Sud) 139
4.3 Test de dépistage du VIH: le faire ou ne pas le faire -- enseignements tirés de
l’expérience du Botswana 141
4.4 Accès équitable au traitement 144
4.5 Avis de spécialistes sur les mesures requises pour le traitement 161
4.6. Principaux éléments des soins à domicile 164
5.1 Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme 183
5.2 Où le problème de mise en œuvre des interventions réside-t-il? 191
5.3 Programmes macroéconomiques et lutte contre le sida 193
5.4 Les trois principes 198
Préservons notre aveir v
8. 6.1 Le double défi de la tuberculose et du VIH 216
6.2 Épidémie larvée chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes 220
6.3 Consommation de drogues injectables: un facteur de plus en plus important dans
plusieurs épidémies de VIH en Afrique subsaharienne 223
6.4 Signes d’une évolution vers des comportements à moindre risque 231
Figure
1.1. Taux estimatifs de prévalence du VIH chez les adultes dans les pays africains 7
1.2. Le sida entraîne la baisse de la croissance démographique en Afrique du Sud 8
1.3. Les taux de croissance démographique seront proches de zéro dans certains pays
d’Afrique australe (Projection des taux de croissance annuelle de la population (en %) 9
1.4 Les adultes jeunes et d’âge mûr sont les plus touchés 10
1.5. Le sida réduit l’espérance de vie 11
1.6 L’Afrique comptait, en 2003, 79% des femmes vivant avec le VIH 12
1.7 Les orphelins du sida sont de plus en plus nombreux 14
1.8 Facteurs multiples contribuant à la pandémie de VIH 18
2.1 Effets du sida sur le capital humain 36
2.2 Main-d’œuvre qualifiée et hautement qualifiée: en Afrique du Sud: principales victimes
du VIH selon les prévisions 49
2.3 Les enfants orphelins du sida en Zambie n’ont guère de chance d’être scolarisés
(En pourcentage) 52
2.4 Les pertes cumulées d’enseignants dues au sida augmenteront si les tendances actuelles
se poursuivent 53
2.5 Le taux de mortalité des éducateurs a nettement augmenté entre 1999 et 2000,
notamment dans le groupe d’âge de 30 à 34 ans 55
2.6 Les enseignantes en Afrique du Sud risquent beaucoup plus que les enseignants
de mourir de maladie 55
2.7 Les effectifs et les mouvements de personnel du secteur de la santé sont déterminés
par la formation formelle et l’érosion des effectifs 57
2.8 Incidences du VIH/sida sur les moyens de subsistance dans les zones rurales 62
2.9 Incidences des décès liés au VIH sur la production agricole et les revenus des ménages au
Swaziland 64
2.10 Incidences du VIH/sida sur les entreprises 67
vi Préservons notre aveir
9. 2.11 Un taux de prévalence du VIH de 10 % entraîne une baisse de croissance du PIB
de 0,8 % par an 74
3.1 Premières relations sexuelles retardées chez les élèves du primaire (13 à 16 ans) suite
à la campagne d’information, d’éducation et de communication
(district de soroti, ouganda) 88
3.2 Deux tiers des partenaires sexuels les plus récents des jeunes femmes avaient au
moins cinq ans de plus qu’elles 93
3.3 La prévalence du VIH atteint son maximum plus tôt chez les femmes que chez les
hommes 94
3.4 Pour bon nombre de personnes, la femme ne peut pas refuser d’avoir des rapports
sexuels ou exiger le port d’un préservatif, même si le mari est atteint d’une maladie
sexuellement transmissible 96
3.5 La plupart des infections à VIH au Ghana sont le fait des professionnels du sexe 98
3.6 Sources d’infection à VIH en Zambie 100
4.1 Un régime générique de première intention est désormais disponible pour 100 dollars
par an 134
4.2 La combinaison de la prévention et du traitement réduirait de sept millions le nombre
de personnes vivant avec le VIH d’ici à 2019 135
4.3 L’intégration du traitement et de la prévention contribue à réduire l’incidence du VIH 136
4.4 Problèmes posés par la mise en place de programmes de thérapie antirétrovirale à grande
échelle 143
4.5 L’Afrique connaît la densité d’agents de santé la plus faible 152
4.6 Taux de prévalence du VIH par rapport à l’offre de médecins 154
4.7 Plus de 40 % des jeunes médecins sud-africains ont l’intention de travailler à l’étranger 159
5.1 La part des sources bilatérales et multilatérales dans les décaissements pour la lutte
contre le sida est en hausse 182
5.2 Les projections concernant les annonces de contributions pour la lutte contre le sida
devraient augmenter, grâce essentiellement aux augmentations de l’aide provenant de
sources bilatérales (PEPFAR) et du Fonds mondial 186
5.3 Les écarts entre les besoins, les annonces et les décaissements devraient s’élargir. 186
5.4 Les engagements des donateurs varient considérablement suivant le pays 188
5.5 Alors qu’ils n’ont pas évolué pendant longtemps, les annonces de contributions
bilatérales et multilatérales pour la lutte contre le VIH et le sida dans 12 pays africains
sont en augmentation depuis quelques années 189
5.7 En Amérique latine, les dépenses sont consacrées en priorité aux professionnels du sexe 190
Préservons notre aveir vii
10. 6.1 L’Afrique australe compte 9 des 10 pays du monde où 1 adulte sur 10 est infecté par
le VIH 201
6.2 Taux moyen de prévalence du VIH chez les patientes (15-49 ans) services prénatals
faisant régulièrement rapport dans les pays africains, 1998-2006 202
6.3 Taux de prévalence du VIH par groupe d’âge chez les patientes des services prénatals
en Afrique du Sud, 2000-2006 205
6.5 Estimation des taux de prévalence du VIH chez les adultes (15 à 49 ans) (%) 218
6.6 Prévalence du VIH déterminée à partir d’enquêtes démographiques menées dans
les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, 2003–2006 228
6.7 Indicateurs du comportement en Afrique de l’Ouest, 1995–2006 231
6.8 Prévalence moyenne du VIH au Ghana chez les femmes (15-49 ans) fréquentant
des services prénatals dans les postes faisant régulièrement rapport 1999-2006 232
6.9 Faibles taux de prévalence en Afrique du Nord 237
Tableau
2.1 VIH/sida et transmission des connaissances 51
2.2 Taux global de prévalence du VIH par type d’établissement d’enseignement et de
fonction au sein du système éducatif, Afrique du Sud, 2004 54
4.1 Progrès accomplis en vue d’un accès universel aux thérapies antirétrovirales (ARV), 2006 131
4.2 Baisse continue du personnel de santé en Afrique, 2007 153
4.3 Classement des pays les plus touchés par l’épidémie de VIH et souffrant d’un manque
de médecins, 2004 155
4.4 Salaire mensuel moyen des jeunes médecins en 2004 (en dollars des états-Unis) 157
4.5 Approches diverses de la mise en valeur des ressources humaines 157
5.1 Besoins en ressources pour la généralisation du traitement à l’horizon 2010
(en milliards de dollars) 176
5.2 Besoins en ressources pour un renforcement progressif des interventions en vue
de la généralisation du traitement à l’horizon 2015 (en milliards de dollars) 177
5.3 Coût estimatif de la lutte à long terme contre le sida en Afrique subsaharienne 179
5.4 Montant estimatif des décaissements pour la lutte contre le sida, par source
(en milliards de dollars) 184
5.5 Lenteur des décaissements de l’aide des donateurs pour la lutte contre le sida et
pénurie de médecins 194
viii Préservons notre aveir
11. Préface
Préservons l’avenir de l’Afrique
Kenneth Kaunda, ancien Président de la Zambie et Pascal Mocumbi,
ancien Premier Ministre du Mozambique
En 2003, lorsque le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, nous a demandé
de diriger un groupe d’éminentes personnalités pour étudier les effets de l’épidé-
mie du sida sur la gouvernance en Afrique, le tableau était effectivement sombre.
Près de 25,5 millions sur près de 42 millions de personnes vivant avec le VIH et
le sida dans le monde se trouvaient en Afrique. À l’époque, 13 millions de person-
nes étaient déjà mortes du sida sur le continent. Par ailleurs, 12 millions d’enfants
avaient perdu au moins un parent mort du sida et dans 11 pays africains, le taux
de prévalence du VIH était supérieur à 10 % chez les jeunes femmes enceintes et
supérieur à 20 % dans la même catégorie de personnes dans cinq pays d’Afrique
australe. Ce sont ces faits qui ont poussé M. Annan à prendre l’initiative de créer
la Commission du VIH/sida et de la gouvernance en Afrique (CVGA).
Aujourd’hui, près de cinq ans après, le tableau est moins sombre. Le financement
mondial a atteint des niveaux inimaginables en 2000. En 2007, l’investissement
global consacré à la lutte contre le sida était de 10 milliards de dollars dont près de
la moitié a été dépensée en Afrique. Si 5 millions d’Africains ont toujours besoin
d’un traitement antirétroviral, à défaut duquel ils mourront, 2 millions d’Afri-
cains reçoivent aujourd’hui un traitement indispensable à la survie. De nombreux
pays enregistrent un recul des nouveaux cas d’infection; le taux de prévalence
se stabilise dans certains pays et baisse dans beaucoup d’autres. Les dirigeants
africains ont créé des conseils nationaux de lutte contre le sida pour coordonner
leurs interventions: dans 30 pays, ces organes sont dirigés par le président, le
vice-président ou le premier ministre. En clair, la détermination politique affichée
par les chefs d’états africains, depuis le Forum sur le développement de l’Afrique
consacrée au VIH/sida jusqu’à la Déclaration d’Abuja sur le sida, la tuberculose
et les autres maladies infectieuses, a contribué à ces modestes succès.
Cependant, l’Afrique a encore de grands défis à relever. Dans certains pays, plus
de 25 % du budget de la santé est absorbé par le traitement antirétroviral. Il s’en-
suit une dépendance dangereuse à l’égard du financement extérieur. Les efforts
de prévention ne sont pas aussi importants que ceux qui sont consacrés au trai-
tement, alors qu’il est démontré que ces deux stratégies pourraient réduire de 7
millions le nombre de personnes qui auront besoin d’un traitement d’ici à 2011.
Préservons notre aveir ix
12. Le nombre d’enfants rendus orphelins par le sida est en hausse et ne manquera
pas de grever les budgets publics. Les modes d’infection par le VIH changent
constamment; les réalités économiques rendent difficile la poursuite du traite-
ment et il se produit une certaine résistance aux médicaments actuels. Il faut
donc tempérer l’optimisme actuel en faisant preuve d’un réalisme fondé sur une
riposte globale améliorée. C’est en cela que le présent rapport paraît au moment
opportun.
À peu près à l’époque où la Commission a commencé ses travaux, la Commission
économique pour l’Afrique, en partenariat avec la Banque mondiale et l’Organi-
sation mondiale de la santé, a commencé le programme d’accélération du traite-
ment dans trois pays africains (Burkina Faso, Ghana et Mozambique) pour mieux
comprendre ce qu’impliquerait l’intensification du traitement dans des contextes
différents, compte tenu de la variété des taux de prévalence et des épidémies. Les
enseignements importants qui en ont été tirés, conjugués aux recommandations
contenues dans le présent rapport, permettraient une meilleure riposte au sida en
Afrique.
La principale conclusion du rapport est que le sida continue de poser de grands
problèmes aux États africains en ce qui concerne leur aptitude à maintenir des
institutions publiques efficaces, à appliquer des politiques judicieuses et à pro-
mouvoir l’état de droit, mais que l’on peut relever et même surmonter ces défis
en cernant mieux l’épidémie propre à chaque pays, en utilisant de meilleures
données pour bien gérer la riposte nationale et en obtenant des engagements
politiques plus fermes à tous les niveaux de la société. C’est pourquoi la riposte
au sida doit être au cœur des stratégies de développement.
Dans le cadre de notre mission, les membres de la Commission se sont rendus
dans plusieurs pays de chaque sous-région et ont entendu, lors de plusieurs réu-
nions interactives, des milliers de personnes touchées et infectées par le sida. Les
opinions de ces personnes ont été cruciales dans la formulation des recommanda-
tions contenue dans ce rapport introspectif.
La Commission du VIH/sida et de la gouvernance en Afrique a accompli sa
mission en présentant ce rapport introspectif, mais la tâche difficile consistant à
appliquer ses recommandations ne fait que commencer. Nous invitons tous les
décideurs, les partenaires et autres parties prenantes à conjuguer leurs efforts pour
préserver l’avenir de l’Afrique.
x Préservons notre aveir
13. Remerciements
L es membres de la Commission expriment leur profonde gratitude à M.
K.Y. Amoako, ancien Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Na-
tions Unies et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique
(1995-2006), à M. Michel Sidibe, Sous-Secrétaire général de l’ONU et Directeur
exécutif adjoint d’ONUSIDA et à M. Abdoulie Janneh, Secrétaire général ad-
joint de l’Organisation des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la Commission
économique pour l’Afrique, qui a supervisé la finalisation de ce projet.
Les membres de la Commission remercient également de leur appui les personnes
qui ont pris part à la première réunion du groupe d’experts de la Commission du
VIH/sida et de la gouvernance en Afrique les 9 et 10 janvier 2003 à savoir:
Abdul Mohammed, Alex de Waal, Chinua Akukwe, Costantinos Berhe, Gayle
Smith, Bunmi Makinwa, Ishrat Hussein, Jacinta Maingi, Joseph Tumushabe,
Malcolm McPherson, Margaret Agama, Samantha Willan, Tsadkan Gebre-Tin-
sae, Yinka Adeyemi, Andrew Allimadi, Elene Makonnen, Max Jarrett, Kasirim
Nwuke, Patrick Asea, Shamika Sirimane, Reginald Chima, Kiiza Ngonzi et Maite
Irurzun-Lopez.
Travaux de recherche:
Commission économique pour l’Afrique (CEA), Boston University, Makerere
University, Institut Buisson-Bertrand et University of KwaZulu-Natal.
Contributions éditoriales et analytiques:
Gabriel Anabwani, Esther Andale, Tony Barnett, Rene Bonnel, Pamela Bowen,
Desmond Cohen, Ernest Darkoh, Haile Debas, Anthony Evans, Jane Freedman,
Haruna Jibril, Michael Jobbins, Jean Alfazema Kalilani, Jean-Baptiste Koah,
Abou Kone Elaine Kwami, Franklyn K. Lisk, Kojo Lokko, Richard Mabala, Nyo-
vani Madise, Grace Malindi, Hein Marais, Soeur Marie-Thérèse Brigit Mewou-
lou, Gladys Mutangadura, Angela Muvumba, Akua Ofori-Asumadu, Connie
Osborne, Joy Phumaphi, Francelina Pinto Romao, Bill Rau, Adrian Renton,
Sydney Rosen, Gabriel Rugalema, Jonathan Simons, Sylvia Tamale, George
Tembo, Daphne Topouzis, Joseph Tumushabe, Barbara Watson et Alan White-
side.
Préservons notre aveir xi
14. Recherche, rédaction et statistiques:
Nana K. Poku, Bruck Fikru, Maite Irurzun-Lopez, Fikirte Mengistu, Virginie
Mongonou, Ingvild Oia, Hilda Tadria, Kumneger Tilahun, Fikirte Asrat, Bill
Rau, Rene Bonnel and Bjorg Sandkjaer.
La Commission a également mis à profit les orientations stratégiques données
par: Alex de Waal, Tekalign Gedamu, Elene Makonnen et Augustin Fosu,
Recherches et contributions supplémentaires:
Alex de Waal, Yinka Adeyemi et Awa Coll-Seck
Critiques:
Karen Stanecki, Robert Greener, Barbara de Zalduondo, Marco Vitoria, Guerma
Teguest et Antonio Izazola.
Communication et sensibilisation:
Akwe Amosu, Max Jarrett, Yinka Adeyemi, Fabian Assegid et Abdoul Dieng
Appui editorial:
Bruce Ross-Larson et Christopher Trott
Graphique et maquette:
Tsitsi Amanda Mtetwa
Production du rapport:
Section des publications et de la gestion des conférences de la CEA
Gestion et coordination du projet:
Tekalign Gedamu, Thokozile Rudvidzo et Yinka Adeyemi
Les consultations régionales ont été rendues possibles grâce à l’appui enthousiaste
des bureaux de pays du Programme des Nations Unies pour le développement
xii Préservons notre aveir
15. (PNUD) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONU-
SIDA), ainsi que des commissions et des coordonnateurs nationaux de la lutte
contre le sida dans les pays consultés: Botswana, Cameroun, Éthiopie, Ghana,
Maroc et Mozambique. Des vifs remerciements sont également adressés au Woo-
drow Wilson International Center for Scholars à Washington, qui a abrité une
réunion des membres de la Commission et une consultation des parties prenan-
tes, ainsi qu’à M. Peter Piot, Directeur exécutif d’ONUSIDA, qui a accueilli la
dernière réunion d’examen tenu par les membres de la Commission.
Des membres du système des Nations Unies ont bien voulu partager leurs don-
nées et leurs rapports entre autres: Organisation des Nations Unies pour l’ali-
mentation et l’agriculture, Organisation internationale du Travail, Programme
commun des Nations Unies sur le VIH/sida, Organisation mondiale de la santé
et Banque mondiale.
Préservons notre aveir xiii
16. Terminologie
Extraits du guide de terminologie de l’ONUSIDA (2007)
ABC
Stratégies de prévention (en anglais): S’Abstenir de toute pénétration dans les
rapports sexuels (également conseillé pour différer l’activité sexuelle); Bannir l’in-
fidélité (réduire le nombre de partenaires ou n’en avoir qu’un(e) seul(e)); utiliser
régulièrement et correctement le préservatif (Condom).
ART
Écrire en toutes lettres, soit ‘thérapie antirétrovirale’ soit ‘traitement antirétrovi-
ral’.
CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
Il existe de nombreuses théories et de nombreux modèles de comportement
humain qui orientent les efforts de promotion et d’éducation en vue d’un chan-
gement de comportement, à savoir l’adoption et le maintien de comportements
sains.
CONTAMINÉ et NON STÉRILE
Le matériel d’injection de drogues est dit ‘contaminé’ s’il a entraîné une infec-
tion, c’est-à-dire s’il contenait le virus; ce matériel est dit ‘souillé’, ‘sale’ ou ‘non
stérile’ s’il présentait un risque d’infection par le VIH, qu’il ait ou non transmis
le virus.
DONNÉES PROBANTES, ÉCLAIRÉ PAR DES
Le terme ‘éclairé par des données probantes’ ou ‘éclairé par des preuves’ est à pré-
férer à ‘basé sur des preuves’, compte tenu du fait que plusieurs éléments peuvent
jouer un rôle dans la prise de décisions; parmi ces éléments peuvent figurer la per-
tinence culturelle, le coût, la faisabilité, les préoccupations en matière d’équité,
etc.
ÉPIDÉMIE
En épidémiologie, une épidémie est la survenue de nouveaux cas dans une popu-
lation humaine donnée. Déclarer qu’il y a épidémie est subjectif, car cela dépend
de ce qui était ‘prévu’. Une épidémie peut être circonscrite à une localité (une
flambée), plus étendue (une épidémie) ou survenir partout dans le monde (une
pandémie). Les maladies courantes qui surviennent de manière constante à un
xiv Préservons notre aveir
17. taux relativement élevé au sein de la population sont considérées comme ‘endé-
miques’. Au nombre des épidémies célèbres figurent par exemple la peste qui a
sévi en Europe au Moyen-Âge, connue sous le nom de Peste noire, la pandémie
de grippe de 1918-1919, et l’actuelle épidémie de VIH que l’on qualifie de plus
en plus de pandémie.
ÉPIDÉMIOLOGIE
Branche de la science médicale qui étudie l’incidence, la distribution, les facteurs
déterminants des structures d’une maladie et sa prévention dans une popula-
tion.
FÉMINISATION
En référence à la pandémie, le terme de féminisation est aujourd’hui souvent
employé par l’ONUSIDA et d’autres auteurs pour signifier l’impact croissant de
l’épidémie de VIH sur les femmes. Ce terme sous-entend souvent que le nombre
de femmes infectées a atteint, voire dépassé, celui des hommes.
FONDS MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE
ET LE PALUDISME
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme créé en
2001 est un partenariat public/privé. C’est le fonds mondial le plus important
dans le domaine de la santé publique. À la date d’août 2005, le Fonds mondial
avait engagé plus de 3 milliards de dollars dans 128 pays. Son objectif est de col-
lecter, de gérer et de distribuer des ressources complémentaires pour contribuer
de façon significative et durable à atténuer l’impact du sida, de la tuberculose et
du paludisme dans les pays qui ont besoin d’aide, tout en œuvrant à la réduction
de la pauvreté, ce qui est l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Á la première mention de cet organisme dans un texte, on en donnera l’intitulé
exhaustif; pour des mentions ultérieures on utilisera de préférence l’expression
‘Fonds mondial’. Voir www.theglobalfund.org/fr/
GAYS
On écrira ‘hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes’, sauf lorsque
des individus ou des groupes s’identifient eux-mêmes comme gays. Au sens plus
général, la communauté des hommes et des femmes qui ont des rapports avec des
personnes de même sexe, ainsi que celle des personnes transsexuelles, sera décrite
par le terme lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels. Il existe des abréviations
(LGBT) mais en règle générale l’ONUSIDA préfère les expressions développées.
Préservons notre aveir xv
18. GENRE ET SEXE
Le terme ‘sexe’ fait référence à des différences biologiquement déterminées tandis
que ‘genre’ renvoie à des rôles sociaux différents et aux relations entre hommes et
femmes (sexospécificité). Les rôles d’un genre donné sont assimilés au cours de la
socialisation et varient sensiblement au sein d’une même culture et d’une culture
à l’autre. Ces rôles sont également marqués par l’âge, la catégorie sociale, la race,
l’origine ethnique et la religion tout comme par l’environnement géographique,
économique et politique. Plusieurs langues n’ont pas de mot pour ‘genre’ (ou
– comme le français – le réservent aux grammairiens); les traducteurs devront
envisager une alternative pour distinguer les deux concepts.
GROUPES À HAUT RISQUE/POPULATIONS COURANT DE PLUS
HAUTS RISQUES D’EXPOSITION AU VIH
Ces expressions doivent être employées avec précaution car elles accroissent les
risques de stigmatisation et de discrimination. Elles peuvent aussi donner à tort
un sentiment de sécurité à des personnes qui ne s’identifient pas aux membres
de ces groupes. L’expression ‘groupe à haut risque’ implique également que le
risque n’existe que pour les membres alors qu’en fait tous les groupes sociaux sont
liés. Il est souvent préférable d’être plus précis et de parler de ‘risque plus élevé
d’exposition au VIH’, de ‘rapports sexuels sans préservatif ’, de ‘rapports sexuels
non protégés’ ou ‘d’utilisation de matériel d’injection non stérile’ plutôt que de
recourir à une expression fourre-tout comme ‘groupe à haut risque’. Ce n’est en
général pas l’appartenance à un groupe qui constitue un risque accru d’infection,
c’est le comportement.
INFECTÉ(E) PAR LE VIH
À distinguer de positif(ve) au VIH ou séropositif(ve) au VIH – ce qui peut parfois
être le résultat d’un test faussement positif, en particulier chez les enfants de 0 à
18 mois. Ce terme est généralement employé pour indiquer que l’existence du
VIH a été prouvée lors d’un test sanguin ou tissulaire.
MALADIE LIÉE AU VIH
Les symptômes de l’infection à VIH peuvent apparaître tant dès le début de l’in-
fection qu’après
installation de l’immunodéficience conduisant au sida. Au début de l’infection
par le VIH, lorsque celui-ci entre en contact avec les muqueuses, il rencontre
des cellules cibles et gagne le tissu lymphoïde où il se reproduit massivement, ce
qui entraîne un accès de forte virémie (présence de virus dans le flux sanguin) et
une dissémination généralisée du virus. Certaines personnes peuvent présenter à
ce stade des symptômes analogues à ceux de la grippe mais ceux-ci sont généra-
xvi Préservons notre aveir
19. lement attribués à une infection primaire plutôt qu’à une maladie liée au VIH.
La réponse immunitaire qui s’ensuit afin de supprimer le virus ne réussit que
partiellement: certains virus y échappent et peuvent rester indécelables pendant
des mois, voire des années. Un renouvellement important du virus entraîne la
destruction du système immunitaire – on parle alors de stade avancé de l’infec-
tion à VIH. La maladie due au VIH se caractérise donc par une détérioration
progressive du système immunitaire. Au cours de l’infection, des cellules capitales
de ce système, les cellules T dites CD4+ sont attaquées et tuées et leur nombre
décroît progressivement.
MOTEURS (DE L’ÉPIDÉMIE)
Ce terme s’applique aux facteurs structurels et sociaux, tels que la pauvreté, la
sexospécificité et les droits humains qui ne se mesurent pas facilement et qui peu-
vent accroître la vulnérabilité des individus à l’exposition au VIH. On le réserve
souvent aux déterminants sous-jacents.
NÉGATIF(VE) AU VIH
Ne montrant pas de signe d’infection à VIH (par exemple, absence d’anticorps
du VIH) au niveau sanguin ou tissulaire. Synonyme de séronégatif(ve). Une per-
sonne négative au VIH peut être déjà infectée si elle se trouve dans la ‘période-
fenêtre’ qui sépare l’exposition au VIH et la détection des anticorps.
ORGANISATIONS CONFESSIONNELLES ou À ASSISE CONFESSION-
NELLE
Cette expression doit être retenue de préférence à ‘église’, ou ‘organisation reli-
gieuse’ car elle ne comporte pas de jugement de valeur et n’implique pas de réfé-
rences historiques (principalement européennes).
PORTEUR (PORTEUSE) DU SIDA
Ce terme est souvent employé pour désigner toute personne vivant avec le VIH
mais il stigmatise et offense bien des personnes vivant avec le virus. Par ailleurs il
n’est pas exact, puisque l’agent concerné est le VIH et non le sida.
POSITIF(VE) AU VIH
Montrant des signes d’infection à VIH (par exemple présence d’anticorps du
VIH) suite à un test sanguin ou tissulaire. Synonyme de séropositif(ve). Le test
peut occasionnellement donner un faux résultat positif.
PRATIQUE DU COMMERCE DU SEXE
On préférera les expressions ‘commerce du sexe’, ‘rapports sexuels rémunérés’ ou
‘tarifés’; ‘vente de services sexuels’.
Préservons notre aveir xvii
20. RIPOSTE AU SIDA
Les expressions ‘riposte au sida’, ‘riposte au VIH’ sont souvent utilisées de façon
interchangeable pour désigner la riposte à l’épidémie.
SIDA
Le sida est l’affection dont les patients meurent et le VIH est le facteur de l’in-
fection. Le virus affaiblit le système immunitaire, conduisant en fin de compte
à la mort. Les médicaments antirétroviraux ralentissent la reproduction du virus
et peuvent considérablement améliorer la qualité de vie, mais ne suppriment pas
l’infection à VIH.
SIDA ou MALADIES LIÉES AU VIH
Le sida est l’affection dont les patients meurent et le VIH est le facteur de l’in-
fection. On peut employer l’expression maladie liée au sida une fois porté le
diagnostic de sida.
TRAITEMENT ANTIRÉTROVIRAL HAUTEMENT ACTIF (HIGHLY
ACTIVE ANTIRETROVIRAL TREATMENT – HAART)
Nom donné au traitement recommandé par les meilleurs experts en matière de
VIH pour arrêter agressivement la réplication du virus et ralentir la progression
de la maladie due au VIH. Le traitement combine d’habitude trois médicaments
voire davantage, par exemple deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcrip-
tase inverse et un inhibiteur de la protéase, deux inhibiteurs nucléosidiques de
la transcriptase inverse et un inhibiteur non nucléosidique ou d’autres combi-
naisons. On a plus récemment mis au point un nouveau produit qui empêche le
virus d’entrer dans la cellule.
VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE (VIH)
Virus qui affaiblit le système immunitaire, conduisant en fin de compte au sida.
Comme VIH signifie ‘virus de l’immunodéficience humaine’, il est redondant de
parler du virus VIH.
VIRUS DE L’IMMUNODEFICIENCE HUMAINE DE TYPE 1 (VIH-1)
Le rétrovirus isolé et reconnu comme agent étiologique du sida (agent qui cause
la maladie ou y contribue). Le VIH-1 se classe parmi les lentivirus dans un sous-
groupe de rétrovirus. La plupart des virus et toutes les bactéries, plantes et ani-
maux ont un code génétique constitué d’ADN (acide désoxyribonucléique) qui
utilise l’ARN (acide ribonucléique) pour produire des protéines spécifiques. Le
matériel génétique d’un rétrovirus comme le VIH est l’ARN lui-même. Le VIH
xviii Préservons notre aveir
21. insère son propre ARN dans l’ADN des cellules hôtes, empêchant celles-ci d’ac-
complir leurs fonctions naturelles et faisant de ces cellules une usine à VIH.
VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE DE TYPE 2 (VIH-2)
Virus très proche du VIH-1 qui s’est avéré entraîner également le sida. Il a ini-
tialement été isolé en Afrique de l’Ouest. Même si VIH-1 et VIH-2 sont simi-
laires en ce qui concerne leur structure virale, leurs modes de transmission et les
infections opportunistes qui peuvent les accompagner, ils diffèrent quant à leur
distribution géographique et leur propension à conduire à la maladie et à la mort.
Par rapport à VIH-1, VIH-2 se rencontre principalement en Afrique de l’Ouest
et a une évolution clinique plus lente et moins grave.
Préservons notre aveir xix
22. À propos de la Commission
L a Commission du VIH/sida et de la gouvernance en Afrique (CVGA) mise
en place par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, avait
pour mandat de se pencher sans tarder sur les problèmes particuliers que présen-
tent les multiples incidences de la pandémie du VIH/sida dans le domaine du
développement et de la gouvernance en Afrique. Sa mission comportait deux
volets: a) chercher à mieux comprendre l’impact du VIH/sida sur les structures
de l’État et sur le développement économique; b) aider les gouvernements à ren-
forcer la conception et la mise en œuvre de politiques et programmes visant à
endiguer l’épidémie.
Le présent rapport est l’aboutissement d’une consultation sans précédent, les
membres de la CVGA s’étant entretenus avec de nombreuses parties prenantes
en Afrique et au-delà. Les résultats et recommandations de cette consultation
expriment des analyses originales et approfondies tirées des propres recherches
de la Commission et traduisent également le point de vue de plus de 1 000 Afri-
cains qui ont participé à la consultation, notamment des décideurs, des groupes
de défense d’intérêts, des organisations non gouvernementales, des organisations
communautaires, des personnes vivant avec le VIH, des instituts de recherche et
des organismes des Nations Unies.
La Commission a examiné les actions envisageables dans le cadre de la riposte
au VIH/sida au niveau des communautés de base. Depuis sa mise en place, la
Commission a tenu, cinq consultations sous-régionales qui ont offert à ses mem-
bres l’occasion d’amorcer le dialogue avec un large éventail de parties prenantes.
Chaque session interactive a été l’occasion pour celles-ci de partager des expérien-
ces, de discuter de la voie à suivre dans le contexte sous-régional et de définir des
messages clefs à l’appui des activités de plaidoyer de la Commission, qui reflètent
les vues de plus de 1 000 personnes à travers le continent.
xx Préservons notre aveir
23. Membres de la Commission
Président
K.Y. Amoako (2003-2005)
Parrains
Kenneth Kaunda et Pascoal Mocumbi
Membres de la Commission
Seyyid Abdulai
Abdoulaye Bathily
Mary Chinery-Hesse
Awa Coll-Seck
Haile Debas
Richard G.A. Feachem
Eveline Herfkens
Omar Kabbaj
Milly Katana
Madeleine Mukamabano
Benjamin Nzimbi
Joy Phumaphi
Peter Piot
Bassary Toure
Paulo Teixeira
Alan Whiteside
Préservons notre aveir xxi
24. Déclaration des membres de
la Commission
N ous avons été chargés d’analyser les incidences de la pandémie du VIH/sida
sur la gouvernance en Afrique et de formuler des recommandations à partir
de cette analyse. Nous avons le plaisir de présenter notre rapport au Secrétaire
général de l’Organisation des Nations Unies, que nous remercions vivement de
nous avoir confié la tâche de réfléchir sur cette importante question. Nous som-
mes également heureux de pouvoir le soumettre à la communauté internationale.
Les enseignements que nous avons tirés de notre réflexion concernent non seule-
ment l’Afrique, mais également les autres régions du monde qui sont touchées
par la pandémie et celles qui sont encore épargnées.
Nous définissons la gouvernance comme la capacité de l’État de maintenir des
institutions publiques efficaces, de concevoir et de mettre en œuvre des politiques
saines, de renforcer l’état de droit, de garantir des moyens d’existence et de créer
un environnement favorable à l’administration des affaires publiques, au dévelop-
pement du secteur privé et à la promotion de la société civile. Nos conclusions
et recommandations expriment des analyses originales et approfondies tirées des
propres recherches de la Commission et de données provenant d’autres études
et sources. Elles traduisent le point de vue de plus de 1 000 africains qui ont
pris part à une consultation de plus de deux ans, notamment des décideurs, des
groupes de défense d’intérêts, des organisations non gouvernementales, des orga-
nisations communautaires, des personnes vivant avec le VIH, des instituts de
recherche et des organismes des Nations Unies.
Le sida constitue une grande menace pour la
gouvernance en Afrique
La conclusion générale à laquelle nous sommes parvenus est que l’épidémie
constitue une grande menace pour la gouvernance en Afrique. Dans de nombreu-
ses parties du continent, le VIH/sida pèse déjà lourdement sur toutes les formes
d’activités sociales, économiques et politiques et, par conséquent, sur l’avenir de
la gouvernance. La maladie se nourrit des disparités sociales et économiques, les
xxii Préservons notre aveir
25. accentue et empêche les États d’améliorer le bien-être des citoyens, d’édifier des
sociétés fortes et stables et d’accroître les possibilités pour tous. La situation des
femmes, des enfants et des hommes vivant dans la pauvreté s’aggrave et les risques
de contracter le virus augmentent.
Dans certains des pays les plus touchés, la conjonction de l’exode des cerveaux
et de l’épidémie met à mal la stabilité des institutions, remodèle les structures
étatiques et restructure les relations entre l’État et la société.
De notre point de vue, l’impact de l’épidémie est encore plus évident dans la
détérioration des indicateurs du bien-être social tels que l’espérance de vie, le
taux d’alphabétisation et le taux de scolarisation primaire. Avant l’épidémie, ces
indicateurs n’avaient cessé de s’améliorer pendant des décennies. Cependant, le
VIH/sida est en train de réduire les capacités dans tous les secteurs sociaux et éco-
nomiques. C’est la conséquence de la mortalité et de la morbidité de personnes
hautement qualifiées et expérimentées, que l’on ne peut remplacer qu’après de
longues périodes de formation et d’acquisition de compétences. Le niveau géné-
ral de l’instruction baisse, de même que baissent les effectifs des enfants rendus
orphelins par le sida. La leçon que nous en tirons est qu’à cause du VIH/sida
les personnes instruites et les cadres ne peuvent guère transmettre aux généra-
tions suivantes les connaissances et compétences qu’ils ont accumulées. En consé-
quence, les travailleurs plus jeunes et moins expérimentés ont du mal à acquérir
les compétences spécialisées et le professionnalisme que leur emploi exige. À long
terme, il y aura de moins en moins de fonctionnaires expérimentés pour former le
personnel jeune dans des domaines formels clefs ou leur transmettre des règles et
normes de base moins formelles telles que la responsabilité ministérielle, la neu-
tralité de l’administration, l’éthique de la fonction publique ou la transparence
institutionnelle.
Nous sommes profondément préoccupés par le fait que l’épidémie a poussé cer-
taines des communautés les plus touchées à se rabattre sur l’agriculture de subsis-
tance et qu’elle a remis en cause la prestation de services. D’ici à 2020, les neuf
pays d’Afrique subsaharienne les plus touchés auront perdu, à cause du VIH/sida,
13 à 26 % de leur main-d’oeuvre agricole. Les personnes qui meurent ne sont pas
que des travailleurs agricoles. Ce sont des chefs de famille, des mères et des pères
d’enfants et d’adolescents, des dispensateurs de soins aux personnes âgées ou
malades, des transmetteurs de connaissances et de savoir-faire sur l’agriculture et
les moyens d’existence, ainsi que les gardiens des systèmes de protection sociale.
L’incidence de l’épidémie sur le PIB ne peut être déterminée de manière claire,
mais l’hypothèque qui pèse sur les moyens de subsistance en milieu rural en raison
de la baisse de l’espérance de vie devrait entraîner une réduction de la production,
et cette situation risque d’être aggravée par une prévalence plus importante de
Préservons notre aveir xxiii
26. personnes malades et la pénurie de compétences critiques. Les pays connaissant
une prévalence égale ou supérieure à 10 % pourraient voir leur PIB baisser de 18
% d’ici à 2020. La multiplication des risques d’infection, en particulier chez les
jeunes femmes et les jeunes filles (qui sont deux fois plus exposées à l’infection à
VIH) et la dynamique sexospécifique du VIH, qui accentue la vulnérabilité des
femmes à l’exposition au VIH et les difficultés qu’elles rencontrent à faire face à
la maladie et à s’occuper des autres sont alarmantes.
Les coutumes concernant l’adoption et l’éducation, même si elles sont bien éta-
blies en Afrique, s’avèrent insuffisantes pour faire face au problème de plus en
plus aigu des orphelins.
Enfin, nous estimons que le VIH/sida est déjà en train de saper les piliers de
la démocratie dans les pays où la prévalence est élevée. La maladie et le décès
de parlementaires pourraient remettre en cause la légitimité de la représentation
démocratique. La réduction des capacités de l’État contrarie la mise en œuvre
des politiques et l’opinion publique est actuellement modelée par les impressions
concernant les capacités des leaders de prévenir et d’atténuer les effets de l’épi-
démie. Dans bon nombre de pays africains, les pertes de ressources humaines
vont vraisemblablement réduire la capacité de l’État de protéger les citoyens et
de subvenir à leurs besoins, avec des conséquences aussi bien sur sa légitimité
politique que sur sa stabilité dans les années à venir. À partir de nos conclusions,
qui reposent sur des bases factuelles, nous avons élaboré un plan d’action pour
la prochaine génération de stratégies d’intervention (sous forme soit de mesures
intégrées en vue de l’élaboration de politiques de lutte contre le VIH/sida, soit
d’actions autonomes visant le renforcement de mesures ou d’une riposte pro-
grammatique dans quatre grands domaines):
• Redynamiser les stratégies de prévention;
• Élaborer des plans nationaux d’action pour fournir des traitements et des
soins;
• Améliorer la gouvernance budgétaire des pays africains;
• Renforcer la viabilité et la coordination des financements en mettant en
place un nouveau cadre d’action à l’intention des donateurs.
Chaque pays aura besoin d’élaborer son propre plan, mais nos recommandations
consistent à indiquer les différents types d’actions qu’il y a lieu de prendre dès à
présent, si ce n’est déjà le cas.
Nous estimons que le Forum pour le développement de l’Afrique, organisé par la
CEA en décembre 2000, a été un tournant historique dans la prise de conscience
de l’impact de la pandémie. La déclaration consensuelle du Forum a salué la
volonté nouvellement manifestée par les leaders africains de s’exprimer en toute
xxiv Préservons notre aveir
27. franchise et d’agir avec détermination afin de prévenir la propagation du VIH/
sida. Elle avait identifié des actions à prendre aux niveaux personnel, communau-
taire, national, régional et international.
Depuis l’appel lancé aux leaders lors du Forum pour le développement de l’Afri-
que de 2000, des progrès tangibles ont été enregistrés dans la lutte contre le
VIH/sida en Afrique. Au niveau national, pratiquement tous les pays ont mis
en œuvre des plans stratégiques multisectoriels de lutte contre le VIH/sida. En
général, ces plans sont pilotés par un organisme central de coordination chargé
de promouvoir des activités de prévention au niveau des organismes étatiques et
de coordonner les activités des acteurs étatiques et non étatiques.
En effet, les pays africains sont en train de faire de véritables progrès sur plusieurs
fronts. Certains programmes nationaux commencent à enregistrer des résultats
positifs, en particulier dans la prévention de l’infection à VIH chez les jeunes.
Des progrès significatifs ont été accomplis au niveau international pour accroître
les ressources, grâce à des institutions telles que le Fonds mondial de lutte contre
le sida, la tuberculose et le paludisme et à d’autres programmes multilatéraux et
bilatéraux.
Néanmoins, huit ans après la tenue du Forum, 14 millions d’Africains sont morts
du sida et 17 millions d’autres ont été infectés. Le nombre d’orphelins est passé
de 8,5 millions en 2000 à environ 14 millions en 2006. Notre rapport montre
que dans de nombreux pays, en particulier en Afrique australe, d’autres défis
devront être relevés, les jeunes filles et les femmes supportant l’essentiel des effets
de l’épidémie et le problème des orphelins devenant de plus en plus aigu. Nous
sommes conscients que la maladie a déjà d’importantes conséquences sur les acti-
vités sociales, économiques et politiques et sommes parvenus à la conclusion que
le VIH/sida aura de graves incidences sur la gouvernance dans les années à venir
si des actions décisives ne sont pas prises pour renforcer la détermination et le
leadership dans la lutte contre la pandémie. Ce leadership s’applique à tous les
domaines: État, donateurs, responsables de la société civile, chefs traditionnels et
responsables de communauté, ainsi que les personnes vivant avec le VIH.
Préservons notre aveir xxv
28. Messages et
recommandations clefs
L e présent rapport s’adresse à différents publics: décideurs africains, re-
sponsables de la société civile, organisations non gouvernementales, chefs
d’entreprise, personnes vivant avec le VIH, pays et organismes donateurs, princi-
paux dirigeants de la communauté internationale, y compris les Nations Unies.
À partir des résultats de nos recherches, des recommandations et du plan d’action
contenus dans le présent rapport, nous avons extrait huit messages clefs, suivis de
recommandations appropriées.
Message clef 1: Il y a une certain nombre d’épidémies
de sida différents en Afrique
Il existe plusieurs épidémies de sida en Afrique, dont la prévalence chez les adultes
et les caractéristiques varient d’un pays à l’autre. Ceci signifie qu’aucune solution
particulière ne permet de surmonter les problèmes qui favorisent la propagation
de l’épidémie dans un environnement donné. Les grandes tendances de la pan-
démie sont perceptibles, mais, il est nécessaire de bien comprendre les structures
sociales, économiques et politiques propres à chaque situation afin de mettre en
place des programmes de prévention et d’atténuation efficaces.
Recommandations:
• Favoriser l’utilisation des meilleures données disponibles pour connaître
et comprendre l’épidémie particulière qui sévit dans tel ou tel environ-
nement;
• Concevoir des ripostes nationales fondées sur les connaissances spécifi-
ques que chaque pays a de l’épidémie.
Message clef 2: L’épidémie révèle de fortes disparités
entre hommes et femmes en Afrique
Il existe une forte corrélation entre inégalité des sexes, subordination des femmes
et des jeunes filles dans la société et extrême vulnérabilité des femmes aux infec-
tions à VIH et aux conséquences du sida. Les collectivités devraient, par consé-
quent, grâce à une législation adaptée, se pencher sur les questions concernant le
xxvi Préservons notre aveir
29. statut inférieur des femmes et des jeunes filles, la violation de leurs droits fonda-
mentaux et la transmission du VIH.
Recommandations:
• Certaines normes culturelles, certains comportements ou traditions
accroissent les risques d’infection; il faudrait mieux les comprendre et
les changer;
• Comprendre et définir clairement le genre en termes de relations entre
hommes et femmes; identifier les points forts des cultures africaines sus-
ceptibles de jouer un rôle important dans la prévention et le traitement
du VIH/sida; changer les pratiques sociales et culturelles néfastes;
• Appliquer des lois visant l’élimination de la violence à l’égard des femmes
et des jeunes filles;
• Affecter spécialement des fonds aux gouvernements, afin qu’ils révisent
leur législation et garantissent la protection des droits des femmes et des
enfants.
Message clef 3: Le nombre croissant d’enfants
infectés ou touchés par le VIH constitue un défi à
relever
Le nombre d’enfants infectés par le VIH ou touchés par le sida augmentera au
cours des années à venir. Des estimations récentes montrent qu’il y aura 50 mil-
lions d’orphelins en Afrique d’ici à 2010, dont 37 % qui l’auront été à cause du
sida. Le nombre croissant d’enfants rendus orphelins par le sida pourrait exa-
cerber la stigmatisation et exiger que l’on subvienne à des besoins spécifiques.
Autrement, on court à la catastrophe pour ces enfants et pour le développement
du continent.
Recommandations:
• Aider les institutions à fournir des soins médicaux appropriés aux orphe-
lins;
• Renforcer et faciliter l’appui de la communauté aux orphelins et aux
familles afin d’assurer leur insertion sociale.
Préservons notre aveir xxvii
30. Message clef 4: La prévention doit demeurer une
priorité
Tout en reconnaissant une évolution positive en matière de traitement, il faudrait
considérer la prévention du VIH comme une question d’urgence et la replacer
au centre des préoccupations des leaders, les donateurs et les travailleurs à la
base. Plus de deux décennies d’expérience montrent qu’une prévention efficace
du VIH exige une combinaison d’outils permettant de faire face aux différentes
sources d’infection, qu’il y a lieu de mettre à la disposition des personnes exposées
à des risques.
Recommandations:
• Poursuivre la diffusion des messages de prévention axés sur la transmis-
sion du VIH et la stigmatisation, notamment dans les centres de soins et
auprès des populations les plus exposées aux risques d’infection;
• Fournir des services de conseil et de test, de traitement des maladies
sexuellement transmissibles et de prévention de la transmission de la
mère à l’enfant;
• Distribuer des moyens techniques de prévention tels que les préservatifs
masculins et féminins;
• Intégrer le traitement dans les stratégies de prévention.
Message clef 5: L’insuffisance des ressources
humaines pèse sur le traitement et les soins
La pénurie de ressources humaines et financières est le principal obstacle à l’élar-
gissement efficace du traitement du VIH et au renforcement des systèmes de
soins de santé en Afrique. Les systèmes de soins de santé dont les ressources
humaines et financières sont insuffisantes (pour cause d’exode des cerveaux ou
de maladies des membres du personnel) ne peuvent pas offrir d’incitations aux
professionnels qualifiés de la santé pour les retenir dans les structures publiques
de soins de santé. Ainsi est crée un cercle vicieux qui associe surcharge de travail
et détérioration des conditions de travail pour ceux qui restent.
Recommandations:
• Offrir de meilleures conditions de travail afin de motiver les travailleurs
de la santé à s’acquitter de leur tâche et à conserver leur emploi plus
longtemps;
xxviii Préservons notre aveir
31. • Repenser de fond en comble les formes et modèles actuels de prestation
de soins, au regard non seulement de la fourniture de thérapies antiré-
trovirales, mais également de la baisse des ressources humaines dans le
secteur de la santé en général;
• Renforcer les capacités des travailleurs qui interviennent actuellement
dans le secteur de la santé;
• Accorder la priorité au traitement de travailleurs de la santé qui sont
infectés;
• Adopter un système de rotation du personnel comme solution provisoire
à la pénurie des ressources humaines.
Message clef 6: Le financement de la lutte contre le
sida doit être coordonné, prévisible, à long terme et
transparent
L’intensification de la riposte au VIH/sida exige des fonds supplémentaires afin
de couvrir les dépenses de fonctionnement (personnel) ainsi que le coût des pro-
duits et services locaux. Par ailleurs, nous souscrivons aux initiatives visant à amé-
liorer l’acheminement de l’aide par l’harmonisation des pratiques des donateurs
et l’alignement de l’aide sur les priorités de développement des États, afin de
réduire les coûts de transaction, tel qu’énoncé à Rome et, plus récemment, dans
la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
Recommandations:
• Les gouvernements africains devraient améliorer la gestion de leurs
dépenses publiques afin de satisfaire aux normes minimales de perfor-
mance, notamment en ce qui concerne les fonds fiduciaires;
• Aligner l’aide des donateurs sur les politiques et priorités nationales, de
telle sorte que les financements viennent à l’appui de stratégies de lutte
contre le sida maîtrisées par les pays concernés et pleinement intégrées à
leurs stratégies de développement;
• Analyser les besoins en vue de l’intégration de stratégies globales de
financement dans les plans multisectoriels;
• Renforcer les systèmes budgétaires et l’obligation de rendre compte à
toutes les parties intéressées au niveau national, afin que les donateurs
soient convaincus que l’aide sera effectivement utilisée à bon escient.
Préservons notre aveir xxix
32. Message clef 7: Le leadership doit être raffermi
et soutenu à tous les niveaux dans le cadre d’une
riposte coordonnée
Recommandations:
• Consacrer les ressources nationales à la riposte et lier celle-ci à des initia-
tives plus ambitieuses de planification du développement;
• Créer un environnement favorable à la compréhension par les citoyens,
à tous les niveaux, de leur rôle dans la riposte au VIH/sida, afin qu’ils le
jouent pleinement;
• Appliquer les engagements régionaux et internationaux tels que la Décla-
ration d’Abuja et autres décisions relatives au VIH/sida, en les transfor-
mant en plans d’action nationaux.
Message clef 8: Le but ultime de la bonne
gouvernance devrait être la création d’un
environnement favorable, dans lequel chaque citoyen
devient acteur de la riposte au sida et l’État est
en mesure de maintenir des institutions publiques
efficaces
Les objectifs à long terme des initiatives visant à endiguer la propagation du VIH
et à fournir soins et appui à des millions de personnes infectées par le VIH ou
touchées par l’épidémie ne peuvent être réalisés que grâce à l’amélioration des
résultats du secteur public et à un régime de gouvernance participative.
Recommandations:
• Adopter des politiques qui mettent les véritables parties intéressées,
notamment les personnes infectées par le VIH ou touchées par le sida,
au centre des ripostes nationales;
• Mettre en place des mécanismes de protection sociale tels que les allo-
cations d’invalidité ou pour cause de maladie chronique et offrir des
secours d’urgence en tant que composantes essentielles de la lutte contre
la pauvreté;
• Accorder un volant budgétaire plus large aux pays africains, afin qu’ils
puissent absorber de manière plus efficace et en temps opportun les sub-
ventions qu’ils reçoivent;
xxx Préservons notre aveir
33. • Les commissions électorales africaines devraient promouvoir la recherche
comme fondement des activités qui seront menées à l’avenir dans le cadre
de la riposte au VIH/sida.
Préservons notre aveir xxxi
37. Le problème en bref
E ntre 1 Africain sur 20 et 1 Africain sur 10 âgé de 15 à 40 ans est séropositif
et plus de 20 millions d’Africains ont déjà succombé à l’épidémie. Il n’y a
cependant pas qu’une forme de l’épidémie de VIH en Afrique. Dans le continent,
le VIH présente de grandes variations selon les zones géographiques. Les pays
d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est forment l’épicentre de la pandémie dans
le monde. L’Afrique du Sud compte plus de 1 000 nouveaux cas d’infection par
jour, chiffre le plus élevé du monde, tandis qu’au Botswana, au Lesotho, en Na-
mibie, au Swaziland et au Zimbabwe, au moins un adulte sur cinq est porteur du
virus. Ce sont là des pays où le mal est “hyperendémique” selon la classification
d’ONUSIDA. Par contraste, les taux généraux d’infection en Afrique de l’Ouest
ont constamment baissé, des pays de cette sous-région enregistrant entre 1 % et
7 % de taux de prévalence chez les adultes. Il s’agit toujours d’épidémies générali-
sées dont les foyers sont certains secteurs de la population, tels que les profession-
nels du sexe et leurs clients. L’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale combinent ces
deux tendances. L’Afrique du Nord, en revanche, a un faible taux de prévalence
du VIH, bien au-dessous de 1 %. En 2007, environ 1,7 million de nouvelles
infections à VIH se sont produits dans la région. La moitié des individus nouvel-
lement infectés dans la région sont des jeunes âgés de 15 à 24 ans et, en majorité,
des femmes.
Les meilleures données statistiques disponibles actuellement indiquent que vers
2000, le taux de prévalence en Afrique subsaharienne s’est stabilisé, à un niveau
juste supérieur à 6 % pour l’ensemble de la région. Cette moyenne continen-
tale masque des variations sous-régionales. Certaines villes d’Afrique de l’Est et
d’Afrique australe connaissent une baisse du taux de prévalence du VIH chez les
femmes enceintes, tandis qu’en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le taux
de prévalence est demeuré à peu près constant à des niveaux inférieurs à ceux du
reste de l’Afrique subsaharienne. Il continue cependant de progresser au Mozam-
bique. Il existe plusieurs pays d’Afrique australe où le taux de prévalence du VIH
continue de progresser. Le risque est manifestement élevé chez les jeunes femmes
et les filles, qui sont deux fois plus susceptibles d’être infectées par le VIH, leurs
taux d’infection atteignant parfois le sextuple de ceux de leurs homologues mas-
culins dans certaines parties de la région.
Bien que la prévalence du VIH se soit stabilisée, il faut se garder de pavoiser. Les
chiffres absolus ont continué de progresser, en raison de la croissance démogra-
phique, sans compter que les effets importants produits par le VIH et le sida en
VIH et le sida - La problématique 3
38. aval tels que le phénomène des orphelins continueront de prendre de l’ampleur
pendant encore des années. L’épidémie de VIH/sida se présente telle une longue
vague dont le reflux s’étale sur de multiples décennies.
Les épidémies de VIH/sida en Afrique ont plusieurs moteurs à différents niveaux:
biologique, personnel-comportemental, communautaire et social. Un manque
de perspectives économiques attise les migrations et perturbe les familles. Les
marchés du travail, en particulier en Afrique australe, sont structurés de telle
façon que les conjoints peuvent rester séparés pendant des mois. Les nécessités
économiques incitent les femmes à avoir des rapports sexuels rémunérés et à s’en-
gager dans des relations souvent associées à la violence sexuelle ou à maintenir ces
relations. Constituant un facteur qui alimente l’épidémie, les relations sexuelles
impliquant des jeunes filles et des hommes âgés de génération différente sont
devenues une norme sociale acceptable, exacerbées qu’elles sont par la pauvreté
féminine.
En l’absence de mesures efficaces, l’infection à VIH débouche sur la maladie et
la mort au bout de 10 ou 11 ans. L’impact catastrophique sur le plan démogra-
phique peut se voir aux chiffres de l’espérance de vie, lesquels, dans certains pays
africains, sont descendus à des niveaux qui n’avaient pas été enregistrés depuis
le milieu du XXe siècle: 40 ans ou moins. Partout en Afrique, le VIH et le sida
minent, dans tous les secteurs et à tous les niveaux, des ressources humaines d’une
importance vitale. Le virus frappe les secteurs les plus productifs des économies
africaines - des adultes dans la force de l’âge -, privant ainsi des économies déjà
aux abois de leurs rares compétences, les enfants de leurs parents et le continent
d’une génération. Même si l’on prend en compte la stabilisation des taux de
prévalence, le décalage entre l’infection, la maladie et en fin de compte la mort
signifie que le pire des effets de la pandémie est encore à venir.
4 Préservons notre aveir
39. Introduction
L ’Afrique subsaharienne demeure la région la plus touchée par l’épidémie de
sida dans le monde. Plus des deux tiers (68 %) de toutes les personnes infec-
tées par le VIH vivent dans cette région et plus des trois quarts (77 %) de tous les
décès dus au sida en 2007 s’y sont produits. On estime que 1,7 million [fourchette
de 1,5 million à 2,0 millions] de personnes ont été nouvellement infectées par le
VIH en 2007, ce qui porte à 22,5 millions [fourchette de 20,9 millions à 24,3 mil-
lions] le nombre total des personnes vivant avec le virus. Ce chiffre représente 6,1 %
de la population adulte. Contrairement à la situation dans d’autres régions, la ma-
jorité des personnes vivant avec le VIH en Afrique subsaharienne sont des femmes,
lesquelles représentent 61 % des personnes infectées par le VIH et le sida.
Il n’existe pas une épidémie unique de VIH et de sida dans le continent. Au
contraire, l’Afrique connaît un certain nombre d’épidémies différentes, dont cha-
cune a ses caractéristiques et ses variations épidémiologiques et sociales propres.
L’écrasante majorité des personnes infectées sont porteuses du virus VIH-1, une
épidémie bien moins importante due au VIH-2 sévissant dans des parties d’Afri-
que de l’Ouest. Le présent chapitre présente l’épidémie en Afrique, sous-région
par sous-région, à commencer par l’Afrique australe où la prévalence du VIH est
exceptionnellement élevée. Selon la classification d’ONUSIDA, le VIH est hype-
rendémique dans cette sous-région.
Il ressort des données actuelles que le taux de prévalence en Afrique s’est stabilisé
dans l’ensemble, bien qu’il existe d’importantes variations d’un pays à l’autre.
Avec les données de meilleure qualité provenant actuellement des enquêtes
démographiques, on sait que la prévalence du VIH au sein de l’ensemble de la
population est quelque peu plus faible qu’on ne le pensait auparavant et que l’in-
cidence du VIH (à savoir le nombre de nouveaux cas d’infection) a commencé à
se stabiliser et à diminuer à la fin des années 90, la prévalence (nombre total de
personnes infectées) se stabilisant et amorçant un déclin vers la fin du millénaire.
Bien qu’ils soient de 25 à 40 % inférieurs aux précédents, les chiffres en question
restent absolument révoltants et l’autosatisfaction n’est pas de mise. De surcroît,
l’épidémie de VIH et de sida se présente telle une longue vague. La mortalité
due au sida a continué de progresser même après que l’incidence de la maladie a
culminé et c’est maintenant seulement qu’elle commence à chuter. Certains pays
connaissent également une augmentation tardive de la prévalence du VIH, par
VIH et le sida - La problématique 5
40. exemple le Mozambique et l’Ouganda, dans ce dernier cas après des diminutions
appréciables intervenues auparavant.
Le présent rapport concerne les effets de l’épidémie de VIH et de sida sur la
société. Ces effets restent profonds. Dans nombre de pays d’Afrique australe,
un adulte sur six est séropositif et la probabilité pour une fille âgée de 15 ans de
mourir avant la fin de ses années de procréation s’est accrue pour passer de 11 %
environ au début des années 80 à plus de 30 % de nos jours. L’espérance de vie a
diminué de 10 à 30 ans au cours de la même période. Par suite de ces mutations
démographiques, il y a moins de personnes dans les groupes d’âge de 25 à 50 ans
pour assurer la reproduction de la société et contribuer à la gestion des affaires
nationales, que ce soit dans le secteur public, le secteur privé ou les milieux reli-
gieux ou sociaux (voir encadré 1.1).
Les taux d’infection ne cernent que partiellement la crise. Bien plus de 100 mil-
lions de personnes en Afrique subsaharienne sont touchées par l’infection, l’in-
validité ou le décès d’un membre de la famille à cause du VIH et du sida. On
doit ajouter à ce nombre les personnes qui sont affectées moins directement dans
les familles élargies, les collègues sur le lieu de travail, les amis intimes dans les
communautés de foi et d’autres associations, qui sont néanmoins profondément
touchés par la mort d’un ami ou d’un mentor. Il se peut que la moitié de la popu-
lation entière de l’Afrique ressente directement les effets de l’épidémie.
Encadré 1.1.
Conséquences démographiques du VIH/sida en Afrique subsaharienne
• Forte augmentation de la mortalité. Plus de 20 millions d’Africains sont morts et, d’ici
à 2025, la taille de la population des pays d’Afrique australe devrait être réduite de 20
à 30 % que cela ne serait le cas en l’absence de sida. Au Botswana et au Zimbabwe,
le taux de croissance démographique est inférieur à 1 % par an. On prévoit que la
mortalité chez les femmes en âge de procréer progressera de 11 % en 1980 à 40 %
en 2010 (Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, 2007).
• Recul de l’espérance de vie. L’espérance de vie moyenne en Afrique subsaharienne a
chuté pour descendre de 62 ans au cours des années 1990 - 1995 à 48 ans au cours
des années 2000 - 2005 et dans six pays (Botswana, Lesotho, République centrafric-
aine, Swaziland, Zambie et Zimbabwe), elle est inférieure à 40 ans.
• Impact disproportionné sur les femmes. Plus de 60 % des personnes vivant avec le
VIH et le sida en Afrique subsaharienne sont des femmes. Le taux de prévalence est
maximal chez les jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans), qui se heurtent également,
dans une plus grande mesure, à des préjugés sexistes en ce qui concerne les études,
les emplois, les salaires et l’accès aux soins de santé.
• Nombre accru d’orphelins. L’Afrique a vu le nombre des enfants qui ont perdu l’un ou l’autre
parent en raison du sida se multiplier par 13 depuis 1990 pour atteindre 12 millions en 2007.
6 Préservons notre aveir
41. Figure 1.1.
Taux estimatifs de prévalence du VIH chez les adultes dans les pays
africains
Tunisie
Maroc
al
nt Algérie
de
Libye
ci
Égypte
oc
ra
ha
Sa
Mauritanie
Mali
Niger Érythrée
Cap-Vert Sénégal Tchad
Gambie
Soudan
Guinée-Bissau Djibouti
Burkina Faso
Guinée
Bénin
Nigéria Éthiopie
Togo
Sierra Leone
Ghana
Côte
d’Ivoire République
Libéria centrafricaine
ie
Cameroun
al
m
Guinée équatoriale
So
Sao Tomé-et-Principe Ouganda
Kenya
Gabon
o
ng
Rwanda
Co
Burundi
République démocratique
du Congo Tanzanie
Seychelles
Malawi
Angola Comores
Prévalence du VIH, 2006 Zambie
e
(personnes agées de 15 à 49 ans) qu
bi
am
oz
Zimbabwe
M
ar
< 1%
asc
Namibie
jusqu’à 5% Botswana dag
Ma
jusqu’à 10%
jusqu’à 20% Swaziland
> 20%
Lesotho
Afrique
Aucune donnée du Sud
Source: ONUSIDA/OMS, RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN, 2006
L’impact démographique
Des données sur la prévalence du VIH/sida montrent que l’épidémie avait suivi
une courbe ascendante nette dans les années 90, avant de se stabiliser et de mar-
quer un léger recul. Le moment et les caractéristiques de ce recul varient d’un
pays à l’autre, certains ayant résisté à la vague. Mais la prudence doit être de mise.
D’abord, l’épidémie a progressé très vite mais ne baisse que très lentement- avec
un taux de prévalence en Afrique subsaharienne de loin plus élevé que partout
ailleurs dans le monde. Ensuite, le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida
ne cesse d’augmenter en valeur absolue, compte tenu, d’une part, de la croissance
démographique, qui contrebalance le léger recul de la prévalence et, d’autre part,
de la disponibilité de traitements qui prolongent la vie des personnes vivant avec
VIH et le sida - La problématique 7