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TARTARUS
                               de
                         GAREL FREDERIC




1re Version- 1st Draft
07/04/11
1 INT-JOUR CUISINE D’UN APPARTEMENT 1981
la scène montre une jeune femme, assise sur une chaise, les
coudes sur la table. elle est de dos, mais on voit qu’elle
pleure. Elle tient une poignée de cheveux dans ses mains.


2 INT-NUIT CHAMBRE D’UN APPARTEMENT 1982
la même jeune femme est dans un lit, elle est chauve, a le
teint pâle, et paraît très faible, on voit qu’elle va
mourir.
Un enfant d’environ 3-4 ans dort à côté d’elle.

3 INT-NUIT CABINE TÉLÉPHONIQUE 1982

l’enfant de 3 ans tient la main de son père, pendant que ce
dernier téléphone.
                    LE PÈRE
          juste quelques jours, le temps de
          souffler, tu comprends?... je peux
          pas m’occuper de lui maintenant,
          c’est tout, c’est trop dur. je te
          l’amène ce soir, ça ira? (il
          soupire) merci.

il raccroche.

4 EXT-JOUR ABRI BUS
Un homme d’une trentaine d’années est endormie en position
assise, sur le banc d’un abri bus de campagne.
Son nom est JEAN, il porte un imper par dessus un costume.
un flocon de neige vient effleurer son visage, il s’éveille.

Il ouvre les yeux péniblement, puis regarde ce qui
l’entoure.
On aperçoit un paysage montagnard sous un ciel couleur
cendre.

La neige tombe en abondance.
2.


5 EXT-JOUR ABRI BUS
Il se lève, paniqué, faisant un tour sur lui même, en
observant les lieux.
Il fouille ses poches et sort un portable, il constate qu’il
n’a pas de réseau.
Il marche quelque pas, il n’y a toujours pas de réseau.
Il range son portable.


6 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN entre dans le bourg d’un village, le clocher de
l’église sonne 3 coups.

Le village est désert, la neige et un épais brouillard
réduisent la vision.

7 EXT-JOUR RUE PAVEE

Il arpente une rue pavée du village, en grimaçant lorsque le
vent se met à souffler.
il avance lentement, les mains en croix sur ses épaules.

On aperçoit une silhouette, un vieil homme approche, il
porte des bottes en caoutchouc.
                    JEAN
          excusez-moi!

le vieil homme le regarde, puis l’esquive, en pressant le
pas.
                    JEAN
          hey! je veux juste savoir où on est
          ici.

le vieil homme s’éloigne, sans se retourner.
                    JEAN
               (parlant doucement)
          enfoiré de bouseux.

JEAN poursuit son chemin et tombe sur un bureau de
tabac, un homme, sans doute le propriétaire, est en train
de fermer boutique en abaissant une grille.



                                                   [.../...]
[SUITE]                                                   3.

                    JEAN
          Excusez-moi monsieur!

le buraliste se retourne
                    JEAN
          je me suis perdu, on est où ici?
                    LE BURALISTE
          à Hadès. (il abaisse la grille
          complètement, puis se retourne)
          vous vous êtes perdu vous dites?
                    JEAN
          oui, enfin... pour tout vous dire,
          j’ai dû trop faire la bringue hier
          soir, je me suis réveillé dans un
          abri bus tout près d’ici. (il
          sourit)
le buraliste reste muet sans lui rendre son sourire, puis
finit par répondre.
                    LE BURALISTE
          vous devriez rentrer chez vous
          monsieur, la tempête approche. (il
          s’en va)

                    JEAN
          attendez, vous avez le téléphone?
                    LE BURALISTE
          il y a une cabine derrière l’église
          monsieur.
Le buraliste s’en va au loin, laissant JEAN sur place.


8 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN contourne l’église, et entre dans la cabine
téléphonique.


9 INT-JOUR CABINE TELEPHONIQUE
JEAN décroche le combiné, le positionne entre son cou et son
épaule, puis cherche des pièces dans ses poches, il en sort
une et la présente vers la fente.

On aperçoit en GROS PLAN que La fente est prévue pour y
insérer des cartes téléphoniques, et non des pièces.
JEAN raccroche le combiné.
4.


10 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE
JEAN sort de la cabine, visiblement énervé.
Il jette un œil aux environs, tournant en rond. il porte son
attention sur un jardin public, plus précisément sur un
banc.
on aperçoit une personne immobile couchée sur le banc,
recouverte de neige.


11 EXT-JOUR JARDIN PUBLIC
JEAN s’approche du banc.
On aperçoit une jeune femme, en tenue de soirée.

Son nom est MARIE, elle est beaucoup plus jeune que JEAN.
JEAN la regarde quelques secondes, immobile, les yeux ronds.
il finit par lui secouer l’épaule.

                    JEAN
          mademoiselle? est-ce que ça va?
                    MARIE
          mmmh...

MARIE ouvre les yeux et se redresse péniblement, elle
regarde JEAN et ce qui l’entoure.
                     MARIE
          où suis-je? (elle secoue la neige
          qu’elle a sur ses cheveux et ses
          vêtements)
                    JEAN
          c’est pas vrai... toi aussi?
                    MARIE
          quoi?
                    JEAN
          tu ne te souviens de rien n’est ce
          pas?, je veux dire, tu sais qui tu
          es, mais si tu pense à ce que tu
          faisais hier soir, c’est le trou
          pas vrai?
                    MARIE
          oui, hum... qui êtes vous?


                                                   [.../...]
[SUITE]                                                5.


                    JEAN
          une personne dans le même cas que
          toi, je me suis réveillé dans ce
          bled il y a quelques minutes, je
          sais pas comment.

MARIE regarde la place du village déserte, et le paysage
montagnard.
                    MARIE
          il n’y a personne ici?

                    JEAN
          j’ai croisé deux personnes tout à
          l’heure, des gens bizarres tu sais,
          pas aimables, comme si ils m’en
          voulaient pour quelque chose... je
          dois être trop parisien sans doute,
          ça se remarque tout de suite.
MARIE sort son téléphone portable.
                    JEAN
          te fatigue pas, ça aussi j’ai
          essayé, pas moyen d’avoir du réseau
          ici...
MARIE se lève, sans dire un mot et se dirige vers la cabine
téléphonique.

JEAN la rattrape et marche à ses côtés.
                    JEAN
          a moins de posséder une carte
          téléphonique, tu peux oublier la
          cabine.
                    MARIE
          y’a t-il encore quelque chose que
          vous avez essayé et que je devrais
          savoir?
                    JEAN
          je sais juste qu’une tempête de
          neige se prépare, et qu’on doit
          trouver un refuge dans ce trou, en
          attendant que ça se calme.
                    MARIE
          très bien...




                                                   [.../...]
[SUITE]                                                  6.


                    JEAN
          c’est quoi ton nom?
                    MARIE
          Marie.

                    JEAN
          enchanté Marie, je suis Jean.

12 EXT-JOUR RUE PAVEE

JEAN et MARIE sont devant une auberge, les volets sont
fermés.
                    JEAN
          tu crois que c’est ouvert?

                    MARIE
               (elle regarde le planning
               d’ouverture sur la porte)
          ils sont censés l’être en tout cas.

MARIE essaye d’ouvrir la porte.
                    MARIE
          fermée.
                    JEAN
          et merde! c’est pas vrai.
MARIE frappe à la porte.
                    JEAN
          Hé!!! y’a quelqu’un?

Ils se taisent tous les deux, dans l’espoir d’entendre une
réponse.
Quelques secondes passent, puis MARIE frappe de nouveau à la
porte, et JEAN hurle encore en direction des fenêtres de
l’étage.
                    MARIE
          ça sert à rien, il faut continuer
          de marcher, on trouvera peut être
          une autre auberge.
                    JEAN
          attends, dernière chance...
JEAN regarde par terre, il prend un caillou et le lance sur
un des volets en bois de l’étage.

                                                   [.../...]
[SUITE]                                                   7.


il recommence deux trois fois.
le volet ne tarde pas à s’ouvrir, un vieil homme apparaît.
                    L’AUBERGISTE
          qui est ce qui fait ça?!

                    JEAN
          c’est moi, excusez moi monsieur, on
          s’est perdus, et avec cette
          tempête... est ce que vous
          pourriez...
le vieil homme rentre la tête et claque le volet.
                    JEAN
          fils de pute!! il nous laisse là!

JEAN se met à hurler en direction des volets.
                    JEAN
          tu veux qu’on crève dehors c’est
          ça?!! c’est ça que tu veux?!!

                    MARIE
          calmez vous.
JEAN regarde MARIE, il se tait, mais a toujours le regard
piqué de colère.

le vieil homme apparaît derrière la porte avec une lampe
torche, il déverrouille la porte et leur ouvre.
                    L’AUBERGISTE
          entrez vite, avant que le froid
          rentre.
Ils entrent, JEAN regarde l’aubergiste avec dédain.

13 INT-JOUR HALL DE L’AUBERGE

le hall de l’auberge est plongé dans le noir.
                    L’AUBERGISTE
          comme vous pouvez le voir, il n’y a
          déjà plus d’électricité, veuillez
          me suivre, je vous emmène dans la
          salle à manger...
Ils le suivent.



                                                      [.../...]
[SUITE]                                                8.


                    L’AUBERGISTE
          d’où est ce que vous venez comme
          ça?
                      MARIE
          de Paris.
                    L’AUBERGISTE
          vous avez pas choisi le bon jour,
          on attends la tempête de neige du
          siècle ici, ils disaient à la télé
          ce matin.

14 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
l’aubergiste les guide et les installe sur une petite table
ronde pour deux.
                    L’AUBERGISTE
          ne bougez pas, je reviens avec des
          bougies.

                    JEAN
          vous inquiétez pas, on bougera pas.
l’aubergiste s’en va, JEAN et MARIE se retrouvent dans le
noir complet.

                    MARIE
          je déteste le noir...
                    JEAN
          pourquoi ça? ça te fait peur?

                      MARIE
          oui.
                    JEAN
          peur des monstres du placard?

                    MARIE
          non, peur des gens... on ne sait
          pas de quoi ils sont capables.
l’aubergiste revient, apporte des bougies qu’il installe sur
la table et les allume une par une.
                    JEAN
          ça va mieux comme ça?




                                                   [.../...]
[SUITE]                                                   9.

                    MARIE
          oui.

                    L’AUBERGISTE
          vous avez de la chance d’être tombé
          sur mon auberge, tout le village
          s’est barricadé en attendant que ça
          se calme.

                    JEAN
          vous avez le téléphone? je dois
          appeler ma femme.
                    L’AUBERGISTE
          j’ai le téléphone jeune homme, mais
          je pense que c’est peine perdu, les
          lignes seront déjà coupées...
                    JEAN
          je peux quand même essayer, à tout
          hasard?

                    L’AUBERGISTE
          si vous voulez.

15 INT-JOUR CUISINE DE L’AUBERGE

Un téléphone mural se trouve dans la cuisine, à côté de
l’évier.
JEAN compose un numéro, et attend.

Il raccroche au bout de quelques secondes.

16 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE

La pièce est plus éclairée désormais, l’aubergiste a dû
installer plus de bougies.
JEAN s’installe à nouveau à la table, en face de MARIE
                    JEAN
          ça ne marche pas, pas de tonalité.
                    MARIE
          désolé pour vous.
                     JEAN
          non ce n’est pas grave, je voulais
          simplement la rassurer, elle a
          certainement dû appeler la police
          tu sais...

                                                   [.../...]
[SUITE]                                            10.


                    MARIE
          je comprends pas ce qui m’est
          arrivée, je ne bois jamais, je ne
          suis pas du genre fêtarde... et
          puis, ces vêtements ne sont même
          pas à moi. je crois que j’ai été
          droguée.
                    JEAN
          quelqu’un t’aurait drogué, mit ces
          vêtements et puis lâchement
          abandonné dans ce bled? c’est
          absurde tu trouve pas? quel intérêt
          aurait cette personne à te faire
          ça?
                    MARIE
          je ne sais pas... est ce que vous,
          vous vous souvenez de quelque
          chose?
                    JEAN
          tu veux pas arrêter de me vouvoyer?
          j’ai l’air si vieux que ça?
                    MARIE
          je n’ai pas l’habitude de tutoyer
          les gens que je ne connais pas.

                    JEAN
          d’accord d’accord, si tu y tiens tu
          peux garder ton "vous"... pour
          revenir à hier soir, c’est le trou
          noir pour moi aussi.

                    MARIE
          pourquoi se réveille-t-on tous les
          deux au même endroit, et puis
          d’abord, pourquoi cet endroit?...
          vous savez je ne crois pas aux
          coïncidences.
                    JEAN
          Marie, s’il te plaît, ne commence
          pas à te faire peur toute seule...
          j’avoue que la coïncidence est
          énorme, mais si quelqu’un nous
          voulait du mal, il se serait déjà
          manifesté tu crois pas?
MARIE acquiesce en hochant la tête.



                                                [.../...]
[SUITE]                                                11.


                    JEAN
          dès que la tempête sera finie, on
          prendra le 1er train pour quitter
          ce trou, et on oubliera très vite
          cette histoire, tu verras.

                    MARIE
          je dois aller aux toilettes.
MARIE se lève et traverse la pièce.

JEAN se retourne discrètement, son regard scrute ses
courbes.
CUT.


17 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
JEAN et MARIE sont à nouveau à table.
A les voir, on peut deviner un silence plutôt lourd, qui
dure depuis quelques minutes.

                    MARIE
          sinon, qu’est ce que vous faites
          dans la vie?
                    JEAN
          journaliste.
                    MARIE
          cela vous plaît?
                    JEAN
          on peut dire ça. (il sort une
          cigarette) tu fumes?
                    MARIE
          non.

                    JEAN
               (il l’allume avec une bougie)
          hum, si je résume, tu ne fais pas
          la fête, je suppose que tu ne bois
          pas non plus, et tu ne fumes
          pas?...
JEAN expire de la fumée.
          waw, tu sais, tu devrais fumer, ça
          t’aiderais à te détendre.



                                                   [.../...]
[SUITE]                                                12.


                    MARIE
          qu’est ce que vous voulez dire par
          là?
                    JEAN
          ben, tu donnes l’image d’une fille
          un peu coincée je dois dire, sans
          vouloir te vexer.
                    MARIE
          de quel droit vous me dites ça?

                    JEAN
          oh oh, je voulais pas...
                    MARIE
          on ne se connait pas, alors de quel
          droit vous...
                    JEAN
          je suis désolée, excuse moi. à vrai
          dire je voulais te faire réagir.

                    MARIE
          pourquoi ça? vous êtes qui bordel?
                    JEAN
          ok jeune fille, je retire ce que
          j’ai dit ; tu n’es pas coincée. (il
          sourit)
MARIE, rouge de colère se relâche dans son siège, en
soupirant.

L’aubergiste arrive.
                    L’AUBERGISTE
          je prépare votre diner, je vous
          préviens par avance, c’est un repas
          froid.

                    JEAN
          aucun problème, hein Marie?
Elle regarde JEAN, sans répondre.

                    L’AUBERGISTE
          désirez vous un apéritif?
                    JEAN
          ah? hum... je dirais pas non à une
          bière.


                                                   [.../...]
[SUITE]                                               13.

                    L’AUBERGISTE
          et vous mademoiselle?

                       MARIE
          whisky.
MARIE regarde JEAN avec un regard de défi.
                    JEAN
          oubliez ce que je viens de dire,
          mettez m’en un aussi.
L’aubergiste s’en va.
JEAN sourit à MARIE.

CUT.

18 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE

L’AUBERGISTE est derrière son comptoir, éclairé à la bougie,
il lit un livre.
JEAN arrive et s’appuie sur le comptoir.
                    L’AUBERGISTE
          vous désirez monsieur?
                    JEAN
          oui, hum... il y a combien de
          chambres ici?

                    L’AUBERGISTE
          4, monsieur.
                    JEAN
          ok, alors je vous en prends une.

JEAN sort son portefeuille et compte plusieurs billets,
qu’il tend à l’aubergiste.
                    L’AUBERGISTE
          il y a beaucoup trop d’argent
          monsieur, je...
                    JEAN
           chut! (il lui fait signe de parler
          plus bas)

                    L’AUBERGISTE
          je ne peux pas prendre autant
          d’argent.


                                                   [.../...]
[SUITE]                                               14.


                    JEAN
          bien sur que si, d’ailleurs, j’ai
          crû comprendre que les 3 autres
          chambres étaient en travaux n’est
          ce pas?

                    L’AUBERGISTE
          qu’est ce que vous comptez...
JEAN fait mine de reprendre ses billets.

                    JEAN
          elles sont en travaux... ou non?
                    L’AUBERGISTE
          elles sont en travaux, oui.

                       JEAN
          très bien.
CUT.


19 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
Des heures se sont écoulées, les assiettes de MARIE et JEAN
sont vides, les verres aussi.
MARIE semble plus décontractée, elle a les coudes sur la
table et écoute avec attention JEAN, en face d’elle.
                    JEAN
          tu vois peut être les stars comme
          des êtres à part, mais moi qui les
          côtoient tous les jours, je peux
          bien te le dire...
(il mime de lui confier un secret, en regardant si personne
n’écoute)
          Nicolas Duvauchelle a mauvaise
          haleine, Sandrine Kiberlain est
          nulle à chier en orthographe, et
          Patrick Sabatier a fait un jour une
          apparition dans un film porno Gay.
MARIE éclate de rire, ce qui est communicatif pour JEAN.

                    MARIE
          mais écoutez le, quel sale gosse!
          j’aurais pas aimé être ta mère.
JEAN s’arrête progressivement de rire, son visage devient
sérieux.
15.


20 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE
                    MARIE
          qu’est ce que j’ai dis?
                    JEAN
          non rien, c’est pas grave.
                       MARIE
          dis moi.

                    JEAN
          ma mère est morte quand j’avais 3
          ans... un cancer.
                    MARIE
          merde, je suis vraiment désolée.

                    JEAN
          tu pouvais pas savoir.
JEAN se lève.

                       MARIE
          où tu vas?
                    JEAN
          me coucher, j’aimerais partir d’ici
          le plus tôt possible demain matin.

                    MARIE
          je viens aussi.
Elle le rejoint.


21 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE
JEAN et MARIE sont devant le comptoir de l’aubergiste.
                    JEAN
          on va rejoindre nos chambres, on
          est épuisés.
                    L’AUBERGISTE
          ah, c’est à dire que... (il regarde
          JEAN)
                    JEAN
          rassurez-moi vous avez bien des
          chambres, c’est une auberge non?



                                                   [.../...]
[SUITE]                                                16.


                    L’AUBERGISTE
          il ne nous en reste qu’une.
                    JEAN
          comment ça y’en a qu’une? c’est une
          blague?! l’auberge a l’air d’en
          compter plusieurs, et c’est pas les
          clients qui se bousculent en ce
          moment.
                    L’AUBERGISTE
          je suis désolé, les autres chambres
          sont en travaux.
                    MARIE
          c’est pas grave, on la prend.

                    JEAN
          je dormirais par terre si tu veux.
                    MARIE
          oh que oui.

JEAN sort un billet de son portefeuille et le tend à
l’aubergiste, qui hésite à le prendre.
JEAN insiste du regard.
                    L’AUBERGISTE
          tenez, vous aurez besoin de ça.
l’aubergiste donne une lampe de poche à JEAN.

22 INT-NUIT CHAMBRE DE L’AUBERGE

MARIE et JEAN entrent dans la chambre, l’aubergiste a déjà
installé des bougies sur la table de nuit du lit.
c’est une chambre simple avec une salle de bain et toilettes
dans la pièce juxtaposée.
La décoration est simpliste.
MARIE s’effondre sur le lit en soupirant.

JEAN la regarde, puis vient la rejoindre sur le lit, il pose
la lampe de poche au fond du lit.
                    MARIE
          t’es pas censé dormir par terre
          toi?


                                                   [.../...]
[SUITE]                                                17.

                      JEAN
            t’étais sérieuse? je suis vieux tu
            sais, je souffre du dos.

                      MARIE
            et moi je suis la vierge Marie,
            allez par terre Médor.
                      JEAN
            wouf! wouf! (il se laisse tomber
            par terre avec fracas) Aie.
Elle rit.
                      JEAN
            je me suis vraiment fait mal en
            plus.
Il se relève en grimaçant.
                      MARIE
            c’est bon, tu peux dormir à côté de
            moi, mais pas de bêtises hein?
            c’est un bon chien ça.
il sourit, puis se retourne vers sa bougie et souffle dessus
pour l’éteindre.

                      MARIE
            non! je déteste le noir.
                      JEAN
            tu veux dormir lumière allumée? tu
            déconnes?
                      MARIE
            non, je te l’ai dit, je déteste le
            noir.

                      JEAN
            poule mouillée.
Elle cherche à taton la lampe de poche sur le lit

                     MARIE
            rallume s’il te plaît.
                       JEAN
            rallumer avec quoi?, tout va bien
            se passer.

il lui caresse les hanches.
MARIE, surprise, se redresse.

                                                    [.../...]
[SUITE]                                                 18.


                    MARIE
          qu’est ce que tu fais?
                    JEAN
          n’ai pas peur, je te veux pas de
          mal.

                    MARIE
          arrête tout de suite, rallume les
          bougies!

                    JEAN
          détends toi.
Il continue de la caresser.
Elle le gifle.

Il lui tient les bras, et monte sur elle.
MARIE se met à hurler.
                    MARIE
          laisse moi!!
JEAN l’étrangle, et la viole.
MARIE se débat, essaie d’hurler, puis ne bouge plus.

JEAN se relève, il parait surpris que MARIE ne bouge plus.
il allume la lampe de poche et la dirige vers MARIE.
MARIE le regarde avec peine. son visage se métamorphose
progressivement, sa peau s’abîme, ses yeux rougissent, ses
cheveux tombent.
on voit la même jeune femme que celle en Scène II.
                    JEAN
          c’est pas possible!!... non!! c’est
          pas vrai!! qui tu es?
                       MARIE
                  (la voix faible)
          quoi?

                    JEAN
          qui tu es salope?!! (il la gifle)
          comment tu t’appelles?




                                                     [.../...]
[SUITE]                                                  19.


                    MARIE
          Marie De Martino.
                    JEAN
          tu mens!! ça c’est le nom de ma
          mère! qui tu es?!!

il l’étrangle, MARIE meurt.
JEAN se relève, des larmes commencent à couler de ses yeux.
il la regarde.

Il se met à hurler, se frappe le visage, s’arrache les
cheveux, frappe le mur de ses mains et pieds.
puis il s’effondre par terre, et se recroqueville en
position fœtale.


23 INT-NUIT CELLULE CLINIQUE
JEAN est couché sur un lit médicalisé, il a le crâne rasé et
des capteurs sur le cerveau, et la poitrine.

un jeune homme en blouse blanche est à côté de lui, il
l’observe en fumant une cigarette.
Il sont dans une petite pièce aux murs blancs.

un homme de la cinquantaine entre, sa prestance laisse à
penser qu’il est docteur.
                    LE DOCTEUR
          alors?

                    L’ASSISTANT
          tachycardie, depuis bien 1 minute.
          (il regarde le moniteur ECG en
          simultané) 110... 116...
                     LE DOCTEUR
                (il se penche au dessus de
                JEAN et s’adresse à lui)
          vous vouliez voir l’enfer? vous y
          êtes.

La caméra se concentre sur JEAN, ses globes oculaires font
des mouvements rapides et saccadés.
Il ouvre les yeux et se redresse en même temps. son visage
est marqué par la peur.



                                                   [.../...]
[SUITE]                                               20.


il émet des cris et des plaintes en même temps qu’il
grimace. il regarde les deux hommes en face de lui, puis la
pièce et enfin les capteurs sur son corps.
                    JEAN
          qu’est ce que j’ai fait?!!...
Le docteur et l’assistant se regardent.
                    JEAN
          je l’ai... oh mon dieu!

                    LE DOCTEUR
          du calme, vous n’êtes plus dans le
          rêve, c’est fini... vous n’avez
          rien fait du tout

                    JEAN
          vous êtes qui vous?
                    LE DOCTEUR
          Quel est votre prénom Monsieur De
          MARTINO ?

                    JEAN
          JEAN, mais vous êtes qui bordel, je
          suis où là?
                    L’ASSISTANT
          dans la réalité, bon retour parmi
          nous.
                    LE DOCTEUR
          vous connaissez la date
          d’aujourd’hui?

                    JEAN
          non.
                    LE DOCTEUR
          votre premier chien, il s’appelait
          comment?
                    JEAN
          quoi? j’en ai marre de ces
          conneries, ou vous me dites ce que
          je fais ici, ou je me casse tout de
          suite. (il retire ses capteurs)
                    L’ASSISTANT
               (il le retient sur le lit)
          on va tout vous expliquer, le
          docteur essaie seulement de savoir
                    [...]
                                                   [.../...]
[SUITE]                                               21.


                    L’ASSISTANT [suite]
          si l’expérience que vous avez subi
          a affecté votre mémoire à long
          terme.
                    JEAN
          expérience?

                    LE DOCTEUR
          alors, votre premier chien?
                    JEAN
          j’ai jamais eu d’animaux chez moi.

                    LE DOCTEUR
          d’accord. le prénom de votre mère?
                    JEAN
               (il reste muet quelques
               secondes)
          MARIE... ma mère s’appelait MARIE.
FONDU NOIR.

24 EXT-JOUR PARC DE LA CLINIQUE

JEAN est assis sur un banc, du personnel de la clinique va
et vient à côté de lui.
Il a à nouveau ses vêtements civils.

Le DOCTEUR s’assied à côté de lui, et lui tend un café.
JEAN le refuse en hochant la tête. Le DOCTEUR le garde en
main.
                    LE DOCTEUR
          aucun souvenir concernant cette
          expérience?
                    JEAN
          non, et j’attends toujours qu’on
          m’explique.
                    LE DOCTEUR
          connaissez vous la mythologie
          grecque, monsieur De MARTINO?

                    JEAN
          un peu, enfin, je ne suis pas un
          spécialiste.


                                                   [.../...]
[SUITE]                                            22.


                    LE DOCTEUR
          est-ce que le mot ’TARTARE’ vous
          dit quelque chose?
                      JEAN
          non.
                    LE DOCTEUR
          IXION dans ce cas?
                      JEAN
          non plus.
                    LE DOCTEUR
          SISYPHE?, TANTALE?
                    JEAN
          TANTALE? vous voulez parler du
          supplice de TANTALE?
                    LE DOCTEUR
          précisément. TANTALE ce prisonnier
          condamné a errer pour l’éternité
          dans le tartare, l’enfer grec, avec
          une soif des plus terrible, une
          faim atroce et un esprit fou de
          désir. l’eau se retirait quand il
          essayait de la boire, et l’arbre
          s’éloignait quand il voulait
          détacher le fruit de sa branche.
                    JEAN
          où vous voulez en venir?

                    LE DOCTEUR
          ce qui est intéressant ce sont les
          autres condamnés du Tartare ;
          SISYPHE quant à lui devait pousser
          une pierre monstrueuse jusqu’au
          sommet d’une montagne, arrivé là
          haut, la pierre retombait au sol,
          et ce cycle se répétait pour
          l’éternité.
                     JEAN
          quelle était cette expérience? elle
          avait quelle but? pourquoi j’ai
          fait le pire cauchemar de ma vie?
          et pourquoi j’arrive à me souvenir
          de chaque instant comme si ça avait
          été réel?.



                                                [.../...]
[SUITE]                                            23.


                    LE DOCTEUR
          Une loi a été votée, elle stipule
          que les criminels jugés dangereux
          pour la société devront incarner
          une nouvelle sorte de prison ; une
          prison mentale. Vous vous êtes
          porté volontaire pour expérimenter
          un programme informatique nommé
          TARTARUS.
                    JEAN
          le cauchemar était... programmé?
                    LE DOCTEUR
          oui. TARTARUS permet de créer un
          supplice... personnalisé. on vous a
          greffé une puce contenant le
          programme sur une partie du cerveau
          appelé ’l’hippocampe’, rapport à sa
          forme. voyez-vous les souvenirs ne
          sont pas stockés comme on pourrait
          le croire, dans un seul et même
          endroit au sein du cerveau. ils
          sont dispersés, comme en réseaux,
          reliés par l’hippocampe. le
          programme grâce à lui pourra
          fouiller votre mémoire de fond en
          comble, il en retiendra ce que vous
          considérez comme vos vices, vos
          péchés, vos peurs, ou vos désirs.
          son algorithme complexe permettra
          dans vos rêves, la création d’une
          arène, dont vous ne pourrez vous
          échapper.

                    JEAN
          dans mon cauchemar j’étais bloqué
          dans un village sous une tempête de
          neige.

                    LE DOCTEUR
          vous avez peut être déjà visité ce
          village, ou l’avez-vous vu à la
          télé, ou dans un magazine. tout ce
          qui est dans le rêve, les objets,
          les personnes que vous rencontrez,
          font parties de vos souvenirs,
          soigneusement collectés et classés
          par le programme, qui les
          manipulera à sa guise, dans le seul
          but étant de vous faire souffrir
          psychologiquement.


                                                [.../...]
[SUITE]                                            24.


                    JEAN
          nom de dieu...
                    LE DOCTEUR
          votre expérience vous a fait subir
          seulement un cycle de sommeil, pour
          les futurs prisonniers... ils
          subiront leur supplice pour
          l’éternité, condamnés à vivre leur
          cauchemar encore et encore.

                    JEAN
          je ne me reconnais pas dans ce
          rêve, je sais que je ne suis pas un
          modèle pour l’humanité, mais je ne
          suis pas un meurtrier.

                    LE DOCTEUR
          je pense que l’on a tous une part
          sombre en soi, quelque chose en
          nous de potentiellement mauvais que
          l’on refoule. il peut s’agir d’une
          extrême violence comme de pulsions
          sexuelles. qu’avez vous rêvé
          Monsieur DE MARTINO?
                    JEAN
          je... je rencontre une jeune femme,
          je sais qu’elle est jeune, mais je
          ne sais pas... elle me plait. on se
          réfugie dans une auberge, je joue
          avec sa naïveté comme un vieux
          renard, elle boit, elle devient
          docile, je m’arrange pour avoir la
          même chambre qu’elle, et je... je
          la viole, elle hurle mais je
          continue et je l’étrangle, son
          visage se modifie, il mute, elle
          perd ses cheveux, sa peau s’abîme,
          je me rend compte que c’est ma
          mère, morte d’un cancer quand
          j’avais 3 ans. c’est comme si... le
          fait de l’avoir violé lui avait
          injecté une tumeur, une tumeur qui
          l’aurait tué dans la minute.

                    LE DOCTEUR
          le programme a fait en sorte que
          votre goût pour la luxure vous
          amène à violer la personne la plus
          pure et la plus inviolable à vos
          yeux ; votre mère. Vous devez vous
          sentir coupable d’aimer les jeune
                    [...]
                                                [.../...]
[SUITE]                                                  25.


                    LE DOCTEUR [suite]
          filles innocentes, vous vous
          considérez peut être comme un
          prédateur en un sens, même si vous
          n’êtes jamais passé à l’acte, votre
          sentiment envers vous même vous
          laisse l’idée inconsciente que
          c’est vous, qui avez tué votre
          mère, que votre corps abrite un
          poison qui détruit les femmes.

                    JEAN
          je ne vous suis pas, ma mère est
          morte de son cancer, et ça j’en
          suis conscient.
                    LE DOCTEUR
          je voulais parler de votre rapport
          avec ’l’autre’ vous, celui que vous
          n’aimez pas, ce prédateur qui vous
          écœure. à chaque fois que vous
          laissez parler vos vices, votre
          culpabilité vous pèse, à tel point
          qu’une idée inconsciente vient
          germer dans votre esprit, celle que
          la femme que vous respectez le plus
          au monde, est morte, car son
          cancer, c’était vous.

JEAN regarde le docteur, puis droit devant lui, songeur.
FONDU NOIR.


25 EXT-JOUR CIMETIÈRE.
Plusieurs semaines se sont écoulés, à en juger les cheveux
de JEAN qui sont maintenant très courts.
Il traverse des allées, un bouquet de fleurs à la main.

il s’arrête devant une tombe.
son visage est impassible, on voit que sa main serre très
fort le bouquet, comme pour le détruire.

il balance le bouquet sur la tombe, le bouquet glisse par
terre.
JEAN s’en va, La tombe est au nom de MARIE De MARTINO.
FIN.

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Tartarus

  • 1. TARTARUS de GAREL FREDERIC 1re Version- 1st Draft 07/04/11
  • 2. 1 INT-JOUR CUISINE D’UN APPARTEMENT 1981 la scène montre une jeune femme, assise sur une chaise, les coudes sur la table. elle est de dos, mais on voit qu’elle pleure. Elle tient une poignée de cheveux dans ses mains. 2 INT-NUIT CHAMBRE D’UN APPARTEMENT 1982 la même jeune femme est dans un lit, elle est chauve, a le teint pâle, et paraît très faible, on voit qu’elle va mourir. Un enfant d’environ 3-4 ans dort à côté d’elle. 3 INT-NUIT CABINE TÉLÉPHONIQUE 1982 l’enfant de 3 ans tient la main de son père, pendant que ce dernier téléphone. LE PÈRE juste quelques jours, le temps de souffler, tu comprends?... je peux pas m’occuper de lui maintenant, c’est tout, c’est trop dur. je te l’amène ce soir, ça ira? (il soupire) merci. il raccroche. 4 EXT-JOUR ABRI BUS Un homme d’une trentaine d’années est endormie en position assise, sur le banc d’un abri bus de campagne. Son nom est JEAN, il porte un imper par dessus un costume. un flocon de neige vient effleurer son visage, il s’éveille. Il ouvre les yeux péniblement, puis regarde ce qui l’entoure. On aperçoit un paysage montagnard sous un ciel couleur cendre. La neige tombe en abondance.
  • 3. 2. 5 EXT-JOUR ABRI BUS Il se lève, paniqué, faisant un tour sur lui même, en observant les lieux. Il fouille ses poches et sort un portable, il constate qu’il n’a pas de réseau. Il marche quelque pas, il n’y a toujours pas de réseau. Il range son portable. 6 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE JEAN entre dans le bourg d’un village, le clocher de l’église sonne 3 coups. Le village est désert, la neige et un épais brouillard réduisent la vision. 7 EXT-JOUR RUE PAVEE Il arpente une rue pavée du village, en grimaçant lorsque le vent se met à souffler. il avance lentement, les mains en croix sur ses épaules. On aperçoit une silhouette, un vieil homme approche, il porte des bottes en caoutchouc. JEAN excusez-moi! le vieil homme le regarde, puis l’esquive, en pressant le pas. JEAN hey! je veux juste savoir où on est ici. le vieil homme s’éloigne, sans se retourner. JEAN (parlant doucement) enfoiré de bouseux. JEAN poursuit son chemin et tombe sur un bureau de tabac, un homme, sans doute le propriétaire, est en train de fermer boutique en abaissant une grille. [.../...]
  • 4. [SUITE] 3. JEAN Excusez-moi monsieur! le buraliste se retourne JEAN je me suis perdu, on est où ici? LE BURALISTE à Hadès. (il abaisse la grille complètement, puis se retourne) vous vous êtes perdu vous dites? JEAN oui, enfin... pour tout vous dire, j’ai dû trop faire la bringue hier soir, je me suis réveillé dans un abri bus tout près d’ici. (il sourit) le buraliste reste muet sans lui rendre son sourire, puis finit par répondre. LE BURALISTE vous devriez rentrer chez vous monsieur, la tempête approche. (il s’en va) JEAN attendez, vous avez le téléphone? LE BURALISTE il y a une cabine derrière l’église monsieur. Le buraliste s’en va au loin, laissant JEAN sur place. 8 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE JEAN contourne l’église, et entre dans la cabine téléphonique. 9 INT-JOUR CABINE TELEPHONIQUE JEAN décroche le combiné, le positionne entre son cou et son épaule, puis cherche des pièces dans ses poches, il en sort une et la présente vers la fente. On aperçoit en GROS PLAN que La fente est prévue pour y insérer des cartes téléphoniques, et non des pièces. JEAN raccroche le combiné.
  • 5. 4. 10 EXT-JOUR BOURG DU VILLAGE JEAN sort de la cabine, visiblement énervé. Il jette un œil aux environs, tournant en rond. il porte son attention sur un jardin public, plus précisément sur un banc. on aperçoit une personne immobile couchée sur le banc, recouverte de neige. 11 EXT-JOUR JARDIN PUBLIC JEAN s’approche du banc. On aperçoit une jeune femme, en tenue de soirée. Son nom est MARIE, elle est beaucoup plus jeune que JEAN. JEAN la regarde quelques secondes, immobile, les yeux ronds. il finit par lui secouer l’épaule. JEAN mademoiselle? est-ce que ça va? MARIE mmmh... MARIE ouvre les yeux et se redresse péniblement, elle regarde JEAN et ce qui l’entoure. MARIE où suis-je? (elle secoue la neige qu’elle a sur ses cheveux et ses vêtements) JEAN c’est pas vrai... toi aussi? MARIE quoi? JEAN tu ne te souviens de rien n’est ce pas?, je veux dire, tu sais qui tu es, mais si tu pense à ce que tu faisais hier soir, c’est le trou pas vrai? MARIE oui, hum... qui êtes vous? [.../...]
  • 6. [SUITE] 5. JEAN une personne dans le même cas que toi, je me suis réveillé dans ce bled il y a quelques minutes, je sais pas comment. MARIE regarde la place du village déserte, et le paysage montagnard. MARIE il n’y a personne ici? JEAN j’ai croisé deux personnes tout à l’heure, des gens bizarres tu sais, pas aimables, comme si ils m’en voulaient pour quelque chose... je dois être trop parisien sans doute, ça se remarque tout de suite. MARIE sort son téléphone portable. JEAN te fatigue pas, ça aussi j’ai essayé, pas moyen d’avoir du réseau ici... MARIE se lève, sans dire un mot et se dirige vers la cabine téléphonique. JEAN la rattrape et marche à ses côtés. JEAN a moins de posséder une carte téléphonique, tu peux oublier la cabine. MARIE y’a t-il encore quelque chose que vous avez essayé et que je devrais savoir? JEAN je sais juste qu’une tempête de neige se prépare, et qu’on doit trouver un refuge dans ce trou, en attendant que ça se calme. MARIE très bien... [.../...]
  • 7. [SUITE] 6. JEAN c’est quoi ton nom? MARIE Marie. JEAN enchanté Marie, je suis Jean. 12 EXT-JOUR RUE PAVEE JEAN et MARIE sont devant une auberge, les volets sont fermés. JEAN tu crois que c’est ouvert? MARIE (elle regarde le planning d’ouverture sur la porte) ils sont censés l’être en tout cas. MARIE essaye d’ouvrir la porte. MARIE fermée. JEAN et merde! c’est pas vrai. MARIE frappe à la porte. JEAN Hé!!! y’a quelqu’un? Ils se taisent tous les deux, dans l’espoir d’entendre une réponse. Quelques secondes passent, puis MARIE frappe de nouveau à la porte, et JEAN hurle encore en direction des fenêtres de l’étage. MARIE ça sert à rien, il faut continuer de marcher, on trouvera peut être une autre auberge. JEAN attends, dernière chance... JEAN regarde par terre, il prend un caillou et le lance sur un des volets en bois de l’étage. [.../...]
  • 8. [SUITE] 7. il recommence deux trois fois. le volet ne tarde pas à s’ouvrir, un vieil homme apparaît. L’AUBERGISTE qui est ce qui fait ça?! JEAN c’est moi, excusez moi monsieur, on s’est perdus, et avec cette tempête... est ce que vous pourriez... le vieil homme rentre la tête et claque le volet. JEAN fils de pute!! il nous laisse là! JEAN se met à hurler en direction des volets. JEAN tu veux qu’on crève dehors c’est ça?!! c’est ça que tu veux?!! MARIE calmez vous. JEAN regarde MARIE, il se tait, mais a toujours le regard piqué de colère. le vieil homme apparaît derrière la porte avec une lampe torche, il déverrouille la porte et leur ouvre. L’AUBERGISTE entrez vite, avant que le froid rentre. Ils entrent, JEAN regarde l’aubergiste avec dédain. 13 INT-JOUR HALL DE L’AUBERGE le hall de l’auberge est plongé dans le noir. L’AUBERGISTE comme vous pouvez le voir, il n’y a déjà plus d’électricité, veuillez me suivre, je vous emmène dans la salle à manger... Ils le suivent. [.../...]
  • 9. [SUITE] 8. L’AUBERGISTE d’où est ce que vous venez comme ça? MARIE de Paris. L’AUBERGISTE vous avez pas choisi le bon jour, on attends la tempête de neige du siècle ici, ils disaient à la télé ce matin. 14 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE l’aubergiste les guide et les installe sur une petite table ronde pour deux. L’AUBERGISTE ne bougez pas, je reviens avec des bougies. JEAN vous inquiétez pas, on bougera pas. l’aubergiste s’en va, JEAN et MARIE se retrouvent dans le noir complet. MARIE je déteste le noir... JEAN pourquoi ça? ça te fait peur? MARIE oui. JEAN peur des monstres du placard? MARIE non, peur des gens... on ne sait pas de quoi ils sont capables. l’aubergiste revient, apporte des bougies qu’il installe sur la table et les allume une par une. JEAN ça va mieux comme ça? [.../...]
  • 10. [SUITE] 9. MARIE oui. L’AUBERGISTE vous avez de la chance d’être tombé sur mon auberge, tout le village s’est barricadé en attendant que ça se calme. JEAN vous avez le téléphone? je dois appeler ma femme. L’AUBERGISTE j’ai le téléphone jeune homme, mais je pense que c’est peine perdu, les lignes seront déjà coupées... JEAN je peux quand même essayer, à tout hasard? L’AUBERGISTE si vous voulez. 15 INT-JOUR CUISINE DE L’AUBERGE Un téléphone mural se trouve dans la cuisine, à côté de l’évier. JEAN compose un numéro, et attend. Il raccroche au bout de quelques secondes. 16 INT-JOUR SALLE A MANGER DE L’AUBERGE La pièce est plus éclairée désormais, l’aubergiste a dû installer plus de bougies. JEAN s’installe à nouveau à la table, en face de MARIE JEAN ça ne marche pas, pas de tonalité. MARIE désolé pour vous. JEAN non ce n’est pas grave, je voulais simplement la rassurer, elle a certainement dû appeler la police tu sais... [.../...]
  • 11. [SUITE] 10. MARIE je comprends pas ce qui m’est arrivée, je ne bois jamais, je ne suis pas du genre fêtarde... et puis, ces vêtements ne sont même pas à moi. je crois que j’ai été droguée. JEAN quelqu’un t’aurait drogué, mit ces vêtements et puis lâchement abandonné dans ce bled? c’est absurde tu trouve pas? quel intérêt aurait cette personne à te faire ça? MARIE je ne sais pas... est ce que vous, vous vous souvenez de quelque chose? JEAN tu veux pas arrêter de me vouvoyer? j’ai l’air si vieux que ça? MARIE je n’ai pas l’habitude de tutoyer les gens que je ne connais pas. JEAN d’accord d’accord, si tu y tiens tu peux garder ton "vous"... pour revenir à hier soir, c’est le trou noir pour moi aussi. MARIE pourquoi se réveille-t-on tous les deux au même endroit, et puis d’abord, pourquoi cet endroit?... vous savez je ne crois pas aux coïncidences. JEAN Marie, s’il te plaît, ne commence pas à te faire peur toute seule... j’avoue que la coïncidence est énorme, mais si quelqu’un nous voulait du mal, il se serait déjà manifesté tu crois pas? MARIE acquiesce en hochant la tête. [.../...]
  • 12. [SUITE] 11. JEAN dès que la tempête sera finie, on prendra le 1er train pour quitter ce trou, et on oubliera très vite cette histoire, tu verras. MARIE je dois aller aux toilettes. MARIE se lève et traverse la pièce. JEAN se retourne discrètement, son regard scrute ses courbes. CUT. 17 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE JEAN et MARIE sont à nouveau à table. A les voir, on peut deviner un silence plutôt lourd, qui dure depuis quelques minutes. MARIE sinon, qu’est ce que vous faites dans la vie? JEAN journaliste. MARIE cela vous plaît? JEAN on peut dire ça. (il sort une cigarette) tu fumes? MARIE non. JEAN (il l’allume avec une bougie) hum, si je résume, tu ne fais pas la fête, je suppose que tu ne bois pas non plus, et tu ne fumes pas?... JEAN expire de la fumée. waw, tu sais, tu devrais fumer, ça t’aiderais à te détendre. [.../...]
  • 13. [SUITE] 12. MARIE qu’est ce que vous voulez dire par là? JEAN ben, tu donnes l’image d’une fille un peu coincée je dois dire, sans vouloir te vexer. MARIE de quel droit vous me dites ça? JEAN oh oh, je voulais pas... MARIE on ne se connait pas, alors de quel droit vous... JEAN je suis désolée, excuse moi. à vrai dire je voulais te faire réagir. MARIE pourquoi ça? vous êtes qui bordel? JEAN ok jeune fille, je retire ce que j’ai dit ; tu n’es pas coincée. (il sourit) MARIE, rouge de colère se relâche dans son siège, en soupirant. L’aubergiste arrive. L’AUBERGISTE je prépare votre diner, je vous préviens par avance, c’est un repas froid. JEAN aucun problème, hein Marie? Elle regarde JEAN, sans répondre. L’AUBERGISTE désirez vous un apéritif? JEAN ah? hum... je dirais pas non à une bière. [.../...]
  • 14. [SUITE] 13. L’AUBERGISTE et vous mademoiselle? MARIE whisky. MARIE regarde JEAN avec un regard de défi. JEAN oubliez ce que je viens de dire, mettez m’en un aussi. L’aubergiste s’en va. JEAN sourit à MARIE. CUT. 18 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE L’AUBERGISTE est derrière son comptoir, éclairé à la bougie, il lit un livre. JEAN arrive et s’appuie sur le comptoir. L’AUBERGISTE vous désirez monsieur? JEAN oui, hum... il y a combien de chambres ici? L’AUBERGISTE 4, monsieur. JEAN ok, alors je vous en prends une. JEAN sort son portefeuille et compte plusieurs billets, qu’il tend à l’aubergiste. L’AUBERGISTE il y a beaucoup trop d’argent monsieur, je... JEAN chut! (il lui fait signe de parler plus bas) L’AUBERGISTE je ne peux pas prendre autant d’argent. [.../...]
  • 15. [SUITE] 14. JEAN bien sur que si, d’ailleurs, j’ai crû comprendre que les 3 autres chambres étaient en travaux n’est ce pas? L’AUBERGISTE qu’est ce que vous comptez... JEAN fait mine de reprendre ses billets. JEAN elles sont en travaux... ou non? L’AUBERGISTE elles sont en travaux, oui. JEAN très bien. CUT. 19 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE Des heures se sont écoulées, les assiettes de MARIE et JEAN sont vides, les verres aussi. MARIE semble plus décontractée, elle a les coudes sur la table et écoute avec attention JEAN, en face d’elle. JEAN tu vois peut être les stars comme des êtres à part, mais moi qui les côtoient tous les jours, je peux bien te le dire... (il mime de lui confier un secret, en regardant si personne n’écoute) Nicolas Duvauchelle a mauvaise haleine, Sandrine Kiberlain est nulle à chier en orthographe, et Patrick Sabatier a fait un jour une apparition dans un film porno Gay. MARIE éclate de rire, ce qui est communicatif pour JEAN. MARIE mais écoutez le, quel sale gosse! j’aurais pas aimé être ta mère. JEAN s’arrête progressivement de rire, son visage devient sérieux.
  • 16. 15. 20 INT-NUIT SALLE A MANGER DE L’AUBERGE MARIE qu’est ce que j’ai dis? JEAN non rien, c’est pas grave. MARIE dis moi. JEAN ma mère est morte quand j’avais 3 ans... un cancer. MARIE merde, je suis vraiment désolée. JEAN tu pouvais pas savoir. JEAN se lève. MARIE où tu vas? JEAN me coucher, j’aimerais partir d’ici le plus tôt possible demain matin. MARIE je viens aussi. Elle le rejoint. 21 INT-NUIT HALL DE L’AUBERGE JEAN et MARIE sont devant le comptoir de l’aubergiste. JEAN on va rejoindre nos chambres, on est épuisés. L’AUBERGISTE ah, c’est à dire que... (il regarde JEAN) JEAN rassurez-moi vous avez bien des chambres, c’est une auberge non? [.../...]
  • 17. [SUITE] 16. L’AUBERGISTE il ne nous en reste qu’une. JEAN comment ça y’en a qu’une? c’est une blague?! l’auberge a l’air d’en compter plusieurs, et c’est pas les clients qui se bousculent en ce moment. L’AUBERGISTE je suis désolé, les autres chambres sont en travaux. MARIE c’est pas grave, on la prend. JEAN je dormirais par terre si tu veux. MARIE oh que oui. JEAN sort un billet de son portefeuille et le tend à l’aubergiste, qui hésite à le prendre. JEAN insiste du regard. L’AUBERGISTE tenez, vous aurez besoin de ça. l’aubergiste donne une lampe de poche à JEAN. 22 INT-NUIT CHAMBRE DE L’AUBERGE MARIE et JEAN entrent dans la chambre, l’aubergiste a déjà installé des bougies sur la table de nuit du lit. c’est une chambre simple avec une salle de bain et toilettes dans la pièce juxtaposée. La décoration est simpliste. MARIE s’effondre sur le lit en soupirant. JEAN la regarde, puis vient la rejoindre sur le lit, il pose la lampe de poche au fond du lit. MARIE t’es pas censé dormir par terre toi? [.../...]
  • 18. [SUITE] 17. JEAN t’étais sérieuse? je suis vieux tu sais, je souffre du dos. MARIE et moi je suis la vierge Marie, allez par terre Médor. JEAN wouf! wouf! (il se laisse tomber par terre avec fracas) Aie. Elle rit. JEAN je me suis vraiment fait mal en plus. Il se relève en grimaçant. MARIE c’est bon, tu peux dormir à côté de moi, mais pas de bêtises hein? c’est un bon chien ça. il sourit, puis se retourne vers sa bougie et souffle dessus pour l’éteindre. MARIE non! je déteste le noir. JEAN tu veux dormir lumière allumée? tu déconnes? MARIE non, je te l’ai dit, je déteste le noir. JEAN poule mouillée. Elle cherche à taton la lampe de poche sur le lit MARIE rallume s’il te plaît. JEAN rallumer avec quoi?, tout va bien se passer. il lui caresse les hanches. MARIE, surprise, se redresse. [.../...]
  • 19. [SUITE] 18. MARIE qu’est ce que tu fais? JEAN n’ai pas peur, je te veux pas de mal. MARIE arrête tout de suite, rallume les bougies! JEAN détends toi. Il continue de la caresser. Elle le gifle. Il lui tient les bras, et monte sur elle. MARIE se met à hurler. MARIE laisse moi!! JEAN l’étrangle, et la viole. MARIE se débat, essaie d’hurler, puis ne bouge plus. JEAN se relève, il parait surpris que MARIE ne bouge plus. il allume la lampe de poche et la dirige vers MARIE. MARIE le regarde avec peine. son visage se métamorphose progressivement, sa peau s’abîme, ses yeux rougissent, ses cheveux tombent. on voit la même jeune femme que celle en Scène II. JEAN c’est pas possible!!... non!! c’est pas vrai!! qui tu es? MARIE (la voix faible) quoi? JEAN qui tu es salope?!! (il la gifle) comment tu t’appelles? [.../...]
  • 20. [SUITE] 19. MARIE Marie De Martino. JEAN tu mens!! ça c’est le nom de ma mère! qui tu es?!! il l’étrangle, MARIE meurt. JEAN se relève, des larmes commencent à couler de ses yeux. il la regarde. Il se met à hurler, se frappe le visage, s’arrache les cheveux, frappe le mur de ses mains et pieds. puis il s’effondre par terre, et se recroqueville en position fœtale. 23 INT-NUIT CELLULE CLINIQUE JEAN est couché sur un lit médicalisé, il a le crâne rasé et des capteurs sur le cerveau, et la poitrine. un jeune homme en blouse blanche est à côté de lui, il l’observe en fumant une cigarette. Il sont dans une petite pièce aux murs blancs. un homme de la cinquantaine entre, sa prestance laisse à penser qu’il est docteur. LE DOCTEUR alors? L’ASSISTANT tachycardie, depuis bien 1 minute. (il regarde le moniteur ECG en simultané) 110... 116... LE DOCTEUR (il se penche au dessus de JEAN et s’adresse à lui) vous vouliez voir l’enfer? vous y êtes. La caméra se concentre sur JEAN, ses globes oculaires font des mouvements rapides et saccadés. Il ouvre les yeux et se redresse en même temps. son visage est marqué par la peur. [.../...]
  • 21. [SUITE] 20. il émet des cris et des plaintes en même temps qu’il grimace. il regarde les deux hommes en face de lui, puis la pièce et enfin les capteurs sur son corps. JEAN qu’est ce que j’ai fait?!!... Le docteur et l’assistant se regardent. JEAN je l’ai... oh mon dieu! LE DOCTEUR du calme, vous n’êtes plus dans le rêve, c’est fini... vous n’avez rien fait du tout JEAN vous êtes qui vous? LE DOCTEUR Quel est votre prénom Monsieur De MARTINO ? JEAN JEAN, mais vous êtes qui bordel, je suis où là? L’ASSISTANT dans la réalité, bon retour parmi nous. LE DOCTEUR vous connaissez la date d’aujourd’hui? JEAN non. LE DOCTEUR votre premier chien, il s’appelait comment? JEAN quoi? j’en ai marre de ces conneries, ou vous me dites ce que je fais ici, ou je me casse tout de suite. (il retire ses capteurs) L’ASSISTANT (il le retient sur le lit) on va tout vous expliquer, le docteur essaie seulement de savoir [...] [.../...]
  • 22. [SUITE] 21. L’ASSISTANT [suite] si l’expérience que vous avez subi a affecté votre mémoire à long terme. JEAN expérience? LE DOCTEUR alors, votre premier chien? JEAN j’ai jamais eu d’animaux chez moi. LE DOCTEUR d’accord. le prénom de votre mère? JEAN (il reste muet quelques secondes) MARIE... ma mère s’appelait MARIE. FONDU NOIR. 24 EXT-JOUR PARC DE LA CLINIQUE JEAN est assis sur un banc, du personnel de la clinique va et vient à côté de lui. Il a à nouveau ses vêtements civils. Le DOCTEUR s’assied à côté de lui, et lui tend un café. JEAN le refuse en hochant la tête. Le DOCTEUR le garde en main. LE DOCTEUR aucun souvenir concernant cette expérience? JEAN non, et j’attends toujours qu’on m’explique. LE DOCTEUR connaissez vous la mythologie grecque, monsieur De MARTINO? JEAN un peu, enfin, je ne suis pas un spécialiste. [.../...]
  • 23. [SUITE] 22. LE DOCTEUR est-ce que le mot ’TARTARE’ vous dit quelque chose? JEAN non. LE DOCTEUR IXION dans ce cas? JEAN non plus. LE DOCTEUR SISYPHE?, TANTALE? JEAN TANTALE? vous voulez parler du supplice de TANTALE? LE DOCTEUR précisément. TANTALE ce prisonnier condamné a errer pour l’éternité dans le tartare, l’enfer grec, avec une soif des plus terrible, une faim atroce et un esprit fou de désir. l’eau se retirait quand il essayait de la boire, et l’arbre s’éloignait quand il voulait détacher le fruit de sa branche. JEAN où vous voulez en venir? LE DOCTEUR ce qui est intéressant ce sont les autres condamnés du Tartare ; SISYPHE quant à lui devait pousser une pierre monstrueuse jusqu’au sommet d’une montagne, arrivé là haut, la pierre retombait au sol, et ce cycle se répétait pour l’éternité. JEAN quelle était cette expérience? elle avait quelle but? pourquoi j’ai fait le pire cauchemar de ma vie? et pourquoi j’arrive à me souvenir de chaque instant comme si ça avait été réel?. [.../...]
  • 24. [SUITE] 23. LE DOCTEUR Une loi a été votée, elle stipule que les criminels jugés dangereux pour la société devront incarner une nouvelle sorte de prison ; une prison mentale. Vous vous êtes porté volontaire pour expérimenter un programme informatique nommé TARTARUS. JEAN le cauchemar était... programmé? LE DOCTEUR oui. TARTARUS permet de créer un supplice... personnalisé. on vous a greffé une puce contenant le programme sur une partie du cerveau appelé ’l’hippocampe’, rapport à sa forme. voyez-vous les souvenirs ne sont pas stockés comme on pourrait le croire, dans un seul et même endroit au sein du cerveau. ils sont dispersés, comme en réseaux, reliés par l’hippocampe. le programme grâce à lui pourra fouiller votre mémoire de fond en comble, il en retiendra ce que vous considérez comme vos vices, vos péchés, vos peurs, ou vos désirs. son algorithme complexe permettra dans vos rêves, la création d’une arène, dont vous ne pourrez vous échapper. JEAN dans mon cauchemar j’étais bloqué dans un village sous une tempête de neige. LE DOCTEUR vous avez peut être déjà visité ce village, ou l’avez-vous vu à la télé, ou dans un magazine. tout ce qui est dans le rêve, les objets, les personnes que vous rencontrez, font parties de vos souvenirs, soigneusement collectés et classés par le programme, qui les manipulera à sa guise, dans le seul but étant de vous faire souffrir psychologiquement. [.../...]
  • 25. [SUITE] 24. JEAN nom de dieu... LE DOCTEUR votre expérience vous a fait subir seulement un cycle de sommeil, pour les futurs prisonniers... ils subiront leur supplice pour l’éternité, condamnés à vivre leur cauchemar encore et encore. JEAN je ne me reconnais pas dans ce rêve, je sais que je ne suis pas un modèle pour l’humanité, mais je ne suis pas un meurtrier. LE DOCTEUR je pense que l’on a tous une part sombre en soi, quelque chose en nous de potentiellement mauvais que l’on refoule. il peut s’agir d’une extrême violence comme de pulsions sexuelles. qu’avez vous rêvé Monsieur DE MARTINO? JEAN je... je rencontre une jeune femme, je sais qu’elle est jeune, mais je ne sais pas... elle me plait. on se réfugie dans une auberge, je joue avec sa naïveté comme un vieux renard, elle boit, elle devient docile, je m’arrange pour avoir la même chambre qu’elle, et je... je la viole, elle hurle mais je continue et je l’étrangle, son visage se modifie, il mute, elle perd ses cheveux, sa peau s’abîme, je me rend compte que c’est ma mère, morte d’un cancer quand j’avais 3 ans. c’est comme si... le fait de l’avoir violé lui avait injecté une tumeur, une tumeur qui l’aurait tué dans la minute. LE DOCTEUR le programme a fait en sorte que votre goût pour la luxure vous amène à violer la personne la plus pure et la plus inviolable à vos yeux ; votre mère. Vous devez vous sentir coupable d’aimer les jeune [...] [.../...]
  • 26. [SUITE] 25. LE DOCTEUR [suite] filles innocentes, vous vous considérez peut être comme un prédateur en un sens, même si vous n’êtes jamais passé à l’acte, votre sentiment envers vous même vous laisse l’idée inconsciente que c’est vous, qui avez tué votre mère, que votre corps abrite un poison qui détruit les femmes. JEAN je ne vous suis pas, ma mère est morte de son cancer, et ça j’en suis conscient. LE DOCTEUR je voulais parler de votre rapport avec ’l’autre’ vous, celui que vous n’aimez pas, ce prédateur qui vous écœure. à chaque fois que vous laissez parler vos vices, votre culpabilité vous pèse, à tel point qu’une idée inconsciente vient germer dans votre esprit, celle que la femme que vous respectez le plus au monde, est morte, car son cancer, c’était vous. JEAN regarde le docteur, puis droit devant lui, songeur. FONDU NOIR. 25 EXT-JOUR CIMETIÈRE. Plusieurs semaines se sont écoulés, à en juger les cheveux de JEAN qui sont maintenant très courts. Il traverse des allées, un bouquet de fleurs à la main. il s’arrête devant une tombe. son visage est impassible, on voit que sa main serre très fort le bouquet, comme pour le détruire. il balance le bouquet sur la tombe, le bouquet glisse par terre. JEAN s’en va, La tombe est au nom de MARIE De MARTINO. FIN.