1. TARTARUS
de
GAREL FREDERIC
1re Version- 1st Draft
07/04/11
2. 1 INT-JOUR CUISINE D’UN APPARTEMENT 1981
la scène montre une jeune femme, assise sur une chaise, les
coudes sur la table. elle est de dos, mais on voit qu’elle
pleure. Elle tient une poignée de cheveux dans ses mains.
2 INT-NUIT CHAMBRE D’UN APPARTEMENT 1982
la même jeune femme est dans un lit, elle est chauve, a le
teint pâle, et paraît très faible, on voit qu’elle va
mourir.
Un enfant d’environ 3-4 ans dort à côté d’elle.
3 INT-NUIT CABINE TÉLÉPHONIQUE 1982
l’enfant de 3 ans tient la main de son père, pendant que ce
dernier téléphone.
LE PÈRE
juste quelques jours, le temps de
souffler, tu comprends?... je peux
pas m’occuper de lui maintenant,
c’est tout, c’est trop dur. je te
l’amène ce soir, ça ira? (il
soupire) merci.
il raccroche.
4 EXT-JOUR ABRI BUS
Un homme d’une trentaine d’années est endormie en position
assise, sur le banc d’un abri bus de campagne.
Son nom est JEAN, il porte un imper par dessus un costume.
un flocon de neige vient effleurer son visage, il s’éveille.
Il ouvre les yeux péniblement, puis regarde ce qui
l’entoure.
On aperçoit un paysage montagnard sous un ciel couleur
cendre.
La neige tombe en abondance.
3. 2.
5 EXT-JOUR ABRI BUS
Il se lève, paniqué, faisant un tour sur lui même, en
observant les lieux.
Il fouille ses poches et sort un portable, il constate qu’il
n’a pas de réseau.
Il marche quelque pas, il n’y a toujours pas de réseau.
Il range son portable.
6 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN entre dans le bourg d’un village, le clocher de
l’église sonne 3 coups.
Le village est désert, la neige et un épais brouillard
réduisent la vision.
7 EXT-JOUR RUE PAVEE
Il arpente une rue pavée du village, en grimaçant lorsque le
vent se met à souffler.
il avance lentement, les mains en croix sur ses épaules.
On aperçoit une silhouette, un vieil homme approche, il
porte des bottes en caoutchouc.
JEAN
excusez-moi!
le vieil homme le regarde, puis l’esquive, en pressant le
pas.
JEAN
hey! je veux juste savoir où on est
ici.
le vieil homme s’éloigne, sans se retourner.
JEAN
(parlant doucement)
enfoiré de bouseux.
JEAN poursuit son chemin et tombe sur un bureau de
tabac, un homme, sans doute le propriétaire, est en train
de fermer boutique en abaissant une grille.
[.../...]
4. [SUITE] 3.
JEAN
Excusez-moi monsieur!
le buraliste se retourne
JEAN
je me suis perdu, on est où ici?
LE BURALISTE
à Hadès. (il abaisse la grille
complètement, puis se retourne)
vous vous êtes perdu vous dites?
JEAN
oui, enfin... pour tout vous dire,
j’ai dû trop faire la bringue hier
soir, je me suis réveillé dans un
abri bus tout près d’ici. (il
sourit)
le buraliste reste muet sans lui rendre son sourire, puis
finit par répondre.
LE BURALISTE
vous devriez rentrer chez vous
monsieur, la tempête approche. (il
s’en va)
JEAN
attendez, vous avez le téléphone?
LE BURALISTE
il y a une cabine derrière l’église
monsieur.
Le buraliste s’en va au loin, laissant JEAN sur place.
8 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN contourne l’église, et entre dans la cabine
téléphonique.
9 INT-JOUR CABINE TELEPHONIQUE
JEAN décroche le combiné, le positionne entre son cou et son
épaule, puis cherche des pièces dans ses poches, il en sort
une et la présente vers la fente.
On aperçoit en GROS PLAN que La fente est prévue pour y
insérer des cartes téléphoniques, et non des pièces.
JEAN raccroche le combiné.
5. 4.
10 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN sort de la cabine, visiblement énervé.
Il jette un œil aux environs, tournant en rond. il porte son
attention sur un jardin public, plus précisément sur un
banc.
on aperçoit une personne immobile couchée sur le banc,
recouverte de neige.
11 EXT-JOUR JARDIN PUBLIC
JEAN s’approche du banc.
On aperçoit une jeune femme, en tenue de soirée.
Son nom est MARIE, elle est beaucoup plus jeune que JEAN.
JEAN la regarde quelques secondes, immobile, les yeux ronds.
il finit par lui secouer l’épaule.
JEAN
mademoiselle? est-ce que ça va?
MARIE
mmmh...
MARIE ouvre les yeux et se redresse péniblement, elle
regarde JEAN et ce qui l’entoure.
MARIE
où suis-je? (elle secoue la neige
qu’elle a sur ses cheveux et ses
vêtements)
JEAN
c’est pas vrai... toi aussi?
MARIE
quoi?
JEAN
tu ne te souviens de rien n’est ce
pas?, je veux dire, tu sais qui tu
es, mais si tu pense à ce que tu
faisais hier soir, c’est le trou
pas vrai?
MARIE
oui, hum... qui êtes vous?
[.../...]
6. [SUITE] 5.
JEAN
une personne dans le même cas que
toi, je me suis réveillé dans ce
bled il y a quelques minutes, je
sais pas comment.
MARIE regarde la place du village déserte, et le paysage
montagnard.
MARIE
il n’y a personne ici?
JEAN
j’ai croisé deux personnes tout à
l’heure, des gens bizarres tu sais,
pas aimables, comme si ils m’en
voulaient pour quelque chose... je
dois être trop parisien sans doute,
ça se remarque tout de suite.
MARIE sort son téléphone portable.
JEAN
te fatigue pas, ça aussi j’ai
essayé, pas moyen d’avoir du réseau
ici...
MARIE se lève, sans dire un mot et se dirige vers la cabine
téléphonique.
JEAN la rattrape et marche à ses côtés.
JEAN
a moins de posséder une carte
téléphonique, tu peux oublier la
cabine.
MARIE
y’a t-il encore quelque chose que
vous avez essayé et que je devrais
savoir?
JEAN
je sais juste qu’une tempête de
neige se prépare, et qu’on doit
trouver un refuge dans ce trou, en
attendant que ça se calme.
MARIE
très bien...
[.../...]
7. [SUITE] 6.
JEAN
c’est quoi ton nom?
MARIE
Marie.
JEAN
enchanté Marie, je suis Jean.
12 EXT-JOUR RUE PAVEE
JEAN et MARIE sont devant une auberge, les volets sont
fermés.
JEAN
tu crois que c’est ouvert?
MARIE
(elle regarde le planning
d’ouverture sur la porte)
ils sont censés l’être en tout cas.
MARIE essaye d’ouvrir la porte.
MARIE
fermée.
JEAN
et merde! c’est pas vrai.
MARIE frappe à la porte.
JEAN
Hé!!! y’a quelqu’un?
Ils se taisent tous les deux, dans l’espoir d’entendre une
réponse.
Quelques secondes passent, puis MARIE frappe de nouveau à la
porte, et JEAN hurle encore en direction des fenêtres de
l’étage.
MARIE
ça sert à rien, il faut continuer
de marcher, on trouvera peut être
une autre auberge.
JEAN
attends, dernière chance...
JEAN regarde par terre, il prend un caillou et le lance sur
un des volets en bois de l’étage.
[.../...]
8. [SUITE] 7.
il recommence deux trois fois.
le volet ne tarde pas à s’ouvrir, un vieil homme apparaît.
L’AUBERGISTE
qui est ce qui fait ça?!
JEAN
c’est moi, excusez moi monsieur, on
s’est perdus, et avec cette
tempête... est ce que vous
pourriez...
le vieil homme rentre la tête et claque le volet.
JEAN
fils de pute!! il nous laisse là!
JEAN se met à hurler en direction des volets.
JEAN
tu veux qu’on crève dehors c’est
ça?!! c’est ça que tu veux?!!
MARIE
calmez vous.
JEAN regarde MARIE, il se tait, mais a toujours le regard
piqué de colère.
le vieil homme apparaît derrière la porte avec une lampe
torche, il déverrouille la porte et leur ouvre.
L’AUBERGISTE
entrez vite, avant que le froid
rentre.
Ils entrent, JEAN regarde l’aubergiste avec dédain.
13 INT-JOUR HALL DE L’AUBERGE
le hall de l’auberge est plongé dans le noir.
L’AUBERGISTE
comme vous pouvez le voir, il n’y a
déjà plus d’électricité, veuillez
me suivre, je vous emmène dans la
salle à manger...
Ils le suivent.
[.../...]
9. [SUITE] 8.
L’AUBERGISTE
d’où est ce que vous venez comme
ça?
MARIE
de Paris.
L’AUBERGISTE
vous avez pas choisi le bon jour,
on attends la tempête de neige du
siècle ici, ils disaient à la télé
ce matin.
14 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
l’aubergiste les guide et les installe sur une petite table
ronde pour deux.
L’AUBERGISTE
ne bougez pas, je reviens avec des
bougies.
JEAN
vous inquiétez pas, on bougera pas.
l’aubergiste s’en va, JEAN et MARIE se retrouvent dans le
noir complet.
MARIE
je déteste le noir...
JEAN
pourquoi ça? ça te fait peur?
MARIE
oui.
JEAN
peur des monstres du placard?
MARIE
non, peur des gens... on ne sait
pas de quoi ils sont capables.
l’aubergiste revient, apporte des bougies qu’il installe sur
la table et les allume une par une.
JEAN
ça va mieux comme ça?
[.../...]
10. [SUITE] 9.
MARIE
oui.
L’AUBERGISTE
vous avez de la chance d’être tombé
sur mon auberge, tout le village
s’est barricadé en attendant que ça
se calme.
JEAN
vous avez le téléphone? je dois
appeler ma femme.
L’AUBERGISTE
j’ai le téléphone jeune homme, mais
je pense que c’est peine perdu, les
lignes seront déjà coupées...
JEAN
je peux quand même essayer, à tout
hasard?
L’AUBERGISTE
si vous voulez.
15 INT-JOUR CUISINE DE L’AUBERGE
Un téléphone mural se trouve dans la cuisine, à côté de
l’évier.
JEAN compose un numéro, et attend.
Il raccroche au bout de quelques secondes.
16 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
La pièce est plus éclairée désormais, l’aubergiste a dû
installer plus de bougies.
JEAN s’installe à nouveau à la table, en face de MARIE
JEAN
ça ne marche pas, pas de tonalité.
MARIE
désolé pour vous.
JEAN
non ce n’est pas grave, je voulais
simplement la rassurer, elle a
certainement dû appeler la police
tu sais...
[.../...]
11. [SUITE] 10.
MARIE
je comprends pas ce qui m’est
arrivée, je ne bois jamais, je ne
suis pas du genre fêtarde... et
puis, ces vêtements ne sont même
pas à moi. je crois que j’ai été
droguée.
JEAN
quelqu’un t’aurait drogué, mit ces
vêtements et puis lâchement
abandonné dans ce bled? c’est
absurde tu trouve pas? quel intérêt
aurait cette personne à te faire
ça?
MARIE
je ne sais pas... est ce que vous,
vous vous souvenez de quelque
chose?
JEAN
tu veux pas arrêter de me vouvoyer?
j’ai l’air si vieux que ça?
MARIE
je n’ai pas l’habitude de tutoyer
les gens que je ne connais pas.
JEAN
d’accord d’accord, si tu y tiens tu
peux garder ton "vous"... pour
revenir à hier soir, c’est le trou
noir pour moi aussi.
MARIE
pourquoi se réveille-t-on tous les
deux au même endroit, et puis
d’abord, pourquoi cet endroit?...
vous savez je ne crois pas aux
coïncidences.
JEAN
Marie, s’il te plaît, ne commence
pas à te faire peur toute seule...
j’avoue que la coïncidence est
énorme, mais si quelqu’un nous
voulait du mal, il se serait déjà
manifesté tu crois pas?
MARIE acquiesce en hochant la tête.
[.../...]
12. [SUITE] 11.
JEAN
dès que la tempête sera finie, on
prendra le 1er train pour quitter
ce trou, et on oubliera très vite
cette histoire, tu verras.
MARIE
je dois aller aux toilettes.
MARIE se lève et traverse la pièce.
JEAN se retourne discrètement, son regard scrute ses
courbes.
CUT.
17 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
JEAN et MARIE sont à nouveau à table.
A les voir, on peut deviner un silence plutôt lourd, qui
dure depuis quelques minutes.
MARIE
sinon, qu’est ce que vous faites
dans la vie?
JEAN
journaliste.
MARIE
cela vous plaît?
JEAN
on peut dire ça. (il sort une
cigarette) tu fumes?
MARIE
non.
JEAN
(il l’allume avec une bougie)
hum, si je résume, tu ne fais pas
la fête, je suppose que tu ne bois
pas non plus, et tu ne fumes
pas?...
JEAN expire de la fumée.
waw, tu sais, tu devrais fumer, ça
t’aiderais à te détendre.
[.../...]
13. [SUITE] 12.
MARIE
qu’est ce que vous voulez dire par
là?
JEAN
ben, tu donnes l’image d’une fille
un peu coincée je dois dire, sans
vouloir te vexer.
MARIE
de quel droit vous me dites ça?
JEAN
oh oh, je voulais pas...
MARIE
on ne se connait pas, alors de quel
droit vous...
JEAN
je suis désolée, excuse moi. à vrai
dire je voulais te faire réagir.
MARIE
pourquoi ça? vous êtes qui bordel?
JEAN
ok jeune fille, je retire ce que
j’ai dit ; tu n’es pas coincée. (il
sourit)
MARIE, rouge de colère se relâche dans son siège, en
soupirant.
L’aubergiste arrive.
L’AUBERGISTE
je prépare votre diner, je vous
préviens par avance, c’est un repas
froid.
JEAN
aucun problème, hein Marie?
Elle regarde JEAN, sans répondre.
L’AUBERGISTE
désirez vous un apéritif?
JEAN
ah? hum... je dirais pas non à une
bière.
[.../...]
14. [SUITE] 13.
L’AUBERGISTE
et vous mademoiselle?
MARIE
whisky.
MARIE regarde JEAN avec un regard de défi.
JEAN
oubliez ce que je viens de dire,
mettez m’en un aussi.
L’aubergiste s’en va.
JEAN sourit à MARIE.
CUT.
18 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE
L’AUBERGISTE est derrière son comptoir, éclairé à la bougie,
il lit un livre.
JEAN arrive et s’appuie sur le comptoir.
L’AUBERGISTE
vous désirez monsieur?
JEAN
oui, hum... il y a combien de
chambres ici?
L’AUBERGISTE
4, monsieur.
JEAN
ok, alors je vous en prends une.
JEAN sort son portefeuille et compte plusieurs billets,
qu’il tend à l’aubergiste.
L’AUBERGISTE
il y a beaucoup trop d’argent
monsieur, je...
JEAN
chut! (il lui fait signe de parler
plus bas)
L’AUBERGISTE
je ne peux pas prendre autant
d’argent.
[.../...]
15. [SUITE] 14.
JEAN
bien sur que si, d’ailleurs, j’ai
crû comprendre que les 3 autres
chambres étaient en travaux n’est
ce pas?
L’AUBERGISTE
qu’est ce que vous comptez...
JEAN fait mine de reprendre ses billets.
JEAN
elles sont en travaux... ou non?
L’AUBERGISTE
elles sont en travaux, oui.
JEAN
très bien.
CUT.
19 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
Des heures se sont écoulées, les assiettes de MARIE et JEAN
sont vides, les verres aussi.
MARIE semble plus décontractée, elle a les coudes sur la
table et écoute avec attention JEAN, en face d’elle.
JEAN
tu vois peut être les stars comme
des êtres à part, mais moi qui les
côtoient tous les jours, je peux
bien te le dire...
(il mime de lui confier un secret, en regardant si personne
n’écoute)
Nicolas Duvauchelle a mauvaise
haleine, Sandrine Kiberlain est
nulle à chier en orthographe, et
Patrick Sabatier a fait un jour une
apparition dans un film porno Gay.
MARIE éclate de rire, ce qui est communicatif pour JEAN.
MARIE
mais écoutez le, quel sale gosse!
j’aurais pas aimé être ta mère.
JEAN s’arrête progressivement de rire, son visage devient
sérieux.
16. 15.
20 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
MARIE
qu’est ce que j’ai dis?
JEAN
non rien, c’est pas grave.
MARIE
dis moi.
JEAN
ma mère est morte quand j’avais 3
ans... un cancer.
MARIE
merde, je suis vraiment désolée.
JEAN
tu pouvais pas savoir.
JEAN se lève.
MARIE
où tu vas?
JEAN
me coucher, j’aimerais partir d’ici
le plus tôt possible demain matin.
MARIE
je viens aussi.
Elle le rejoint.
21 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE
JEAN et MARIE sont devant le comptoir de l’aubergiste.
JEAN
on va rejoindre nos chambres, on
est épuisés.
L’AUBERGISTE
ah, c’est à dire que... (il regarde
JEAN)
JEAN
rassurez-moi vous avez bien des
chambres, c’est une auberge non?
[.../...]
17. [SUITE] 16.
L’AUBERGISTE
il ne nous en reste qu’une.
JEAN
comment ça y’en a qu’une? c’est une
blague?! l’auberge a l’air d’en
compter plusieurs, et c’est pas les
clients qui se bousculent en ce
moment.
L’AUBERGISTE
je suis désolé, les autres chambres
sont en travaux.
MARIE
c’est pas grave, on la prend.
JEAN
je dormirais par terre si tu veux.
MARIE
oh que oui.
JEAN sort un billet de son portefeuille et le tend à
l’aubergiste, qui hésite à le prendre.
JEAN insiste du regard.
L’AUBERGISTE
tenez, vous aurez besoin de ça.
l’aubergiste donne une lampe de poche à JEAN.
22 INT-NUIT CHAMBRE DE L’AUBERGE
MARIE et JEAN entrent dans la chambre, l’aubergiste a déjà
installé des bougies sur la table de nuit du lit.
c’est une chambre simple avec une salle de bain et toilettes
dans la pièce juxtaposée.
La décoration est simpliste.
MARIE s’effondre sur le lit en soupirant.
JEAN la regarde, puis vient la rejoindre sur le lit, il pose
la lampe de poche au fond du lit.
MARIE
t’es pas censé dormir par terre
toi?
[.../...]
18. [SUITE] 17.
JEAN
t’étais sérieuse? je suis vieux tu
sais, je souffre du dos.
MARIE
et moi je suis la vierge Marie,
allez par terre Médor.
JEAN
wouf! wouf! (il se laisse tomber
par terre avec fracas) Aie.
Elle rit.
JEAN
je me suis vraiment fait mal en
plus.
Il se relève en grimaçant.
MARIE
c’est bon, tu peux dormir à côté de
moi, mais pas de bêtises hein?
c’est un bon chien ça.
il sourit, puis se retourne vers sa bougie et souffle dessus
pour l’éteindre.
MARIE
non! je déteste le noir.
JEAN
tu veux dormir lumière allumée? tu
déconnes?
MARIE
non, je te l’ai dit, je déteste le
noir.
JEAN
poule mouillée.
Elle cherche à taton la lampe de poche sur le lit
MARIE
rallume s’il te plaît.
JEAN
rallumer avec quoi?, tout va bien
se passer.
il lui caresse les hanches.
MARIE, surprise, se redresse.
[.../...]
19. [SUITE] 18.
MARIE
qu’est ce que tu fais?
JEAN
n’ai pas peur, je te veux pas de
mal.
MARIE
arrête tout de suite, rallume les
bougies!
JEAN
détends toi.
Il continue de la caresser.
Elle le gifle.
Il lui tient les bras, et monte sur elle.
MARIE se met à hurler.
MARIE
laisse moi!!
JEAN l’étrangle, et la viole.
MARIE se débat, essaie d’hurler, puis ne bouge plus.
JEAN se relève, il parait surpris que MARIE ne bouge plus.
il allume la lampe de poche et la dirige vers MARIE.
MARIE le regarde avec peine. son visage se métamorphose
progressivement, sa peau s’abîme, ses yeux rougissent, ses
cheveux tombent.
on voit la même jeune femme que celle en Scène II.
JEAN
c’est pas possible!!... non!! c’est
pas vrai!! qui tu es?
MARIE
(la voix faible)
quoi?
JEAN
qui tu es salope?!! (il la gifle)
comment tu t’appelles?
[.../...]
20. [SUITE] 19.
MARIE
Marie De Martino.
JEAN
tu mens!! ça c’est le nom de ma
mère! qui tu es?!!
il l’étrangle, MARIE meurt.
JEAN se relève, des larmes commencent à couler de ses yeux.
il la regarde.
Il se met à hurler, se frappe le visage, s’arrache les
cheveux, frappe le mur de ses mains et pieds.
puis il s’effondre par terre, et se recroqueville en
position fœtale.
23 INT-NUIT CELLULE CLINIQUE
JEAN est couché sur un lit médicalisé, il a le crâne rasé et
des capteurs sur le cerveau, et la poitrine.
un jeune homme en blouse blanche est à côté de lui, il
l’observe en fumant une cigarette.
Il sont dans une petite pièce aux murs blancs.
un homme de la cinquantaine entre, sa prestance laisse à
penser qu’il est docteur.
LE DOCTEUR
alors?
L’ASSISTANT
tachycardie, depuis bien 1 minute.
(il regarde le moniteur ECG en
simultané) 110... 116...
LE DOCTEUR
(il se penche au dessus de
JEAN et s’adresse à lui)
vous vouliez voir l’enfer? vous y
êtes.
La caméra se concentre sur JEAN, ses globes oculaires font
des mouvements rapides et saccadés.
Il ouvre les yeux et se redresse en même temps. son visage
est marqué par la peur.
[.../...]
21. [SUITE] 20.
il émet des cris et des plaintes en même temps qu’il
grimace. il regarde les deux hommes en face de lui, puis la
pièce et enfin les capteurs sur son corps.
JEAN
qu’est ce que j’ai fait?!!...
Le docteur et l’assistant se regardent.
JEAN
je l’ai... oh mon dieu!
LE DOCTEUR
du calme, vous n’êtes plus dans le
rêve, c’est fini... vous n’avez
rien fait du tout
JEAN
vous êtes qui vous?
LE DOCTEUR
Quel est votre prénom Monsieur De
MARTINO ?
JEAN
JEAN, mais vous êtes qui bordel, je
suis où là?
L’ASSISTANT
dans la réalité, bon retour parmi
nous.
LE DOCTEUR
vous connaissez la date
d’aujourd’hui?
JEAN
non.
LE DOCTEUR
votre premier chien, il s’appelait
comment?
JEAN
quoi? j’en ai marre de ces
conneries, ou vous me dites ce que
je fais ici, ou je me casse tout de
suite. (il retire ses capteurs)
L’ASSISTANT
(il le retient sur le lit)
on va tout vous expliquer, le
docteur essaie seulement de savoir
[...]
[.../...]
22. [SUITE] 21.
L’ASSISTANT [suite]
si l’expérience que vous avez subi
a affecté votre mémoire à long
terme.
JEAN
expérience?
LE DOCTEUR
alors, votre premier chien?
JEAN
j’ai jamais eu d’animaux chez moi.
LE DOCTEUR
d’accord. le prénom de votre mère?
JEAN
(il reste muet quelques
secondes)
MARIE... ma mère s’appelait MARIE.
FONDU NOIR.
24 EXT-JOUR PARC DE LA CLINIQUE
JEAN est assis sur un banc, du personnel de la clinique va
et vient à côté de lui.
Il a à nouveau ses vêtements civils.
Le DOCTEUR s’assied à côté de lui, et lui tend un café.
JEAN le refuse en hochant la tête. Le DOCTEUR le garde en
main.
LE DOCTEUR
aucun souvenir concernant cette
expérience?
JEAN
non, et j’attends toujours qu’on
m’explique.
LE DOCTEUR
connaissez vous la mythologie
grecque, monsieur De MARTINO?
JEAN
un peu, enfin, je ne suis pas un
spécialiste.
[.../...]
23. [SUITE] 22.
LE DOCTEUR
est-ce que le mot ’TARTARE’ vous
dit quelque chose?
JEAN
non.
LE DOCTEUR
IXION dans ce cas?
JEAN
non plus.
LE DOCTEUR
SISYPHE?, TANTALE?
JEAN
TANTALE? vous voulez parler du
supplice de TANTALE?
LE DOCTEUR
précisément. TANTALE ce prisonnier
condamné a errer pour l’éternité
dans le tartare, l’enfer grec, avec
une soif des plus terrible, une
faim atroce et un esprit fou de
désir. l’eau se retirait quand il
essayait de la boire, et l’arbre
s’éloignait quand il voulait
détacher le fruit de sa branche.
JEAN
où vous voulez en venir?
LE DOCTEUR
ce qui est intéressant ce sont les
autres condamnés du Tartare ;
SISYPHE quant à lui devait pousser
une pierre monstrueuse jusqu’au
sommet d’une montagne, arrivé là
haut, la pierre retombait au sol,
et ce cycle se répétait pour
l’éternité.
JEAN
quelle était cette expérience? elle
avait quelle but? pourquoi j’ai
fait le pire cauchemar de ma vie?
et pourquoi j’arrive à me souvenir
de chaque instant comme si ça avait
été réel?.
[.../...]
24. [SUITE] 23.
LE DOCTEUR
Une loi a été votée, elle stipule
que les criminels jugés dangereux
pour la société devront incarner
une nouvelle sorte de prison ; une
prison mentale. Vous vous êtes
porté volontaire pour expérimenter
un programme informatique nommé
TARTARUS.
JEAN
le cauchemar était... programmé?
LE DOCTEUR
oui. TARTARUS permet de créer un
supplice... personnalisé. on vous a
greffé une puce contenant le
programme sur une partie du cerveau
appelé ’l’hippocampe’, rapport à sa
forme. voyez-vous les souvenirs ne
sont pas stockés comme on pourrait
le croire, dans un seul et même
endroit au sein du cerveau. ils
sont dispersés, comme en réseaux,
reliés par l’hippocampe. le
programme grâce à lui pourra
fouiller votre mémoire de fond en
comble, il en retiendra ce que vous
considérez comme vos vices, vos
péchés, vos peurs, ou vos désirs.
son algorithme complexe permettra
dans vos rêves, la création d’une
arène, dont vous ne pourrez vous
échapper.
JEAN
dans mon cauchemar j’étais bloqué
dans un village sous une tempête de
neige.
LE DOCTEUR
vous avez peut être déjà visité ce
village, ou l’avez-vous vu à la
télé, ou dans un magazine. tout ce
qui est dans le rêve, les objets,
les personnes que vous rencontrez,
font parties de vos souvenirs,
soigneusement collectés et classés
par le programme, qui les
manipulera à sa guise, dans le seul
but étant de vous faire souffrir
psychologiquement.
[.../...]
25. [SUITE] 24.
JEAN
nom de dieu...
LE DOCTEUR
votre expérience vous a fait subir
seulement un cycle de sommeil, pour
les futurs prisonniers... ils
subiront leur supplice pour
l’éternité, condamnés à vivre leur
cauchemar encore et encore.
JEAN
je ne me reconnais pas dans ce
rêve, je sais que je ne suis pas un
modèle pour l’humanité, mais je ne
suis pas un meurtrier.
LE DOCTEUR
je pense que l’on a tous une part
sombre en soi, quelque chose en
nous de potentiellement mauvais que
l’on refoule. il peut s’agir d’une
extrême violence comme de pulsions
sexuelles. qu’avez vous rêvé
Monsieur DE MARTINO?
JEAN
je... je rencontre une jeune femme,
je sais qu’elle est jeune, mais je
ne sais pas... elle me plait. on se
réfugie dans une auberge, je joue
avec sa naïveté comme un vieux
renard, elle boit, elle devient
docile, je m’arrange pour avoir la
même chambre qu’elle, et je... je
la viole, elle hurle mais je
continue et je l’étrangle, son
visage se modifie, il mute, elle
perd ses cheveux, sa peau s’abîme,
je me rend compte que c’est ma
mère, morte d’un cancer quand
j’avais 3 ans. c’est comme si... le
fait de l’avoir violé lui avait
injecté une tumeur, une tumeur qui
l’aurait tué dans la minute.
LE DOCTEUR
le programme a fait en sorte que
votre goût pour la luxure vous
amène à violer la personne la plus
pure et la plus inviolable à vos
yeux ; votre mère. Vous devez vous
sentir coupable d’aimer les jeune
[...]
[.../...]
26. [SUITE] 25.
LE DOCTEUR [suite]
filles innocentes, vous vous
considérez peut être comme un
prédateur en un sens, même si vous
n’êtes jamais passé à l’acte, votre
sentiment envers vous même vous
laisse l’idée inconsciente que
c’est vous, qui avez tué votre
mère, que votre corps abrite un
poison qui détruit les femmes.
JEAN
je ne vous suis pas, ma mère est
morte de son cancer, et ça j’en
suis conscient.
LE DOCTEUR
je voulais parler de votre rapport
avec ’l’autre’ vous, celui que vous
n’aimez pas, ce prédateur qui vous
écœure. à chaque fois que vous
laissez parler vos vices, votre
culpabilité vous pèse, à tel point
qu’une idée inconsciente vient
germer dans votre esprit, celle que
la femme que vous respectez le plus
au monde, est morte, car son
cancer, c’était vous.
JEAN regarde le docteur, puis droit devant lui, songeur.
FONDU NOIR.
25 EXT-JOUR CIMETIÈRE.
Plusieurs semaines se sont écoulés, à en juger les cheveux
de JEAN qui sont maintenant très courts.
Il traverse des allées, un bouquet de fleurs à la main.
il s’arrête devant une tombe.
son visage est impassible, on voit que sa main serre très
fort le bouquet, comme pour le détruire.
il balance le bouquet sur la tombe, le bouquet glisse par
terre.
JEAN s’en va, La tombe est au nom de MARIE De MARTINO.
FIN.